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La tomographie par cohérence optique, communément désignée par l’acronyme anglais OCT (optical
coherence tomography), est une technique d’imagerie optique dont la première démonstration remonte à
vingt ans [Huang 1991]. L’OCT est analogue à l’échographie, à la différence que les ultrasons sont
remplacés par de la lumière. En mesurant le temps de parcours des ondes lumineuses réfléchies ou
rétrodiffusées par les structures internes d’un objet, il est possible de déterminer à quelles profondeurs se
situent ces dernières [Fercher 1996]. Des images en 2 voire 3 dimensions d’un objet semi-transparent
peuvent ainsi être obtenues en balayant le faisceau lumineux envoyé sur l’objet [Fujimoto 1995, Tearney
1996]. Le contraste des images OCT résulte des inhomogénéités de l’indice de réfraction au sein de l’objet.
La technique ne nécessite pas l’emploi d’agents de contraste. Elle est sans contact, contrairement à
l’échographie, et utilise de la lumière infrarouge inoffensive. La résolution spatiale de l’OCT, meilleure que
celle de l’IRM, de l’imagerie X, ou de l’échographie, s’approche de celle de la microscopie optique. Enfin la
profondeur d’imagerie accessible est supérieure à celle de la microscopie.
2. Principe de l’OCT
Si le concept de l’OCT est analogue à celui de l’échographie, ces deux techniques présentent toutefois
une différence fondamentale. En effet, à cause de la vitesse de la lumière, les variations de temps de parcours
ne peuvent pas être mesurées directement. En OCT, ces mesures sont effectuées de manière indirecte, par
corrélation, au moyen d’un interféromètre éclairé par de la lumière polychromatique. Le schéma du dispositif
expérimental de l’OCT classique est représenté sur la figure 1. Un interféromètre de type Michelson, à fibres
optiques, est éclairé par une source de lumière de spectre large. Cette lumière est séparée en 2 parties ; l’une
est envoyée dans le bras de référence et l’autre vers l’objet placé dans le deuxième bras de l’interféromètre.
A la sortie de l’interféromètre, des interférences se produisent à condition que la différence de longueur
optique des deux bras soit inférieure à la longueur de cohérence de la lumière. En faisant varier la longueur
du bras de référence (généralement par déplacement du miroir de référence), on peut sonder la profondeur de
l’objet. En effet, lorsque l’égalité des trajets optiques dans les 2 bras de l’interféromètre correspond à une
profondeur dans l’objet où se trouve une structure réfléchissante (ou rétro-diffusante), des interférences se
produisent (voir figure 2). En enregistrant l’amplitude des interférences au cours du déplacement du miroir
de référence, on peut accéder à la distribution des structures internes de l’objet en fonction de leur
profondeur. Ce « sondage » de la profondeur est réalisé à différents endroits dans l’objet en balayant le
faisceau lumineux. On obtient ainsi une image tomographique orientée perpendiculairement à la surface de
l’objet.
Figure 2 : Dispositif d’OCT classique. Le déplacement du miroir de référence permet de sonder la profondeur dans
l’objet tandis que le faisceau dans le bras objet est balayé. L’enveloppe du signal d’interférence détecté permet de
construire une image des structures internes de l’objet ayant réfléchi de la lumière.