toutes les Églises en communion avec Rome afin de dégager un
consensus, mais la décision a été prise par le Pape, comme le
montre le texte cité plus haut.
En réalité, la synodalité chère à l’ecclésiologie orientale, dont
parle Benoît XVI, ne correspond pas exactement à la pratique syno-
dale de l’Église latine. Selon le droit oriental, chaque Église est gou-
vernée par un Synode, présidé par le Patriarche. C’est le Synode qui
élit les évêques et le patriarche et qui prend toutes les décisions
nécessaires à la vie et à la mission de l’Église. Le Synode qui tient ses
assemblées à Rome est très différent. Créé par Paul VI, au terme de
Vatican II, le Synode n’est pas un organe habituel de gouvernement.
Il apporte un éclairage sur une question posée par le Pape qui reste
libre de la décision finale. Ce type d’assemblée n’a donc pas le sens
d’un synode qui serait célébré par une Église patriarcale en Orient,
même si elle est un pas vers plus de synodalité dans l’Église.
Le Synode romain va devoir se pencher sur une situation
complexe et diversifiée. Ce Synode en effet concerne des pays
arabes et non arabes et il couvre une vaste aire géographique
allant de l’Egypte à la Turquie et de l’Iran à Israël, en passant par
les pays du Golfe, l’Irak, le Liban, la Syrie, la Jordanie, la Palestine
et Chypre. Ce sont quelque quatorze millions de chrétiens sur
une population totale de trois cent trente millions.
Dans ces divers pays, les Églises Orientales catholiques sont
toutes présentes (melkite, syrienne, maronite, copte, armé-
nienne et chaldéenne) avec leurs spécificités liturgiques, cano-
niques et pastorales, ainsi que l’Église latine. Ces Églises ont à la
fois besoin d’exister dans leur singularité et une plus grande
communion entre elles. Elles ont un urgent besoin, certes à des
degrés divers, de connaître le renouveau que l’Église latine a vécu
dans l’élan du IIeConcile du Vatican. Très souvent sont présen-
tes également sur le même terrain les Églises orientales qui ne
sont pas encore en pleine communion avec Rome, églises non-
chalcédoniennes et orthodoxes. S’il n’y a plus avec elles de dés-
accord sur la foi au Christ, il n’en va pas de même concernant la
primauté de Pierre. Il n’empêche que, dans l’état actuel des
choses, bien des ponts pourraient être jetés pour donner un
témoignage uni de foi et de charité et travailler à l’avènement
d’une paix solide et durable. Le prochain Synode romain ne peut
P. Raffin
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