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L'e
ncrasseme
nt pro
vient
généraleme
nt de la
déposition de particules carbonées, notamment de
suies, àla surface des bâtiments. Il existe peu d'études
sur l'encrassement, mais quelques fonctions dose-
réponse permettent de le mesurer en fonction de la
concentration de particules et du temps [9, 10].
Une analyse " b
ott
om up »ou «
top
down »?
Généralement, les fonctions dose-réponse établies
pour les matériaux de construction déterminent leur
taux d'érosion en pm/an. Si l'on connaît par ailleurs
la relation entre le taux d'érosion et la fréquence des
réparations et si l'on
dispose
de l'inventaire des
surfaces des bâtiments et des coûts de rénovation
par surface, on peut calculer la dépen se totale en
faisant la somme de toutes les surfaces i de l'inven-
taire, comme suit :
Dépense totale de rénovation =
I isurface;x fréquence;x coût; (7)
Cette approche,considérée comme une micro-
ana
lyse
,
est
connue
sous
le
nom
d
'approche
«b
ottom
up »,
Elle a été appliquée par le programme ExternE [1]
pour estimer le coût des
dommages
sur
les bâti-
ments en Grande-Bretagne. Une étude détaillée des
constructions de Birmingham (deuxième ville après
Londres), a permis de dresser cinq «portraits-robots »
pour les constructions types et de définir leur ventila-
tion géographique sur l'ensemble du territo ire [11].
Les coûts de réparation ont été donnés par l'étude
d'Ecotee et celle de Lipfert [5, 11] et la relation entre
la fréquence des réparations et le taux d'érosion a
été estimée sur la base de jugements d'experts (à
savo
ir:
un taux d'érosion de 3 mm des façades en
pierre ou en mortier implique une rénovation).
Cette approche n'a pas encore pu être appliquée
en France pour deux raisons. Premièrement, il n'y a,
en France,aucune information sur la surface des
façades et la nature des matériaux de construction.
Deuxièmement, la relation entre la fréquence des
réparations et le taux d'érosion est apparue fortement
incertaine. Les propriétaires d'immeubles contrôlent
rarement l'usure de leurs façades pour décider de
ravaler et s'appuient davantage sur l'état de salissure
de leurs bâtiments qui résulte princ
ipalement
de
l'encrassement.
Compte tenu de ces lacunes, nous avons choisi
de fo
nde
r not re
analyse
d
irectement
sur
des
données observables de fréquences et de coûts des
activités de rénovation, àl'instar de Newby et al. [12].
Cette approche globale est connue sous le nom de
«top down » ,
Coûts
de
rénovation
en
France
Des
donn
ées issues des
déducti
ons
d
'impôts
La Direction Générale des Impôts nous a fourni le
détail des dépenses de ravalement ouvrant droit à
une réduction d'impôts par contribuable et agrégées
par région admin
istrative
(ville ou département ).
Parallèlement, nous avons recensé les données de
concentrations ambiantes de
S0
2 et de particules
des centres urbains rattachés àces régions [13
,1
4].
Concernant les particules, une difficulté provient du
fait que les villes mesurent soit les concentrations de
fumées noires, soit les particules en suspension de
diamètre inférieur à13 urn (P
Sd
et qu
'il
n'existe pas
de
facteur
de conversion qui permette de
passe
r
d'une mesure àl'autre. Nous avons donc choisi de
nous référer aux PS13 parce qu'elles se rapprochent
le plus des particules totales en suspension (TSP),
mesure courante àl'émission de la pollution particulaire,
et des PS10,mesure adoptée au niveau international.
Finalement, les do
nnées
de ravale
ment
et de
pollution (particules et S0 2) n'ont pu être recensées
que pour 15 villes, auxquelles s'ajoutent 2villes où
ne figurent que les
niveaux
de
concentrations
en
particules. Ces données forment le nuage de points
représenté dans la figure 2. Celui-ci montre que les
dépenses de rénovation (en abscisse) augmentent
avec le niveau de revenu mais
diminuent
avec le
niveau de pollution (en ordonnée). Cette relation de
décroissance
avec
la po
llutio
n qu i
apparaît
surprenante s'explique par la corrélation négative
entre les niveaux de revenu et de pollution dans ces
principales villes françaises, le coefficient de corréla-
tion R2entre revenu et PS13 étant de - 0,5. Le revenu
joue un rôle crucial.
Les
paramètres
de la
régression
l
inéaire
des
dépenses de rénovation sur le revenu, les niveaux
de PS13 et de
S02
figurent
dans
le tableau 1. Le
coefficient des PS13 est positif mais celui du
S0
2 est
négat
if. De
surcro
ît , l
'incerti
tude
sur
ces
deu
x
paramètres est grande comme l'indiquent les statis-
tiques de Student dans la 48colonne (- 0,7 pour le
S0 2et 0,8 pour les PSd .
Si le
revenu
est
une
var
iable
importante, on
devrait
s
'attendre
àce
que
les
coeff
icie
nts
de
pollution varient avec le revenu . Nous avons donc
introduit comme nouvelle variable le produit du revenu
et de la po llution . Si l'on
effectue
une nouvell e
régression des dépenses de ravalement sur le revenu
et sur la nouvelle variable (revenu x concentration
PSd , les estimations obtenues s'avèrent de meilleure
qualité comme l'indique le tableau 2, p. 86.
Nous avons essayé
d'aut
res régressions p
our
aboutir toujours au même résultat : les dépenses de
ravalement sont corrélées de façon significative et
positive avec la variable «Revenu
»,
tandis que la
corrélation avec les variables de pollution n'est pour
la
plupart
pas
significative
. Le
coefficient
de la
variable PS13 ou du revenu x PS13 est positif, celui
de la variable S0 2ou du revenu x S0 2est négatif, et
tous les coefficients de la pollution ont des écarts-
types importants (1t1S; "" 1).
Deux facteurs peuvent expliquer nos résultats.
• D'une part, les données environnementales évo-
luent d'une année sur l'autre et peuvent représenter
une source d'incertitude importante. Depuis le début
84 POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE N" 164 - OCTOBRE -DÉCEMBRE 1999