Nos occupations dossier pédagogoqie

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texte & mise en scène
DaviD Lescot
musique
Damien Lehman
scénographie
aLwyne De DarDeL
lumières
Laïs FouLc
costumes
syLvette Dequest
assistante à la mise en scène
charLotte Lagrange
écriture chorégraphique
roser montLLó guberna
avec
scaLi DeLpeyrat
sara LLorca
Damien Lehman
céLine miLLiat-baumgartner
grégoire oestermann
norah KrieF
Jean-christophe quenon
Nos
occupations
DAVID
Lescot CIE DU KAIROS
artiste associé i création
14 < 28 mai
{ au théâtre Des abbesses }
Dossier pédagogique
saison 2013 i 2014
DAVID LESCOT
Nos occupations
CIE DU KAÏROS
création
David Lescot
Damien Lehman
SCÉNOGRAPHIE alwyne de Dardel
LUMIÈRES Laïs Foulc
COSTUMES sylvette Dequest
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE charlotte Lagrange
ÉCRITURE CHORÉGRAPHIQUE roser montlló guberna
TEXTE
&
MISE EN SCÈNE
COMPOSITION MUSICALE
AVEC
scali Delpeyrat, sara Llorca,
Damien Lehman, céline milliat-baumgartner,
grégoire oestermann, norah Krief,
Jean-christophe quenon
Compagnie du Kaïros, Théâtre de la Ville-Paris – la Filature,
scène nationale de Mulhouse. La Compagnie du Kaïros est subventionnée
par le ministère de la Culture – DRAC Île-de-France. David Lescot est artiste
associé à la Filature-scène nationale de Mulhouse.
Nos Occupations est publié aux Éditions Actes sud-Papiers
avec L’aiDe De la SPEDIDAM. La SPEDIDAM est une société de perception et
de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées.
coproDuction
sommaire
Nos occupations est édité aux Éditions Actes Sud Papiers.
DURÉE 1 H 45
photos spectacle Patrick berger
noyau clandestin
JOUER SA VIE
i F. arvers
p. 4
notes d’intention
p. 5
précisions
p. 7
clandestins, partisans, saboteurs, incendiaires…
L’existence et l’envers d’un réseau, comme un opéra parlé.
Les opréateurs radio
de la résistance
p. 18
Un groupe de résistants, vu de l’intérieur. Ils travaillent en réseau, communiquent dans un langage codé. À
chaque instant, chacun risque sa peau, et celle des autres. Ce sont des combattants clandestins, comme il y
en a eu pendant l’Occupation.
Comment on se rencontre, comment on se passe des messages, comment on crypte un texte, comment on
maquille tout : une expression, une enveloppe, un visage, une émotion. Et comment, au risque de la mort, on
se fait un masque, qui est notre survie.
Sans chercher la reconstitution historique, David Lescot restitue très précisément le mécanisme de l’action
clandestine. Et par là, interroge la force et la fragilité des organisations en réseau, celles d’hier et celles d’aujourd’hui. Cela dit, il reste lui-même avec son humour, sa sensibilité explosive. Et la musique, dont il ne peut
se passer, ici celle du piano de Damien Lehman. Telles sont les armes avec lesquelles il évoque « les raisons
d’agir, comme on dirait raisons d’être ».
extraits
p. 22
David Lescot
p. 24
L’équipe artistique
p. 26
Les ateliers
p. 30
colette godard
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3
NOYAU CLANDESTIN
NOTES D’INTENTION
comment « se cacher en pleine lumière » ? avec Nos occupations,
dans un antre encombré de pianos, David Lescot joue la partition
d’un groupe clandestin, entre langage crypté et stratagèmes
pour rester invisible et imprenable.
Sept personnages constituent ce réseau. L’un d’eux
sera liquidé et il n’est pas innocent que son nom de
code soit celui d’un Juif, un personnage inspiré par
le film Monsieur Klein, « où quelqu’un devient juif
parce qu’il y a une ambiguïté sur son nom ». Il y a
aussi la femme recrutée parce qu’elle découvre l’existence du réseau et que la meilleure manière de l’empêcher de la révéler consiste alors à lui faire croire
qu’elle aussi en fait partie. « […] Cette pièce raconte
comment se cacher en pleine lumière. Il y a une histoire
du metteur en scène Tadeusz Kantor que j’adore. Pour
ses tournées, on lui avait collé un commissaire politique
qui devait vérifier ce qu’il faisait et il lui a donné un
rôle dans le spectacle pour être peinard. Là, c’est pareil :
au lieu de se cacher, on ramène le témoin gênant à l’intérieur. »
Très documentée, la pièce emprunte à l’univers du
cryptage son langage codé, ses techniques artisanales qui, pour un néophyte, se muent en poésie
concrète, objectiviste, sur l’art de décacheter et recacheter une enveloppe, ou de mémoriser un message
délivré en série de 28 groupes de cinq lettres.
Les dialogues sont accompagnés au piano par le
compositeur Damien Lehman, la musique assumant
le rôle de l’action et rappelant celui que, dans la
Résistance, l’on appelait « le pianiste » et qui était
chargé de crypter les messages. D’où ce décor composé de pianos – en état de marche ou explosés
après le passage d’une bombe – dans lequel se
déroule le spectacle. C’est encore le pianiste qui soutient le chant final de Merle, au refrain évocateur
d’une histoire bien réelle : « J’étais, je suis, je serai. »
Ce sont à la fois les mots écrits par Rosa Luxemburg
dans ses dernières lettres en prison, et ceux que trois
Juifs baltes avaient choisis comme texte de leur pièce
de théâtre, jouée en secret dans un camp de concentration où était prisonnier Armand Gatti et qui marqua sa première rencontre avec le théâtre, au cœur
de la clandestinité. Une partition à la ligne claire
pour dire la conscience mélancolique suscitée par ce
constat : « Un groupe a une durée de vie limitée, moins
longue que celle des gens parce que c’est l’action qui le
constitue. Dans une vie, on aura appartenu à un certain nombre de groupes, un réseau de résistance, une
pièce de théâtre, et on aura déploré leur dissolution. »
Nos occupations, nom commun accolé à un pronom possessif pluriel, résume ce qui se trame dans
la pièce de David Lescot : la vie et la mort d’un
groupe, en deux temps : celui de l’action clandestine
et celui de « l’après », quand la dissolution de l’être
ensemble s’unit à la difficulté de donner un sens à sa
propre vie. Nul réalisme ou idéologie ne président à
l’écriture : on ne saura jamais ce que font exactement les personnages de ce réseau clandestin, à
quelle époque ils évoluent, pas plus qu’on n’apprendra le succès ou l’échec de leurs activités. Mais on
plonge directement dans un univers où la nécessité
de rester invisible, imprenable, oblige à communiquer à l’aide de codes, de cryptages, comme autant
de masques destinés à se protéger.
Une thématique de la résistance qui colle à la peau
du théâtre de David Lescot : « Je pense que ça me travaille depuis toujours et que ça fait même partie de ma
venue au théâtre. J’ai commencé l’écriture de ce texte il
y a plusieurs années et n’ai cessé de le retravailler, ce
que je ne fais pas d’habitude. Quand j’ose écrire
quelque chose, réunir des gens pour faire du théâtre, le
premier mouvement est peut-être celui-là : projeter
l’univers clandestin sur la scène du théâtre. »
Fabienne arvers
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DAVID LESCOT
ration précédente qui a survécu à la Seconde Guerre
mondiale et a eu également l’occasion de mener sa révolution. Il paraît très difficile après cela, de réinventer une raison d’agir.
C’est donc une pièce sur les raisons d’agir, comme on
dirait raison d’être.
Et cela m’intéresse parce que toutes ces techniques,
tous ces codes, toutes ces choses dont peut dépendre
l’efficacité d’une action ou la survie d’une réseau, ont
à voir avec le théâtre : avec la construction, l’invention
d’un langage, l’invention de situations fictives, le maniement du mensonge et de l’illusion, la constitution
d’une équipe, d’un groupe et les menaces de dissolution qui pèsent sur tout groupe.
Nos Occupations traite des relations intérieures au
sein d’une organisation clandestine.
Dans la première partie, nous observons de l’intérieur
de manière extrêmement précise et très énigmatique
le fonctionnement d’un réseau qui peut être un réseau
de dissidence, de résistance, ou encore politique.
Et la vie de ce réseau, menacé en permanence de dissolution dans un climat de grand danger, nous donne
à voir l’existence d’intrigues internes menaçant la réussite de certaines actions, et la survie même de ses
membres.
L’accent est mis sur les modes de communication qui
reposent sur le cryptage, la dissimulation des informations, et toutes sortes de techniques et de simulacres
qui sont vitaux à la poursuite de ce genre d’activités.
Dans la seconde partie, la situation de danger a disparu. Les membres du réseau, ou tout du moins ceux
qui restent, se réunissent et tentent de faire le bilan
de leurs actions.
Mais la disparition de la situation de crise n’a fait qu’aiguiser et exacerber les crises humaines et personnelles,
à tel point que les membres du réseau qui communiquaient de manière extrêmement efficace avec des
codes n’arrivent plus à s’engager dans une relation
vraie les uns avec autres.
Les deux parties du texte correspondent à deux époques, et à deux esthétiques scéniques.
La première partie est comme une sorte de chorégraphie qui fonctionne magnifiquement. C’est une machine très bien huilée, où l’on voit les gens faire ce qu’ils
ont à faire, parce qu’ils sont entraînés pour ça, virtuoses
dans leurs domaines. Ils agissent dans une sorte de
ballet, dans un fonctionnement choral d’une précision
mécanique.
La structure de cette première partie est très particulière car elle n’est constituée que de duos, qui se passent uniquement en extérieur. La musique sera le lien
de ce ballet, comme une espère d’opéra parlé dont la
première partie ne serait constituée que de duos.
Il y aura donc un piano, et un pianiste sur scène. C’est
aussi une façon d’éviter la reconstitution cinématographique de ce genre de combats, qu’on a beaucoup
vu, et qui ne fonctionneraient pas au théâtre.
Faire surgir ces images dans l’imaginaire est aussi
soutenu par l’utilisation de signes, de symboles : le
pianiste était, dans la résistance, le terme utilisé pour
la personne qui crypte les messages sur une machine
à écrire. J’ai demandé une composition originale à
Damien Lehman qui permette à la fois de créer des
atmosphères, et qui intègre également le bruit de ces
« pianistes » qui tapaient à la machine dans des
salles où étaient réunis des gens engagés dans l’activité de renseignement.
Pour la seconde partie, nous sommes en intérieur,
dans une sorte de réception organisée par le responsable du réseau, une réunion d‘anciens.
Le contexte qui vient à l’esprit, et la pièce va dans ce
sens, est la représentation que nous nous faisons des
réseaux de résistance durant la seconde guerre mondiale, mais ce n’est pas une pièce sur la résistance, ni
même une pièce historique, mais une pièce qui interroge l’action politique, l’acte de résistance, et d’une
manière générale ce que c’est de se regrouper pour
mener une action.
Donc on peut tout aussi bien penser à des formes d’actions politiques de protestation d’aujourd’hui comme
celle des altermondialistes, ou des groupements anticonsuméristes aussi bien violentes que symboliques,
ou encore à des réseau islamistes.
Nos Occupations est surtout une interrogation sur ce
qu’implique ce genre de situation sur le plan existentiel et humain. Interrogation qui concerne notre
génération à qui l’action a été confisquée par la géné5
Ce lieu déterminé sera parfois envahi par l’espace mental de chacun des protagonistes : ceux qui ont eu du
désir du temps de la lutte, ou ceux qui ont trahi. Au milieu de cette réception surgira tout à coup une focalisation sur l’univers personnel de chacun, et on entendra leur voix intérieure par moment pour ensuite revenir sur le lieu de la rencontre.
Le pianiste est alors devenu un musicien a qui on a demandé de jouer pour agrémenter cette soirée.
Mais sa musique peut faire surgir des souvenirs de ce qui s’est passé avant, et c’est elle qui assure le lien entre
les deux parties, comme un leitmotiv obsédant qui ne disparaîtrait jamais des esprits et des mémoires.
PRÉCISIONS
OCCUPATION
L’OCCUPATION
→ Ce à quoi on consacre son temps, son activité
Période pendant laquelle la France a été occupée par
les troupes allemandes (1940-1944).
→ Action d’occuper militairement un lieu, une ville,
un pays.
La France sous vichy
En mai 1940, l’offensive foudroyante des blindés allemands provoque bientôt la débâcle de l’armée française et l’exode des civils sur les routes. Au gouvernement Paul Reynaud succède un gouvernement Pétain,
qui demande l’armistice dès le 17 juin 1940.
La convention d’armistice franco-allemande du 22 juin
1940 fixe aussi le principe de la contribution financière de la France à l’entretien des troupes d’occupation
et subordonne l’économie française à l’effort de guerre
du Reich: participations financières allemandes dans
l’industrie, commandes imposées. Elle détermine
aussi une ligne de démarcation qui sépare la zone
« occupée » de la zone « libre » où siège le gouvernement
Pétain, à Vichy.
→ Action d’occuper un lieu, un local, d’y habiter,
d’y travailler.
DAMIEN LEHMAN
Comment procéder pour instaurer un rapport avec
le texte, dès lors qu’il s’agit de ne pas l’illustrer ? Dans
un premier temps, je me suis contenté d’en subir
globalement l’influence, de me brancher dessus sans
l’analyser, comme un appareil électrique que l’on
met sous tension. Ne m’abandonner à aucune représentation, mais réduire ma perception au rythme du
texte, afin d’en extraire le tempo mental de mon personnage : sa musique. Ne pas représenter le texte,
mais produire les mêmes effets que lui par d’autres
moyens, sur un autre plan. Le montage texte/musique n’est venu qu’après la composition, avec des
rapports variés, allant de la coïncidence au décalage.
occuper Le temps…
La musique tient une place précisément délimitée dans
la mécanique des réseaux de résistance que décrit
Nos occupations. Elle n’est pas là pour faire entendre
ce qu’éprouvent les personnages, ni pour illustrer
certaines situations. Elle n’est qu’un point de vue,
très limité, sur le réseau : celui du « pianiste ». Elle
est la partition de ce personnage, appelé « pianiste »
dans le jargon de la résistance car, assis à sa machine
à écrire du matin au soir, il était chargé de coder et
de décoder les messages qu’on lui apportait.
L’enjeu était donc, non de saisir les émotions des autres,
mais d’inventer une musique active, la musique spécifique produite par cette activité précise. Sur scène,
en reprenant l’activité du pianiste-décodeur (convertir des signes en gestes), le pianiste-musicien rend
sonore son monde mental, son tempo mental.
→ Mode d’acquisition de la propriété par la prise
de possession d’un bien sans maître.
→ Période pendant laquelle la France a été occupée
par les troupes allemandes (1940-1944).
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/l_occupation/74336
au norD, La France occupée est eLLe-même Divisée en trois zones :
• la zone occupée proprement dite,
• la zone sous administration allemande directe, rattachée à la Belgique,
• la zone annexée (Haut-Rhin, Bas-Rhin et Moselle,
déjà détachés de la France, au terme de la guerre de
1870 et jusqu’en 1918).
Ces trois départements, soumis à une forte pression
assimilationniste, sont intégrés au IIIe Reich ; une
frontière les sépare de la France. Nord et Pas-deCalais dépendent de l’administration allemande à
Bruxelles ; dans la perspective d’une « Europe nouvelle », Hitler pensait les intégrer à la Belgique pour
constituer une province industrielle, tandis qu’il
assignait à la France une vocation toute rurale.
Paris est le siège du haut commandement allemand,
auprès duquel Vichy a accrédité un délégué général
qui fut longtemps Fernand de Brinon, dévoué à la
cause nazie. En outre, Paris est le siège des mouvements d’extrême droite favorables à l’Allemagne nazie :
le parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot,
le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel
Déat. Ces ligues pro-nazies collaborent étroitement
avec l’occupant et dénoncent les actions patriotiques
Un procédé musical privilégié dans cette composition
m’a été suggéré par Le Tanneur, dans la première
scène : « Très lent à l’intérieur et très rapide à l’extérieur ». L’expérience irreprésentable contenue dans
cette phrase appartient d’emblée à la musique, car,
comme tout processus mental, elle offre à la
musique sa matière première : c’est un affect, une
transformation, une certaine tension du temps. Or, la
transparence du son rend possible la perception
simultanée de plusieurs plans sonores, à différentes
vitesses. Une technique spéciale, la polyrythmie, permet de mettre en tension plusieurs temporalités
indépendantes, voire incompatibles, en les superposant. En exerçant leur force l’un sur l’autre, le « très
lent » et le « très rapide » contractent la durée, pour
rendre sonore l’impression que le temps, sans cesse,
se tend.
En écrivant le « texte » du « pianiste », je l’ai imaginé virtuose, c’est à dire joyeux. Quatre ou cinq
années à convertir des codes huit heures par jour,
voilà qui vous rend plus que compétent. Il m’a semblé que son excellence croissante à décoder devait
fatalement évoluer en passion dévorante. J’ai estimé
que cette vertu, développée opiniâtrement contre
l’ennemi, façonnant son être jusque dans son sommeil, était vouée à devenir une puissance, une capacité de résistance. Ainsi, la musique qui émerge de
son activité régulière et tendue peut paraître dure,
parfois même glacée ; elle est toujours joyeuse – et,
par là même, souvent virtuose. Dans l’intensité de
son travail quotidien, « le pianiste », loin de pâtir
des tristesses de la guerre, les convertit en action.
La musique de Nos occupations ne veut répondre qu’à
cette question : de quelle manière « le pianiste », en
décodant ses messages, a-t-il occupé le temps ?
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de la Résistance sous toutes ses formes. Les Français
ont le choix entre la collaboration avec l’ennemi ou
la Résistance qui peu à peu s’organise.
de l’Axe. L’espoir renaît et fait place à l’enthousiasme
lorsque est connu le débarquement de Normandie
(6 juin 1944). L’Occupation va prendre fin ; il faut
songer à reconstruire le pays soumis au pillage pendant quatre années.
paris pendant l’occupation
Mais la très grande majorité, résignée et soumise
aux privations, attend la suite des événements pour
se déterminer. Le pays, mis en coupe réglée par l’occupant, connaît des souffrances tant matérielles que
morales. Le ravitaillement est compromis : les villes
et les régions d’agriculture spécialisée subissent de
graves restrictions alimentaires, tandis que les campagnes où règne la polyculture les supportent plus
aisément.
LA RÉSISTANCE
Docteur Jean Lapeyre-mensignac,
responsable du bcra-boa, région b
Le 18 juin 1940, le Général De Gaulle arrivé la veille
à Londres lance son appel.
Dès juillet 1940, alors que les français sont écrasés
matériellement et moralement par le choc de la capitulation puis de l’occupation, s’esquissent les premiers pas de la Résistance.
tickets de rationnement
Dans les classes populaires, le niveau de carence atteint
met en péril la santé des individus. Rationnées, la
plupart des denrées sont distribuées contre des
« tickets » ; les cartes de rationnement sont attribuées mensuellement par les services municipaux,
en tenant compte de l’âge et des activités des gens.
Parallèlement s’instaure le trafic de marchandises
qui échappent ainsi au marché officiel pour entrer
dans le « marché noir ».
Allocution de Pierre Laval à Compiègne
Progressivement, l’occupation se fait de plus en plus
pesante : à l’exploitation économique du pays au
profit de l’occupant s’ajoutent les menaces sur les
hommes. Laval institue le système de la « relève »
(trois travailleurs partent pour l’Allemagne contre
un prisonnier libéré : août 1942), puis le Service du
travail obligatoire (STO) (février 1943), qui frappe
d’abord les chômeurs puis les jeunes gens, envoyés
eux aussi en Allemagne, dans les usines d’armement.
général
De gaulle
Dès juillet 1940, s’esquissent les premiers pas de la
résistance, alors que les Français sont écrasés matériellement et moralement par le choc de la capitulation puis de l’occupation :
service du travail obligatoire, sto
à LonDres
À partir du 11 novembre 1942, la zone libre est à son
tour occupée par les Allemands, qui ripostent ainsi
au débarquement allié en Afrique du Nord. Sur tout
le territoire national sont désormais pourchassés –
outre les résistants – les travailleurs soumis au STO
et qui tentent d’y échapper, ainsi que les Juifs. La
Gestapo bénéficie de l’appui de la police française :
ainsi, le 16 juillet 1942, 28 000 Juifs avaient déjà été
parqués dans le Vél' d’Hiv' à Paris pour gagner
ensuite les camps d’extermination nazis. À cela
s’ajoute le risque pour tout un chacun d’être pris
dans une rafle comme otage, en représailles d’une
action de la Résistance.
L’aube de l’été 1944, c’est une population fatiguée
par les privations, exaspérée par le poids de
l’Occupation, qui suit avec passion, à la radio, les
progrès des offensives alliées et le recul des troupes
Le Général De Gaulle constitue son état-major avec
notamment: Dewravin (Passy), Roulier (Remy), Duclos
(Saint-Jacques), Fourcaud, D’estienne D’orves… Ces
premiers « hommes de Londres » formeront le Bureau
Central de Renseignement et d’Action (BCRA). Le 19
juillet 1940, MANSION est le premier envoyé clandestin en France, le BCRA fera suivre par bien d’autres « chargés de mission », ils recruteront en France
des volontaires pour former des « Réseaux » qui avec
leurs opérations aériennes clandestines (atterrissages et parachutages), ainsi qu’avec leurs opérations maritimes, deviendront le cordon ombilical
permettant de relier la France occupée à l’état-major
du Général De Gaulle à Londres, lui-même en liaison avec l’état-major interallié.
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Simultanément De Gaulle regroupe et organise sous
son commandement les restes de l’armée échappée
aux Allemands et, avec les volontaires qui le rejoignent progressivement, il constitue les forces de
terre, de mer et de l’air de la « FRANCE LIBRE » qui
vont combattre aux côtés des alliés jusqu’à la fin de
la guerre.
Dès juillet 1940 vont circuler des tracts clandestins,
puis des petits journaux dont la diffusion sera forcément réduite. Rapidement, se constituent des chaînes
d’évasion par l’Espagne pour rejoindre « la France
Libre », ces chaînes servent aussi bien aux prisonnier de guerre Français évadés qu’aux aviateurs alliés
tombés sur note sol.
Mais le courage et les sacrifices de tous seraient restés relativement peu efficaces sans coordination de
l’ensemble, c’est là que Jean Moulin notamment, va
faire preuve d’autant de talent que de ténacité et
d’audace, son intervention sera déterminante pour
l’avenir.
Le rôLe uniFicateur De Jean mouLin permettra
à La résistance intérieure De Devenir « L’armée
De L’ombre » si reDoutée De L’occupant
Progressivement, sur place et sous l’impulsion d’individualités diverses mais toutes de grande valeur,
vont naître des « mouvements de Résistance », dont
certains prendront une ampleur considérable. Parmi
ceux qui vont devenir particulièrement efficaces :
→ Henri Fresnay qui rédige le 15 août 1940 un manifeste très structuré qui sera l’acte de naissance du
mouvement « Combat ».
→ Le Colonel Remy qui va constituer un remarquable réseau de renseignement avec des ramifications
multiples : « la Confrérie Notre Dame ».
D’astier De Lavigerie rejoint par les syndicalistes
Lacoste et Pinaut qui vont former le mouvement
« Libération ».
→ Marie-Madeleine Fourcade avec son réseau « Alliance » et ses extensions dont l’ensemble sera surnommé « l’Arche de Noé ».
→ « L’OCM » (Organisation Civile et Militaire), le
mouvement « Franc-Tireur », le « CDLR » (Ceux De
La Résistance), etc.
Jean Moulin a fait son premier séjour à Londres fin
1941, De Gaulle a été très intéressé par le rapport
qu’il lui a fait sur la situation en France. Le 1er janvier
1942, avant l’aube, Moulin (dit « REX ») est parachuté en France. Représentant le Général De Gaulle
il a pour mission de réaliser l’unité d’action de tous
les éléments résistants à l’ennemi.
De plus, outre la préparation aux combats libérateurs, il va falloir prévoir l’organisation de l’avenir
politique et économique d’une France, qui lorsqu’elle
sera libérée, ne devra pas être administrée par les
alliés comme certains en ont manifesté l’intention,
mais par la République Française que veut rétablir
De Gaulle.
Il est impossible de citer tous les réseaux et mouvements tant ils ont été nombreux de plus, la plupart
ont été hélas anéantis par la gestapo et la milice
avant de prendre de l’ampleur, le courage ne suffisait
pas devant l’ennemi, il fallait également beaucoup
de chance !
L’organisation de la Résistance en France à également
été faite par des étrangers, c’est le cas dès juillet
1940 des officiers Polonais démobilisés à Toulouse
qui vont créer le réseau « F2 » qui adressera ses renseignements à Londres.
En Grande-Bretagne, sous l’impulsion de Churchill,
va se former le « SOE » (Spécial Opération Exécutive),
dont le major Buckmaster dirigera la « French
Section ». Ce réseau sera opérationnel sur la totalité
du sol Français. Par la suite, les États-Unis vont également participer aux réseaux en créant « l’OSS »
(Office Of Spécial Service).
Le 27 mai 1943, Jean Moulin, après de nombreuses
discussions clandestines, parfois difficiles, avec les
responsables des grands mouvements, il obtient l’adhésion de tous et préside le premier Conseil national
de la Résistance (C.N.R) qui proclame l’unité de la
Résistance sous l’autorité du Général De Gaulle.
La Résistance prend alors une autre dimension, les
3 grands mouvements (Combat, Libération et FrancTireur) se rassemble sous l’appellation de « Mouvements Unis de la Résistance ». Les « M.U.R » fusionnent leurs éléments paramilitaires en une « Armée
Secrète)) (l’A. S), placé sous le commandement du
Général Delestraint.
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Ces DMR tiennent leur autorité directement de De Gaulle, ils vont transmettre les directives prises à
Londres et veiller à leur application en France auprès des réseaux. Les moyens mis a la disposition des DMR
par le BCRA sont importants :
→ Les opérations aériennes, atterrissage et parachutage (B.O.A. – Bureau des Opérations Aériennes – en
Zone nord, S.A.P – Section d’Atterrissage et de Parachutage – en Zone sud) assurant les liaisons indispensables avec Londres pour le transit des agents importants, les sacs de courrier des services
de renseignements, la réception d’armes, explosifs et d’émetteurs radio. Les avions « LYSANDER » et aussi
quelques « HUDSON » sont tous fournis par la R.A.F. (Royal Air Force Britannique).
→ Les opérations maritimes, (rares car très dangereuses) sont pratiquées avec de petites embarcations ou
de petits sous-marins s’approchant la nuit des côtes Françaises.
→ Les Instructeurs de sabotages (comme Jacques Nancy en Charente) formés à Londres pour mettre en
place des groupes de sabotages en France.
→ Les opérateurs radio et leur matériel, (mission particulièrement dangereuses en raison du repérage par
l’ennemi des ondes radio), mais indispensables afin d’envoyer les messages codés entre les différents
réseaux et Londres.
Les DMR doivent être les maîtres d’œuvre de la Résistance sur le sol Français, ils sont notamment chargés
de mettre en place les plans élaborés à Londres afin de préparer l’action libératrice du jour J (6 juin 1944).
Début 1944, « l’armée secrète » formera avec I’O.R.A (Organisation de Résistance de l’Armée) et les F.T.P.F.
(Francs-Tireurs et Partisans Français, organisme créé à l’initiative du Parti Communiste Français) les F.F.I
(Forces Françaises de l’Intérieur).
Les Forces Françaises De L’intérieur (F.F.i.)
En février 1943, une loi de VICHY institue le « S.T.O »
(Service du Travail Obligatoire) avec le départ des
appelés en Allemagne, beaucoup de jeunes refusant
alors de s’expatrier pour travailler pour l’occupant
refusent d’être requis et vont se cacher dans les bois
(le maquis).
On va les appeler les Réfractaires (car ils « refusent »
le STO), ils vont donc se constituer en groupes et
vont constituer ce que l’on va appeler les « Maquis »,
il va en exister sur tout le territoire plus particulièrement dans les régions boisées ou montagneuses qui
se prêtent plus facilement à l’établissement de « cachettes » ou les maquisards pourrons se réfugier une
fois leur « travail » accomplis.
Très peu structurés au départ il vont se regrouper
sous l’impulsion des DMR. Des armes et du matériel
leur seront fourni par le BCRA et le BOA, puis seront
ensuite directement parachutés sur leurs maquis par
Londres.
Dans certains maquis, en plus des armes et du matériel, sont parachutés des hommes spécialisés et
entraînés, chargés d’encadrer les maquis ce sont les
missions « JEDBURGH ». La guérilla, les actions
commando, les sabotages vont se multiplier pour
« harceler et démoraliser » l’ennemi.
Commandées par le Général Koening elles sont le
symbole de l’union de la « France Libre » et de la branche armée de la « Résistance Intérieure » : les Maquis.
Les « maquisards » sont une poignée en 1941 et 1942,
isolés les uns des autres, sans organisation et quasiment sans armes.
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Certains maquis ont pris des proportions considérables en comptant plusieurs milliers d’hommes comme
notamment le maquis du Vercors, cependant, la majorité des maquis, afin d’être insaisissables et efficaces, étaient divisés en groupe ou en bataillon. Au
moment des combats de la libération des unités qui
ont étés particulièrement bien formées et entraînées
feront la preuve de leur efficacité toutes regroupées
sous le commandement FFI.
Durant 6 années de combats de toutes sortes, sur
terre, sur mer, dans les airs, et aussi dans l’ombre de
la clandestinité ; des millions de morts ont payé le
prix terrible de la victoire et de la paix qui ont permis à la France de retrouver sa dignité et sa liberté
le 8 mai 1945.
Le 6 juin 1944, au moment du débarquement des
armées alliées sur le sol Français en Normandie,
tous les plans mis en place par les DMR ont fonctionnés comme prévu, l’exécution de ces plans et
l’essor des maquis dont les effectifs ont considérablement grossi, ont retardé ou empêché les troupes
Allemandes de se regrouper pour faire face au
débarquement, de même qu’après le débarquement,
ils ont œuvré pour la libération de nombreuses villes
en France. Le Général Eisenhower, commandant en
chef des forces alliées a d’ailleurs rendu hommage à
l’ensemble de la Résistance Française.
La nature très particulière de ce que fut « La Résistance » n’a pas permis de comptabiliser exactement
ses effectifs, mais on sait que ses pertes ont été considérables (par exemple, sur 600 opérateurs radio
clandestins, près de 400 sont morts), des chercheurs
sérieux ont évalués a environ 200.000 le nombre de
résistants engagés, actifs.
Libération
Le 21 Juin 1943 c’est la catastrophe de Caluire, Jean Moulin est arrêté par la Gestapo, torturé à mort… il ne
parlera pas. Il est remplacé à la tête du CNR par Serreules, puis par Bidaut. À partir de septembre 1943, selon
les décisions prises par Moulin et De Gaulle, des « Délégués Militaires régionaux » (D.M.R) vont être à leur
tour envoyés en France.
11
Une vocation communautaire
Les réseaux de résistance juifs
Une résistance spécifiquement juive a existé, dès 1940 à travers onze
réseaux, composés de plus de six cent membres près à risquer leur
vie pour d’autres Juifs et la libération du sol français.
Le livre « Organisation juive de combat, France 1940-1945 » recense
tous ces réseaux et le parcours d’hommes et de femmes d’exception.
Organisation juive de combat, France
1940-1945 (éditions Autrement, 2006)
Présentation de l’Armée Juive (AJ), du Mouvement de jeunesse
sioniste (MJS), de l’Oeuvre de Secours aux enfants (OSE)-Réseau
George Garrel, du Comité Amelot, de la Sixième-Eclaireurs Israélites
de France, du réseau Westerweel, des aumôniers, du réseau Marcel,
du service André, du réseau SF-WIZO, service familial clandestin de
placement d’enfants et de l’hôpital de la Fondation Rotschild.
L’armée Juive (AJ-OJC)
• Au lendemain de la défaite, le premier noyau de l'Armée juive fut élaboré à
Toulouse sous le nom de "Main Forte" avec pour but la lutte contre les nazis et
la création d'un Etat juif en Palestine. Les jeunes membres du groupe aidaient
à ravitailler les détenus des camps d'internement situés dans la région de
Toulouse. Ils tentaient de les faire évader de ces camps.
• L'Armée juive (AJ) elle-même fut fondée en janvier 1942. Le recrutement de
l'AJ s'effectuait par la méthode "un ami amène un ami", ce qui
réduisait le danger de dénonciation au minimum. L'AJ élargit
les cercles de ses membres et ses activités grâce à des
accords de coopération avec le Mouvement de la Jeunesse
Sioniste (MJS) et celui des Eclaireurs Israélites de France
(EIF). L'AJ créa des unités dans certaines villes de France.
Polonski, responsable
• Dès la première moitié de 1943, l'AJ commença à mettre Abraham
national de l’OJC ©
en place une filière de passage vers l'Espagne pour les CDJC/Mémorial de la Shoah
jeunes qui souhaitaient rejoindre les forces alliées ou la
Palestine. Au cours de l'automne 1943, l'AJ décida également de créer un
maquis dans la région du Tarn. A la veille de la Libération, l'Armée juive prit le
nom d'Organisation Juive de Combat (OJC) et fut reconnue officiellement
David Knout et sa sœur à
Tel-Aviv en mars 1950, deux
comme unité des Forces Françaises de l'Intérieur.
des fondateurs de l’AJ ©
CDJC/Mémorial de la Shoah
Le Mouvement de Jeunesse sioniste (MJS)
Cinq filles du groupe MJS aux environs de Grenoble à
l’automne 1943 : Léa Spiber, Ruth Usrad, Erna Einhorn,
Frida Wattenberg et Théa Epstein© CDJC/Mémorial de la
Shoah
• En France, avant la guerre, la Fédération sioniste
regroupait un certain nombre de mouvements s'efforçant
de propager le sionisme au sein de la jeunesse juive. Après
la défaite de la France, on assista à l'émergence de cercles
d'études à Toulouse, Limoges, Périgueux, Montpellier, etc.
En mai 1942, se tint à Montpellier une réunion des
délégués des différentes organisations de jeunesse
sionistes où Il fut décidé que les responsables devaient
poursuivre une activité sioniste intensive, tout en refusant
de s'intégrer à l'UGIF. Le Mouvement de Jeunesse
Sioniste, organisation clandestine est né. Il réunissait tous
les jeunes sionistes de France, sans distinction
d'appartenance politique ou idéologique, en insistant sur
les éléments unificateurs : la Palestine, l'esprit pionnier
et le travail productif.
• A Montpellier, les dirigeants du MJS décidèrent d'être
présents ans toutes les formes de lutte contre les nazis et
12
leurs collaborateurs : sauvetage des Juifs, jeunes et adultes, intensification de l'éducation
sioniste, participation à la Résistance armée pour la libération de la France, et envoi de volontaires
aux armées alliés.
• En août 1942, pendant les grandes rafles en zone Sud, un service social commença à
fonctionner, se préoccupant du sauvetage des jeunes, mais aussi de celui des adultes : on
essayait de faire sortir des internés des camps de détention, de les cacher pour les soustraire aux
griffes de la police française, de les munir de fausses pièces d'identité et de leur procurer aide
sociale et morale. Avec le temps, cette activité de sauvetage fut appelée "Education physique ».
Les membres du MJS en collaboration avec l'OSE, les EIF et l'AJ participèrent également aux
activités de sauvetage par le passage d'enfants et d'adultes en Suisse.
• Des membres du MJS partirent en groupes de l'AJ vers l’Espagne pour se joindre aux armées
alliées. D'autres furent intégrés aux maquis et aux groupes de corps francs dans les villes et
participèrent aux combats pour la libération de la France.
L’OSE – Réseau George Garrel
• L’œuvre de Secours aux Enfants fut fondée en 1912 par un groupe de
médecins juifs afin d'améliorer l'état sanitaire de la population juive de
l'empire tsariste. L'Union-OSE s'installa à Paris en 1923, où fut créée
une branche française. Celle-ci se spécialisa dans la médecine infantile
et l'action médico-sociale familiale.
• A partir de début de la Seconde Guerre mondiale, l'action de l'OSEFrance s'étendit à toute la France, occupée et non-occupée. Cette
action concernait le sauvetage des enfants juifs, mais revêtait aussi un
caractère médico-social important destiné à aider les populations juives
de la région parisienne, ainsi que celles réfugiées dans de nombreuses
villes de province. En 1942, l'OSE gérait près de vingt homes et
maisons qui accueillaient environ 1 600 enfants, la plupart libérés des
camps de la zone sud : Gurs, Rivesaltes et Les Milles.
• A partir de juillet-août 1942, les arrestations massives suivies des
Georges Garrel, responsable
premières déportations obligèrent l'OSE à concevoir une stratégie pour du réseau Garel, après la
convaincre les parents à disperser les enfants, leur fabriquer de fausses guerre © CDJC/Mémorial de la
identités, trouver des personnes et des institutions disposées à les Shoah
cacher, tout en organisant des filières permettant de les transférer dans
ces cachettes, ou de passer clandestinement les frontières. Cette expérience tragique convainquit
le Dr Joseph Weill et Lazare Gurvic de créer différents réseaux.
Le circuit créé par l'ingénieur Georges Garel, dit Gasquet, devait à partir de décembre 1942
choisir les institutions ou les familles d'accueil et maintenir les contacts avec les enfants cachés,
afin de pouvoir les surveiller, régler les frais d'entretien, rassurer les familles encore joignables et
retrouver les enfants à la fin de la guerre. Ce réseau, composé de volontaires en partie non-juifs,
fonctionna jusqu'à l'automne 1944.
• Mgr Salièges (cf document sur les Justes), archevêque de Toulouse, confia à Georges Garel
des adresses d'institutions charitables, qui purent cacher rapidement 300 enfants. Le circuit Garel
se développa ensuite sur plus de trente départements, avec l'appui d'une douzaine d'organisations
catholiques, protestantes, et laïques, officielles ou privées, et permit de sauver plus de 1 260
enfants de l'arrestation ; seuls quatre enfants furent arrêtés. En revanche, sur une centaine de
membres du circuit, près de trente furent assassinés ou déportés.
Le Comité Amelot
• Le 15 juin 1940, des responsables de divers courants de la Fédération des
sociétés juives de France (FSJF), du Bund, du Poale Zion de gauche et du
Poale Zion de droite décident d'unir leurs efforts pour secourir les Juifs émigrés
et créer un comité dont le siège est fixé dans les locaux de la "Colonie scolaire"
au 36 de la rue Amelot, d'où son nom de "comité de la rue Amelot" ou
simplement "rue Amelot".
• En septembre, David Rapoport - l'un des fondateurs de la "Colonie scolaire",
dès 1925, au sein de la FSJF -, de retour à Paris, rejoint le comité, dont il devint
très vite la cheville ouvrière. Par prudence, il exigea que la direction du comité
reste ignorée du public et des autorités. C'est ainsi que sous l'étiquette de la
Colonie scolaire et de son dispensaire, La Mère et l'Enfant, le comité Amelot
13
David Rapoport, président du
comité de la rue Amelot ©
CDJC
fonctionnant au grand jour put couvrir une activité clandestine, ce qui lui permit
de devenir le principal recours pour les Juifs émigrés lorsque débutèrent les
persécutions.
• Après les rafles du 16 et 17 juillet 1942 dites du "Vel'
d'Hiv", l'activité clandestine de la rue Amelot se trouva
devant des problèmes à résoudre d'une urgence
imprévue : continuer à aider les internés, secourir ceux
qui avaient pu échapper aux rafles et devaient se cacher,
leur trouver des filières de passage en zone Sud,
s'occuper des enfants livrés à eux-mêmes après
l'arrestation de leurs parents. L'ampleur de la tâche devait
conduire les dirigeants de la rue Amelot à revenir sur leur
refus antérieur d'accepter la carte de légitimation de
Le personnel du comité de la rue Amelot et
quelques membres du comité de la colonie
l'UGIF. Ils la reçurent à leur corps défendant, ce qui leur
scolaire quelques jours avant la grande rafle du
permit de poursuivre leur oeuvre de sauvetage, mais ne
le protégea ni des arrestations, ni de la déportation. Le
comité Amelot subit de lourdes pertes.
• A la fin de l'année 1942, un certain nombre de dirigeants du Comité dont Henry Bulawko furent
arrêtés pour être déportés. Celui-ci revint des camps et devint président de l’Union des déportés
d’Auschwitz. David Rapoport mourut d'épuisement à Buna-Monowitz le 2 juillet 1944.
en Palestine. Un groupe d'environ 50 garçons et filles, âgés de quatorze à dixsept ans, furent hébergés à Loodsrecht. Leurs moniteurs, à peine plus âgés
qu'eux (par exemple, Joachim Simon, alias Schouchou), assumèrent la
direction et la formation des jeunes. Tous attendaient les "certificats" leur
permettant de partir pour la Palestine.
• En juillet 1942, lorsque les arrestations en masse des Juifs commencèrent en
Hollande, ces pionniers furent d'abord internés dans le camp de Westerbork (le
Drancy hollandais), avant d'être déportés dans les camps de la mort en
Pologne et en Allemagne. Peu de temps avant la rafle de Loosdrecht, les
moniteurs réussirent, en l'espace d'une seule journée, à cacher les 50 enfants
munis de fausses cartes d'identité dans des familles hollandaises non juives. Joop Westerweel,
Schouchou était entré en contact avec un enseignant non juif, Joop responsable du réseau
associé à
Westerweel, pacifiste courageux qui avait pris fait et cause pour défendre les néerlandais
l’OJC © CDJC
innocents persécutés.
•. Grâce au réseau Westerweel, 150 jeunes gens environ ont pu franchir les frontières ; 80 furent
conduits en Espagne en passant par les Pyrénées et 60 réussirent à passer en Palestine avant la
fin de la guerre. Près de la moitié des jeunes de Loosdrecht survécurent à la guerre.
Les aumôniers
• Il s’agit de rabbins aumôniers proposés par le grand
rabbinat de France et officiellement accrédités par les
autorités de Vichy à pénétrer dans les camps de la zone
Sud, plus exactement le Roussillon et le Sud-Ouest : Noé,
Gurs, Le Récébédou, Le Vernet, Rivesaltes, Saint-Cyprien.
Le rabbin René Kapel avait été affecté à ce secteur jusqu'au
31 janvier 1943 où, menacé d'arrestation, il dut fuir
précipitamment vers Grenoble en plein accord avec son chef
hiérarchique, le grand rabbin René Hirschler, aumônier
général. Celui-ci assuma cette lourde charge durant près de
La Sixième-Eclaireurs Israélites de France
• Le scoutisme juif avait été intégré par l'UGIF à sa 4ème direction, dont il
devenait la 6ème section. La Sixième présentait trois facettes : la zone
Nord, la zone Sud et le maquis, la Résistance armée.
La Sixième en zone Nord : Dans cette zone, le port de l'étoile jaune fut
imposé dès juin 1942, et les nombreuses brimades infligées aux Juifs
rendaient les tâches de sauvetage plus difficiles et plus dangereuses
qu'en zone dite "non occupée".
• La Sixième en zone Sud : Le 25 août 1942, Robert Gamzon (Castor)
apprit qu'une grande rafle visant des Juifs étrangers de plus de seize ans
entrés en France après 1936 aurait lieu le lendemain. Il chargea le
quartier général des EIF à Moissac et le secrétariat général de répercuter
cette information à tous les chefs éclaireurs et à toutes les fermes EIF. En Robert Gamzon, fondateur
dépit de l'hospitalité accordée par de nombreux Juifs français qui des EIF, commandant de la
Marc-Haguneau,
hébergeaient des Juifs étrangers, de nombreuses arrestations eurent lieu. compagnie
sous le nom de capitaine
Il fallait aussi fournir de faux papiers à ceux qui s’étaient échappés.
Lagnès © CDJC
• La Sixième au maquis : Le passage à l'option militaire du réseau
Sixième-EIF se déroula en deux phases. Le 16 décembre 1943, un groupe de huit cadres et
jeunes agriculteurs du chantier de Lautrec forma un maquis dans une ferme abandonnée, La
Malquière, dans les monts de Lacaune, à l'est de Vabre.
Le 29 avril 1944, un groupe similaire, également venu de
Lautrec, désormais fermé, créa lui aussi un maquis dans les
ruines d'une ferme, Lacado, à 7 kilomètres de La Malquière.
Le 11 juin, fort de 60 hommes, le maquis EIF prit le nom de
compagnie Marc Haguenau, formée de trois pelotons. Le 6
septembre, elle s'embarqua en gare de Castres, participa aux
combats de la libération de Nevers, puis fit sa jonction avec la
1ère armée de De Lattre. Elle rêvait d'aller libérer les Juifs
détenus dans les camps allemands et prit part à la dure
campagne des Vosges, de l'Alsace et de la traversée du Rhin.
Les combattants de la compagnie MarcHague acclamés par la population à
Elle perdit encore deux des siens sur les champs de bataille.
Castres lors de la Libération ©
C'est avant qu'ils ne découvrent ce qui s'était passé dans les
CDJC/Mémorial de la Shoah
camps nazis.
Le réseau Westerweel
• En 1938 et 1939, plusieurs "transports d'enfants juifs" venus d'Allemagne et d'Autriche, ainsi que
des réfugiés isolés, arrivèrent en Hollande. Une grande partie des jeunes engagés dans le
mouvement sioniste rejoignit des harcharot (fermes-écoles) pour se former aux tâches agricoles
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deux années, du 13 février 1942 au 23 décembre 1943, date
de son arrestation à Marseille, suivie peu après de sa
déportation. Le rabbin Henri Schilli prit la relève en janvier
1944, se partageant entre ses fidèles de Montpellier et le
camp de Rivesaltes.
• Les aumôniers avaient forgé une chaîne de solidarité pour obtenir des colis alimentaires, des
faux papiers d'identité et surtout des lieux de refuge pour les internés libérés ou évadés. Ils avaient
entre trente-cinq et quarante ans ; c'était une nouvelle génération de rabbins, sans rien de
commun avec leurs aînés. Pour eux, les internés étaient tous les fils d'un même peuple, subissant
le même destin tragique. L'aumônerie a été, en dépit de faibles moyens, un authentique bastion de
Résistance.
Le grand rabbin René Hirschler, avant sa
déportation, durant une commémoration en plein
air, devant des membres de l’Union nationale des
combattants à Hartmannswillerkopf (Alsace), le 23
septembre 1934 © CDJC/Mémorial de la Shoah
Le réseau Marcel
• Le réseau Marcel fut créé début 1943 par Moussa Abadi et
Odette Abadi. Tous deux rejoignent la Résistance à Nice et y
trouvèrent la cause pour laquelle ils allaient risquer leur vie : le
sauvetage des enfants juifs. Des Juifs de toute l'Europe,
réfugiés à Nice, vivaient sous l'occupation italienne depuis
novembre 1942. Les Italiens les protégeaient et interdisaient
les déportations. Mais en septembre 1943, après l'armistice
entre l'Italie et les Alliés, les Allemands envahirent les Alpes- Moussa Abadi (à droite sur la photo), dit M. Marcel,
en compagnie du chanoine Rostan, à l’évêché de
Maritimes et les réfugiés juifs furent pris au piège.
Nice en 1945 © CDJC/Mémorial de la Shoah
• Moussa Abadi convainquit Mgr Rémond, évêque de Nice de
l'aider à sauver les enfants juifs. Il ouvrit les pensionnats catholiques du diocèse et nomma
Moussa Abadi inspecteur de l'enseignement catholique du diocèse de Nice. Il mit à sa disposition
un bureau à l'évêché. Dans ce bureau, Moussa Abadi, sous le nom de Monsieur Marcel, devint un
spécialiste des "fausses vraies cartes d'identité" et des "fausses vraies cartes d'alimentation" : il en
fabriqua plus de mille. Le réseau Marcel sauva la vie de 527 enfants.
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Le service André
• Bass dit Monsieur André, né en Biélorussie, fit la connaissance de Léon
Poliakov, qui le présenta à Maurice Brener, directeur adjoint du Joint de
France et membre de l'AJ. Après les rafles et les déportations massives de
Juifs étrangers en zone Sud (août 1942), il fonda le Groupe d'action contre
la déportation, plus connu sous le nom de Service André, et se consacra au
sauvetage de Juifs. Au moment de l'occupation de la zone Sud par les
Allemands (11 novembre 1942) et après une prise de contact avec le
pasteur André Trocmé, Monsieur André mit sur pied une filière d'évasion
vers le Chambon-sur-Lignon. Cette filière devait par la suite s'étendre à Aixen-Provence, Avignon, Orange, Nîmes, Nice et Cannes.
• Fin juin 1943, Monsieur André crée un groupe de maquisards juifs sur le
Plateau du Chambon, en relation avec Lucien Lublin de l'AJ. Ce groupe se
prépare à rejoindre les FFI de Haute-Loire lorsque viendrait l'heure des
combats de la Libération. Début mars 1944, Monsieur André fut arrêté par
la Gestapo à Marseille à la suite d'une dénonciation, mais il parvint à
s'évader tandis que d'autres camarades étaient capturés. Les "assistés" du
Service André à Marseille et dans ses environs restèrent sans aide jusqu'à
ce que les réseaux Sixième des EIF et Education Physique du MJS de
Nice, les prennent en charge. Au mois d'août 1944, le groupe de
maquisards de Monsieur André devenu le "capitaine André", prit une part
active dans les combats pour la libération du Puy-en-Velay le 22 août.
Joseph Bass dit Monsieur André
(1944) © CDJC/Mémorial de la Shoah
Le réseau SF-WIZO, service familial clandestin de placement d’enfants
• « L'Union des Femmes Juives pour la Palestine », fut créée en 1924 en vue d'apporter un
soutien aux institutions fondées en Palestine par la WIZO (Women’s International Zionist
Organization- Organisation mondiale des femmes sionistes). Dix ans plus tard fut fondée à Paris
un cercle féminin d'études juives et sionistes sous le nom de Kadimah. Sa fondatrice et présidente,
Juliette Stern, accepte en 1935 de fusionner avec l'Union des Femmes Juives pour la Palestine qui
prend le nom de Fédération Française de la WIZO. Des sections sont ensuite ouvertes à Lyon,
Marseille et Amiens.
• Lorsque dans Paris occupée furent dissoutes toutes les organisations juives, les autorités
allemandes constituèrent le « Comité de coordination » chargé de contrôler toutes les activités
juives autres que le culte. Juliette Stern fut nommée membre de ce Comité, devenu en 1942
l'UGIF dans l'ensemble de la France, et placée à la tête de la 5e Direction, responsable de
l'assistance sociale. La 5e Direction de l'UGIF commença à œuvrer aussi dans la clandestinité.
Elle gérait un bureau de placement familial, dit Service 42 dans le jargon administratif de l'UGIF.
Désormais c'était la sécurité même d'enfants menacés d'arrestation et de déportation qu'il fallait
assurer, mais cette fois à l'insu des autorités de contrôle. Juliette Stern fit accomplir cette tâche
dans le plus grand secret par le Service 42B, plus connu sous le nom de code SF.
• Sous la direction d'une équipe de militantes de la WIZO, plus de 1 000 enfants ont été pris en
charge par le SF qui fut un véritable réseau de résistance au sein même de l'UGIF.
L’hôpital de la Fondation Rotschild
• Des négligences restées encore inexpliquées ont plongé dans l'oubli un réseau de Résistance né
au sein même de l'Hôpital de la Fondation de Rothschild à Paris. Des détenus juifs tombés
malades au Vel’ d'Hiv’ et au camp de Drancy avaient été transportés à la Fondation pour une
brève hospitalisation, à la suite de laquelle des policiers, les transféraient à nouveau à Drancy en
vue de leur déportation. Ces malades étaient groupés dans un pavillon barricadé d'une clôture de
barbelés et gardés par des sentinelles de la police. Pourtant, Claire Heyman, assistante sociale
juive travaillant sur place parvint à faire évader et placer les enfants et les nourrissons dans des
communautés religieuses chrétiennes hors de Paris.
• Les résistants de ce réseau étaient exposés aux soupçons de la police sur le lieu même de leur
travail, voire à des dénonciations de certains de leurs propres collègues. Parmi les victimes des
arrestations, on compte le Directeur de l'Hôpital, M. Halfon ou le médecin-chef, M. Zadoc-Kahn,
mort en déportation.
Source : CDJC/Mémorial de la Shoah
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LES OPÉRATEURS RADIOS
DE LA RÉSISTANCE
MARIE CATHERINE VILLATOUX
chargée De recherche au service historique De La DéFense
Les premiers opérateurs radio sont recrutés à Londres,
à l’initiative du BCRA comme du SOE. Dans leur grande
majorité, ces hommes sont des radios de formation,
issus des trois armées même si certains d’entre eux
proviennent de la société civile. Le plus souvent parachutés sans personne pour les réceptionner, ils accompagnent un officier ou une équipe, mais peuvent aussi
être déposés « au clair de lune » par de petits avions,
des Lysander, ou plus rarement par des sous-marins.
Leur mission est d’entrer en communication avec les
« Centrales », situées en Angleterre, chargées de
réceptionner les messages.
La formation des premiers opérateurs envoyés en
France est assurée par les britanniques. Il faut en
moyenne trois à quatre mois pour former un « pianiste », les quelques personnels volontaires sans formation de base ayant pour la plupart une instruction
plus poussée de près de six mois. Mais le recrutement
des opérateurs devient très vite une cause de différend entre Français libres et Britanniques, ces derniers
se refusant à travailler avec des agents qui n’ont pas
suivi de formation dans leurs centres spécialisés. Ils
estiment qu’un recrutement direct en France, comme
le BCRA le préconise dès la fin 1941, présente des
risques trop importants d’infiltration d’agents à la
solde de l’Allemagne.
Ce n’est qu’un an plus tard, en raison de pertes
considérables (75 % des radios sont arrêtés au cours
des années 1941 et 1942 et près de la moitié exécutés), que débute la formation d’opérateurs sur le territoire métropolitain. Ces derniers, contrairement à
ceux issus du milieu militaire qui disposent de tous
les papiers nécessaires à la clandestinité (fausses cartes
d’identité, de travail d’alimentation, Ausweis de nuit
pour pouvoir circuler…) ainsi que d’une solde qui leur
est versée chaque mois par leur chef de secteur, sont
tenus d’assurer par eux-mêmes leur subsistance.
À la suite du débarquement allié en Afrique du Nord
en 1942, la France libre s’attache à recruter et à former, dès début janvier 1943, à Alger, des personnels
spécialisés dans les liaisons et les transmissions, afin
de garantir une plus grande autonomie vis-à-vis des
services britanniques. En juillet, une Centrale radio
française se met en place ; elle sert également de
centre de formation radio.
« pianistes », tel est le nom de code utilisé dans la
Résistance pour désigner les opérateurs radio qui
assurent les communications entre la France occupée et Londres puis Alger. Leur aventure demeure
encore souvent méconnue du grand public, car ces
héros de l’ombre, formés à œuvrer dans la solitude,
ont gardé le silence sur leurs activités. Pourtant dans
leurs rangs, beaucoup son tombés. Les risques étaient
grands et la répression féroce.
Après la défaite de juin 1940, les britanniques ne disposent plus d’aucune information sur la France occupée. Toutefois, la création par Churchill, le 18 juillet,
du Special Operations Executive (SOE), chargé d’organiser des actions de luttes clandestines en Europe
et comprenant une section française, entraîne la
mise en place de liaisons radio.
Au printemps 1941, un rapprochement s’opère entre
la « French section » du SOE et le service de renseignements de la France libre du général de Gaulle, le
Bureau Central de Renseignements et d’Action
(BCRA), dirigé par le colonel Passy, qui fournit à la
Résistance intérieure des armes et du matériel de
transmission. Ces deux organisations, qui entrent souvent en concurrence, regroupent ainsi tout un ensemble d’agents parmi lesquels des équipes d’opérateurs
radio parachutés lors de missions de renseignement,
de sabotage ou visant à la création de réseaux.
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une mission à haut risque
Toutefois, les terribles pertes que connaissent les
opérateurs radio sur le terrain conduisent certains responsables locaux, comme Jean Fleury, à organiser un
système baptisé « Electre », qui repose sur une méthodologie nouvelle assurant une plus grande sécurité
aux personnels. Ce système s’appuie sur quelques
principes de base : raccourcir les séances d’émission
(pas plus de trente minutes), séparer les vacations de
réception de celle d’une émission, permuter les fréquences au cours d’une émission ainsi que les indicatifs afin de rendre plus difficile la localisation du
lieu d’émission. Finalement, à partir d’avril 1943, le
système Electre est généralisé, avec l’accord du SOE,
à la France entière tout en étant affiné, les opérateurs d’émission œuvrant le jour tandis que les opérateurs de réception travaillent de nuit.
Cette réforme conduit le BCRA à donner un certain
nombre de consignes et de directives aux radios,
transmises sous forme de microfilms. Ces instructions ne sont cependant pas toujours strictement
respectées du fait des difficultés de la vie clandestine. Toutefois, ces mesures de sécurité réduisent les
pertes même si la moitié des opérateurs tombent
encore entre les mains des allemands. Rouage essentiel au sein d’un réseau, l’opérateur radio en est également l’un des maillons les plus faibles dans la
mesure où le simple fait d’émettre le rend immédiatement repérable par l’ennemi. Il met ainsi en danger les autres membres du réseau qui sont en
contact avec lui, à la différence de l’opérateur qui se
contente de recevoir une émission.
Les règles de cloisonnement imposent donc d’isoler
le « pianiste » autant que possible du reste du réseau.
Il n’a de contact qu’avec l’équipe de protection qui
assure sa surveillance et les agents de liaison qui lui
apportent les messages chiffrés. Pour garantir la sécurité, il ignore le sens exact de ces derniers et ne peut
donc en dévoiler le contenu en cas d’arrestation.
Au cours des phases de vacation, le radio est totalement
coupé du monde extérieur, avec un casque sur les
oreilles et la main sur le manipulateur afin d’émettre
ses signaux en morse. Il ne peut ni voir ni entendre
arriver une personne extérieure. Aussi, a-t-il à ses
côtés un « gardien » qui doit être en contact avec un
guetteur qui surveille les environs. En outre, le pianiste ne doit jamais être armé ni transporter seul son
matériel, bien que de telles pratiques n’aient pas toujours été aisées à respecter. Son gardien, bien souvent un agent de liaison, a également pour mission
de trouver de nouveaux asiles, afin de rendre le repérage le plus difficile possible.
Un certain nombre de critères préside au choix des
lieux d’émission qui doivent être situés dans un endroit
dégagé et éloignés d’une ligne à haute tension. Une
possibilité de repli en cas de repérage de l’occupant
doit systématiquement être envisagé. Ces endroits
(fermes, sacristies d’églises, maisons de particuliers,
greniers, granges…) peuvent servir de cache pour du
matériel mais aussi constituer des lieux d’hébergement pour le radio, notamment s’il s’agit d’un agent
venant de Londres ou d’Alger. Lorsque les radios sont
issus du milieu local, il leur est, à l’inverse, plus
facile de se fondre dans l’environnement.
Les vacations s’effectuent essentiellement en ville dans
la mesure où, outre le fait que le radio a besoin d’électricité pour opérer, les émissions en pleine campagne
s’avèrent plus dangereuses, l’opérateur devant se
déplacer avec son matériel, ce qui est contraire aux
instructions du BCRA. Pour autant, les lieux d’émission ne sont pas forcément tous équipés d’une prise
de courant mais ils doivent comporter nécessairement un éclairage, les opérateurs transportant avec
eux « une douille voleuse » qui se branche directement sur l’emplacement de l’ampoule électrique. En
cas de nécessité, le radio peut se brancher sur une
ligne électrique au moyen de crochets plats reliés à
un fil et suspendus à l’aide d’une canne à pêche.
L’opérateur doit également installer une antenne de
cuivre d’une vingtaine de mètres, facile à transporter
et à dissimuler, placée dans une petite mallette et
fixée en zigzag dans la pièce.
Des procéDures rigoureuses
Un des moments les plus délicats de la vie quotidienne
du radio demeure le transport du matériel, assuré
par des auxiliaires utilisant les moyens de convoyage
les plus divers : autocar, bus, train mais surtout vélo !
Des femmes, agents de liaison, sont fréquemment désignées pour accomplir les missions de transport, déguisant au besoin du matériel en appareil médical (appareil de massage électrique) ou en fausse radio TSF.
19
L’instrument de base du pianiste est son émetteur
radio. L’émetteur comme la réception se font dans
des conditions de plus en plus rigoureuses à partir
de l’été 1943. Ce sont les Centrales qui fixent les procédures par le biais d’un plan radio, document sous
forme de micro-photos ou de feuilles tapées à la
machine, parachuté avec l’appareil. Ce plan, que
l’opérateur doit appliquer strictement, détermine les
heures et les jours de vacation, les fréquence, les
indicatifs ainsi que les clés de chiffrement pour une
durée d’une quinzaine de jours. Les rendez-vous
pour les quinze jours suivants sont, par la suite, fixés
par la Centrale à l’opérateur. L’émission ne dure en
moyenne que trente minutes, tandis qu’il ne faut pas
plus d’une dizaine de minutes au radio pour mettre
en place son appareillage. Le nombre d’émissions est
variable : parfois deux ou trois dans une même journée, parfois aucune pendant plusieurs jours. Les
Centrales recommandent par ailleurs de ne pas
émettre plusieurs jours de suite à partir d’un même
lieu et de laisser passer treize jours avant de reprendre ses activités sur un emplacement déjà utilisé. La
réception, pour sa part, crée bien moins de difficultés dans la mesure où elle n’est pas repérable.
L’opérateur demeure ainsi généralement sur un lieu
unique et son plan de travail lui définit plusieurs
heures d’écoute quotidiennes.
Dès les premières émissions, à la fin de 1940, les
opérateurs radio font l’objet d’une traque incessante
de la part des autorités allemandes mais aussi
vichystes, ce qui explique les lourdes pertes enregistrées au cours du conflit, et plus particulièrement
dans les années 1941 et 1942.
Au lendemain de l’armistice, un cadre législatif organise la recherche et l’arrestation des opérateurs et de
tous ceux qui détiennent un émetteur-récepteur, en
zone nord d’abord puis dans tout le territoire français après novembre 1942, date à laquelle la
condamnation à mort est encourue. Un service spécial de la Gestapo est chargé de détecter les radios et
de les arrêter : le repérage s’effectue en plusieurs
étapes.
Des stations de détection locales situées sur tout le
territoire ont pour mission de repérer sur un écran
toute émission située dans leur région. Elles contactent alors des centres de détection placées dans
toute l’Europe, à grande distance du point d’émission, qui déterminent chacune l’azimut de l’émission
par rapport à leur propre position. Trois centrales
sont nécessaires pour obtenir une triangulation, qui,
pour la France passe par les centres de Brest,
Munich et Berlin. L’intersection des trois azimuts
forme un triangle d’une vingtaine de kilomètres de
côté délimitant la zone d’émission. Ce repérage, qui
s’effectue en une trentaine de minutes au début du
conflit, est réalisé en moins de cinq minutes dans les
derniers mois de la guerre !
Dans un second temps, la détection locale est à nouveau mise à contribution, cette fois à l’aide de voitures gonio équipées de détecteurs sur la longueur
d’onde repérée, à l’intérieur du triangle précédemment déterminé. La Gestapo accompagne dans d’autres véhicules les voitures gonio qui stationnent
dans toutes les grandes villes. Afin d’accélérer la
détection locale, les allemands coupent fréquemment le courant quartier par quartier afin de situer
avec plus de précision le lieu d’émission. Il arrive
même que des hommes munis de détecteurs de
champ parcourent les rues avec un cadre gonio en
forme de cintre sous leur vêtement, déterminant
ainsi le lieu d’émission à partir de l’intensité de
l’onde.
Des proDiges De technicité
Les progrès considérables accomplis dans le
domaine des transmissions à partir de l’été 1943,
fondés notamment sur l’adoption du système
Electre, permettent fort heureusement de limiter
considérablement les pertes, qui en juillet de l’année
suivante, ne dépassent pas les 15 %. Cet effort s’appuie également sur une miniaturisation de plus en
plus poussée des postes qui deviennent des prodiges
de technicité et de solidité, la production standardisée, due au SOE, permettant d’équiper en plus grand
nombre les réseaux.
Dans le même temps, le trafic radio connaît une progression fulgurante : les communications multipliées par 100 entre 1943 et 1944, jouent un rôle
déterminant dans l’information de l’état-major allié
au cours du Débarquement et de la Libération. À
cette date, la création de l’état-major des forces françaises de l’intérieur (FFI) met définitivement fin au
dualisme entre les opérateurs travaillant pour le
SOE et ceux rattachés au BCRA.
20
21
mée au papier scotch, il vous faudra de nouveau recourir à la lampe chauffante. Ensuite vous soulèverez
lentement la bande avec le vaccinostyle sur toute la longueur, en partant du point de coupure, et vous la
retirerez avec la pince à épiler. Et enfin vous referez tout en sens inverse. Vous remettrez les bandes de papier scotch en place avec leur propre colle, en suivant le repère de la ligne de fermeture de l’enveloppe où la
colle n’a pas pénétré, et de part et d’autres, les deux lignes un peu plus sombres formées par les poussières
accumulées pendant le transport. Vous étalerez la bande avec la règle lisse, pour éviter de la rayer. Vous réutiliserez la cire des cachets, rien ne se perd, que vous ramollirez un peu à la lampe chauffante si besoin est,
et que vous reverserez avec minutie à l’endroit des cachets sur l’enveloppe. Et avec l’empreinte laissée sur le
plâtre, vous scellerez de nouveau ce qui a été descellé.
EXTRAITS
– 4. Décacheter –
MERCIER : Ça va.
FRÉSURE : Du papier calque.
MERCIER : Ça va. Et puis.
FRÉSURE : Et puis un vaccinostyle.
MERCIER: Un vaccinostyle. Qu’est-ce que c’est que ça.
FRÉSURE : Une plume métallique plate et pas fendue.
MERCIER : En plus du rasoir.
FRÉSURE : Ne faites pas au rasoir ce qui doit être
fait au vaccinostyle.
MERCIER : Quoi d’autre.
FRÉSURE : De quoi produire de la vapeur.
MERCIER : Une casserole d’eau bouillante.
FRÉSURE : Par exemple. Et encore une règle lisse.
MERCIER : C’est tout ?
FRÉSURE : Non. Une pince à mâchoire.
MERCIER : Une pince à mâchoire ?
FRÉSURE : Une pince à épiler.
MERCIER : Et puis.
FRÉSURE : Et puis enfin du plâtre mou. Le plâtre
des dentistes.
Mercier et Frésure. Dehors.
MERCIER : Je ne me prends pas pour plus que je ne
suis. Je pourrais continuer un bon bout de temps
avec ce qu’on m’a confié. Sans que ça grippe.
FRÉSURE : Mais.
MERCIER : Il y a parfois moyen de faire beaucoup
plus d’un seul coup. Quitte ou double. L’occasion
d’accélérer les choses. En se mettant ailleurs qu’à sa
place.
FRÉSURE : Et.
MERCIER : Je vois passer des enveloppes. Des piles.
Avec des cachets. Officiels. Elles ne restent pas des
jours et des nuits. Mais elles ne passent pas non plus
sans s’arrêter. Et personne de chez nous ne les ouvre ?
FRÉSURE : Seulement.
MERCIER : Si je prends la liberté de les ouvrir je n’ai
pas le pouvoir de les refermer sans qu’elles aient l’air
d’avoir été ouvertes. Je ne vous dis pas comme elles
sont scellées les enveloppes dont je vous parle.
FRÉSURE : Et donc.
MERCIER : Il me faut un conseil.
FRÉSURE : Plus qu’un conseil.
MERCIER : Une méthode.
FRÉSURE : C’est toute une technique. Maquiller le
papier c’est toute une technique.
MERCIER : Dites-la moi cette technique.
FRÉSURE : C’est bon je vous la dis. Il vous faudra
des ustensiles.
MERCIER : Lesquels.
FRÉSURE : Des gants en caoutchouc.
MERCIER : Et puis.
FRÉSURE : Ou bien une feuille de papier opaque.
MERCIER : Et puis.
FRÉSURE : Une lame de rasoir.
MERCIER : Ça va.
FRÉSURE : De sûreté.
MERCIER : De sûreté. Ça va.
FRÉSURE : Une lampe chauffante.
MERCIER : Combien de watts.
FRÉSURE : Cent.
MERCIER : Y en a.
FRÉSURE : Une loupe.
Mercier soupire.
FRÉSURE : Vous vous ganterez de caoutchouc, ou
au pire vous protégerez l’enveloppe en posant vos
doigts sur le papier opaque, de façon à ne pas laisser d’empreinte. Vous vérifierez avec la loupe que les
cachets sur l’enveloppe sont tous bien identiques.
Vous reporterez exactement la position des cachets
sur la feuille de papier calque. Vous gâcherez le
plâtre mou et vous le déposerez sur la surface d’un
des cachets, et s’ils sont tous différents tant pis pour
vous, vous recommencerez autant de fois qu’il y a de
cachets,
bref. Si vous laissez déborder la moindre parcelle de
plâtre sur l’enveloppe, autant vous mettre définitivement hors circuit. Quand le plâtre sera sec, vous le
décollerez du cachet, qu’il aura moulé en creux. Vous
passerez l’enveloppe sous la lampe chauffante de
cent watts, qui fera fondre la cire des cachets. Une
fois la cire amollie, vous la fendrez en croix avec le
rasoir de sûreté et puis vous la garderez de côté.
Vous pourrez ensuite ouvrir l’enveloppe, à la vapeur,
en vous assurant qu’on n’y a glissé aucun témoin, un
cheveu, un fil de soie. Mais si l’enveloppe a été fer-
22
– 24. contact –
CLARISSE : Qu’est-ce qu’il fait ?
VERNON : Rien.
CLARISSE : Il nous observe.
VERNON : Certainement.
CLARISSE : Mais toi tu ne le regardes pas.
VERNON : Non je ne dois pas le regarder.
CLARISSE : Et moi non plus.
VERNON : Si toi il faudrait que tu le regardes.
CLARISSE : Vraiment ?
VERNON : Il faudrait que tu le regardes une seconde
et qu’il voie que tu le regardes.
CLARISSE : Il faudrait que je sois sûre qu’il voie que
je le regarde.
VERNON : Ce serait bien.
CLARISSE : Quand est-ce que je dois le regarder ?
VERNON : Quand tu voudras mais il faudra que ce
soit court.
CLARISSE : Sans bouger.
VERNON : Si tu peux.
Silence.
VERNON : Parle-moi sans arrêt.
CLARISSE : Je vais essayer de le regarder.
VERNON : Mais sans arrêter de me parler.
CLARISSE : Je le fais. D’accord. D’accord.
VERNON : Tu l’as regardé.
CLARISSE : Oui.
VERNON : Tu l’as vu.
CLARISSE : Oui.
VERNON : Et lui il t’a vue.
CLARISSE : Je crois.
VERNON : Tu as vu son visage.
CLARISSE : Oui.
VERNON : Et lui il a vu le tien.
CLARISSE : Je crois.
VERNON : Tu te souviendras de son visage.
CLARISSE : Je crois.
Vernon et Clarisse. Dehors.
Plus loin derrière eux, Frésure.
CLARISSE : Alors ?
VERNON : Attends un peu.
CLARISSE : Pourquoi est-ce qu’on s’arrête ici ?
VERNON : On va se séparer ici mais pas tout de
suite.
CLARISSE : Je dois faire quelque chose ?
VERNON : Non rien on va se parler un peu.
CLARISSE : Je t’écoute.
VERNON : Oui oui tu vas m’écouter et tu vas me
regarder.
CLARISSE : C’est ce que je fais.
VERNON : C’est ça. C’est bien.
CLARISSE : C’est tout ?
VERNON : Oui seulement il faut continuer il ne faut
pas qu’il y ait de rupture.
CLARISSE : Tu me parles et je te réponds on continue comme ça.
VERNON : Voilà et tu peux me relancer si tu veux.
CLARISSE : Mais je ne sais pas je préfère, je préfère
que ce soit toi.
VERNON : Comme tu veux ce n’est pas grave ça n’a
pas d’importance.
CLARISSE : J’aime mieux.
VERNON : Il y a quelqu’un derrière nous.
CLARISSE : Où ?
VERNON : Derrière nous à quelques mètres de nous.
CLARISSE : Il est avec nous ?
VERNON : Tu le vois ?
CLARISSE : Non. Oui. Ça y est. Il est avec nous ?
VERNON : Non.
CLARISSE : Il est contre nous.
VERNON : Non.
CLARISSE : Tu le connais ?
VERNON : Non.
23
DAVID LESCOT
En 2011, il créé 33 Tours, rencontre avec le danseurchorégraphe congolais DeLaVallet Bidiefono sur le
thème du combat, dans le cadre des Sujets à Vif
SACD/Festival d’Avignon. Ce spectacle est repris à
Mettre en Scène en 2011, puis au Théâtre des Abbesses en 2012 sous une forme complétée : il devient
45 Tours. Il met également en scène de l’opéra de
Stravinsky The Rake’s Progress à l’Opéra de Lille.
En 2012, il créé Le Système de Ponzi, oratorio pour
10 comédiens musiciens racontant l’histoire de
Charles Ponzi, ancêtre de Bernard Madoff. Le spectacle est créé en janvier 2012 au CDN de Limoges,
puis présenté au Théâtre des Abbesses, au Théâtre
national de Strasbourg, et en tournée en France.
Ses pièces sont publiées aux Éditions Actes SudPapiers, elles sont traduites publiées et jouées en
différentes langues (anglais, allemand, portugais,
roumain, polonais, italien, espagnol, russe).
Auteur, metteur en scène
et musicien. Son écriture
comme son travail scénique cherchent à mêler
au théâtre des formes
non-dramatiques, en particulier la musique.
Il met en scène ses pièces
Les Conspirateurs (1999,
TILF), L’Association (2002,
Aquarium) et L’Amélioration (2004, Rond-Point).
En 2003, Anne Torrès crée
sa pièce Mariage à la
MC93-Bobigny, avec Anne
Alvaro et Agoumi.
Sa pièce Un Homme en
faillite qu’il met en scène
à la Comédie de Reims
et au Théâtre de la Ville
à Paris en 2007, obtient
le Prix du Syndicat national de la critique de la
meilleure création en langue française. L’année suivante, la SACD lui décerne le prix Nouveau Talent
Théâtre.
David Lescot est artiste associé au théâtre de la Ville.
Il y met en scène L’Européenne, dont le texte obtient
le Grand Prix de littérature dramatique en 2008, et
qui tourne en France et en Italie en 2009 et 2010.
C’est en 2008 qu’il crée La Commission centrale de
l’enfance, récit parlé, chanté, scandé des colonies
de vacances créées par les juifs communistes en
France, qu’il interprète seul accompagné d’une guitare électrique tchécoslovaque de 1964. Le spectacle débute à la Maison de la Poésie à Paris, puis est
au Théâtre de la Ville en 2009, et en tournée en
France et à l’étranger (Argentine, Espagne, Italie,
Russie, République tchèque, Uruguay…) durant quatre saisons. David Lescot remporte pour ce spectacle en 2009 le Molière de la révélation théâtrale.
En 2010 est repris au Théâtre de la Ville L’Instrument
à pression, concert théâtral dont il est auteur et interprète aux côtés de Médéric Collignon, Jacques Bonnaffé, Odja Llorca, Philippe Gleizes, dans une mise
en scène de Véronique Bellegarde.
au théâtre De La viLLe
2007
2009
2010
2012
2012
un homme en faillite
L’européenne
& La commission centrale de l’enfance
L’instrument à pression
Le système de ponzi (janvier)
Les Jeunes
(dans le cadre du Parcours { enfance & jeunesse })
quarante-cinq tours (novembre)
24
25
ÉQUIPE ARTISTIQUE
SCALI
DELPEYRAT
DAMIEN
MARIE
scali Delpeyrat est diplômé du Conservatoire national
supérieur d’Art Dramatique,
Au théâtre, Scali Delpeyrat a joué sous la direction
de Bernard Sobel (La Mère de Bertold Brecht), Nabil
El Hazan (Le Poisson volant de Lionel Prével), Jacques
Kraemer (Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux et L’Eveil des ténèbres de Joseph Danan), Brigitte Jaques (La Place royale de Corneille et Angels
in America de Tony Kushner), Philippe Adrien (La
Tranche de Jean-Daniel Magnin et Hamlet de Shakespeare), Jean-Louis Thamin (Hélène de Jean Andureau), Arlette Teffany (L’Illusion comique de Corneille),
Léa Fazer (Les Fils de Noë et Porte de Montreuil de
Léa Fazer), Marcel Bozonnet (Antigone de Sophocle),
Denis Podalydès (Tout mon possible d’Emmanuel
Bourdieu), Arnaud Churin (Fragments d’un discours
amoureux de Roland Barthe) et David Lescot (Le
Système de Ponzi, L’Amélioration, Un homme en faillite et L’Européenne de David Lescot).
Il a notamment tourné dans les films de Bruno Podalydès, Laurence Ferreira Barbosa, Emmanuel Bourdieu, Agnès Jaoui, Valérie Mrejen, Éric Forestier,
Léa Fazer, Jeffrey Nachmanoff, Henri-Alex Rubin ou
encore Sofia Coppola.
Il est l’auteur de « Dance is a dirty job… », texte lauréat du Prix du Public Danse élargie 2010 et programmé aux Théâtre de la Ville/Les Abbesses en
septembre 2011.
DOMPNIER
marie Dompnier commence sa formation au Conservatoire d’art dramatique du Ve arrondissement de Paris
et intègre la Compagnie Artéria en résidence au
Théâtre du Soleil jusqu’en 2004.
En 2007, elle sort de l’École régionale d’acteurs de
Cannes (ERAC) au sein de laquelle elle a joué notamment dans Une Orestie d’Eschyle mis en scène
par Jean-Pierre Vincent et Troilus et Cressida mise en
scène d’Anne Alvaro et David Lescot.
Depuis elle a joué dans La Cerisaie mis en scène par
Didier Carette, La Seconde surprise de l’amour mis
en scène par Alexandra Tobelaim, Le Système de Ponzi
(2011) et L’Européenne (2009) écrit et mis en scène
par David Lescot, Eric Von Stroheim mis en scène par
Renaud Marie Leblanc en 2010 et Robert Plankett
par le collectif La Vie est Brève également en 2010.
Au cinéma elle joue dans No Comment ! de Pierre
Henri Salfati.
NORAH
KRIEF
norah Krief est une actrice emblématique du Ballatum Théâtre avec lequel elle a joué entre autres dans
Ivanov et Les Trois Sœurs de Tchékhov, La Double Inconstance de Marivaux, elle continue avec Éric Lacascade dans Phèdre ou de l’amour, Les Sonnets de
Shakespeare (où elle chante), La Tête ailleurs (chansons
de François Morel), Hedda Gabler d’Ibsen et Tartuffe
de Molière.
Elle travaille également avec Yann-Joël Collin, Homme
pour homme de Brecht et Henri IV ; Valère Novarina,
Le Vrai Sang, Jean-François Sivadier, Italienne avec
Orchestre, La Folle journée ou le Mariage de Figaro de
Beaumarchais, Italienne Scène et Orchestre, Le Roi
Lear de Shakespeare, La Dame de Chez Maxim de
Feydeau, Le Misanthrope de Molière et David Lescot
Une Homme en faillite.
Elle reçoit le Molière de la meilleure comédienne dans
un second rôle pour Hedda Gabler en 2005, puis elle
est de nouveau nommée à deux reprises pour Le Roi
Lear en 2008 et La Dame de chez Maxim en 2011.
26
LEHMAN
de Racine, Le Brave Soldat Schweyk de Bertolt Brecht
et Une maison de poupée de Henrik Ibsen, avec
François Périer dans Le Tube de Françoise Dorin,
Pierre Roman dans L’Illusion comique de Pierre Corneille, Aurélien Recoing dans La Vallée de l’ombre
de la mort de Judith Gershman, Dominique Féret dans
Les Attentions particulières mise en scène de l’auteur, Robert Girones dans Le Jeu de l’amour et du
hasard de Marivaux, Jean-Pierre Vincent dans Le
Suicide de Nicolaï Erdman et Woyzeck de Georg
Büchner, Antoine Vitez dans Lucrèce Borgia de Victor
Hugo, Sophie Loucachevsky dans Madame de Sade
de Yukio Mishima et La Petite planète de Georges
Perec, Anne Torres dans Un peu de temps à l’état pur
de Jean Magnan, Philippe Adrien dans Les Pragmatistes de Stanislaw Witkiewicz et La Vénus à la fourrure
de Leopold von Sacher-Masoch, André Engel dans
La Nuit des chasseurs d’après Woyzech de Georg
Büchner, Michel Deutsch dans Sit venia verbo mise
en scène de l’auteur, Bruno Bayen dans Torquato Tasso
de Johann Wolfgang von Goethe, Walter Le Moli dans
la création collective intitulée Basta per oggi, Lluis
Pasqual dans Sans titre de Federico Garcia Lorca,
Philippe Berling dans Agesilan de colchos de Jean de
Rotrou, Michel Didym dans Lisbeth est complètement
pétée d’Armando Llamas, Bérangère Bonvoisin dans
Le Gendarme est sans pitié de Georges Courteline,
Pascal Rambert dans Antoine et Cléopâtre de William
Shakespeare, Éric Vignier dans L’Illusion comique de
Pierre Corneille, Charles Tordjman dans Le Misanthrope de Molière, Laurent Pelly dans Vie et mort du
Roi Jean de William Shakespeare, Daniel Martin et
Charles Tordjman dans Bastringue à la Gaieté Théâtre
de Karl Valentin, Gérard Watkins dans Dans la forêt
lointaine mise en scène de l’auteur, Ged Marlon dans
Un simple froncement de sourcil mise en scène de
l’auteur, Lukas Hemleb dans Titus Andronicus de William Shakespeare, Sandrine Lanno dans Matériau
chimère de Didier-Georges Gabily, Marcial Di Fonzo
Bo et Élise Vigier dans Le Cycle de l’homme de Jacques
Rebotier et La Estupidez de Rafael Spregelburd.
Il joue également dans Xu, objet bien rangé mais
où ? et Oxu, objet qu’on vient de retrouver et qu’on
reperd aussitôt qu’il met en scène avec Christine
Murillo et Jean-Claude Leguay.
Au cinéma, il a joué sous la direction de Éric Rochant,
Manoel de Oliveira, Claude Berri dans Orso Miret,
Agnès Jaoui, Robert Guédiguian, Éric Lartigau, Thierry
Klifa, Olivier Doran, Anne Le Ny, Arnaud des Pallières,
Patricia Plattner, Olivier Nakache et Éric Toledano,
Nicolas Brossette.
Grégoire Oestermann a également écrit Le Baleinié,
dictionnaire des tracas en 3 volumes avec Christine
Murillo et Jean-Claude Leguay.
Pianiste, chef de chant et compositeur, diplômé du
CNSM (direction de chant) où il enseigne le répertoire
lyrique.
Son activité de chef de chant s’est ensuite développée
auprès de chefs d’orchestre et de metteurs en scène
tels que Guy Coutance, Petrika Ionesco, Lukas Hemleb,
Mireille Laroche, Jean-Claude Fall, Caïo Gaiarsa, Jean
Jourdheuil. Il collabore régulièrement avec le Théatre
du Châtelet.
Il poursuit également une activité de concertiste, et se
produit régulièrement en soliste, musique de chambre,
ou duo piano-chant (avec Nathalie Manfrino, Delphine
Haidant, Magali Léger, Jacques-Greg Belobo…), en
France et à l’étranger.
Passionné par les rapports entre la musique et le texte,
Damien Lehman participe à de nombreuses créations
théâtrales, dans lesquelles il sélectionne, agence et
interprète la partie musicale. Sur des spectacles comme
viktor vavitch (Boris Jitkov), mon pouchkine (Marina
Tsvetaïeva), Les derniers jours de l’humanité (Karl
Kraus), Un pied dans le crime (Eugène Labiche)… il
collabore avec Anne Alvaro, David Lescot, Antonia
Bosco, Guy Freix, Denis Podalydès, Jean-Louis
Benoît, Philippe Torreton, Dominique Pinon…
Damien Lehman compose depuis l’âge de quinze ans.
Si le piano domine dans sa production, il écrit aussi
des pièces pour formation de chambre, et pour la
voix. Sa Fugue III est crée par Bertrand Chamayou
au festival Les journée Phénix (Jean-François Zygel).
Toujours en quête de lier la musique à d’autres formes
d’expression, il compose et interprète la bande originale du film Grossesse nerveuse de Maxime Sassier.
GRÉGOIRE
OESTERMANN
grégoire oestermann suit une formation au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris.
Il travaille avec Jean-Louis Martinelli dans Britannicus
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MILLIATBAUMGARTNER
ALWYNE
CÉLINE
DE DARDEL
scénographe
alwyne de Dardel est depuis 1987, responsable de
l’Atelier Décoration du Théâtre des Amandiers.
En tant que scénographe, Alwyne de Dardel a travaillé avec David Lescot (L’Association, 2002, L’Amélioration, 2004 - un homme en faillite, 2007 - L’Européenne, 2009 - Le Rake’s Progress, 2011 - Le Système
de Ponzi, 2012), Anne Torrès (Le Prince de Machiavel, 2001, Lucrèce Borgia de Victor Hugo, 2000),
Ingrid von Wantoch Rekowski (La Chose effroyable
dans l’oreille de V, 1999), Jean-Pierre Vincent (Pièces
de guerre d’Edward Bond, 1999), Olivier Besson (À
quoi rêvons-nous la nuit ?, 1998), Noël Casale (Le
Pont de Brooklyn, 1995) et Michèle Sigal.
Elle a été formée au Cours Florent et travaille depuis
au théâtre avec David Lescot (Le Système de Ponzi en
2011), Laurent Brethomme (Les Souffrances de Job
en 2010, Striptease en 2009), Jean-Michel Rabeux
(Barbe Bleue en 2010-2011, Le Songe d’une nuit d’été
en 2007, L’Homosexuel de Copi en 2001), Thierry de
Peretti (Richard II en 2004, Valparaiso en 2003), Frederic Maragnani (Le Cas Blanche-Neige de Howard
Barker en 2005), Wissam Arbach (Le Château de Cene
de Bernard Noël en 2004), Jean Maqueron (L’Androcée de Christian Siméon en 2002) ou encore Monique
Espina (La compagnie des spectres de Lydie Salvayre en 2002).
Elle travaille également pour le cinéma avec les réalisateurs Eduardo de Gregorio et Irène Jouannet et à
la télévision.
SYLVETTE
DEQUEST
costumière
Pour le théâtre, elle a créé les costumes des mises
en scènes de Julie Brochen: Graal Théâtre: Merlin l’enchanteur de F. Delay et J. Roubaud, La Cagnotte de
Labiche, Penthésilée de Kleist, Le Décaméron des
femmes de Julia Voznesenskaya, Brecht Ici et Maintenant, Die Lustingen Nibelungen d’Oscar Straus,
Père de Strindberg, La Petite Renarde rusée, opéra de
Janacek, Oncle Vania de Tchekhov et Le Cadavre
vivant de Tolstoï, Je ris de me voir si belle ou solos au
pluriel de Charles Gounod et Franck Krawczyk et,
récemment, L’Histoire vraie de la Périchole au Festival
International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence.
Elle travaille régulièrement avec David Lescot : Le Système de Ponzi, Un Homme en faillite, L’Européenne,
le Rake’s Progress de Stravinsky
Elle a également conçu les costumes de Hortense a
dit « j’m’en fous » de Feydeau mis en scène par
Pierre Diot, de Terres Promises de Roland Fichet mis
en scène par Philippe Lanton, Drame en 1799 de
Hervé mis en scène par J.-C. Feugnet, et récemment de Femme… Femmes… d’Hélène Delavault
mis en espace par Jean-Claude Gallotta.
Au cinéma, elle travaille avec Roy Lekus et Françoise
Jolivet avec Tremblez Tyrans, d’apres l’enfance de
Stendhal.
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29
ATELIERS
ATELIERS D’ÉCRITURES
→ théâtre De La viLLe
LES 17 & 24 MAI DE 10 H À 13 H
David Lescot, en tant qu’auteur associé au Théâtre de la
Ville, animera des ateliers d’écriture composés de spectateurs relais.
L’ART DU RÉCIT
→ paLais De toKyo
LES 18 & 25 JUIN 19 H 30
paLais DécaLés/visites aLternatives i tariF 2 € en pLus Du biLLet D’entrée
Durée 1 h 30
David Lescot sera l’invité du Palais de Tokyo, dans le cadre
des visites guidées « Palais décalés », à partir de l’exposition « L’état du ciel », les 18 et 25 juin 2014.
Les visiteurs sont entraînés vers une approche quelque
peu inattendue, et parfois théâtralisée.
Ces visites, en présence parfois d’un invité, permettent de
faire découvrir les expositions de manière
alternative et sur un ton différent. David Lescot, en compagnie d’un médiateur culturel, usera des mots
et du regard scénique pour décrypter ou brouiller les différentes mises en scène que peuvent nous
donner à voir les œuvres de cette saison.
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