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Mors
omnibus
instat
compté
auparavant que deux représentations parfaitement assurées
-c'est-à-dire identifiées par une inscription-de cette divinite: l'impact de
cette image ne
peut
donc
aucunement être minimisé.
La
signification
exacte de la présence de Pie tas sur les monnaies de Sextus est précisée par
les types de droit de cette émission, qui
donnent
à voir soit le portrait
du
Grand
Pompée
(RRC
477/1 et 3), soit celui de son fils Cnaeus
(RRC
477/2). C'est bien la Pietas en tant qu'incarnation de
la
pietas erga patrem
et fratrem que Sextus revendique comme divinité porteuse de victoire (va-
leur symbolisée par la palme qu'elle tient en
mainS).
À
la
même époque,
il
ajouta à
sa
nomenclature le cognomen Pius, qui fait précisément son appa-
rition sur certains deniers à
la
Pietas9•
Ce
surnom restera
un
élément cen-
tral de la nomenclature de Sextus, qui, dans
les
émissions siciliennes (RR C
511), renoncera à son praenomen et ne
se
désignera plus que sous
le
nom
de Magnus Pius 10. Le fils de Pompée ne se contenta donc pas de figurer sur
ses
monnaies la Pietas comme sa déesse patronne, mais
se
présenta comme
le
«Pieux» par excellence
ll
.
Un
passage de la cinquième Philippique de Ci-
céron, prononcée en début janvier 43, évoque
la
pietas des
fils
de Pompée.
L'orateur
y évoque Cnaeus et Sextus en ces termes: duos Cn. Pompei,
summi
et singularis uiri,filios [
...
J,
quibus certe pietas fraudi[sl
esse
non de-
buit
12. Cicéron répond ici manifestement à des attaques portées contre Sex-
tus Pompée. Cette allusion atteste que
la
propagande pompéienne centrée
on
ajoutera principalement
CRAWFORD
1974: 486 et 739;
SEAR
1998: 137-138;
AMELA
2000;
WOYTEK
2003: 497-499.
7 La première au
droit
des deniers de
M.
Herennius
(RRC
308), datés de la fin
du
Ile
siècle; la seconde
au
droit
d'une
émission de D. Iunius Brutus Albinus
(RRC
45012), datée de 48.
Dans
les deux cas, la tête
féminine diadémée est identifiée au
moyen
de
la
légende
PlET
AS.
D'autres
figures féminines
ont
aussi
été identifiées à Pietas
(RRC
262/1; 374; 448/1; 452; 466), mais sans que cette
interprétation
ne soit
assurée, dans la mesure
où
elles ne sont pas accompagnées
d'une
inscription: vid.
PERASSI
1997.
8
BUTTREY
1960: 84-85; cf
WALLMANN
1989: 165-166.
'Le
cognomen
Pius,
absent des deniers
RRC
477/1-2, figure sur les variantes
RRC
477/3a-b.
BUTTREY
1960: 89 a montré que sur ces dernières monnaies,
ce
mot
a été ajouté dans
un
second
temps aux coins,
après qu'ils avaient déjà été achevés.
Le
remaniement des
coins
permet de dater avec
une
certaine préci-
sion
le
moment
où
Sextus revêtit le surnom
Pius.
10
R.
Syme a jadis souligné l'importance de cette «manipulation onomastique», qui est
un
précédent à
celle d'Octavien,lequel, au cours des années 30, prendra officiellement
le
nom
d'
Imperator Caesar
Diui
f
(SYME
1958). Sur l'évolution de l'onomastique de Sextus Pompée, vid. aussi
WALLMANN
1989: 163-
165;
AMELA
2000: 114-115.
11
CRESCI
MARRONE
1998 a montré que la pie tas de Sextus Pompée ne consistait pas seulement
en
la
piété
filiale, qui
le
poussait à venger son père, mais s'exprimait aussi dans l'aide apportée aux victimes de
la
proscription triumvirale, laquelle avait
donné
une terrible actualité au thème de la pietas erga patrem.
12
Cic.
Phil.
5,39:
«les
deux
fils
de Cn. Pompée, cet homme excellent et sans égal, eux qui, vraiment, n'au-
raient pas
dû
se
voir reprocher leur piété». Sur
la
chronologie des Philippiques, vid.
MANUWALD
2007: 9-31.