L'une des communautés arméniennes les plus actives se trouve en France,
où la communauté arménienne, grande et organisée, a longtemps eu
l'appui du gouvernement.
La semaine dernière [Nota CVAN : vendredi 14 octobre 2016], le Sénat a
adopté un projet d'article criminalisant le déni des génocides. La prochaine
étape consiste à soumettre ce projet de loi au Conseil constitutionnel.
Alors que de nombreuses personnes en France, ainsi que dans la diaspora
arménienne et l'Arménie, se sont réjouis de cette nouvelle, l'un des plus
grands experts juridiques au monde et spécialiste des droits de l'homme,
Philippe Raffi Kalfayan, n'a pas été impressionné.
"Je voudrais dire que la loi a très peu de chances d'être acceptée par le
Conseil constitutionnel si elle y est renvoyée, car il y a quelques autres
dispositions [qui sont incluses dans le projet mais qui ne sont pas liées à
cet article spécifique] qui sont inconstitutionnelles, parce qu'[elles violent]
la liberté de la presse et des droits des journalistes".
Le texte contre la négation des génocides, n'est qu'une partie d'un grand
projet de loi, dit-il.
"Nous allons voir ce qu'il se passera lorsque la loi sera adoptée", a-t-il
indiqué.
Les domaines d'expertise de Kalfayan sont vastes; il est juriste et
consultant auprès de Stradev Conseils, à Paris, spécialisé en droit
international. En outre, il est expert au Conseil de l'Europe depuis 2003 et
il travaille depuis 21 ans avec la Fédération internationale des ligues des
droits de l’Homme en France (sous l'acronyme français de FIDH), à
différents titres, et a même été son secrétaire général. Il travaille
actuellement à son doctorat en droit, et enseigne.
Pour Kalfayan, ni la reconnaissance du génocide arménien ni les
réparations qui en découlent ne sont académiques. Dans son enfance, il a
entendu les histoires de sa grand-mère, Aghavni Kalfayan. Comme il l'a
dit dans une précédente interview accordée au site internet du Prix Aurora,
sa grand-mère est née en 1910 à Afyon Karahisar, situé entre Izmir et
Ankara. Au printemps 1915, ses parents, Hagop et Takouhi, ont pressenti
le danger imminent et ont décidé de confier leur plus jeune enfant à une
tante maternelle, également nommée Aghavni. Toutes deux ont réussi à
prendre un train pour Smyrne. Mais là, elles ont été victimes du grand
incendie de Smyrne. Elles ont finalement été sauvées en nageant jusqu'à
un bateau italien qui les a conduites au Pirée, en Grèce. De là, elles sont
parties pour la France, où vivait une tante.
Pour le jeune Kalfayan, travailler pour obtenir des réparations et la