CIRAC, décembre 2013
d’une hypothèse trop optimiste de taux de croissance de 5 % annuels. Le pacte de Maastricht
semblait donc être fait pour ne pas être respecté. Enfin, les définitions du déficit public sont
multiples et il convenait de les cerner avant de porter un jugement sur leur maîtrise : le déficit
structurel primaire, le déficit structurel (comprenant la charge de la dette), ou encore le déficit
conjoncturel sont des catégories dont l’évolution est regardée avec attention par les analystes
et qui doivent nuancer le jugement à porter sur l’évolution du taux d’endettement global. Ces
définitions sont importantes lorsqu’il s’agit par exemple d’éviter que les dépenses d’investis-
sement ne soient considérées au même titre que des dépenses sociales.
Jérôme Creel a invoqué la part essentielle de la crise conjoncturelle (crise financière de 2008)
dans l’aggravation de la situation budgétaire française et met en garde contre les politiques
d’austérité trop dures qui portent un important risque déflationniste pesant en retour sur la
capacité de remboursement de l’État français.
La discussion dans la salle a cependant souligné qu’une politique de réduction importante
des dépenses publiques telle que la menait l’Allemagne n’avait non seulement pas porté
ombrage à la croissance, mais lui avait permis de dégager des marges de manœuvre pour une
priorisation sur des dépenses d’investissement notables, en particulier dans le domaine de la
recherche. La crainte, exprimée par de nombreux chefs d’entreprise présents dans la salle, est
celle d’une situation de non-retour de l’endettement propice à un dérapage inflationniste et un
alourdissement considérable des charges sociales, qui ruineraient systématiquement tous les
efforts de productivité entrepris et priveraient les entreprises d’une marge de manœuvre
nécessaire à l’investissement.
La table ronde « Les contraintes budgétaires liées au Pacte de stabilité et de croissance (PSC)
et au Pacte budgétaire européen (TSCG), dont le Mécanisme européen de stabilité (MES),
sont-elles praticables et adaptées pour sortir l’économie européenne de la crise ? » était
animée par Rainer Klump, Directeur du département Développement économique et
Intégration à l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main.
Dans un premier temps, Christian Kastrop, Directeur adjoint de la division Questions
économiques générales et Directeur de la section Finances publiques, macroéconomie et
recherche au ministère fédéral des Finances, a rappelé qu’avant la crise, l’Union
européenne était confrontée à des difficultés institutionnelles liées à un déficit de gouvernance
financière et économique, à un manque de crédibilité de la clause de non-renflouement, dite
de « no bail-out », ainsi qu’à une sous-estimation des déséquilibres macroéconomiques et des
interactions entre secteur bancaire et finances publiques. Apparaît dès lors la nécessité de
consolider les finances des États membres, de procéder à des réformes structurelles à
l’échelon national et de créer un cadre favorisant la stabilité économique et la solidité des
finances publiques.
Après cinq ans de crise, et notamment grâce à la politique de la Banque centrale européenne
(BCE), les déficits structurels et les spreads souverains ont reculé dans de nombreux pays.
Toutefois, selon Christian Kastrop, la nette augmentation des spreads dans les pays en crise
en 2011-2012 reflète le manque de confiance des marchés financiers dans la capacité des
institutions européennes à résoudre la crise. Un premier pas a été néanmoins franchi à la fois
vers la stabilité budgétaire, avec la révision du PSC et le Traité sur la stabilité, la coordination
et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire (TSCG), vers la stabilité
économique, avec notamment les règlements sur la prévention et la correction des
déséquilibres macroéconomiques, et vers la stabilité des marchés financiers, via une meilleure
régulation du secteur. Si des mécanismes de gestion de crise ont été mis en place avec le