france-catholique.fr FRANCE Catholique 86 e année - Hebdomadaire n° 3197 - 29 janvier 2010 3€ ISSN 0015-9506 Solidarité : Haïti, une Église à reconstruire page 7 Débat : Le piège de l’identité nationale pages 23-24 Musique : Plaidoyer pour les orgues Pop louange pages 8 à 15 pages 32-33 Exposition : Orient-Occident, racines spirituelles de l’Europe pages 30-31 BRÈVES FRancE OutRE-MER : Après le rejet du projet d’autonomie, les électeurs de Guyane et de Martinique se sont prononcés le 24 janvier pour la création d’une collectivité unique exerçant les compétences du département et de la région. Santé : Les médecins pourront se procurer des vaccins contre la grippe H1N1 dans les pharmacies dès le 1er février. tRanSpORtS : La baisse de fréquentation de certaines lignes pousse la SNCF à des annulations de TGV sur les parcours nord-est et estatlantique. Une manifestation transfrontalière s’est déroulée le 23 janvier entre Hendaye et Irun pour protester contre les projets de lignes ferroviaires à grande vitesse. EntREpRiSES : Les défaillan ces d’entreprises ont atteint le nombre de 61 500 l’an dernier, un record depuis 1993. Le nombre de créations a atteint le record de 580 000 grâce au régime de l’auto-entrepreneur. éLEctRicité : La construction du nouveau réacteur nucléaire d’EDF à Flamanville rencontre des difficultés qui pourraient retarder de deux ans sa mise en service. Hôpitaux : Le directeur de l’Assistance publique de Paris a annoncé le 23 janvier la sup- pression de 3 à 4 000 emplois, la moitié concernant médecins et soignants, l’autre moitié le personnel administratif. SOciaL : Une journée d’ac- tion des fonctionnaires contre les réformes et les suppressions de postes a faiblement perturbé l’enseignement, les hôpitaux et les services communaux le 21 janvier. Quatre dirigeants du groupe suédois Akers ont été séquestrés le 20 janvier par des salariés qui réclamaient des conditions de départ plus avantageuses. Les partenaires sociaux se réuniront le 5 février pour tenter d’améliorer le sort du million de chômeurs arrivant cette année en fin de droits. RéMunéRatiOnS : Le double salaire d’Henri Proglio, nouveau patron d’EDF et président du conseil d’administration de Veolia (au total 2 millions d’euros), a suscité de vives réactions jusqu’à l’Assemblée nationale, même dans les rangs de la majorité ; l’intéressé a annoncé le 21 janvier qu’il renonçait à la rémunération de Veolia (450 000 e), mais les socialistes réclament sa démission de cette fonction. paRité : Le groupe UMP a défendu le 20 janvier devant les députés un projet de loi imposant en six ans un quota de 40% de femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées. FiScaLité : Après la censure du Conseil constitutionnel, un nouveau dispositif sur la taxe carbone visant à intégrer les secteurs les plus polluants (déjà couverts par le système européen des quotas) a été présenté le 20 janvier en Conseil des ministres. REcHERcHES : Sept ans après sa disparition en Seine-etMarne, la justice a diffusé le 19 janvier un portrait « vieilli » d’Estelle Mouzin et mis en place un numéro vert dans l’espoir d’obtenir de nouveaux indices. RéFugiéS : 124 réfugiés kurdes de Syrie ont été découverts le 2 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 22 janvier sur une plage corse où ils auraient été débarqués par un passeur ; ils ont été transférés le lendemain vers des centres de rétention sur le continent, puis libérés ; 61 des 81 adultes ont demandé l’asile politique le 24 janvier. BuRqa : Alors que la mission parlementaire devait rendre son rapport le 26 janvier, on apprenait le 21 que les représentants catholiques, protestants et musulmans avaient exprimé des réserves sur l’opportunité d’une loi sur le port de la burqa ; la mission dont les socialistes se sont finalement retirés a achevé ses travaux dans une certaine confusion. RadiO : Selon une étude de Médiamétrie publiée le 19 janvier, RTL reste la première radio de France en terme d’audience devant France Inter et Europe1. éLEctiOnS : Le redécoupage électoral qui entrera en vigueur dès les législatives de 2012 a été définitivement adopté le 21 janvier ; le PS va saisir le Conseil constitutionnel. téLétHOn : Dans une interview à L’Express du 21 janvier, Pierre Bergé, président du Sidaction, a de nouveau dénoncé « l’omnipotence mé dia tique du Téléthon… qui vampirise toutes les campagnes de dons pour les autres maladies ». MOndE Haïti : Une première réunion internationale sur la reconstruction du pays qui s’est tenue à St-Domingue a estimé le 18 janvier le montant des besoins à 10 milliards de dollars sur cinq ans. D’après les informations fournies par l’ONU, les promesses de dons ont atteint 1,2 milliard de dollars en une semaine. Le gouvernement haïtien a mis fin le 23 janvier aux opérations de recherche qui ont permis de sauver 133 victimes ; le bilan officiel provisoire s’établissait alors à 150 000 morts, 200 000 blessés et environ un million de sans-abri. cLiMat : D’après une étude publiée le 21 janvier par la revue Nature, une partie de l’ozone, gaz à effet de serre, émis par les pays d’Asie se retrouve rapidement au-dessus de l’ouest des États-Unis, mettant en péril la réglementation américaine sur ce polluant. aFgHaniStan : Les élections législatives prévues le 22 mai prochain ont été reportées au 18 septembre faute des crédits nécessaires pour financer le scrutin (85 millions d’euros). étatS-uniS : Avec l’élection d’un républicain au siège du sénateur Kennedy le 19 jan vier, B. Obama a perdu la majorité qualifiée au Sénat, ce qui peut mettre en cause la réforme du système de santé. Le Président a annoncé le 21 janvier son intention de limiter la taille et l’activité des banques afin de mettre fin aux excès qui ont conduit à la crise, provoquant du même coup un recul des cours de bourse. tRanSpORt aéRiEn : Un Boeing 737 d'Ethiopian Airlines, avec 90 personnes à bord, dont la femme d'un ambassadeur de France, a explosé peu après son décollage de Beyrouth le 25 janvier. Aucune hypothèse sur les raisons de l'accident ne peuvent encore être faites mais les conditions météo étaient mauvaises. La première compagnie aé rienne japonaise, Japan Airlines, a déposé son bilan le 19 janvier ; les autorités ont dévoilé un plan de sauvetage comportant aides publiques et suppressions d’emplois. J.L. ÉDITORIAL SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 RETRAITES Confusions à gauche 5 IRAN Sanctionner Téhéran 6 BIOÉTHIQUE 7 HAÏTI Alice Tulle Yves La Marck Stationnaire ? Tugdual Derville Une Église à reconstruire A.E.D. DOSSIER 8 MUSIQUE Pop-louange à la française Alex et Maud Lauriot-Prévost 10 Discernement entretien avec Pierre Benoît 12 Les racines apostoliques A. et M. L.-P. 13 Salvation entretien avec Marie Le Fichant 14 Les "blues brothers" de Dieu entretien avec Jean-Paul Prat (Aquero) 16 Une aventure... entretien avec Steven Riche ESPRIT 18 MÉMOIRE DES JOURS 19 ECCLÉSIA Communauté St-Jean 20 LECTURES 4e dimanche ordinaire 22 LIVRES Haïti, le malheur Robert Masson Père Michel Gitton Spiritualité Sophie Baron MAGAZINE 23 IDÉES 25 PATRIMOINE L'église d'Arc-sur-Tille 26 B.D. Les indices pensables 27 CINÉMA 28 EXPOSITIONS Miró et Tériade : Ubu 30 EXPOSITIONS Orient-Occident 32 MUSIQUE 34 THÉÂTRE 35 TÉLÉVISION 36 TÉLÉVISION Sélection début de soirée 38 BLOC-NOTES Vie associative et d’Église Identité nationale Gérard Leclerc André Fanjaud Brunor "Océans", "Mother", "Où sont passés les Morgan ?", "In the air" M.-C. Renaud d'André, Georges Collar Ariane Grenon Alain Solari Plaidoyer pour les orgues François-Xavier Lacroux "Fille de..." "Ladies night", "Reprise d'un triomphe..." Pierre François "Un homme d'exception" "Journal d'une paysanne" "Pour que vivent les grands fleuves" "Les aventures de Sally Lockhart" M.-C. R. d'A. M.-C. R. d'A. Brigitte Pondaven Couverture : © Pascal Fagniez Une lettre encartée aux abonnés/actionnaires de F.C. Solidarité Haïti L sera-t-elle secourue par l'humanité entière, rassemblée enfin positivement à l'enseigne de la mondialisation ? On ne peut en exclure l'idée à l'heure où tous les médias - présents sur place avant les secours diffusent à tous les points du globe la tragédie en tous ses aspects. Nous ne sommes pas seulement informés précisément des effets du séisme, en nombre de morts, de blessés, de destructions de biens matériels. L'aide s'organisant, on commence à planifier la reconstruction totale d'un pays. Mais l'attention sera-t-elle assez soutenue dans quelques mois ou années pour que l'effort de solidarité se structure efficacement ? Déjà, une polémique s'est déclarée à propos du rôle des États-Unis et des conséquences d'une arrivée aussi massive de leurs forces armées et de leur logistique. On ne peut être naïf au point de penser que par Gérard LECLERC les rapports de force vont céder face aux principes de la morale humanitaire. Si la générosité du président Obama et de ses collaborateurs ne peut être mise en doute, elle n'abolit pas leurs soucis qui concernent la sécurité des États-Unis dans la région, ne serait-ce que par le biais d'un possible exode qui rejetterait sur la côte de Floride des centaines de milliers de boat-people. Comment oublier par ailleurs les interventions militaires précédentes décidées par les présidents des États-Unis dans le but de modifier le régime politique d'Haïti ? Dans l'immédiat, nous n'en sommes pas là et l'on peut espérer que la conférence internationale qui doit se tenir prochainement, permettra de surmonter les rivalités et d'aménager un accord entre partenaires en vue de la restauration de l'économie haïtienne. Faut-il rappeler que la France a des liens particuliers avec ce petit pays qui appartient à la francophonie et n'a pas oublié une histoire douloureuse ? Bien sûr, la traite négrière à l'origine du peuplement haïtien est loin, tout comme les événements tumultueux qui ont accompagné notre rupture au XIX e siècle. Nous serions toutefois coupables si nous nous estimions indemnes d'une dette morale qui défie le temps. La visite annoncée à Portau-Prince de Nicolas Sarkozy devrait être l'occasion d'un décisif engagement. Enfin, nous ne pouvons que saluer ce pays de foi, qui pleure l'archevêque de Port-au-Prince, tant de prêtres, de séminaristes, de religieux ! C'est aussi une Église qui est à reconstruire et nos frères et sœurs catholiques sont en droit d'espérer que notre solidarité leur permettra de retrouver au plus tôt les sanctuaires perdus. Haïti a faim et soif. Il faut donner à manger, à boire à ses habitants, leur rendre un toit. Mais il convient aussi de répondre à la faim et à la soif spirituelles d'un peuple qui survivra parce qu'il a une inextinguible espérance. ■ A M A L HE UR E U S E H A Ï T I FRANCECatholique N°3197 29 JANVIER 2010 3 ACTUALITÉ RETRAITES par Alice TULLE Confusions à gauche Le projet de réforme du régime des retraites n’est pas encore connu. Pourtant, Martine Aubry a déjà donné son point de vue, qui est contesté par d’autres dirigeants socialistes. C omme tout un chacun, Martine Aubry a lu dans Le Monde que Nicolas Sarkozy voulait réformer notre système de retraites, afin de combler un déficit financier bien prévisible. Le 15 janvier, le quotidien du soir affirmait que le président de la République étudiait trois scénarios : - Un relèvement de l’âge légal de la retraite, abaissé à 60 ans en 1981 ; - Une augmentation de la durée des cotisations, qui était déjà passée de 37,5 annuités à 41 annuités pour les salariés du privé ; - Le recours à des fonds de capitalisation. Craignant un débat « esca moté », la CFTC a fait savoir par la voix de son président Jacques Voisin que le débat devait commencer aussi vite que possible et durer jusqu’à la fin de l’année. Soucieuse de donner l’exemple, la CFTC se déclare opposée à l’augmentation de la durée des cotisations. Elle assure qu’on peut trouver des ressources nouvelles grâce à la hausse des cotisations patronales et salariales pour les régimes complémentaires et grâce à une augmentation de la CSG, par une taxa- tion lourde des revenus du capital et la suppression de nombreuses exonérations de charges. Force Ouvrière s’est également opposée à l’allongement de la durée de cotisation et souhaite qu’on trouve de nouveaux financements. Ces premières répliques annonçaient un débat sérieux, mais Martine Aubry a semé la confusion en déclarant secrétaire de son parti mais s’est moqué cruellement de Michel Rocard qui « a fait un rapport en 1991 qui faisait des prévisions pour 2007 qui s’avèrent totalement fausses. Donc, à sa place, je ferais preuve d’un peu d’humilité et je lui demande d’avoir pour les salariés français autant de compassion qu’il en a pour le Pôle Nord ! ». qu’on pourrait reculer l’âge légal de la retraite « à 61 ou 62 ans ». Michel Rocard a immédiatement appuyé cette proposition, mais les représentants de l’aile gauche du Parti socialiste ont, quant à eux, exprimé en termes plus ou moins vifs leur stupéfaction. Henri Emmanuelli a évité de s’en prendre à la Première Marie-Noëlle Lienemann a choisi de viser le cœur de la cible. La retraite à 62 ans est pour elle une idée qui porte la marque de la CFDT (dans sa bouche, ce n’est pas un compliment) et de la « culture technocratique » de trop nombreux dirigeants socialistes – en gros de ce qu’on appelait la deuxième gauche. Aubry… a été « recadrée » ( Martine comme une simple secrétaire de section 4 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 Cette polémique a porté ses fruits. Grâce à une fuite très opportune, la presse a eu connaissance le 21 janvier d’un document interne émanant de la direction socialiste : il y est affirmé que la retraite à 60 ans est « un droit qui doit être maintenu ». Les militants socialistes auront à débattre de ce texte mais il est acquis que ce sont les syndicats qui seront les interlocuteurs du gouvernement dans ce débat. Cet incident prouve, si besoin est, que le désordre continue de régner au sein du Parti socialiste. Martine Aubry, qui venait d’être consacrée principale opposante par un sondage, est peu après contestée publiquement par d’autres dirigeants socialistes et a été « recadrée » comme une simple secrétaire de section par une note interne. D’autres disputes entre socialistes permettent de se demander si les dirigeants de la rue de Solferino ne respectent pas une règle intangible : toute déclaration, toute initiative d’un haut responsable socialiste peut et même doit être récusée dans les médias par un ou plusieurs autres responsables. Les militants de base espèrent que la campagne pour les élections régionales arrêtera le jeu de massacre mais, même s’ils bénéficient d’un armistice de quelques semaines, la sempiternelle guerre des chefs reprendra dès la proclamation des résultats. n ACTUALITÉ IRAN par Yves LA MARCK Sanctionner Téhéran La communauté internationale hésite toujours devant les sanctions contre l'Iran et beaucoup pensent que le régime des ayatollahs aura la bombe avant qu'il ne soit renversé... L a france, qui préside en février le Conseil de sécurité des Nations Unies, est en pointe contre le programme atomique de Téhéran. Le président Sarkozy en a fait sa priorité. Il l'a martelé lors de ses vœux au corps diplomatique le 22 janvier. Mais beaucoup s'interrogent sur la meilleure manière d'agir. Il est probable en effet que l'on recule devant des sanctions trop pénibles pour la population iranienne, dont on espère parallèlement un sursaut démocratique. La vulnérabilité principale de l'Iran est, dit-on, dans la dépendance vis-à-vis de l'importation de produits pétroliers raffinés. L'Iran est un gros producteur de brut mais ne dispose pas de capacités suffisantes de raffinage. Mais l'effet serait trop brutal. Il susciterait d'autre part des contournements à travers la Turquie ou le Turkménistan, serait difficilement gérable, tout en fragilisant ces pays voisins. À défaut de sanctions massives, des sanctions ciblées, notamment sur les avoirs financiers à l'étranger ou les importations d'armes, seraient préjudiciables au régime sans affecter la po pu lation. L'effet serait toutefois lent et dilué. Quelle alternative ? Pour les uns, il faut laisser faire seule la contestation interne et pour cela carrément abandonner l'arme des sanctions (sans se poser la question de savoir si des sanctions n'encouragent pas les opposants et si leur abandon ne les désespérerait pas). Pour les autres, le temps presse, on ne peut plus attendre : il faut une frappe aérienne massive contre les installations nucléaires pour gagner le temps nécessaire. C'est le point de vue du Premier ministre Israélien. Ladite frappe risque cependant de casser le mouvement populaire, de permettre au régime de proclamer l'état d'urgence et de légitimer une nouvelle fois la Terreur. D'ores et déjà la militarisation du régime est en marche. Depuis les élections frauduleuses de 2009, les Gardiens de la Révolution ont pris le pouvoir à Téhéran. Comment décider ? Comment agir ? Ce qui revient à dire : comment retenir le bras de la colère d'Israël de s'abattre sur les satrapes perses ? Peut-on quelque chose sur la politique intérieure iranienne ? Le mouvement vert est largement spontané. Ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. Il peut aussi bien tout renverser comme aller nulle part. Le monde clérical chiite est divisé et, depuis la mort de l'ayatollah Montazeri, chef de la contestation politico-religieuse à Qom en décembre, ne semble pas prêt à une relève qui permettrait de faire une révolution par le haut, grâce à un successeur éclairé du Guide Suprême l'ayatollah Khamenei qui s'est déconsidéré en avalisant la fraude électorale. Sauf surprise, tout ceci va prendre du temps. Sans attendre, il faut donc poursuivre les efforts internationaux pour contrôler, sinon arrêter, les risques de prolifération nucléaire. La Russie a pratiquement rejoint le consensus international après l'échec de la dernière proposition d'enrichissement de l'uranium à l'extérieur – c'est-à-dire en France ou en Russie. Reste à lever l'obstacle chinois, traditionnellement hostile aux sanctions et principal partenaire pétrolier de l'Iran, qui pourrait opposer son véto au Conseil de sécurité. La clé du dossier iranien est à Pékin. Si l'on est d'accord que la priorité de la paix du monde en 2010 passe par Téhéran, il faudra y mettre le prix auprès de la Chine. n La dépendance vis-à-vis de l'importation de produits pétroliers raffinés ) FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 5 ACTUALITÉ Stationnaire ? par Tugdual DERVILLE Six mois après la fin des états-généraux de la bioéthique et à l’approche du débat à l’Assemblée nationale, la mission parlementaire dédiée au sujet a rendu ses conclusions. D tout ce processus qu’il a porté, le député UMP Jean Leonetti, a affiché sa prudence : l’idée de tout bouleverser, dans un sens ou dans un autre, s’est éloignée. Selon qu’on regarde le verre à moitié vide ou à moitié plein, on peut s’en attrister ou s’en réjouir. Même si les graves transgressions déjà avalisées ne sont pas remises en cause, certains « remparts éthiques » sont confirmés. L’assistance médicale à la procréation demeurerait ainsi réservée aux couples médicalement infertiles et donc inaccessibles aux personnes homosexuelles, ainsi qu’aux célibataires ce que le député PS Alain Claeys regrette. En matière de recherche sur l’embryon, Jean Leonetti préconise le maintien du régime d’interdiction, assorti de dérogations. Une position en retrait par rapport à l’avis du Conseil d’État, et que déplore aussi Alain Claeys, du moins quant à son libellé. En réalité, cette notion d’interdit qu’on peut transgresser ne garantit rien. D’autant qu’on préconise d’assouplir les conditions posées pour déroger : l’expression « finaurant lité thérapeutique » serait remplacée par « finalité médicale » ce qui revient à encourager toute recherche sur l’embryon, sans privilégier les techniques qui le respectent. La position est plus nette pour les mères porteuses : on en maintiendrait l’interdiction. Une attitude décomplexée, face au libéralisme anglo-saxon, et conforme à l’avis du Conseil d’État : la France n’a pas à s’aligner « sur le moins-disant éthique ». Les principes auxquels se réfère Jean Leonetti demeurent « l’anonymat, la gratuité et le respect de la dignité » (une notion dont les définitions se contredisent). Le député emblématique de la bioéthique propose de rajouter à ces principes celui de « l’intérêt de l’enfant à naître ». C’est à ce titre qu’il récuse l’insémination post-mortem, c'est-à-dire de concevoir un enfant d’un père déjà mort qui aurait préalablement fait stocker son sperme. En revanche, il appuierait plutôt l’autorisation du transfert postmortem d’embryons déjà conçus. C’est au moins une façon de bien différencier les gamètes, cellules essentielles mais qui ne sont pas un être humain, des embryons qui constituent déjà des êtres humains, pourvus de leur patrimoine génétique. Deux préconisations risquent enfin de provoquer des protestations. D’abord le refus d’accéder à la demande de personnes nées d’un don anonyme de gamètes qui veulent connaître leur origine biologique. Explication de Jean Leonetti : « Un enfant ressemble à celui qui l’a élevé, aimé et non à une combinaison génétique ». Ce déni du biologique n’a rien de scientifique. Par ailleurs, la mission parlementaire suit une préconisation récente du Comité Consultatif National d'Éthique qui a beaucoup choqué : celle d’inclure au diagnostic préimplantatoire le dépistage de la trisomie 21. On sait la composante eugénique du tri des embryons mais le législateur avait bien pris soin de ne pas constituer de liste des handicaps visés. Alors, pourquoi discriminer officiellement les seuls embryons trisomiques ? Pour les personnes qui vivent avec cette anomalie génétique, c’est un nouveau signal d’exclusion. n France n'a pas à s'aligner ( La « sur le moins-disant éthique » 6 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 Une Égl L national de Port-au-Prince s’est écroulé. L’AED a reçu la confirmation que 30 jeunes séminaristes sont morts dans l’écroulement du bâtiment. Mgr Louis Kébreau, archevêque de Cap-Haïtien et président de la conférence épiscopale du pays a lancé un appel à l'AED en faveur des séminarites survivants : « Ils n’ont plus rien, personne pour les aider, et ils cherchent désespérément à rentrer dans leurs diocèses d’origine situés à plusieurs dizaines de kilomètres de Port-au-Prince ». Mgr Chibly Langlois, évêque de Fort-Liberté (nord du pays), nous écrit par courriel : « Un des séminaristes est resté coincé dans les décombres du séminaire pendant deux jours et demi. Un autre a été blessé. Trois autres sont toujours sous le choc [émotionnel] et ont besoin de soins spéciaux. » Mgr Langlois a déjà envoyé deux de ses séminaristes en République Dominicaine afin qu’ils soient soignés adéquatement. Une aide ciblée est essentielle, bien sûr pour les séminaristes eux-mêmes, mais également pour le peuple haïtien. Les futurs prêtres seront appelés à soulager, guérir, consoler… « C’est pourquoi l’AED pense déjà à l’avenir, au moment où nous en sommes à l’aide d’urgence », explique Marc Fromager, directeur de l’AED. « Pour nous, soutenir ces e séminaire © AED BIOÉTHIQUE HAÏTI ise à reconstruire Après avoir débloqué une première aide d’urgence de 50 000 €, l’Aide à l’Église en Détresse a envoyé 70 000 € pour soutenir 200 séminaristes qui n'ont plus rien. séminaristes, c’est soutenir le peuple. Les Haïtiens sont très croyants. Pour les chrétiens, leur foi est essentielle pour mieux reconstruire le pays. » Dans un message envoyé à l’AED, Mgr Joseph Gontrand Décoste, évêque de Jérémie, ville située à plus de 200 km à l’ouest de Port-au-Prince, rapporte que de nombreuses églises et bâtiments religieux de la ville sont fissurés. Il écrit aussi que deux prêtres de paroisses sont « assaillis » par les gens de Port-au-Prince, « qui viennent frapper à la porte du presbytère » pour obtenir de l’aide, un soutien qu’ils n’ont pas les moyens de fournir alors qu’eux-mêmes manquent de tout. Enfin, selon l’AFP les Sœurs de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus de la capitale seraient seules dans leur orphelinat avec une centaine de cadavres d’enfants, et auraient besoin d’aide pour venir en aide à ceux qui sont toujours vivants. n L e 15 janvier 2010, nous recevions ce mail d'un ami d'Haïti qui tentait de faire un bilan. N'y cherchons pas des renseignements fiables, mais un constat à un moment donné, qui a pu évoluer : « Les Filles de Marie sont très touchées par le séisme. Les bâtiments du Bel-Air sont effondrés et 15 disparues. Sœur Bernadette Hilaire FDM, la Provinciale des filles de Marie et Sœur D’assise Thevenin FDM sont mortes. Sœurs Paul Salgado, Lea, Henriette-Noel, Jacintha, Rose-Laure, Évena, Madeleine Destinoble, Émilienne et Élida, une des deux postulantes, sont blessées. Les autres sont sous les décombres. Les sœurs indemnes n'ont pas de soins médicaux, pas de nourriture, pas d'eau... Elles vont se réfugier chez les sœurs de Calcuta à la rue Saint-Martin. Congrégation des Pères Montfortains : Père Jean-Baptiste et 9 séminaristes sont morts. La maison provinciale des Pères Oblats est sérieusement endommagée, et la nouvelle construction (l'annexe) a cédé. Le scolasticat s'est aussi effondré. Weedy Alexis, un scolastique oblat est éteint. Les Spiritains : Stéphane Dougé est mort. La maison des Spiritains et leur Église sont détruites, plusieurs prêtres, frères, religieuses sont portés disparus. Se sont aussi effondrés : le Grand Séminaire de théologie à Turgeau, le Grand Séminaire de philosophie à Cazeau, l'église épiscopale la Sainte-Trinité et plusieurs autres grandes églises et écoles catholiques ou Vue du Palais présidentiel. protestantes. On a dénombré 8 décès parmi les séminaristes de Cazeau. Congrégation des Salésiens : Frère Hubert Sanon 85 ans est mort. Pere Attilio Stra et d’autres confrères sont blessés. Plus de 200 étudiants Salésiens sont encore dans les décombres. Les maisons provinciales de Port-au-Prince et de Fleuriot des Salésiens sont sévèrement endommagées. Les Salles de classe de Gressier sont détruites. L’Église de St Louis R. de France est affectée. L’Église de Notre-Dame du Rosaire de la Croix-Des-Bouquets endommagée. Léogane : L’Église de Ste-Rose de Lima affectée et pertes en vie humaine. Les pères et les frères de Ste Croix : eur Provincialat est presque totalement détruit et un scolastique, Emmanuel Jacques Guillaume a été tué. La Congrégation des filles de la Sagesse - l’école du Sacré-Cœur s’est écroulée. Sr Jeannine est décédée. Plusieurs religieuses des filles de la Sagesse sont sous les décombres. Leur Maison et l'hôpital de Léogane se sont effondrés. La maison et l'asile des Compagnes de Jésus est effondrée. La partie centrale de la maison des Jésuites est sérieusement endommagée. Les sœurs de la Congrégation de L’Immaculée Conception Les Sœurs de la maison provinciale et centrale vivent et couchent à la belle étoile comme leurs compatriotes. La sœur jumelle de Sœur Mona Henry a perdu la vie dans l’effondrement du local dans lequel se trouvait Mgr Miot. La mère de sœur Marcda Desravines est décédée avec des cousines/cousins dans la maison où ils étaient. La maison provinciale a de nombreuses fissures ; la chapelle est rasée complètement. L’école IMD (Institution Mère Délia) a aussi des fissures. Les Frères de l’Instruction chrétienne : la maison provinciale s’est complètement écroulée. Fr. Joseph Bergot est mort mercredi malgré son hospitalisation au CanapéVert. Fr. Rancourt a des fractures aux jambes. Fr. Fernand Doyon est presque indemne : une petite blessure au front. Fr. Rancourt et Fr. Fernand tous deux Canadiens sont maintenant à leur ambassade en attente d’être rapatriés dans leur pays. Fr. Dominique Baron se trouvait au rez-de-chaussée de retour de son travail : la maison s’est écroulée sur lui il est sous les décombres probablement décédé. Juvénat : aucune victime. Le bâtiment du grand Juvénat paraît très fragilisé et pourrait s’écrouler. Le Juvénat accueille plus de 2000 sans-abri sur son terrain. Saint-Louis-de-Gonzague – rue du Centre : pas de victimes. Saint-Louisde-Gonzague – Delmas : pas de victimes. La résidence des Frères s’est écroulée. Dans les bâtiments des classes : portes fenêtres et murs sont tombés. La structure pourrait avoir résisté. Nombreuses lézardes dans les autres bâtiments. Les terrains de l’école ont accueilli des centaines de sans-abris. À La Vallée plusieurs petites maisons sont endommagées elles n'étaient pas très solides. Aucun mort ni de blessés graves. Notre communauté est fissurée par endroits. Jacmel : pas de victimes. La résidence des Frères est écroulée. Les Frères logent dans les classes. Frères du Sacré-Cœur : le Canado et le collège St-Jean sont écroulés. Sœurs de Ste-Hyacinthe : l’école qui est auprès de La Mennais s’est écroulée la maison provinciale (et de retraite) est coupée en deux morceaux. Sœurs de St-Joseph de Cluny : Ste-Rose serait complètement écroulé. Pas de nouvelles concernant les Sœurs. » etc., etc. n Ruines de la cathédrale de Port-au-Prince. FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 7 DOSSIER Pop-louan àlafrançaise par Alex et Maud LAURIOT-PRÉVOST On assiste chez les catholiques français à une prise de conscience des fruits de la pop-louange sur le terrain pastoral. Cela, on le doit essentiellement à l'expérience en cours à Lyon. À l'occasion du 8 décembre à Lyon, cette fête des Lumières que les chrétiens ont su se réapproprier en partie ces dernières années, 400 personnes se sont rassemblées pour fêter la première bougie de « Lyon-Centre ». À l’origine - nous en avons parlé plusieurs fois dans ces colonnes - la rencontre début 2008 entre le Père David Gréa, le jeune curé de la presqu’île entre Rhône et Saône et les membres du groupe Glorious, figure de proue de la pop-louange catholique française, alors en plein questionnement sur son avenir. L’intuition ? La traduction catholique des Megachurches vécues par les évangéliques dans de nombreux pays, et dont Hillsong en Australie est sans doute la plus connue. Le projet ? Accompagner un public jeune - lycéen, étudiants, jeunes pros’ - vers une découverte du Christ. La concrétisation ? Réunir chaque semaine depuis décembre 2008 (jeudi soir, 20 h à 21 h 30, 27 rue de Condé, 69002 Lyon) des centaines de jeunes autour du triptyque : louange, prédication, temps d'échange ou démarche symbolique. L'adoration se trouve dans l'église qui jouxte la chapelle et où des prêtres sont disponibles pour confesser ou parler. Côté qualité et moyens : une chapelle équipée en salle de concert, et chaque semaine la mobilisation de 5 musiciens professionnels, un staff d’une quarantaine de jeunes au service et à l’animation, des prêtres à disposition pour les confessions, une organisation millimétrée… Les critiques n'ont pas manqué : « ce n’est pas incarné, c’est une bulle, un feu de paille, ça ne va 8 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 Comment une telle dynamique a-t-elle pu monter en puissance aussi rapidement ? pas durer », « les gens vont se lasser, à part une poignée de collégiens excités ou de chachas perturbés », « la rupture est trop forte, cela va diviser la paroisse », « c’est du néo-fondamentalisme catholique ». Mais les faits sont là : plus de 40 soirées, un public, régulier depuis un an, de 300 à 400 personnes constitué majoritairement de 18-25 ans qui viennent pour beaucoup plusieurs fois dans l’année ; si on relève un bon noyau de 50-100 jeunes assidus chaque semaine, ce sont aussi, 10, 20 ou 30 nouveaux qui découvrent Lyon-Centre chaque jeudi soir, qu’ils soient du quartier, du diocèse ou de la région : beaucoup d’individuels viennent constater par eux-mêmes ce dont la presse s’est fait l’écho ou sur les recommandations de prêtres, d’amis ou de la famille ; des parents ou grand-parents, des collégiens sont également présents chaque semaine, tandis que des soirées ‘spécial famille’ et enfants rencontrent un succès croissant chaque veille de vacances (mais le vendredi cette fois-ci !). On ne compte plus également les participants en provenance de diocèses, paroisses, mouvements de toute la France. Plusieurs s’interrogent sur la possibilité d’implanter un tel projet paroissial et missionnaire dans leur propre ville : Albi-Centre ouvre début 2010, Paris, Strasbourg, Genève, Barcelone… s’interrogent. En 1 an, 15 000 personnes ont ainsi été accueillies grâce à un vivier de plus de 100 bénévoles et des relais efficaces avec la pastorale des jeunes du diocèse, des mouvements et certaines aumôneries… le tout avec un budget de fonctionnement équilibré malgré des coûts importants (dont les cachets à 5 artistes lors de chaque veillée !), grâce à la libre contribution des participants aux soirées et aux dons. Mais alors, comment une telle dynamique at-elle pu monter en puissance aussi rapidement ? Pour le Père Gréa, « depuis le début, Lyon-Centre est conçu comme un outil d’évangélisation, certes au service de la paroisse de la presqu’île, mais aussi du diocèse dans toute sa diversité ». Lyon-Centre apparaît donc comme un nouveau portail ecclésial pour de nombreux jeunes qui se sentaient jusque- © LOUIS HÉTROY © LOUIS HÉTROY © LOUIS HÉTROY ge là mal à l’aise avec la foi, Dieu ou l’Église, ou qui avaient simplement besoin constate Jam’, leader de Glorious, de « goûter personnellement l’amour de Dieu et de se faire cramer par le feu de l’Esprit, au travers d’une forme nouvelle qui est forte et vraie, et surtout qui propose explicitement l’Évangile ! ». Bref, le projet marche parce qu'il répond à un besoin. Et le père Gréa de résumer : « Aux côtés de bien d’autres initiatives, Lyon-Centre a l’ambition de conduire à un réveil intérieur par l’Esprit-Saint et à une rencontre du Christ vécue en Église ! » Un point sensible (et sur lequel l’archevêque de Lyon est sûrement très vigilant…) : l’impact de Lyon-Centre sur la vie du diocèse ! Parmi les mouvements, les aumôneries, les paroisses voisines et même les communautés nouvelles très actives sur Lyon, il y avait certaines craintes de voir Lyon-Centre plus ou moins ‘siphonner’ les ouailles. « C'est le contraire qui s'est passé, affirme le Père Gréa : plusieurs confrères m’ont témoigné d’un regain d’intérêt et de motivation de certains jeunes pour la foi et la prière. Dans notre paroisse : la messe du dimanche soir a vu son assemblée tripler au fil de l’année dernière et nous voyons depuis cette rentrée une croissance prometteuse de la participation à la messe du dimanche matin… sans vider les paroisses alentour ! », preuve que Lyon-Centre a vraiment entrepris dès ses débuts un travail pastoral sérieux : il conduit peu à peu vers un enracinement spirituel et ecclésial, vers la vie sacramentelle, l’engagement, l’approfondissement de la foi… Lyon-Centre n’est pas pourtant devenu la pa- Lyon-Centre n'est pas devenu la panacée pastorale du diocèse nacée pastorale du diocèse de Lyon ! L’équipe aux commandes est bien consciente de tout le travail qu’il reste à accomplir et des nombreux défis à relever : pérenniser et développer le concept, renouveler et former les bénévoles, former de nouveaux musiciens et ‘conducteurs’ de louange (avec la création de la Lyon-Centr’Academy), trouver et inviter des prédicateurs adaptés pour des soirées exceptionnelles, diversifier et rendre plus régulières des rencontres avec des publics différents (enfants, couples, collégiens, familles, pères, mères… ?), développer la mise à disposition de Lyon-Centre comme outil d’évangélisation au service des mouvements ou aumôneries, bien clarifier la distinction (très bien entamée) entre Lyon-Centre et Glorious, assister des porteurs de projets similaires dans d’autres diocèses, anticiper sans précipiter la question du lieu d’accueil (qui tôt ou tard va devenir trop petit)… Lyon-Centre ? Un chantier qui n’a pas fini de nous surprendre, un incubateur missionnaire paroissial pour l’Église de France : « La clé de la mission, c’est répondre à l’appel de l’Esprit-Saint et le vivre en Église. Tout le reste en découle, car cette soif de Dieu présente chez tant de gens nous a beaucoup frappés cette année : ils sont naturellement en attente, les paroissiens de s’engager fortement dans un projet qui a du sens et porte du fruit, les non-croyants ou non-pratiquants de rencontrer le Dieu de vie. En fait, il faut simplement peut-être avoir l’envie et le culot de se dire ensemble, prêtres et laïcs, qu’on est prêt à allumer la mèche : l’EspritSaint s’occupe du reste et vient mettre le feu ! » n FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 9 DOSSIER EntretienavecPierreBenoît Discernement propos recueillis par Alex et Maud LAURIOT-PRÉVOST Pierre Benoît est diacre, agrégé de l’Université, docteur en philosophie, père d’une famille nombreuse… Il a dirigé l'Institut des Sciences de la Famille à l’Université catholique de Lyon et a coordonné un document de la Conférence des évêques de France intitulé : « Simples questions sur la vie et la famille » (paru aux éditions Satisfecit à Lyon). Le voici maintenant chargé d'une mission de réflexion sur la pop-louange... n Pierre Benoît, vous êtes le coordinateur du rap- port de la Conférence des évêques sur l'articulation de la musique contemporaine avec la pastorale des jeunes. Ce rapport paraît ce mois-ci et sera complété par un livre aux éditions des Béatitudes. Pourquoi l’épiscopat a-t-il engagé une réflexion approfondie sur ces questions ? Par souci des jeunes. Cette réflexion est de l’initiative du Conseil pour la pastorale des jeunes et des enfants de la Conférence des Évêques de France, conduit par Mgr Rivière, évêque d’Autun. En interrogeant les jeunes sur ce qui leur importait pour vivre plus intensément et prier durant la liturgie, il est apparu que la qualité musicale venait en tête des indications. Évidemment, la musique n’est pas pour eux « la » source de la vie chrétienne, mais elle semble favoriser leur engagement dans la prière. Cette indication a conduit ce Conseil à un discernement sur les pratiques musicales chrétiennes contemporaines. Qu’estce qui est valable et pourquoi ? n Cet intérêt est nouveau pour nos évêques ? Les évêques se soucient depuis quelques siècles de l’accompagnement des jeunes et de l’expression musicale chrétienne ! La pop-louange prend cependant place dans une expérience culturelle à laquelle beaucoup de pasteurs sont étrangers ; il y a de plus un contentieux qui dure entre l’Église et le rock, dont la dénonciation des musiques sa- 10 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 Pierre Benoît. taniques est la part émergée. La question se pose légitimement de la profondeur spirituelle des expériences émotionnelles liées à la pop-louange : y a-t-il là une manipulation, une expérience d’exaltation superficielle éloignée du sérieux d’une foi responsable, ou encore seulement une tentative ponctuelle, démagogique et sans lendemain pastoral pour rejoindre les jeunes ? n Quelle est la conclusion de vos travaux ? L’évangélisation n’est jamais le fait d’une musique ou d’un média en tant que tel, mais de l’annonce de la Parole de Dieu et du Salut en Jésus-Christ, de la célébration liturgique authentique et du témoignage évangélique par la charité. Croire au pouvoir missionnaire de la musique conduit à la déception ; cela est aussi vrai de la musique grégorienne ou des cantates de Bach. L’amateur de telles musiques ne devient pas chrétien parce qu’il les écoute. C’est par la foi et la conversion personnelle des artistes, par la qualité artistique des textes et des musiques, par un souci de communion ecclésiale que ces musiques et ces groupes porteront des fruits missionnaires. n Que peut-on attendre spécifiquement de la pop- louange pour l’évangélisation ? L'exultation dans la louange est une expérience forte d'abandon à Dieu Les musiques actuelles conduisent à des comportements dansants et émotionnels : elles aident à faire l’expérience que Dieu est source de vie dans notre corps et notre subjectivité émotionnelle ; elles participent pour leur part à faire l’expérience de sa paternité, de son amour et de la vie de l’Esprit Saint. L’exultation dans la louange est une expérience forte d’abandon à Dieu, et témoigne d’une puissance de vie touchant le cœur et le corps : en cela, il touche particulièrement la jeunesse dont la conscience de soi est certes plus émotionnelle que rationnelle. Les détracteurs de ces musiques partent du principe que l’émotion est d’emblée irrationnelle © LOUIS HÉTROY © PASCAL FAGNIEZ degré de fidélité dogmatique ne peut être exigé de la même manière dans une paraliturgie ou un concert-spectacle ; la question du niveau sonore n’est pas le même dans tous les contextes. En revanche, nous avons souligné que, dans tous les cas, le témoignage chrétien réclame que les paroles puissent être audibles. et donc suspecte. Mais dans un milieu équilibré, comme l’est généralement celui de l’Église, l’émotion peut être porteuse d’un sens profond et vrai lorsque la Parole de Dieu l’éclaire et l’oriente, lorsque l’accompagnement pastoral conduit à dépasser cette seule émotion pour faire grandir et enraciner la foi, la prière et la conversion de vie. n Que proposez-vous concrètement à l’épiscopat et aux artistes concernés ? n Vos travaux mettent en évidence une réalité plus En effet, nous avons préféré utiliser l’expression « musiques actuelles chrétiennes », plus ouvert et objectif que « poplouange ». Nous avons discerné quatre usages pastoraux des musiques actuelles chrétiennes : premièrement celle de spectacle devant des publics divers, comme le font Aquero ou Théos ou Delphine ou Grégory Turpin, et bien d’autres ; il s’agit d’un témoignage de chrétiens par la musique, comme d’autres le font par la peinture ou l’écriture. Le Festival de Pâques à Chartres, organisé par Jean-Baptiste Fourtané, est un moment très intéressant à cet égard. D’autres organisent des concerts de louange, comme Glorious, Exo ou Hillsong, invitant des assemblées à partager l’expérience de la louange et de la prière ; la pastorale est là confiée aux membres du groupe. Troisièmement, on use des musiques actuelles dans des paraliturgies, comme par exemple devant le pape durant les JMJ ou aux rassemblements du MEJ. Les musiciens sont alors soumis aux attentes des pasteurs. Quatrièmement, on utilise les musiques actuelles dans la liturgie elle-même, comme Push ou Laurent Gribovsky au Frat de Lourdes. n La responsabilité pastorale de l’Église ne peut être la même dans chacune de ces situations… © PASCAL FAGNIEZ vaste et diversifiée que la seule pop-louange ? Il y a une double priorité des rédacteurs de ce document : inviter la hiérarchie pastorale à accueillir favorablement les musiques actuelles chrétiennes, et encourager les groupes concernés dans leur démarche chrétienne et artistique. Nous insistons sur ce que ces musiques peuvent apporter dans l’expérience ecclésiale et spirituelle pour tous les chrétiens. Plus concrètement, il est proposé que l’Église en France accompagne les artistes de ces groupes aux plans professionnel et pastoral avec des propositions de formations musicales, liturgiques… mais aussi celles de multiplier les scènes, voire de proposer un label et d’ouvrir une agence artistique chargée d’un réseau. L’idée est que cet accompagnement se structure au niveau des provinces ecclésiastiques car l’expérience et les avancées sur ces questions sont hétérogènes en France ; certaines de ces propositions sont d’ailleurs déjà mises en œuvre dans plusieurs diocèses, signe d’un intérêt concret des communautés catholiques à l’égard de ce phénomène. Ce don particulier de la musique est puissance de vie, et Dieu fait aujourd’hui ce don à son Église. « Jeunes et vieux se réjouiront ensemble » dit le prophète Jérémie : qui que nous soyons, n’hésitons pas à accueillir ce don comme tel et avec action de grâce. n Chaque cas doit être discerné avec des éléments spécifiques www.Glorious.fr © LOUIS HÉTROY Effectivement. Chaque cas doit être discer- Un reportage Révélateur TV sur Glorious et Lyon-Centre né avec des éléments spécifiques : l’obéissance est actuellement visible sur aux normes liturgiques appartient par exemple le site internet de France Catholique. à la liturgie mais non au concert de louange ; le FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 11 DOSSIER C Lesracinesapostoliques delapop-louange ontrairement à certaines idées reçues, la pop-louange n’est pas une concession démagogique aux modes pour racoler à peu de frais une jeunesse très majoritairement éloignée de l’Église et de la foi. Certes, la pop-louange utilise un langage musical contemporain devenu universel, elle s’exprime dans nombre d’espaces publics, souvent plus neutres que les églises, nouvelles 'agoras' du monde moderne - salles de spectacle, places, chapiteaux, festivals, Internet - mais elle ambitionne avant tout d’actualiser, au travers des codes musicaux actuels, l’expérience même des premiers apôtres : "Je te chanterai au milieu de la grande assemblée" (He 2, 12), "Je te louerai parmi les nations, je chanterai à la gloire de ton Nom (…). Nations, exultez avec son peuple." (Rm 15, 9-10), "Chaque jour, d'un seul cœur (...) avec allégresse et simplicité, ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés" (Ac 2, 46-47). Ainsi, chez les artistes évangéliques ou catholiques qui y sont engagés, la pop-louange authentique se caractérise par une profonde démarche personnelle de foi, ancrée dans la Parole de Dieu, la vie spirituelle et leur communauté ecclésiale (1) ; cette foi s’exprime dans l’exercice même de la musique qui se veut ‘inspirée’, que ce soit dans la composition des chansons (paroles et mélodie), ou en studio, sur scène et en assemblée. Même si les artistes s’expriment chacun avec leur caractère et leur charisme propre, ils sont pour la plupart habités par le zèle missionnaire et le désir d’accompagner leur ‘public’vers la rencontre personnelle du Christ, vers l’expérience intime et personnelle de la présence du Saint-Esprit et l’accueil de la Parole de Dieu. Quiconque regarde sur YouTube ou DVD les vidéos des concerts de Delirious ou Hillsong, d’Exo ou Glorious, sera rapidement convaincu que la pop-louange conduit bel et bien à la prière, à l’écoute de la Parole et à l’amour de Dieu. Certains observateurs n’y voient pourtant que des excitations émotives superficielles, voire des hystéries collectives : même si la pop-louange est assez soft et bon enfant, on y retrouverait les travers des mega-concerts des rock-stars ou des immenses boites de nuit des DJ à la mode. L’argument n’est pas sans fondement lorsque certains groupes chrétiens se concentrent surtout sur le show musical et la fête, et ne conduisent pas effectivement à l’intériorité, à l’intimité avec Dieu et à des démarches de conversion ou de retour au Christ. C’est pourquoi il est nécessaire - quitte à surprendre sans doute certains - de bien saisir que la ‘vraie’ pop-louange n’est au final qu’une forme d’actualisation contemporaine de l'expérience spirituelle et missionnaire de la Pentecôte : même si elle prend des accents de guitares électriques et de synthétiseurs, rythmés par la basse et la batterie, une louange publique à Dieu dans une foi assumée et confessée, rejoint effectivement l’expérience des apôtres à leur sortie du Cénacle après l'effusion de l'Esprit-Saint : ils chantent et "publient les merveilles de Dieu" que chacun entend "dans sa propre langue" rapporte Ac 2, 10. Quelle que soit son origine, chacun ‘comprend’ les disciples car cette louange touche profondément le cœur de ces pèlerins de toutes nations présents à Jérusalem. Elle prépare ainsi la prédication de Pierre sur la Révélation et le Salut donné par le Christ, ce qui conduit un grand nombre à être "stupéfaits" et à en avoir "le cœur transpercé". Comme l’Église en fait l’expérience mystérieuse et constante depuis 2000 ans, la louange inspirée est une porte universelle : elle ouvre le cœur de l’homme à la présence divine et porte à l’écoute attentive de sa Parole qui "pénètre jusqu’à la pointe de l’âme et de l’esprit" (He 4, 12). Introduire les hommes dans une telle louange est donc une expérience primordiale où se ‘réveille’ la soif spirituelle qui habite l’âme de chacun, soif trop souvent enfouie et cachée. Le cœur s’ouvre et le processus évangélisateur s’amorce par étapes. Ne craignons pas que cette ouverture par la louange soit un feu de paille : après la prédication de Pierre, ceux qui eurent "le cœur transpercé" s'adressèrent aux apôtres pour les interpeller : "Que devons nous faire ?" Un cœur ouvert à Dieu amorce plus facilement un questionnement personnel et peut alors entamer une découverte de la vie chrétienne conformément, là encore, à l’expérience apostolique rapportée dans les Actes des Apôtres : c’est l’étape de l’initiation et de la croissance au travers de la catéchèse ancrée dans la Parole de Dieu, l'apprentissage de la vie chrétienne, la vie sacramentelle, l'intégration à la communauté ecclésiale (cf. Ac 2, 46-47). Non sans un certain étonnement, les responsables de Lyon-Centre confirment clairement ce processus dès leur 1ère année ; de nombreux jeunes catholiques, aujourd’hui engagés dans l’Église et dans l’évangélisation, ont été eux-mêmes saisis par Dieu grâce à ce type d’événements musicaux et peuvent l’attester. La pop-louange n’est donc pas une concession facile faite à la modernité, mais un levier majeur pour la mission : les jeunes catholiques et les pasteurs impliqués aujourd’hui dans la ‘nouvelle évangélisation‘ si chère à Jean-Paul II et Benoît XVI ne s’y sont pas trompés en s’y investissant avec enthousiasme et énergie. Alex et Maud LAURIOT-PREVOST Le processus évangélisateur s'amorce par étapes 12 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 (1) Cette exigence personnelle et spirituelle n’était d’ailleurs pas le cas de nombre de groupes de rock ‘chrétien’ des années 70 : ils ont porté bien peu de fruits apostoliques, se sont rapidement lassés ou ont dévié vers une musique profane. DOSSIER EntretienavecMarieLeFichant Salvation propos recueillis par Alex et Maud LAURIOT-PRÉVOST n Vous êtes la chanteuse du groupe « Salvation », avions appris 3 semaines auparavant que nous pouvions avoir accès à cette scène. Il a donc fallu « monter » ce concert rapidement et efficacement, choisir des chants (en piochant dans nos compositions mais aussi dans le répertoire de groupes chrétiens comme Hillsong, Glorious ou Ararat) et surtout travailler une orchestration, et beaucoup répéter en peu de temps. Au niveau spirituel, cela a nécessité une bonne dose d’abandon ! quel est votre parcours musical et chrétien ? J’ai eu la chance d’avoir une famille qui m’a fait connaître l’amour du Christ. Ma foi s’est ensuite consolidée à mesure de ma vie de prière et de mes engagements dans l’Église. Ce sont ces engagements (animations de messe, groupes de prière…) qui m’ont conduit à découvrir la beauté de la louange et à développer mes talents dans la musique. Il en est plus ou moins de même pour les autres membres du groupe. Matthias et Thomas ont fait partie d’autres groupes tandis que Laëtitia (la bassiste du groupe) et moi-même en sommes avec Salvation à notre première expérience. n Personnellement, les frères Pouzin vous ont invitée à chanter à LyonCentre depuis octobre : que retirezvous de cette expérience ? Cette expérience s’avère très belle ! J’ai pu entrevoir la façon dont fonctionnait un groupe professionnel, mais aussi toucher un peu à la scène dans un cadre particulier de « concerts de louange ». Participer au projet LyonCentre, qui est un véritable lieu d’évangélisation, me fait aussi grandir dans ma foi. n En créant à la rentrée 2009 Salvation, quels étaient vos objectifs ? Nos objectifs sont simples. : il nous faut d’abord apprendre à jouer ensemble, c’est tout un travail à la fois technique et créatif pour que la musique produite soit de qualité. En ce qui concerne nos objectifs chrétiens, notre désir est que notre musique soit au service de la prière. C’est le cœur de notre démarche. n Créer aujourd'hui un groupe de pop-louange, c'est vouloir faire de la musique chrétienne ou vouloir évangéliser par la musique ? La musique, comme l’art, appelle le beau. Elle peut donc être l’instrument qui ouvre les cœurs et permet une rencontre avec Dieu. Une musique n’est pas chrétienne par sa mélodie ou par les notes qui la composent mais par les paroles qu’elle porte. L’artiste chrétien qui parle de sa foi, plus ou moins explicitement, participe à l’évangélisation. n Comment voyez-vous la collaboration de votre groupe avec l'Église ? Que notre musique soit au service de la prière Le groupe n’est pas rattaché à une paroisse ou à un mouvement en particulier. Cependant, nous pensons que notre musique ne pourra porter beaucoup de fruits que si elle se met au service de l’Église, et surtout au service d’une dynamique pastorale. n Quelles sont vos priorités pour 2010 ? Nos différentes études ou vies professionnelles font que pour l’instant nous ne pouvons envisager que des projets à court terme pour le groupe. Nous ne savons pas vraiment comment il est appelé à évoluer au-delà. Nous continuen Se produire devant une foule imposante à l'occasalvationgroupe@ rons donc à travailler ensemble, et à faire ausion du 8 décembre, cela doit être un sacré chalgmail.com tant que possible des concerts ou animations de lenge pour un tout jeune groupe… veillées ou de rassemblements jusqu’à cet été, là Ce premier concert à Fourvière a été une forte http://www.myspace.com/ où on nous invite à intervenir. Après, à la grâce expérience musicale et spirituelle. En effet, nous salvationgroupe de Dieu ! n FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 13 DOSSIER EntretienavecJean-PaulPrat:Aquero Les«bluesbrot Certainement à cause de la conjonction entre le manque de connaissance de l'épiscopat dans le domaine de ces musiques et de la qualité artistique encore insuffisante de la plupart des groupes. n Jean-Paul Prat, pouvez-vous présenter votre groupe, Aquero ? Bientôt 10 ans d'existence. Une musique toujours en évolution, cherchant non ce que l'homme veut mais ce dont il a besoin. Un style ouvert et décontracté désireux de ne pas se laisser enfermer dans la monotonie. Des concerts dans des dizaines de lieux très différents les uns des autres. n Quel rôle les diocèses peuvent-ils jouer pour à la fois accompagner le développement de la musique chrétienne et mieux l'articuler avec la pastorale des jeunes ? n Quels sont les principaux projets d'Aquero ? Un projet de taille : célébrer les dix ans, et continuer à « présenter le droit » de toutes les manières possibles. Plus que jamais, notre sort est entre les mains du Seigneur ! n Aquero se reconnaît-il dans la terminologie géné- rique de pop-louange ? Peut-on parler de ministère et d'apostolat à propos du groupe ? Il est évident qu'Aquero est une mission, un ministère de vérité, d'authenticité et de joie. C'est pour cela qu'il se joue des modes. Le terme ‘pop-louange’ n'est pas adapté à notre groupe. Notre style est plus vaste et intègre une grande palette de couleurs musicales. Notre démarche vise le public le plus large possible en donnant des concerts mais non des concerts de louange. n Êtes-vous plutôt des artistes qui témoignent de leur foi, ou des évangélisateurs qui ont choisi la musique pour évangéliser ? Nous sommes d'abord des artistes qui désirent, en faisant du bien par leur art, montrer la Source de toute créativité et de tout bien véritable. La musique n'est pas seulement un véhicule dont on se sert pour arriver à ses fins, fussent-elles missionnaires ! n L’amorce d’une prise de conscience par l’épiscopat de l’intérêt pastoral des musiques chrétiennes actuelles est récente : pourquoi selon vous ? 14 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 Il ne s'agit pas pour l'Église de se mettre à la mode, mais d'être capable d'anticiper Ce n’est pas le développement de la poplouange qu’il faut encourager, mais le développement d’une musique actuelle de qualité. Il ne s'agit pas pour l'Église de se mettre à la mode, mais d'être capable d'anticiper en donnant de la fraîcheur et non en copiant les produits surgelés vendus par le « monde ». Les diocèses peuvent aider d'abord en s'ouvrant, en découvrant que les musiques issues de la culture « rock » peuvent être de qualité. Ensuite en favorisant les occasions de concerts, concerts de louanges, paraliturgies… n Certains parlent de créer sous la houlette de l'Église une « Catholic Worship Academy » pour créer une pépinière de jeunes talents, pour nourrir la diversité et développer de tels groupes : est-ce opportun ? De même, les lieux de productions, de festivals (comme celui de Chartres ou Hollywin's) doivent-ils se développer ? C'est une bonne idée, mais il est bon de répondre avant à de nombreuses questions : qu'enseignerait-on dans une telle académie ? Qui seraient les professeurs ? Quel genre de groupes voudrait-on y développer ? Sur quelle base de réflexion ? La bonne volonté ne suffit pas. Les festivals dont vous parlez sont partis également d'une très bonne intention. Pour développer les musiques chrétiennes actuelles, il faudrait un vrai travail de fond, une recherche active de ce qu'en pense le Saint-Esprit, une véritable remise en question, et coopérer avec des gens compétents dans les domaines de l'art, du spectacle… DOSSIER hersdeDieu» propos recueillis par Alex et Maud LAURIOT-PRÉVOST les non-croyants ; celle de Glorious est sans doute davantage le concert de louange et, en ce sens, s'adressera plutôt à des chrétiens ; Push est peut-être plus à sa place dans la paraliturgie, etc. Bien sûr que tous peuvent être plus ou moins polyvalents, mais la clarification humble de chaque spécificité pourrait grandement améliorer la collaboration avec les instances diocésaines lorsqu'elles doivent faire un choix. Prions donc pour tout cela. n Les groupes de musique chrétienne travaillent-ils suffisamment à leur coordination ? Concrètement, que proposeriez-vous ? Je proposerais d'abord une véritable vie intérieure qui conduise à un chemin de conversion jusqu'au vrai détachement. Ceci afin d'entrer dans l'humilité nécessaire à une © ThomAS ESCURE-PRAT n réelle mise en commun. Aujourd'hui, la plupart des groupes musicaux catholiques sont trop préoccupés d'eux-mêmes. Cela peut se comprendre dans une certaine mesure, simplement à cause de la difficulté d'exister, d'être reconnus ; mais il y a aussi l'éternel orgueil et son acolyte - la peur - qui empêchent une authentique communication. Il serait donc bon que les groupes musicaux sachent se retrouver pour pousser plus loin la recherche ensemble et s'entraident pour se situer chacun à sa place. Chacun est unique mais aucun n'est « tout » : la vocation d'Aquero est de donner des concerts dans lesquels la foi est clairement annoncée mais dans un langage tout à fait recevable par « La faim justifie les doyens » www.aquero.net 06 10 32 29 21 La bande Annonce du DVD Aquero Entre trop tard et jamais est visible sur le site de France Catholique. En tant que doyen des groupes catholiques de musique actuelle en France, quels sont selon vous ses grands défis ? La faim justifie les ‘doyens’ (!) Le plus grand défi est de mourir pour que naisse quelque chose de plus grand qui n'enferme pas de nouveau la jeunesse dans un style, une mode : ac tuellement, dans le domaine des musiques actuelles, on essaie trop souvent de singer ce que le monde a imposé et de réaliser une version christianisée de la musique mondaine. Et cela parce qu'on veut plaire, que « ça marche ». L'enjeu demain n'est pas de rassembler les jeunes sous une bannière, cela les ennemis de la Foi ont toujours su le faire mieux que nous. Il s'agit plutôt de conduire les jeunes à devenir d'authentiques êtres humains. Nous ne pourrons donc pas faire l'économie d'une vraie démarche artistique. L'art libère et construit. Et les artistes, qui ont la chance d'être chrétiens, devraient se retrouver à la pointe de la créativité. n FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 15 DOSSIER Uneaventure... StevenRiche par Étienne LORAILLÈRE Lors d’un concert de Steven Riche, il y a toujours un crucifix en fond de scène. « Il donne d’ailleurs souvent l’impression de Lui parler », observe le Père Matthieu de Raymond qui vient d’organiser un concert de l’artiste mi-décembre dans sa paroisse du Chesnay (Yvelines). «I l n ’ y a pas que la liturgie ou nos prières apprises qui résonnent dans les cœurs. La musique qui rejoint les jeunes dans leur culture et dans leurs rythmes est un puissant vecteur de la Parole que nous n’utilisons pas assez, j’en suis convaincu », souligne le prêtre accompagnateur de la catéchèse de son diocèse. Ce dernier apporte son plein soutien à la démarche du chanteur, rencontré lors d’une tournée précédente : « Il faut faire feu de tout bois dans une culture qui part à la dérive, et qui n’a même plus les mots pour dire Dieu ! Pensons à ceux qui surfent sur Internet ou qui peuvent trouver une musique sympathique et aller plus loin vers son sens. » C’est précisément pour dévoiler la source de son bonheur que Steven Riche s’est lancé dans la pop-louange. Aujourd’hui le chanteur autodidacte veut toucher les jeunes et leurs familles à travers les rythmes, les sons électro et les paroles. Son objectif est clairement affiché : Faire découvrir Dieu et partager sa musique. Pourtant, au début de cette aventure, lui-même avait des doutes. C’était en 2006 alors qu’il reçoit une commande pour le Festival de Pâques, événement majeur de la scène chrétienne au pied de la cathédrale de Chartres. « J’avais peur d’être ringard, confie le parolier. Écrire à propos de la foi n’a pas été simple mais je me suis 16 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 « Chanter est devenu pour moi une mission et une passion » remémoré l’appel de Jean-Paul II, N’ayez pas peur. Cela m’a donné du courage. » Et comme Steven Riche n’a pas vraiment trouvé d’interprète à ses chansons, il s’est lancé lui-même dans l’aventure, avec son timbre à la Daho ! Certes, en classe de 6e, il montait déjà son premier groupe pop mais Steven Riche avait choisi jusque-là d’écrire et composer pour les autres. Il explore donc un nouveau style avec un premier album chrétien en 2006 : Plus peur de tomber. on retrouve dans sa musique les accents pop des années 80 et une rythmique enrichie par ses dix années passées en Afrique. Progressivement, le défi s’enracine dans la vie de ce père de famille de 5 enfants âgés de 11 à 1 an. Chanter pour évangéliser se transforme en une aventure. L’homme ne se départit pas de son apparence sage, les cheveux légèrement poivre et sel. mais le vent de l’Esprit a réveillé un brasier intérieur. Dans les environs de Nantes, au fond de son jardin, il s’enferme quasiment tous les soirs dans son petit studio. De 22 heures jusque tard dans la nuit, il compose. « on ne sait jamais quand l’inspiration s’arrête » avoue-t-il... Son épouse soutient malgré tout le projet. Le couple s’est entendu pour se limiter à un concert par mois afin de préserver le rythme de la vie familiale. S’il continue sa profession de commercial dans l’audiovisuel pour subvenir aux besoins de sa famille, Steven Riche l’admet avec une étincelle dans le regard : « Chanter est devenu pour moi une mission et une passion. » « La première personne à être évangélisée, ce fut moi, s’enthousiasme-t-il. ma relation avec le Christ est devenu plus intime. » Sa tête est continuellement pleine de musiques et de paroles liées à sa vie spirituelle. « Dans la vie, aujourd’hui, on fonce, on doit être partout à la fois, être performant. mais pour découvrir le Christ, il faut s’extraire un instant du monde » ajoute-t-il. Toujours avec un dictaphone à © FESTIVAL DE PÂQUES / oLIVIER LÉoNETTI © FESTIVAL oPEN SPIRIT © ÉRIC LAmBERT © FESTIVAL DE PÂQUES / oLIVIER LÉoNETTI portée de main, il attrape au vol ses idées. L’évolution intérieure de l’artiste se perçoit entre les deux albums. « Il y a plus de maturité spirituelle dans Vivant. C’est plus personnel », juge lui-même le chanteur. Dans son dernier album engagé, on retiendra son attachement à la vie et à Dieu. « Ne soyons pas frileux, avançons en proclamant haut et fort que nous sommes chrétiens » insiste le chanteur dans Chrétien. L’actualité est également source d’inspiration. Steven rend hommage d’une manière poignante à Jeanne-marie Kegelin, cette petite fille violée et assassinée en 2004. « J’ai regardé le témoignage de ses parents sur KTo. L’idée de la chanson Jeanne Marie K s’est très vite imposée à moi, pour rendre hommage à sa pureté ! » Porteur de foi, cet album est aussi une invitation à la méditation et la prière, avec notamment cet hommage aux anges gardiens que Steven affectionne. Son premier album avait été distribué par une maison de production protestante. mais une divergence à propos des paroles l’a poussé à gagner davantage d’indépendance. Steven Riche a monté Bethel, sa propre maison de * Premier album Plus peur de tomber, Deuxième album Vivant disponibles dans toutes les librairies religieuses et sur Internet (www.amazon.fr) * Pour organiser un concert avec Steven Riche : Bethel production, 02 51 12 31 48 – bethel. [email protected] Prochains concerts en 2010 : Saint-Lô, metz et Strasbourg, Paris, Paray-lemonial… à suivre sur www.steven.riche.com production et de diffusion. Son dernier disque est disponible dans toutes les librairies religieuses et sur Internet, grâce à un partenariat avec les éditions des Béatitudes qui qualifient l’album de « priant, exaltant, porteur de foi et d’Espérance ». Et il faut constater que Steven Riche a son public, peut-être plus jeune qu'il ne l'espérait, mais très enthousiaste ! Au-delà de la notoriété de groupes comme Glorious, il faut « aider d’autres jeunes talents à percer, ne pas les étouffer », encourage le chanteur. Fort de sa propre expérience, confronté aux difficultés de distribution, Steven veut avec Bethel produire et diffuser d’autres artistes chrétiens avec l’argent des ventes de ses propres disques. « L’Église a conscience qu’il y a une demande d’un jeune public d’entendre parler du Christ sur un rythme différent », soulignet-il. Lui-même se rappelle ses difficultés à vivre sa foi durant son adolescence. Steven a déployé son site internet www.stevenriche. com ainsi qu’un fan club sur my Space et Facebook, forts de plusieurs centaines de fans et qui s'activent particulièrement au moment de certains concerts. n FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 17 ESPRIT En mémoire des jours Haïti, le malheur Par Robert Masson O n croyait avoir tout dit de la condition humaine, de ce destin étrange qui s'attache à nos pas, au point de développer chez nous un sentiment de fatalité qui réduit, croyonsnous, notre capacité à nous émouvoir encore. Et pourtant, sans qu'on s'y attende, Haïti vient de renouveler une dramaturgie devant laquelle les plus blasés réagissent. C'est un séisme en effet, et ce mot suffit à lui seul à créer la terreur. Sur la fin d'une nuit où déjà s'annonçait l'aurore, une fureur de néant se déchaîne sur un lieu déjà tellement éprouvé, il y a si peu de temps, par de terribles ouragans et des inondations qui avaient semblé ramener ces terres à l'origine du monde… quand tout était recouvert d'eau. Mais les mots qui viennent aujourd'hui sur les lèvres sont plutôt ceux de « fin du monde ». Cela nous donne à penser sur le peu de puissance effective que nous avons sur ces éléments, en vérité incontrôlables, de la nature. Les plus faibles, et c'est bien le cas des Haïtiens d'une manière générale, sont sans doute les plus exposés à ces fureurs telluriques. Étrange moment où tout s'écroule, où il n'y a plus de communications directes - comment peut-on vivre sans le téléphone ? - et où les survivants sont saisis par l'effroi dans le silence qui suit le fracas venu des entrailles de la terre. Cependant, on est frappé devant l'effondrement de tout ce qui participait à un semblant d'autorité - les bâtiments symboliques du pouvoir - et on se prend à douter qu'il s'agisse simplement d'une force aveugle. Comme si, en frappant le palais présidentiel, ce siège de l'Onu qui employait 400 personnes, ou bien la caserne des pompiers, et la cathédrale, en tuant au passage son archevêque, la catastrophe cherchait à tuer dans l'œuf tout ce qui pourrait maintenir ou restaurer une vie un tant soit peu organisée pour cette capitale de plus de deux millions d'habitants et même à annihiler ses capacités de renouvellement spirituel… Mais c'est bien entendu une erreur que d'interpréter ainsi les faits. Comme toutes les forces aveugles, le fléau se traduit par une force antérieure à tout, y compris à ce que l'on tient pour les victoires les plus 18 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 assurées de notre monde civilisé. Un point c'est tout. Et nous prenons conscience que nousmêmes ne serions peutêtre pas beaucoup plus armés pour survivre à de tels cataclysmes si demain, ils frappaient l'une de nos provinces. On a vu combien les États-Unis, aujourd'hui à l'avant-garde des secours, avaient été pris en défaut lors des grandes inondations chez eux, provoquées par l'ouragan Katrina en 2005. Dans l'immédiat, à Haïti, tout va rester à reconstruire. Il va falloir trouver dans l'urgence le moyen de procurer à chacun son pain. Notre chance, si l'on peut dire, c'est ce réveil d'une conscience universelle de la solidarité des peuples. Il va de soi que la distance n'est pas un obstacle pour la solidarité et l'entraide, même si certains discernent tel ou tel calcul politique de bas étage dans une solidarité qui ferait trop de bruit. Nous sommes tous enfants du même Père et il serait peut-être bien temps de revenir à cette familiarité qui ne dépend pas du nombre ni de l'éloignement de ceux qui sont dans la peine. Pour l'immédiat, c'est la nécessité des jours qui l'emporte. On admire cependant la manière dont ce petit peuple a conservé et sait exprimer la foi des origines, gage de renouvellement spirituel et d'avenir. Au livre des Psaumes, il est une parole qui vient de loin et nous concerne tout autant. Dans une de ces apostrophes dont le peuple juif a le secret, le Psalmiste se tourne vers Dieu pour lui demander : Jusques-à quand dormiras-tu ? (ou te cacherastu ?). Il est évident que la réponse n'est pas dans un sommeil hypothétique de Dieu, mais dans la fidélité des siens qui sont là pour rappeler l'indéfectible de la foi. Nous avons immensément à faire sur ce chantier de la réconciliation de la famille humaine qui réclame l'attention de tous à tous et d'abord envers les plus démunis. Les éléments sont une force aveugle, il nous reste à être, nous les chrétiens, les hommes et femmes, sans oublier les enfants, de la confiance. Au moment où l'apartheid f u t i m p o s é e n Afrique du Sud, le poète Alan Paton sut écrire un texte magnifique qui s'intitulait : Pleure ô pays bien aimé (Cry, the Beloved Country, 1948), destiné à conjurer toutes les peurs de l'avenir. Aujourd'hui c'est Haïti qui a besoin de ces pleurs et surtout de gestes, pour bien signifier qu'il n'est pas sur terre de peuple en trop et que la détresse n'est pas, pour finir, un destin sans espérance. n Communauté Saint-Jean IRAK Mgr Jean-Benjamin Sleiman, archevêque de Bagdad des Latins, a dénoncé, dans un entretien accordé le 22 janvier à l'agence de presse des évêques italiens, Servizio Informazione Religiosa, le silence médiatique qui a entouré le meurtre de deux chrétiens à Bagdad les 17 et 18 de janvier dernier. HAÏTI Sur les 200 séminaristes du séminaire national de Port-au-Prince, 30 auraient disparu dans le séisme. D'autres sont blessés, Les survivants n'ont plus rien. L'AED a débloqué une première aide de 70 000 dollars pour les soutenir. MÉDIAS L'édition française hebdomadaire du quotidien du Vatican L'Osservatore Ro ma no a fêté ses 60 ans, lors d'une soirée, le 20 janvier à la villa Bonaparte à Rome, à l'invitation de l'ambassadeur de France près le Vatican, M. Stanislas de Laboulaye. On a appris ce jour-là que l'O.R., qui était diffusé dans les pays francophones par les éditions de L'Homme Nouveau, après l'avoir été par les éditions CLD, sera désormais diffu sé par le groupe Bayard, éditeur de La Croix et du Pèlerin. L'O.R. en espagnol est vendu à 200 000 exemplaires chaque dimanche, alors que l'édition française ne dépasse pas les 10 000 lecteurs. Son directeur, Jean-Michel Coulet, a aussi annoncé le lancement d'un portail internet. FINANCES Une réunion de deux jours du Conseil des cardinaux pour l'étude des questions administratives et économiques du Saint-Siège s'est tenue les 20 et 21 janvier au Vatican. Le budget du Saint-Siège et celui, distinct, de la cité du Vatican, après des années difficiles, sont apparus sur la voie d'un relatif redressement. D d’importantes questions de gouvernance et des divergences d’orientation sur la vocation des sœurs contemplatives de Saint-Jean troublent l’unité de leur communauté. Après concertation avec le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et ordinaire de la communauté, la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique a demandé à Mgr Jean Bonfils, évêque émérite de Nice, ancien supérieur provincial des Missions Africaines, de guider et d’accompagner la communauté dans cette étape difficile et d’aider les sœurs à cheminer vers la paix. Mgr Jean Bonfils organisera un chapitre général qui permettra aux sœurs de se rassembler, de dialoguer et d’approfondir le charisme de leur communauté. Dans le souci d’éviter le départ de certaines sœurs, il a d’ores et déjà invité les prieurés à préparer cette réunion à l’aide d’un document de travail adressé à toutes. La Congrégation des sœurs contemplatives de Saint-Jean compte 360 sœurs, réparties dans 33 prieurés à travers le monde. Elle a été fondée en 1982 par le Père Marie-Dominique Philippe o.p. (1912-2006), également fondateur des Frères de Saint-Jean et des Sœurs apostoliques de Saint-Jean. Ces trois instituts forment ensemble « la Famille Saint-Jean », qui invite tous ses proches à la prière. Elle demande à chacun de favoriser un climat de recueillement et informera de l’avancement de la situation. n epuis plusieurs mois SERBIE AFRIQUEDUSUD Irinej Gavrilovic, 80 ans, succédera, en t ant que 45 e pat riarche de Serbie, au patriarche Pavle mort en novembre dernier à 95 ans. Il a été désigné par tirage au sort parmi trois candidats retenus lors d'un vote par les 45 évêques du Saint-Synode. Il a fait récemment des déclarations conciliantes à propos d'un éventuel futur voyage de Benoît XVI en Serbie. L'évêque méthodiste sud-africain Paul Verryn a été suspendu par son Église, pour avoir accueilli, dans l'église dont il avait la charge à Johannesburg, environ 2000 immigrés sans-papiers zimbabwéens. Il passera devant une commission de discipline le 1er février. SYNODEMOYEN-ORIENT Le Pape a convoqué à Rome, du 10 au 24 octobre, cent cinquante évêques de dix-sept pays du Moyen Orient pour un synode spécial. Les lineamenta, un document de 30 pages fixant le thème du synode, ont été publiés le 20 janvier. Ils évoquent notamment les risques que la montée de l'intégrisme islamique font peser sur l'avenir des chrétiens dans les pays musulmans. EUROPE Le Parlement européen a adopté le 21 janvier une résolution condamnant les attaques contre les chrétiens en Égypte et en Malaisie. NICE Le tribunal de grande instance de Nice a jugé, le 20 janvier, que la cathédrale orthodoxe de Nice était la propriété de l'État russe, donc dépendait du pa triarche de Moscou, et non de l'association cultuelle, dépendant du patriarche de Constantinople, qui en a la charge depuis 80 ans. L'affaire ne devrait pas en rester là bien que le tribunal ait décidé l'exécution provisoire de son jugement. PIEXII Dans un article publié en Italie le 20 janvier par le Corriere della Sera et repris par l'Osservatore Romano, Bernard-Henri Lévy estime que la mémoire de Pie XII est victime d'une désinformation. FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 19 lectures 4e dimanche ordinaire (année C) Pourquoi tant de haine ? © La Bible des Peuples, éd. Jubilé-Le Sarment par le Père Michel Gitton 4. 21 Alors il commence sur ce thème : « Cette Écriture est en train de s’accomplir : voyez les nouvelles qu’on vous rapporte ! » 22 Tous l’approuvaient et s’étonnaient de cette révélation de la grâce divine qui tombait de ses lèvres. Ils disaient : « Et penser que c’est le fils de Joseph ! » 23 Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même ! On nous a parlé de bien des merveilles survenues à Capharnaüm : fais-les donc ici dans ta patrie ! » 24 Jésus ajouta : « En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est bien reçu dans sa patrie ! 25 Croyez-moi, il y avait beaucoup de veuves en Israël au temps d’Élie lorsque le ciel retint l’eau pendant trois ans et demi, et qu’il y eut une grande famine dans tout le pays. 26 Cependant Élie ne fut envoyé à aucune d’elles, mais bien à une femme de Sarepta dans le territoire de Sidon ! 27 Il y avait de même de nombreux lépreux en Israël au temps du prophète Élisée, et aucun d’eux ne fut guéri, sinon Naaman le Syrien ! » 28 En entendant cela, tous dans la synagogue sentaient monter leur colère. 29 Ils se lèvent, le poussent hors de la ville et le conduisent jusqu’à un ravin de la colline sur laquelle leur ville est construite, pour le jeter en bas. 30 Mais lui passe au milieu d’eux et il va son chemin. L ’évangéliste saint Luc a placé tout à fait au début de son récit de la vie publique de Jésus la narration de la visite à Nazareth que les autres racontent un peu plus loin et avec moins de détails. Pourtant il sait très bien que le Maître galiléen a commencé à agir et à parler à Capharnaüm avant de repasser dans sa petite patrie, puisque ses auditeurs y font même allusion dans le récit qu’il nous donne. Mais, de toute évidence, il a vu toute la portée de la scène et il a voulu donner à ce discours et à ce qui l’accompagne le sens d’une sorte de portail d’entrée sur toute la mission de Jésus. Jésus n’est pas là d’abord pour apporter des explications sur Dieu, sur la Loi, sur l’avenir, il révèle le mystère qu’il porte en lui : « Cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Par sa présence à Nazareth, par sa parole, par ses gestes, il rend présent le Royaume de Dieu sur terre, les derniers temps sont arrivés. L’énormité de la chose n’a pas saisi tout de suite les auditeurs qui s’étonnent seulement de le voir agir en priorité pour des étrangers : 20 FRANCECatholique n°3197 qu’est-il allé faire à Capharnaüm s’il a tant à donner ? Et là, le Christ doit leur montrer que, selon une manière de faire très habituelle pour Dieu dans l’Ancien Testament, il s’agit de déborder toujours les premiers bénéficiaires de l’Alliance pour atteindre tous les hommes qui sont les destinataires de ses bénédictions. Et c’est cela qui les met en colère, au point d’oublier leur enthousiasme du début et de vouloir porter la main sur Jésus. On est surpris de la violence de la réaction, qui traduit la déception après un premier enthousiasme. On pense à la foule de Lystres qui, après avoir voulu vénérer Paul comme un dieu, se retourne finalement contre lui et tente de le lapider (Actes 14, 8-19). Quand l’émotion religieuse est éveillée, on passe vite d’un extrême à l’autre ! Jésus ne sera pas leur otage et il s’en va. Cet échec a valeur de signe de ce que sera sa mission. « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jean 1,11), mais : « à ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (verset 12). Les deux coexisteront jusqu’au bout : accueil et rejet, accueil de certains au sein même 29 janvier 2010 IVe semaine Semaine de l’« Adoration sans partage » Semaine de la Présentation de Jésus + Semaine de la « Septuagésime » Quatrième Dimanche (C) 1. Jésus qui nous a choisis dès le sein de notre mère (lecture de Jérémie). ➤ Adorons le Dieu qui nous a créés, chacun personnellement. Point spi : Saluons dans nos frères ces êtres que Dieu a voulus personnellement. 2. Jésus qui nous invite à aspirer aux dons les plus parfaits, qui suscite notre élan vers les hauteurs de la charité (lecture de la lettre de saint Paul). ➤ Adorons le Maître qui nous entraîne dans les profondeurs de son amour. Point spi : Ne nous contentons pas de peu, aspirons à la perfection de l’amour. 3. Jésus qui élargit notre regard, qui nous oblige à dépasser le cercle de nos du rejet général. Le rejet sera toujours basé sur les mêmes préjugés : si Dieu est pour nous, pourquoi ne prend-il pas plus directement partie dans nos conflits, pourquoi ne soutient-il pas mieux sa cause au milieu de nous ? Et cet élargissement que Jésus est ve­nu réaliser, cette ambition que tous les hommes soient touchés par le salut qu’il est venu apporter, cette pré­ tention universelle du christianisme sera toujours là, pierre d’achoppement. Ne croyons pas qu’il en est autre­ ment aujourd’hui : la place qu’on est prêt à faire au Christ est celle d‘être la caution des valeurs d’un Occident à bout de souffle. Qu’il soit le héraut de la cause de la tolérance, du partage, de l’hygiénisme, qu’il ne dise surtout pas qu’il y a une vérité et qu'elle nous rendra libres. Qu’il accepte que toutes les religions se valent et qu’il est un parmi d’autres et tout ira bien. Sinon nous saurons bien imposer silence aux gêneurs... n Dimanche 31 janvier Première Lecture : Jérémie 1.4–5, 17-19 Psaume 71.1-6, 15, 17. Deuxième Lecture : 1·Corinthiens 12.31-13.13 Évangile : Luc 4.21-30 lectures ordinaire (année C) (cf. Collecte du IVe dimanche) par le Père Michel Gitton connaissances et qui nous entraîne toujours plus loin (lecture de l’Évangile de saint Luc). ➤ Adorons l’Étranger qui vient nous visiter. Point spi : N’ayons pas peur de ceux qui viennent nous déranger. Lundi : Le possédé gérasénien (Marc 5, 1-20) 1. Jésus qui va traquer le démon sur son terrain, en terre païenne, au contact des gens impurs, au milieu d’un troupeau de porcs. ➤ Jésus le combattant sans peur et sans reproche, allant jusqu’au bout pour nous libérer. Point spi : Osons avec Jésus aller sur les terrains d’apostolat les plus risqués. 2. Jésus qui démasque la « Légion », et lui intime un ordre, qui ne se laisse pas impressionner par les menaces et la dérision. ➤ Adorons Celui qui connaît chaque créature par son nom, et auquel nul ne peut résister. Point spi : Ne cultivons pas les ambiguïtés, essayons de savoir à qui nous avons à faire. 3. Jésus qui ne laisse aucune échappatoire au démon, qui, en acceptant sa demande, précipite sa ruine. ➤ Adorons Celui devant qui aucun compromis n’est possible, celui qui est tout entier « oui » aux promesses du Père. Point spi : Ne cherchons pas à nous en tirer par une demi-conversion, allons jusqu’au bout. Mardi : Présentation de Jésus au temple 1. Jésus, qui, pour la première fois, vient au devant de son peuple, qui vient lui donner la joie, le pressentiment de sa liberté, et qui est accueilli par deux vieillards. ➤ Adorons le Roi Messie qui vient porteur des promesses faites à Israël et aux nations par les prophètes. Point spi : Faisons de nos visites dans les églises de véritables et nouvelles rencontres de Jésus. 2. Jésus qui vient offert, qui ne se présente pas autrement que consacré, obéissant à la Loi. ➤ Adorons le Fils devenu Serviteur, qui ne veut d’autre grandeur que celle de son offrande au Père. Point spi : Offrons-nous nous-mêmes à Dieu de tout notre cœur. 3. Jésus qui brille déjà d’une lumière incomparable, qui éclaire les nations, qui vient aider à un discernement nécessaire. ➤ Adorons cette lumière qui, comme un glaive, pénètre au plus secret des âmes. Point spi : Offrons-nous à cette lumière, pour rejeter toute ténèbre en nous. Mercredi : Jésus à Nazareth (Marc 6, 1-6) 1. Jésus, qui malgré trente ans de vie cachée pleine de beauté et de lumière, reste un inconnu, incompris de ses proches. ➤ Adorons Celui qui vient nous visiter, comme un étranger, notre frère, que nous ne reconnaissons pas. Point spi : Changeons notre regard sur nos proches, apprenons à les découvrir. 2. Jésus qui s’étonne, qui est douloureusement surpris, qui ne prend pas son parti de la dureté des cœurs. ➤ Adorons l’Innocent, que nos jugements ne peuvent que blesser. Point spi : Même quand nous sommes déçus, ne cessons pas de faire confiance aux hommes. 3. Jésus empêché de faire des miracles par l’incrédulité de ses compatriotes. ➤ Adorons la Sagesse méconnue, la Bonté écartée du cours de notre vie. Point spi : Redoublons de foi, au milieu de tant d’abandon. Jeudi : L’envoi des Douze (Marc 6, 7-13) 1. Jésus qui, pour la première fois, charge ses apôtres de mission, qui solennellement leur donne un rôle à jouer dans le groupe des disciples, qui les charge de prolonger son action. ➤ Adorons le Chef de son Église, qui répartit les tâches et fixe le vrai salaire. Point spi : Ne nous dérobons pas devant les responsabilités que l’Église nous offre. 2. Jésus qui leur donne des consignes de dépossession, leur demande un mode de vie pauvre, pour ne pas s’encombrer de bagage au moment d’aller porter la Bonne Nouvelle. ➤ Adorons le Pauvre, celui qui n’a pas voulu avoir de quoi reposer sa tête. Point spi : Ne donnons pas trop de crédit aux moyens et aux méthodes, ne nous encombrons pas de précautions inutiles quand il s’agit de porter la Parole. 3. Jésus qui leur donne la joie d’œuvrer pour lui, et de voir une certaine fécondité de leurs efforts. ➤ Adorons l’Ami qui nous associe généreusement à son œuvre. Point spi : Donnons à nos amis et à nos collaborateurs la joie de réussir quelque chose pour le Seigneur. Vendredi : La mort de Jean Baptiste (Marc 6, 14-29) 1. Jésus tout unifié, antithèse des scrupules et des contradictions qui déchirent Hérode. ➤ Adorons l’Un, qui unit en lui l’activité et le repos, qui est tout donné sur chaque point. Point spi : Mettons-nous au clair sur nos objectifs. 2. Jésus tout pur, antithèse des troubles attachements d’Hérode, qui patauge dans l’inceste et l’adultère. ➤ Adorons l’Époux fidèle, l’amant à jamais donné. Point spi : Brûlons nos rêveries et nos souvenirs au feu de l’amour vrai. 3. Jésus, agneau très doux et très pur, antithèse de la cruauté impuissante d’Hérode, qui résulte de sa faiblesse profonde. ➤ Adorons l’Agneau vainqueur, à qui sont amenées les nations. Point spi : Résistons jusqu’au sang à l’injustice, refusons d’être complices. Samedi : Préambule de la multiplication des pains (Marc 6, 30-34) 1. Jésus qui accueille avec une joie profonde ses apôtres à leur retour de mission, Jésus qui est tout à eux. ➤ Adorons l’Ami plein de sollicitude pour ses fidèles, ses proches, ses bien-aimés. Point spi : Prenons le temps de parler avec Jésus de nos joies et de nos déboires. 2. Jésus qui rêve d’un moment de retraite avec ses apôtres, qui les entraîne au désert. ➤ Adorons Jésus qui dit : « Je vais la conduire au désert. » Point spi : Ne nous dérobons pas aux invitations du Seigneur. 3. Jésus qui ouvre son cœur aux foules sans berger, qui ne se protège pas. ➤ Adorons le Bon Pasteur qui sait qu’il a « d’autres brebis » et ne les abandonne pas. Point spi : Ouvrons notre cœur à l’appel de ceux qui sont encore loin. n FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 21 LIVRES ■ LA FEMME ET LE SALUT DU MONDE Paul Evdokimov Desclée de Brouwer, 276 p., 20 e. SÉLECTION Spiritualité Paul Evdokimov (1901-1970) a été professeur à l’Institut Saint-Serge et observateur invité au concile Vatican II [Il est le père de notre ami le théologien par Sophie BarON Michel Evdokimov]. Il a fait partie de ceux qui ont fait connaître la spiritualité du christianisme oriental aux Occidentaux. Il a publié de nombreux ouvrages dont celui-ci qui est une réédition de 1978. Ce livre se situe – dans l’histoire - à ce moment clé où les modèles familiaux ont été rejetés par une génération devenue orpheline et où la dualité hommes/femmes a besoin d’une réponse nouvelle que seuls le Christ et l’église peuvent lui donner. Quelques années plus tôt (1965), le concile Vatican II avait adressé ce message aux femmes : « L’heure vient, l’heure est venue où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici. C’est pourquoi, en ce moment où l’humanité connaît une si profonde mutation, les femmes imprégnées de l’esprit de l’évangile peuvent tant pour aider l’humanité a ne pas déchoir. » Jean-Paul II poursuivra ce travail avec de nombreux textes et spécialement une lettre adressée aux femmes. C’est dans ce même mouvement, quoique avec d’autres points de départ, que l’auteur se situe. Il nous révèle, dans son introduction, que son essai se veut une tentative pour susciter un dialogue œcuménique, une confrontation des anthropologies après des études parallèles puisées aux différentes traditions qui permettront une vision plus riche de la complémentarité hommes/femmes, des charismes très précis de chaque créature. Dans une première partie, l’auteur nous retrace une anthropologie de l’être humain, que d’autres ont pu réaliser, mais où on pourra noter la place importante qu’il donne à la psychologie moderne comme à l’ascèse chrétienne pour redonner un équilibre à l’homme créé à l’image de Dieu. Dans un second temps ; il développe la condition de la femme dans la Bible et dans l’histoire, puis, dans une troisième partie, il nous propose des modèles ou archétypes de la femme et de l’homme : spécifiquement la figure de la Vierge Marie, « la Théotokos » pour la femme, et celle de saint JeanBaptiste pour l’homme. Jean-Paul II nous avait déjà familiarisés avec ce modèle parfait de la féminité que représente la Vierge Marie (cf. chapitre 2 § 4 dans « la dignité et la vocation de la femme ») mais là, l’auteur développe quelques idées qui lui sont propres, notamment insistant sur la place de la relation féminine à l’Esprit Saint. Il souligne le lien mystérieux qui unit la femme et l’Esprit, « ce Souffle vivifiant » qui descend sur la Vierge pour permettre la Nativité, qui vient à la Pentecôte sur la première communauté de croyants 22 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 pour donner naissance à l’église, qui « forme » le Christ dans l’âme du fidèle. Il nous fait part de cette connivence entre la femme, être naturellement religieux, et l’Esprit, donateur de vie et consolateur. La lecture de cet essai pourra paraître un peu difficile à ceux qui ne sont pas familiers du vocabulaire théologique orthodoxe, même si l’index situé à la fin est d’une grande aide. Pourtant il sera bon au lecteur de découvrir tout le chemin réalisé depuis quarante ans par la réflexion et la méditation des théologiens sur ce sujet toujours d’actualité. Paul Evdokimov nous lance cet appel toujours aussi urgent : « l’homme guerrier et technicien déshumanise le monde, la femme orante l’humanise en tant que mère qui veille sur toute forme humaine comme sur son propre enfant. Mais la femme n’accomplira sa tâche que si elle accepte le ministère des « vierges sages » de la parabole, dont les lampes étaient remplies des dons de l’Esprit Saint, si « pleine de grâce » elle suit la Théotokos. Face aux tragédies de ce monde, c’est la femme qui, après avoir formulé avec la Vierge le Fiat, est prédestinée à dire non, à arrêter l’homme au bord de l’abîme, à lui montrer sa vraie vocation. » ■ LES ÂGES DE LA VIE SPIRITUELLE Desclée de Brouwer, 235 p., 19 e. Du même auteur, nous signalons cette réédition d’un livre paru en 1964 et qui est, en fait, une introduction à la vie spirituelle, le sujet des « âges de la vie spirituelle » n’intervient qu’incidemment. Le livre a paru à l’époque où le P. Louis Bouyer écrivait sa propre Introduction à la Vie Spirituelle (rééditée en 2008). On y découvrira une introduction d’ensemble des différents courants spirituels de Byzance, de Syrie, d’égypte et de Russie pour nous faire pénétrer la variété et la richesse de la pensée orthodoxe. Il sera utile au lecteur de redécouvrir la place de l’ascèse comme une richesse et une pédagogie sur lesquelles s’appuyer, particulièrement dans le combat spirituel. Ceux qui ont largement pratiqué cette ascèse sont les Pères du désert qui nous ont laissé leurs exemples et aussi des écrits (les fameux apophtegmes qui ont nourri aussi bien l’Orient que l’Occident) ; une place est faite aux différentes formes de vie « extrêmes » qui nous sont décrites, de quoi nous donner des idées… ! Enfin, un autre sujet peu traité aujourd’hui : la joie de la mort. Nos pères (saint Benoît, Origène, saint Séraphin de Sarov) y attachaient beaucoup d’importance, s’y préparant au quotidien et y pensant comme à la rencontre de leur vie, ce face à Face heureux et joyeux avec leur Seigneur. Que cette quête du Christ à laquelle l’auteur nous invite entraîne le lecteur dans sa course vers la Patrie céleste avec cette conscience vive de la victoire définitive du Christ sur la mort et l’enfer. ■ IDÉES JOURNAL D Identité nationale qu'Éric Besson a lancé le débat sur l'identité nationale, je retourne le sujet dans ma tête, avec l'impression qu'il est sans fond et peut obéir à toutes les pulsions dès lors qu'il n'est pas encadré dans une perspective cohérente. Mais choisir une perspective, c'est en exclure d'autres. Autrement dit, la volonté de se mettre en accord sur une identité commune que définirait l'appartenance à la France, se heurte d'emblée à la démarche personnelle que constitue la recherche de sa propre identité. Ne désigne-t-on pas la part la plus intime de soi, celle qui est la moins compatible avec l'objectivité d'une définition ou d'une déclaration ? En ce sens, Pierre Boutang disait que la France est un « secret ». Le secret n'est pas nécessairement ce que l'on tait, ce que l'on ne peut pas livrer à autrui, c'est ce qu'on ne peut pas avouer n'importe comment, ce qui ne s'objective jamais complètement, parce que l'appartenance suppose des liens d'intimité indicible. L'identité renvoie à la multiplicité des histoires personnelles, aux relations les plus subtiles, celles qui ne sauraient souffrir l'embrigadement et la brutalité. Alors le projet serait impossible. Ou, plus simplement, il correspondrait à une manœuvre, à une manipulation abondamment dénoncées par les adversaires d'Éric Besson, qui sont légion. Associer, dit-on, la thématique de l'identité nationale à celle de l'immigration correspondrait à l'intention perverse d'exterritorialiser les derniers venus, de faire savoir aux gens venus d'ailleurs qu'ils ne sont pas les bienvenus. D'ores et déjà, dit-on, le prétendu débat permettrait aux déclarations les plus xénophobes de se déverser sur les préfectures où elles ont accès. Évidemment, le risque était couru. Mais même les protestataires et les vociférateurs nous disent quelque chose qu'on epuis par Gérard LECLERC aurait tort de ne pas entendre. Ils disent qu'ils sont excédés par la présence d'étrangers qui s'imposent et imposent leurs propres conceptions, leurs mœurs, et qu'ils se sentent ainsi submergés et niés dans leurs propres appartenances. La brutalité verbale de leurs réactions interdirait-elle de s'interroger plus avant sur leurs significations ? Je ne le pense pas. Il serait même irresponsable de ne pas en tenir compte. Les « anti-racistes » sont-ils conscients de l'inconséquence qu'il y a, d'une part, à vouloir respecter l'identité des nouveaux venus et à mépriser, d'autre part, celle des indigènes renvoyés à leur « beaufitude » et à leur médiocrité ? On prend d'énormes risques à dédaigner les plaintes et les requêtes des plus humbles. Reste que le sujet du débat n'est pas libéré de son énigme, et c'est iné- vitable. Je lis un recueil qui comporte une vingtaine de contributions répondant à la question « qu'est-ce qu'être français ? » et constate leur extrême diversité d'aspiration qui peut aller jusqu'au contradictoire (Qu'est-ce qu'être français ? Institut Montaigne, Hermann) . Qui s'en alarme ferait bien de réfléchir à ce que disait dans un tout autre ordre d'idées le cardinal Ratzinger. C'était à propos de la foi. Au journaliste Peter Seewald qui lui demandait combien de chemins mènent à Dieu le cardinal répondait : « Autant qu'il y a d'êtres humains. Car à l'intérieur de la même foi, le chemin de chaque homme est entièrement personnel » (Le sel de la terre. Flammarion, Cerf, 1997). Analogiquement, il en va de même pour la France. Il y a autant de chemins vers son secret qu'il y a FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 23 IDÉES de Français. Voire d'amis de la France. Bien sûr, pour Dieu dans l'Église, il y a l'unité de la foi, telle qu'elle est formulée dans le credo. Il n'est pas facile de trouver pour l'adhésion commune à la nation un document de cette nature. Et pourtant, il y a bien nécessité d'une sorte d'étalon symbolique proposé à notre adhésion pour qu'il y ait un minimum de cohérence et de possibilité de reconnaissance d'une communauté par elle-même. De ce point de vue, c'est la contribution de Max Gallo dans l'ouvrage en cause qui m'apporte la réponse la plus satisfaisante, même si elle peut faire l'objet de critiques. Ce que j'y apprécie, c'est la synthèse entre l'universalisme spécifiquement français et notre singularité nationale ; c'est aussi la volonté d'épouser le cours entier de notre histoire, avec une cohérence qui ne rend pas fatale la rupture de la Révolution. Mais Max Gallo risque d'être sévèrement contré là-dessus. Il est patent qu'il y a beaucoup de gens qui ne suivent pas du tout Marc Bloch écrivant qu' « il y a deux catégories de personnes qui ne comprendront jamais l'histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. »* Déjà, si j'en crois certains textes furieux, des héritiers directs de l'historien auraient préféré que le grand-père ne prononçât jamais pareille déclaration qui contredit formellement leur conception rigido-laïque de l'histoire. Toute allusion à une France « chrétienne » leur est insupportable. Et c'est d'ailleurs la notion d'héritage qui devient problématique dans une conception historico-politique où tout semble ramené à une linéarité « droitde-l'hommiste ». A priori, je ne conteste en rien les droits de l'homme et les déclarations où ils sont énoncés. Mais je m'interroge sur leur formation généalogique, leur enracinement philosophique, leur incarnation dans la singularité spatio-temporelle d'un peuple. Bien sûr, la Déclaration des droits de l'homme de 1789 (et celles qui ont suivi) marque une étape importante de notre histoire, qui a acquis valeur identificatrice. Mais suffit-elle à caractériser ce que c'est que d'être français ? Je ne le pense pas, pas plus que Max Gallo, qui insiste sur l'universalisme mais ne méconnaît nullement l'histoire, lui qui rappelle Renan : « Tous les siècles d'une nation sont les feuillets d'un même livre. Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé. » Pour moi, une nation se définit d'abord comme « communauté historique », et lorsque le passé vécu en commun dure depuis si longtemps (au moins quinze siècles), les richesses de l'héritage moral et spirituel sont considérables et ne sauraient être délaissées au profit d'un seul moment ou d'une seule définition, si importante soit-elle. ■ * Le 25 juin 2010, un colloque aura lieu à la Sorbonne à l'initiative des associations La Fédération-Mouvement Fédéraliste Français, du comité La Fayette et du Carrefour des Acteurs Sociaux. Voir les détails sur le site www.france-catholique.fr 24 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 patrimoine Bourgogne par André FANJAUD L'église d'arc-sur-tille Que devient l'église menacée d'Arc-sur-Tille, en Bourgogne ? Nous avions évoqué le triste sort qui l'attendait dans notre n°3059 du 26 février 2007. L 'église saint-Martin à Arc-sur-Tille, ville de 2 500 habitants à 12 km à l'est de Dijon, a été construite en 1829. À la suite de désordres dans ses fondations, elle est fermée en novembre 1989. Une association UEPA (Une Église Pour Arc/Tille) est créée en novembre 1991. Une période d'incertitude sur le sort de l'église s’étire jusqu’en février 2001, avec, entre autres, deux études précises et complémentaires par des architectes des monuments historiques. On était proche des appels d’offres, mais la construction d’une salle de sports avait été programmée avant la fermeture de l’église et cela monopolisait les budgets. Élue en mars 2001, une nouvelle municipalité vota la démolition de l’église, le 6 décembre 2005. La protestation de 29 architectes du patrimoine et plusieurs milliers de pétitions n’y font rien. Les instances locales, trompées par des documents non crédibles, entérinent la décision municipale. Cependant l'archevêque exige un autre « lieu de culte viable et pérenne » pour accepter de signer la désacralisation. L'UEPA saisit le tribunal administratif de Dijon qui décide une contre-expertise. Le maire fait appel. Il est débouté par la Cour administrative d’appel de Lyon. Le ministère de la Culture envoie alors deux inspecteurs généraux à Arc. Leur conclusion est que : « les avis alarmistes sont infondés et le coût de 3 millions d'euros de la restauration est très largement surestimé. » En mars 2008 une nouvelle municipalité est élue, animée de la volonté de sauvegarder le patrimoine autant que faire se peut. En attendant le rapport de l’expert mandaté par le tribunal administratif, elle fait enlever, en novembre 2008 (voir photos) les 4,8 tonnes de fientes des pigeons qui ont squatté l’ensemble de l’église, fait boucher leurs accès et protéger l’édifice des intempéries. Coût de l’opération : 19 800 €, 18 000 € étant financés par l'EUPA. Les rapports définitifs de l’expert et du sapiteur (économiste spécialisé) arrivent en mai 2009, leur absence ayant jusquelà empêché toute réflexion constructive des élus. Au cours de l’été 2009, l’équipe Ce report, à quelques mois de l’ultime engagement, est dû à certaines incohérences du rapport de l’expert du tribunal, le seul élément précis et incontournable dans ce document étant celui du coût de la restauration, certifié par le sapiteur à 1 538 160 € HT, tandis que celui de 1 280 400 € HT annoncé par la précédente municipalité pour la démolition et la reconstruction a minima d’un édifice deux fois plus petit, n'a pas été vérifié par l’économiste… Est-il nécessaire de rappeler que, hormis la perte irréversible d’éléments historiques et architecturaux remarquables, une démolition ne pourrait prétendre au moindre financement associatif et privé, contraireL'opération anti-pigeons, ment à la restauration. Malgré en novembre 2008. l’évidence, les nouveaux élus ne peuvent abroger le vote de démolition de leurs prédécesseurs au profit de la restauration sans s’appuyer sur des chiffres irréfutables pour chaque option, au risque d’une éventuelle contestation toujours latente. L’adoption, lors de la séance du conseil municipal du 5 octobre 2009 d’une promesse de vente de terrains communaux centreville permet d’envisager une première partie des travaux. Mais la recherche de fonds municipale met au point est plus que jamais urgente car les moyens son plan de route. Début actuels de l'association et de la commune septembre, elle diffuse sont encore trop modestes pour consolider son appel de candida- efficacement la détermination du conseil tures aux architectes, et municipal. Aussi, il faut vraiment que, dès choisit l’un d’entre eux. Après consulta- aujourd’hui, chacun se manifeste en s'intion des entreprises, il devra remettre, au formant et en signant la pétition sur le site plus tard en mars 2010, son étude chiffrée www.uepa.fr en l’accompagnant, si c’est sur deux possibilités : la restauration ou la possible, par un don (fiscalement déductible) « démolition/reconstruction ». La décision aussi modeste soit-il. n sera prise en juin 2010 avec recherche des financeurs et poursuite de la mission de Association UEPA l’architecte. 50 rue de la Cras, 21560 Arc-sur-Tille. Une démolition ne pourrait prétendre au moindre financement associatif ( FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 25 26 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 Extrait de la bande dessinée de Brunor que nous avons éditée : 13 euros dans toutes les bonnes librairies. Brunor est passé à Radio Notre-Dame, dans l’émission "Le Bistrot de la vie" animée par Anne Gavini sur le thème "le grand retour de la BD classique" en direct mardi 26 janvier de 9 h à 10 h. L'émission peut être réécoutée sur Internet. Brunor sera sur KTO le lundi 8 février à 19 h 30 dans l’émission de Régis Burnet et il interviendra également sur KTO depuis le Festival de la BD d’Angoulême (28-31 janvier 2010). Thibaut Dary a fait une longue interview de Brunor dans le n°467 de la revue Permanences (janvier 2010). Brunor est invité à la Fnac de Parly II le samedi 13 mars 2010 à partir de 15 h pour dédicacer Le Mystère du soleil froid. Des agrandissements de planches de la BD seront exposés sur place pendant plusieurs jours. CINéMA Mother OCéANs Dans un village perdu de la Corée du Sud, une veuve habite avec son fils Do-joon, qui est sa seule raison d’être. Do-joon a 27 ans, mais il est faible d’esprit et se laisse aller à l’alcool. Dans le calme de ce village, une fille est assassinée, et Do-joon est rapidement accusé, car des gens l’ont vu, le soir du meurtre, en compagnie de la victime. Cette histoire d’une mère, angoissée à l’idée que son fils est injustement accusé d’un crime, et qui se bat contre l’adversité, est habilement menée. Bong Joon-ho prouve une fois de plus ici sa maestria pour tordre le coup au genre annoncé : son enquête aurait dû aboutir, selon les règles, à un certain résultat attendu, alors que le récit part dans une autre direction, assez surprenante. Kim Hye-ja est sensationnelle en mère courage. C’est l’amour extrême d’une mère pour son fils qui donne ici le ton tragique à une histoire où la violence joue un rôle important. Le film montre des faits sans porter de jugement précis et chaque spectateur devra donc décider en son âme et conscience. Quelques images sensuelles. Georges Collar Drame sud-coréen (2009) de Bong Joon-ho, avec Kim Hye-ja (la mère), Won Bin (Do-joon, le fils), Jin Tae (l’ami de Do-joon), Je-Mun, (le lieutenant), Hong-jo (2h10). (Adultes.) Sortie le 27 janvier 2010. Où sont passés les Morgan ? Paul et Meryl Morgan sont des New-yorkais branchés séparés depuis des mois. Un soir, ils sont les témoins d’un meurtre. L’assassin les ayant vus, ils doivent être envoyés au fin fond de l’Amérique profonde par le programme de protection des témoins. On rit parfois avec cette comédie romantique, car certains dialogues font mouche, et la satire des snobs new-yorkais ne manque pas de sel. Mais l’histoire n’est guère originale, Hugh Grant a toujours autant de charme, mais il peine à se renouveler, et Sarah Jessica Parker est bien agaçante. Cela n’empêche pas de passer un moment agréable. Cette histoire de couple qui se déchire et finit par se retrouver est sympathique, et il n’y aurait rien à lui reprocher, si ce n’est une brève allusion à une procréation médicalement assistée. Comédie américaine (2009) de Mark Lawrence, avec Hugh Grant (Paul), Sarah Jessica Parker (Meryl), Mary Steenburgen (Emma Wheeler), Sam Elliott (Clay Wheeler), Elizabeth Moss (Jackie) (1h45). (Adolescents) Sortie le 20 janvier 2010. Un opéra sauvage Des images de toute beauté et presque pas de commentaire pour raconter la vie dans les océans. L a passion a toujours été le moteur de Jacques Perrin, comédien, puis réalisateur et producteur. C’est elle qui lui a permis de se lancer les plus grands défis, et de réaliser les plus belles œuvres qui soient (Le peuple migrateur, Microcosmos, etc.) Pour répondre à la question de son fils : « L’océan, c’est quoi, l’océan ? », qui est celle de tous les enfants, Jacques Perrin, loin de faire un documentaire, a réalisé un véritable opéra sauvage, mettant en scène « le peuple de l’eau » (baleines, mé duses, crabes, saumons, otaries, mérous, etc.). Il n’y a pas de mots pour exprimer l’étonnement dans lequel se trouve le spectateur. C’est la raison pour laquelle il n’y a pratiquement pas de commentaire pour appuyer la force de ces images splendides. La beauté ne se sert-elle pas à ellemême ? Lorsque l’on voit ces ballets de requins ou de méduses multicolores, ces par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé étonnantes boules de krills ou de chinchards et ces poissons qui ressemblent à une sorte de chiffon flottant au fil de l’eau, quels mots pourraient aider à comprendre que la nature est une merveille ? Pour capter cette beauté, outre un budget de près de 60 millions d’euros, Jacques Perrin a bénéficié des dernières technologies : une torpille équipée d’une caméra, une caméra grue très stable, lorsque la mer est déchaînée ou un hélicoptère téléguidé. En visitant 54 pays et avec l’aide de près de 400 personnes, dont 12 plongeurs cameramen, il a, pendant quatre ans, réalisé un véritable exploit pour nous en mettre plein les ( Une invitation à la contemplation des merveilles de la Création yeux. Mais, lorsqu’il montre des pêcheurs rejeter vivants à la mer des requins, après leur avoir coupé la queue et les ailerons (très prisés dans certains pays), et ces malheureux couler à pic, tant ils sont désorientés, on comprend que la cruauté de l’homme n’a pas de limites. Cette œuvre est une invitation à la contemplation des merveilles de la Création, en même temps qu’elle aide à prendre conscience des responsabilités de l’homme pour sa préservation. ■ Océans. Documentaire français (2009) de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, avec Lancelot Perrin (l'enfant). Musique de Bruno Coulais (1h43). (Tous.) Sortie le 27 janvier 2010. In the air Ryan passe sa vie dans les airs, car il exerce le métier de licencieur. Cela signifie qu’il est chargé, par des chefs d’entreprise qui n’ont pas le courage de le faire eux-mêmes, d’annoncer à des salariés qu’ils sont licenciés. Cette vie d’aéroports et d’hôtels lui convient parfaitement, car Ryan a horreur de tout ce qui ressemble à un engagement. Il en faut du talent à George Clooney pour interpréter ce personnage antipathique, avec l’élégance et le charme qu’on lui connaît. Pourtant, peu à peu, grâce à un scénario parfaitement agencé et à des dialogues acérés, le héros s’humanise jusqu’à devenir sympathique, voire pathétique. C’est très bien fait, mais l’histoire et certains personnages glacent le sang. Le cynisme du héros et de son entreprise font froid dans le dos et témoignent des terribles dérives de nos sociétés matérialistes. Mais les nombreuses scènes de licenciement et la détresse des victimes qu’elle dénoncent apportent un contrepoint salutaire, tout comme la fin, à une œuvre qui dérange. Comédie dramatique américaine (2009) de Jason Reitman, avec George Clooney (Ryan Bingham), Vera Farmiga (Alex), Anna kendrick (Natalie Keener), Jason Bateman (Craig Gregory), Danny McBride (Jum), Melanie Lynskey) (1h50). (Grands adolescents.) Sortie le 27 janvier 2010. FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 27 exPositions Musée Matisse Joan Miró et tériade l'avent par Ariane GREnon Peinture et poésie ne font aucune différence pour Joan Miró, comme il le déclare en 1936. Cette exposition du musée Matisse illustre avec brio cet aphorisme original en racontant ici l'aventure d'Ubu, vue au travers de la collection Miró et Tériade, un ensemble reçu dans sa totalité en l'an 2000, par legs de la femme du célèbre éditeur. propre suite dotée de multiples inventions ; il raconte ses voyages : chassé de Pologne, par exemple, le tyran se retrouve à Majorque (une île-territoire pour le peintre) qu'il nourrit sans relâche d'un irrésistible humour. La folie de ce monstre débonnaire est incontrôlable et est censée démontrer, sous une image satyrique du Père Ubu, la folie naissante du monstre, bien réel celui-là, du régime franquiste dans ses tentatives pour contrôler toute une société. Plus tard Miró se déchaînera « contre tous les ubus qui se vautrent sur les plages au mois d'août », en impoendant vingt ans, le personnage d'Ubu a sant la laideur du béton et la bêtise des masses occupé Miró (1893-1983) qui a étudié avides de consommation pour la consommation. ses débuts, sans oublier de narrer ses Ce n'est pourtant pas le message politique qui suites inventives. Il est certain que le restera, mais le message poétique et artistique célèbre Catalan adorait le romanesque qui découle des frustrations et plus ou moins poétique d'Alfred Jarry. C'est en 1888 - on a saintes colères de Miró. peine à le croire ! - que celui-ci a inventé ce Un livre, longuement étudié (puisqu'il metpersonnage burlesque ainsi que celui de son tra vingt ans à sortir) est décidé d'un commun épouse, le Mère Ubu. Jarry, dans son ironie, est accord par Miró et l'éditeur d'art, Tériade. Miró profondément subversif, dans une actualité douchoisit des couleurs fortes et sonores pour suivre loureuse, notamment au temps du franquisme le texte d'Ubu roi. Les teintes en Espagne, il inspirera Miró s'accordent aux formes trupar une curieuse alchimie qui, culentes illustrant la proà vrai dire, donne ses vraies vocation, l'absurdité, un lettres de noblesse au roi Ubu. humour grasseillant et paroMiró aimait les assemblages de dique. L'ouvrage ne paraîtra mots qui nourrissaient son imaqu'à la fin des années 60, gination : « Je ne fais aucune soit vingt ans après la signadifférence entre peinture et ture du contrat. poésie », affirmait-il en 1936. Miró inventa six ans plus L'exposition du musée Matisse tard une suite très personen fait la preuve en ajoutant nelle : Ubu aux Baléares. Ce le théâtre à la littérature, les sont de géantes lithographies estampes aux sculptures et des où les mots, immensément documentaires aux costumes agrandis, portent les exclade scène. Puis Miró conçut une mations familières d'Ubu pièce de théâtre, intitulée Mori tel son fameux « Merdre » et Merma, inspirée autant par Marionnettes géantes, où court une série de petits le récit d'Alfred Jarry que par pour la pièce de théâtre personnages. Il dessinera ses propres lithographies. (1) Mori el Merma, ensuite L'Enfance d'Ubu où se En 1966, Miró crée treize conçue par Joan Miró. multiplient des techniques, lithographies en pleine page Compagnie La Claca, 1977, Barcelone. pastels, encres, crayon et des pour illustrer le texte d'Ubu PhoTo F. CATALà-RoCA - Fonds PhoTogRAPhIqUE F.CATALà-RoCA-ARxIU FoTogRAFIC dEL CoAC papiers ou tissus que l'édiRoi. En 1972, il imaginera sa © AxI hIsToRIC dEL CoL LEgI d’ARqUITECTEs dE CATALUnyA (F. CATALà-RoCA) P 28 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 « Je ne fais aucune différence entre peinture et poésie » affirmait Miró en 1936 donATIon ALICE TéRIAdE - PhoTo PhILIP BERnARd MUséE déPARTEMEnTAL MATIssE, LE CATEAU-CAMBRésIs © sUCCEssIó MIRó – AdAgP 2009 : ure d'ubu donATIon ALICE TéRIAdE - PhoTo PhILIP BERnARd MUséE déPARTEMEnTAL MATIssE, LE CATEAU-CAMBRésIs © sUCCEssIó MIRó – AdAgP 2009 Joan Miró - Alfred Jarry, Ubu Roi - Lithographies originales de Joan Miró Planche IV : « La revue » - Paris, Tériade éditeur, 1966. Joan Miró, L’Enfance d’Ubu, Lithographie n°7 - Paris, Tériade, 1975 © PhoTo CLovIs PRévosT teur Tériade parviendra à reproduire en lithographies. C'est tout ce petit monde agité, étrange et populaire que relatent ces collections. Miró s'attaque à un second livre, publié en 1971 : il compose le porte-folio de très grand format qui, texte et images, est de son cru. L'écriture est automatique et ses mots inventés, les dessins dépouillés et parfois drôlatiques. Le dernier ouvrage relate donc L'enfance d'Ubu : les lignes sont souvent erratiques, en constellations, des images découpées dans du papier craft, des collages avec des tissus que Tériade reproduit en lithographie. La céramique Ubu est un grand buste évidé où les découpes s'effilent en flèches. Elles ressemble à une sorte de taureau à multiples cornes en pointe. Cette section sculpture présente deux bronzes et trois plâtres originaux de bustes qui évoquent le Père et la Mère Ubu. L'exposition s'achève avec les marionnettes géantes et les décors peints de Miró. Cette section « théâtre » est sans doute la plus spectaculaire. Ubu est-il devenu Franco ? Les figures sont extravagantes, burlesques et menaçantes. Plus grandes que la taille humaine, ce sont des volumes ajourés faits de toiles étirées sur des armatures en bois de grande échelle, selon ses propres dessins. Les marionnettes géantes ainsi que les décors peints de Miró donnent l'impression d'entrer dans une nouvelle dimension. Au-dessus de notre humanité. dans leur violence, leur force mais aussi une sorte d'abrutissement, pauvres marionnettes conduites par la vie, aveugle, qu'elles ne dominent pas, baudruches outrancières et perdues. Miró fut obsédé par Ubu et sa figure monstrueuse en même temps que grotesque… Et, contrairement à celui de Jarry sans doute, le Ubu de Miró ne s'est pas démodé ni affaibli, « lui qui reconstruit, à plus que quatre-vingts ans, l'esprit d'enfance qui anime une grande partie de son œuvre… », comme l'écrit Isabelle MonodFontaine dans le catalogue, dans « une économie de moyens, une liberté totale et irrépressible » qui font sa force pour toujours. ■ Portrait de Joan Miró. 1 - Un film « totalement irréaliste » est projeté dans une salle obscure du musée. « Joan Miró et Tériade : l'aventure d'Ubu », jusqu'au 31 janvier (10h-18h), au Musée Matisse, Musée départemental, Palais Fénelon, 59360 Le CateauCambrésis, tél. : 03.27.84.64.50, fax : 03.27.84.64.54. FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 29 expositions Fondation Martin BodMer « orient-occident racines spirituelles de En publiant « Orient-Occident », les éditions du Cerf et la Fondation Martin Bodmer nous invitent à une méditation constructive sur les différentes racines spirituelles de l’Europe. «J e veux réaliser un édifice spiri - tuel, un lieu où deviendra visible le chemin de l’homme vers luimême », écrivait Martin Bodmer (1899-1971). L’intellectuel et collectionneur suisse, né dans une famille patricienne de soyeux zurichois, s’est donné pour gageure de constituer une « bibliothèque de la littérature mondiale rassemblant les témoignages écrits les plus symboliques de l’histoire politique, religieuse et artistique de l’humanité ». Bodmer voulait susciter une réflexion constructive d’ordre spirituel sur nos racines communes, tout en se gardant de préciser quel « chemin » il convenait de suivre et quel en était le terme. Loin de tout relativisme, il souhaitait inviter chacun à dépas- ser son milieu et son époque. Avant sa mort, Martin Bodmer a transformé sa bibliothèque en fondation de droit privé, reconnue d’utilité publique. Parmi les 160 00 pièces en 80 langues réunies par le collectionneur, les auteurs du livre Orient–Occident, co-édité par les éditions du Cerf et la fondation Martin Bodmer, ont sélectionné plus de 80 ouvrages. Ils couvrent 45 siècles d’histoire spirituelle et religieuse. L’Antiquité et les trois grandes religions monothéistes : judaïsme, christianisme et islam, constituent les quatre parties du livre. Elles ont été respectivement placées sous la direction de Luc Brisson, du Grand Rabin René-Samuel Sirat, de Frédéric Möri et Guy Bedouelle, enfin Médaillon de saint Procope. Art byzantin, or et émail, de Rémi Brague. 72 spécialistes ont apporté leur XIe–XIIe siècle. contribution en rédigeant un texte et en apporHuGuES DuBoIS, PARIS Et BRuxELLES / tant leur éclairage sur un phénomène spirituel StEPHEn HAGEn, nEw YoRk majeur. Chaque contribution est accompagnée d’une photographie de l’objet et d’un lieu représentatif. Dans une des quatre préfaces de l’ou- 30 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 Le Parthénon, Athènes. © FRéDéRIC MöRI Monastère Saint-Bischoï, Wadi-Natrum, Égypte, VIe siècle. © FRéDéRIC MöRI Le Dôme du Rocher, Jérusalem, VIIe siècle. , par Alain SOlAri © FRéDéRIC MöRI HuGuES DuBoIS, PARIS Et BRuxELLES / StEPHEn HAGEn, nEw YoRk Sainte Hélène, Bronze, 255-327. Évangile selon Saint Jean, Manuscrit grec, codex de papyrus, Haute-Égypte, vers 200. l’europe » qui occupe à lui seul près de la moitié du livre, est consacré au christianisme. « L’évangile de Jean, son prologue et le logos », texte rédigé par André Paul, accompagne la représentation d’un évangile selon Saint-Jean (manuscrit grec, codex Encensoir ajouré de papyrus, vers 200) qui pourrait provenir d’une en forme de lion. des fondations monastiques de saint Pacôme, en Art Islamique, Bronze, Haute-égypte. Dans la dernière partie, relative à Perse orientale – Khorasan, XIe siècle. l’islam, on trouve notamment l’étonnante photo d’un Coran en latin, édité à Hambourg en 1694. Ce ne sont là que quelques exemples de ce que le lecteur découvrira dans l’ouvrage. Parallèlement à sa publication, une exposition sur le même thème se tient à la fondation Martin Bodmer, près de , IS Bo u D HuGuES uxELLES / BR Genève. « L’initiative ‘orient-occident’, dit le carPARIS Et HAGEn, StEPHEn Rk dinal Cottier, a le mérite de mettre en évidence nEw Yo une tension dialectique féconde dont l’action se vérifie en chacune des traditions. » ■ vrage, le cardinal Cottier, ancien théologien de la Maison Pontificale, écrit : « …c’est ainsi que l’universalisme et l’exclusivisme des trois traditions monothéistes qui sont à la racine de l’identité spirituelle de l’Europe ont toujours échangé entre elles, grâce à l’héritage de la philosophie grecque que chacune à sa manière avait recueilli… toutes trois ont rencontré le problème de la relation entre foi et raison, d’où prend naissance la théologie. » à travers les 109 textes accompagnés de 221 photographies en noir et blanc l’ouvrage se présente comme une contribution au dialogue des cultures. Le lecteur trouvera par exemple, dans la partie réservée aux traditions antiques, la photo d’un manuscrit hiéroglyphique du livre des morts d’Hor (époque ptolémaïque, IVe-IIIe siècle) accompagné d’un commentaire sur la religion de l’ancienne égypte. Le chapitre relatif aux traditions judaïques comprend notamment un texte traitant du Livre de la Genèse, illustré par un manuscrit hébreu, sur parchemin, du xIIIe siècle. Le chapitre le plus riche, L'ouvrage Orient-Occident, racines spirituelles de l’Europe, sous la direction de Frédéric Môri et Guy Bedouelle, édition du Cerf/Fondation Martin Bodmer, 543 pages, 221 photographies, 120 e. L’exposition « Orient-Occident, racines spirituelles de l’Europe », à la Fondation Martin Bodmer, Bibliothèque et Musée, Route du Guignard, 19-21, CH-1223 Cologny (Genève), jusqu’au 4 avril 2010, du mardi au dimanche (14h-18h), fermé le lundi et les jours fériés, ouvert le lundi de Pâques, mais fermé le Vendredi saint. [email protected] Panneau de sarcophage avec un menora. Art romain tardif. Marbre, fin du IIIe siècle. © FRéDéRIC MöRI © FRéDéRIC MöRI « Vraie lumière, née de vraie nuit » Il convient de signaler également, aux éditions du Cerf, la parution d’un très bel ouvrage, intitulé : « Vraie lumière, née de vraie nuit ». Il réunit 24 poèmes de François Cheng, de l’Académie française, illustrés par la reproduction de 8 lithographies du père Kim En Joong. « Vraie Lumière, Celle qui jaillit de la Nuit ; Et vraie Nuit, Celle d’où jaillit la Lumière… » Éditions du Cerf, collection Images et beaux livres, environ 60 pages, 28 €. Le Livre des morts d'Hor, Papyrus égyptien, IV ou III siècle. e e FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 31 MUSIQUE MÉDIAS Plaidoyer pour les par François-Xavier LACROUX Publier une revue sur l’orgue, n’est-ce pas la réserver à un cercle d’initiés, forcément restreint ? Pourtant, les entrepreneurs de cette initiative visent, à juste titre, beaucoup plus loin. Découverte… E cette nouvelle revue trimestrielle, qui en est déjà à son septième numéro, on est impressionné par un comité d’honneur prestigieux : MarieClaire Alain, Philippe Beaussant, Stéphane Caillat, Bernard Foccroule, Gustav Leonhardt, le Cardinal Poupard, sans les citer tous. C’est dire le poids que veulent mettre les initiateurs dans cette publication. Car, au-delà des noms, cette revue représente non un nouveau défi commercial, mais une démarche culturelle bien plus ample que celle supposée a priori. C’est l’occasion de faire un point sur la musique d’orgue mais aussi la musique sacrée et liturgique de façon plus générale, de poursuivre une vraie réflexion, non pas seulement pour constater des insuffisances, mais surtout pour redonner un élan, relancer des vocations musicales, le cas échéant. L’orgue est principalement attaché, dans nos contrées occidentales et françaises, à l’idée d’édifice religieux, et son jeu à celui de culte. Tant sa littérature que sa sonorité y sont indéfectiblement liées. La connaissance et le développement de l’insn ouvrant ( trument semblent donc fonction de la pratique religieuse. Pourtant, il n’y a jamais eu autant de restaurations et de constructions d’orgues qu’aujourd’hui. Car l’instrument est en réalité bien plus qu’un instrument liturgique. L’engouement qu’il suscite à l’étranger, notamment au Japon, dans des salles de concerts, est preuve que l’orgue demeure un instrument fascinant, virtuose, démonstratif. Mais il est mal connu dans nos contrées, où cette connotation religieuse a tendance à le desservir aux yeux du grand public, qui, souvent, ne voit pas l’instrumentiste, coincé entre sa console et le positif de dos, loin des regards. L’organiste est un musicien de l’ombre… La double personnalité de l’orgue, serviteur du culte et instrument de concert, ne peut s’épanouir sans un effort de transmission auprès du public, particulièrement des plus jeunes. Nombre de tribunes, particulièrement dans les petites villes de nos régions, n’ont plus d’organistes. Les classes de conservatoire sont souvent réduites à leur portion congrue. En serait-ce fini de lui ? L’orgue, « c’est à la fois l’enseignement de la tradition mais sans fixation », pour reprendre les mots de Pascale Rouet dans son éditorial. Et de préciser : « Une histoire qui, fécondant notre propre temps, lui permet de s’asseoir sur un socle solide. Et sans doute en avons-nous particulièrement besoin aujourd’hui où notre monde semble parfois vaciller et où toute certitude est sans cesse remise en question… » La musique d’orgue, c’est cela : créer, assis sur le socle de la tradition. Nombre de compositeurs contemporains ont été et sont orga- Pas seulement une histoire de claviers et de tuyaux mais une histoire d'hommes... 32 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 nistes. On pourra citer Marcel Dupré, Olivier Messiaen, Maurice Duruflé, Jean-Louis Florentz et, aujourd’hui, Thierry Escaich. Car l’orgue est une toile vierge où l’artiste, tel un peintre, peut étaler toutes les palettes colorées de sa sensibilité. Dans une grande liberté, une grande facilité. Aucun autre instrument ne peut donner un si large éventail sonore dans une immédiateté propre à exalter l’imagination et la créativité. Il est donc l’instrument privilégié de la création contemporaine, un orchestre sous les doigts et les pieds d’un seul musicien, en direct. C’est ce qui fait considérer l’organiste au Japon comme une star, au même titre que dans le rock. Le contenu de la revue est d’une richesse surprenante, jamais rébarbative. Ce n’est pas seulement une histoire de claviers et de tuyaux, c’est aussi une histoire d’hommes et de femmes, d’anciens et de modernes, lieu où les générations se mêlent, où les plus jeunes reçoivent des plus vieux tout en apportant leurs propres personnalités. On y découvre notamment les initiatives heureuses d’aventures musicales, pas seulement organistiques, comme les intégrales des cantates de Bach – soit environ 200 – données tout au long de l’année, et ce depuis 2000, 250 e anniversaire de la mort du compositeur. En Île-de-France, par exemple, ce ne sont pas moins de quatre expériences qui ont cours. Ces aventures sont parfois données pendant un culte luthérien et rassemblent bien au-delà. Car cette musique est animée d’une beauté surhumaine et d’une vraie conviction spirituelle. Ces initiatives de concerts spirituels permettent parfois de redonner une vie à un lieu de culte, une église, sinon désaffectés, du moins peu utilisés. La musique d’orgue est alors un moyen orgues pour maintenir en vie une communauté, non pas strictement religieuse, mais qui se retrouve pour communier à une autre forme de vie spirituelle, par la beauté. C’est toute la force de l’orgue que de donner un supplément d’âme à des bâtiments qui se vident, qui s’appauvrissent et continuent à coûter cher aux communes en charge de leur entretien. Si l’église n’est pas une salle de concert, y accueillir des manifestations culturelles à dominante sacrée n’est pas antinomique. Car le souffle de la musique sacrée dépasse alors le cadre du culte à proprement parler. Mais peut aussi le prolonger et l’anticiper. Car retrouver ce qui inspire, au sens premier du terme, cette musique, est une démarche toute naturelle pour qui veut prendre le temps de comprendre. Si la liturgie est le biotope de la musique sacrée, elle ne peut contenir toute l’action divine. Il faut donc savoir la déborder pour parler aussi à ceux « qui ne savent pas ». L’expérience de résidence au Kitara Concert Hall de Sapporo, relatée dans le dernier numéro d’Orgues Nouvelles, illustre bien ce dépassement. L’orgue, instrument d’origine païenne, adopté par la chrétienté et chantre privilégié de sa « parole » musicale, retrouve des lieux profanes. Le répertoire reste pourtant toujours très « religieux » puisque sa tradition est façonnée par le christianisme et s’en fait, consciemment ou non, le vecteur. Chaque année depuis 1998, un jeune et brillant organiste français devient conservateur de l’orgue Kern de Sapporo. Et y est accueilli en virtuose, véritable héros musicien. Les concerts de cet orgue « laïc » ne regroupent jamais moins de 2 000 spectateurs. Et l’orgue sert à de nombreuses réceptions officielles ou à la visite de nombreux écoliers, émerveillés de voir en vrai un instrument si majestueux… et d’écouter dans un silence absolu la Petite Fugue en sol Mineur de Bach qu’ils ont tous étudiée en classe. Cet exotisme est tout à fait déroutant pour des français habitués à travailler… dans l’ombre de leurs tribunes. La revue est accompagnée de deux suppléments : un disque, contenant à la fois des pistes audio et une partie cédérom, et un petit recueil de partitions qui conviendront aux plus avancés des organistes comme aux jeunes débutants. Le disque a l’avantage d’illustrer les orgues qui ont fait l’objet d’articles dans la revue. Le cédérom offre quelques partitions supplémentaires et une petite vidéo des expériences de cantates de Bach. Plus qu’un plaidoyer pour l’orgue, Orgues Nouvelles constitue une opé- ration de diffusion de première importance d’un patrimoine peu connu du grand public, et que l’on croit trop réservé aux érudits. Tout en participant à la démocratisation de l’orgue, la revue prône la musique sacrée comme moyen d’expression commune et invite en définitive à un grand débat sur la place réservée à celle-ci dans la culture contemporaine et l’éducation. Un seul numéro ne peut prétendre répondre à ces questions. C’est pourquoi il faut encourager, soutenir cette démarche. Et souhaiter longue vie à cette très belle revue. n Orgues Nouvelles www.orgues-nouvelles.org 34 rue Paul Bert – 69003 Lyon Tél. : 04.72.77.57.62. FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 33 théâtre « Fille de… » rire de l'essentiel par Pierre François Il est rare qu'on parvienne à la fois à faire rire et à poser des questions essentielles. C'est pourtant le cas avec « Fille de… », qui au surplus sait éviter la caricature. Un vrai moment de théâtre. » est une vraie comédie qui aborde de vraies questions. La situation de départ est des plus plausibles : une jeune femme à la vie sentimentale incertaine et qui professionnellement s'est faite seule se voit imposer la présence de sa mère vieillissante, avec laquelle elle n'a plus de contact depuis fort longtemps. Il faut donc d'urgence cacher aux yeux du fiancé du moment une génitrice qui invite chez sa fille tous ses amis, est fagotée comme une mendiante et a un Q.I. proche de zéro. Par contre, le quotient du cœur frise le génie. C'est ainsi que sont abordés avec tact et justesse des questions aussi délicates que l'avortement, le désir d'enfant, la connaissance qu'on a des sentiments de l'autre, celle de son propre passé affectif… Certes, le personnage de l'éducateur est un peu cousu de fil blanc, dans son rôle de vieux sage et de pivot des évolutions à accomplir. Mais les autres sont excellemment joués. La © LOT «F ille de… Le quotient du cœur frise le génie Quelques pièces « Ladies night » est un spectacle au thème connu (des chômeurs montent un striptease pour sortir de leur situation d'échec), mais les comédiens en font beaucoup trop lors de la première scène. Par la suite, pourtant, on se laisse prendre et on les accompagne avec une complicité croissante jusqu'à l'épilogue. À noter une extraordinaire scène de strip-tease par un homme à la corpulence surprenante vêtu en empereur romain. « Reprise d'un triomphe… » est une pièce sur la Corse. Qui semble illustrer de façon paradoxale qu'un Corse qui a réussi est un Corse qui vit sur le continent. Elle est néanmoins parfaitement bien jouée et on croit de bout en bout aux personnages, jusque dans leurs incarnations temporaires de héros de cinéma. n « Ladies night », au théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au Lard, 75014 Paris, tél. : 01.42.78.46.42, les vendredis et samedis (21h30). « Reprise d'un triomphe ou le songe d'une nuit bastiaise », au Théâtre Kallisté, rue Colonel Colonna d'Ornano, 20000 Ajaccio, tél. : 04.95.22.78.54, les 24 et 25 avril, puis au théâtre de la Bernardine et au théâtre de la Minoterie, à Marseille, tél. : 04.91.24.30.40 les 6 et 8 mai. 34 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 mère est plus vraie que nature pour qui a déjà eu l'heur de fréquenter des maisons de retraite. Son apparente obstination de simplette sert à merveille les questions de fond, que la fille se pose sur un mode différent, celui du rejet d'une mère idiote et du fait qu'il n'est pas question de saboter ce qu'elle a mis tant de temps à construire avec les matériaux du bord : elle-même. Les amis de la mère jouent sur le même registre de la spontanéité du cœur et font toucher du doigt sous cet angle des questions aussi sensibles que le racisme ou l'amitié, de façon très nuancée. Le fiancé a un rôle difficile de pont entre ces deux perceptions du monde, sans y avoir été préparé. Il s'en sort très bien, même si durant un bref moment (quand il découvre la supercherie mise en place par sa douce) on a du mal à croire au personnage. Surtout, il révèle avec intelligence comment ce qu'il n'avait pas dit à sa fiancée n'avait pas la signification qu'elle croyait. Cette dernière joue en permanence sur le fil (un pas de trop d'un côté et on sombre dans la caricature, un écart de l'autre et on tombe dans le sentimentalisme visqueux) et ne chute jamais tout en alimentant en permanence le style comique de la comédie. Pour autant, retiendra-t-elle les leçons que sa mère lui transmet sur la vie ? Tel est le mystère qui se dévoilera à ceux qui iront voir la pièce. n « Fille de… », du mercredi au vendredi (19h30), samedi (17h30) à la comédie SaintMichel, 95 bd Saint-Michel, 75005 Paris. Places à 24 e/18 e. Tél. : 01.55.42.92.97. TÉLÉVISION Journal d’une paysanne Un homme d’exception DR par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ DR Anna est une paysanne de Basse-Bavière. Les conditions de vie sont dures pour elle, qui travaille sans cesse, d'autant plus qu'elle souffre de l'autorité de son père. La chance semble lui sourire lorsqu'elle rencontre Albert, puis se marie avec lui. Mais il part à la guerre, et Anna doit travailler plus durement encore. Ce film très intimiste est entrecoupé de flash-back sur l'enfance d'Anna. Très réaliste, il ne sombre pas dans la pure description inutile que l'on peut trouver dans le cinéma d'auteur actuel, notamment par une bande-image qui ressemble beaucoup aux tableaux décrivant des scènes de vie à la campagne. Le réalisateur sait créer l'émotion avec le quotidien. Il y a des personnages attachants dans cette œuvre, d'autres odieux. L'amour et l'espoir sont bien mis en valeur, mais il n'y a pas véritablement de morale dans ce film. Inspiré d’une histoire vraie, ce film poignant retrace un douloureux combat contre une maladie mentale. P ourquoi aller chercher dans l’imaginaire ce que l’on trouve dans la vie réelle ? Car les histoires authentiques sont d’extraordinaires sources d’inspiration pour les scénaristes. Dès son arrivée dans la prestigieuse université de Princeton (grâce à une bourse), John Nash s'est fait remarquer à la fois par son génie mathématique et par son incroyable dégaine de scientifique égaré dans un magasin de porcelaines. Et quand il s'est essayé à la séduction des femmes, le désastre a été garanti. Pourtant, cela ne l'a pas empêché d'épouser la ravissante Alicia et d'être recruté par le ministère de la Défense. Mais la guerre froide fait rage et, bientôt, John Nash est poursuivi par des espions. Comédie dramatique allemande (1989) de Joseph Vilsmaier, d’après le roman-journal d'Anna Wimschneider, avec Dana Vàvrovà (Anna), Werner Stocker (Albert), Claude-Olivier Rudolph (le responsable du district), Eva Mattes (la photographe) (1h47). Diffusion le jeudi 4 février, sur Arte, à 20h45. Vu du ciel «Pour que vivent les grands fleuves» Documentaire français (2008) présenté par Yann ArthusBertrand. Diffusion le mercredi 3 février, sur France 3, à 20h35. ( C'est une magnifique histoire d'amour conjugal qui est au cœur de cette œuvre bouleversante histoire d'amour conjugal qui est au cœur de cette œuvre bouleversante. Le beau personnage d'épouse (et de mère) aidera le héros à se battre contre la maladie. C’et un bel exemple d'amour et de courage, dans une œuvre saine. ■ Un homme d’exception. Comédie dramatique américaine (2001) de Ron Howard, avec Russell Crowe (John Nash), Jennifer Connelly (Alicia Nash), Ed Harris (Parcher), Christopher Plummer (le docteur Rosen), Paul Bettany (Charles), Adam Goldberg (Sol), Josh Lucas, Vivien Cardone (2h15). Diffusion le dimanche 31 janvier, sur France 2, à 20h35. Les aventures de Sally Lockhart «La malédiction du rubis» BBC Si la forêt est le poumon de notre planète, les fleuves en sont les artères. Or ceux-ci sont, le plus souvent, bien malades, qu'ils soient à sec ou pollués. Elles sont somptueuses, certaines des images de ce magnifique documentaire. On frémit, lorsqu'on apprend que 90% des fleuves du monde sont menacés, et l'on s'indigne devant le sort réservé aux Indiens Guarani (pourtant très dignes devant le scandale). Fort heureusement, Yann ArthusBertrand ne se contente pas de dénoncer les errements de certains, il met en valeur les combats de ceux qui luttent pour préserver notre malheureuse planète. Du moins, c'est ce qu'il croit jusqu'au jour où le verdict tombe : il est atteint d'une forme de schizophrénie aiguë. Librement inspiré d'une histoire vraie (le véritable John Nash a reçu le prix Nobel d'économie en 1994 !), ce film est prenant jusqu'à la fin. Malgré une mise en scène un peu académique, ce portrait d'un surdoué en prise avec ses démons intérieurs est captivant. Russell Crowe est impressionnant dans son personnage de scientifique égaré par la maladie et par son monde intérieur. Mais, plus que l'intérêt de cette lutte contre la maladie, c'est une magnifique À Londres, en 1872, Sally Lockhart vient de perdre son père et elle vit chez une vieille tante revêche. Jeune fille intrépide et moderne (elle a appris à tirer au pistolet et à tenir une comptabilité !), elle décide de mener une enquête sur la mort mystérieuse de son père et quitte sa tante. Très vite, elle va faire la connaissance de Frederick et de Jim, deux jeunes hommes qui vont l’aider à trouver la vérité. Cette adaptation de Philip Pullman nous fait découvrir les bas-fonds de Londres, à la fin du XIXe siècle, époque où il n’était pas habituel que les jeunes filles prennent autant de risques. Le personnage de Sally Lockhart est des plus sympathiques, et son interprète, la charmante Billie Piper (une grande star en Angleterre), lui donne beaucoup de piment. C’est délicieusement rétro, avec un suspense prenant et quelques personnages pittoresques. Si l’héroïne est courageuse et entreprenante, tout comme ses deux amis, l’atmosphère est souvent angoissante. Téléfilm britannique (2006) de Brian Percival, d’après Philip Pullman, avec Billie Piper (Sally Lockhart), Julie Walters (Madame Holland), J. J. Feild (Frederick Garland), Matt Smith (Jim Taylor), David Harewood (Nicholas Bedwell), Don Gilet, Robert Glenister (1h30). Diffusion le samedi 30 janvier, sur Arte, à 22h15. FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 35 télévision samedi 30 janvier Dimanche 31 janvier lundi 1er février Mardi 2 février TF1 TF1 TF1 TF1 20.45 Camping Paradis «Coup de vent sur le camping» GA. Téléfilm 20.45 Dr. House : «Parle avec lui», 20.45 Qui veut gagner des mil- «Cancer es-tu là ?», «Cœurs brisés», «De pièces en pièces» GA. Série avec Hugh Laurie 2. Cette nouvelle saison est un peu décecante, et le quatrième épisode, sur l’avortement, contestable. 23.55 Columbo «Ombres et lumières». Téléfilm avec Peter Falk. 03.05 Toute la beauté du monde GA. Comédie (2006) de Marc Esposito, avec Marc Lavoine, Zoé Félix (1h43). Une jolie comédie romantique. France 2 20.35 Prise directe «Secrets de famille : Faut-il tout dire ?». Magazine présenté par Béatrice Schönberg. 22.50 Le pacificateur GA. Drame (1997) de Mimi Leder, avec George Clooney, Nicole Kidman... (2h04) 2. Assez bien fait, mais un peu confus. 01.15 L’une chante, l’autre pas… A. Comédie dramatique (1976) de Agnès Varda, avec Thérèse Liotard (1h56). Ce plaidoyer en faveur de l'avortement ne manque ni de charme ni de poésie. Mais c'est long, et l’histoire est d'un simplisme affligeant et elle met en scène un monde triste et vide. France 3 20.35 Football «Coupe de la Ligue : 1/2 finale». 23.15 Que faire de nos fous ? GA. Un documentaire intéressant, mais parfois dur. Arte 20.35 Mille baleines «Le combat de Greenpeace». Documentaire. 22.05 Les flingueuses (7 et 8/14). Série avec Amelia Bullmore. 22.55 Berlin brigade criminelle (4/8). Série avec Götz Schubert. 23.40 Au cœur de la nuit «Josef Hader et Daniel Kehlmann». M6 20.40 Bones : «Anok», «Rien ne va plus», «Roman meurtrier», «Histoire d’os». Série avec E. Deschanel 2. Canal + 36 FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 DR DR DR DR lions ? «Spéciale pièces jaunes avec Laurent Ournac, Jennifer 2010». Divertissement présenté par Lauret... Sympathique et bon Jean-Pierre Foucault, avec Arthur enfant, mais très moyen. et Élie Semoun, Marianne James et 22.30 Esprits criminels. Série Stéphane Bern, Patrick Bosso et avec Joe Mantegna 3. Anthony Kavanagh, Benjamin Cas01.00 Au Field de la nuit. Magataldi et Catherine Allégret. 20.45 Blood diamond GA. Drame zine présenté par Michel Field, 22.50 New York, unité spéciale. de guerre (2006) d’Edward Zwick, avec Adélaïde de Clermont-TonSérie avec Christopher Meloni 3. avec Leonardo DiCaprio, Jennifer nerre, Nathalie Rykiel... Connelly (2h22) 3. (Voir notre France 2 analyse ci-contre) France 2 20.35 La fête de la chanson 23.25 Les experts. Série avec 20.35 FBI, portés disparus : «La française. Divertissement préMarg Helgenberger 2. jurée», «Voyage au Mexique». senté par Daniela Lumbroso, avec France 2 Série avec A. LaPaglia 2. Gilbert Bécaud, Sylvie Vartan, 22.05 Complément d’enJacques Dutronc, Florent quête «Les nouveaux naufraPagny, Carmen Maria Vega... émissions religieuses : gés du logement». Magazine 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses France 3 bouddhistes», «Islam», «À Bible ouverte», «Chré- présenté par Benoît Duquesne. 20.35 Les Frileux GA. Télétiens orientaux», «Présence protestante» France 3 film avec Maruschka Det10h30 Le jour du Seigneur «Question d'actuamers, Frédéric Pierrot, Wladi- lité : La pauvreté est-elle encore un scandale ?» 20.35 Hors-série «Couples en crise : Face au tribunal» GA. mir Yordanoff. Cette - 11h00 Célébration oecuménique, en l'église Ces histoires trop perhistoire de rêves de jeunesse Notre-Dame-de-la Paix, à Paris. sonnelles et douloureuses sont envolés n’est ni très palpiinégales et souvent indiscrètes. tante ni très crédible. 20.35 Un homme d’exception J. 22.55 Ce soir (ou jamais !). 22.45 Rocky GA. Comédie draComédie dramatique (2001) de Arte matique (1976) de John G. AvildRon Howard... (2h15) 2. (Voir 20.35 IP5 «L’île aux pachydermes» sen, avec Sylvester Stallone, Talia notre analyse page 35) GA. Comédie dramatique (1991) Shire (2h). Très bien fait, 22.50 Faites entrer l’accusé de Jean-Jacques Beineix, avec malgré la violence des combats. «Rezala, tueur des trains» GA. Yves Montand, Olivier Martinez, 00.50 Les Précieuses ridicules. Magazine présenté par Christophe Géraldine Pailhas (1h59). Théâtre de Molière, avec CatheHondelatte 2. Très prenant. Bien fait, mais assez déroutant. rine Hiegel, Catherine Ferran, France 3 22.30 Didon et Énée. Opéra de Pierre Vial. 20.35 Inspecteur Barnaby «Le Henry Purcell, avec Les Arts Florisblues de l’assassin» GA. Série avec Arte sants, dirigés par William Christie, J. Nettles 2. Bourré d'humour. 20.45 L’aventure humaine et avec Malena Ernman, Christo22.35 7 à voir. Magazine présenté «1492, le clash des continents». pher Maltman, Fiona Shaw (1h). par Samuel Étienne. 22.15 Les aventures de Sally Loc23.35 Le rouble roule sur l’art. Arte khart «La malédiction du rubis» Documentaire. Vertiges éthyliques GA. Téléfilm avec Billie Piper... M6 21.00 Barfly Ø . Drame (1987) de (1h30). (Voir notre analyse page 35) Barbet Schroeder, d’après Charles 23.50 Metropolis. Bukowski, avec Mickey Rourke, Faye M6 Dunaway (1h35). Bien fait 20.40 Le grand bêtisier. Divertiset bourré d’humour, mais sordide. sement. 22.40 L’ivresse des poètes. 22.50 Dany Boon «Waïka». Spectacle. Documentaire. Canal + 23.30 Dylan Thomas, de verres 20.40 Star wars, épisode 2 «L’aten vers. Documentaire. taque des clones» J. Science-ficM6 tion (2002) de George Lucas, avec 20.40 Capital «Déjà la reprise ? Ewan McGregor, Natalie PortEnquête sur la France qui redéman... (2h17). Superbe. marre». Magazine présenté par 23.10 Alien, le retour GA. Guy Lagache. Science-fiction (1986) de James 22.50 Enquête exclusive «BraCameron, avec Sigourney Weaver 20.50 Espion(s) GA. Espionnage queurs, délinquants, hooligans : (2h12) 3. Un second épi(2008) de Nicolas Saada, avec Marseille sous haute tension». sode moins réussi que le premier, Guillaume Canet, Géraldine Canal + mais très prenant. Des violences. Pailhas (1h36) 2. Excel21.00 Football «Lyon/PSG». lent, malgré quelque violences. Canal + KTO 20.45 Global sushi, demain nos KTO 20.40 La foi prise au mot «L’hisenfants mangeront des 20.50 VIP «Charles Beigbeder». Rentoire d’Israël», avec le père Philippe méduses. Documentaire. contre avec un chef d’entreprise. Abadie et le père Claude Tassin. KTO 21.45 Mille questions à la foi 21.45 Bâtir un monde sans 20.40 Saint-Martin-du-Canigou, «Pourquoi Abraham est-il le premier lèpre(s). Documentaire 2. 1000 ans d’histoire et de prière. croyant ?». 23.00 Les mardis des Bernardins 21.45 Un cœur qui écoute «Écoute». 22.15 Concert «La Damnation de «De Facebook au storytelling, la véri22.20 L’esprit des lettres. Faust», de Hector Berlioz. té travestie ?». 20.50 Two lovers A. Comédie dramatique (2008) de James Gray, (1h46) 2. Une comédie romantique très brillante, mais illustré de scènes sensuelles. KTO 20.40 Les mardis des Bernardins «Édith Stein, un chemin vers la joie». 22.20 Églises du monde «Malaisie». 22.50 VIP «Charles Beigbeder». télévision Mercredi 3 février Jeudi 4 février RaDios vendredi 5 février Radio Notre-Dame TF1 TF1 TF1 20.45 Mentalist : «Jane voit 20.45 Alice Nevers, le juge est 20.45 La ferme célébrités en 20.35 Vu du ciel «Pour que vivent les grands fleuves» J. Documen- taire présenté par Yann ArthusBertrand. (Voir notre analyse page 35) 22.55 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï. Arte 20.35 Les mercredis de l’histoire «Un bombardier nommé Liberty Lily» GA. Intéressant, mais mineur. 21.25 Les mercredis de l’histoire «Le journal d’un jeune fasciste» GA. C’est une analyse intéressante, mais pas toujours très palpitante et un peu trop descriptive. 22.20 Le dessous des cartes «Villes d’avenir ?». Magazine. 22.35 Taxidermie Ø. Drame en VO (2003) de György Palfi, avec Csaba Czene (1h30) 4. Un film affreux, avec, en prime, des scènes pornographiques. M6 20.40 Maison à vendre. Divertissement avec Stéphane Plaza. 22.10 Recherche appartement ou maison ? Canal + 20.50 La guerre des Miss GA. Comédie (2008) de Patrice Leconte, avec Benoît Poelvoorde, Olivia Bonamy... (1h26). Cette comédie ratée ne fait jamais rire et elle met en scène des personnages médiocres. Mais qu’est-il arrivé à Patrice Leconte ? KTO 20.40 Rien n’est trop beau pour Dieu. Un documentaire sur le christianisme en Éthiopie. 21.45 La famille en questions «Mon fils veut devenir prêtre ?». 22.20 La foi prise au mot «L’his- Afrique. Divertissement présenté par Benjamin Castaldi et JeanPierre Foucault. 23.15 C’est quoi, l’amour ? «La 100e : Que sont-ils devenus ?». Magazine de Carole Rousseau. France 2 20.35 Une époque formidable GA. Comédie (1991) de et avec Gérard Jugnot, et avec Richard Bohringer, Victoria Abril, Ticky Holgado (1h33). Cette comédie réussie dissimule le rire sous des accents douloureux. Mais la morale est bien égratignée. 22.15 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï. Arte 20.45 Journal d’une paysanne GA. Comédie (1989) de Joseph Vilsmaier, avec Dana Vàvrovà, (1h47). (Voir notre analyse page 35) 22.25 Le jour d’avant «Sonia Rykiel». Série documentaire. 23.15 One shot not. Divertissement avec Manu Katché. M6 20.40 Medium : «Le bon…», «La brute…», «… et l’innocent», «Meurtre par procuration». Série avec Emily Deschanel 2. Canal + 20.50 Dirty sexy money (9 et 10/13) GA. Série avec Peter Krause, Donald Sutherland. On suit toujours avec plaisir les démêlés de cette riche famille. KTO 20.40 Grands entretiens «Marie de Hennezel». 21.45 Questions ouvertes. 22.20 Concert «La Damnation de Faust», de Hector Berlioz. écoute... Autour de la Parole de Dieu, Jésus à Pierre Avance au large et jette tes filets (Luc, 5). Et nous, quelle est notre mission aujourd'hui ?", avec le Frère Gérard Guitton (Franciscain). France 2 - B. Barbereau une femme : «Risque majeur», «Par amour», «À cœur et à sang» GA. Série avec Marine Delterme, Jean-Michel Tinivelli... 2. Le premier épisode est assez moyen, le second émouvant, même s’il est tiré par les cheveux, et le troisième est un plaidoyer pour l'adoption d'enfants par des homosexuels. Heureusement qu’il y a toujours beaucoup d’humour. 23.35 Les experts, Miami. Série avec David Caruso 2. France 2 20.35 Envoyé spécial : «Police : Délits mineurs», «Le retour de la fourrure». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly. 22.45 Dans le secret de… «La mort du juge d’instruction». Documentaire. 23.45 Goering, dernier acte. Documentaire. France 3 DR F3 - Amélie Miquel rouge», «Magie rouge et noire», «D’un art à l’autre» GA. Série avec Simon Baker, Robin Tunney... 2. C’est bien fait, mais parfois un peu facile et excessif. 23.05 New York section criminelle. Série avec V. D’Onofrio 2. France 2 20.35 Football «Coupe de la Ligue : 1/2 finale». 22.40 L’objet du scandale. Magazine présenté par Guillaume Durand. France 3 Lundi 1er au jeudi 4 février 8h Les matinales, "L'éditorial", avec Gérard Leclerc (à 8h07). Mardi 2 février 22h écoute dans la nuit "à votre 20.35 Entre deux eaux A. Téléfilm avec Hélène de Saint-Père, Sophie Quinton, François Marthouret... (1h45) 2. Malgré des longueurs, ce portrait d’une femme flic blessée est intéressant et bien mené. Mais la scène de viol est pénible. 22.20 Verdict «L’Affaire Bremand et Boulvais». 23.05 Vous aurez le dernier mot ! Magazine présenté par Franz-Olivier Giesbert. France 3 20.35 Thalassa «L’expédition : Voyage à Djibouti». Magazine présenté par Georges Pernoud. 22.55 Vie privée, vie publique, l’hebdo «Philippe Candeloro et Nelson Monfort». Magazine présenté par Mireille Dumas. Arte 20.35 10 secondes jusqu’au crash GA. Téléfilm avec Marie Bäumer, Sebastian Blombert, Filip Peeters (1h23). Cette histoire interminable est un peu confuse. 22.00 Les paradoxes du cannabis. Documentaire. 23.00 L’Amérique latine à la reconquête d’elle-même. Documentaire. M6 20.40 NCIS, enquêtes spéciales : «Légende», «Âmes sœurs», «Duo d’enfer». Série avec Mark Harmon 2. 23.10 Californication. Série 4. Canal + 20.50 Secret défense A/Ø. Espionnage (2007) de Philippe Haïm, avec Gérard Lanvin, Vahina Giocante... (1h37) 3. C’est bien fait, mais assez déprimant et avec des scènes complaisantes. KTO 20.40 L’Ukraine, sortie des catacombes. Documentaire. 21.35 Portrait de prêtre. 21.45 La vie des diocèses «Nouméa, acec Mgr Michel-Marie Calvet». 22.20 Les mardis des Bernardins «Édith Stein, un chemin vers la joie». Jeudi 4 février 22h écoute dans la nuit "La prière du Notre Père : La juste relation de la créature en face de son créateur", avec le Père Maxime Gimenez (moine bénédictin du monastère de Chevetogne). Vendredi 5 février 22h écoute dans la nuit "Année du Sacerdoce : Comment discerner l'appel ?", avec le Père Jean-Michel Chevalier (Diocèse de Pontoise). France Culture Dimanche 31 janvier 10h Messe, en la Cathédrale Saint Bégnine, à Dijon. Prédicateur : Frère Benoît Delhaye (O.P.) Chorale : maîtrise de la cathédrale, sous la direction de Alain Chobert. RCF Lundi 1er février 14h30 Halte spirituelle "Le signe de la croix avec Marie et Bernadette", avec Pierre Grosperrin, (Directeur du Pèlerinage Montfortain à Lourdes) (Tous les jours, à 14h30 et 20h45) Mardi 2 février 21h Passerelle "Peut-on et doit-on pardonner ?" Mercredi 3 février 17h Visages "Marie Rouanet" (poé- tesse, écrivain et conteuse) Marie BIZIEN sur TF1 Dimanche 31 janvier à 20h45 Blood diamond GA En 1990, alors que la guerre civile au Serria Leone fait rage, Solomon, envoyé comme forçat dans une région riche en diamants, en découvre un d'une très grande valeur. Ce film spectaculaire et romanesque est une œuvre engagée s'inspirant de faits réels pour dénoncer le comportement de ceux qui profitent des conflits africains pour s'enrichir. Les personnages manquent un peu de nuances, mais restent crédibles. Cette œuvre au dénouement émouvant rend hommage à la famille et met en scène une belle rédemption. Des scènes d'une grande violence. T : Toutpublic Repères J : Adolescents GA: Grandsadolescents A : Adultes Ø : Œuvre(ouscène)nocive : Elémentpositif : Elémentnégatif FRANCECatholique n°3197 29 janvier 2010 37 BLOC-NOTES Paris ✔ L’Œuvre d’Orient, les chrétiens de France au service des chrétiens d'Orient présente "Le mystère copte : voyage aux sources égyptiennes du christianisme", une exposition à l’église St Germain-desPrés, 1 place St-Germain-desPrés, 75006 Paris, jusqu'au 14 février. Entrée libre aux horaires d’ouverture de l’église. Et dans le cadre de l’exposition, le 5 février (20h30), Salle Mabillon, 5 rue de l’Abbaye 75006 Paris, une conférence est prévue "Les Coptes, hier et aujourd’hui" par Christian Cannuyer (Professeur à la Faculté de Théologie catholique de Lille, Président de la Société Belge d'Études Orientales… auteur notamment de "L’Égypte copte : les chrétiens du Nil" éd. Découvertes Gallimard.) www.oeuvre-orient.fr ✂ ✔ À l'espace Georges Bernanos, Saint-Louis d'Antin, 4 rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26. 65.34, à l'Auditorium, le 10 février (18h30) une conférence organisée par l'"Association des Écrivains Croyants d'expression française" aura pour thème "L'enfant différent nous révèle notre humanité. Approches littéraire et pédagogique", avec Claire Daudin (auteur de "Le Sourire", éd. du Cerf, [FC 3177] Prix 2009 des Journées du livre chrétien), Béatrice Descamps-Latcha, et Yves Quéré (auteur de "Apprendre malgré le handicap et la maladie", éd. Odile Jacob). ✔ Glorius, le 1er groupe de poplouange, en concert, le 6 février (20h30) à l'église Saint Honoré d'Eylau, 66 bis av. Raymond Poincaré, 75116 Paris. Entrée 10 €. Rens. ✆ 06.87.10.15.16. ✔ L'IPC, Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie, 70 av. Denfert-Rochereau, 75014 Paris, ✆ 01.43.35.38.50, [email protected] propose "Les Mardis de l'IPC", sur le thème "Y a-t-il une nature des choses ?" Ne sommes-nous pas en train de dépasser des limites en technicisant le monde qui FRANCE Catholique nous entoure et les relations humaines ? Quel discernement pour quel monde à bâtir ? La 5e conférence aura lieu le 2 février (20h30) "Et si tout était bien une affaire de méthode ?" par Jean-Baptiste Échivard (Docteur en philosophie). Les suivantes sont prévues les 16 février, 9, 16 et 23 mars, 13 avril. L'IPC propose également des journées "Portes ouvertes" les samedis (14h-18h) 6 février et 27 mars. Rencontre avec les étudiants, les professeurs et les anciens qui témoigneront de la formation et des différents débouchés. www.ipc-paris.fr Bas-Rhin ✔ Le Foyer de Charité d’Alsace, 51, rue Principale, 67530 Ottrott, ✆ 03.88.48.14.00, fax 03.88.48.11.95 / [email protected] prévoit une récollection le 14 février (9h15-16h30) "Paix sur la terre au hommes de bonne volonté", avec le Père René Wolfram. Également une journée pour les couples 76 € Cadeau pour un an HEBDOMADAIRE Abonnez-vous ! Offrez un abonnement ! le 14 février (10h-16h) "Faire mémoire de la célébration de notre mariage", animée par Gisèle Gaillot. Drôme ✔ Des exercices de saint Ignace de 5 jours sont proposés pour les hommes par les CPCR (Coopérateurs Paroissiaux du Christ-Roi) : du 1 er au 6 mars, du 29 mars au 3 avril (Semaine Sainte), du 4 au 9 mai, du 9 au 14 juillet, du 1 au 6 août… Insc./rens. auprès de la Maison Nazareth, 26120 Chabeuil, ✆ 04. 75.59.00.05/nazareth.chabeuil @cpcr.org http://cpcr.org (Pour les dames et jeunes filles, prendre contact à la même adresse.) Hauts-de-Seine ✔ Une conférence-débat "Pourquoi un dialogue entre jeunes (au lieu de 110 €) Avec un premier abonnement, en cadeau, le nouveau livre de Gérard Leclerc, "Rome et les lefebvristes, le dossier", 96 pages. [Le livre peut être commandé seul, par courrier, au prix de 12 euros franco, chèque à l’ordre de France Catholique, 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis Robinson.] À retourner, à "France Catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson ❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 76 € (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois, en cadeau le nouveau livre de Gérard Leclerc "Rome et les lefebvristes, le dossier". ❒ J'abonne un ami, un prêtre, une communauté… 1 an = 76 € et je reçois le cadeau(**), qui m'est envoyé(****) Adresse où France Catholique doit être envoyé : ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur NOM/prénom : ........................................................................................... Adresse : ..................................................................................................... ….......................................... ...................................................................... Code postal : ...............Ville : ...................................................................... Je joins mon règlement par : ❒ chèque bancaire à l'ordre de FRANCE CATHOLIQUE ❒ carte bleue : numéro de carte : Date d'expiration : Les 3 derniers chiffres au dos de la carte (à côté de votre signature) : Votre téléphone : .............................................. Votre adresse internet : ..................................... ❒ carte bleue Signature : par téléphone, appelez-le 01.46.30.37.38 ❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRANCE CATHOLIQUE gratuitement et sans engagement (*****) (*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement. Pour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement, pour un changement d'adresse ou pour toute autre question relative à votre abonnement en cours, il vous faut joindre : Téléphone : 01.40.94.22.22 [lundi au jeudi 9h-13h et 14h-18h et vendredi 9h-13h et 14h-17h] Fax : 01.40.94.22.32 - courriel : [email protected] En revanche, pour un abonnement par carte bleue, le téléphone est : 01.46.30.37.38. juifs et jeunes chrétiens ?" est prévue le 31 janvier (17h-20h), avec le Grand Rabbin Alexis Blum, le Père Jean Dujardin (An- cien Secrétaire du Comité épiscopal pour les relations avec le Judaïsme) , Michaël Azoulay (Rabbin de Neuilly), et le Père Marc Rastoin (jésuite, enseignant au Centre Sèvres), au Carré Bellefeuille, 60 rue de la Belle-Feuille, 92100 Boulogne-Billancourt, en lien avec les lycées Maïmonide et Notre-Dame de Boulogne, et avec le soutien de la Mairie de Boulogne. Entrée libre. Rens. Synagogue de Neuilly, ✆ 01.47. 47.78.76, Évêché de Nanterre, ✆ 01.46.61.87.98. Lot-et-Garonne ✔ Au Foyer de Charité NotreDame de Lacépède, 47450 Colayrac-Saint-Cirq, ✆ 05.53. 66.86.05 / [email protected], des activités sont prévues : des retraites sont organisées : du 1er au 6 février (14h) "Du Notre Père à la contemplation." La vie de prière du laïc, avec Pierre Cormier (diacre) ; du 1er au 7 mars, "Père, entre tes mains je remets mon esprit". L’homme et ses blessures sous le regard de Dieu, avec le Père E. Ducornet. Et aussi une retraite pèlerinage en Jordanie et en Terre Sainte du 13 au 23 février, avec le Père Bostyn. Moselle ✔ Le Foyer Notre-Dame, 5 rue Lemire, 57500 Saint-Avold, ✆ 03.87.92.12.92 prévoit une journée pour une "Présentation du Seigneur", le 2 février . Saône-et-Loire ✔ Au sanctuaire de Paray-leMonial, B.P. 104, 71603 Parayle-Monial cedex, une retraite sacerdotale (en silence) aura lieu du 14 (19h30) [pour ceux qui le peuvent, vêpres à 19h à la Chapelle Saint Jean] au 20 février, avec le père Bernard Peyrous (recteur du Sanctuaire), animation par le sanctuaire de Paray-le-Monial et la Communauté de l’Emmanuel. Rens., ✆ 03.85.81.62.22, fax 03. 85.81.51.67 / sanctuaires.paray@ emmanuel.info www.sanctuaires-paray.com Seine-Maritime ✔ La fraternité du Cœur eucharistique de Jésus, propose une rencontre le 13 février (10h3011h45), chez les sœurs de Saint-Joseph de Cluny, 7 rue d'Ernemont, 76000 Rouen. Rens. auprès de Sœur NathalieEmmanuel, ✆ 02.35.71.08.56. Vendée ✔ Du 5 (19h) au 7 février (16h30), une récollection, pour tous, "Saisir la victoire du Christ", avec le Père Timothée (Communauté des Béatitudes) est proposée par la Communauté des Béatitudes, Centre Spirituel, Le Relais Pascal, Monastère du Précieux Sang, 1 rue du Petit Montauban, 85100 Les Sablesd'Olonne, ✆ 02.51.95.19.26, fax 02.51.32.65.76. Congrès de la Miséricorde ✔ Le 2e Congrès national de la Miséricorde est prévu du 19 au 21 février, à Lisieux, sur le thème "Miséricorde… Osons la confiance". Trois jours pour se ressourcer, rencontrer d'autres chrétiens, expérimenter la Joie de la Miséricorde et grandir dans la confiance. Avec notamment une conférence "Miséricorde… osons la confiance : en vivre ?", avec le Cardinal Philippe Barbarin (archevêque de Lyon)… le groupe Glorious… Animations prévues pour les enfants et les jeunes. Rens. Congrès Miséricorde France, 7 rue Notre Dame, 77334 Meaux cedex, ✆ 01.64.33.90.94 / [email protected] http://congresmisericordefrance. catholique.fr Chemin de Saint-Jacques ✔ La 14e convention des hôtes du chemin de Saint-Jacques a lieu les 30, 31 janvier et 1er février chez les Sœurs de Notre-Dame du Calvaire, Centre Quatre-Horizons, 33 av. Louis Mazet, 46500 Gramat (à 500 m de la gare). Toutes les communautés hospitalières Saint-Jacques, les familles, les paroisses y sont les bienvenues sur le thème de l'Année Sainte 2010 "Ouvrir les portes vers la lumière". Rens. ✆ 05. 65.44.19.00. Pour passer un communiqué, contactez : [email protected] fax 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur : www.france-catholique.fr ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE France, 6 mois : 58 €/ 1 an (47 numéros) : 110 € / Étranger, 1 an : 122 €. Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, virements à l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056. 330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11. Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèques postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 €, ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par téléphone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août. PETITES ANNONCES Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans le bloc-notes, forfait : 20 € ➥ Cherche lieu pour chanter sainte Thérèse, pour aider des orphelins. Rens. Denise Verjus, Imp. Jacquard, 69960 Corbas, tél. 04.72.50.24.93. ➥ Berry-Bourbonnais, à vendre, maison 225 m2 habité, belle réception en rez-de-chaussée, 6 chambres, 5 salle de bains/d'eau, chauffage central Eco Excel. État sur 13 hectares divisibles, collines et vues, 12 km de l'autoroute. Tél. 02.48.60.76.49. ➥ Paris, cherche pour achat, appartement T2, environ 35 à 40 m2, 15e Nord / 17e. Tél. 06.70.35.97.23. ➥ L'Association pour la Promotion des Extraits Foliaires en nutrition (APEF) a pu prouver la valeur des Extraits Foliaires de Luzerne (EFL) en alimentation humaine, une nouvelle ressource alimentaire. Rens. Olivier de Mathan, tél. 02.38.45.84.06. www.nutrition-luzerne.org FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire N° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011 CNIL : 6778405 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson Téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64 Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X édité par la Société de Presse France Catholique, s.a. au capital de 800.000 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814Z Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Éditorialiste : Gérard Leclerc Rédaction : Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. France Catholique est une marque déposée à l'Inpi. http://www.france-catholique.fr Sudoku facile Le but du jeu est de remplir la grille avec une série de chiffres tous différents, qui ne sont jamais plus d'une fois sur une même ligne, une même colonne ou une même sous-grille. Réponses FRANCECatholique N°3197 29 JANVIER 2010 © ACIP/B.PONDAVEN SERVICE ABONNEMENTS 39