Dossier L’éducation des élèves présentant des difficultés de comportement S elon le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS, 2008), près de 25 000 élèves des écoles publiques, dont la moitié sont inscrits au primaire, reçoivent des services éducatifs complémentaires relativement à des difficultés de comportement. Selon les statistiques, la proportion d’élèves ayant des troubles de comportement aurait triplé depuis 15 ans au Québec, alors que les demandes d’intervention pour soutenir les élèves et leurs enseignants sont trois fois plus nombreuses pour cette problématique que pour tout autre problème rencontré pendant l’enfance. Les problèmes de comportement à l’école représentent l’un des défis éducatifs les plus exigeants pour les enseignants qui sont près de 25 % à quitter la profession durant les cinq premières années de leur pratique. Ils représentent également une importante problématique pour notre société. Les élèves qui manifestent des difficultés de comportement sont en effet beaucoup plus à risque de mettre fin à leurs études avant l’obtention d’un diplôme d’études secondaires, lorsqu’ils ne sont pas carrément amenés vers cette voie à force d’être expulsés de la classe et suspendus de l’école. Ce numéro thématique se veut une occasion de réfléchir aux enjeux que pose la problématique des élèves en difficulté de comportement et de partager certaines pistes d’intervention novatrices et de programmes prometteurs mis en œuvre pour favoriser leur réussite scolaire. Nadia desbiens Université de Montréal Dans une entrevue accordée pour ce numéro, Égide Royer, de l’Université Laval, expert reconnu sur la question de la persévérance scolaire et de l’intervention auprès des élèves en difficulté de comportement, nous entretient des conditions de succès de l’intégration en classe régulière des élèves en difficulté de comporte- Formation et profession • Décembre 2011 Dossier ment et des obstacles rencontrés, notamment quant à la formation initiale des enseignants. Il propose des recommandations concrètes pour favoriser la réussite scolaire de ces élèves. De leur côté, Nadia Desbiens, professeure en adaptation scolaire et son collègue François Bowen, de l’Université de Montréal, soutiennent qu’il est irréaliste de penser qu’une formation de 1er cycle en enseignement puisse suffire pour relever l’ensemble des défis de l’intervention éducative auprès de clientèles vulnérables telles que les élèves en difficulté de comportement, cette dernière compétence devant être vue comme une spécialisation à acquérir dans le cadre d’un programme de 2e cycle en adaptation scolaire. Par ailleurs, les auteurs mettent en relief qu’outre la formation, les habiletés et les attitudes personnelles des enseignants influencent considérablement la qualité de leur pratique. Dans le deuxième texte, Isabelle Plante et Jean Bélanger, de l’Université du Québec à Montréal, nous rappellent que si le concept de « trouble du comportement » est souvent utilisé, celui-ci regroupe plusieurs syndromes définis par le DSM-IV-TR : trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), trouble des conduites (TC) et trouble oppositionnel avec provocation (TOP), auxquels ils ajoutent l’indiscipline. Comme l’étiologie de ces syndromes est différente, il importe de les différencier pour pouvoir mettre en place les interventions appropriées. Dans le troisième texte, Steve Bissonnette, Carl Bouchard et Normand St-Georges, de l’Université du Québec en Outaouais, nous présentent un programme de prévention des difficultés comportementales, le Soutien aux comportements positifs (SCP). Ce programme, qui repose sur des données probantes, a été implanté dans plusieurs écoles avec des résultats appréciables. Dans le quatrième texte, Martin Gendron, de l’Université du Québec à Rimouski, et Éric Dugas, de l’Université Paris Descartes, nous présentent le sport comme démarche d’intervention complémentaire aux interventions structurées et aux programmes efficaces dans l’amélioration de la compétence sociale des élèves en difficulté de comportement. Dans sa chronique du milieu, Robert Turbide, psychoéducateur et personne-ressource au Service régional de soutien et d’expertise à l’intention des élèves ayant des difficultés d’ordre comportemental, nous décrit le programme Répit-Transit, une intervention multimodale qui tente de prévenir l’exclusion scolaire des élèves ayant des difficultés importantes. Finalement, Jérôme Saint-Amand, étudiant au doctorat en psychopédagogie à l’Université de Montréal, nous présente une critique de l’ouvrage Vers une gestion éducative de la classe, de Jean Archambault et Roch Chouinard, un livre qui prend tout son sens dans ce numéro thématique portant sur l’éducation des élèves ayant des difficultés de comportement. Formation et profession • Décembre 2011