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 L’utilisation insuffisamment productive des ressources tirées de la rente 
agricole  et  minière  et  des  apports  extérieurs  (Aide  Publique  au 
Développement) ; 
 La répartition fortement inégalitaire des  revenus au  profit  des élites et 
des hyper consommations urbaines ; 
 L’extrême vulnérabilité des économies à  l’égard des variables exogènes 
comme les variations erratiques du climat qui conditionnent l’instabilité 
des  productions  physiques,  des  cours  mondiaux  des  matières  premières 
qui  déterminent  le  niveau  de  la  rente  agricole  et  minière  et  les 
turbulences  du  système  monétaire  international  qui  commande  les 
évolutions des taux d’intérêt. 
Cette  organisation  sociale  produit  une  double  extraversion  structurelle  qui 
caractérise  les  économies  ouest  africaines  contemporaines  :  l'extraversion  du 
système productif essentiellement orienté vers  la  satisfaction  prioritaire  de  la 
demande extérieure et celle de la structure de consommation marquée par des 
importations  massives  et  couteuses  de  produits  alimentaires  et  de  biens 
manufacturés  non  localement  fabriqués.  Il  en  découle  une  distorsion  entre 
capacités de production et capacités de consommation. Sur  le  plan  monétaire, 
concernant  les  pays  francophones,  cette  logique  économique  a  été 
accompagnée  par  la  surévaluation  structurelle  du  franc  CFA.  Dès  lors, 
l'ensemble de la zone africaine francophone étaient artificiellement soustraite de 
la concurrence que les autres pays industrialisés économiquement plus performants 
pouvaient  éventuellement  livrer  à  la  France  sur  ces  marchés  captifs. 
Subséquemment, ces derniers servaient de débouchés relativement faciles pour les 
exportations industrielles françaises. 
Quelles sont les politiques publiques qui ont été appliquées depuis 50 ans ?  
I/  La  gestion  du  développement  et  les  pol itiques 
publiques au lendemain des indépendances.  
 
En  accédant  à  l’indépendance  en  1960,  la  plupart  des  pays  francophones  
d’Afrique de l’Ouest comptabilisait plus d’un siècle de domination coloniale directe 
qui  les marquait politiquement, économiquement, socialement  et culturellement. 
Ils ont hérité de la colonisation d’une agriculture spécialisée dans la production des 
cultures  de  rente  et  des  cultures  vivrières  exsangues,  d’un  tissu  industriel 
encore  embryonnaire  et  d’un  secteur  tertiaire  (commerce,  assurance,  banques, 
transports)  contrôlé  essentiellement  par  le  capital  privé  étranger.  Les 
infrastructures  de  base  étaient  nettement  insuffisantes  et  les  cadres 
nationaux    peu  nombreux.  Devant  l'immensité  des  tâches  de  construction 
d'une  nation  jeune  et  nouvellement  indépendante,  et  tenant  compte  du  très 
faible  niveau  de  développement  des  forces  productives  matérielles  et  humaines,  
de l’inexistence d’un secteur privé et d’une bourgeoisie nationale, l'Etat décida de 
prendre en charge la promotion du développement, occupant progressivement une 
position  stratégique  dominante  dans  toutes  les  sphères  de  l’économie  nationale. 
C'était le début de la mise en place des institutions de "l'Etat développeur". 
La planification fut adoptée comme devant être l’instrument qui définit les 
tâches et objectifs du développement ainsi que les moyens de les réaliser. Elle doit  
fixer  les  ressources  à  mobiliser  et  déterminer  les  délais  de  réalisation  des