ouvriers dans des plantations où les conditions étaient souvent très difficiles. Les hommes en
particulier étaient encouragés à se maintenir en forme afin qu’il n’y ait pas de manque d’ouvriers
forts. Toutefois, ils étaient pour la plupart mal payés. Comme dans les pays européens au cours
du XXe siècle, la classe ouvrière de l’Indochine montrait son mécontentement au travers de
manifestations et de grèves.
Le riz était le produit le plus profitable pour les fonctionnaires Indochinois et les Français
gouvernants. Les administrateurs avaient pour priorité l’augmentation continue de la production,
permise par la conquête de terres vierges sur lesquelles les colons Blancs construisaient des
plantations. Il faut comprendre que le but officiel était d’accroître la richesse2. Les revenus des
colonies, y compris l’Indochine, devenaient indispensables durant la période de l’entre deux
guerres, lorsque l’Occident était plongé dans une crise économique importante. Cela parait
évident lorsqu’on observe l’Exposition coloniale internationale de 1931, qui montrait les produits
les plus précieux provenant des possessions orientales. Ce fut lors de l’inauguration de
l’événement que le ministre des Colonies déclara: « Il faut que chacun de nous se sente le citoyen
de la plus grande France, celle des cinq parties du monde! »3
Mais malgré la vie luxueuse d’une poignée de riches Français, les tensions escaladaient au
Vietnam, où le sentiment anti-Blanc se propageait visiblement. L’Exposition coloniale
dissimulait l’outrage qui avait eu lieu quelques mois plus tôt au Nord-Annam. C’est à cette
époque que le parti nationaliste du Viêt-Nam Quoc Dan Dang (VNQDD) commençait à incité
au soulèvement contre le joug colonial. La tentative indisciplinée de ce parti de mener une
manifestation générale fut un échec pour ceux qui y participèrent, la réaction de la France
conduisant à la mort de 1 000 à 4 000 personnes, tandis que des milliers furent emprisonnés4.
Cependant, il ne s’agissait pas de l’élimination totale de la révolution en Indochine. En 1944,
l’intelligence française déterminera la présence de 4 000 à 5 000 révolutionnaires basés dans la
région de Yunnan5.
Le communisme représentait une solution propice pour l’intelligentsia vietnamienne qui
cherchait à rompre les liens avec la France. C’est en 1930 que fut créé le Parti communiste
2 Serge Thíon, « La question agraire en Indochine, » Cahiers Internationaux de Sociologie 54 (1973) : 42.
3 Philippe Franchini, Les guerres d’Indochine (Paris : Éditions Pygmalion/Gérard Watelet, 1988), 138.
4 Cadeau, La guerre d’Indochine, 41.
5 Geoffrey C. Gunn, Rice Wars in Colonial Vietnam: The Great Famine and the Viet Minh Road to Power
(Plymouth: Rowman & Littlefield, 2014),170.