OASIS (Outreach And Support in South London), évaluation et traitement des adolescents et jeunes adultes S169
Lors de la première évaluation, les patients sont le plus
souvent vus au cabinet de consultation de leur médecin
généraliste. Cette option est pratique et rassurante pour le
patient et permet un entretien de l’équipe avec le généra-
liste (qui a bien souvent adressé le patient).
Les médecins généralistes du secteur apprécient égale-
ment cette possibilité qui leur permet de connaître immé-
diatement l’avis du spécialiste. Les patients peuvent aussi
être vus chez eux ou au centre OASIS. Ils sont adressés par
leurs proches, par le collège, par le médecin traitant ou
bien ils se présentent d’eux-mêmes. Les moyens de com-
munication possibles afi n d’adresser un patient à l’équipe
de l’OASIS sont le téléphone, le fax, le courrier postal ou
électronique. L’équipe dispose également d’un site web
(www.oasislondon.com) accessible au public qui renseigne
sur les symptômes prodromiques et fournit les coordonnées
du service. Des dépliants contenant les mêmes informations
sont disponibles dans les salles d’attentes des cabinets de
médecine générale, ainsi que dans les différents services
de santé mentale. Un bulletin d’information est également
distribué aux médecins généralistes du secteur tous les
2 mois. Les demandes de soins sont traitées dans un délai de
7 jours. La première étape est d’effectuer une évaluation
globale de l’état mental du patient. Les patients présentant
des symptômes prodromiques se voient proposer une prise
en charge par OASIS, alors que les personnes présentant
d’autres types de troubles mentaux (comme une dépres-
sion ou un trouble psychotique déjà constitué) sont direc-
tement adressés aux équipes de soins appropriées. Presque
tous les patients initialement évalués par le service OASIS
présentent une pathologie mentale. De ce fait, les patients
sans syndrome prodromique, mais présentant un autre trou-
ble mental bénéfi cient d’un diagnostic plus précoce, et se
voient orientés plus rapidement vers un service approprié.
Les patients d’OASIS
Depuis quatre ans et demi, le centre OASIS s’est vu adresser
542 patients par les médecins généralistes, les collèges, les
familles et les autres équipes de soins. L’âge moyen des
patients est de 23 ans, 60 % sont des hommes et environ
les deux tiers sont issus de minorité ethnique. La plupart
sont professionnellement actifs ou étudient, bien qu’ils
éprouvent souvent des diffi cultés à poursuivre leur activité
normalement.
Un total de 105 sujets initialement adressés au centre
OASIS ont été réorientés vers d’autres structures, avant
d’être reçus par l’équipe, soit parce qu’ils vivaient en
dehors du secteur de soin, soit parce qu’ils ne remplis-
saient pas les indications propres au service, après discus-
sion avec le référent, soit parce qu’ils étaient en dehors
des limites d’âges requises. Une évaluation a été proposée
aux 437 sujets restants. Toutefois 84 patients refusèrent
d’avoir un entretien ou manquèrent de manière récurrente
le rendez-vous d’évaluation avec l’équipe.
Un tiers des patients (30 %) évalué par l’OASIS présen-
tait déjà un véritable épisode psychotique et a été adressé
à l’équipe de secteur spécialisé dans la prise en charge
précoce de la psychose. Un quart présentait une autre
pathologie mentale et 5 % ne présentait aucune psychopa-
thologie.
Les 40 % de sujets restants remplissaient les critères
d’une « santé mentale à risque ». Les symptômes les plus
souvent présentés sont les idées persécutives. L’adhérence
des patients n’est pas totale mais ces idées entraînent
cependant une souffrance. Il peut exister simultanément
d’autres diffi cultés telles que des troubles anxieux, des
symptômes dépressifs, ou des troubles de la personnalité.
Que propose le centre OASIS aux patients
Les patients présentant un état mental dit « à risque »
reçoivent des informations sur leurs symptômes et sur les
aides sociales et pratiques dont ils peuvent bénéfi cier. Un
traitement psychologique (thérapies cognitives et compor-
tementales) ainsi que médicamenteux peut être proposé.
Les patients sont suivis par le même clinicien, régulière-
ment, et ce pour une durée maximum de deux ans, dans le
cas où le risque de transition vers un état psychotique est
élevé. Les patients sont généralement désireux de pouvoir
bénéfi cier d’un traitement, et leur adhérence aux soins est
excellente, avec 85 % de suivi à 6 mois. La majorité des
patients bénéfi cie d’un traitement psychologique alors que
seulement une minorité choisit de recevoir un traitement
médicamenteux (faibles doses d’antipsychotiques ou d’an-
tidépresseurs).
Effi cacité du traitement
Dans la majorité des cas le traitement améliore les symp-
tômes prodromiques, diminue la souffrance associée et le
risque auto-agressif. La plupart des patients sont capables
de continuer à travailler ou à étudier ou de reprendre s’ils
avaient arrêté. Sur le long terme, le traitement réduit de
façon signifi cative l’incidence des troubles psychotiques,
avec une chute du taux d’incidence de 23 % sur deux ans.
Lors du premier épisode psychotique, le nombre d’hospita-
lisations, de soins sous contrainte, et d’interventions de la
police est nettement inférieur pour les patients qui bénéfi -
cient déjà d’un suivi dans le service. En cela les « résultats »
sont meilleurs. Cette amélioration refl ète probablement la
réduction du délai entre l’apparition des troubles et l’ini-
tiation du traitement.
Au Royaume-Uni ce délai est de 12 mois en moyenne, il
est réduit à une semaine pour les patients d’OASIS puisqu’ils
sont déjà engagés dans les soins. Les patients d’OASIS qui
développent un trouble psychotique sont immédiatement
adressés à l’équipe du secteur spécialisé dans la prise en
charge des premiers épisodes psychotiques. OASIS entre-
tient des liens étroits avec ce type de service spécialisé,
ainsi un transfert sans heurt d’une équipe à l’autre et une
bonne continuité des soins est possible.
Une prestation de soin équitable
Dans les quartiers sud de Londres, la prévalence des trou-
bles psychotiques est 7 fois plus élevée parmi les habi-
tants d’origine Afro Caribéens que parmi ceux d’origine