La seconde critique avancée est que les produits issus de ce mode de production sont chers :
les consommateurs ne sont pas tous économiquement susceptibles d’y avoir accès ; d’autant
que le consommateur lambda est bien souvent perçu comme n’ayant la volonté d’acquérir des
biens alimentaires qu’à moindre coût. Un second céréalier du Maine et Loire témoigne en ce
sens : « ça (le bio) doit rester un marché de "niches" : produire des gros volumes à bas prix
pour le consommateur qui ne veux bourse délier pour son alimentation n'est pas en
adéquation avec les contraintes du bio ». La production est perçue comme un marché
marginal, tant en volume produit qu’en débouchés mercantiles, répondant aux exigences
d’une clientèle urbaine, aisées faisant le choix idéologique de consommer ces produits.
Ce céréalier de l’Allier explique par exemple qu’il ne conçoit l’achat de ces produits que
« par un pourcentage limité (de la population ) seulement car le consommateur achète ,
globalement , le moins cher que possible et se pose la question de la qualité uniquement pour
se donner bonne conscience ».
Plusieurs témoignages désignent d’ailleurs avec mépris cette clientèle par les sobriquets
« bobos » ou « écolo-bobos » ; la majorité des personnes interrogées se contentant de
considérer le secteur comme un marché à couvrir, de faible envergure certes mais intéressant,
notamment via les circuits courts et la vente directe.
Une troisième critiques, relativement courante, s’axe sur les qualités supposées des produits
bios, qui sont venté par les médias comme étant plus sains que les produits issus de
l’agriculture traditionnelle. De nombreux agriculteurs remettent en cause cette idée, tant sur
leurs qualités intrinsèques (qualité, saveur) que sur leur supposée compatibilité avec un mode
de développement durable. Cet éleveur ovin de l’Aude par exemple explique que selon lui
« L'AB est une formidable escroquerie ! Des études ont été menées tant sur les valeurs
nutritives que gustatives mais aussi au niveau des limites de résidus, le bilan est décevant
pour le bio j'entends. Quant à l'idée reçue que tout le monde s'en fait, les bios s'ils
s'interdisent les produits de synthèse, ne s'exonèrent pas d'êtres écolos avec des métaux
lourds comme le cuivre ! Pareil pour des molécules dites naturelles, Roténone pour ne pas la
nommer,et qui tarde à être retirée parce qu'ils n'ont rien d'autre pour la remplacer ! C'est
pour ces raisons entre autres que le bio est la plus belle des arnaques du siècle ! ». Un
exploitant céréalier et légumier du Morbihan , quant à lui, fait remarquer l’injustice de
dénigrer les autres productions par cette très sympathique tournure : « moi je ne suis pas
en bio, et mes cultures ne sont pas en plastique ? » On retrouve ici la problématique de
l’image de la profession, en particulière des médias, qui sont accusés d’être au service des
« écolos », dénigrant les production traditionnelles.
Cet autre agriculteur, producteur laitier de l’Isère, s’en prend au bilan écologique des
exploitations : « il faut arrêter d'enjoliver le bio qui est un gros consommateur de pétrole.
Le bio est trop présenté comme une solution miracle, certains bilans énergétiques
d'exploitations bio sont très mauvais et certains d'exploitations conventionnelles très bon.
autrement dit ce sont des exploitations qui, quand on transforme tout en joules ou en calories,
consomment plus qu'elles ne produisent ! ».
Enfin, une frange marginale des personnes interrogées perçoivent les exploitants en
agriculture biologique comme des « chasseurs de prime » ; des personnes qui profiteraient
des aides de la Politique Agricole Commune et des prix élevés de leurs marchandises ;
comme ce laitier de l’Oise très virulent : « je ne respecte absolument pas les nouveaux bio car
ils passent en bio uniquement pour le pognon ».
D’autres propos vont dans le même sens mais en mettant en avant l’hypothèse d’une prise de
position philosophique, comme cet agriculteur de la Somme : « moitié des bio font