La coiffure présentée sur cette monnaie est nommée en « forme de melon » : les cheveux sont tressés
depuis le front, les mèches tirées vers l’arrière sont retenues dans un large chignon. Il s’agit d’une coiffure
spéciquement portée par Cléopâtre, qui a permis d’identier des représentations de la dernière reine
d’Égypte. Le bandeau royal est ici large, et porté bas, à la limite du front.
145. Camée d’« Actium » représentant l’empereur Auguste
Ce magnique camée représente Auguste, titre offert à Octavien par le Sénat
romain en 27 avant notre ère. Ce camée a été réalisé pour célébrer sa victoire
sur les ottes coalisées de Cléopâtre et Marc Antoine lors de la bataille
d’Actium le 2 septembre 31 avant notre ère, scellant le sort de ces derniers
en même temps que celui de l’Égypte.
La bataille d’Actium est une bataille navale se déroulant à l’ouest de la Grèce :
c’est pourquoi le char (quadrige) d’Auguste est tiré par quatre Tritons et non
par quatre chevaux. Ces créatures mythologiques, ls de Neptune, lèvent haut
leur bras, portant aux nues Auguste. Le Triton à la droite du camée élève auprès
d’Auguste une statue de la déesse Niké, la victoire ailée, symbole du triomphe de
Rome sur Cléopâtre. Le Triton à la gauche de la composition tient quant à lui les symboles
d’Auguste, le Clipeus Virtutis, le bouclier honorique offert par le Sénat au premier empereur
de Rome, entouré de deux capricornes.
Ces camées, l’une des plus remarquables productions alexandrines, sont réalisés sur des pierres dures à deux
strates : la taille de la couche supérieure permet ainsi de révéler le fond plus sombres, jouant sur les dégradés et
l’intensité de la lumière et des tonalités. La monture en or, émaux et perle a été rajoutée au début du xviie siècle.
124. Portrait de Cléopâtre VII
Nous sommes encore en présence d’un portrait de la reine Cléopâtre VII exécuté en marbre,
peut-être de Paros, dans un style hellénistique. La reine porte une coiffure similaire à celle
remarquée sur la monnaie d’Ascalon : la coiffure en forme de melon est rassemblée
en chignon sur la nuque et arbore le diadème royal à ruban, symbole hellénistique du
pouvoir. Sur le bandeau est présente, au centre, une petite excroissance qui permettait
probablement de maintenir en place le triple uræus. Les traits caractéristiques de la
souveraine sont ici encore bien visibles.
Ce portrait, découvert à Rome, a été réalisé lors du séjour de Cléopâtre au sein de la cité,
entre 46 et 44 avant notre ère. Dès cette période, Rome découvre les fastes de l’Égypte et
introduit une forme d’ « égyptomanie » dans ses productions.
51. Livre des Morts de Pa-iry.
Le Livre des Morts ou « formules pour sortir le jour » est un des éléments centraux de la pratique funéraire
égyptienne. Il présente les épreuves auxquelles sera confronté le défunt lors de son voyage dans l’Au-delà.
L’illustration du papyrus ici présenté concerne le chapitre 125, la pesée du cœur ou psychostasie. Le défunt Pa-iry
(à droite habillé d’un pagne blanc) est introduit dans le tribunal divin par la déesse de la justice Mâât, portant
une robe bleue et reconnaissable à l’aide de la plume piquée dans sa perruque. Le centre de la vignette est occupé
par la balance du jugement du cœur. L’équilibre des plateaux est surveillé par Thot sous son aspect de babouin,
pendant qu’Horus en vérie l’exactitude à l’aide d’un l à plomb.
Le plateau droit soutient une céramique, dans laquelle est placé le cœur du défunt, pendant qu’Anubis, dieu des
embaumeurs, place la plume de Mâât dans la balance.
Si le défunt a été vertueux tout au long de son
existence, son cœur sera aussi léger que la plume de
Mâât, et il rejoindra Osiris momiforme sur la gauche,
vers l’immortalité. Dans le cas contraire, son âme
sera engloutie par la déesse Ammit, la dévoreuse,
qui attend patiemment sous la balance. On remarque
également le dieu Thot (à tête d’ibis cette fois-ci),
scribe transcrivant le résultat de la pesée.
76. Portrait d’homme (Ptolémée Apion ?)
Ce magnique portrait en bronze est un excellent exemple de la technique de
moulage à la cire perdue, encore utilisée à notre époque par des artistes tels que
Giacometti ou Rodin. Le modèle réalisé en cire est recouvert par deux blocs d’argile
réfractaire an d’y laisser son empreinte en négatif. Lors de la cuisson de l’argile, la
cire fond et s’échappe par des canaux percés dans les blocs. Le bronze est ensuite
coulé dans cette matrice an de réaliser l’épreuve nale.
Ce portrait, découvert dans la Villa des Papyrus à Herculanum, en Campanie (Italie),
a longtemps été identié à Ptolémée Apion, ls de Ptolémée VII. Mais des études
récentes ont permis de découvrir sur le pilastre d’origine une inscription qui l’identierait
à Thepsis, musicien à la cour de Ptolémée Ier. Il est également avancé qu’il pourrait s’agir d’un souverain
d’Arabie, leur silhouette sur les pièces de monnaie arborant le même type de coiffure, insolite dans le
monde hellénistique.
Cette tête présente des traits classiques, immortalisés dans une jeunesse et une beauté sereine et
distante. L’excellence des ateliers des bronziers grecs apparaît ici, de même que le souci d’un naturalisme
exacerbé. Le visage et la calotte crânienne ont été travaillés dans la technique du bronze à la cire perdue,
et les mèches des cheveux rapportées en cuivre. Le cuivre étant un métal plus facile à travailler, il a été ici
utilisé sous forme de lamelles enroulées autour d’un morceau de bois pour imiter les boucles des cheveux.
Le bronze, sorti des ateliers des fondeurs, présente une couleur dorée, le cuivre une teinte rouge plus soutenue :
de cette manière, l’artiste est parvenu à jouer sur les teintes pour immortaliser le portrait du modèle.
164. Tête de femme portant un diadème
Cette fresque décorait le mur d’une domus, une demeure, de la cité romaine d’Herculanum, dans la
région du Vésuve. On retrouve sur ce portrait la coiffure typiquement hellénistique
qu’arborait Cléopâtre VII sur la monnaie d’Ascalon et sur le buste de romain : les
cheveux coiffés en melon sont ramenés en chignon sur la nuque et retenus par un
diadème à bandeau décoré d’un motif de méandre. Le peintre a souhaité, grâce à
sa palette (ensemble des couleurs utilisées), imiter les effets visuels des camées. Le
visage de la femme se détache, à l’aide d’un pigment blanc rehaussé de rose plus
soutenu, sur un fond sombre. Les touches, rapides, fournissent un sentiment de
dynamisme et de vitalité à ce portrait.
Ce type de représentation, peut-être un portrait de la reine, des années après sa
mort et si loin d’Alexandrie, illustre l’engouement qu’a connu le monde romain
pour l’Égypte des Ptolémées, dès le séjour de Cléopâtre à Rome puis sous le règne
d’Auguste. Les femmes romaines arboraient alors par mode ce type de coiffure « à l’égyptienne », bien
qu’il s’agisse en réalité, nous l’avons vu, d’une coiffure hellénistique, et importent des recettes de beauté
orientales pour imiter le soin que Cléopâtre portait à son apparence.
186. Trapézophore
Un trapézophore est un pied de table, servant
à soutenir un plateau. Bien que la technique du
damasquinage (incrustation de métaux précieux
dans un autre métal, ici or et argent dans du
bronze) soit spécique de l’artisanat alexandrin, de
nombreux éléments attirent l’attention : le sphinx
porte bien le némès des pharaons surmonté
de l’uræus, mais il présente également des
membres antérieurs humains, ce qui laisse
penser qu’il a été réalisé dans un atelier
romain. Ces mains tendues sur le devant
servaient probablement à protéger la
amme d’un lumignon placé sur la base.
On remarque également sur la partie
supérieure de l’objet un buste d’Athéna, la
déesse grecque de la sagesse, portant un casque
à cimier et une tête de gorgone sur le buste.
Ce « mélange des genres » est un très bon exemple
de l’« égyptomanie », où les élites campaniennes
et romaines cherchent à acquérir des objets
exotiques inspirés de l’Égypte, symbole de luxe et
de richesse. Ces motifs sont considérés comme
uniquement décoratifs. Ainsi le sphinx est, à
Pompéi, utilisé comme décor de jardin et
n’est plus la représentation de la force et de
la puissance du pharaon.