Bulletin d’information Département de pharmacie du CSSS de Laval Volume 12, no 1 Janvier 2009 VITAMINE K1 POUR RENVERSER UNE ANTICOAGULATION EXCESSIVE. QUELLE VOIE CHOISIR : PO, SC OU IV ? Rédigé par : Kim Messier, résidente en pharmacie Révisé par : Marie-Claude Vanier, pharmacienne INTRODUCTION Le warfarine est depuis plus de 50 ans la thérapie de choix dans la prévention primaire et secondaire des événements thrombœmboliques1,3. En raison de l’index thérapeutique étroit et des fluctuations de concentrations possibles de la warfarine, un monitorage fréquent du rapport international normalisé (RIN) est nécessaire3. L’anticoagulation excessive et les risques de saignement représentent les principales complications associées à l’utilisation à long terme des anticoagulants3-4. Chaque année, environ 1-8% des patients souffriront de saignements majeurs durant un traitement à long terme avec la warfarine5. constater que 50 % des épisodes de saignements se produisent alors que le RIN est inférieur à quatre5. Les études observationnelles suggèrent que le risque de saignement est non seulement relié au RIN, mais également à l’âge, à certaines comorbidités et à des antécédents de saignements5. Le tableau 1 présente les différents facteurs de risque de saignement associés à une thérapie anticoagulante. La relation entre l’âge et le risque de saignement est controversée1. Certaines études ont démontré une association alors que d’autres suggèrent plutôt que le risque de saignement serait davantage relié aux comorbidités associées à l’âge qu’à l’âge lui-même5. Le risque de saignement est supérieur dans les trois premiers mois de traitement. Cela peut s’expliquer par l’ajustement posologique des doses de warfarine nécessaire en début de thérapie5. De plus, les facteurs de risques sont additifs5. Donc, plus un patient présente de facteurs de risque, plus il sera à risque de saignement5. QUELS SONT LES FACTEURS DE RISQUE DE SAIGNEMENT? Le risque de saignement est directement proportionnel à l’élévation du RIN3,6. Dans une étude, Palareti et coll. ont noté que si le RIN passait de 2,0-2,9 à 3,0-4,4, le taux de saignement doublait alors qu’il quadruplait lorsque le RIN passait de 2,0-2,9 à 4,5-6,07. Selon une autre étude, chaque augmentation du RIN de 0,5 multiplie le risque absolu de saignement majeur de 1,435. Il est toutefois surprenant de TABLEAU 1 : Facteurs de risque de saignement associés à une thérapie anticoagulante5 Âge • > 65 ans Cardiaque • Hypertension non contrôlée • • • • • • • • • • • • Histoire d’hémorragie gastro-intestinale Ulcère peptique actif Insuffisance hépatique Dysfonction des plaquettes Thrombocytopénie (plaquettes < 50 x 109/L) Problème de la coagulation Histoire d’AVC Atteinte psychologique ou cognitive Insuffisance rénale Trauma récent Histoire de chute Prise d’alcool excessive • • • Antiplaquettaires (aspirine, clopidogrel, ticlopidine) AINS (incluant les COX II) Produits naturels qui interfèrent avec le RIN Gastro-intestinal Hémato-oncologique Neurologique Rénal Trauma Alcool Médicaments -1- COMMENT RENVERSER UNE ANTICOAGULATION EXCESSIVE? Différentes approches peuvent être utilisées pour renverser l’effet anticoagulant de la warfarine. La vitamine K1 (phytonadine) est généralement l’agent de choix pour renverser l’anticoagulation excessive dans les situations non urgentes. Plusieurs études ont démontré son efficacité et diverses voies d’administration peuvent être utilisées; orale, sous-cutanée (SC) ou intraveineuse (IV). Du plasma frais ou des facteurs de coagulation concentrés peuvent également être administrés en situation d’urgence. et de 3 %. La résistance se définie comme une difficulté ou l'impossibilité d'obtenir un RIN thérapeutique malgré des doses de warfarine égales ou mêmes supérieures aux doses usuelles habituellement prises par le patient. Les auteurs n’ont pu conclure par quel mécanisme et de quelle façon cette résistance s’acquiert. Toutefois, certaines études précédentes ont suggéré que la résistance à la warfarine serait possiblement causée par une surcorrection du RIN menant à une accumulation de réserves de vitamine K1. Une synthèse des résultats des principales études récentes évaluant l’administration de la vitamine K1 par voie orale est présentée au tableau 2. COMMENT AGISSENT LA WARFARINE ET AUTRES ANTAGONISTES DE LA VITAMINE K1? Les antagonistes de la vitamine K1 agissent en inhibant la production des facteurs de coagulation II, VII, IX et X1,5. Leur délai d'action ne dépend pas du temps de demi-vie de la molécule elle-même, mais dépend de la demi-vie respective de chacun des facteurs de coagulation. Ces facteurs de coagulation sont vitamine K-dépendants. C’est-à-dire qu’ils ne peuvent être synthétisés qu’en présence de la forme réduite de la vitamine K1 (KH2). Ils sont produits par une réaction chimique de carboxylation hépatique et deux enzymes, la KO-réductase ainsi que la K-réductase, responsables de la transformation de la vitamine K1 en vitamine KH2 sont inhibées par la warfarine et les autres anticoagulants coumariniques1,3. L’administration de vitamine K1, même via l’alimentation, diminue et peut même contrecarrer l’effet anticoagulant en provoquant la resynthèse des facteurs de coagulation3. L’administration de vitamine K1 produit son effet assez rapidement et 1 mg de vitamine K1 per os (PO) peut réduire le RIN de façon significative en 24-48 heures3. QUE NOUS DIT LA LITTÉRATURE AU SUJET DE L’EFFICACITÉ DE LA VITAMINE K1? DeZee et collaborateurs8 ont publié une méta-analyse regroupant 21 études, dont 10 essais cliniques randomisés et 11 études prospectives, qui analysaient l’efficacité de la vitamine K1 en traitement d’une anticoagulation excessive. Les résultats de leur méta-analyse suggèrent qu’à 24 heures post-administration de la vitamine K1, la voie orale est équivalente à la voie IV. Cependant, les auteurs affirment que la voie orale devrait être préférée à la voie IV, en raison des possibilités de réaction anaphylactique sévère et fatale. Celle-ci est causée par le diluant utilisé, soit l’huile de castor3,6. Ce type de réaction ne semble pas relié aux doses administrées, mais plutôt à une vitesse d’infusion rapide6. Les résultats obtenus suggèrent également que l’administration sous-cutanée est inférieure aux voies orale et intraveineuse car l’effet est moins prévisible et parfois retardé. La résistance à la warfarine suivant l’administration de vitamine K1 a été évaluée dans deux des études analysées qui utilisaient la voie IV. Le phénomène a rarement été observé avec une incidence respective de 0 % -2- TABLEAU 2 : Études cliniques les plus récentes (≥ 2003) sur l’utilisation de la vitamine K1 par voie orale pour renverser une anticoagulation causée par la warfarine ÉTUDE Lubetsky et 2003 coll.4 DEVIS Essai clinique prospectif randomisé n = 61 patients (66 épisodes) GROUPE DE TRAITEMENT Groupe A (RIN 6-10) : n = 23 (24 épisodes) vitamine K1 IV 0,5 mg Groupe B (RIN 6-10) : n = 21 (23 épisodes) vitamine K1 PO 2,5 mg Groupe C (RIN > 10) : n = 9 (10 épisodes) vitamine K1 IV 1 mg Groupe D (RIN > 10) : n = 8 (9 épisodes) vitamine K1 PO 5 mg Fan et coll.6 2003 Étude rétrospective n = 55 patients (87 doses prescrites) Voies d’administration : SC : 40,2 % IV : 35,6 % PO : 13,8 % IM : 10,3 % Doses prescrites : 10 mg : 32,2 % 5 mg : 18,4 % 2 mg : 21,8 % RÉSULTATS CONCLUSION RNI ENTRE 6 ET 10 La réponse a été plus rapide avec la voie IV (gr A) que la voie PO (gr B). Proportion de patients ayant un RIN thérapeutique : 6 h : 46 % vs 0 % p > 0,001 12 h : 67 % vs 35 % p = 0,03 RNI moyen à 24 heures : 2,6 ± 0,8 vs 2,9 ± 0,8 (NS = non significatif) Proportion de surcorrection (RIN < 2) : 29 % (IV) vs 9 % (PO) p = 0,16 La vitamine K1 PO et IV sont comparables au niveau de l’efficacité et de la sécurité à 24 heures. Si la restauration du RIN n’est pas urgente, la vitamine K1 PO est considérée comme une meilleure alternative que la voie IV. La voie orale fournit une réponse plus prévisible que la voie IV. De plus, il est possible de l’administrer à domicile et d’éviter une hospitalisation. POUR RNI > 10 RIN moyen à 48 heures 3,7 ± 1,8 (IV) vs 2,8 ± 1,2 (PO) (NS) Proportion de surcorrection (RIN < 2) : 2 cas (PO) et 0 cas (IV) Taux d’observance par rapport aux La vitamine K1 SC et IV sont les voies d’administration les plus souvent prescrites, indiquant que la voie PO n’est pas utilisée aussi fréquemment que les recommandations le suggèrent. La voie IM n’est pas à privilégier en raison du risque de saignement. recommandations des lignes directrices de l’ACCP : RIN < 5 : 12,2 % RIN 5-9 : 27,8 % RIN 9-20 : 26,7 % RIN > 20 : 0 % Quatre patients ont présenté des épisodes de saignement et ont reçu sept doses de vitamine K1. 26 patients ont reçu du plasma frais congelé et de la vitamine K1. Les doses de vitamine K1 prescrites sont très variables et les recommandations de l’ACCP n’ont pas été respectées chez 83 % des patients. L’observance concernant les doses et les voies d’administration par rapport aux lignes directrices de l’ACCP était de 17,2 %. Lewis et Wells9 2003 Étude prospective patients ambulatoires n = 39 (47 épisodes) Groupe A (RIN 5-9) : 31 épisodes vitamine K1 PO 2,5 mg Groupe B (RIN >9) : 6 épisodes vitamine K1 PO 5 mg 10 épisodes non évaluables RIN moyen avant et 12-18 h après l’administration de vitamine K1 Groupe A : 6,8 vs 2,9 Groupe B : 11,3 vs 2,5 Aucun patient n’a signalé d’ecchymoses ou de saignements. -3- L’administration de la vitamine K1 orale pour abaisser les valeurs de RIN élevé est efficace en milieu ambulatoire et évite que les patients aient besoin de se présenter à la clinique. TABLEAU 2 : Études cliniques les plus récentes (≥ 2003) sur l’utilisation de la vitamine K1 par voie orale pour renverser une anticoagulation causée par la warfarine ÉTUDE Gunther et coll.10 2004 DEVIS Étude observationnelle rétrospective n = 85 (89 épisodes) GROUPE DE TRAITEMENT RÉSULTATS RIN > 5 au jour 3 : Tous les patients avaient un Groupe A : 11 % RIN > 10 Groupe B : 47 % (valeurs de RIN non précisées) Groupe C : 29,6 % Groupe A : RIN < 5 au jour 3 : n = 51 Groupe A : 88,9 % arrêt warfarine et vitamine K1 Groupe B : 53 % PO 2 mg Groupe C : 71,4 % Groupe B : RIN < 1,5 au jour 3 : n = 24 Groupe A : 13 % arrêt warfarine seulement Groupe B : 7 % Groupe C : 14 % Groupe C : n = 14 Aucun des patients n’ont eu d’épisode admission à l’hôpital pour thromboembolique. saignement ou symptômes non expliqués Trois patients du groupe B ont eu des épisodes de saignement. CONCLUSION L’administration de la vitamine K1 en PO à faible dose est sécuritaire et efficace chez les patients ayant un RIN > 10. Une dose de 2 mg est adéquate et minimise l’apparition de RIN sousthérapeutiques associés avec les hautes doses de vitamine K1. Pour les groupes A et B, l’administration orale de la préparation injectable de vitamine K1 est une façon sécuritaire et prévisible de renverser une anticoagulation excessive. Des évidences limitées suggèrent que la voie orale ou IV sont équivalentes et plus efficaces que l’omission de la warfarine seule pour renverser une anticoagulation excessive. La voie sous-cutanée est inférieure à la voie orale ou IV et comparable au placebo. Il a été impossible de déterminer laquelle des voies d’administration était associée au plus faible risque d’événements hémorragiques ou plus important de thromboses Deux patients du groupe C ont reçu 10 mg de vitamine K1 IV et ont été réfractaire à l’anticoagulation avec un RIN sousthérapeutique durant plus d’un mois. Baker et coll.2 2006 Étude rétrospective n = 233 Groupe A (RIN 8-11,9) : n = 166 vitamine K1 PO 2,5 mg RIN médian avant et 14 h après l’administration de vitamine K1 PO : Groupe A : 9,2 vs 3,8 Groupe B : 14 vs 3 Groupe C : non précisé vs 2,9 Groupe B (RIN 12-20) : n = 36 vitamine K1 PO 5 mg Groupe C (RIN >20) : n = 21 vitamine K1 PO 5 mg Proportion de patients ayant un RIN entre 2-4,9 environ 14 h après l’administration de vitamine K1 PO : Groupe A : 77 % Groupe B : 52 % Groupe C : 44 % DeZee et coll.8 Méta-analyse 2006 n = 21 études 10 essais cliniques randomisés 11 études prospectives 4 études vitamine K1 PO 75 patients 6 études vitamine K1 IV 69 patients 3 études vitamine K1 SC 58 patients Proportions de RIN entre 1,8-4 à 24 h : Voie PO : 82 % (IC 95 % = 70-93) Voie IV : 77 % (IC 95 % = 60-95) Voie SC : 31 % (IC 95 % = 7-55) Placebo/observation : 20 % (IC 95 % = 047) Seulement une étude a évalué de façon 2 études placebo /observation 27 patients appropriée les effets indésirables, il a donc été impossible d’estimer le risque de saignement. Seulement deux études ont évalué le phénomène de résistance à la warfarine (0 % et 3 %). Le suivi était rarement plus long que 24 h, limitant ainsi l’évaluation de cette issue thérapeutique. -4- QUELLES SONT LES RECOMMANDATIONS ACTUELLES ? La majorité des auteurs s’entendent pour affirmer que l’administration par voie orale de la vitamine K1 est préférable pour renverser une anticoagulation excessive lors de situation non urgente. En situation urgente, la voie intraveineuse est favorisée et du plasma frais ou des facteurs de coagulation concentrés peuvent aussi être administrés si nécessaire. L’American College of Chest Physicians (ACCP) recommande également depuis 1998 l’utilisation de la voie orale lors de situation non urgente. Le tableau 3 résume les recommandations 2008 de l’ACCP sur l’utilisation de la vitamine K1 en traitement d’une anticoagulation excessive1. Afin d’éviter la surcorrection du RIN, les doses minimales efficaces devraient être privilégiées. Les lignes directrices Australiennes sont comparables5. Tandis que les lignes directrices britanniques recommandent la vitamine K1 seulement dans les cas où le RIN > 8 ou en présence de saignement11. Les doses utilisées sont plus faibles soit 0,5 à 2,5 mg PO si le RIN > 8 ou saignements mineurs et 5 mg IV en présence de saignements majeurs11. peut exposer les patients à un risque significatif d’événements thrombotiques comme le suggèrent les résultats d’une revue de l’utilisation de la vitamine K1 réalisée en 2000 à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé par Vanier et coll.12. Les auteurs ont remarqué que 87 % des patients qui ont reçu la vitamine K1 par voie SC ont présenté une surcorrection de leur RIN et ce, malgré l’observance du protocole intra-hospitalier. Ce dernier suggérait l’utilisation de vitamine K1 selon les doses et intervalles recommandés par l’ACCP en 1998, mais par voie SC au lieu de la voie orale. La moitié des patients ayant présenté une surcorrection de leur RIN étaient considérés à risque thrombotique élevé. QU’EST-CE QUI LIMITE L’UTILISATION DE LA VITAMINE K1 ORALE? EST-ELLE DISPONIBLE AU CANADA SOUS FORME DE COMPRIMÉS? Au Canada, les comprimés de vitamine K1 ne sont pas disponibles commercialement. Toutefois, on peut obtenir des comprimés de 5 mg via le programme d’accès spécial (PAS) de Santé Canada3. Les formalités administratives et la disponibilité des comprimés en une seule teneur (5 mg) limitent l’utilisation de vitamine K1 par voie orale3. De plus, certains praticiens ont gardé l’idée erronée que la voie SC diminue le RIN plus rapidement et efficacement que la voie PO, malgré les nombreuses données ayant réfuté cette notion. QUELLE EST LA PRATIQUE ACTUELLE ? Malgré la recommandation de l’ACCP depuis 1998 d’administrer la vitamine K1 par voie orale, la voie SC est encore utilisée pour renverser une anticoagulation excessive par plusieurs praticiens au Canada3. Cette façon de faire TABLEAU 3 : Lignes directrices de l’ACCP (2008) sur l’administration de vitamine K1 pour renverser une coagulation excessive1 RIN > 3 mais < 5 sans saignement significatif RIN ≥ 5 mais < 9 sans saignement significatif RIN ≥ 9 sans saignement significatif Présence de saignement significatif à toutes élévations du RIN Diminuer la dose de warfarine ou omettre une dose Lorsque RIN thérapeutique, redébuter la warfarine à plus faible dose (si RIN légèrement augmenté, la diminution de dose peut ne pas être nécessaire) Cesser la warfarine pour une à deux doses Si risque élevé de saignement : vitamine K1 PO 1-2,5 mg Si une baisse rapide du RIN est nécessaire en raison d’une chirurgie : vitamine K1 PO 5 mg (la réduction du RIN devrait se faire en 24 h), si RIN reste élevé répéter vitamine K1 PO 1-2 mg Lorsque RIN thérapeutique, redébuter la warfarine à plus faible dose Cesser la warfarine de façon temporaire Vitamine K1 PO 2,5-5 mg La réduction du RIN devrait se faire en 24-48 h Monitorer RIN fréquemment et utiliser vitamine K1 additionnelle si besoin Lorsque RIN thérapeutique, redébuter la warfarine à plus faible dose Cesser la warfarine de façon temporaire Vitamine K1 IV 10 mg en injection lente et répéter q 12 h si besoin Plasma frais congelé, complexe de prothrombine ou facteur recombinant VIIa selon l’urgence de la situation -5- RÉFÉRENCES QUELLES SONT LES OPTIONS DISPONIBLES POUR ADMINISTRER LA VITAMINE K1 PAR VOIE ORALE? 1. Une solution orale de vitamine K1 peut être préparée à partir de la formulation injectable13. La dilution peut être faite soit avec le sirop simple ou avec de l’eau stérile13 tel que présenté au tableau 4. La préparation se conserve à la température de la pièce, mais doit être gardée dans une bouteille ambrée, car la préparation injectable est sensible à la lumière3. De plus, il est possible d’administrer directement par voie orale la solution IV non diluée de vitamine K12-3,7,13. Il est également possible de la diluer dans une petite quantité de jus d’orange avant de l’administrer au patient3. 2. 3. 4. TABLEAU 4 : Solution orale de vitamine K1 1 mg/mL Phytonadione en ampoule de 1 mL (10 mg/mL) 5 ampoules = 5 mL Eau distillée ou sirop simple Quantité ad 50 mL 5. Stabilité température de la pièce dans le sirop simple : 111 jours Stabilité température de la pièce dans l’eau : 104 jours 6. EN CONCLUSION La vitamine K1 administrée par voie orale permet de corriger en 24-48 h une anticoagulation excessive de façon sûre et efficace3. L’utilisation de la dose minimale efficace permet de réduire le risque de surcorrection du RIN. Aucun cas de résistance à la warfarine n’a été documenté jusqu’à maintenant avec l’administration de vitamine K1 par voie orale alors que le phénomène a été décrit avec l’utilisation de la voie SC et IV3. Étant donné que les comprimés de vitamine K1 ne sont pas commercialisés au Canada, l’administration orale de vitamine K1 peut se faire en utilisant la préparation injectable. Le département de pharmacie de l’hôpital de la Cité-de-la-Santé prépare une solution orale de vitamine K1 1 mg/mL qui peut être servie lorsque requise pour renverser une anticoagulation excessive. Cette magistrale se retrouve également au commun de l’urgence et sur le chariot des médicaments de nuit. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. -6- Ansell J, Hirsh J, Poller L, Hylek E, Jacobson A, Crowther M, Palareti G. « Pharmacology and Management of the Vitamin K Antagonists: American College of Chest Physicians EvidenceBased Clinical Practice Guidelines (8th Edition). » Chest. 2008;133(6)(June suppl):160S-198S. Baker P, Gleghorn A, Tripp T, Paddon K, Eagleton H, Keeling D. « Reversal of asymptomatic over-anticoagulation by orally administered vitamin K. » Br J Haematol. 2006 May; 133(3) : 331-6. Vanier MC, Ngo TT. « Reversal of overanticoagulation with vitamin K1 : A plea for oral administration. » Can J Hosp Pharm. 2006; 59:125-135. Lubetsky A, Yonath H, Olchovsky D, Loebstein R, Halkin H, Ezra D. « Comparison of oral vs intravenous phytonadione (vitamin K1) in patients with excessive anticoagulation: a prospective randomized controlled study. » Arch Intern Med. 2003; 163:2469-2473. 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