Traitement des troubles circulatoires des artères de la jambe

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Fondation Suisse
de Cardiologie
Active contre les maladies cardiaques et l’attaque cérébrale
Traitement des troubles circulatoires
des artères de la jambe
Brochure d’information à l’intention du patient
Sommaire
Introduction
2
La circulation du sang et les artères périphériques
3
La maladie artérielle occlusive périphérique (MAOP)
3
Les symptômes
4
Les causes
5
Les options thérapeutiques
6
Quand une intervention chirurgicale est-elle indiquée?
8
Chirurgie de désoblitération ou de pontage des
artères sténosées ou oblitérées10
Extirpation d’un caillot sanguin (embolectomie ou
thrombectomie)10
Endartériectomie (désoblitération, thromboendartériectomie)10
Opération de pontage d’une artère de la jambe
Endartériectomie et opérations de pontage de
l’aorte et des artères iliaques
11
13
Perspectives de réussite et risques du pontage 15
Comment se préparer à l’opération?
16
Que se passe-t-il après l’opération?
17
Des examens de suivi sont-ils nécessaires?
18
Quel est le pronostic?
18
© Illustrations: Nadja Stadelmann, Emmenbrücke
Introduction
Voilà maintenant plus de cinquante ans que l’on intervient chirurgicalement pour remédier aux troubles de l’irrigation dans les
artères du bassin et des jambes.
La Fondation Suisse de Cardiologie a édité cette brochure à
l’intention des patients qui vont se faire opérer d’une occlusion
artérielle. Ce document sera également utile à leurs proches. Il
décrit les diverses interventions possibles en expliquant pourquoi
on opère, ce qu’on attend de l’opération et ce à quoi le patient
doit veiller. Cette brochure entend aussi faciliter vos entretiens
avec le médecin, à qui vous pourrez poser des questions en vous
référant aux descriptions et aux illustrations.
Peut-être, au terme de votre lecture, n’aurez-vous pas trouvé
de réponse à toutes vos interrogations. N’hésitez pas à vous adresser à votre médecin pour obtenir des précisions. Il est parfaitement disposé à vous répondre en détail.
La formulation au masculin implique naturellement les deux sexes.
2
La circulation du sang et les artères périphériques
Pour vivre, nos cellules et nos organes ont besoin d’un apport
suffisant d’oxygène et de nutriments. Cet oxygène leur parvient
par le sang qui circule dans les artères. Les artères constituent
tout un réseau de distribution qui part du cœur pour transporter
le sang gorgé d’oxygène dans les organes internes et jusqu’aux
cellules les plus éloignées situées aux extrémités (bras, jambes).
Les veines, elles, sont chargées du retour, c’est-à-dire de ramener
au cœur le sang déchargé de son oxygène mais saturé d’acide
carbonique (dioxyde de carbone). Du cœur, le sang passe alors
dans les poumons; là, il se débarrasse de l’acide carbonique pour
se recharger en oxygène et le cycle recommence.
On appelle artères périphériques les artères qui desservent les
extrémités. À certains endroits du corps (cou, poignet, aine, creux
du genou, cheville), les artères sont situées juste sous la peau,
permettant ainsi de tâter le pouls. On peut aussi mesurer la pression qui règne dans les artères, ce que l’on appelle communément la tension artérielle: la valeur supérieure est mesurée quand
le muscle cardiaque se contracte et par conséquent se vide; la
valeur inférieure quand il se détend et se remplit. Les parois
internes des artères sont munies de fibres élastiques chargées de
conserver une certaine pression dans les artères lors de la phase
de détente, de sorte que le flux sanguin ne s’arrête pas.
La maladie artérielle occlusive périphérique (MAOP)
Quand une artère est gravement rétrécie (sténosée), voire obstruée par des dépôts graisseux ou des calcifications (l’athérosclérose), apparaissent des troubles de l’irrigation sanguine: en effet,
le sang oxygéné ne parvient plus à destination en quantité suffisante, voire plus du tout. Ces troubles circulatoires ne se manifestent généralement qu’à partir d’un certain âge. Les affections
3
des extrémités inférieures (jambes) surviennent plus fréquemment chez l’homme que chez la femme. Les troubles circulatoires
des jambes s’appellent maladie artérielle occlusive périphérique
(MAOP). On distingue quatre degrés de gravité (sévérité):
Stade I:
Stade II:
Stade III:
Stade IV:
L’artère est rétrécie par des dépôts. Le patient ne
ressent aucune douleur. Le problème est souvent
détecté par hasard au cours d’un examen médical.
L’artère est sténosée et l’approvisionnement sanguin est insuffisant lors de l’effort. Des douleurs se
manifestent lors de la marche (crampes). Au stade
IIa lors d’un déplacement de plus de 200 mètres, au
stade IIb dès un trajet plus court.
L’artère est gravement sténosée et l’apport sanguin
est considérablement réduit. Des douleurs se manifestent même au repos.
L’apport sanguin est si réduit que des tissus (orteils,
pieds) se nécrosent, c’est-à-dire meurent (gangrène).
Les symptômes
Les premiers symptômes d’occlusion artérielle constatés lors d’une
auscultation sont, au stade I, des pulsations affaiblies aux jambes
et aux pieds, et parfois des turbulences audibles au stéthoscope.
À ce stade, le patient ne soupçonne encore rien de son état.
Au stade II, la sténose est déjà plus avancée. Des crampes se
manifestent après un certain temps de marche, forçant la personne touchée à s’arrêter pour récupérer (claudication intermittente). Dans le langage courant, on parle aussi de «maladie du
lèche-vitrines» à cause des arrêts forcés, comme pour regarder les
vitrines. Les douleurs sont l’expression de l’irrigation insuffisante.
Ce sous-approvisionnement en sang se manifeste en premier lieu
4
dans les muscles des mollets, région très sollicitée. La maladie
artérielle occlusive peut ne toucher que l’aorte (qui est l’artère
principale) ou, en plus de l’aorte, les artères du bassin et des
jambes. L’intensité des douleurs dépend essentiellement de la
capacité des vaisseaux de contournement (dits «collatéraux») à
continuer d’assurer une certaine irrigation.
En cas de très sévères troubles de l’irrigation (stade III), l’apport sanguin ne suffit plus à couvrir l’approvisionnement minimal
des tissus au repos. Les douleurs se manifestent notamment en
position couchée, alors que la circulation s’améliore quelque peu
en position debout ou assise à cause du principe de la gravitation
(pesanteur). Le repos nocturne est souvent troublé; le patient
doit se relever ou laisser la jambe pendre hors du lit. À ce stade,
on risque de voir les cellules et les tissus mourir et des lésions
cutanées se développer. La gangrène sèche ou humide, ainsi que
le risque concomitant de septicémie caractérisent le stade IV,
appelé communément «jambe du fumeur». La mort (nécrose) des
tissus et la perte de membres qui s’ensuit (par exemple des orteils)
n’est pas toujours évitable. Des traitements intensifs permettent
toutefois la plupart du temps d’éviter de grosses amputations.
Les causes
La cause d’une occlusion subite d’une artère des jambes peut être
l’embolie: un caillot venu du cœur ou d’une artère l’avoisinant a
été entraîné par la circulation sanguine. Mais l’occlusion procède
beaucoup plus souvent du lent processus de l’athérosclérose. Au
fil des décennies, des dépôts graisseux et calciques (plaques
d’athérome) se forment sur les parois internes des artères et durcissent, entraînant une réduction progressive du diamètre des
artères. Les altérations des parois artérielles et une certaine perte
d’élasticité de ces vaisseaux font bien sûr partie du processus
5
normal de vieillissement et se produisent surtout là où les artères
se ramifient. Ces altérations prennent une tournure pathologique
quand elles évoluent vers un rétrécissement (sténose) sévère,
voire vers l’occlusion totale des artères. Dans ce processus, en plus
de l’âge et des prédispositions génétiques, certains facteurs de
risque jouent un rôle primordial: tabagisme, hypertension, hypercholestérolémie, diabète et excès de poids (figure 1).
Comme la maladie artérielle occlusive périphérique se développe silencieusement et sans symptômes apparents, on ne la diagnostique généralement que lorsque les douleurs commencent à
se manifester. Il arrive que les douleurs se déclarent soudainement et violemment, quand un caillot vient boucher complètement une artère déjà sténosée: c’est ce qu’on appelle une thrombose. Dans la majorité des cas, les extrémités continuent d’être
irriguées dans une certaine mesure par les petites artères approvisionnant la même région. Mais ces artères collatérales n’offrent
que des capacités de transit limitées, rendant ainsi pratiquement
impossible tout effort conséquent.
Les options thérapeutiques
Pour que le traitement de la maladie artérielle occlusive périphérique soit couronné de succès à long terme, il est indispensable
que le patient fasse preuve de compréhension et de coopération
active. Le traitement comporte diverses mesures; les interventions
chirurgicales concernent surtout les stades III et IV:
1. Exploitation de toutes les possibilités thérapeutiques non chirurgicales (dites conservatrices):
• élimination et traitement des facteurs de risque connus (en
particulier le tabagisme);
6
Média
Adventice
Plaques d’athérome
Intima
Coupe d’une artère en bonne santé avec
structure de la paroi en trois couches.
Coupe d’une artère présentant des plaques
d’athérome (dépôts) qui la rétrécissent
(sténose).
Figure 1: Artère en bonne santé et rétrécie
•
entraînement à la marche pour stimuler et améliorer la
formation naturelle de vaisseaux de contournement (collatéraux);
• traitement médicamenteux.
2. Traitement local des artères rétrécies ou obstruées: dilatation
à l’aide d’un cathéter à ballonnet (angioplastie périphérique,
PTA), avec ou sans pose d’un stent.
3. Désoblitération des artères rétrécies ou obstruées au moyen
d’une intervention chirurgicale:
• extirpation d’un caillot sanguin (embolectomie, thrombectomie);
• endartériectomie (désoblitération, thromboendartériectomie).
4. Opération de pontage (mise en place d’une dérivation) de sténoses ou oblitérations relativement longues.
7
Les considérations ci-après se concentrent sur les interventions
chirurgicales de désoblitération et de pontage des artères sténosées ou oblitérées. La dilatation par ballonnet, couramment pratiquée, est décrite exhaustivement dans une autre brochure de la
Fondation Suisse de Cardiologie intitulée «Interventions sur les
vaisseaux périphériques (PTA et stents)».
Quand une intervention chirurgicale est-elle indiquée?
L’occlusion subite d’une artère par un caillot de sang requiert un
traitement immédiat. Si l’irrigation sanguine est interrompue
pendant six heures d’affilée, la jambe risque de ne plus pouvoir
être sauvée. Dans certains cas, on peut extirper le caillot à l’aide
d’un cathéter par aspiration. Si cette mesure thérapeutique n’est
pas couronnée de succès ou est impossible pour des raisons techniques, il faut procéder à une intervention chirurgicale pour rétablir la circulation du sang.
En principe, le rétrécissement lent et chronique d’une artère
de la jambe ne nécessite pas de mesures d’urgence: on a le temps
de planifier le traitement. En raison de la progression de l’athérosclérose dans la paroi artérielle, la circulation sanguine dans l’artère principale est de moins en moins bonne, tandis que le transit
par les vaisseaux de contournement (collatéraux) augmente progressivement. Dans le meilleur des cas, l’irrigation de la jambe au
repos est ainsi assurée. Une intervention chirurgicale à ce stade
(généralement le stade II) ne se justifie que si toutes les mesures
conservatrices (élimination et traitement des facteurs de risque,
entraînement à la marche, traitement médicamenteux) se sont
avérées infructueuses et qu’une intervention par cathéter n’est
pas possible.
8
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Fondation Suisse
de Cardiologie
Active contre les maladies cardiaques et l’attaque cérébrale
La Fondation Suisse de
Cardiologie est certifiée
par ZEWO depuis 1989.
On introduit le cathéter à ballonnet dans l’artère et on le pousse au-delà du
caillot qui obstrue l’artère.
On gonfle le ballonnet en aval du caillot.
On fait sortir le caillot avec le cathéter par l’incision qui a servi à introduire
le cathéter (à l’aine).
Figure 2: Extirpation d’un caillot de sang
9
Chirurgie de désoblitération ou de pontage des artères
sténosées ou oblitérées
Extirpation d’un caillot sanguin (embolectomie ou
thrombectomie)
L’embolectomie et la thrombectomie sont des mesures d’urgence
que l’on envisage quand une artère est subitement bouchée par
un caillot (embole) qui a été entraîné par la circulation à partir
d’un autre site, par exemple du cœur. On ouvre l’artère en y pratiquant une incision, généralement à l’aine ou sur le côté intérieur du mollet. On insère alors un cathéter à ballonnet dans l’artère et on le pousse au-delà du caillot. Le cathéter (70 cm de
longueur, 1 mm de diamètre) est une sorte de tube flexible en
matière synthétique dont l’extrémité est munie d’un petit ballon
en caoutchouc gonflable. On gonfle délicatement le ballonnet en
aval du caillot; il n’y a plus qu’à «cueillir» et à extirper ce dernier
en tirant le cathéter en sens inverse. L’oblitération est ainsi supprimée et la circulation sanguine rétablie (figure 2).
Endartériectomie (désoblitération, thromboendartériectomie)
Cette technique est plus complexe que l’extirpation à l’aide du
ballonnet, car il ne s’agit plus de débarrasser les artères d’un caillot, mais des plaques d’athérome qui adhérent aux parois internes.
Ces plaques tapissent généralement la paroi artérielle sur une
longue distance. Pour les éliminer, on recourt le plus souvent à
l’endartériectomie, c’est-à-dire à la désoblitération par ablation
des dépôts indésirables. Cette technique de «grattage» n’est
cependant applicable qu’aux artères de gros diamètre, comme
celles du bassin (artères iliaques). L’endartériectomie n’est possible que parce que l’athérosclérose touche surtout la paroi
interne (directement en contact avec le flux sanguin) et médiane
des artères. L’intervention de «grattage» se déroule à l’œil nu, en
10
ouvrant l’artère ou à l’aide d’un instrument appelé stripper à
anneau que l’on introduit jusqu’à la section sténosée de l’artère.
L’avantage du stripper à anneau est qu’il n’oblige pas à ouvrir
l’artère sur une grande longueur (figure 3).
Opération de pontage d’une artère de la jambe
Si les interventions dont nous avons parlé n’offrent aucune chance
de réussite, on opte pour le pontage (dérivation), pour lequel on
se sert soit de segments de veine prélevés sur le patient (matériaux endogènes), soit de greffons synthétiques (matériaux exogènes). Pour les jambes, on préfère utiliser des greffons veineux:
on rencontre moins de problèmes et les résultats à long terme
sont plus satisfaisants qu’avec des matériaux synthétiques. Mais il
faut pour cela disposer d’une veine de dimension suffisante. Une
veine en particulier remplit en général ces conditions, c’est la
grande saphène (ou veine saphène interne), qui est située à fleur
de peau et court sur toute la face intérieure de la jambe, de l’aine
à la cheville. Cette veine ne joue qu’un rôle négligeable pour le
retour du sang vers le cœur, on l’utilise donc aussi pour des pontages coronaires.
Si l’on ne trouve pas sur le patient de veine d’une longueur et
d’un calibre suffisants, on posera un pontage en matériau synthétique. C’est par exemple le cas quand la veine grande saphène
présente des altérations pathologiques, ou encore si l’on a déjà
dû procéder à son ablation à cause de varices. Les pontages en
matière synthétique ont fait leurs preuves pour des artères de
gros diamètre comme l’aorte et offrent de très bons résultats à
long terme. Mais plus le diamètre de l’artère est petit, plus le
pontage en matériau synthétique s’avère problématique.
Pour le pontage d’une artère de la jambe, il existe deux possibilités. La première est le pontage inversé. On retire la totalité de
11
L’endartériectomie (désoblitération) consiste à «gratter» la paroi
de l’artère pour enlever les dépôts
qui la rétrécissent.
Elle peut avoir lieu à l’aide d’un instrument arrondi
appelé stripper à anneau que l’on introduit dans
l’artère pour «gratter» les dépôts.
Figure 3: Endartériectomie
la veine grande saphène et on la relie en aval et en amont de la
sténose à des segments artériels qui ne sont que peu ou pas
abîmés. On commence par inciser l’aine pour dégager l’artère
ainsi que la veine à prélever. On incise encore la face intérieure de
la cuisse pour extraire la veine et pour ménager une place suffisante à l’intention du pontage qui passera par le creux du genou.
On poursuit sur la face intérieure du mollet, toujours pour extraire
la veine mais aussi pour dégager le segment d’artère périphérique à «raccorder». La veine grande saphène est munie de valves
qui fonctionnent comme des soupapes: elles empêchent le sang
de redescendre dans les jambes lorsqu’on se tient debout. Pour
que ces valves n’empêchent pas le sang de circuler dans le pontage (la veine devant dès lors remplir la fonction d’artère), il faut
poser la veine à contre-sens; c’est la raison pour laquelle cette
opération porte le nom de pontage inversé.
12
Le deuxième procédé est relativement comparable au niveau de
l’accès, à la différence que l’on se contente de dégager la veine
aux emplacements des futures jonctions, laissant tout le reste in
situ, c’est-à-dire en place, dans son état normal. Dans la région de
l’aine et du talon, veine et artère sont très rapprochées; le pontage in situ offre donc la possibilité de réaliser de très longues
dérivations avec des veines de petit calibre. Cette méthode
requiert de détruire les valves de la veine à l’aide d’un instrument
spécifique. Il faut également ligaturer soigneusement les vaisseaux déférents (les ramifications de la veine) de manière à éviter
que le sang n’emprunte ce chemin pour rejoindre les autres veines
(figure 4).
Endartériectomie et opérations de pontage de l’aorte et
des artères iliaques
Il n’est pas rare qu’une occlusion d’une artère de la jambe s’accompagne d’athérosclérose de l’aorte et des artères iliaques. Souvent, les artères ne sont pas totalement oblitérées, mais présentent des sténoses suffisamment importantes pour entraver
l’irrigation des extrémités. Avant l’opération de pontage de la
jambe, il faut donc commencer par remédier à des sténoses longues et importantes de l’aorte et des artères iliaques. La décision
quant à la technique à choisir: dilatation par ballonnet et implantation d’un stent ou intervention chirurgicale, dépend principalement de la localisation et du degré de sévérité de la sténose. En
cas de sténoses dans les artères iliaques, on recourt fréquemment
à l’endartériectomie décrite précédemment ou au pontage aortofémoral. L’endartériectomie présente l’avantage de ne pas nécessiter l’utilisation de matériaux étrangers. Toutefois, cette technique n’est utilisable que si les parois externes des artères sont
13
On utilise la veine
grande saphène pour
construire une dérivation. On la dégage
aux points de jonction
supérieur et inférieur
et on la relie à l’artère
en aval et en amont
de la sténose.
Le rétrécissement de
l’artère sur une
grande longueur est
contourné à l’aide
d’un pontage en
matière synthétique
au lieu d’une portion
de veine.
Figure 4: Opération de pontage d’une artère de la jambe
bien résistantes, de sorte qu’il n’est pas toujours possible d’y
recourir dans la région du bassin.
Le pontage aorto-fémoral permet de remédier à des occlusions des artères iliaques de grande longueur. Si les deux artères
iliaques sont concernées, on utilise généralement une prothèse
synthétique en forme d’Y. Dans ce cas, il faut dégager l’accès à
l’aorte au niveau du ventre. C’est approximativement à la hauteur du nombril que l’aorte, qui se trouve devant la colonne ver14
tébrale, se subdivise en deux artères iliaques. Pour raccorder le
pontage à ce carrefour, on choisit le site qui est dans le meilleur
état possible et proche des artères rénales. Alors que la branche
principale de l’Y est suturée à l’aorte, on relie les deux autres
branches, en fonction de l’état des artères, à des segments des
artères iliaques gauche et droite situés plus haut ou plus bas
(figure 5).
On parvient souvent à remédier à une sténose sans avoir
recours à la chirurgie, c’est-à-dire en utilisant la technique de la
dilatation par ballonnet. On insère un cathéter à ballonnet depuis
l’aine jusqu’au segment d’artère sténosé; une fois le ballonnet sur
place, on le gonfle et le dégonfle à plusieurs reprises. Ces mouvements dilatent l’artère, dans laquelle la circulation s’améliore. Il
arrive que l’on complète cette intervention par la pose d’un stent,
qui est un fin grillage métallique destiné à maintenir l’artère bien
ouverte. La dilatation par ballonnet et l’implantation de stents
peuvent être réalisées avant ou en même temps que la désoblitération chirurgicale de l’artère de la jambe.
Perspectives de réussite et risques du pontage
En règle générale, un pontage réalisé pour contourner une obstruction ou une sténose sévère, qu’il soit réalisé avec des matériaux endogènes ou exogènes, peut apporter de bons résultats à
long terme. Encore faut-il que l’on effectue le raccordement à un
site exempt d’athérosclérose et que l’on puisse assurer une bonne
irrigation des jambes. Or, ces deux conditions ne sont souvent pas
remplies. En outre, le résultat du traitement et le fonctionnement
durable du pontage dépendent essentiellement de la collaboration active de l’opéré: s’il ne soigne pas son athérosclérose et ne
parvient pas à éliminer ou réduire ses facteurs de risque (tabagisme, hypertension, hypercholestérolémie), la maladie s’aggra15
vera et la durée de fonctionnement du pontage s’en trouvera
réduite.
On sait, grâce à de nombreuses études, que 95% des pontages effectués dans la région iliaque sont encore perméables
après cinq ans. La proportion est moindre pour les pontages des
jambes. De plus, la perméabilité de ces pontages dépend plus de
la maladie de base et du traitement des facteurs de risque. Une
occlusion précoce du pontage peut se produire.
Les interventions chirurgicales destinées à dilater des artères
sténosées ou oblitérées durent souvent plusieurs heures; ceci
constitue une certaine épreuve pour le cœur et le système circulatoire. Dans ce genre d’interventions lourdes, ce n’est pas tant
l’opération elle-même qui pose problème, mais plutôt les affections concomitantes du cœur, des poumons et des reins que présentent souvent les patients âgés. On peut cependant réduire
nettement ces risques en se préparant soigneusement.
Comment se préparer à l’opération?
Dans un premier temps, vous allez subir des examens approfondis
destinés notamment à déceler d’éventuelles maladies concomitantes et à les traiter le cas échéant. Particulièrement l’opération
abdominale pour soigner des sténoses de l’aorte et des artères
iliaques n’est pas une petite affaire. En vous y préparant bien,
vous pouvez largement contribuer à mieux surmonter l’opération. Parmi les préparatifs à une opération abdominale, il faut
vous attendre à une purge car l’opération est plus aisée si les
intestins sont vides. Étant donné que toute opération abdominale lourde entraîne une paralysie intestinale («intestin paresseux») de deux à trois jours, on vous posera une sonde gastrique,
utile après l’intervention. Votre préparation comportera également des exercices respiratoires sous la direction d’un physiothé16
Si les deux artères iliaques sont rétrécies
sur une grande longueur, on utilise
généralement une prothèse synthétique
en forme d’Y retourné. On suture cette
prothèse à l’aorte et à des segments des
artères iliaques droite et gauche en
aussi bon état que possible, situés
au-delà du rétrécissement.
Figure 5: Opération de pontage de l’aorte et des artères iliaques
rapeute pour réduire le risque de pneumonie postopératoire. Le
jour de l’opération, le personnel soignant vous rasera la région
concernée (ventre, parties génitales, jambes) pour pouvoir bien
désinfecter la peau. Pour les grandes opérations au niveau de
l’abdomen, on recourt à une anesthésie générale avec assistance
respiratoire. Dans tous les cas, vous devrez être à jeun au moins
six heures avant l’opération (ni manger, ni boire, ni... fumer!).
Que se passe-t-il après l’opération?
Après une intervention abdominale, vous ne pourrez pas manger
pendant deux à trois jours. Tant que durera l’hospitalisation, vous
recevrez une piqûre quotidienne au niveau des jambes ou de l’abdomen. Cette injection sert à empêcher toute thrombose veineuse (formation de caillot). Si vous avez subi une endartériecto17
mie des artères du bassin et/ou de la jambe, on vous prescrira
probablement un traitement à l’aspirine à vie. Si l’opération
concerne une région inférieure au genou, vous ne garderez le lit
que peu de temps: on vous mobilisera le plus tôt possible car la
circulation s’améliore dans le pontage avec le mouvement, diminuant d’autant le risque de thrombose. L’anticoagulation passe
en général aussi par la prise de médicaments que l’on vous administrera d’abord par perfusion puis, plus tard, sous forme de comprimés. Vous pourrez sortir de l’hôpital au bout de 7 à 10 jours.
Des examens de suivi sont-ils nécessaires?
Comme l’ont montré de vastes études, les pontages en matériau
synthétique implantés dans le bassin donnent d’excellents résultats à long terme, mais la région de la suture (raccordement entre
artère et pontage synthétique) peut parfois poser problème. Il est
donc vivement recommandé de procéder à des examens réguliers,
d’abord deux fois par an, puis une fois par an ou tous les deux ans,
pour contrôler le bon état de ces sites. Il en va de même des pontages veineux et synthétiques dans les jambes qui doivent être
contrôlés dans la mesure du possible deux fois par an au cours des
deux premières années. Si votre capacité à marcher se réduit subitement sans raison, il faut absolument consulter votre médecin
sans tarder pour vérifier s’il ne s’agit pas d’une sténose ou de l’occlusion d’un pontage. On peut remédier à cette complication par
une intervention par cathéter (dilatation par ballonnet).
Quel est le pronostic?
Votre coopération est décisive pour le résultat du traitement. Il
faut renoncer à certaines habitudes ou les modifier, éliminer ou
réduire les facteurs de risque et pratiquer régulièrement un
entraînement à la marche. Ayez conscience du fait que les médi18
caments ne peuvent pas faire de miracles. Ils améliorent la circulation du sang et réduisent la coagulation, mais ils ne pourront
jamais remplacer vos efforts personnels.
Nous remercions la Société Suisse d’Angiologie pour sa collaboration et
pour ses conseils avisés.
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engageons ensemble pour informer les patients de manière complète et
claire et encourager leurs compétences.
19
Cette brochure vous est offerte par la Fondation Suisse de Cardiologie. Nous sou­
haitons informer de manière complète et objective les patients et leurs proches
sur les examens, les traitements, la réadaptation et la prévention des maladies
cardio­vasculaires et de l’attaque cérébrale. De plus, nous soutenons de nombreux
projets de recherche prometteurs. Ces deux tâches requièrent année après année
d’importantes sommes d’argent. Un don de votre part nous aide à poursuivre
nos activités en faveur des patients et de la population. Nous vous remercions
chaleureusement de votre soutien.
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