Revue de presse 545
CONTEXTE
Certaines anomalies cérébrales struc-
turales identifiées dans la schizophrénie
sont également retrouvées chez certains
apparentés sains à risque pour la maladie.
Il semble par ailleurs que la diminution de
volume cérébral observée dans la mala-
die soit lentement progressive au cours
de l’évolution de celle-ci. Mais on ignore
dans quelle mesure cette atrophie céré-
brale progressive est liée totalement ou
partiellement au support génétique de la
maladie et/ou aux facteurs liés ou secon-
daires à la maladie elle-même.
MÉTHODE
Il s’agit d’une partie d’une étude longi-
tudinale réalisée à Utrecht et portant sur le
suivi sur 5 ans de jumeaux monozygotes et
dizygotes discordants pour la schizophré-
nie, et de sujets sains, en utilisant l’imagerie
cérébrale par résonance magnétique. Un
total de 92 sujets a complété l’étude, dont
9 paires de jumeaux monozygotes et
10 paires de dizygotes discordants pour la
schizophrénie.
RÉSULTATS
Les patients schizophrènes et leur
jumeau monozygote sain présentaient
une diminution globale de volume céré-
bral par comparaison aux paires de
jumeaux sains. Une modélisation par
équations structurelles montrait une
influence génétique additive significative
sur cette diminution de volume cérébrale,
de l’ordre de 60-70 %.
CONCLUSION
La diminution progressive de volume
cérébral trouvée chez les patients schi-
zophrènes et leurs jumeaux sains est au
moins partiellement attribuable aux fac-
teurs génétiques liés à la maladie. Cette
contribution génétique semble non négli-
geable.
À la redécouverte
de la personnalité narcissique :
sous-types et comorbidités
Refining the Construct of Narcissistic Per-
sonality Disorder : Diagnostic Criteria and
Subtypes.
Eric Russ, M.A., Jonathan Shedler, Ph.D.,
Rebekah Bradley, Ph.D., and Drew Wes-
ten, Ph.D.
Am J Psychiatry 2008 ; 165 : 1473-1481.
CONTEXTE
En dépit de sa sévérité et de sa remar-
quable stabilité diagnostique, la person-
nalité narcissique fait l’objet de bien peu
d’études récentes. L’objectif de cette
étude était d’identifier les critères les plus
distinctifs de cette personnalité et d’en
identifier les sous-types et leurs comor-
bidités respectives.
La littérature récente suggère qu’il
existe deux grands sous-types de per-
sonnalité narcissique : grandiose et vul-
nérable. Le narcissique grandiose est
arrogant, envieux, manipulateur, tandis
que le vulnérable est inhibé, modeste
bien qu’habité intérieurement de grandes
espérances de réussite.
MÉTHODE
Dans cette étude, les auteurs ont uti-
lisé plusieurs outils, une check-list des
critères de l’axe II du DSM-IV, ainsi que
le Shedler-Westen Assessment Proce-
dure-II (SWAP-II).
L’objectif était d’identifier l’agrégation
de critères la plus pertinente en termes
de sensibilité et de spécificité. Par exem-
ple, le manque d’empathie est l’un des
critères centraux de la personnalité nar-
cissique, mais il manque de spécificité,
puisqu’on le retrouve dans presque tous
les types de personnalité pathologique.
Les auteurs ont contacté un échan-
tillon national représentatif de psychiatres
et psychologues tirés au sort membres de
l’APA et ont ainsi recueilli des données sur
la personnalité de 1 201 patients suivis
par ces praticiens, dont 255 répondant
aux critères de personnalité narcissique.
RÉSULTATS
Un résultat clé correspond à la
notion de vulnérabilité interpersonnelle
sous tendue par une dimension d’ins-
tabilité émotionnelle. Le narcissique
typique tend à être hypersensible au
rejet et à l’abandon, à se sentir mal com-
pris, mal traité, et à se victimiser ; il sur-
réagit face à la moindre critique qui le
rend déprimé, inquiet, malheureux. Les
autres critères principaux sont la colère
et l’hostilité, la difficulté à réguler les
émotions, la compétition interperson-
nelle. Ces critères ne font pas partie de
la description du DSM.
Une analyse spécifique (Q-factor)
parvenait à identifier trois sous-types
congruents de personnalité narcissique :
grandiose/agressif, fragile/défensif, de
haut niveau de fonctionnement/ostenta-
toire. Ces derniers recherchent à attirer
l’attention en permanence, sont dans la
compétition, la provocation ou la séduc-
tion sexuelle, et ont un certain nombre
d’« atouts » psychologiques (énergi-
ques, habiles socialement, réussite
sociale élevée, brillants, etc.).
Le sous-type grandiose est particu-
lièrement comorbide d’un autre trouble
de la personnalité : paranoïaque (67 %).
Le narcissique fragile souffre plus fré-
COMMENTAIRE
La façon la plus élégante de répondre à
cette question est de réaliser une étude
de jumeaux monozygotes discordants
pour la maladie. Le jumeau sain ayant un
patrimoine génétique identique à son
jumeau malade, on peut ainsi isoler l’effet
intrinsèque du processus maladie par
soustraction de l’effet purement lié au
« background » génétique. L’atrophie liée
à la maladie elle-même, et non au support
génétique de celle-ci, pourrait s’avérer
médié par la toxicité neuronale directe
du processus physiopathologique, par
l’exposition aux neuroleptiques, et/ou par
la diminution du niveau de stimulation
affective et socio-professionnelle des
sujets souffrant de la maladie.