Exposition : Orient-Occident,

publicité
france-catholique.fr
FRANCE
Catholique
86 e année - Hebdomadaire
n° 3197 -
29 janvier 2010
3€
ISSN 0015-9506
Solidarité :
Haïti, une
Église à
reconstruire
page 7
Débat :
Le piège de
l’identité nationale
pages 23-24
Musique :
Plaidoyer
pour les orgues
Pop
louange
pages 8 à 15
pages 32-33
Exposition :
Orient-Occident,
racines spirituelles de l’Europe
pages 30-31
BRÈVES
FRancE
OutRE-MER : Après le rejet du projet d’autonomie, les électeurs de Guyane et de Martinique se sont prononcés le 24 janvier pour la création d’une collectivité unique exerçant les compétences du département et de la région.
Santé : Les médecins pourront se procurer des vaccins contre la grippe H1N1 dans les pharmacies dès le 1er février.
tRanSpORtS : La baisse de fréquentation de certaines lignes pousse la SNCF à des annulations de TGV sur les parcours nord-est et estatlantique. Une manifestation transfrontalière s’est déroulée le 23 janvier entre Hendaye et Irun pour protester contre les projets de lignes ferroviaires à grande vitesse.
EntREpRiSES : Les défaillan ces d’entreprises ont atteint le nombre de 61 500 l’an dernier, un record depuis 1993. Le nombre de créations a atteint le record de 580 000 grâce au régime de l’auto-entrepreneur.
éLEctRicité : La construction du nouveau réacteur nucléaire d’EDF à Flamanville rencontre des difficultés qui pourraient retarder de deux ans sa mise en service.
Hôpitaux : Le directeur de l’Assistance publique de Paris a annoncé le 23 janvier la sup- pression de 3 à 4 000 emplois, la moitié concernant médecins et soignants, l’autre moitié le personnel administratif.
SOciaL : Une journée d’ac-
tion des fonctionnaires contre les réformes et les suppressions de postes a faiblement perturbé l’enseignement, les hôpitaux et les services communaux le 21 janvier.
Quatre dirigeants du groupe suédois Akers ont été séquestrés le 20 janvier par des salariés qui réclamaient des conditions de départ plus avantageuses.
Les partenaires sociaux se réuniront le 5 février pour tenter d’améliorer le sort du million de chômeurs arrivant cette année en fin de droits.
RéMunéRatiOnS : Le double salaire d’Henri Proglio, nouveau patron d’EDF et président du conseil d’administration de Veolia (au total 2 millions d’euros), a suscité de vives réactions jusqu’à l’Assemblée nationale, même dans les rangs de la majorité ; l’intéressé a annoncé le 21 janvier qu’il renonçait à la rémunération de Veolia (450 000 e), mais les socialistes réclament sa démission de cette fonction.
paRité : Le groupe UMP a défendu le 20 janvier devant les députés un projet de loi imposant en six ans un quota de 40% de femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées.
FiScaLité : Après la censure du Conseil constitutionnel, un nouveau dispositif sur la taxe carbone visant à intégrer les secteurs les plus polluants (déjà couverts par le système européen des quotas) a été présenté le 20 janvier en Conseil des ministres.
REcHERcHES : Sept ans après sa disparition en Seine-etMarne, la justice a diffusé le 19 janvier un portrait « vieilli » d’Estelle Mouzin et mis en place un numéro vert dans l’espoir d’obtenir de nouveaux indices.
RéFugiéS : 124 réfugiés kurdes de Syrie ont été découverts le 2 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
22 janvier sur une plage corse où ils auraient été débarqués par un passeur ; ils ont été transférés le lendemain vers des centres de rétention sur le continent, puis libérés ; 61 des 81 adultes ont demandé l’asile politique le 24 janvier.
BuRqa : Alors que la mission parlementaire devait rendre son rapport le 26 janvier, on apprenait le 21 que les représentants catholiques, protestants et musulmans avaient exprimé des réserves sur l’opportunité d’une loi sur le port de la burqa ; la mission dont les socialistes se sont finalement retirés a achevé ses travaux dans une certaine confusion.
RadiO : Selon une étude de Médiamétrie publiée le 19 janvier, RTL reste la première radio de France en terme d’audience devant France Inter et Europe1.
éLEctiOnS : Le redécoupage électoral qui entrera en vigueur dès les législatives de 2012 a été définitivement adopté le 21 janvier ; le PS va saisir le Conseil constitutionnel.
téLétHOn : Dans une interview à L’Express du 21 janvier, Pierre Bergé, président du Sidaction, a de nouveau dénoncé « l’omnipotence mé dia tique du Téléthon… qui vampirise toutes les campagnes de dons pour les autres maladies ».
MOndE
Haïti : Une première réunion internationale sur la reconstruction du pays qui s’est tenue à St-Domingue a estimé le 18 janvier le montant des besoins à 10 milliards de dollars sur cinq ans. D’après les informations fournies par l’ONU, les promesses de dons ont atteint 1,2 milliard de dollars en une semaine.
Le gouvernement haïtien a mis fin le 23 janvier aux opérations de recherche qui ont permis de sauver 133 victimes ; le bilan officiel provisoire s’établissait alors à 150 000 morts, 200 000 blessés et environ un million de sans-abri.
cLiMat : D’après une étude publiée le 21 janvier par la revue Nature, une partie de l’ozone, gaz à effet de serre, émis par les pays d’Asie se retrouve rapidement au-dessus de l’ouest des États-Unis, mettant en péril la réglementation américaine sur ce polluant.
aFgHaniStan : Les élections législatives prévues le 22 mai prochain ont été reportées au 18 septembre faute des crédits nécessaires pour financer le scrutin (85 millions d’euros).
étatS-uniS : Avec l’élection d’un républicain au siège du sénateur Kennedy le 19 jan vier, B. Obama a perdu la majorité qualifiée au Sénat, ce qui peut mettre en cause la réforme du système de santé. Le Président a annoncé le 21 janvier son intention de limiter la taille et l’activité des banques afin de mettre fin aux excès qui ont conduit à la crise, provoquant du même coup un recul des cours de bourse.
tRanSpORt aéRiEn : Un Boeing 737 d'Ethiopian Airlines, avec 90 personnes à bord, dont la femme d'un ambassadeur de France, a explosé peu après son décollage de Beyrouth le 25 janvier. Aucune hypothèse sur les raisons de l'accident ne peuvent encore être faites mais les conditions météo étaient mauvaises.
La première compagnie aé rienne japonaise, Japan Airlines, a déposé son bilan le 19 janvier ; les autorités ont dévoilé un plan de sauvetage comportant aides publiques et suppressions d’emplois.
J.L.
ÉDITORIAL
SOMMAIRE
ACTUALITÉ
4
RETRAITES
Confusions à gauche
5
IRAN
Sanctionner Téhéran
6
BIOÉTHIQUE
7
HAÏTI
Alice Tulle
Yves La Marck
Stationnaire ?
Tugdual Derville
Une Église à reconstruire
A.E.D.
DOSSIER
8
MUSIQUE
Pop-louange à la française
Alex et Maud Lauriot-Prévost
10
Discernement
entretien avec Pierre Benoît
12
Les racines apostoliques
A. et M. L.-P.
13
Salvation
entretien avec Marie Le Fichant
14
Les "blues brothers" de Dieu
entretien avec Jean-Paul Prat (Aquero)
16
Une aventure...
entretien avec Steven Riche
ESPRIT
18
MÉMOIRE DES JOURS
19
ECCLÉSIA
Communauté St-Jean
20
LECTURES
4e dimanche ordinaire
22
LIVRES
Haïti, le malheur
Robert Masson
Père Michel Gitton
Spiritualité
Sophie Baron
MAGAZINE
23
IDÉES
25
PATRIMOINE
L'église d'Arc-sur-Tille
26
B.D.
Les indices pensables
27
CINÉMA
28
EXPOSITIONS
Miró et Tériade : Ubu
30
EXPOSITIONS
Orient-Occident
32
MUSIQUE
34
THÉÂTRE
35
TÉLÉVISION
36
TÉLÉVISION
Sélection début de soirée
38
BLOC-NOTES
Vie associative et d’Église
Identité nationale
Gérard Leclerc
André Fanjaud
Brunor
"Océans", "Mother",
"Où sont passés les Morgan ?",
"In the air"
M.-C. Renaud d'André, Georges Collar
Ariane Grenon
Alain Solari
Plaidoyer pour les orgues
François-Xavier Lacroux
"Fille de..."
"Ladies night", "Reprise d'un triomphe..."
Pierre François
"Un homme d'exception"
"Journal d'une paysanne"
"Pour que vivent les grands fleuves"
"Les aventures de Sally Lockhart"
M.-C. R. d'A.
M.-C. R. d'A.
Brigitte Pondaven
Couverture : © Pascal Fagniez
Une lettre encartée aux abonnés/actionnaires de F.C.
Solidarité
Haïti
L
sera-t-elle secourue par l'humanité
entière, rassemblée enfin positivement à l'enseigne de la
mondialisation ? On ne peut en exclure l'idée à l'heure où
tous les médias - présents sur place avant les secours diffusent à tous les points du globe la tragédie en tous
ses aspects. Nous ne sommes pas seulement informés précisément
des effets du séisme, en nombre de morts, de blessés, de destructions de biens matériels. L'aide s'organisant, on
commence à planifier la reconstruction totale
d'un pays. Mais l'attention sera-t-elle assez soutenue dans quelques mois ou années pour que
l'effort de solidarité se structure efficacement ?
Déjà, une polémique s'est déclarée à propos du
rôle des États-Unis et des conséquences d'une
arrivée aussi massive de leurs forces armées et
de leur logistique.
On ne peut être naïf au point de penser que
par Gérard LECLERC
les rapports de force vont céder face aux principes de la morale humanitaire. Si la générosité
du président Obama et de ses collaborateurs ne peut être mise
en doute, elle n'abolit pas leurs soucis qui concernent la sécurité
des États-Unis dans la région, ne serait-ce que par le biais d'un
possible exode qui rejetterait sur la côte de Floride des centaines
de milliers de boat-people. Comment oublier par ailleurs les interventions militaires précédentes décidées par les présidents des
États-Unis dans le but de modifier le régime politique d'Haïti ?
Dans l'immédiat, nous n'en sommes pas là et l'on peut espérer que
la conférence internationale qui doit se tenir prochainement, permettra de surmonter les rivalités et d'aménager un accord entre
partenaires en vue de la restauration de l'économie haïtienne.
Faut-il rappeler que la France a des liens particuliers avec ce
petit pays qui appartient à la francophonie et n'a pas oublié une
histoire douloureuse ? Bien sûr, la traite négrière à l'origine du
peuplement haïtien est loin, tout comme les événements tumultueux qui ont accompagné notre rupture au XIX e siècle. Nous
serions toutefois coupables si nous nous estimions indemnes
d'une dette morale qui défie le temps. La visite annoncée à Portau-Prince de Nicolas Sarkozy devrait être l'occasion d'un décisif
engagement. Enfin, nous ne pouvons que saluer ce pays de foi, qui
pleure l'archevêque de Port-au-Prince, tant de prêtres, de séminaristes, de religieux ! C'est aussi une Église qui est à reconstruire et
nos frères et sœurs catholiques sont en droit d'espérer que notre
solidarité leur permettra de retrouver au plus tôt les sanctuaires
perdus. Haïti a faim et soif. Il faut donner à manger, à boire à ses
habitants, leur rendre un toit. Mais il convient aussi de répondre à
la faim et à la soif spirituelles d'un peuple qui survivra parce qu'il
a une inextinguible espérance. ■
A M A L HE UR E U S E H A Ï T I
FRANCECatholique N°3197 29 JANVIER 2010
3
ACTUALITÉ
RETRAITES
par Alice TULLE
Confusions à gauche
Le projet de réforme du régime des retraites n’est pas encore
connu. Pourtant, Martine Aubry a déjà donné son point de vue,
qui est contesté par d’autres dirigeants socialistes.
C
omme tout un
chacun, Martine
Aubry a lu dans Le
Monde que Nicolas
Sarkozy voulait
réformer notre système de
retraites, afin de combler un
déficit financier bien prévisible. Le 15 janvier, le quotidien du soir affirmait que le
président de la République
étudiait trois scénarios :
- Un relèvement de l’âge légal
de la retraite, abaissé à 60 ans
en 1981 ;
- Une augmentation de la
durée des cotisations, qui
était déjà passée de 37,5
annuités à 41 annuités pour
les salariés du privé ;
- Le recours à des fonds de
capitalisation.
Craignant un débat
« esca moté », la CFTC a fait
savoir par la voix de son
président Jacques Voisin que
le débat devait commencer
aussi vite que possible et
durer jusqu’à la fin de l’année. Soucieuse de donner
l’exemple, la CFTC se déclare
opposée à l’augmentation de
la durée des cotisations. Elle
assure qu’on peut trouver des
ressources nouvelles grâce
à la hausse des cotisations
patronales et salariales pour
les régimes complémentaires
et grâce à une augmentation
de la CSG, par une taxa-
tion lourde des revenus du
capital et la suppression de
nombreuses exonérations de
charges. Force Ouvrière s’est
également opposée à l’allongement de la durée de cotisation et souhaite qu’on trouve
de nouveaux financements.
Ces premières répliques
annonçaient un débat sérieux,
mais Martine Aubry a semé
la confusion en déclarant
secrétaire de son parti mais
s’est moqué cruellement de
Michel Rocard qui « a fait un
rapport en 1991 qui faisait
des prévisions pour 2007 qui
s’avèrent totalement fausses.
Donc, à sa place, je ferais
preuve d’un peu d’humilité et
je lui demande d’avoir pour
les salariés français autant de
compassion qu’il en a pour le
Pôle Nord ! ».
qu’on pourrait reculer l’âge
légal de la retraite « à 61 ou
62 ans ». Michel Rocard a
immédiatement appuyé cette
proposition, mais les représentants de l’aile gauche du
Parti socialiste ont, quant à
eux, exprimé en termes plus
ou moins vifs leur stupéfaction. Henri Emmanuelli a évité
de s’en prendre à la Première
Marie-Noëlle Lienemann
a choisi de viser le cœur de la
cible. La retraite à 62 ans est
pour elle une idée qui porte
la marque de la CFDT (dans
sa bouche, ce n’est pas un
compliment) et de la « culture
technocratique » de trop
nombreux dirigeants socialistes – en gros de ce qu’on
appelait la deuxième gauche.
Aubry… a été « recadrée »
( Martine
comme une simple secrétaire de section
4 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
Cette polémique a porté
ses fruits. Grâce à une fuite
très opportune, la presse a
eu connaissance le 21 janvier
d’un document interne
émanant de la direction socialiste : il y est affirmé que la
retraite à 60 ans est « un droit
qui doit être maintenu ». Les
militants socialistes auront
à débattre de ce texte mais
il est acquis que ce sont les
syndicats qui seront les interlocuteurs du gouvernement
dans ce débat.
Cet incident prouve, si
besoin est, que le désordre
continue de régner au sein
du Parti socialiste. Martine
Aubry, qui venait d’être
consacrée principale opposante par un sondage, est peu
après contestée publiquement
par d’autres dirigeants socialistes et a été « recadrée »
comme une simple secrétaire de section par une note
interne. D’autres disputes
entre socialistes permettent
de se demander si les dirigeants de la rue de Solferino
ne respectent pas une règle
intangible : toute déclaration,
toute initiative d’un haut
responsable socialiste peut et
même doit être récusée dans
les médias par un ou plusieurs
autres responsables.
Les militants de base
espèrent que la campagne
pour les élections régionales
arrêtera le jeu de massacre
mais, même s’ils bénéficient
d’un armistice de quelques
semaines, la sempiternelle
guerre des chefs reprendra
dès la proclamation des résultats. n
ACTUALITÉ
IRAN
par Yves LA MARCK
Sanctionner Téhéran
La communauté internationale hésite toujours devant les
sanctions contre l'Iran et beaucoup pensent que le régime
des ayatollahs aura la bombe avant qu'il ne soit renversé...
L
a france,
qui préside
en février le Conseil
de sécurité des
Nations Unies, est
en pointe contre
le programme atomique
de Téhéran. Le président
Sarkozy en a fait sa priorité. Il l'a martelé lors de ses
vœux au corps diplomatique
le 22 janvier. Mais beaucoup
s'interrogent sur la meilleure
manière d'agir.
Il est probable en effet
que l'on recule devant des
sanctions trop pénibles pour
la population iranienne, dont
on espère parallèlement un
sursaut démocratique. La
vulnérabilité principale de
l'Iran est, dit-on, dans la
dépendance vis-à-vis de
l'importation de produits
pétroliers raffinés. L'Iran
est un gros producteur de
brut mais ne dispose pas
de capacités suffisantes de
raffinage. Mais l'effet serait
trop brutal. Il susciterait
d'autre part des contournements à travers la Turquie ou
le Turkménistan, serait difficilement gérable, tout en
fragilisant ces pays voisins.
À défaut de sanctions
massives, des sanctions
ciblées, notamment sur les
avoirs financiers à l'étranger
ou les importations d'armes,
seraient préjudiciables au
régime sans affecter la
po pu lation. L'effet serait
toutefois lent et dilué.
Quelle alternative ? Pour
les uns, il faut laisser faire
seule la contestation interne
et pour cela carrément abandonner l'arme des sanctions
(sans se poser la question
de savoir si des sanctions
n'encouragent pas les opposants et si leur abandon ne
les désespérerait pas). Pour
les autres, le temps presse,
on ne peut plus
attendre : il
faut une frappe
aérienne
massive contre
les installations
nucléaires pour
gagner le temps
nécessaire. C'est
le point de vue du
Premier ministre
Israélien.
Ladite frappe
risque cependant de casser
le mouvement
populaire,
de permettre
au régime
de proclamer
l'état d'urgence
et de légitimer une
nouvelle fois la Terreur.
D'ores et déjà la militarisation du régime est en marche.
Depuis les élections frauduleuses de 2009, les Gardiens
de la Révolution ont pris le
pouvoir à Téhéran.
Comment décider ?
Comment agir ? Ce qui revient
à dire : comment retenir le
bras de la colère d'Israël de
s'abattre sur les satrapes
perses ? Peut-on quelque
chose sur la politique intérieure
iranienne ? Le mouvement
vert est largement spontané.
Ce qui fait à la fois sa force
et sa faiblesse. Il peut aussi
bien tout renverser comme
aller nulle part. Le monde
clérical chiite est divisé et,
depuis la mort de l'ayatollah Montazeri, chef de la
contestation politico-religieuse à Qom en décembre,
ne semble pas prêt à une
relève qui permettrait de
faire une révolution par le
haut, grâce à un successeur
éclairé du Guide Suprême
l'ayatollah Khamenei qui
s'est déconsidéré en avalisant la fraude électorale.
Sauf surprise, tout ceci va
prendre du temps.
Sans attendre, il faut
donc poursuivre les
efforts internationaux
pour contrôler, sinon
arrêter, les risques
de prolifération
nucléaire. La Russie a
pratiquement rejoint
le consensus international après l'échec de
la dernière proposition
d'enrichissement de
l'uranium à l'extérieur – c'est-à-dire
en France ou en
Russie. Reste à lever
l'obstacle chinois,
traditionnellement
hostile aux sanctions et principal
partenaire pétrolier
de l'Iran, qui pourrait
opposer son véto au
Conseil de sécurité.
La clé du dossier iranien
est à Pékin. Si l'on est d'accord que la priorité de la paix
du monde en 2010 passe par
Téhéran, il faudra y mettre
le prix auprès de la Chine. n
La dépendance vis-à-vis de l'importation
de produits pétroliers raffinés
)
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
5
ACTUALITÉ
Stationnaire ?
par Tugdual DERVILLE
Six mois après la fin des états-généraux de la bioéthique et
à l’approche du débat à l’Assemblée nationale, la mission
parlementaire dédiée au sujet a rendu ses conclusions.
D
tout ce
processus qu’il a
porté, le député
UMP
Jean
Leonetti, a affiché
sa prudence : l’idée de tout
bouleverser, dans un sens ou
dans un autre, s’est éloignée.
Selon qu’on regarde le verre
à moitié vide ou à moitié
plein, on peut s’en attrister
ou s’en réjouir. Même si les
graves transgressions déjà
avalisées ne sont pas remises
en cause, certains « remparts
éthiques » sont confirmés.
L’assistance médicale à
la procréation demeurerait
ainsi réservée aux couples
médicalement infertiles
et donc inaccessibles aux
personnes homosexuelles,
ainsi qu’aux célibataires
ce que le député PS Alain
Claeys regrette. En matière
de recherche sur l’embryon,
Jean Leonetti préconise le
maintien du régime d’interdiction, assorti de dérogations. Une position en
retrait par rapport à l’avis
du Conseil d’État, et que
déplore aussi Alain Claeys,
du moins quant à son libellé.
En réalité, cette notion d’interdit qu’on peut transgresser ne garantit rien. D’autant
qu’on préconise d’assouplir
les conditions posées pour
déroger : l’expression « finaurant
lité thérapeutique » serait
remplacée par « finalité
médicale » ce qui revient à
encourager toute recherche
sur l’embryon, sans privilégier les techniques qui le
respectent.
La position est plus nette
pour les mères porteuses : on
en maintiendrait l’interdiction. Une attitude décomplexée, face au libéralisme
anglo-saxon, et conforme
à l’avis du Conseil d’État :
la France n’a pas à s’aligner « sur le moins-disant
éthique ».
Les principes auxquels
se réfère Jean Leonetti
demeurent « l’anonymat, la
gratuité et le respect de la
dignité » (une notion dont les
définitions se contredisent).
Le député emblématique
de la bioéthique propose
de rajouter à ces principes
celui de « l’intérêt de l’enfant
à naître ». C’est à ce titre
qu’il récuse l’insémination
post-mortem, c'est-à-dire
de concevoir un enfant d’un
père déjà mort qui aurait
préalablement fait stocker
son sperme. En revanche,
il appuierait plutôt l’autorisation du transfert postmortem d’embryons déjà
conçus. C’est au moins une
façon de bien différencier les
gamètes, cellules essentielles
mais qui ne sont pas un être
humain, des embryons qui
constituent déjà des êtres
humains, pourvus de leur
patrimoine génétique.
Deux préconisations
risquent enfin de provoquer
des protestations.
D’abord le refus d’accéder
à la demande de personnes
nées d’un don anonyme
de gamètes qui veulent
connaître leur origine
biologique. Explication de
Jean Leonetti : « Un enfant
ressemble à celui qui l’a
élevé, aimé et non à une
combinaison génétique ». Ce
déni du biologique n’a rien
de scientifique.
Par ailleurs, la mission
parlementaire suit une
préconisation récente du
Comité Consultatif National
d'Éthique qui a beaucoup
choqué : celle d’inclure au
diagnostic préimplantatoire
le dépistage de la trisomie 21. On sait la composante eugénique du tri des
embryons mais le législateur
avait bien pris soin de ne pas
constituer de liste des handicaps visés. Alors, pourquoi
discriminer officiellement les
seuls embryons trisomiques ?
Pour les personnes qui vivent
avec cette anomalie génétique, c’est un nouveau
signal d’exclusion. n
France n'a pas à s'aligner
( La
« sur le moins-disant éthique »
6 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
Une Égl
L
national
de Port-au-Prince
s’est écroulé. L’AED
a reçu la confirmation que 30 jeunes
séminaristes sont morts dans
l’écroulement du bâtiment.
Mgr Louis Kébreau, archevêque de Cap-Haïtien et
président de la conférence
épiscopale du pays a lancé
un appel à l'AED en faveur
des séminarites survivants :
« Ils n’ont plus rien, personne
pour les aider, et ils cherchent
désespérément à rentrer dans
leurs diocèses d’origine situés
à plusieurs dizaines de kilomètres de Port-au-Prince ».
Mgr Chibly Langlois,
évêque de Fort-Liberté (nord
du pays), nous écrit par
courriel : « Un des séminaristes est resté coincé dans
les décombres du séminaire
pendant deux jours et demi.
Un autre a été blessé. Trois
autres sont toujours sous
le choc [émotionnel] et ont
besoin de soins spéciaux. »
Mgr Langlois a déjà envoyé
deux de ses séminaristes en
République Dominicaine afin
qu’ils soient soignés adéquatement.
Une aide ciblée est essentielle, bien sûr pour les séminaristes eux-mêmes, mais
également pour le peuple
haïtien. Les futurs prêtres
seront appelés à soulager,
guérir, consoler… « C’est
pourquoi l’AED pense déjà
à l’avenir, au moment où
nous en sommes à l’aide
d’urgence », explique Marc
Fromager, directeur de l’AED.
« Pour nous, soutenir ces
e séminaire
© AED
BIOÉTHIQUE
HAÏTI
ise à reconstruire
Après avoir débloqué une première aide d’urgence de
50 000 €, l’Aide à l’Église en Détresse a envoyé 70 000 €
pour soutenir 200 séminaristes qui n'ont plus rien.
séminaristes, c’est soutenir le
peuple. Les Haïtiens sont très
croyants. Pour les chrétiens,
leur foi est essentielle pour
mieux reconstruire le pays. »
Dans un message envoyé
à l’AED, Mgr Joseph Gontrand
Décoste, évêque de Jérémie,
ville située à plus de 200 km
à l’ouest de Port-au-Prince,
rapporte que de nombreuses
églises et bâtiments religieux
de la ville sont fissurés. Il écrit
aussi que deux prêtres de
paroisses sont « assaillis » par
les gens de Port-au-Prince,
« qui viennent frapper à la
porte du presbytère » pour
obtenir de l’aide, un soutien
qu’ils n’ont pas les moyens de
fournir alors qu’eux-mêmes
manquent de tout.
Enfin, selon l’AFP les
Sœurs de Sainte-Thérèse de
l’Enfant Jésus de la capitale
seraient seules dans leur
orphelinat avec une centaine
de cadavres d’enfants, et
auraient besoin d’aide pour
venir en aide à ceux qui sont
toujours vivants. n
L
e 15 janvier 2010, nous recevions
ce mail d'un ami d'Haïti qui tentait
de faire un bilan. N'y cherchons
pas des renseignements fiables, mais
un constat à un moment donné, qui a pu
évoluer : « Les Filles de Marie sont très
touchées par le séisme. Les bâtiments
du Bel-Air sont effondrés et 15 disparues. Sœur Bernadette Hilaire FDM, la
Provinciale des filles de Marie et Sœur
D’assise Thevenin FDM sont mortes.
Sœurs Paul Salgado, Lea, Henriette-Noel,
Jacintha, Rose-Laure, Évena, Madeleine
Destinoble, Émilienne et Élida, une des
deux postulantes, sont blessées. Les
autres sont sous les décombres. Les
sœurs indemnes n'ont pas de soins
médicaux, pas de nourriture, pas d'eau...
Elles vont se réfugier chez les sœurs de
Calcuta à la rue Saint-Martin.
Congrégation des Pères Montfortains :
Père Jean-Baptiste et 9 séminaristes
sont morts. La maison provinciale des
Pères Oblats est sérieusement endommagée, et la nouvelle construction
(l'annexe) a cédé. Le scolasticat s'est
aussi effondré. Weedy Alexis, un scolastique oblat est éteint. Les Spiritains :
Stéphane Dougé est mort. La maison des
Spiritains et leur Église sont détruites,
plusieurs prêtres, frères, religieuses
sont portés disparus. Se sont aussi
effondrés : le Grand Séminaire de théologie à Turgeau, le Grand Séminaire de
philosophie à Cazeau, l'église épiscopale
la Sainte-Trinité et plusieurs autres
grandes églises et écoles catholiques ou
Vue du Palais présidentiel.
protestantes. On a dénombré 8 décès
parmi les séminaristes de Cazeau.
Congrégation des Salésiens : Frère
Hubert Sanon 85 ans est mort. Pere
Attilio Stra et d’autres confrères sont
blessés. Plus de 200 étudiants Salésiens
sont encore dans les décombres. Les
maisons provinciales de Port-au-Prince
et de Fleuriot des Salésiens sont
sévèrement endommagées. Les Salles
de classe de Gressier sont détruites.
L’Église de St Louis R. de France est
affectée. L’Église de Notre-Dame du
Rosaire de la Croix-Des-Bouquets
endommagée. Léogane : L’Église de
Ste-Rose de Lima affectée et pertes en
vie humaine. Les pères et les frères de
Ste Croix : eur Provincialat est presque
totalement détruit et un scolastique,
Emmanuel Jacques Guillaume a été tué.
La Congrégation des filles de la Sagesse
- l’école du Sacré-Cœur s’est écroulée.
Sr Jeannine est décédée. Plusieurs
religieuses des filles de la Sagesse sont
sous les décombres. Leur Maison et
l'hôpital de Léogane se sont effondrés.
La maison et l'asile des Compagnes de
Jésus est effondrée. La partie centrale
de la maison des Jésuites est sérieusement endommagée. Les sœurs de la
Congrégation de L’Immaculée Conception
Les Sœurs de la maison provinciale et
centrale vivent et couchent à la belle
étoile comme leurs compatriotes. La
sœur jumelle de Sœur Mona Henry a
perdu la vie dans l’effondrement du
local dans lequel se trouvait Mgr Miot.
La mère de sœur Marcda Desravines
est décédée avec des cousines/cousins
dans la maison où ils étaient. La maison
provinciale a de nombreuses fissures ;
la chapelle est rasée complètement.
L’école IMD (Institution Mère Délia)
a aussi des fissures. Les Frères de
l’Instruction chrétienne : la maison
provinciale s’est complètement écroulée.
Fr. Joseph Bergot est mort mercredi
malgré son hospitalisation au CanapéVert. Fr. Rancourt a des fractures aux
jambes. Fr. Fernand Doyon est presque
indemne : une petite blessure au front.
Fr. Rancourt et Fr. Fernand tous deux
Canadiens sont maintenant à leur
ambassade en attente d’être rapatriés
dans leur pays. Fr. Dominique Baron se
trouvait au rez-de-chaussée de retour de
son travail : la maison s’est écroulée sur
lui il est sous les décombres probablement décédé.
Juvénat : aucune victime. Le bâtiment
du grand Juvénat paraît très fragilisé et
pourrait s’écrouler. Le Juvénat accueille
plus de 2000 sans-abri sur son terrain.
Saint-Louis-de-Gonzague – rue du
Centre : pas de victimes. Saint-Louisde-Gonzague – Delmas : pas de victimes.
La résidence des Frères s’est écroulée.
Dans les bâtiments des classes : portes
fenêtres et murs sont tombés. La structure pourrait avoir résisté. Nombreuses
lézardes dans les autres bâtiments.
Les terrains de l’école ont accueilli des
centaines de sans-abris. À La Vallée
plusieurs petites maisons sont endommagées elles n'étaient pas très solides.
Aucun mort ni de blessés graves. Notre
communauté est fissurée par endroits.
Jacmel : pas de victimes. La résidence
des Frères est écroulée. Les Frères
logent dans les classes. Frères du
Sacré-Cœur : le Canado et le collège
St-Jean sont écroulés. Sœurs de
Ste-Hyacinthe : l’école qui est auprès
de La Mennais s’est écroulée la maison
provinciale (et de retraite) est coupée
en deux morceaux. Sœurs de St-Joseph
de Cluny : Ste-Rose serait complètement
écroulé. Pas de nouvelles concernant les
Sœurs. » etc., etc. n
Ruines de la cathédrale
de Port-au-Prince.
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
7
DOSSIER
Pop-louan
àlafrançaise
par Alex et Maud
LAURIOT-PRÉVOST
On assiste chez les catholiques français
à une prise de conscience des fruits de
la pop-louange sur le terrain pastoral.
Cela, on le doit essentiellement à
l'expérience en cours à Lyon.
À
l'occasion du 8 décembre à Lyon,
cette fête des Lumières que les chrétiens ont su se réapproprier en partie
ces dernières années, 400 personnes
se sont rassemblées pour fêter la
première bougie de « Lyon-Centre ».
À l’origine - nous en avons parlé
plusieurs fois dans ces colonnes - la rencontre
début 2008 entre le Père David Gréa, le jeune
curé de la presqu’île entre Rhône et Saône et les
membres du groupe Glorious, figure de proue de
la pop-louange catholique française, alors en
plein questionnement sur son avenir.
L’intuition ? La traduction catholique des Megachurches vécues par les évangéliques dans de
nombreux pays, et dont Hillsong en Australie est
sans doute la plus connue.
Le projet ? Accompagner un public jeune - lycéen, étudiants, jeunes pros’ - vers une découverte du Christ.
La concrétisation ? Réunir chaque semaine
depuis décembre 2008 (jeudi soir, 20 h à 21 h 30,
27 rue de Condé, 69002 Lyon) des centaines de
jeunes autour du triptyque : louange, prédication,
temps d'échange ou démarche symbolique. L'adoration se trouve dans l'église qui jouxte la chapelle
et où des prêtres sont disponibles pour confesser
ou parler. Côté qualité et moyens : une chapelle
équipée en salle de concert, et chaque semaine
la mobilisation de 5 musiciens professionnels, un
staff d’une quarantaine de jeunes au service et
à l’animation, des prêtres à disposition pour les
confessions, une organisation millimétrée…
Les critiques n'ont pas manqué : « ce n’est pas
incarné, c’est une bulle, un feu de paille, ça ne va
8 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
Comment
une telle
dynamique
a-t-elle pu
monter en
puissance
aussi
rapidement ?
pas durer », « les gens vont se lasser, à part une
poignée de collégiens excités ou de chachas perturbés », « la rupture est trop forte, cela va diviser
la paroisse », « c’est du néo-fondamentalisme catholique ». Mais les faits sont là : plus de 40 soirées,
un public, régulier depuis un an, de 300 à 400 personnes constitué majoritairement de 18-25 ans qui
viennent pour beaucoup plusieurs fois dans l’année ; si on relève un bon noyau de 50-100 jeunes
assidus chaque semaine, ce sont aussi, 10, 20 ou 30
nouveaux qui découvrent Lyon-Centre chaque jeudi soir, qu’ils soient du quartier, du diocèse ou de la
région : beaucoup d’individuels viennent constater
par eux-mêmes ce dont la presse s’est fait l’écho
ou sur les recommandations de prêtres, d’amis ou
de la famille ; des parents ou grand-parents, des
collégiens sont également présents chaque semaine, tandis que des soirées ‘spécial famille’ et
enfants rencontrent un succès croissant chaque
veille de vacances (mais le vendredi cette fois-ci !).
On ne compte plus également les participants
en provenance de diocèses, paroisses, mouvements de toute la France. Plusieurs s’interrogent
sur la possibilité d’implanter un tel projet paroissial
et missionnaire dans leur propre ville : Albi-Centre
ouvre début 2010, Paris, Strasbourg, Genève, Barcelone… s’interrogent. En 1 an, 15 000 personnes
ont ainsi été accueillies grâce à un vivier de plus
de 100 bénévoles et des relais efficaces avec la
pastorale des jeunes du diocèse, des mouvements
et certaines aumôneries… le tout avec un budget de fonctionnement équilibré malgré des coûts
importants (dont les cachets à 5 artistes lors de
chaque veillée !), grâce à la libre contribution des
participants aux soirées et aux dons.
Mais alors, comment une telle dynamique at-elle pu monter en puissance aussi rapidement ?
Pour le Père Gréa, « depuis le début, Lyon-Centre
est conçu comme un outil d’évangélisation, certes
au service de la paroisse de la presqu’île, mais aussi
du diocèse dans toute sa diversité ». Lyon-Centre
apparaît donc comme un nouveau portail ecclésial
pour de nombreux jeunes qui se sentaient jusque-
© LOUIS HÉTROY
© LOUIS HÉTROY
© LOUIS HÉTROY
ge
là mal à l’aise avec la foi, Dieu ou l’Église, ou qui
avaient simplement besoin constate Jam’, leader de
Glorious, de « goûter personnellement l’amour de
Dieu et de se faire cramer par le feu de l’Esprit, au
travers d’une forme nouvelle qui est forte et vraie,
et surtout qui propose explicitement l’Évangile ! ».
Bref, le projet marche parce qu'il répond à un besoin. Et le père Gréa de résumer : « Aux côtés de
bien d’autres initiatives, Lyon-Centre a l’ambition
de conduire à un réveil intérieur par l’Esprit-Saint
et à une rencontre du Christ vécue en Église ! »
Un point sensible (et sur lequel l’archevêque
de Lyon est sûrement très vigilant…) : l’impact
de Lyon-Centre sur la vie du diocèse ! Parmi les
mouvements, les aumôneries, les paroisses voisines et même les communautés nouvelles très
actives sur Lyon, il y avait certaines craintes de
voir Lyon-Centre plus ou moins ‘siphonner’ les
ouailles. « C'est le contraire qui s'est passé, affirme le Père Gréa : plusieurs confrères m’ont
témoigné d’un regain d’intérêt et de motivation
de certains jeunes pour la foi et la prière. Dans
notre paroisse : la messe du dimanche soir a vu
son assemblée tripler au fil de l’année dernière
et nous voyons depuis cette rentrée une croissance prometteuse de la participation à la messe
du dimanche matin… sans vider les paroisses
alentour ! », preuve que Lyon-Centre a vraiment
entrepris dès ses débuts un travail pastoral sérieux : il conduit peu à peu vers un enracinement
spirituel et ecclésial, vers la vie sacramentelle,
l’engagement, l’approfondissement de la foi…
Lyon-Centre n’est pas pourtant devenu la pa-
Lyon-Centre
n'est pas
devenu la
panacée
pastorale
du diocèse
nacée pastorale du diocèse de Lyon ! L’équipe aux
commandes est bien consciente de tout le travail qu’il reste à accomplir et des nombreux défis
à relever : pérenniser et développer le concept,
renouveler et former les bénévoles, former de
nouveaux musiciens et ‘conducteurs’ de louange
(avec la création de la Lyon-Centr’Academy),
trouver et inviter des prédicateurs adaptés pour
des soirées exceptionnelles, diversifier et rendre
plus régulières des rencontres avec des publics
différents (enfants, couples, collégiens, familles,
pères, mères… ?), développer la mise à disposition de Lyon-Centre comme outil d’évangélisation au service des mouvements ou aumôneries,
bien clarifier la distinction (très bien entamée)
entre Lyon-Centre et Glorious, assister des porteurs de projets similaires dans d’autres diocèses,
anticiper sans précipiter la question du lieu d’accueil (qui tôt ou tard va devenir trop petit)…
Lyon-Centre ? Un chantier qui n’a pas fini de
nous surprendre, un incubateur missionnaire paroissial pour l’Église de France : « La clé de la mission, c’est répondre à l’appel de l’Esprit-Saint et le
vivre en Église. Tout le reste en découle, car cette
soif de Dieu présente chez tant de gens nous a
beaucoup frappés cette année : ils sont naturellement en attente, les paroissiens de s’engager fortement dans un projet qui a du sens et porte du fruit,
les non-croyants ou non-pratiquants de rencontrer
le Dieu de vie. En fait, il faut simplement peut-être
avoir l’envie et le culot de se dire ensemble, prêtres
et laïcs, qu’on est prêt à allumer la mèche : l’EspritSaint s’occupe du reste et vient mettre le feu ! » n
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
9
DOSSIER
EntretienavecPierreBenoît
Discernement
propos recueillis par Alex et Maud LAURIOT-PRÉVOST
Pierre Benoît est diacre, agrégé de l’Université,
docteur en philosophie, père d’une famille
nombreuse… Il a dirigé l'Institut des Sciences
de la Famille à l’Université catholique de Lyon et
a coordonné un document de la Conférence des
évêques de France intitulé : « Simples questions
sur la vie et la famille » (paru aux éditions Satisfecit à
Lyon). Le voici maintenant chargé d'une mission
de réflexion sur la pop-louange...
n Pierre Benoît, vous êtes le coordinateur du rap-
port de la Conférence des évêques sur l'articulation de la musique contemporaine avec la
pastorale des jeunes. Ce rapport paraît ce mois-ci
et sera complété par un livre aux éditions des
Béatitudes. Pourquoi l’épiscopat a-t-il engagé une
réflexion approfondie sur ces questions ?
Par souci des jeunes. Cette réflexion est de
l’initiative du Conseil pour la pastorale des jeunes
et des enfants de la Conférence des Évêques de
France, conduit par Mgr Rivière, évêque d’Autun.
En interrogeant les jeunes sur ce qui leur importait pour vivre plus intensément et prier durant
la liturgie, il est apparu que la qualité musicale
venait en tête des indications. Évidemment, la
musique n’est pas pour eux « la » source de la vie
chrétienne, mais elle semble favoriser leur engagement dans la prière. Cette indication a conduit
ce Conseil à un discernement sur les pratiques
musicales chrétiennes contemporaines. Qu’estce qui est valable et pourquoi ?
n Cet intérêt est nouveau pour nos évêques ?
Les évêques se soucient depuis quelques siècles
de l’accompagnement des jeunes et de l’expression musicale chrétienne ! La pop-louange prend
cependant place dans une expérience culturelle à
laquelle beaucoup de pasteurs sont étrangers ; il
y a de plus un contentieux qui dure entre l’Église
et le rock, dont la dénonciation des musiques sa-
10 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
Pierre Benoît.
taniques est la part émergée. La question se pose
légitimement de la profondeur spirituelle des expériences émotionnelles liées à la pop-louange : y
a-t-il là une manipulation, une expérience d’exaltation superficielle éloignée du sérieux d’une foi
responsable, ou encore seulement une tentative
ponctuelle, démagogique et sans lendemain pastoral pour rejoindre les jeunes ?
n Quelle est la conclusion de vos travaux ?
L’évangélisation n’est jamais le fait d’une
musique ou d’un média en tant que tel, mais de
l’annonce de la Parole de Dieu et du Salut en Jésus-Christ, de la célébration liturgique
authentique et du témoignage évangélique par la charité. Croire au pouvoir
missionnaire de la musique conduit à
la déception ; cela est aussi vrai de la
musique grégorienne ou des cantates
de Bach. L’amateur de telles musiques
ne devient pas chrétien parce qu’il les
écoute. C’est par la foi et la conversion
personnelle des artistes, par la qualité
artistique des textes et des musiques,
par un souci de communion ecclésiale
que ces musiques et ces groupes porteront des fruits missionnaires.
n Que peut-on attendre spécifiquement de la pop-
louange pour l’évangélisation ?
L'exultation
dans la
louange
est une
expérience
forte
d'abandon
à Dieu
Les musiques actuelles conduisent à des
comportements dansants et émotionnels : elles
aident à faire l’expérience que Dieu est source
de vie dans notre corps et notre subjectivité
émotionnelle ; elles participent pour leur part à
faire l’expérience de sa paternité, de son amour
et de la vie de l’Esprit Saint. L’exultation dans
la louange est une expérience forte d’abandon
à Dieu, et témoigne d’une puissance de vie touchant le cœur et le corps : en cela, il touche particulièrement la jeunesse dont la conscience de
soi est certes plus émotionnelle que rationnelle.
Les détracteurs de ces musiques partent du
principe que l’émotion est d’emblée irrationnelle
© LOUIS HÉTROY
© PASCAL FAGNIEZ
degré de fidélité dogmatique ne peut être exigé
de la même manière dans une paraliturgie ou un
concert-spectacle ; la question du niveau sonore
n’est pas le même dans tous les contextes. En
revanche, nous avons souligné que, dans tous les
cas, le témoignage chrétien réclame que les paroles puissent être audibles.
et donc suspecte. Mais dans un milieu équilibré,
comme l’est généralement celui de l’Église, l’émotion peut être porteuse d’un sens profond et vrai
lorsque la Parole de Dieu l’éclaire et l’oriente,
lorsque l’accompagnement pastoral conduit à dépasser cette seule émotion pour faire grandir et
enraciner la foi, la prière et la conversion de vie.
n Que proposez-vous concrètement à l’épiscopat et
aux artistes concernés ?
n Vos travaux mettent en évidence une réalité plus
En effet, nous avons préféré utiliser
l’expression « musiques actuelles chrétiennes », plus ouvert et objectif que « poplouange ». Nous avons discerné quatre
usages pastoraux des musiques actuelles
chrétiennes : premièrement celle de spectacle devant des publics divers, comme
le font Aquero ou Théos ou Delphine ou
Grégory Turpin, et bien d’autres ; il s’agit
d’un témoignage de chrétiens par la musique, comme d’autres le font par la peinture ou
l’écriture. Le Festival de Pâques à Chartres, organisé par Jean-Baptiste Fourtané, est un moment
très intéressant à cet égard. D’autres organisent
des concerts de louange, comme Glorious, Exo ou
Hillsong, invitant des assemblées à partager l’expérience de la louange et de la prière ; la pastorale
est là confiée aux membres du groupe. Troisièmement, on use des musiques actuelles dans des
paraliturgies, comme par exemple devant le pape
durant les JMJ ou aux rassemblements du MEJ.
Les musiciens sont alors soumis aux attentes des
pasteurs. Quatrièmement, on utilise les musiques
actuelles dans la liturgie elle-même, comme Push
ou Laurent Gribovsky au Frat de Lourdes.
n La responsabilité pastorale de l’Église ne peut
être la même dans chacune de ces situations…
© PASCAL FAGNIEZ
vaste et diversifiée que la seule pop-louange ?
Il y a une double priorité des rédacteurs de
ce document : inviter la hiérarchie pastorale à
accueillir favorablement les musiques actuelles
chrétiennes, et encourager les groupes concernés
dans leur démarche chrétienne et artistique. Nous
insistons sur ce que ces musiques peuvent
apporter dans l’expérience ecclésiale et spirituelle pour tous les chrétiens.
Plus concrètement, il est proposé que
l’Église en France accompagne les artistes
de ces groupes aux plans professionnel et
pastoral avec des propositions de formations musicales, liturgiques… mais aussi
celles de multiplier les scènes, voire de
proposer un label et d’ouvrir une agence
artistique chargée d’un réseau. L’idée est
que cet accompagnement se structure au niveau
des provinces ecclésiastiques car l’expérience et
les avancées sur ces questions sont hétérogènes
en France ; certaines de ces propositions sont
d’ailleurs déjà mises en œuvre dans plusieurs
diocèses, signe d’un intérêt concret des communautés catholiques à l’égard de ce phénomène.
Ce don particulier de la musique est puissance de vie, et Dieu fait aujourd’hui ce don à
son Église. « Jeunes et vieux se réjouiront ensemble » dit le prophète Jérémie : qui que nous
soyons, n’hésitons pas à accueillir ce don comme
tel et avec action de grâce. n
Chaque cas
doit être
discerné avec
des éléments
spécifiques
www.Glorious.fr
© LOUIS HÉTROY
Effectivement. Chaque cas doit être discer- Un reportage Révélateur TV
sur Glorious et Lyon-Centre
né avec des éléments spécifiques : l’obéissance est actuellement visible sur
aux normes liturgiques appartient par exemple
le site internet de
France Catholique.
à la liturgie mais non au concert de louange ; le
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
11
DOSSIER
C
Lesracinesapostoliques
delapop-louange
ontrairement à certaines idées reçues, la pop-louange
n’est pas une concession démagogique aux modes
pour racoler à peu de frais une jeunesse très
majoritairement éloignée de l’Église et de la foi. Certes,
la pop-louange utilise un langage musical contemporain
devenu universel, elle s’exprime dans nombre d’espaces
publics, souvent plus neutres que les églises, nouvelles
'agoras' du monde moderne - salles de spectacle, places,
chapiteaux, festivals, Internet - mais elle ambitionne avant
tout d’actualiser, au travers des codes musicaux actuels,
l’expérience même des premiers apôtres : "Je te chanterai
au milieu de la grande assemblée" (He 2, 12), "Je te louerai
parmi les nations, je chanterai à la gloire de ton Nom (…).
Nations, exultez avec son peuple." (Rm 15, 9-10), "Chaque
jour, d'un seul cœur (...) avec allégresse et simplicité, ils
louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et
chaque jour le Seigneur adjoignait à la communauté ceux
qui seraient sauvés" (Ac 2, 46-47).
Ainsi, chez les artistes évangéliques ou catholiques qui y
sont engagés, la pop-louange authentique se caractérise
par une profonde démarche personnelle de foi, ancrée
dans la Parole de Dieu, la vie spirituelle et leur
communauté ecclésiale (1) ; cette foi s’exprime
dans l’exercice même de la musique qui se veut
‘inspirée’, que ce soit dans la composition des
chansons (paroles et mélodie), ou en studio,
sur scène et en assemblée. Même si les artistes
s’expriment chacun avec leur caractère et
leur charisme propre, ils sont pour la plupart
habités par le zèle missionnaire et le désir d’accompagner
leur ‘public’vers la rencontre personnelle du Christ, vers
l’expérience intime et personnelle de la présence du
Saint-Esprit et l’accueil de la Parole de Dieu. Quiconque
regarde sur YouTube ou DVD les vidéos des concerts de
Delirious ou Hillsong, d’Exo ou Glorious, sera rapidement
convaincu que la pop-louange conduit bel et bien à la
prière, à l’écoute de la Parole et à l’amour de Dieu.
Certains observateurs n’y voient pourtant que des
excitations émotives superficielles, voire des hystéries
collectives : même si la pop-louange est assez soft et bon
enfant, on y retrouverait les travers des mega-concerts
des rock-stars ou des immenses boites de nuit des DJ à
la mode. L’argument n’est pas sans fondement lorsque
certains groupes chrétiens se concentrent surtout sur le
show musical et la fête, et ne conduisent pas effectivement
à l’intériorité, à l’intimité avec Dieu et à des démarches de
conversion ou de retour au Christ.
C’est pourquoi il est nécessaire - quitte à surprendre sans
doute certains - de bien saisir que la ‘vraie’ pop-louange
n’est au final qu’une forme d’actualisation contemporaine
de l'expérience spirituelle et missionnaire de la Pentecôte :
même si elle prend des accents de guitares électriques et
de synthétiseurs, rythmés par la basse et la batterie, une
louange publique à Dieu dans une foi assumée et confessée,
rejoint effectivement l’expérience des apôtres à leur sortie
du Cénacle après l'effusion de l'Esprit-Saint : ils chantent
et "publient les merveilles de Dieu" que chacun entend
"dans sa propre langue" rapporte Ac 2, 10. Quelle que
soit son origine, chacun ‘comprend’ les disciples car cette
louange touche profondément le cœur de ces pèlerins de
toutes nations présents à Jérusalem. Elle prépare ainsi la
prédication de Pierre sur la Révélation et le Salut donné par
le Christ, ce qui conduit un grand nombre à être "stupéfaits"
et à en avoir "le cœur transpercé". Comme l’Église en fait
l’expérience mystérieuse et constante depuis 2000 ans, la
louange inspirée est une porte universelle : elle ouvre le
cœur de l’homme à la présence divine et porte à l’écoute
attentive de sa Parole qui "pénètre jusqu’à la pointe de
l’âme et de l’esprit" (He 4, 12). Introduire les hommes dans
une telle louange est donc une expérience primordiale où
se ‘réveille’ la soif spirituelle qui habite l’âme de chacun,
soif trop souvent enfouie et cachée. Le cœur s’ouvre et le
processus évangélisateur s’amorce par étapes.
Ne craignons pas que cette ouverture par la
louange soit un feu de paille : après la prédication
de Pierre, ceux qui eurent "le cœur transpercé"
s'adressèrent aux apôtres pour les interpeller :
"Que devons nous faire ?" Un cœur ouvert à
Dieu amorce plus facilement un questionnement
personnel et peut alors entamer une découverte de
la vie chrétienne conformément, là encore, à l’expérience
apostolique rapportée dans les Actes des Apôtres : c’est
l’étape de l’initiation et de la croissance au travers de la
catéchèse ancrée dans la Parole de Dieu, l'apprentissage
de la vie chrétienne, la vie sacramentelle, l'intégration à la
communauté ecclésiale (cf. Ac 2, 46-47). Non sans un certain
étonnement, les responsables de Lyon-Centre confirment
clairement ce processus dès leur 1ère année ; de nombreux
jeunes catholiques, aujourd’hui engagés dans l’Église et dans
l’évangélisation, ont été eux-mêmes saisis par Dieu grâce à ce
type d’événements musicaux et peuvent l’attester.
La pop-louange n’est donc pas une concession facile faite
à la modernité, mais un levier majeur pour la mission : les
jeunes catholiques et les pasteurs impliqués aujourd’hui
dans la ‘nouvelle évangélisation‘ si chère à Jean-Paul II et
Benoît XVI ne s’y sont pas trompés en s’y investissant avec
enthousiasme et énergie.
Alex et Maud LAURIOT-PREVOST
Le processus
évangélisateur
s'amorce
par étapes
12 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
(1) Cette exigence personnelle et spirituelle n’était d’ailleurs pas le
cas de nombre de groupes de rock ‘chrétien’ des années 70 : ils ont
porté bien peu de fruits apostoliques, se sont rapidement lassés ou
ont dévié vers une musique profane.
DOSSIER
EntretienavecMarieLeFichant
Salvation
propos recueillis par Alex et Maud LAURIOT-PRÉVOST
n Vous êtes la chanteuse du groupe « Salvation »,
avions appris 3 semaines auparavant que nous
pouvions avoir accès à cette scène. Il a donc
fallu « monter » ce concert rapidement et efficacement, choisir des chants (en piochant dans
nos compositions mais aussi dans le répertoire
de groupes chrétiens comme Hillsong, Glorious
ou Ararat) et surtout travailler une orchestration,
et beaucoup répéter en peu de temps.
Au niveau spirituel, cela a nécessité une
bonne dose d’abandon !
quel est votre parcours musical et chrétien ?
J’ai eu la chance d’avoir une famille qui m’a
fait connaître l’amour du Christ. Ma foi s’est ensuite consolidée à mesure de ma vie de prière et
de mes engagements dans l’Église. Ce sont ces
engagements (animations de messe, groupes de
prière…) qui m’ont conduit à découvrir la beauté
de la louange et à développer mes talents dans la musique. Il en est plus
ou moins de même pour les autres
membres du groupe. Matthias et Thomas ont fait partie d’autres groupes
tandis que Laëtitia (la bassiste du
groupe) et moi-même en sommes avec
Salvation à notre première expérience.
n Personnellement, les frères Pouzin
vous ont invitée à chanter à LyonCentre depuis octobre : que retirezvous de cette expérience ?
Cette expérience s’avère très belle !
J’ai pu entrevoir la façon dont fonctionnait un groupe professionnel, mais
aussi toucher un peu à la scène dans
un cadre particulier de « concerts de
louange ». Participer au projet LyonCentre, qui est un véritable lieu d’évangélisation,
me fait aussi grandir dans ma foi.
n En créant à la rentrée 2009 Salvation,
quels étaient vos objectifs ?
Nos objectifs sont simples. : il nous
faut d’abord apprendre à jouer ensemble, c’est
tout un travail à la fois technique et créatif pour
que la musique produite soit de qualité. En ce qui
concerne nos objectifs chrétiens, notre désir est
que notre musique soit au service de la prière.
C’est le cœur de notre démarche.
n Créer aujourd'hui un groupe de pop-louange, c'est
vouloir faire de la musique chrétienne ou vouloir
évangéliser par la musique ?
La musique, comme l’art, appelle le beau. Elle
peut donc être l’instrument qui ouvre les cœurs
et permet une rencontre avec Dieu. Une musique
n’est pas chrétienne par sa mélodie ou par les
notes qui la composent mais par les paroles qu’elle
porte. L’artiste chrétien qui parle de sa foi, plus ou
moins explicitement, participe à l’évangélisation.
n Comment voyez-vous la collaboration de votre
groupe avec l'Église ?
Que notre
musique soit
au service
de la prière
Le groupe n’est pas rattaché à une paroisse
ou à un mouvement en particulier. Cependant,
nous pensons que notre musique ne pourra porter beaucoup de fruits que si elle se met au service de l’Église, et surtout au service d’une dynamique pastorale.
n Quelles sont vos priorités pour 2010 ?
Nos différentes études ou vies professionnelles font que pour l’instant nous ne pouvons
envisager que des projets à court terme pour le
groupe. Nous ne savons pas vraiment comment
il est appelé à évoluer au-delà. Nous continuen Se produire devant une foule imposante à l'occasalvationgroupe@
rons donc à travailler ensemble, et à faire ausion du 8 décembre, cela doit être un sacré chalgmail.com
tant que possible des concerts ou animations de
lenge pour un tout jeune groupe…
veillées ou de rassemblements jusqu’à cet été, là
Ce premier concert à Fourvière a été une forte http://www.myspace.com/ où on nous invite à intervenir. Après, à la grâce
expérience musicale et spirituelle. En effet, nous
salvationgroupe
de Dieu ! n
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
13
DOSSIER
EntretienavecJean-PaulPrat:Aquero
Les«bluesbrot
Certainement à cause de la conjonction
entre le manque de connaissance de l'épiscopat dans le domaine de ces musiques et de
la qualité artistique encore insuffisante de la
plupart des groupes.
n Jean-Paul Prat, pouvez-vous présenter votre
groupe, Aquero ?
Bientôt 10 ans d'existence. Une musique
toujours en évolution, cherchant non ce que
l'homme veut mais ce dont il a besoin. Un
style ouvert et décontracté désireux de ne pas
se laisser enfermer dans la monotonie. Des
concerts dans des dizaines de lieux très différents les uns des autres.
n Quel rôle les diocèses peuvent-ils jouer pour à la
fois accompagner le développement de la musique
chrétienne et mieux l'articuler avec la pastorale
des jeunes ?
n Quels sont les principaux projets d'Aquero ?
Un projet de taille : célébrer les dix ans, et
continuer à « présenter le droit » de toutes les
manières possibles. Plus que jamais, notre sort
est entre les mains du Seigneur !
n Aquero se reconnaît-il dans la terminologie géné-
rique de pop-louange ? Peut-on parler de ministère et d'apostolat à propos du groupe ?
Il est évident qu'Aquero est une mission,
un ministère de vérité, d'authenticité et de
joie. C'est pour cela qu'il se joue des modes.
Le terme ‘pop-louange’ n'est pas adapté à
notre groupe. Notre style est plus vaste et
intègre une grande palette de couleurs musicales. Notre démarche vise le public le plus
large possible en donnant des concerts mais
non des concerts de louange.
n Êtes-vous plutôt des artistes qui témoignent de
leur foi, ou des évangélisateurs qui ont choisi la
musique pour évangéliser ?
Nous sommes d'abord des artistes qui désirent, en faisant du bien par leur art, montrer
la Source de toute créativité et de tout bien
véritable. La musique n'est pas seulement un
véhicule dont on se sert pour arriver à ses fins,
fussent-elles missionnaires !
n L’amorce d’une prise de conscience par l’épiscopat
de l’intérêt pastoral des musiques chrétiennes
actuelles est récente : pourquoi selon vous ?
14 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
Il ne s'agit
pas pour
l'Église de
se mettre
à la mode,
mais d'être
capable
d'anticiper
Ce n’est pas le développement de la poplouange qu’il faut encourager, mais le développement d’une musique actuelle de qualité. Il ne
s'agit pas pour l'Église de se mettre à la mode,
mais d'être capable d'anticiper en donnant de
la fraîcheur et non en copiant les produits
surgelés vendus par le « monde ». Les diocèses
peuvent aider d'abord en s'ouvrant, en découvrant que les musiques issues de la culture
« rock » peuvent être de qualité. Ensuite en
favorisant les occasions de concerts, concerts
de louanges, paraliturgies…
n Certains parlent de créer sous la houlette de
l'Église une « Catholic Worship Academy » pour
créer une pépinière de jeunes talents, pour nourrir
la diversité et développer de tels groupes : est-ce
opportun ? De même, les lieux de productions, de
festivals (comme celui de Chartres ou Hollywin's)
doivent-ils se développer ?
C'est une bonne idée, mais il est bon de
répondre avant à de nombreuses questions :
qu'enseignerait-on dans une telle académie ?
Qui seraient les professeurs ? Quel genre de
groupes voudrait-on y développer ? Sur quelle
base de réflexion ? La bonne volonté ne suffit pas. Les festivals dont vous parlez sont
partis également d'une très bonne intention.
Pour développer les musiques chrétiennes
actuelles, il faudrait un vrai travail de fond,
une recherche active de ce qu'en pense le
Saint-Esprit, une véritable remise en question,
et coopérer avec des gens compétents dans les
domaines de l'art, du spectacle…
DOSSIER
hersdeDieu»
propos recueillis par Alex et Maud LAURIOT-PRÉVOST
les non-croyants ; celle de Glorious est sans
doute davantage le concert de louange et, en
ce sens, s'adressera plutôt à des chrétiens ;
Push est peut-être plus à sa place dans la
paraliturgie, etc. Bien sûr que tous peuvent
être plus ou moins polyvalents, mais la clarification humble de chaque spécificité pourrait
grandement améliorer la collaboration avec
les instances diocésaines
lorsqu'elles doivent faire
un choix. Prions donc
pour tout cela.
n Les groupes de musique chrétienne travaillent-ils
suffisamment à leur coordination ? Concrètement,
que proposeriez-vous ?
Je proposerais d'abord une véritable
vie intérieure qui conduise à un chemin de
conversion jusqu'au vrai détachement. Ceci
afin d'entrer dans l'humilité nécessaire à une
© ThomAS ESCURE-PRAT
n
réelle mise en commun. Aujourd'hui, la plupart des groupes musicaux catholiques sont
trop préoccupés d'eux-mêmes. Cela peut se
comprendre dans une certaine mesure, simplement à cause de la difficulté d'exister, d'être
reconnus ; mais il y a aussi l'éternel orgueil
et son acolyte - la peur - qui empêchent une
authentique communication.
Il serait donc bon que les groupes musicaux sachent se retrouver pour pousser plus
loin la recherche ensemble et s'entraident
pour se situer chacun à sa place. Chacun est
unique mais aucun n'est « tout » : la vocation
d'Aquero est de donner des concerts dans
lesquels la foi est clairement annoncée mais
dans un langage tout à fait recevable par
« La faim
justifie les
doyens »
www.aquero.net
06 10 32 29 21
La bande Annonce
du DVD Aquero
Entre trop tard et jamais
est visible sur le site de
France Catholique.
En tant que doyen des
groupes catholiques
de musique actuelle en
France, quels sont selon
vous ses grands défis ?
La faim justifie les
‘doyens’ (!) Le plus grand
défi est de mourir pour
que naisse quelque chose
de plus grand qui n'enferme pas de nouveau la
jeunesse dans un style,
une mode : ac tuellement, dans le domaine
des musiques actuelles,
on essaie trop souvent de
singer ce que le monde a imposé et de réaliser
une version christianisée de la musique mondaine. Et cela parce qu'on veut plaire, que « ça
marche ».
L'enjeu demain n'est pas de rassembler les
jeunes sous une bannière, cela les ennemis
de la Foi ont toujours su le faire mieux que
nous. Il s'agit plutôt de conduire les jeunes à
devenir d'authentiques êtres humains. Nous ne
pourrons donc pas faire l'économie d'une vraie
démarche artistique. L'art libère et construit.
Et les artistes, qui ont la chance d'être chrétiens, devraient se retrouver à la pointe de la
créativité. n
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
15
DOSSIER
Uneaventure...
StevenRiche
par Étienne LORAILLÈRE
Lors d’un concert de Steven Riche, il y a
toujours un crucifix en fond de scène.
« Il donne d’ailleurs souvent l’impression
de Lui parler », observe le Père Matthieu
de Raymond qui vient d’organiser un
concert de l’artiste mi-décembre dans sa
paroisse du Chesnay (Yvelines).
«I
l n ’ y a pas
que la liturgie ou nos
prières apprises qui résonnent dans
les cœurs. La musique qui rejoint les
jeunes dans leur culture et dans leurs
rythmes est un puissant vecteur de
la Parole que nous n’utilisons pas assez, j’en
suis convaincu », souligne le prêtre accompagnateur de la catéchèse de son diocèse. Ce dernier apporte son plein
soutien à la démarche du chanteur, rencontré lors d’une tournée
précédente : « Il faut faire feu de
tout bois dans une culture qui part
à la dérive, et qui n’a même plus
les mots pour dire Dieu ! Pensons
à ceux qui surfent sur Internet ou
qui peuvent trouver une musique
sympathique et aller plus loin vers
son sens. »
C’est précisément pour dévoiler la source de son bonheur que
Steven Riche s’est lancé dans la
pop-louange. Aujourd’hui le chanteur autodidacte veut toucher les
jeunes et leurs familles à travers les rythmes,
les sons électro et les paroles. Son objectif
est clairement affiché : Faire découvrir Dieu
et partager sa musique. Pourtant, au début de
cette aventure, lui-même avait des doutes.
C’était en 2006 alors qu’il reçoit une commande pour le Festival de Pâques, événement
majeur de la scène chrétienne au pied de la
cathédrale de Chartres. « J’avais peur d’être
ringard, confie le parolier. Écrire à propos
de la foi n’a pas été simple mais je me suis
16 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
« Chanter est
devenu pour
moi une
mission
et une
passion »
remémoré l’appel de Jean-Paul II, N’ayez pas
peur. Cela m’a donné du courage. » Et comme
Steven Riche n’a pas vraiment trouvé d’interprète à ses chansons, il s’est lancé lui-même
dans l’aventure, avec son timbre à la Daho !
Certes, en classe de 6e, il montait déjà son
premier groupe pop mais Steven Riche avait
choisi jusque-là d’écrire et composer pour les
autres. Il explore donc un nouveau style avec
un premier album chrétien en 2006 : Plus peur
de tomber. on retrouve dans sa musique les
accents pop des années 80 et une rythmique
enrichie par ses dix années passées en Afrique.
Progressivement, le défi s’enracine dans la
vie de ce père de famille de 5 enfants âgés de
11 à 1 an. Chanter pour évangéliser se transforme en une aventure. L’homme ne se départit
pas de son apparence sage, les cheveux légèrement poivre et sel. mais le vent de
l’Esprit a réveillé un brasier intérieur.
Dans les environs de Nantes,
au fond de son jardin, il s’enferme
quasiment tous les soirs dans son
petit studio. De 22 heures jusque
tard dans la nuit, il compose. « on
ne sait jamais quand l’inspiration
s’arrête » avoue-t-il... Son épouse
soutient malgré tout le projet. Le
couple s’est entendu pour se limiter à un concert par mois afin de
préserver le rythme de la vie familiale. S’il continue sa profession de
commercial dans l’audiovisuel pour
subvenir aux besoins de sa famille,
Steven Riche l’admet avec une étincelle dans le regard : « Chanter est devenu
pour moi une mission et une passion. »
« La première personne à être évangélisée,
ce fut moi, s’enthousiasme-t-il. ma relation
avec le Christ est devenu plus intime. » Sa tête
est continuellement pleine de musiques et de
paroles liées à sa vie spirituelle. « Dans la vie,
aujourd’hui, on fonce, on doit être partout à la
fois, être performant. mais pour découvrir le
Christ, il faut s’extraire un instant du monde »
ajoute-t-il. Toujours avec un dictaphone à
© FESTIVAL DE PÂQUES / oLIVIER LÉoNETTI
© FESTIVAL oPEN SPIRIT
© ÉRIC LAmBERT
© FESTIVAL DE PÂQUES / oLIVIER LÉoNETTI
portée de main, il attrape au vol ses idées.
L’évolution intérieure de l’artiste se perçoit entre les deux albums. « Il y a plus de
maturité spirituelle dans Vivant. C’est plus
personnel », juge lui-même le chanteur. Dans
son dernier album engagé, on retiendra son
attachement à la vie et à Dieu. « Ne soyons
pas frileux, avançons en proclamant haut et
fort que nous sommes chrétiens » insiste le
chanteur dans Chrétien.
L’actualité est également source d’inspiration. Steven rend hommage d’une manière
poignante à Jeanne-marie Kegelin, cette
petite fille violée et assassinée en 2004. « J’ai
regardé le témoignage de ses parents sur KTo.
L’idée de la chanson Jeanne Marie K s’est très
vite imposée à moi, pour rendre hommage
à sa pureté ! » Porteur de foi, cet album est
aussi une invitation à la méditation et la
prière, avec notamment cet hommage aux
anges gardiens que Steven affectionne.
Son premier album avait été distribué par
une maison de production protestante. mais
une divergence à propos des paroles l’a poussé
à gagner davantage d’indépendance. Steven
Riche a monté Bethel, sa propre maison de
* Premier album
Plus peur de tomber,
Deuxième album
Vivant
disponibles dans toutes les
librairies religieuses et sur
Internet (www.amazon.fr)
* Pour organiser un concert
avec Steven Riche :
Bethel production,
02 51 12 31 48 – bethel.
[email protected]
Prochains concerts en
2010 : Saint-Lô, metz et
Strasbourg, Paris, Paray-lemonial… à suivre sur
www.steven.riche.com
production et de diffusion. Son dernier disque
est disponible dans toutes les librairies religieuses et sur Internet, grâce à un partenariat
avec les éditions des Béatitudes qui qualifient
l’album de « priant, exaltant, porteur de foi et
d’Espérance ». Et il faut constater que Steven
Riche a son public, peut-être plus jeune qu'il
ne l'espérait, mais très enthousiaste !
Au-delà de la notoriété de groupes comme
Glorious, il faut « aider d’autres jeunes talents
à percer, ne pas les étouffer », encourage
le chanteur. Fort de sa propre expérience,
confronté aux difficultés de distribution,
Steven veut avec Bethel produire et diffuser
d’autres artistes chrétiens avec l’argent des
ventes de ses propres disques.
« L’Église a conscience qu’il y a une
demande d’un jeune public d’entendre parler
du Christ sur un rythme différent », soulignet-il. Lui-même se rappelle ses difficultés à
vivre sa foi durant son adolescence. Steven
a déployé son site internet www.stevenriche.
com ainsi qu’un fan club sur my Space et
Facebook, forts de plusieurs centaines de fans
et qui s'activent particulièrement au moment
de certains concerts. n
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
17
ESPRIT
En
mémoire des jours
Haïti,
le malheur
Par
Robert Masson
O
n croyait avoir tout
dit de la condition humaine, de ce
destin étrange qui s'attache à nos pas, au point
de développer chez nous
un sentiment de fatalité qui réduit, croyonsnous, notre capacité à
nous émouvoir encore. Et
pourtant, sans qu'on s'y
attende, Haïti vient de
renouveler une dramaturgie devant laquelle les
plus blasés réagissent.
C'est un séisme en
effet, et ce mot suffit à
lui seul à créer la terreur.
Sur la fin d'une nuit où
déjà s'annonçait l'aurore,
une fureur de néant se
déchaîne sur un lieu déjà
tellement éprouvé, il y a
si peu de temps, par de
terribles ouragans et des
inondations qui avaient
semblé ramener ces terres
à l'origine du monde…
quand tout était recouvert
d'eau. Mais les mots qui
viennent aujourd'hui sur
les lèvres sont plutôt ceux
de « fin du monde ». Cela
nous donne à penser sur le
peu de puissance effective
que nous avons sur ces
éléments, en vérité incontrôlables, de la nature.
Les plus faibles, et c'est
bien le cas des Haïtiens
d'une manière générale,
sont sans doute les plus
exposés à ces fureurs telluriques. Étrange moment
où tout s'écroule, où il
n'y a plus de communications directes - comment peut-on vivre sans
le téléphone ? - et où les
survivants sont saisis par
l'effroi dans le silence qui
suit le fracas venu des
entrailles de la terre.
Cependant, on est frappé devant l'effondrement
de tout ce qui participait
à un semblant d'autorité - les bâtiments symboliques du pouvoir - et
on se prend à douter qu'il
s'agisse simplement d'une
force aveugle. Comme
si, en frappant le palais
présidentiel, ce siège de
l'Onu qui employait 400
personnes, ou bien la
caserne des pompiers, et
la cathédrale, en tuant au
passage son archevêque,
la catastrophe cherchait
à tuer dans l'œuf tout ce
qui pourrait maintenir ou
restaurer une vie un tant
soit peu organisée pour
cette capitale de plus de
deux millions d'habitants
et même à annihiler ses
capacités de renouvellement spirituel…
Mais c'est bien entendu
une erreur que d'interpréter ainsi les faits. Comme
toutes les forces aveugles,
le fléau se traduit par une
force antérieure à tout, y
compris à ce que l'on tient
pour les victoires les plus
18 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
assurées de notre monde
civilisé. Un point c'est
tout.
Et nous prenons
conscience que nousmêmes ne serions peutêtre pas beaucoup plus
armés pour survivre à
de tels cataclysmes si
demain, ils frappaient
l'une de nos provinces.
On a vu combien les
États-Unis, aujourd'hui à
l'avant-garde des secours,
avaient été pris en défaut
lors des grandes inondations chez eux, provoquées par l'ouragan
Katrina en 2005.
Dans l'immédiat,
à Haïti, tout va rester à
reconstruire. Il va falloir trouver dans l'urgence le moyen de procurer à chacun son pain.
Notre chance, si l'on peut
dire, c'est ce réveil d'une
conscience universelle de
la solidarité des peuples.
Il va de soi que la distance
n'est pas un obstacle pour
la solidarité et l'entraide,
même si certains discernent tel ou tel calcul politique de bas étage dans
une solidarité qui ferait
trop de bruit.
Nous sommes tous enfants du même Père et
il serait peut-être bien
temps de revenir à cette
familiarité qui ne dépend
pas du nombre ni de l'éloignement de ceux qui sont
dans la peine.
Pour l'immédiat, c'est
la nécessité des jours
qui l'emporte. On admire
cependant la manière
dont ce petit peuple a
conservé et sait exprimer
la foi des origines, gage de
renouvellement spirituel
et d'avenir.
Au livre des Psaumes,
il est une parole qui vient
de loin et nous concerne
tout autant. Dans une de
ces apostrophes dont le
peuple juif a le secret, le
Psalmiste se tourne vers
Dieu pour lui demander :
Jusques-à quand dormiras-tu ? (ou te cacherastu ?). Il est évident que la
réponse n'est pas dans un
sommeil hypothétique de
Dieu, mais dans la fidélité
des siens qui sont là pour
rappeler l'indéfectible de
la foi.
Nous avons immensément à faire sur ce chantier de la réconciliation
de la famille humaine
qui réclame l'attention
de tous à tous et d'abord
envers les plus démunis.
Les éléments sont une
force aveugle, il nous reste
à être, nous les chrétiens,
les hommes et femmes,
sans oublier les enfants,
de la confiance.
Au moment où l'apartheid f u t i m p o s é e n
Afrique du Sud, le poète
Alan Paton sut écrire un
texte magnifique qui s'intitulait : Pleure ô pays bien
aimé (Cry, the Beloved
Country, 1948), destiné à
conjurer toutes les peurs
de l'avenir. Aujourd'hui
c'est Haïti qui a besoin de
ces pleurs et surtout de
gestes, pour bien signifier
qu'il n'est pas sur terre de
peuple en trop et que la
détresse n'est pas, pour
finir, un destin sans espérance. n
Communauté Saint-Jean
IRAK
Mgr Jean-Benjamin Sleiman, archevêque de Bagdad des Latins, a
dénoncé, dans un entretien accordé
le 22 janvier à l'agence de presse des
évêques italiens, Servizio Informazione
Religiosa, le silence médiatique qui a
entouré le meurtre de deux chrétiens à
Bagdad les 17 et 18 de janvier dernier.
HAÏTI
Sur les 200 séminaristes du séminaire
national de Port-au-Prince, 30 auraient
disparu dans le séisme. D'autres sont
blessés, Les survivants n'ont plus rien.
L'AED a débloqué une première aide
de 70 000 dollars pour les soutenir.
MÉDIAS
L'édition française hebdomadaire du
quotidien du Vatican L'Osservatore
Ro ma no a fêté ses 60 ans, lors
d'une soirée, le 20 janvier à la villa
Bonaparte à Rome, à l'invitation
de l'ambassadeur de France près le
Vatican, M. Stanislas de Laboulaye. On
a appris ce jour-là que l'O.R., qui était
diffusé dans les pays francophones par
les éditions de L'Homme Nouveau,
après l'avoir été par les éditions
CLD, sera désormais diffu sé par le
groupe Bayard, éditeur de La Croix
et du Pèlerin. L'O.R. en espagnol est
vendu à 200 000 exemplaires chaque
dimanche, alors que l'édition française
ne dépasse pas les 10 000 lecteurs.
Son directeur, Jean-Michel Coulet,
a aussi annoncé le lancement d'un
portail internet.
FINANCES
Une réunion de deux jours du
Conseil des cardinaux pour l'étude
des questions administratives et
économiques du Saint-Siège s'est tenue
les 20 et 21 janvier au Vatican. Le
budget du Saint-Siège et celui, distinct,
de la cité du Vatican, après des années
difficiles, sont apparus sur la voie d'un
relatif redressement.
D
d’importantes questions de gouvernance et des divergences
d’orientation sur la vocation des sœurs contemplatives de Saint-Jean troublent
l’unité de leur communauté. Après concertation avec le cardinal Philippe
Barbarin, archevêque de Lyon et ordinaire de la communauté, la Congrégation
pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique a demandé à Mgr
Jean Bonfils, évêque émérite de Nice, ancien supérieur provincial des Missions
Africaines, de guider et d’accompagner la communauté dans cette étape difficile et
d’aider les sœurs à cheminer vers la paix.
Mgr Jean Bonfils organisera un chapitre général qui permettra aux sœurs de se rassembler, de dialoguer et d’approfondir le charisme de leur communauté. Dans le
souci d’éviter le départ de certaines sœurs, il a d’ores et déjà invité les prieurés à
préparer cette réunion à l’aide d’un document de travail adressé à toutes.
La Congrégation des sœurs contemplatives de Saint-Jean compte 360 sœurs,
réparties dans 33 prieurés à travers le monde. Elle a été fondée en 1982 par le Père
Marie-Dominique Philippe o.p. (1912-2006), également fondateur des Frères de
Saint-Jean et des Sœurs apostoliques de Saint-Jean. Ces trois instituts forment
ensemble « la Famille Saint-Jean », qui invite tous ses proches à la prière. Elle
demande à chacun de favoriser un climat de recueillement et informera de l’avancement de la situation. n
epuis plusieurs mois
SERBIE
AFRIQUEDUSUD
Irinej Gavrilovic, 80 ans, succédera,
en t ant que 45 e pat riarche de
Serbie, au patriarche Pavle mort en
novembre dernier à 95 ans. Il a été
désigné par tirage au sort parmi trois
candidats retenus lors d'un vote par
les 45 évêques du Saint-Synode.
Il a fait récemment des déclarations
conciliantes à propos d'un éventuel
futur voyage de Benoît XVI en Serbie.
L'évêque méthodiste sud-africain Paul
Verryn a été suspendu par son Église,
pour avoir accueilli, dans l'église dont
il avait la charge à Johannesburg,
environ 2000 immigrés sans-papiers
zimbabwéens. Il passera devant une
commission de discipline le 1er février.
SYNODEMOYEN-ORIENT
Le Pape a convoqué à Rome, du 10 au
24 octobre, cent cinquante évêques de
dix-sept pays du Moyen Orient pour
un synode spécial. Les lineamenta,
un document de 30 pages fixant le
thème du synode, ont été publiés le
20 janvier. Ils évoquent notamment les
risques que la montée de l'intégrisme
islamique font peser sur l'avenir des
chrétiens dans les pays musulmans.
EUROPE
Le Parlement européen a adopté le 21
janvier une résolution condamnant les
attaques contre les chrétiens en Égypte
et en Malaisie.
NICE
Le tribunal de grande instance de Nice
a jugé, le 20 janvier, que la cathédrale
orthodoxe de Nice était la propriété
de l'État russe, donc dépendait du
pa triarche de Moscou, et non de
l'association cultuelle, dépendant du
patriarche de Constantinople, qui en
a la charge depuis 80 ans. L'affaire
ne devrait pas en rester là bien que
le tribunal ait décidé l'exécution
provisoire de son jugement.
PIEXII
Dans un article publié en Italie le
20 janvier par le Corriere della Sera
et repris par l'Osservatore Romano,
Bernard-Henri Lévy estime que la
mémoire de Pie XII est victime d'une
désinformation.
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 19
lectures
4e dimanche ordinaire (année C)
Pourquoi
tant de haine ?
© La Bible des Peuples, éd. Jubilé-Le Sarment
par le Père Michel Gitton
4. 21 Alors il commence sur ce thème : « Cette Écriture est en train de
s’accomplir : voyez les nouvelles qu’on vous rapporte ! »
22 Tous l’approuvaient et s’étonnaient de cette révélation de la grâce divine
qui tombait de ses lèvres. Ils disaient : « Et penser que c’est le fils de Joseph ! »
23 Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer ce proverbe : Médecin,
guéris-toi toi-même ! On nous a parlé de bien des merveilles survenues à
Capharnaüm : fais-les donc ici dans ta patrie ! »
24 Jésus ajouta : « En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est bien reçu
dans sa patrie ! 25 Croyez-moi, il y avait beaucoup de veuves en Israël au
temps d’Élie lorsque le ciel retint l’eau pendant trois ans et demi, et qu’il y
eut une grande famine dans tout le pays. 26 Cependant Élie ne fut envoyé à
aucune d’elles, mais bien à une femme de Sarepta dans le territoire de Sidon !
27 Il y avait de même de nombreux lépreux en Israël au temps du prophète
Élisée, et aucun d’eux ne fut guéri, sinon Naaman le Syrien ! »
28 En entendant cela, tous dans la synagogue sentaient monter leur colère.
29 Ils se lèvent, le poussent hors de la ville et le conduisent jusqu’à un ravin
de la colline sur laquelle leur ville est construite, pour le jeter en bas. 30 Mais
lui passe au milieu d’eux et il va son chemin.
L
’évangéliste saint Luc a placé
tout à fait au début de son récit
de la vie publique de Jésus la
narration de la visite à Nazareth
que les autres racontent un
peu plus loin et avec moins de détails.
Pourtant il sait très bien que le Maître
galiléen a commencé à agir et à parler
à Capharnaüm avant de repasser dans
sa petite patrie, puisque ses auditeurs
y font même allusion dans le récit qu’il
nous donne. Mais, de toute évidence,
il a vu toute la portée de la scène et
il a voulu donner à ce discours et à ce
qui l’accompagne le sens d’une sorte de
portail d’entrée sur toute la mission de
Jésus.
Jésus n’est pas là d’abord pour
apporter des explications sur Dieu, sur la
Loi, sur l’avenir, il révèle le mystère qu’il
porte en lui : « Cette parole de l’Écriture
que vous venez d’entendre, c’est
aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Par sa
présence à Nazareth, par sa parole, par
ses gestes, il rend présent le Royaume
de Dieu sur terre, les derniers temps
sont arrivés. L’énormité de la chose
n’a pas saisi tout de suite les auditeurs
qui s’étonnent seulement de le voir
agir en priorité pour des étrangers :
20 FRANCECatholique n°3197
qu’est-il allé faire à Capharnaüm s’il a
tant à donner ? Et là, le Christ doit leur
montrer que, selon une manière de faire
très habituelle pour Dieu dans l’Ancien
Testament, il s’agit de déborder toujours
les premiers bénéficiaires de l’Alliance
pour atteindre tous les hommes qui sont
les destinataires de ses bénédictions. Et
c’est cela qui les met en colère, au point
d’oublier leur enthousiasme du début et
de vouloir porter la main sur Jésus.
On est surpris de la violence de la
réaction, qui traduit la déception après
un premier enthousiasme. On pense
à la foule de Lystres qui, après avoir
voulu vénérer Paul comme un dieu, se
retourne finalement contre lui et tente
de le lapider (Actes 14, 8-19). Quand
l’émotion religieuse est éveillée, on
passe vite d’un extrême à l’autre !
Jésus ne sera pas leur otage et il
s’en va. Cet échec a valeur de signe
de ce que sera sa mission. « Il est venu
chez les siens et les siens ne l’ont pas
accueilli » (Jean 1,11), mais : « à ceux
qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son
nom, il a donné le pouvoir de devenir
enfants de Dieu » (verset 12). Les deux
coexisteront jusqu’au bout : accueil et
rejet, accueil de certains au sein même
29 janvier 2010
IVe semaine
Semaine de l’« Adoration sans partage »
Semaine de la Présentation de Jésus
+ Semaine de la « Septuagésime »
Quatrième Dimanche (C)
1. Jésus qui nous a choisis dès le sein de
notre mère (lecture de Jérémie).
➤ Adorons le Dieu qui nous a créés,
chacun personnellement.
Point spi : Saluons dans nos frères ces
êtres que Dieu a voulus personnellement.
2. Jésus qui nous invite à aspirer aux
dons les plus parfaits, qui suscite notre
élan vers les hauteurs de la charité
(lecture de la lettre de saint Paul).
➤ Adorons le Maître qui nous entraîne
dans les profondeurs de son amour.
Point spi : Ne nous contentons pas de peu,
aspirons à la perfection de l’amour.
3. Jésus qui élargit notre regard, qui
nous oblige à dépasser le cercle de nos
du rejet général. Le rejet sera toujours
basé sur les mêmes préjugés : si Dieu
est pour nous, pourquoi ne prend-il
pas plus directement partie dans nos
conflits, pourquoi ne soutient-il pas
mieux sa cause au milieu de nous ? Et
cet élargissement que Jésus est ve­nu
réaliser, cette ambition que tous les
hommes soient touchés par le salut
qu’il est venu apporter, cette pré­
tention universelle du christianisme
sera toujours là, pierre d’achoppement.
Ne croyons pas qu’il en est autre­
ment aujourd’hui : la place qu’on est
prêt à faire au Christ est celle d‘être
la caution des valeurs d’un Occident à
bout de souffle. Qu’il soit le héraut de
la cause de la tolérance, du partage,
de l’hygiénisme, qu’il ne dise surtout
pas qu’il y a une vérité et qu'elle nous
rendra libres. Qu’il accepte que toutes
les religions se valent et qu’il est un
parmi d’autres et tout ira bien. Sinon
nous saurons bien imposer silence aux
gêneurs... n
Dimanche 31 janvier
Première Lecture : Jérémie 1.4–5, 17-19
Psaume 71.1-6, 15, 17. Deuxième Lecture :
1·Corinthiens 12.31-13.13
Évangile : Luc 4.21-30
lectures
ordinaire (année C)
(cf. Collecte du IVe dimanche)
par le Père Michel Gitton
connaissances et qui nous entraîne toujours plus loin (lecture de l’Évangile de
saint Luc).
➤ Adorons l’Étranger qui vient nous
visiter.
Point spi : N’ayons pas peur de ceux qui
viennent nous déranger.
Lundi : Le possédé gérasénien
(Marc 5, 1-20)
1. Jésus qui va traquer le démon sur son
terrain, en terre païenne, au contact des
gens impurs, au milieu d’un troupeau de
porcs.
➤ Jésus le combattant sans peur et sans
reproche, allant jusqu’au bout pour nous
libérer.
Point spi : Osons avec Jésus aller sur les
terrains d’apostolat les plus risqués.
2. Jésus qui démasque la « Légion », et
lui intime un ordre, qui ne se laisse pas
impressionner par les menaces et la dérision.
➤ Adorons Celui qui connaît chaque
créature par son nom, et auquel nul ne
peut résister.
Point spi : Ne cultivons pas les ambiguïtés,
essayons de savoir à qui nous avons à faire.
3. Jésus qui ne laisse aucune échappatoire
au démon, qui, en acceptant sa demande,
précipite sa ruine.
➤ Adorons Celui devant qui aucun
compromis n’est possible, celui qui est
tout entier « oui » aux promesses du Père.
Point spi : Ne cherchons pas à nous en
tirer par une demi-conversion, allons
jusqu’au bout.
Mardi : Présentation de Jésus
au temple
1. Jésus, qui, pour la première fois, vient au
devant de son peuple, qui vient lui donner
la joie, le pressentiment de sa liberté, et
qui est accueilli par deux vieillards.
➤ Adorons le Roi Messie qui vient porteur des promesses faites à Israël et aux
nations par les prophètes.
Point spi : Faisons de nos visites dans les
églises de véritables et nouvelles rencontres de Jésus.
2. Jésus qui vient offert, qui ne se présente pas autrement que consacré, obéissant à la Loi.
➤ Adorons le Fils devenu Serviteur, qui
ne veut d’autre grandeur que celle de son
offrande au Père.
Point spi : Offrons-nous nous-mêmes à
Dieu de tout notre cœur.
3. Jésus qui brille déjà d’une lumière
incomparable, qui éclaire les nations, qui
vient aider à un discernement nécessaire.
➤ Adorons cette lumière qui, comme un
glaive, pénètre au plus secret des âmes.
Point spi : Offrons-nous à cette lumière,
pour rejeter toute ténèbre en nous.
Mercredi : Jésus à Nazareth
(Marc 6, 1-6)
1. Jésus, qui malgré trente ans de vie
cachée pleine de beauté et de lumière,
reste un inconnu, incompris de ses proches.
➤ Adorons Celui qui vient nous visiter,
comme un étranger, notre frère, que nous
ne reconnaissons pas.
Point spi : Changeons notre regard sur
nos proches, apprenons à les découvrir.
2. Jésus qui s’étonne, qui est douloureusement surpris, qui ne prend pas son
parti de la dureté des cœurs.
➤ Adorons l’Innocent, que nos jugements
ne peuvent que blesser.
Point spi : Même quand nous sommes
déçus, ne cessons pas de faire confiance
aux hommes.
3. Jésus empêché de faire des miracles
par l’incrédulité de ses compatriotes.
➤ Adorons la Sagesse méconnue, la
Bonté écartée du cours de notre vie.
Point spi : Redoublons de foi, au milieu de
tant d’abandon.
Jeudi : L’envoi des Douze
(Marc 6, 7-13)
1. Jésus qui, pour la première fois, charge
ses apôtres de mission, qui solennellement
leur donne un rôle à jouer dans le groupe
des disciples, qui les charge de prolonger
son action.
➤ Adorons le Chef de son Église, qui
répartit les tâches et fixe le vrai salaire.
Point spi : Ne nous dérobons pas devant
les responsabilités que l’Église nous offre.
2. Jésus qui leur donne des consignes de
dépossession, leur demande un mode de vie
pauvre, pour ne pas s’encombrer de bagage
au moment d’aller porter la Bonne Nouvelle.
➤ Adorons le Pauvre, celui qui n’a pas
voulu avoir de quoi reposer sa tête.
Point spi : Ne donnons pas trop de crédit
aux moyens et aux méthodes, ne nous
encombrons pas de précautions inutiles
quand il s’agit de porter la Parole.
3. Jésus qui leur donne la joie d’œuvrer
pour lui, et de voir une certaine fécondité
de leurs efforts.
➤ Adorons l’Ami qui nous associe généreusement à son œuvre.
Point spi : Donnons à nos amis et à nos
collaborateurs la joie de réussir quelque
chose pour le Seigneur.
Vendredi : La mort de
Jean Baptiste (Marc 6, 14-29)
1. Jésus tout unifié, antithèse des scrupules
et des contradictions qui déchirent Hérode.
➤ Adorons l’Un, qui unit en lui l’activité
et le repos, qui est tout donné sur chaque
point.
Point spi : Mettons-nous au clair sur nos
objectifs.
2. Jésus tout pur, antithèse des troubles
attachements d’Hérode, qui patauge dans
l’inceste et l’adultère.
➤ Adorons l’Époux fidèle, l’amant à jamais donné.
Point spi : Brûlons nos rêveries et nos
souvenirs au feu de l’amour vrai.
3. Jésus, agneau très doux et très pur,
antithèse de la cruauté impuissante d’Hérode,
qui résulte de sa faiblesse profonde.
➤ Adorons l’Agneau vainqueur, à qui sont
amenées les nations.
Point spi : Résistons jusqu’au sang à l’injustice, refusons d’être complices.
Samedi : Préambule de la multiplication des pains (Marc 6, 30-34)
1. Jésus qui accueille avec une joie
profonde ses apôtres à leur retour de
mission, Jésus qui est tout à eux.
➤ Adorons l’Ami plein de sollicitude pour
ses fidèles, ses proches, ses bien-aimés.
Point spi : Prenons le temps de parler avec
Jésus de nos joies et de nos déboires.
2. Jésus qui rêve d’un moment de retraite
avec ses apôtres, qui les entraîne au désert.
➤ Adorons Jésus qui dit : « Je vais la
conduire au désert. »
Point spi : Ne nous dérobons pas aux
invitations du Seigneur.
3. Jésus qui ouvre son cœur aux foules
sans berger, qui ne se protège pas.
➤ Adorons le Bon Pasteur qui sait qu’il a
« d’autres brebis » et ne les abandonne pas.
Point spi : Ouvrons notre cœur à l’appel
de ceux qui sont encore loin. n
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
21
LIVRES
■ LA FEMME ET LE SALUT DU MONDE
Paul Evdokimov
Desclée de Brouwer, 276 p., 20 e.
SÉLECTION
Spiritualité
Paul Evdokimov (1901-1970) a été professeur à
l’Institut Saint-Serge et observateur invité au concile
Vatican II [Il est le père de notre ami le théologien par Sophie BarON
Michel Evdokimov]. Il a fait partie de ceux qui ont
fait connaître la spiritualité du christianisme oriental
aux Occidentaux. Il a publié de nombreux ouvrages
dont celui-ci qui est une réédition de 1978.
Ce livre se situe – dans l’histoire - à ce moment
clé où les modèles familiaux ont été rejetés par
une génération devenue orpheline et où la dualité
hommes/femmes a besoin d’une réponse nouvelle
que seuls le Christ et l’église peuvent lui donner.
Quelques années plus tôt (1965), le concile Vatican II avait adressé ce message aux femmes :
« L’heure vient, l’heure est venue où la vocation de la
femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme
acquiert dans la cité une influence, un rayonnement,
un pouvoir jamais atteints jusqu’ici. C’est pourquoi,
en ce moment où l’humanité connaît une si profonde mutation, les femmes imprégnées de l’esprit
de l’évangile peuvent tant pour aider l’humanité a
ne pas déchoir. » Jean-Paul II poursuivra ce travail
avec de nombreux textes et spécialement une lettre
adressée aux femmes. C’est dans ce même mouvement, quoique avec d’autres points de départ, que
l’auteur se situe. Il nous révèle, dans son introduction, que son essai se veut une tentative pour susciter un dialogue œcuménique, une confrontation des
anthropologies après des études parallèles puisées
aux différentes traditions qui permettront une vision
plus riche de la complémentarité hommes/femmes,
des charismes très précis de chaque créature.
Dans une première partie, l’auteur nous retrace une
anthropologie de l’être humain, que d’autres ont pu
réaliser, mais où on pourra noter la place importante
qu’il donne à la psychologie moderne comme à l’ascèse chrétienne pour redonner un équilibre à l’homme
créé à l’image de Dieu. Dans un second temps ; il développe la condition de la femme dans la Bible et dans
l’histoire, puis, dans une troisième partie, il nous propose des modèles ou archétypes de la femme et de
l’homme : spécifiquement la figure de la Vierge Marie,
« la Théotokos » pour la femme, et celle de saint JeanBaptiste pour l’homme. Jean-Paul II nous avait déjà
familiarisés avec ce modèle parfait de la féminité que
représente la Vierge Marie (cf. chapitre 2 § 4 dans « la
dignité et la vocation de la femme ») mais là, l’auteur
développe quelques idées qui lui sont propres, notamment insistant sur la place de la relation féminine à
l’Esprit Saint. Il souligne le lien mystérieux qui unit la
femme et l’Esprit, « ce Souffle vivifiant » qui descend
sur la Vierge pour permettre la Nativité, qui vient à
la Pentecôte sur la première communauté de croyants
22 FRANCECatholique n°3197
29 janvier 2010
pour donner naissance à l’église, qui « forme » le Christ
dans l’âme du fidèle. Il nous fait part de cette connivence entre la femme, être naturellement religieux, et
l’Esprit, donateur de vie et consolateur.
La lecture de cet essai pourra paraître un peu difficile à ceux qui ne sont pas familiers du vocabulaire
théologique orthodoxe, même si l’index situé à la fin
est d’une grande aide. Pourtant il sera bon au lecteur
de découvrir tout le chemin réalisé depuis quarante
ans par la réflexion et la méditation des théologiens
sur ce sujet toujours d’actualité. Paul Evdokimov nous
lance cet appel toujours aussi urgent : « l’homme
guerrier et technicien déshumanise le monde, la
femme orante l’humanise en tant que mère qui veille
sur toute forme humaine comme sur son propre enfant. Mais la femme n’accomplira sa tâche que si elle
accepte le ministère des « vierges sages » de la parabole, dont les lampes étaient remplies des dons de
l’Esprit Saint, si « pleine de grâce » elle suit la Théotokos. Face aux tragédies de ce monde, c’est la femme
qui, après avoir formulé avec la Vierge le Fiat, est
prédestinée à dire non, à arrêter l’homme au bord de
l’abîme, à lui montrer sa vraie vocation. »
■ LES ÂGES DE LA VIE SPIRITUELLE
Desclée de Brouwer, 235 p., 19 e.
Du même auteur, nous signalons cette réédition
d’un livre paru en 1964 et qui est, en fait, une introduction à la vie spirituelle, le sujet des « âges de la
vie spirituelle » n’intervient qu’incidemment. Le livre
a paru à l’époque où le P. Louis Bouyer écrivait sa
propre Introduction à la Vie Spirituelle (rééditée en
2008). On y découvrira une introduction d’ensemble
des différents courants spirituels de Byzance, de Syrie, d’égypte et de Russie pour nous faire pénétrer la
variété et la richesse de la pensée orthodoxe. Il sera
utile au lecteur de redécouvrir la place de l’ascèse
comme une richesse et une pédagogie sur lesquelles
s’appuyer, particulièrement dans le combat spirituel.
Ceux qui ont largement pratiqué cette ascèse sont
les Pères du désert qui nous ont laissé leurs exemples
et aussi des écrits (les fameux apophtegmes qui ont
nourri aussi bien l’Orient que l’Occident) ; une place
est faite aux différentes formes de vie « extrêmes »
qui nous sont décrites, de quoi nous donner des
idées… ! Enfin, un autre sujet peu traité aujourd’hui :
la joie de la mort. Nos pères (saint Benoît, Origène,
saint Séraphin de Sarov) y attachaient beaucoup
d’importance, s’y préparant au quotidien et y pensant comme à la rencontre de leur vie, ce face à
Face heureux et joyeux avec leur Seigneur. Que cette
quête du Christ à laquelle l’auteur nous invite entraîne le lecteur dans sa course vers la Patrie céleste
avec cette conscience vive de la victoire définitive
du Christ sur la mort et l’enfer. ■
IDÉES
JOURNAL
D
Identité nationale
qu'Éric Besson a lancé le
débat sur l'identité nationale,
je retourne le sujet dans ma
tête, avec l'impression qu'il
est sans fond et peut obéir
à toutes les pulsions dès lors qu'il n'est
pas encadré dans une perspective cohérente. Mais choisir une perspective,
c'est en exclure d'autres. Autrement
dit, la volonté de se mettre en accord
sur une identité commune que définirait l'appartenance à la France, se
heurte d'emblée à la démarche personnelle que constitue la recherche de sa
propre identité. Ne désigne-t-on pas la
part la plus intime de soi, celle qui est
la moins compatible avec l'objectivité
d'une définition ou d'une déclaration ?
En ce sens, Pierre Boutang disait que la
France est un « secret ». Le secret n'est
pas nécessairement ce que l'on tait, ce
que l'on ne peut pas livrer à autrui, c'est
ce qu'on ne peut pas avouer n'importe
comment, ce qui ne s'objective jamais
complètement, parce que l'appartenance suppose des liens d'intimité indicible. L'identité renvoie à la multiplicité
des histoires personnelles, aux relations
les plus subtiles, celles qui ne sauraient
souffrir l'embrigadement et la brutalité. Alors le projet serait impossible. Ou,
plus simplement, il correspondrait à une
manœuvre, à une manipulation abondamment dénoncées par les adversaires
d'Éric Besson, qui sont légion.
Associer, dit-on, la thématique de
l'identité nationale à celle de l'immigration correspondrait à l'intention
perverse d'exterritorialiser les derniers
venus, de faire savoir aux gens venus
d'ailleurs qu'ils ne sont pas les bienvenus. D'ores et déjà, dit-on, le prétendu débat permettrait aux déclarations les plus xénophobes de se déverser
sur les préfectures où elles ont accès.
Évidemment, le risque était couru. Mais
même les protestataires et les vociférateurs nous disent quelque chose qu'on
epuis
par Gérard LECLERC
aurait tort de ne pas entendre. Ils disent
qu'ils sont excédés par la présence
d'étrangers qui s'imposent et imposent
leurs propres conceptions, leurs mœurs,
et qu'ils se sentent ainsi submergés et
niés dans leurs propres appartenances.
La brutalité verbale de leurs réactions
interdirait-elle de s'interroger plus avant
sur leurs significations ? Je ne le pense
pas. Il serait même irresponsable de ne
pas en tenir compte. Les « anti-racistes »
sont-ils conscients de l'inconséquence
qu'il y a, d'une part, à vouloir respecter l'identité des nouveaux venus et à
mépriser, d'autre part, celle des indigènes renvoyés à leur « beaufitude » et
à leur médiocrité ? On prend d'énormes
risques à dédaigner les plaintes et les
requêtes des plus humbles.
Reste que le sujet du débat n'est
pas libéré de son énigme, et c'est iné-
vitable. Je lis un recueil qui comporte
une vingtaine de contributions répondant à la question « qu'est-ce qu'être
français ? » et constate leur extrême
diversité d'aspiration qui peut aller
jusqu'au contradictoire (Qu'est-ce
qu'être français ? Institut Montaigne,
Hermann) . Qui s'en alarme ferait
bien de réfléchir à ce que disait dans
un tout autre ordre d'idées le cardinal Ratzinger. C'était à propos de la
foi. Au journaliste Peter Seewald qui
lui demandait combien de chemins
mènent à Dieu le cardinal répondait :
« Autant qu'il y a d'êtres humains. Car
à l'intérieur de la même foi, le chemin
de chaque homme est entièrement personnel » (Le sel de la terre. Flammarion,
Cerf, 1997). Analogiquement, il en va
de même pour la France. Il y a autant
de chemins vers son secret qu'il y a
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
23
IDÉES
de Français. Voire d'amis de la France.
Bien sûr, pour Dieu dans l'Église, il y a
l'unité de la foi, telle qu'elle est formulée dans le credo. Il n'est pas facile de
trouver pour l'adhésion commune à la
nation un document de cette nature.
Et pourtant, il y a bien nécessité d'une
sorte d'étalon symbolique proposé à
notre adhésion pour qu'il y ait un minimum de cohérence et de possibilité de
reconnaissance d'une communauté par
elle-même.
De ce point de vue, c'est la contribution de Max Gallo dans l'ouvrage
en cause qui m'apporte la réponse la
plus satisfaisante, même si elle peut
faire l'objet de critiques. Ce que j'y
apprécie, c'est la synthèse entre l'universalisme spécifiquement français et
notre singularité nationale ; c'est aussi
la volonté d'épouser le cours entier
de notre histoire, avec une cohérence
qui ne rend pas fatale la rupture de
la Révolution. Mais Max Gallo risque
d'être sévèrement contré là-dessus. Il
est patent qu'il y a beaucoup de gens
qui ne suivent pas du tout Marc Bloch
écrivant qu' « il y a deux catégories de
personnes qui ne comprendront jamais
l'histoire de France, ceux qui refusent
de vibrer au sacre de Reims ; ceux qui
lisent sans émotion le récit de la fête
de la Fédération. »* Déjà, si j'en crois
certains textes furieux, des héritiers
directs de l'historien auraient préféré
que le grand-père ne prononçât jamais
pareille déclaration qui contredit formellement leur conception rigido-laïque
de l'histoire. Toute allusion à une France
« chrétienne » leur est insupportable.
Et c'est d'ailleurs la notion d'héritage
qui devient problématique dans une
conception historico-politique où tout
semble ramené à une linéarité « droitde-l'hommiste ». A priori, je ne conteste
en rien les droits de l'homme et les
déclarations où ils sont énoncés. Mais je
m'interroge sur leur formation généalogique, leur enracinement philosophique,
leur incarnation dans la singularité spatio-temporelle d'un peuple.
Bien sûr, la Déclaration des droits
de l'homme de 1789 (et celles qui ont
suivi) marque une étape importante de
notre histoire, qui a acquis valeur identificatrice. Mais suffit-elle à caractériser ce que c'est que d'être français ? Je
ne le pense pas, pas plus que Max Gallo,
qui insiste sur l'universalisme mais ne
méconnaît nullement l'histoire, lui qui
rappelle Renan : « Tous les siècles d'une
nation sont les feuillets d'un même
livre. Les vrais hommes de progrès sont
ceux qui ont pour point de départ un
respect profond du passé. » Pour moi,
une nation se définit d'abord comme
« communauté historique », et lorsque
le passé vécu en commun dure depuis si
longtemps (au moins quinze siècles), les
richesses de l'héritage moral et spirituel
sont considérables et ne sauraient être
délaissées au profit d'un seul moment
ou d'une seule définition, si importante
soit-elle. ■
* Le 25 juin 2010, un colloque aura lieu à
la Sorbonne à l'initiative des associations
La Fédération-Mouvement Fédéraliste
Français, du comité La Fayette et du Carrefour des Acteurs Sociaux. Voir les détails
sur le site www.france-catholique.fr
24 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
patrimoine
Bourgogne
par André FANJAUD
L'église d'arc-sur-tille
Que devient l'église menacée
d'Arc-sur-Tille, en Bourgogne ?
Nous avions évoqué le triste
sort qui l'attendait dans notre
n°3059 du 26 février 2007.
L
'église saint-Martin à Arc-sur-Tille,
ville de 2 500 habitants à 12 km à
l'est de Dijon, a été construite en
1829. À la suite de désordres dans
ses fondations, elle est fermée en
novembre 1989. Une association UEPA
(Une Église Pour Arc/Tille) est créée en
novembre 1991. Une période d'incertitude
sur le sort de l'église s’étire jusqu’en février
2001, avec, entre autres, deux
études précises et complémentaires par des architectes
des monuments historiques.
On était proche des appels
d’offres, mais la construction
d’une salle de sports avait
été programmée avant la
fermeture de l’église et cela
monopolisait les budgets. Élue
en mars 2001, une nouvelle
municipalité vota la démolition de l’église, le 6 décembre
2005.
La protestation de 29
architectes du patrimoine et
plusieurs milliers de pétitions
n’y font rien. Les instances locales,
trompées par des documents non
crédibles, entérinent la décision
municipale. Cependant l'archevêque exige un autre « lieu de
culte viable et pérenne » pour accepter de
signer la désacralisation.
L'UEPA saisit le tribunal administratif
de Dijon qui décide une contre-expertise. Le
maire fait appel. Il est débouté par la Cour
administrative d’appel de Lyon. Le ministère
de la Culture envoie alors deux inspecteurs
généraux à Arc. Leur conclusion est que :
« les avis alarmistes sont infondés et le coût
de 3 millions d'euros de la restauration est
très largement surestimé. »
En mars 2008 une nouvelle municipalité
est élue, animée de la volonté de sauvegarder
le patrimoine autant que faire se peut. En
attendant le rapport de l’expert mandaté par
le tribunal administratif, elle fait enlever, en
novembre 2008 (voir photos) les 4,8 tonnes
de fientes des pigeons qui ont squatté l’ensemble de l’église, fait boucher leurs accès
et protéger l’édifice des intempéries. Coût
de l’opération : 19 800 €, 18 000 € étant
financés par l'EUPA.
Les rapports définitifs de l’expert et du
sapiteur (économiste spécialisé) arrivent
en mai 2009, leur absence ayant jusquelà empêché toute réflexion constructive
des élus. Au cours de l’été 2009, l’équipe
Ce report, à quelques mois de l’ultime
engagement, est dû à certaines incohérences du rapport de l’expert du tribunal,
le seul élément précis et incontournable
dans ce document étant celui du coût de
la restauration, certifié par le sapiteur
à 1 538 160 € HT, tandis que celui de
1 280 400 € HT annoncé par la précédente
municipalité pour la démolition et la reconstruction a minima d’un édifice deux fois plus
petit, n'a pas été vérifié par l’économiste…
Est-il nécessaire de rappeler que, hormis
la perte irréversible d’éléments historiques
et architecturaux remarquables, une démolition ne pourrait prétendre au moindre
financement associatif et privé, contraireL'opération anti-pigeons, ment à la restauration. Malgré
en novembre 2008. l’évidence, les nouveaux
élus ne peuvent abroger le
vote de démolition de leurs
prédécesseurs au profit de la
restauration sans s’appuyer
sur des chiffres irréfutables
pour chaque option, au risque
d’une éventuelle contestation
toujours latente. L’adoption,
lors de la séance du conseil
municipal du 5 octobre 2009
d’une promesse de vente de
terrains communaux centreville permet d’envisager une
première partie des travaux.
Mais la recherche de fonds
municipale met au point est plus que jamais urgente car les moyens
son plan de route. Début actuels de l'association et de la commune
septembre, elle diffuse sont encore trop modestes pour consolider
son appel de candida- efficacement la détermination du conseil
tures aux architectes, et municipal. Aussi, il faut vraiment que, dès
choisit l’un d’entre eux. Après consulta- aujourd’hui, chacun se manifeste en s'intion des entreprises, il devra remettre, au formant et en signant la pétition sur le site
plus tard en mars 2010, son étude chiffrée www.uepa.fr en l’accompagnant, si c’est
sur deux possibilités : la restauration ou la possible, par un don (fiscalement déductible)
« démolition/reconstruction ». La décision aussi modeste soit-il. n
sera prise en juin 2010 avec recherche des
financeurs et poursuite de la mission de
Association UEPA
l’architecte.
50 rue de la Cras, 21560 Arc-sur-Tille.
Une démolition ne pourrait prétendre
au moindre financement associatif
(
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
25
26 FRANCECatholique n°3197
29 janvier 2010
Extrait de la bande dessinée de Brunor que nous avons éditée : 13 euros dans toutes les bonnes librairies. Brunor est passé à Radio Notre-Dame,
dans l’émission "Le Bistrot de la vie" animée par Anne Gavini sur le thème "le grand retour de la BD classique" en direct mardi 26 janvier de 9 h
à 10 h. L'émission peut être réécoutée sur Internet. Brunor sera sur KTO le lundi 8 février à 19 h 30 dans l’émission de Régis Burnet et il interviendra également sur KTO depuis le Festival de la BD d’Angoulême (28-31 janvier 2010). Thibaut Dary a fait une longue interview de Brunor
dans le n°467 de la revue Permanences (janvier 2010). Brunor est invité à la Fnac de Parly II le samedi 13 mars 2010 à partir de 15 h pour dédicacer Le Mystère du soleil froid. Des agrandissements de planches de la BD seront exposés sur place pendant plusieurs jours.
CINéMA
Mother
OCéANs
Dans un village perdu de la Corée du Sud, une
veuve habite avec son fils Do-joon, qui est sa seule
raison d’être. Do-joon a 27 ans, mais il est faible
d’esprit et se laisse aller à l’alcool. Dans le calme
de ce village, une fille est assassinée, et Do-joon
est rapidement accusé, car des gens l’ont vu, le
soir du meurtre, en compagnie de la victime.
 Cette histoire d’une mère, angoissée à
l’idée que son fils est injustement accusé d’un
crime, et qui se bat contre l’adversité, est habilement menée. Bong Joon-ho prouve une fois
de plus ici sa maestria pour tordre le coup au
genre annoncé : son enquête aurait dû aboutir,
selon les règles, à un certain résultat attendu,
alors que le récit part dans une autre direction,
assez surprenante. Kim Hye-ja est sensationnelle en mère courage.
 C’est l’amour extrême d’une mère
pour son fils qui donne ici le ton tragique à une
histoire où la violence joue un rôle important. Le
film montre des faits sans porter de jugement
précis et chaque spectateur devra donc décider
en son âme et conscience. Quelques images
sensuelles.
Georges Collar
Drame sud-coréen (2009) de Bong
Joon-ho, avec Kim Hye-ja (la mère),
Won Bin (Do-joon, le fils), Jin Tae
(l’ami de Do-joon), Je-Mun, (le lieutenant), Hong-jo (2h10). (Adultes.)
Sortie le 27 janvier 2010.
Où sont passés les Morgan ?
Paul et Meryl Morgan sont des New-yorkais
branchés séparés depuis des mois. Un soir, ils
sont les témoins d’un meurtre. L’assassin les
ayant vus, ils doivent être envoyés au fin fond
de l’Amérique profonde par le programme de
protection des témoins.
 On rit parfois avec cette comédie
romantique, car certains dialogues font mouche,
et la satire des snobs new-yorkais ne manque
pas de sel. Mais l’histoire n’est guère originale,
Hugh Grant a toujours autant de charme, mais il
peine à se renouveler, et Sarah Jessica Parker
est bien agaçante. Cela n’empêche pas de passer un moment agréable.
 Cette histoire de couple qui se déchire
et finit par se retrouver est sympathique, et il n’y
aurait rien à lui reprocher, si ce n’est une brève
allusion à une procréation médicalement assistée.
Comédie américaine (2009) de Mark Lawrence, avec Hugh Grant (Paul), Sarah Jessica Parker (Meryl), Mary Steenburgen
(Emma Wheeler), Sam Elliott (Clay Wheeler), Elizabeth Moss (Jackie) (1h45).
(Adolescents) Sortie le 20 janvier 2010.
Un opéra sauvage
Des images de toute beauté et
presque pas de commentaire pour
raconter la vie dans les océans.
L
a passion a toujours été le moteur de
Jacques Perrin, comédien, puis réalisateur et producteur. C’est elle qui lui
a permis de se lancer les plus grands défis,
et de réaliser les plus belles œuvres qui
soient (Le peuple migrateur, Microcosmos,
etc.)
Pour répondre à la question de son
fils : « L’océan, c’est quoi, l’océan ? », qui
est celle de tous les enfants, Jacques Perrin, loin de faire un documentaire, a réalisé
un véritable opéra sauvage, mettant en
scène « le peuple de l’eau » (baleines,
mé duses, crabes, saumons, otaries,
mérous, etc.).
 Il n’y a pas de mots pour exprimer
l’étonnement dans lequel se trouve le
spectateur. C’est la raison pour laquelle il
n’y a pratiquement pas de commentaire
pour appuyer la force de ces images splendides. La beauté ne se sert-elle pas à ellemême ? Lorsque l’on voit ces ballets de
requins ou de méduses multicolores, ces
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé
étonnantes boules de krills ou de chinchards et ces poissons qui ressemblent à
une sorte de chiffon flottant au fil de l’eau,
quels mots pourraient aider à comprendre
que la nature est une merveille ? Pour capter cette beauté, outre un budget de près
de 60 millions d’euros, Jacques Perrin a
bénéficié des dernières technologies : une
torpille équipée d’une caméra, une caméra
grue très stable, lorsque la mer est déchaînée ou un hélicoptère téléguidé. En visitant 54 pays et avec l’aide de près de 400
personnes, dont 12 plongeurs cameramen,
il a, pendant quatre ans, réalisé un véritable exploit pour nous en mettre plein les
(
Une invitation à la
contemplation des
merveilles de la Création
yeux. Mais, lorsqu’il montre des pêcheurs
rejeter vivants à la mer des requins, après
leur avoir coupé la queue et les ailerons
(très prisés dans certains pays), et ces malheureux couler à pic, tant ils sont désorientés, on comprend que la cruauté de
l’homme n’a pas de limites.
 Cette œuvre est une invitation à
la contemplation des merveilles de la
Création, en même temps qu’elle aide à
prendre conscience des responsabilités de
l’homme pour sa préservation. ■
Océans. Documentaire français (2009) de Jacques Perrin
et Jacques Cluzaud, avec Lancelot Perrin (l'enfant). Musique
de Bruno Coulais (1h43). (Tous.) Sortie le 27 janvier 2010.
In the air
Ryan passe sa vie dans les airs, car il exerce le métier de licencieur.
Cela signifie qu’il est chargé, par des chefs d’entreprise qui n’ont pas
le courage de le faire eux-mêmes, d’annoncer à des salariés qu’ils
sont licenciés. Cette vie d’aéroports et d’hôtels lui convient parfaitement, car Ryan a horreur de tout ce qui ressemble à un engagement.
 Il en faut du talent à George Clooney pour interpréter ce personnage antipathique,
avec l’élégance et le charme qu’on lui connaît. Pourtant, peu à peu, grâce à un scénario parfaitement agencé et à des dialogues acérés, le héros s’humanise jusqu’à devenir sympathique,
voire pathétique. C’est très bien fait, mais l’histoire et certains personnages glacent le sang.
 Le cynisme du héros et de son entreprise font froid dans le dos et témoignent des terribles dérives de nos sociétés matérialistes. Mais les nombreuses scènes de licenciement et la
détresse des victimes qu’elle dénoncent apportent un contrepoint salutaire, tout comme la fin, à
une œuvre qui dérange.
Comédie dramatique américaine (2009) de Jason Reitman, avec George Clooney (Ryan Bingham), Vera Farmiga (Alex), Anna kendrick (Natalie
Keener), Jason Bateman (Craig Gregory), Danny McBride (Jum), Melanie Lynskey) (1h50). (Grands adolescents.) Sortie le 27 janvier 2010.
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 27
exPositions
Musée Matisse
Joan Miró et tériade
l'avent
par Ariane GREnon
Peinture et poésie ne font aucune différence pour
Joan Miró, comme il le déclare en 1936. Cette
exposition du musée Matisse illustre avec brio
cet aphorisme original en racontant ici l'aventure
d'Ubu, vue au travers de la collection Miró et
Tériade, un ensemble reçu dans sa totalité en l'an
2000, par legs de la femme du célèbre éditeur.
propre suite dotée de multiples inventions ; il
raconte ses voyages : chassé de Pologne, par
exemple, le tyran se retrouve à Majorque (une
île-territoire pour le peintre) qu'il nourrit sans
relâche d'un irrésistible humour. La folie de ce
monstre débonnaire est incontrôlable et est censée démontrer, sous une image satyrique du Père
Ubu, la folie naissante du monstre, bien réel
celui-là, du régime franquiste dans ses tentatives
pour contrôler toute une société. Plus tard Miró
se déchaînera « contre tous les ubus qui se vautrent sur les plages au mois d'août », en impoendant vingt ans, le personnage d'Ubu a
sant la laideur du béton et la bêtise des masses
occupé Miró (1893-1983) qui a étudié
avides de consommation pour la consommation.
ses débuts, sans oublier de narrer ses
Ce n'est pourtant pas le message politique qui
suites inventives. Il est certain que le
restera, mais le message poétique et artistique
célèbre Catalan adorait le romanesque
qui découle des frustrations et plus ou moins
poétique d'Alfred Jarry. C'est en 1888 - on a
saintes colères de Miró.
peine à le croire ! - que celui-ci a inventé ce
Un livre, longuement étudié (puisqu'il metpersonnage burlesque ainsi que celui de son
tra vingt ans à sortir) est décidé d'un commun
épouse, le Mère Ubu. Jarry, dans son ironie, est
accord par Miró et l'éditeur d'art, Tériade. Miró
profondément subversif, dans une actualité douchoisit des couleurs fortes et sonores pour suivre
loureuse, notamment au temps du franquisme
le texte d'Ubu roi. Les teintes
en Espagne, il inspirera Miró
s'accordent aux formes trupar une curieuse alchimie qui,
culentes illustrant la proà vrai dire, donne ses vraies
vocation, l'absurdité, un
lettres de noblesse au roi Ubu.
humour grasseillant et paroMiró aimait les assemblages de
dique. L'ouvrage ne paraîtra
mots qui nourrissaient son imaqu'à la fin des années 60,
gination : « Je ne fais aucune
soit vingt ans après la signadifférence entre peinture et
ture du contrat.
poésie », affirmait-il en 1936.
Miró inventa six ans plus
L'exposition du musée Matisse
tard une suite très personen fait la preuve en ajoutant
nelle : Ubu aux Baléares. Ce
le théâtre à la littérature, les
sont de géantes lithographies
estampes aux sculptures et des
où les mots, immensément
documentaires aux costumes
agrandis, portent les exclade scène. Puis Miró conçut une
mations familières d'Ubu pièce de théâtre, intitulée Mori
tel son fameux « Merdre » et Merma, inspirée autant par
Marionnettes géantes,
où court une série de petits
le récit d'Alfred Jarry que par pour la pièce de théâtre
personnages. Il dessinera
ses propres lithographies. (1)
Mori el Merma,
ensuite L'Enfance d'Ubu où se
En 1966, Miró crée treize conçue par Joan Miró.
multiplient des techniques,
lithographies en pleine page Compagnie La Claca,
1977, Barcelone.
pastels, encres, crayon et des
pour illustrer le texte d'Ubu
PhoTo F. CATALà-RoCA - Fonds PhoTogRAPhIqUE F.CATALà-RoCA-ARxIU FoTogRAFIC dEL CoAC
papiers ou tissus que l'édiRoi. En 1972, il imaginera sa © AxI hIsToRIC dEL CoL LEgI d’ARqUITECTEs dE CATALUnyA (F. CATALà-RoCA)
P
28 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
« Je ne fais 
aucune
différence 
entre peinture
et poésie » 
affirmait Miró 
en 1936
donATIon ALICE TéRIAdE - PhoTo PhILIP BERnARd
MUséE déPARTEMEnTAL MATIssE, LE CATEAU-CAMBRésIs
© sUCCEssIó MIRó – AdAgP 2009
:
ure d'ubu
donATIon ALICE TéRIAdE - PhoTo PhILIP BERnARd
MUséE déPARTEMEnTAL MATIssE, LE CATEAU-CAMBRésIs
© sUCCEssIó MIRó – AdAgP 2009
Joan Miró - Alfred Jarry, Ubu Roi - Lithographies originales de Joan Miró
Planche IV : « La revue » - Paris, Tériade éditeur, 1966.
Joan Miró, L’Enfance d’Ubu, Lithographie n°7 - Paris, Tériade, 1975
© PhoTo CLovIs PRévosT
teur Tériade parviendra à reproduire en lithographies. C'est tout ce petit monde agité, étrange et
populaire que relatent ces collections.
Miró s'attaque à un second livre, publié en
1971 : il compose le porte-folio de très grand
format qui, texte et images, est de son cru.
L'écriture est automatique et ses mots inventés,
les dessins dépouillés et parfois drôlatiques. Le
dernier ouvrage relate donc L'enfance d'Ubu : les
lignes sont souvent erratiques, en constellations,
des images découpées dans du papier craft, des
collages avec des tissus que Tériade reproduit en
lithographie.
La céramique Ubu est un grand buste évidé
où les découpes s'effilent en flèches. Elles ressemble à une sorte de taureau à multiples cornes
en pointe. Cette section sculpture présente deux
bronzes et trois plâtres originaux de bustes qui
évoquent le Père et la Mère Ubu.
L'exposition s'achève avec les marionnettes
géantes et les décors peints de Miró. Cette section « théâtre » est sans doute la plus spectaculaire. Ubu est-il devenu Franco ? Les figures
sont extravagantes, burlesques et menaçantes.
Plus grandes que la taille humaine, ce sont des
volumes ajourés faits de toiles étirées sur des
armatures en bois de grande échelle, selon ses
propres dessins. Les marionnettes géantes ainsi
que les décors peints de Miró donnent l'impression d'entrer dans une nouvelle dimension.
Au-dessus de notre humanité. dans leur violence, leur force mais aussi une sorte d'abrutissement, pauvres marionnettes conduites par la vie,
aveugle, qu'elles ne dominent pas, baudruches
outrancières et perdues.
Miró fut obsédé par Ubu et sa figure monstrueuse en même temps que grotesque… Et,
contrairement à celui de Jarry sans doute, le
Ubu de Miró ne s'est pas démodé ni affaibli, « lui
qui reconstruit, à plus que quatre-vingts ans,
l'esprit d'enfance qui anime une grande partie
de son œuvre… », comme l'écrit Isabelle MonodFontaine dans le catalogue, dans « une économie
de moyens, une liberté totale et irrépressible »
qui font sa force pour toujours. ■
Portrait de Joan Miró.
1 - Un film « totalement irréaliste » est projeté dans une salle obscure du musée.
« Joan Miró et Tériade : l'aventure d'Ubu », jusqu'au 31 janvier (10h-18h),
au Musée Matisse, Musée départemental, Palais Fénelon, 59360 Le CateauCambrésis, tél. : 03.27.84.64.50, fax : 03.27.84.64.54.
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
29
expositions
Fondation Martin BodMer
« orient-occident
racines spirituelles de
En publiant « Orient-Occident »,
les éditions du Cerf et la Fondation
Martin Bodmer nous invitent
à une méditation constructive
sur les différentes racines
spirituelles de l’Europe.
«J
e veux réaliser un édifice spiri -
tuel, un lieu où deviendra visible
le chemin de l’homme vers luimême », écrivait Martin Bodmer
(1899-1971). L’intellectuel et collectionneur suisse, né dans une famille patricienne de soyeux zurichois, s’est donné pour
gageure de constituer une « bibliothèque de la
littérature mondiale rassemblant les témoignages
écrits les plus symboliques de l’histoire politique,
religieuse et artistique de l’humanité ». Bodmer
voulait susciter une réflexion constructive d’ordre
spirituel sur nos racines communes, tout en se
gardant de préciser quel « chemin » il convenait
de suivre et quel en était le terme. Loin de tout
relativisme, il souhaitait inviter chacun à dépas-
ser son milieu et son époque. Avant sa mort,
Martin Bodmer a transformé sa bibliothèque
en fondation de droit privé, reconnue d’utilité
publique.
Parmi les 160 00 pièces en 80 langues réunies par le collectionneur, les
auteurs du livre Orient–Occident,
co-édité par les éditions du Cerf et
la fondation Martin Bodmer, ont
sélectionné plus de 80 ouvrages.
Ils couvrent 45 siècles d’histoire
spirituelle et religieuse. L’Antiquité
et les trois grandes religions monothéistes : judaïsme, christianisme
et islam, constituent les quatre
parties du livre. Elles ont été respectivement placées sous la direction de
Luc Brisson, du Grand Rabin René-Samuel
Sirat,
de Frédéric Möri et Guy Bedouelle, enfin
Médaillon de saint Procope.
Art byzantin, or et émail, de Rémi Brague. 72 spécialistes ont apporté leur
XIe–XIIe siècle.
contribution en rédigeant un texte et en apporHuGuES DuBoIS, PARIS Et BRuxELLES /
tant leur éclairage sur un phénomène spirituel
StEPHEn HAGEn, nEw YoRk
majeur. Chaque contribution est accompagnée
d’une photographie de l’objet et d’un lieu représentatif. Dans une des quatre préfaces de l’ou-
30 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
Le Parthénon,
Athènes.
© FRéDéRIC MöRI
Monastère Saint-Bischoï,
Wadi-Natrum, Égypte, VIe siècle.
© FRéDéRIC MöRI
Le Dôme du Rocher,
Jérusalem,
VIIe siècle.
,
par Alain SOlAri
© FRéDéRIC MöRI
HuGuES DuBoIS, PARIS Et BRuxELLES /
StEPHEn HAGEn, nEw YoRk
Sainte Hélène, Bronze,
255-327.
Évangile
selon
Saint Jean,
Manuscrit grec,
codex de papyrus,
Haute-Égypte,
vers 200.
l’europe »
qui occupe à lui seul près de la moitié du livre,
est consacré au christianisme. « L’évangile de
Jean, son prologue et le logos », texte rédigé par
André Paul, accompagne la représentation d’un
évangile selon Saint-Jean (manuscrit grec, codex
Encensoir ajouré
de papyrus, vers 200) qui pourrait provenir d’une
en forme de lion.
des fondations monastiques de saint Pacôme, en
Art Islamique, Bronze, Haute-égypte. Dans la dernière partie, relative à
Perse orientale –
Khorasan, XIe siècle. l’islam, on trouve notamment l’étonnante photo
d’un Coran en latin, édité à Hambourg en 1694.
Ce ne sont là que quelques exemples de ce que le
lecteur découvrira dans l’ouvrage. Parallèlement à
sa publication, une exposition sur le même thème
se tient à la fondation Martin Bodmer, près de
,
IS
Bo
u
D
HuGuES uxELLES /
BR
Genève. « L’initiative ‘orient-occident’, dit le carPARIS Et HAGEn,
StEPHEn Rk
dinal Cottier, a le mérite de mettre en évidence
nEw Yo
une tension dialectique féconde dont l’action se
vérifie en chacune des traditions. » ■
vrage, le cardinal Cottier, ancien théologien de
la Maison Pontificale, écrit : « …c’est ainsi que
l’universalisme et l’exclusivisme des trois traditions monothéistes qui sont à la racine
de l’identité spirituelle de l’Europe ont
toujours échangé entre elles, grâce à
l’héritage de la philosophie grecque
que chacune à sa manière avait
recueilli… toutes trois ont rencontré
le problème de la relation entre foi et raison,
d’où prend naissance la théologie. »
à travers les 109 textes accompagnés
de 221 photographies en noir et blanc
l’ouvrage se présente comme une contribution au dialogue des cultures. Le lecteur trouvera par exemple, dans la partie réservée aux traditions antiques,
la
photo d’un manuscrit hiéroglyphique
du livre des morts d’Hor (époque ptolémaïque, IVe-IIIe siècle) accompagné d’un commentaire sur la religion de l’ancienne égypte. Le
chapitre relatif aux traditions judaïques comprend notamment un texte traitant du Livre de
la Genèse, illustré par un manuscrit hébreu, sur
parchemin, du xIIIe siècle. Le chapitre le plus riche,
L'ouvrage Orient-Occident, racines spirituelles de l’Europe, sous la direction de Frédéric Môri
et Guy Bedouelle, édition du Cerf/Fondation Martin Bodmer, 543 pages, 221 photographies, 120 e.
L’exposition « Orient-Occident, racines spirituelles de l’Europe », à la Fondation Martin
Bodmer, Bibliothèque et Musée, Route du Guignard, 19-21, CH-1223 Cologny (Genève),
jusqu’au 4 avril 2010, du mardi au dimanche (14h-18h), fermé le lundi et les jours fériés,
ouvert le lundi de Pâques, mais fermé le Vendredi saint. [email protected]
Panneau de sarcophage avec un menora. Art romain tardif.
Marbre, fin du IIIe siècle.
© FRéDéRIC MöRI
© FRéDéRIC MöRI
« Vraie lumière, née de vraie nuit »
Il convient de signaler également, aux éditions du Cerf, 
la parution d’un très bel ouvrage, intitulé :
« Vraie lumière, née de vraie nuit ».
Il réunit 24 poèmes de François Cheng,
de l’Académie française, illustrés par la reproduction
de 8 lithographies du père Kim En Joong.
« Vraie Lumière,
Celle qui jaillit de la Nuit ;
Et vraie Nuit,
Celle d’où jaillit la Lumière… »
Éditions du Cerf, collection Images et beaux livres, environ 60 pages, 28 €.
Le Livre des morts d'Hor, Papyrus égyptien, IV ou III siècle.
e
e
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
31
MUSIQUE
MÉDIAS
Plaidoyer pour les
par François-Xavier LACROUX
Publier une revue sur
l’orgue, n’est-ce pas
la réserver à un cercle
d’initiés, forcément
restreint ? Pourtant, les
entrepreneurs de cette
initiative visent, à juste
titre, beaucoup plus loin.
Découverte…
E
cette nouvelle revue
trimestrielle, qui en est déjà à
son septième numéro, on est
impressionné par un comité
d’honneur prestigieux : MarieClaire Alain, Philippe Beaussant, Stéphane Caillat, Bernard Foccroule,
Gustav Leonhardt, le Cardinal Poupard,
sans les citer tous. C’est dire le poids
que veulent mettre les initiateurs dans
cette publication. Car, au-delà des
noms, cette revue représente non un
nouveau défi commercial, mais une
démarche culturelle bien plus ample
que celle supposée a priori. C’est l’occasion de faire un point sur la musique
d’orgue mais aussi la musique sacrée
et liturgique de façon plus générale, de
poursuivre une vraie réflexion, non pas
seulement pour constater des insuffisances, mais surtout pour redonner un
élan, relancer des vocations musicales,
le cas échéant.
L’orgue est principalement attaché, dans nos contrées occidentales
et françaises, à l’idée d’édifice religieux, et son jeu à celui de culte. Tant
sa littérature que sa sonorité y sont
indéfectiblement liées. La connaissance et le développement de l’insn ouvrant
(
trument semblent donc fonction de
la pratique religieuse. Pourtant, il n’y
a jamais eu autant de restaurations
et de constructions d’orgues qu’aujourd’hui. Car l’instrument est en réalité bien plus qu’un instrument liturgique. L’engouement qu’il suscite à
l’étranger, notamment au Japon, dans
des salles de concerts, est preuve que
l’orgue demeure un instrument fascinant, virtuose, démonstratif. Mais
il est mal connu dans nos contrées,
où cette connotation religieuse a
tendance à le desservir aux yeux du
grand public, qui, souvent, ne voit
pas l’instrumentiste, coincé entre sa
console et le positif de dos, loin des
regards. L’organiste est un musicien de
l’ombre…
La double personnalité de l’orgue, serviteur du culte et instrument
de concert, ne peut s’épanouir sans
un effort de transmission auprès
du public, particulièrement des plus
jeunes. Nombre de tribunes, particulièrement dans les petites villes de nos
régions, n’ont plus d’organistes. Les
classes de conservatoire sont souvent
réduites à leur portion congrue. En
serait-ce fini de lui ? L’orgue, « c’est à
la fois l’enseignement de la tradition
mais sans fixation », pour reprendre
les mots de Pascale Rouet dans son
éditorial. Et de préciser : « Une histoire
qui, fécondant notre propre temps, lui
permet de s’asseoir sur un socle solide.
Et sans doute en avons-nous particulièrement besoin aujourd’hui où notre
monde semble parfois vaciller et où
toute certitude est sans cesse remise
en question… » La musique d’orgue,
c’est cela : créer, assis sur le socle de
la tradition. Nombre de compositeurs
contemporains ont été et sont orga-
Pas seulement une histoire de claviers
et de tuyaux mais une histoire d'hommes...
32 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
nistes. On pourra citer Marcel Dupré,
Olivier Messiaen, Maurice Duruflé,
Jean-Louis Florentz et, aujourd’hui,
Thierry Escaich. Car l’orgue est une
toile vierge où l’artiste, tel un peintre,
peut étaler toutes les palettes colorées de sa sensibilité. Dans une grande
liberté, une grande facilité. Aucun
autre instrument ne peut donner un si
large éventail sonore dans une immédiateté propre à exalter l’imagination
et la créativité. Il est donc l’instrument
privilégié de la création contemporaine, un orchestre sous les doigts et
les pieds d’un seul musicien, en direct.
C’est ce qui fait considérer l’organiste
au Japon comme une star, au même
titre que dans le rock.
Le contenu de la revue est d’une
richesse surprenante, jamais rébarbative. Ce n’est pas seulement une histoire de claviers et de tuyaux, c’est
aussi une histoire d’hommes et de
femmes, d’anciens et de modernes, lieu
où les générations se mêlent, où les
plus jeunes reçoivent des plus vieux
tout en apportant leurs propres personnalités. On y découvre notamment
les initiatives heureuses d’aventures
musicales, pas seulement organistiques, comme les intégrales des cantates de Bach – soit environ 200 –
données tout au long de l’année, et ce
depuis 2000, 250 e anniversaire de la
mort du compositeur. En Île-de-France,
par exemple, ce ne sont pas moins de
quatre expériences qui ont cours. Ces
aventures sont parfois données pendant un culte luthérien et rassemblent
bien au-delà. Car cette musique est
animée d’une beauté surhumaine et
d’une vraie conviction spirituelle.
Ces initiatives de concerts spirituels
permettent parfois de redonner une
vie à un lieu de culte, une église, sinon
désaffectés, du moins peu utilisés. La
musique d’orgue est alors un moyen
orgues
pour maintenir en vie une communauté, non pas strictement religieuse, mais
qui se retrouve pour communier à une
autre forme de vie spirituelle, par la
beauté. C’est toute la force de l’orgue
que de donner un supplément d’âme à
des bâtiments qui se vident, qui s’appauvrissent et continuent à coûter
cher aux communes en charge de leur
entretien. Si l’église n’est pas une salle
de concert, y accueillir des manifestations culturelles à dominante sacrée
n’est pas antinomique. Car le souffle
de la musique sacrée dépasse alors le
cadre du culte à proprement parler.
Mais peut aussi le prolonger et l’anticiper. Car retrouver ce qui inspire, au
sens premier du terme, cette musique,
est une démarche toute naturelle pour
qui veut prendre le temps de comprendre. Si la liturgie est le biotope de
la musique sacrée, elle ne peut contenir toute l’action divine. Il faut donc
savoir la déborder pour parler aussi à
ceux « qui ne savent pas ».
L’expérience de résidence au Kitara
Concert Hall de Sapporo, relatée dans
le dernier numéro d’Orgues Nouvelles,
illustre bien ce dépassement. L’orgue,
instrument d’origine païenne, adopté
par la chrétienté et chantre privilégié de sa « parole » musicale, retrouve
des lieux profanes. Le répertoire reste
pourtant toujours très « religieux »
puisque sa tradition est façonnée par
le christianisme et s’en fait, consciemment ou non, le vecteur. Chaque année
depuis 1998, un jeune et brillant organiste français devient conservateur
de l’orgue Kern de Sapporo. Et y est
accueilli en virtuose, véritable héros
musicien. Les concerts de cet orgue
« laïc » ne regroupent jamais moins de
2 000 spectateurs. Et l’orgue sert à de
nombreuses réceptions officielles ou à
la visite de nombreux écoliers, émerveillés de voir en vrai un instrument
si majestueux… et d’écouter dans un
silence absolu la Petite Fugue en sol
Mineur de Bach qu’ils ont tous étudiée
en classe. Cet exotisme est tout à fait
déroutant pour des français habitués
à travailler… dans l’ombre de leurs tribunes.
La revue est accompagnée de deux
suppléments : un disque, contenant à
la fois des pistes audio et une partie
cédérom, et un petit recueil de partitions qui conviendront aux plus avancés des organistes comme aux jeunes
débutants. Le disque a l’avantage d’illustrer les orgues qui ont fait l’objet
d’articles dans la revue. Le cédérom
offre quelques partitions supplémentaires et une petite vidéo des expériences de cantates de Bach.
Plus qu’un plaidoyer pour l’orgue,
Orgues Nouvelles constitue une opé-
ration de diffusion de première importance d’un patrimoine peu connu du
grand public, et que l’on croit trop
réservé aux érudits. Tout en participant à la démocratisation de l’orgue, la
revue prône la musique sacrée comme
moyen d’expression commune et invite
en définitive à un grand débat sur
la place réservée à celle-ci dans la
culture contemporaine et l’éducation.
Un seul numéro ne peut prétendre
répondre à ces questions. C’est pourquoi il faut encourager, soutenir cette
démarche. Et souhaiter longue vie à
cette très belle revue. n
Orgues Nouvelles
www.orgues-nouvelles.org
34 rue Paul Bert – 69003 Lyon
Tél. : 04.72.77.57.62.
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
33
théâtre
« Fille de… »
rire
de l'essentiel
par Pierre François
Il est rare qu'on parvienne à la fois à faire
rire et à poser des questions essentielles.
C'est pourtant le cas avec « Fille de… »,
qui au surplus sait éviter la caricature.
Un vrai moment de théâtre.
» est une vraie comédie qui
aborde de vraies questions. La situation de départ est des plus plausibles : une jeune femme à la vie sentimentale incertaine et qui professionnellement s'est faite seule se voit imposer la
présence de sa mère vieillissante, avec laquelle
elle n'a plus de contact depuis fort longtemps. Il
faut donc d'urgence cacher aux yeux du fiancé
du moment une génitrice qui invite chez sa fille
tous ses amis, est fagotée comme une mendiante et a un Q.I. proche de zéro. Par contre, le
quotient du cœur frise le génie.
C'est ainsi que sont abordés avec tact et justesse des questions aussi délicates que l'avortement, le désir d'enfant, la connaissance qu'on
a des sentiments de l'autre, celle de son propre
passé affectif… Certes, le personnage de l'éducateur est un peu cousu de fil blanc, dans son rôle
de vieux sage et de pivot des évolutions à accomplir. Mais les autres sont excellemment joués. La
© LOT
«F
ille de…
Le quotient
du cœur
frise le génie
Quelques pièces
« Ladies night » est un spectacle au thème connu (des chômeurs montent un striptease pour sortir de leur situation d'échec), mais les comédiens en font beaucoup
trop lors de la première scène. Par la suite, pourtant, on se laisse prendre et on les
accompagne avec une complicité croissante jusqu'à l'épilogue. À noter une extraordinaire scène de strip-tease par un homme à la corpulence surprenante vêtu en
empereur romain.
« Reprise d'un triomphe… » est une pièce sur la Corse. Qui semble illustrer de
façon paradoxale qu'un Corse qui a réussi est un Corse qui vit sur le continent.
Elle est néanmoins parfaitement bien jouée et on croit de bout en bout aux personnages, jusque dans leurs incarnations temporaires de héros de cinéma. n
« Ladies night », au théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au Lard, 75014 Paris, tél. : 01.42.78.46.42,
les vendredis et samedis (21h30).
« Reprise d'un triomphe ou le songe d'une nuit bastiaise », au Théâtre Kallisté, rue Colonel
Colonna d'Ornano, 20000 Ajaccio, tél. : 04.95.22.78.54, les 24 et 25 avril, puis au théâtre de
la Bernardine et au théâtre de la Minoterie, à Marseille, tél. : 04.91.24.30.40 les 6 et 8 mai.
34 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
mère est plus vraie que nature pour qui a déjà eu
l'heur de fréquenter des maisons de retraite. Son
apparente obstination de simplette sert à merveille les questions de fond, que la fille se pose
sur un mode différent, celui du rejet d'une mère
idiote et du fait qu'il n'est pas question de saboter ce qu'elle a mis tant de temps à construire
avec les matériaux du bord : elle-même.
Les amis de la mère jouent sur le même registre
de la spontanéité du cœur et font toucher du doigt
sous cet angle des questions aussi sensibles que le
racisme ou l'amitié, de façon très nuancée.
Le fiancé a un rôle difficile de pont entre
ces deux perceptions du monde, sans y avoir été
préparé. Il s'en sort très bien, même si durant un
bref moment (quand il découvre la supercherie
mise en place par sa douce) on a du mal à croire
au personnage. Surtout, il révèle avec intelligence comment ce qu'il n'avait pas dit à sa fiancée n'avait pas la signification qu'elle croyait.
Cette dernière joue en permanence sur le fil
(un pas de trop d'un côté et on sombre dans la
caricature, un écart de l'autre et on tombe dans
le sentimentalisme visqueux) et ne chute jamais
tout en alimentant en permanence le style
comique de la comédie.
Pour autant, retiendra-t-elle les leçons que sa
mère lui transmet sur la vie ? Tel est le mystère
qui se dévoilera à ceux qui iront voir la pièce. n
« Fille de… », du mercredi au vendredi
(19h30), samedi (17h30) à la comédie SaintMichel, 95 bd Saint-Michel, 75005 Paris.
Places à 24 e/18 e. Tél. : 01.55.42.92.97.
TÉLÉVISION
Journal d’une paysanne
Un homme
d’exception
DR
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
DR
Anna est une paysanne de Basse-Bavière.
Les conditions de vie sont dures pour elle,
qui travaille sans cesse, d'autant plus
qu'elle souffre de l'autorité de son père.
La chance semble lui sourire lorsqu'elle
rencontre Albert, puis se marie avec lui.
Mais il part à la guerre, et Anna doit
travailler plus durement encore.
 Ce film très intimiste est entrecoupé
de flash-back sur l'enfance d'Anna. Très
réaliste, il ne sombre pas dans la pure
description inutile que l'on peut trouver
dans le cinéma d'auteur actuel, notamment par une bande-image qui ressemble
beaucoup aux tableaux décrivant des
scènes de vie à la campagne. Le réalisateur sait créer l'émotion avec le quotidien.
 Il y a des personnages attachants dans
cette œuvre, d'autres odieux. L'amour et l'espoir sont bien mis en valeur, mais il n'y a pas
véritablement de morale dans ce film.
Inspiré d’une histoire vraie,
ce film poignant retrace
un douloureux combat
contre une maladie mentale.
P
ourquoi aller chercher dans l’imaginaire ce que l’on trouve dans la vie
réelle ? Car les histoires authentiques sont d’extraordinaires sources
d’inspiration pour les scénaristes.
Dès son arrivée dans la prestigieuse
université de Princeton (grâce à une
bourse), John Nash s'est fait remarquer à
la fois par son génie mathématique et
par son incroyable dégaine de scientifique égaré dans un magasin de porcelaines. Et quand il s'est essayé à la séduction des femmes, le désastre a été garanti. Pourtant, cela ne l'a pas empêché
d'épouser la ravissante Alicia et d'être
recruté par le ministère de la Défense.
Mais la guerre froide fait rage et, bientôt,
John Nash est poursuivi par des espions.
Comédie dramatique allemande (1989) de Joseph Vilsmaier,
d’après le roman-journal d'Anna Wimschneider, avec Dana
Vàvrovà (Anna), Werner Stocker (Albert), Claude-Olivier Rudolph
(le responsable du district), Eva Mattes (la photographe) (1h47).
Diffusion le jeudi 4 février, sur Arte, à 20h45.
Vu du ciel «Pour que
vivent les grands fleuves»
Documentaire français (2008) présenté par Yann ArthusBertrand. Diffusion le mercredi 3 février, sur France 3, à 20h35.
(
C'est une magnifique
histoire d'amour conjugal
qui est au cœur de cette
œuvre bouleversante
histoire d'amour conjugal qui est au
cœur de cette œuvre bouleversante.
 Le beau personnage d'épouse (et de
mère) aidera le héros à se battre contre
la maladie. C’et un bel exemple d'amour
et de courage, dans une œuvre saine. ■
Un homme d’exception. Comédie dramatique américaine
(2001) de Ron Howard, avec Russell Crowe (John Nash),
Jennifer Connelly (Alicia Nash), Ed Harris (Parcher),
Christopher Plummer (le docteur Rosen), Paul Bettany
(Charles), Adam Goldberg (Sol), Josh Lucas, Vivien Cardone
(2h15). Diffusion le dimanche 31 janvier, sur France 2, à 20h35.
Les aventures de Sally Lockhart «La malédiction du rubis»
BBC
Si la forêt est le poumon de notre planète,
les fleuves en sont les artères. Or ceux-ci
sont, le plus souvent, bien malades, qu'ils
soient à sec ou pollués.
 Elles sont somptueuses, certaines
des images de ce magnifique documentaire.
On frémit, lorsqu'on apprend que 90% des
fleuves du monde sont menacés, et l'on
s'indigne devant le sort réservé aux Indiens
Guarani (pourtant très dignes devant le
scandale). Fort heureusement, Yann ArthusBertrand ne se contente pas de dénoncer
les errements de certains, il met en valeur
les combats de ceux qui luttent pour
préserver notre malheureuse planète.
Du moins, c'est ce qu'il croit jusqu'au
jour où le verdict tombe : il est atteint
d'une forme de schizophrénie aiguë.
 Librement inspiré d'une histoire vraie (le véritable John Nash a reçu
le prix Nobel d'économie en 1994 !), ce
film est prenant jusqu'à la fin. Malgré
une mise en scène un peu académique,
ce portrait d'un surdoué en prise avec
ses démons intérieurs est captivant.
Russell Crowe est impressionnant dans
son personnage de scientifique égaré par
la maladie et par son monde intérieur.
Mais, plus que l'intérêt de cette lutte
contre la maladie, c'est une magnifique
À Londres, en 1872, Sally Lockhart vient de perdre
son père et elle vit chez une vieille tante revêche.
Jeune fille intrépide et moderne (elle a appris à tirer
au pistolet et à tenir une comptabilité !), elle décide
de mener une enquête sur la mort mystérieuse de
son père et quitte sa tante. Très vite, elle va faire la
connaissance de Frederick et de Jim, deux jeunes
hommes qui vont l’aider à trouver la vérité.
 Cette adaptation de Philip Pullman nous fait découvrir les bas-fonds de Londres, à la
fin du XIXe siècle, époque où il n’était pas habituel que les jeunes filles prennent autant de
risques. Le personnage de Sally Lockhart est des plus sympathiques, et son interprète, la
charmante Billie Piper (une grande star en Angleterre), lui donne beaucoup de piment. C’est
délicieusement rétro, avec un suspense prenant et quelques personnages pittoresques.
 Si l’héroïne est courageuse et entreprenante, tout comme ses deux amis, l’atmosphère est souvent angoissante.
Téléfilm britannique (2006) de Brian Percival, d’après Philip Pullman, avec Billie Piper (Sally Lockhart), Julie Walters (Madame Holland),
J. J. Feild (Frederick Garland), Matt Smith (Jim Taylor), David Harewood (Nicholas Bedwell), Don Gilet, Robert Glenister (1h30).
Diffusion le samedi 30 janvier, sur Arte, à 22h15.
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
35
télévision
samedi 30 janvier
Dimanche 31 janvier
lundi 1er février
Mardi 2 février
TF1
TF1
TF1
TF1
20.45 Camping Paradis «Coup de
vent sur le camping» GA. Téléfilm
20.45 Dr. House : «Parle avec lui»,
20.45 Qui veut gagner des mil-
«Cancer es-tu là ?», «Cœurs brisés»,
«De pièces en pièces» GA. Série
avec Hugh Laurie 2.  Cette
nouvelle saison est un peu décecante, et le quatrième épisode, sur
l’avortement, contestable.
23.55 Columbo «Ombres et
lumières». Téléfilm avec Peter Falk.
03.05 Toute la beauté du monde
GA. Comédie (2006) de Marc
Esposito, avec Marc Lavoine, Zoé
Félix (1h43).  Une jolie comédie romantique.
France 2
20.35 Prise directe «Secrets de famille : Faut-il tout dire ?». Magazine
présenté par Béatrice Schönberg.
22.50 Le pacificateur GA. Drame
(1997) de Mimi Leder, avec
George Clooney, Nicole Kidman...
(2h04) 2.  Assez bien fait,
mais un peu confus.
01.15 L’une chante, l’autre pas…
A. Comédie dramatique (1976) de
Agnès Varda, avec Thérèse Liotard
(1h56).  Ce plaidoyer en
faveur de l'avortement ne manque
ni de charme ni de poésie. Mais
c'est long, et l’histoire est d'un
simplisme affligeant et elle met en
scène un monde triste et vide.
France 3
20.35 Football «Coupe de la
Ligue : 1/2 finale».
23.15 Que faire de nos fous ?
GA.  Un documentaire intéressant, mais parfois dur.
Arte
20.35 Mille baleines «Le combat
de Greenpeace». Documentaire.
22.05 Les flingueuses (7 et
8/14). Série avec Amelia Bullmore.
22.55 Berlin brigade criminelle
(4/8). Série avec Götz Schubert.
23.40 Au cœur de la nuit «Josef
Hader et Daniel Kehlmann».
M6
20.40 Bones : «Anok», «Rien ne va
plus», «Roman meurtrier», «Histoire
d’os». Série avec E. Deschanel 2.
Canal +
36 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010
DR
DR
DR
DR
lions ? «Spéciale pièces jaunes
avec Laurent Ournac, Jennifer
2010». Divertissement présenté par
Lauret...  Sympathique et bon
Jean-Pierre Foucault, avec Arthur
enfant, mais très moyen.
et Élie Semoun, Marianne James et
22.30 Esprits criminels. Série
Stéphane Bern, Patrick Bosso et
avec Joe Mantegna 3.
Anthony Kavanagh, Benjamin Cas01.00 Au Field de la nuit. Magataldi et Catherine Allégret.
20.45 Blood diamond GA. Drame
zine présenté par Michel Field,
22.50 New York, unité spéciale.
de guerre (2006) d’Edward Zwick,
avec Adélaïde de Clermont-TonSérie avec Christopher Meloni 3.
avec Leonardo DiCaprio, Jennifer
nerre, Nathalie Rykiel...
Connelly (2h22) 3. (Voir notre
France 2
analyse ci-contre)
France 2
20.35 La fête de la chanson
23.25 Les experts. Série avec
20.35 FBI, portés disparus : «La
française. Divertissement préMarg Helgenberger 2.
jurée», «Voyage au Mexique».
senté par Daniela Lumbroso, avec
France 2
Série avec A. LaPaglia 2.
Gilbert Bécaud, Sylvie Vartan,
22.05 Complément d’enJacques Dutronc, Florent
quête «Les nouveaux naufraPagny, Carmen Maria Vega... émissions religieuses :
gés du logement». Magazine
08h30 Émissions religieuses : «Sagesses
France 3
bouddhistes», «Islam», «À Bible ouverte», «Chré- présenté par Benoît Duquesne.
20.35 Les Frileux GA. Télétiens orientaux», «Présence protestante» France 3
film avec Maruschka Det10h30 Le jour du Seigneur «Question d'actuamers, Frédéric Pierrot, Wladi- lité : La pauvreté est-elle encore un scandale ?» 20.35 Hors-série «Couples en
crise : Face au tribunal» GA.
mir Yordanoff.  Cette
- 11h00 Célébration oecuménique, en l'église  Ces histoires trop perhistoire de rêves de jeunesse Notre-Dame-de-la Paix, à Paris.
sonnelles et douloureuses sont
envolés n’est ni très palpiinégales et souvent indiscrètes.
tante ni très crédible.
20.35 Un homme d’exception J.
22.55 Ce soir (ou jamais !).
22.45 Rocky GA. Comédie draComédie dramatique (2001) de
Arte
matique (1976) de John G. AvildRon Howard... (2h15) 2. (Voir
20.35 IP5 «L’île aux pachydermes»
sen, avec Sylvester Stallone, Talia
notre analyse page 35)
GA. Comédie dramatique (1991)
Shire (2h).  Très bien fait,
22.50 Faites entrer l’accusé
de Jean-Jacques Beineix, avec
malgré la violence des combats.
«Rezala, tueur des trains» GA.
Yves Montand, Olivier Martinez,
00.50 Les Précieuses ridicules.
Magazine présenté par Christophe
Géraldine Pailhas (1h59). 
Théâtre de Molière, avec CatheHondelatte 2.  Très prenant.
Bien fait, mais assez déroutant.
rine Hiegel, Catherine Ferran,
France 3
22.30 Didon et Énée. Opéra de
Pierre Vial.
20.35 Inspecteur Barnaby «Le
Henry Purcell, avec Les Arts Florisblues de l’assassin» GA. Série avec
Arte
sants, dirigés par William Christie,
J. Nettles 2.  Bourré d'humour.
20.45 L’aventure humaine
et avec Malena Ernman, Christo22.35
7
à
voir.
Magazine
présenté
«1492, le clash des continents».
pher Maltman, Fiona Shaw (1h).
par
Samuel
Étienne.
22.15 Les aventures de Sally Loc23.35 Le rouble roule sur l’art.
Arte
khart «La malédiction du rubis»
Documentaire.
Vertiges éthyliques
GA. Téléfilm avec Billie Piper...
M6
21.00
Barfly
Ø
.
Drame
(1987)
de
(1h30). (Voir notre analyse page 35)
Barbet Schroeder, d’après Charles
23.50 Metropolis.
Bukowski, avec Mickey Rourke, Faye
M6
Dunaway (1h35).  Bien fait
20.40 Le grand bêtisier. Divertiset bourré d’humour, mais sordide.
sement.
22.40 L’ivresse des poètes.
22.50 Dany Boon «Waïka». Spectacle.
Documentaire.
Canal +
23.30 Dylan Thomas, de verres
20.40 Star wars, épisode 2 «L’aten vers. Documentaire.
taque des clones» J. Science-ficM6
tion (2002) de George Lucas, avec
20.40 Capital «Déjà la reprise ?
Ewan McGregor, Natalie PortEnquête sur la France qui redéman... (2h17).  Superbe.
marre». Magazine présenté par
23.10 Alien, le retour GA.
Guy Lagache.
Science-fiction (1986) de James
22.50 Enquête exclusive «BraCameron, avec Sigourney Weaver
20.50 Espion(s) GA. Espionnage
queurs, délinquants, hooligans :
(2h12) 3.  Un second épi(2008) de Nicolas Saada, avec
Marseille sous haute tension».
sode moins réussi que le premier,
Guillaume Canet, Géraldine
Canal +
mais très prenant. Des violences.
Pailhas (1h36) 2.  Excel21.00 Football «Lyon/PSG».
lent, malgré quelque violences.
Canal +
KTO
20.45 Global sushi, demain nos
KTO
20.40 La foi prise au mot «L’hisenfants mangeront des
20.50 VIP «Charles Beigbeder». Rentoire d’Israël», avec le père Philippe
méduses. Documentaire.
contre avec un chef d’entreprise.
Abadie et le père Claude Tassin.
KTO
21.45 Mille questions à la foi
21.45 Bâtir un monde sans
20.40 Saint-Martin-du-Canigou,
«Pourquoi Abraham est-il le premier
lèpre(s). Documentaire 2.
1000 ans d’histoire et de prière.
croyant ?».
23.00 Les mardis des Bernardins
21.45 Un cœur qui écoute «Écoute».
22.15 Concert «La Damnation de
«De Facebook au storytelling, la véri22.20 L’esprit des lettres.
Faust», de Hector Berlioz.
té travestie ?».
20.50 Two lovers A. Comédie
dramatique (2008) de James Gray,
(1h46) 2.  Une comédie
romantique très brillante, mais
illustré de scènes sensuelles.
KTO
20.40 Les mardis des Bernardins
«Édith Stein, un chemin vers la joie».
22.20 Églises du monde «Malaisie».
22.50 VIP «Charles Beigbeder».
télévision
Mercredi 3 février
Jeudi 4 février
RaDios
vendredi 5 février
Radio Notre-Dame
TF1
TF1
TF1
20.45 Mentalist : «Jane voit
20.45 Alice Nevers, le juge est
20.45 La ferme célébrités en
20.35 Vu du ciel «Pour que vivent
les grands fleuves» J. Documen-
taire présenté par Yann ArthusBertrand. (Voir notre analyse page
35)
22.55 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.
Arte
20.35 Les mercredis de l’histoire «Un bombardier nommé
Liberty Lily» GA.  Intéressant,
mais mineur.
21.25 Les mercredis de l’histoire
«Le journal d’un jeune fasciste»
GA.  C’est une analyse intéressante, mais pas toujours très
palpitante et un peu trop descriptive.
22.20 Le dessous des cartes
«Villes d’avenir ?». Magazine.
22.35 Taxidermie Ø. Drame en
VO (2003) de György Palfi, avec
Csaba Czene (1h30) 4. 
Un film affreux, avec, en prime,
des scènes pornographiques.
M6
20.40 Maison à vendre. Divertissement avec Stéphane Plaza.
22.10 Recherche appartement
ou maison ?
Canal +
20.50 La guerre des Miss GA.
Comédie (2008) de Patrice
Leconte, avec Benoît Poelvoorde,
Olivia Bonamy... (1h26). 
Cette comédie ratée ne fait
jamais rire et elle met en scène
des personnages médiocres. Mais
qu’est-il arrivé à Patrice Leconte ?
KTO
20.40 Rien n’est trop beau pour
Dieu. Un documentaire sur le
christianisme en Éthiopie.
21.45 La famille en questions
«Mon fils veut devenir prêtre ?».
22.20 La foi prise au mot «L’his-
Afrique. Divertissement présenté
par Benjamin Castaldi et JeanPierre Foucault.
23.15 C’est quoi, l’amour ? «La
100e : Que sont-ils devenus ?».
Magazine de Carole Rousseau.
France 2
20.35 Une époque formidable
GA. Comédie (1991) de et avec
Gérard Jugnot, et avec Richard
Bohringer, Victoria Abril, Ticky
Holgado (1h33).  Cette
comédie réussie dissimule le rire
sous des accents douloureux. Mais
la morale est bien égratignée.
22.15 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.
Arte
20.45 Journal d’une paysanne
GA. Comédie (1989) de Joseph Vilsmaier, avec Dana Vàvrovà, (1h47).
(Voir notre analyse page 35)
22.25 Le jour d’avant «Sonia
Rykiel». Série documentaire.
23.15 One shot not. Divertissement avec Manu Katché.
M6
20.40 Medium : «Le bon…», «La
brute…», «… et l’innocent»,
«Meurtre par procuration». Série
avec Emily Deschanel 2.
Canal +
20.50 Dirty sexy money (9 et
10/13) GA. Série avec Peter
Krause, Donald Sutherland. 
On suit toujours avec plaisir les
démêlés de cette riche famille.
KTO
20.40 Grands entretiens «Marie
de Hennezel».
21.45 Questions ouvertes.
22.20 Concert «La Damnation de
Faust», de Hector Berlioz.
écoute... Autour de la Parole de
Dieu, Jésus à Pierre Avance au
large et jette tes filets (Luc, 5). Et
nous, quelle est notre mission
aujourd'hui ?", avec le Frère
Gérard Guitton (Franciscain).
France 2 - B. Barbereau
une femme : «Risque majeur»,
«Par amour», «À cœur et à sang»
GA. Série avec Marine Delterme,
Jean-Michel Tinivelli... 2. 
Le premier épisode est assez
moyen, le second émouvant,
même s’il est tiré par les cheveux,
et le troisième est un plaidoyer
pour l'adoption d'enfants par des
homosexuels. Heureusement qu’il
y a toujours beaucoup d’humour.
23.35 Les experts, Miami. Série
avec David Caruso 2.
France 2
20.35 Envoyé spécial : «Police :
Délits mineurs», «Le retour de la
fourrure». Magazine présenté par
Guilaine Chenu et Françoise Joly.
22.45 Dans le secret de… «La
mort du juge d’instruction».
Documentaire.
23.45 Goering, dernier acte.
Documentaire.
France 3
DR
F3 - Amélie Miquel
rouge», «Magie rouge et noire»,
«D’un art à l’autre» GA. Série avec
Simon Baker, Robin Tunney... 2.
 C’est bien fait, mais parfois un peu facile et excessif.
23.05 New York section criminelle. Série avec V. D’Onofrio 2.
France 2
20.35 Football «Coupe de la
Ligue : 1/2 finale».
22.40 L’objet du scandale.
Magazine présenté par Guillaume
Durand.
France 3
Lundi 1er au jeudi 4 février
8h Les matinales, "L'éditorial",
avec Gérard Leclerc (à 8h07).
Mardi 2 février
22h écoute dans la nuit "à votre
20.35 Entre deux eaux A. Téléfilm avec Hélène de Saint-Père,
Sophie Quinton, François Marthouret... (1h45) 2. 
Malgré des longueurs, ce portrait
d’une femme flic blessée est intéressant et bien mené. Mais la
scène de viol est pénible.
22.20 Verdict «L’Affaire Bremand
et Boulvais».
23.05 Vous aurez le dernier
mot ! Magazine présenté par
Franz-Olivier Giesbert.
France 3
20.35 Thalassa «L’expédition :
Voyage à Djibouti». Magazine
présenté par Georges Pernoud.
22.55 Vie privée, vie publique,
l’hebdo «Philippe Candeloro et
Nelson Monfort». Magazine présenté par Mireille Dumas.
Arte
20.35 10 secondes jusqu’au
crash GA. Téléfilm avec Marie
Bäumer, Sebastian Blombert, Filip
Peeters (1h23).  Cette histoire
interminable est un peu confuse.
22.00 Les paradoxes du cannabis. Documentaire.
23.00 L’Amérique latine à la
reconquête d’elle-même. Documentaire.
M6
20.40 NCIS, enquêtes spéciales :
«Légende», «Âmes sœurs», «Duo d’enfer». Série avec Mark Harmon 2.
23.10 Californication. Série 4.
Canal +
20.50 Secret défense A/Ø.
Espionnage (2007) de Philippe
Haïm, avec Gérard Lanvin, Vahina
Giocante... (1h37) 3.  C’est
bien fait, mais assez déprimant et
avec des scènes complaisantes.
KTO
20.40 L’Ukraine, sortie des catacombes. Documentaire.
21.35 Portrait de prêtre.
21.45 La vie des diocèses «Nouméa,
acec Mgr Michel-Marie Calvet».
22.20 Les mardis des Bernardins
«Édith Stein, un chemin vers la joie».
Jeudi 4 février
22h écoute dans la nuit "La prière
du Notre Père : La juste relation de
la créature en face de son créateur", avec le Père Maxime Gimenez (moine bénédictin du monastère
de Chevetogne).
Vendredi 5 février
22h écoute dans la nuit "Année du
Sacerdoce : Comment discerner
l'appel ?", avec le Père Jean-Michel
Chevalier (Diocèse de Pontoise).
France Culture
Dimanche 31 janvier
10h Messe, en la Cathédrale Saint
Bégnine, à Dijon. Prédicateur :
Frère Benoît Delhaye (O.P.) Chorale : maîtrise de la cathédrale,
sous la direction de Alain Chobert.
RCF
Lundi 1er février
14h30 Halte spirituelle "Le signe de
la croix avec Marie et Bernadette",
avec Pierre Grosperrin, (Directeur du
Pèlerinage Montfortain à Lourdes) (Tous
les jours, à 14h30 et 20h45)
Mardi 2 février
21h Passerelle "Peut-on et doit-on
pardonner ?"
Mercredi 3 février
17h Visages "Marie Rouanet" (poé-
tesse, écrivain et conteuse)
Marie BIZIEN
sur TF1
Dimanche 31 janvier à 20h45
Blood diamond GA
En 1990, alors que la guerre civile
au Serria Leone fait rage, Solomon,
envoyé comme forçat dans une
région riche en diamants, en découvre un d'une très grande valeur.
 Ce film spectaculaire et
romanesque est une œuvre engagée s'inspirant de faits réels pour
dénoncer le comportement de
ceux qui profitent des conflits
africains pour s'enrichir. Les personnages manquent un peu de
nuances, mais restent crédibles.
 Cette œuvre au dénouement émouvant rend hommage à
la famille et met en scène une
belle rédemption. Des scènes
d'une grande violence.
T : Toutpublic
Repères
J : Adolescents
GA: Grandsadolescents
A : Adultes
Ø : Œuvre(ouscène)nocive
 : Elémentpositif
: Elémentnégatif
FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 37
BLOC-NOTES
Paris
✔ L’Œuvre d’Orient, les chrétiens de France au service des
chrétiens d'Orient présente
"Le mystère copte : voyage
aux sources égyptiennes du
christianisme", une exposition à l’église St Germain-desPrés, 1 place St-Germain-desPrés, 75006 Paris, jusqu'au 14
février. Entrée libre aux horaires
d’ouverture de l’église. Et dans
le cadre de l’exposition, le 5
février (20h30), Salle Mabillon,
5 rue de l’Abbaye 75006 Paris,
une conférence est prévue "Les
Coptes, hier et aujourd’hui" par
Christian Cannuyer (Professeur à
la Faculté de Théologie catholique
de Lille, Président de la Société
Belge d'Études Orientales… auteur
notamment de "L’Égypte copte : les
chrétiens du Nil" éd. Découvertes
Gallimard.) www.oeuvre-orient.fr
✂
✔ À l'espace Georges Bernanos,
Saint-Louis d'Antin, 4 rue du
Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.
65.34, à l'Auditorium, le 10
février (18h30) une conférence
organisée par l'"Association des
Écrivains Croyants d'expression française" aura pour thème
"L'enfant différent nous révèle
notre humanité. Approches littéraire et pédagogique", avec
Claire Daudin (auteur de "Le
Sourire", éd. du Cerf, [FC 3177] Prix
2009 des Journées du livre chrétien),
Béatrice Descamps-Latcha, et
Yves Quéré (auteur de "Apprendre
malgré le handicap et la maladie", éd.
Odile Jacob).
✔ Glorius, le 1er groupe de poplouange, en concert, le 6 février
(20h30) à l'église Saint Honoré
d'Eylau, 66 bis av. Raymond
Poincaré, 75116 Paris. Entrée
10 €. Rens. ✆ 06.87.10.15.16.
✔ L'IPC, Facultés Libres de
Philosophie et de Psychologie,
70 av. Denfert-Rochereau,
75014 Paris, ✆ 01.43.35.38.50,
[email protected] propose
"Les Mardis de l'IPC", sur le
thème "Y a-t-il une nature des
choses ?" Ne sommes-nous pas
en train de dépasser des limites
en technicisant le monde qui
FRANCE
Catholique
nous entoure et les relations
humaines ? Quel discernement
pour quel monde à bâtir ? La 5e
conférence aura lieu le 2 février
(20h30) "Et si tout était bien
une affaire de méthode ?" par
Jean-Baptiste Échivard (Docteur
en philosophie). Les suivantes sont
prévues les 16 février, 9, 16 et
23 mars, 13 avril.
L'IPC propose également des
journées "Portes ouvertes" les
samedis (14h-18h) 6 février et
27 mars. Rencontre avec les
étudiants, les professeurs et les
anciens qui témoigneront de
la formation et des différents
débouchés. www.ipc-paris.fr
Bas-Rhin
✔ Le Foyer de Charité d’Alsace,
51, rue Principale, 67530
Ottrott, ✆ 03.88.48.14.00, fax
03.88.48.11.95 / [email protected] prévoit une récollection le 14 février (9h15-16h30)
"Paix sur la terre au hommes
de bonne volonté", avec le
Père René Wolfram. Également
une journée pour les couples
76 €
Cadeau
pour un an
HEBDOMADAIRE
Abonnez-vous !
Offrez un
abonnement !
le 14 février (10h-16h) "Faire
mémoire de la célébration de
notre mariage", animée par
Gisèle Gaillot.
Drôme
✔ Des exercices de saint
Ignace de 5 jours sont proposés
pour les hommes par les CPCR
(Coopérateurs Paroissiaux du
Christ-Roi) : du 1 er au 6 mars,
du 29 mars au 3 avril (Semaine
Sainte), du 4 au 9 mai, du 9
au 14 juillet, du 1 au 6 août…
Insc./rens. auprès de la Maison
Nazareth, 26120 Chabeuil, ✆ 04.
75.59.00.05/nazareth.chabeuil
@cpcr.org http://cpcr.org (Pour
les dames et jeunes filles, prendre
contact à la même adresse.)
Hauts-de-Seine
✔ Une conférence-débat "Pourquoi un dialogue entre jeunes
(au lieu
de 110 €)
Avec un premier abonnement, en cadeau,
le nouveau livre de Gérard Leclerc, "Rome et les lefebvristes, le dossier", 96 pages.
[Le livre peut être commandé seul, par courrier, au prix de 12 euros franco,
chèque à l’ordre de France Catholique, 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis Robinson.]
À retourner, à "France Catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson
❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE :
1 an = 76 € (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois, en cadeau le nouveau
livre de Gérard Leclerc "Rome et les lefebvristes, le dossier".
❒ J'abonne un ami, un prêtre, une communauté…
1 an = 76 € et je reçois le cadeau(**), qui m'est envoyé(****)
Adresse où France Catholique doit être envoyé :
❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur
NOM/prénom : ...........................................................................................
Adresse : .....................................................................................................
….......................................... ......................................................................
Code postal : ...............Ville : ......................................................................
Je joins mon règlement par :
❒ chèque bancaire
à l'ordre de FRANCE CATHOLIQUE
❒ carte bleue : numéro de carte :
Date d'expiration :
Les 3 derniers chiffres au dos de la carte
(à côté de votre signature) :
Votre téléphone : ..............................................
Votre adresse internet : .....................................
❒ carte bleue
Signature :
par téléphone,
appelez-le
01.46.30.37.38
❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRANCE CATHOLIQUE gratuitement et sans engagement
(*****)
(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit
d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
Pour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement,
pour un changement d'adresse ou pour toute autre question
relative à votre abonnement en cours, il vous faut joindre :
Téléphone : 01.40.94.22.22
[lundi au jeudi 9h-13h et 14h-18h et vendredi 9h-13h et 14h-17h]
Fax : 01.40.94.22.32 - courriel : [email protected]
En revanche, pour un abonnement par carte bleue,
le téléphone est : 01.46.30.37.38.
juifs et jeunes chrétiens ?" est
prévue le 31 janvier (17h-20h),
avec le Grand Rabbin Alexis
Blum, le Père Jean Dujardin (An-
cien Secrétaire du Comité épiscopal pour les relations avec
le Judaïsme) , Michaël Azoulay
(Rabbin de Neuilly), et le Père Marc
Rastoin (jésuite, enseignant au Centre
Sèvres), au Carré Bellefeuille, 60
rue de la Belle-Feuille, 92100
Boulogne-Billancourt, en lien
avec les lycées Maïmonide et
Notre-Dame de Boulogne, et
avec le soutien de la Mairie de
Boulogne. Entrée libre. Rens.
Synagogue de Neuilly, ✆ 01.47.
47.78.76, Évêché de Nanterre, ✆
01.46.61.87.98.
Lot-et-Garonne
✔ Au Foyer de Charité NotreDame de Lacépède, 47450
Colayrac-Saint-Cirq, ✆ 05.53.
66.86.05 / [email protected],
des activités sont prévues : des
retraites sont organisées : du 1er
au 6 février (14h) "Du Notre
Père à la contemplation." La vie
de prière du laïc, avec Pierre
Cormier (diacre) ; du 1er au 7 mars,
"Père, entre tes mains je remets
mon esprit". L’homme et ses blessures sous le regard de Dieu, avec
le Père E. Ducornet. Et aussi une
retraite pèlerinage en Jordanie
et en Terre Sainte du 13 au 23
février, avec le Père Bostyn.
Moselle
✔ Le Foyer Notre-Dame, 5 rue
Lemire, 57500 Saint-Avold, ✆
03.87.92.12.92 prévoit une journée pour une "Présentation du
Seigneur", le 2 février .
Saône-et-Loire
✔ Au sanctuaire de Paray-leMonial, B.P. 104, 71603 Parayle-Monial cedex, une retraite
sacerdotale (en silence) aura lieu
du 14 (19h30) [pour ceux qui le
peuvent, vêpres à 19h à la Chapelle
Saint Jean] au 20 février, avec le
père Bernard Peyrous (recteur
du Sanctuaire), animation par le
sanctuaire de Paray-le-Monial et
la Communauté de l’Emmanuel.
Rens., ✆ 03.85.81.62.22, fax 03.
85.81.51.67 / sanctuaires.paray@
emmanuel.info
www.sanctuaires-paray.com
Seine-Maritime
✔ La fraternité du Cœur eucharistique de Jésus, propose une
rencontre le 13 février (10h3011h45), chez les sœurs de
Saint-Joseph de Cluny, 7 rue
d'Ernemont, 76000 Rouen.
Rens. auprès de Sœur NathalieEmmanuel, ✆ 02.35.71.08.56.
Vendée
✔ Du 5 (19h) au 7 février (16h30),
une récollection, pour tous,
"Saisir la victoire du Christ",
avec le Père Timothée (Communauté des Béatitudes) est proposée par la Communauté des
Béatitudes, Centre Spirituel,
Le Relais Pascal, Monastère du
Précieux Sang, 1 rue du Petit
Montauban, 85100 Les Sablesd'Olonne, ✆ 02.51.95.19.26, fax
02.51.32.65.76.
Congrès de la Miséricorde
✔ Le 2e Congrès national de la
Miséricorde est prévu du 19 au
21 février, à Lisieux, sur le
thème "Miséricorde… Osons la
confiance". Trois jours pour se
ressourcer, rencontrer d'autres
chrétiens, expérimenter la Joie
de la Miséricorde et grandir dans
la confiance. Avec notamment
une conférence "Miséricorde…
osons la confiance : en vivre ?",
avec le Cardinal Philippe
Barbarin (archevêque de Lyon)… le
groupe Glorious… Animations
prévues pour les enfants et
les jeunes. Rens. Congrès
Miséricorde France, 7 rue
Notre Dame, 77334 Meaux
cedex, ✆ 01.64.33.90.94 /
[email protected]
http://congresmisericordefrance.
catholique.fr
Chemin de Saint-Jacques
✔ La 14e convention des hôtes
du chemin de Saint-Jacques
a lieu les 30, 31 janvier et 1er
février chez les Sœurs de
Notre-Dame du Calvaire,
Centre Quatre-Horizons, 33 av.
Louis Mazet, 46500 Gramat (à
500 m de la gare). Toutes les
communautés hospitalières
Saint-Jacques, les familles, les
paroisses y sont les bienvenues sur le thème de l'Année
Sainte 2010 "Ouvrir les portes
vers la lumière". Rens. ✆ 05.
65.44.19.00.
Pour passer un communiqué,
contactez : [email protected]
fax 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur :
www.france-catholique.fr
ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE
France, 6 mois : 58 €/ 1 an (47 numéros) : 110 € / Étranger, 1 an : 122 €.
Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, virements à l'ordre de E.
Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056. 330585,
compte bancaire : 275.0512. 029.11.
Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux
sur notre compte chèques postal SCE 43 553 55 X La Source, ou
bien par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques
bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 €, ou par
carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par
téléphone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août.
PETITES ANNONCES
Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans
le bloc-notes, forfait : 20 €
➥ Cherche lieu pour chanter sainte Thérèse, pour
aider des orphelins. Rens. Denise Verjus, Imp.
Jacquard, 69960 Corbas, tél. 04.72.50.24.93.
➥ Berry-Bourbonnais, à vendre, maison 225
m2 habité, belle réception en rez-de-chaussée, 6
chambres, 5 salle de bains/d'eau, chauffage central
Eco Excel. État sur 13 hectares divisibles, collines et
vues, 12 km de l'autoroute. Tél. 02.48.60.76.49.
➥ Paris, cherche pour achat, appartement T2, environ 35 à 40 m2, 15e Nord / 17e. Tél. 06.70.35.97.23.
➥ L'Association pour la Promotion des Extraits
Foliaires en nutrition (APEF) a pu prouver la valeur
des Extraits Foliaires de Luzerne (EFL) en alimentation humaine, une nouvelle ressource alimentaire.
Rens. Olivier de Mathan, tél. 02.38.45.84.06.
www.nutrition-luzerne.org
FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire
N° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011
CNIL : 6778405
60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson
Téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64
Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X
édité par la Société de Presse France Catholique,
s.a. au capital de 800.000 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814Z
Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06.
08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Éditorialiste : Gérard Leclerc Rédaction : Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven
Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres
Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.
France Catholique est une marque déposée à l'Inpi.
http://www.france-catholique.fr
Sudoku
facile
Le but du jeu est de remplir la
grille avec une série de chiffres
tous différents, qui ne sont
jamais plus d'une fois sur une
même ligne, une même colonne
ou une même sous-grille.
Réponses
FRANCECatholique N°3197 29 JANVIER 2010
© ACIP/B.PONDAVEN
SERVICE
ABONNEMENTS
39
Téléchargement