dispositifs tacti-
ques – ils ne peu-
vent parvenir à jugu-
ler les flots de bombar-
diers aux croix noires. La
chasse française ne peut in-
tervenir massivement, se retrouve
systématiquement aux prises avec les
Messerschmitt et n’arrive que difficilement
à s’en prendre aux bombardiers. Et lorsqu’elle y
parvient, son armement adapté au combat entre chas-
seurs s’avère parfois trop faible pour leur infliger des dégâts
significatifs. De leur côté, les bombardiers français ne parviennent
pas à épauler efficacement leurs troupes et au bout de quelques semaines,
il faut se résoudre à signer l’armistice. L’aviation de chasse allemande a tenu
son rôle, par sa présence et son efficacité, empêchant toute contre-offensive
importante.
La France vaincue, l’Allemagne tenta de faire plier l’Angleterre, peut-être pas
pour l’envahir, les forces nazies ne semblant pas avoir jamais eu les moyens
opérationnels pour traverser la Manche, mais pour obtenir au moins un statu
quo politique afin d’avoir les mains libres. Car la cible principale de Hitler se si-
tuait à l’Est. Jusque-là invaincue la Luftwaffe tomba sur un os, le Fighter Com-
mand de la Royal Air Force.
Bien sûr, les pilotes anglais « jouaient » à domicile, près de leurs aérodro-
mes avec tous les avantages que cela inclut, obligeant les Messerschmitt à
traverser la Manche avant de pouvoir combattre. Bien organisée, et disposant
de l’avantage tactique apporté par le radar, la RAF avec ses Hurricane et Spit-
fire pu contrer efficacement à la fois l’aviation stratégique allemande et tailler
en pièce l’aviation tactique car sans supériorité aérienne, le redoutable Stuka
n’était plus qu’une cible sans défense et le chasseur lourd Messerschmitt 110
pas assez maniable.
Le Spitfire entrait dans la légende comme le dernier rempart du monde libre.
Quelques mois plus tard, le défenseur devenait l’avion des premiers raids tac-
tiques contre les troupes allemandes basées en France, le bouclier était aussi
une épée, et une épée très affûtée !
Si le sort de l’Angleterre a reposé sur les chasseurs de la RAF, il en fut de
même à Malte où la défense acharnée des pilotes anglais a permis à cette île
de rester une base stratégique en Méditerranée d’où il était possible de porter
des coups fatals aux convois de ravitaillement allemands et italiens vers l’Afri-
que, asphyxiant progressivement l’Afrika Korps de Rommel. Cet avantage stra-
tégique allié tenait une fois encore aux seuls Spitfire et Hurricane basés là.
Le 22 juin 1941, l’Allemagne envahit l’union soviétique. Comme en Pologne
et en France, l’aviation allemande est triomphante, balayant les vieux I-16 de
l’Armée rouge, bombardant les troupes russes. Il fallut l’hiver pour ralentir
puis stopper les troupes nazies. Là encore, les avions de chasses allemands
avaient fait le ménage et gagné la supériorité aérienne.
Des avions de chasse, les îles d’Hawaï en étaient pleines au matin du 7 dé-
cembre 1941, alignés comme à la parade tant ils pensaient être loin de tout
danger. Lorsque les avions japonais sont arrivés, seule une poignée a pu dé-
coller, non sans mal, non sans perte, et sans pouvoir empêcher le désastre.
Grâce au terrible Zero, les Japonais ont profité des premiers mois de guerre
pour étendre leurs conquêtes. L’avion, terriblement maniable, a balayé tous
ceux qui lui étaient opposés jusqu’à ce que l’industrie américaine enfin ré-
veillée se mette à produire à tour de bras des avions certes moins maniables
mais plus puissants, lourdement armés et surtout innombrables.
Dans la guerre du Pacifique, l’importance du porte-avions et de la chasse
embarquée fut cruciale. Dès la bataille de Midway, l’US Navy pu reprendre l’ini-
tiative et grâce à ses nouveaux chasseurs pu se lancer dans la bataille, les
Hellcat ou Corsair couvrant les bombardiers Helldiver et Dauntless avec une
efficacité dont ont beaucoup souffert les marins japonais protégés par les Zero
finalement totalement dépassés.
Aux opérations combinées s’ajoutent quelques missions « tactiques » et
lorsque le 18 avril 1943, le G4M qui emporte l’amiral Yamamoto, stratège de
la marine japonaise est intercepté et détruit par une escadrille de l’aviation
américaine, l’aviation de chasse a sans doute lourdement bouleversé le dérou-
lement du conflit.
En Europe, l’arrivée massive de P-38, de P-47 et de P-51 Mustang va peser
sur la Luftwaffe. Les bombardiers envoyés pilonner les industries, les voies de
communication et les villes allemandes peuvent enfin être escortés jusqu’au
cœur du territoire ennemi. La Luftwaffe se retrouve sur la défensive avec des
avions de chasse qui n’ont pas du tout été conçus pour ce rôle et doivent faire
face à des chasseurs performants et très nombreux. C’est une véritable guerre
de harcèlement qui est menée au-dessus de l’Allemagne et à ce jeu-là, c’est
celui qui dispose des meilleures ressources qui mène.
À l’Est, la Luftwaffe est également sous la pression de l’aviation soviétique
qui après avoir été équipée d’avions occidentaux commence à mettre en ser-
vice des avions de conception nationale parfaitement adaptés aux conditions
de ce théâtre d’opération hors norme. Attaquées sur deux flancs, les défenses
aériennes allemandes s’épuisent peu à peu tant et si bien qu’elles se retrou-
vent totalement impuissantes au matin du 6 juin 1944, tandis que les alliés ali-
gnent des dizaines de milliers d’avions. Symbole de cette impuissance, seuls
deux FW 190 réussirent à mitrailler une des plages normandes ce jour-là, sans
résultat évidement.
Pourtant, les usines allemandes tournent à plein régime et les ingénieurs
sont prêts à envoyer au combat le premier chasseur à réaction. Mais l’essence
manque, et les combats aériens de ces longues années de guerre ont éclairci
largement les rangs des pilotes expérimentés. Le temps est à l’urgence et aux
solutions d’expédients. En pure perte.
Par leur nombre et leur efficacité, les alliés dominent le ciel de jour comme
de nuit, en dépit de la chasse de nuit allemande pourtant redoutable. Leurs
troupes avancent abritées et peuvent être épaulées à tout moment face à
n’importe quelle résistance de la Wehrmacht. Il en est de même à l’Est.
En Asie, les bombardiers lourds américains disposent aussi d’escortes et
même si l’industrie japonaise parvient à concevoir des avions de chasse très
brillants, elle ne peut arriver à en aligner en nombre suffisant. Le 6 août 1945,
les trois bombardiers envoyés sur Hiroshima pouvaient effectuer leurs terri-
bles missions pratiquement sans risque d’interception tandis que les derniers
avions japonais en état de voler étaient précipités en pure perte avec leurs
pilotes contre les navires de l’US Navy.
Les chasseurs, tout au long du conflit, et surtout du côté allié, ont eu une
importance tactique de premier ordre en empêchant les aviations de l’axe de
gêner les développements des opérations à l’importance stratégique. Mais ce
rôle collectif a permis également l’émergence d’une mythologie individuelle,
le pilote de chasse gardant son image de combattant solitaire et courageux.
Après la guerre, beaucoup de ces appareils connurent de longues carrières
dans de nombreux pays. À la fin des années soixante-dix, la guerre du Football
entre le Honduras et le Paraguay vit même un combat aérien entre un P-51
Mustang et un F4U Corsair. Mais ces avions, auréolés de leur légende, étaient
déjà devenus des pièces de musée, parfois toujours en état de vol, fascinant
les foules lors des meetings aériens. Appelés aujourd’hui warbirds, leur his-
toire raconte une partie de notre Histoire.