La Faculté de Médecine contre les totalitarismes
Manifeste de protestation des professeurs d’universités belges
« Les professeurs des universités belges, profondément émus par les violences et les mesures d’exception dont
sont l’objet certaines catégories de citoyens allemands et notamment les Juifs, en raison uniquement de leurs
origines, de leurs croyances ou de leurs opinions, expriment leurs sentiments de vive sympathie aux victimes
de ces persécutions. (…) ils ne peuvent s’empêcher de protester contre la violation de l’esprit de tolérance et
de justice, la conquête dont s’honore le plus notre civilisation »
Ce manifeste est signé en 1939 par 154 professeurs d’universités belges, dont 90 de Bruxelles.
1922 : Mussolini prend le pouvoir en Italie.
1933 : Hitler devient Chancelier en Allemagne.
1939 : Après la défaite des Républicains, Franco et les Phalangistes instaurent la dictature en
Espagne.
1939 : L’Allemagne envahit la Pologne. Puis la France et l’Angleterre lui déclarent la guerre.
10 mai 1940 : L’Armée allemande envahit la Belgique.
Par une signature, une aide matérielle ou un investissement sur le terrain, les membres de la Faculté de
Médecine de Bruxelles militent activement et se battent pour la défense des libertés individuelles. Dès les
premières lueurs des conflits se déroulant hors de notre pays, un engagement désintéressé anime
professeurs, étudiants, chercheurs… et anticipe sur la mobilisation collective et courageuse qui se met en
place dès le début de la deuxième guerre mondiale.
Des comités de vigilance anti-fascistes et de soutien à l’Espagne républicaine luttent contre les
nationalismes, le totalitarisme, le rexisme… ou s’engagent dans les Brigades Internationales, publiant des
manifestes, organisant des défilés et dénonçant l’attitude de l’Allemagne nazie. Cette implication des
médecins et étudiants en médecine de Bruxelles dans la lutte idéologique, sociale et même vitale, place la
Faculté au cœur d’un mouvement plus large de défense des libertés, porteur des valeurs de l’Université
libre de Bruxelles.
Les premières actions contre le fascisme
Le Comité de vigilance anti-fasciste est créé en 1934 à l’initiative de l’Association Générale des Etudiants, du
Cercle du Libre Examen, des Cercles politiques libéraux, socialistes et marxistes avec la bienveillance du
Recteur Edouard Bogaert.
Dans la même mouvance, les professeurs Dedonder, Verlaine, Pelseneer et Brien, mettent sur pied le Comité de
vigilance des intellectuels anti-fascistes.
Les professeurs Fernand Neuman et René Dumont de chirurgie rejoignent le Comité belge d’aide sanitaire aux
Brigades Internationales qui participe à la mise sur pied du Centre Médical Belge à l’hôpital d’Onteniente près
de Valence (Espagne).
Le télégramme de remerciements du professeur Marque de la Faculté de Médecine de Madrid au professeur
Auguste Ley, Président de la Faculté de Médecine de Bruxelles : « Je proteste avec la plus grande véhémence au
nom de la Faculté de Médecine de Madrid devant le monde civilisé. Les sauvages et lâches fascistes qui nous ont
agressés à Badajoz, Málaga, Madrid, Durango et Guernica sont la honte et l’opprobre de l’Humanité. Le
bombardement bestial d’Almería par un escadron allemand représente une provocation effrontée contre la paix
mondiale. Je proteste contre cette technique italo-teutonne de faire une guerre d’invasion sans la déclarer et
cela devant l’indifférence des gouvernements démocratiques nationaux. Je demande la solidarité de tous les
hommes honnêtes pour la cause juste de la République espagnole ».
La carte d’inscription de Gostynski
Dès 1936, des membres du Comité d’aide à l’Espagne républicaine, créé à l’initiative de l’Association Générale
des Etudiants, rejoignent les Brigades Internationales composées de volontaires étrangers désireux de lutter
contre Franco. Parmi eux, Abram Izak Gostynski (1912-1936), étudiant en deuxième doctorat et chercheur
attaché au Laboratoire de Biochimie, a donné sa vie pour défendre les valeurs de Démocratie et de Liberté.
La Saint Verhaegen de 1938 et Le Pet irréel
Lors de la Saint Verhaegen 1938, le Cercle de Médecine affiche ses positions anti-fascistes en arborant sur son
char un écriteau énumérant les symptômes du rexisme : pets irréels et vomissements pourris tandis que les
étudiants singent les Nazis. Le Bruxelles Universitaire, résolument engagé contre le rexisme, publie une
chronique intitulée Le Pet Irréel, caricature du journal rexiste Le Pays réel.