N 21 - AVRIL-JUIN 2014 Editorial La période d’avril à juin 2014 a été si riche en événements, activités, rencontres de toutes sortes qu’on ne sait lesquels d’entre eux doit-on plus mettre en valeur ! Un processus important a démarré au deuxième semestre 2014: l’élaboration du Plan National de Développement (PND) qui fixera pour les 5 ans à venir les stratégies et actions que le pays mettra en œuvre, pour assurer son développement durable. D’ores et déjà, il est unanimement reconnu que la préservation de notre environnement naturel unique sera au cœur de ce PND : c’est ce qui est ressorti de l’atelier sur la croissance verte organisé en mois de juin par la BAD, atelier auquel nous consacrons notre une. Tout aussi marquant aura été le démarrage du programme financé par l’USAID destiné à former les journalistes nationaux sur le journalisme d’investigation en matière de trafics et d’exploitation de nos ressources naturelles. Les résultats de cette série de formations ne se sont pas fait attendre, comme tout un chacun a pu le constater. Le trimestre écoulé a vu également la rencontre annuelle des communautés de base réunies dans le programme Node et le programme de « pactes de conservation », fusionnés dorénavant sous le vocable « Conventions Communautaire de Gestion ». Cette rencontre, une fois de plus, a permis de mesurer l’engagement des communautés dans la conservation des ressources naturelles dont elles dépendent et de souligner le lien qui unit plus que jamais conservation et bien-être. D’autres communautés, cette fois-ci de pêcheurs – plus de 120 d’entre eux, se sont retrouvées à Antsiranana pour le forum biannuel des LMMAs ou aires protégées marines gérées par les communautés. Au cours de ce forum ont été célébrés les succès obtenus par l’approche LMMA, pour le grand bonheur des communautés impliquées. Finalement, l’importance des zones humides pour la bonne santé de la biodiversité nous a amené à consacrer une page spéciale au rôle que jouent ces zones humides dans le maintien des processus écologiques et des services écosystémiques. CROISSANCE VERTE UN CADRE POUR LE FUTUR PLAN DE DEVELOPPEMENT Le dialogue national sur la croissance verte a été initié le 03 Juin 2014, avec la participation du Président de la République de Madagascar et le Ministre de l’Economie et de la Planification. La Banque Africaine de Développement (BAD), en ligne avec sa nouvelle stratégie pour 2013-2022, apporte son soutien à cette initiative. Dans son allocution, le Président de la République a souligné l’importance de cet atelier car les résultats et recommandations issus des travaux appuieront les orientations du Plan de Développement à moyen terme qui sera lancé prochainement. A ce sujet, il a souligné l’importance de la bonne gouvernance et de l’amélioration des conditions de vie de la population et de son milieu pour asseoir un développement durable au pays. Le bien-être de l’homme, incluant son histoire, sa culture, sa sensibilité, mais aussi son droit à l’éducation, son aspiration à la sécurité de ses biens, à l’emploi et à une nourriture suffisante sera à la base de ce nouveau cadre de référence. « Notre pays a déjà opté pour la vision verte et plusieurs activités ont été déjà entreprises dans ce sens » a-t-il souligné. Nos diversités pour la relance économique Dans l’optique de la relance économique actuelle de Madagascar, la politique de développement vise à rebâtir une société basée sur les principes fondamentaux du respect, du travail et de dialogue pour faire de nos diversités une richesse et une opportunité réelle. Ces principes, au cœur de la conception de la croissance verte, seront appuyés par les données du WAVES, un programme qui aide à déterminer le stock et les flux entrants et sortants de l’ensemble des richesses naturelles Un Etat de droit fort Pour la concrétisation, les participants ont définis quelques principes de base. Il faut améliorer notre vision, les politiques et les stratégies. La mise en place des mécanismes de suivi et d’évaluation appropriés est indispensable. Les partenariats et les collaborations intersectorielles, impliquant la société civile et le secteur privé doivent être renforcés. Enfin, il faut asseoir un Etat de droit fort prônant la bonne gouvernance. SCIENCE & DECOUVERTES ZONES HUMIDES REGULATEUR DE LA VIE! Les zones humides figurent parmi les écosystèmes les plus productifs du monde. Elles offrent une grande variété de fonctions naturelles utiles à l’humanité et aux différents groupes d’êtres vivants. Seulement, face aux différentes menaces et pressions, surtout aux exploitations irrationnelles, ce sont des habitats parmi les plus vulnérables. L’homme est-il vraiment conscient de leur importance? D’amont en aval, en passant au niveau des bassins versants et jusqu’au niveau des récifs, les zones humides jouent un rôle très important dans la régulation des êtres vivants. Saines, elles assurent le contrôle des flux de l’eau. Grâce à ce rôle, elles permettent d’éviter l’inondation en période de crue mais aussi l’assèchement en période d’étiage. Ce sont également un régulateur de climat. Elles fournissent des services économiques très importants (pour l’agriculture, l’élevage et la pêche). N’oublions pas que les zones humides procurent des éléments constitutifs du patrimoine culturel pour l’humanité. Face aux menaces de plus en plus oppressantes, il est important de connaître certaines caractéristiques écologiques qui doivent être maintenues pour la durabilité de leurs valeurs et de leurs fonctions : les composantes écologiques (espèces, régime de l’eau, SITUATION DES ZONES HUMIDES Au niveau mondial, les zones humides couvrent une superficie de 1.5 milliards d’hectare. 40% soient 90 666 593 ha sont dans les sites Ramsar, subdivisées en 362 sites. Selon le PNUE, les cinq grands châteaux d’eau de l’Afrique à savoir le Bassin du Niger, le bassin du lac Tchad, le bassin du Congo, le bassin du Nil et les sous-bassins de l’Afrique Australe, ne sont pas encore intégrés dans les sites Ramsar. Pour le cas de Madagascar, 9 sites sont actuellement des sites Ramsar. Ils ont au total une superficie de 1 174 533 ha. Plusieurs zones humides non incluses dans les sites Ramsar font déjà partie des nouvelles aires protégées. Toutefois, par rapport à l’écosystème terrestre, moins d’interventions et d’actions sont menées dans l’écosystème humide alors que l’eau constitue le principal élément de la vie. Songadina 21 Avril-Juin 2014 2 nutriments, superficie), le processus écologique (interaction et migration des espèces phares, cycle de carbone), les services écosystémiques (contrôle des inondations, tourisme, recharge d’eau souterraine, adaptation et atténuation au changement climatique). Quid de la gestion des zones humides? Pour le bien-être durable de l’humanité, le maintien et l’amélioration de l’évolution de ces caractères écologiques aussi bien dans le temps que dans l’espace sont indispensables. L’utilisation rationnelle de ces zones est primordiale. La gestion de l’écosystème se base sur la recherche d’équilibre entre le court terme et le long terme et ceci par la mise en œuvre « d’approches par écosystème » dans un contexte de développement durable. La consommation et l’utilisation ne doivent pas compromettre l’avenir. Des actions méritent d’être entreprises pour sauvegarder le potentiel de production des zones humides. Il faudrait développer des stratégies pour réduire les « footprints humains » ou « empreintes humaines » à travers les industries extractives, la pollution, et toutes autres exploitations abusives. Le renforcement de partenariat reste une action non négligeable, de même que l’intégration des principes Ramsar dans la planification d’activités de gestion. UNE ZONE HUMIDE, C’EST QUOI? Une zone humide est une région où l’eau est le principal facteur qui contrôle le milieu naturel, la vie animale et végétale associées. Selon Mitsch et Grosselink en 1993, elle est caractérisée par: (1) la présence d’eau, (2) les conditions édaphiques (relatif au sol) qui diffèrent des zones en hauteur adjacentes, (3) la présence de végétation adaptée à des conditions humides, et l’absence de végétation intolérante à l’inondation. Selon Cowardin, une zone humide est un terrain de transition entre un écosystème terrestre et écosystème aquatique remplissant les conditions suivantes: (1) prédominance d’hydrophytes (plantes qui croissent en milieu humide ou aquatique au moins saisonnièrement), (2) le substrat prédominant est constitué de sol hydrique, (3) le substrat non fermé est saturé d’eau ou recouvert d’eau peu profonde à tout moment durant la saison humide. Enfin selon la convention de Ramsar, les zones humides sont définies comme étant “des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce , saumâtre ou salée y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres” FAUNE & FLORE RADAKA VOAY OU DUTTAPHRYNUS MELANOSTICTUS: Radaka mainty, Radaka boka, Radaka poizina, Radakam-boay, Radakan’Ambatovy, Crapaud buffle, tels sont les appellations de cette grenouille. Introduite à Toamasina il y a quelques années, elle devient de plus en plus envahissante. C’est un crapaud natif de l’Asie du Sud-Est appartenant à la famille des Bufonidae. La femelle peut atteindre 150 mm de long, avec de couleur très variée. D. melanostictus est une espèce terrestre nocturne. Dans la journée, elle se cache sous les rochers, feuilles mortes et les structures artificielles (égouts, piles d'ordures,...). Elle préfère les habitats perturbés, les zones agricoles et urbaines ; mais très rarement en forêt fermée. Sa longévité est de 4 à plus de 10 ans en captivité. Dans les zones pluvieuses, elles se reproduisent deux fois par an. A chaque ponte, 40 000 œufs sont pondus par femelle, et écloront après 24 à 48 heures. Le stade larvaire dure 34 à 90 jours. L’espèce chasse exclusivement sur le sol. En général, elle se nourrit de différentes espèces d’invertébrés (arthropodes, scorpions, millepattes, mollusques...). Les adultes sont les proies des serpents et des oiseaux, qu’elles peuvent empoisonner. Elle porte différents parasites: vers microfillaires, nématodes et trématodes. L’excrétion de sa peau contient des composés bioactifs à conséquences fatales, neurotoxiques, cardiotoxiques, hémolytiques, et dérèglent la tension artérielle. Sa manipulation peut causer des démangeaisons des narines, des yeux et de la peau exposée. Dans certains pays asiatiques, ces crapauds sont consommés. La consommation de sa peau et de ses œufs peut causer des intoxications voire la mort. Des enquêtes sur sa distribution, des débuts de recherche, des sensibilisations ont été récemment effectués. Un plan d’action pour l’éradication est élaborée mais nécessite encore des appuis pour la mise en oeuvre. Un suivi de son expansion ainsi qu’un système de contrôle et de prévention sont aussi prévus. DIOSCOREA ORANGEANA: GARANT DE LA SURVIE DES COMMUNAUTÉS PRÈS D’ORONJIA SOMMAIRE P1 : Croissance verte: un cadre pour le futur plan de développement par Michèle Andrianarisata P2 : Zones humides : régulateur de la vie par Luciano Andriamaro P3 : Radakam-boay ou Duttaphrynus melanostictus par Lovaharisoa Rakotomamonjy Dioscorea orangeana : garant de la survie des communautés près d’Oronjia par Jeremia Razafintsalama P4 : Préservation des ressources naturelles : 36 journalistes formés en Journalisme d’investigation par Hajasoa Raoeliarivelo Congrès Mondial des Parcs 2014 à Sydney: Madagascar s’y prépare par Michèle Andrianarisata Sud Est de Madagascar : Les communautés vulnérables au changement climatique prennent en main leur adaptation par Jeannicq Randrianarisoa P5 : Zapping P6 : La convention communautaire de gestion, une approche améliorée par Soloson Ramanahadray Dioscorea orangeana Wilkin est une espèce d’igname endémique locale de la forêt sur sable d’Oronjia, au nord de Madagascar. Elle est classée provisoirement en Danger Critique selon l'UICN. Connu sous le nom de « Ovy ou Angona », D. orangeana est une plante annuelle, sous forme de liane grimpante à fleurs pendantes. Ses fruits secs sont en capsule. Son tubercule, de couleur blanche, est comestible, bien apprécié par les communautés vivant autour de l’aire protégée Oronjia. Mature de mars à novembre, son tubercule constitue leur aliment de base pendant les périodes de soudures. L’explosion démographique et la pauvreté ont entraîné son exploitation massive, augmentant les pressions sur son habitat et endommageant sa durabilité. Ce qui demande une stratégie de gestion robuste. La maîtrise des impacts de son exploitation sur l’ensemble des ressources naturelles du site est devenue une préoccupation majeure. Afin d’harmoniser à la fois son exploitation et sa conservation, une zone d’utilisation durable a été délimitée conjointement avec les communautés : la collecte de tubercules y est autorisée suivant des règles de gestion. Une zone d’enrichissement a été identifiée et pour tenter d’assurer les besoins futurs, D. orangeana y est cultivé malgré les difficultés de sa mise en plantation. Notons que les communautés sont impliquées dans la gestion afin de favoriser la durabilité des actions entreprises. Pour plus amples informations, vous pouvez consulter la page web de MBG http://www.tropicos.org/Name/100352276?projectid=17 P7 : Le réseau MIHARI était à son second forum par Luciano Andriamaro P8 : Intégration de l’Approche basée sur les Droits Humains dans tout ce que CI entreprend : pourquoi et comment? par Haingo Rajaofara Vaofiteny: le premier glossaire sur le changement climatique en malgache par Jeannicq Randrianarisoa Songadina 21 Avril-Juin 2014 3 ACTIVITES PRÉSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES 36 JOURNALISTES FORMÉS EN JOURNALISME D’INVESTIGATION Le trafic et l’exploitation illicite des ressources naturelles de Madagascar ont été alarmants ces dernières années. Les communautés locales qui avaient pour mission de « gérer » ces ressources, se sont trouvées sans pouvoir devant les malfaiteurs. La société civile fut impuissante. Devant ces faits, l’USAID a financé un nouveau programme de deux ans intitulé : « Preserving Madagascar's Natural ressources ». WWF, Traffic International, CI et WCS le mettent en œuvre. L’objectif étant de renforcer la capacité du peuple malgache et des organisations de la société civile pour lutter contre l'exploitation illégale des ressources naturelles de Madagascar. Ceci à travers des formations et du soutien communautés locales, organisations civiles et journalistes. aux aux aux Pour des journalistes professionnels Conservation International a pour mission le renforcement de capacité des journalistes. 36 journalistes venant d’Antananarivo, Ambanja, Toamasina, Mananara –Avaratra, Ambatondrazaka, Moramanga, Maroantsetra, Mandritsara ont bénéficié d’une série de formations. Louis Rasamoelina, éminent journaliste malagasy ayant tenu des postes de haut niveau au sein du ministère de la communication a assuré le code d’éthique et le standard professionnel. Will Fitzgibbon de «The Bureau of Investigative Journalism (TBIJ)», Songadina 21 Avril-Juin 2014 4 journaliste investigateur de renommé international a partagé ses expériences et son savoir-faire aux journalistes malagasy à travers une formation sur les techniques d’investigation. CI a dispensé une formation sur les réseaux sociaux car Facebook, Twitter et blog seront des espaces de forum pour les internautes nationaux et internationaux. Des forums pour plus de prise de conscience et engagement Des forums publics sont aussi au programme. Le 19 juin 2014, au DLC Anosy, le Ministère de l'Ecologie, de l'Environnement et des Forets (Direction de la Valorisation des Ressources Naturelles), le Ministère de la Justice, garde des Sceaux, le Secrétariat d'Etat auprès du Ministère de la Défense Nationale charge de la Gendarmerie, le Ministère de la Sécurité publique, l'Alliance Voahary Gasy, l'Aviation Civile de Madagascar se sont penchés ensemble pour la première fois sur le problème du trafic des ressources naturelles. Le thème débattu étant: "Stratégies utilisées pour sauvegarder nos ressources naturelles contre les trafics : Efficacité de l’application des lois et engagement des organisations de la société civile pour lutter contre les pratiques illégales : Mise en œuvre des stratégies de plaidoyer". En résumé, les lois existent mais leurs applications restent à désirer. Corruption, nombre d’effectifs des agents sur terrain, financement des activités, manque de prise de responsabilité,… minent leurs applications. Le 2eme forum du 30 juillet a permis aux représentants du Ministère de l’environnement, de l’écologie et des forets, Madagascar national Parks, WAVES, TSA, CI, WWF, TRAFFIC International, WCS de voir comment valoriser nos ressources naturelles pour devenir un vrai capital, une source de développement. Ainsi, les invités ont pu, le 3 aout dernier, expliquer aux téléspectateurs de MaTV l’importance de ces ressources naturelles tant convoitées par les trafiquants à travers le thème « Préservation de nos richesses naturelles : Comment le capital naturel peut devenir une opportunité économique? Impacts de l’exploitation et commerce illicite de nos ressources sur l’économie du pays. » Chacun de nous étant responsable de la gestion de nos ressources, de ces forums on s’attend à un débat large pour une prise de conscience de tous et une prise de responsabilité de chacun ! ZAPPING FACEBOOK DE CI MADAGASCAR : SOYONS EN LIGNE! A cette heure des réseaux sociaux, Conservation International a ouvert une page Facebook au https://www.facebook.com/cimadagascar. Une espace pour tous pour des discussions fructives, partages d’idées mais aussi pour connaitre et s’émerveiller des dons de la nature! COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LES ZONES HUMIDES: UNE PREMIÈRE À ANDRAIKIBA-ANTSIRABE Un colloque international consacré aux zones humides s’est tenu à Andraikiba Antsirabe du 19 au 22 Juin 2014, à l’initiative du CNRE (Centre National de la Recherche Environnementale), réunissant une centaine de participants de différentes institutions nationales et internationales. Le colloque s’est focalisé sur trois thèmes : (1) Biodiversité des écosystèmes des zones humides de Madagascar; (2) Gestion, conservation, restauration, télédétection des zones humides; (3) Valeurs économique et culturelle des zones humides. CI a focalisé ses interventions sur les deux premiers thèmes. MADAGASCAR REVIENT EN FORCE DANS LA REDD+ Un grand bravo a été adressé à la délégation malgache qui, en juillet, a ardemment défendu à Lima (Pérou) le Readiness Proposal Plan ou RPP de Madagascar et, en juin à Bonn, les idées précoces sur les futures activités REDD+ ou « Early Idea ». La mise en œuvre du R-PP a permis au pays de mettre les bases de la stratégie nationale REDD+. De ceci, Madagascar pourra bénéficier 3,8 millions de dollars du Fonds de Préparation du FCPF. Un fonds a été alloué au pays pour transformer ses idées précoces en un document intitulé ERPIN (Emission Reduction Project Idea Note) qui sera présenté à la prochaine réunion du Fonds Carbone du FCPF en octobre. Par ailleurs, l’ONU REDD a affiché son désir d’appuyer le pays par l’envoi d’une délégation qui a rencontré les parties prenantes malgaches à la suite de la demande d’appui envoyée par le gouvernement. Madagascar est bien avancé dans ce domaine. EVALUATION DU PGM-E/GIZ: POUR UNE NOUVELLE PHASE DE 2015 À 2017 L’atelier pour présenter les résultats de l’évaluation du Programme GermanoMalgache pour l’Environnement de la Coopération Allemande (PGM-E/GIZ) s’est tenu le 08 Mai 2014. L’évaluation couvre la période 2008-2014 et des recommandations ont été émises par les évaluateurs. Les résultats ont abouti à l’élaboration d’une proposition pour la continuation du programme (2015-2017). Ce programme intervient dans trois régions prioritaires : Diana, Boeny et Atsimo-Andrefana et dans d’autres sites pilotes. Le PGM-E/GIZ poursuivra ses activités en matière de protection de la biodiversité et de gestion décentralisée des ressources naturelles, ainsi que celles sur la filière bois-énergie, le renforcement de capacité, l’électrification rurale et la gouvernance du secteur minier artisanal. RÉSULTATS DES RECHERCHES MALGACHES : P4GES SOUTIENT LA PUBLICATION SCIENTIFIQUE EN ANGLAIS Le projet P4GES, par le biais de l’ESSA Forêts et CI, a organisé une formation en rédaction d’articles scientifique en anglais le 22 mai 2014. Plus d’une trentaine de chercheurs malgaches de diverses formations y ont participé. Les formateurs, Julia Jones, éditeur des journaux « Conservation Biology » et « Journal of Applied Ecology », et Deborah Bower, de l’Université de Newcastle, ont appris aux participants à choisir les revues ou journaux de publication. Aussi, comme la première étape est d’attirer et de convaincre l’éditeur, les jeunes chercheurs ont appris à rédiger un titre et un résumé. En guise de pratique, les participants ont revu des articles déjà publiés. La présence du docteur Lucienne Wilmé, éditeur du journal Madagascar Conservation & Development, a enrichi les échanges entre apprenants et enseignants. On espère que les résultats des recherches malgaches seront bientôt mieux connus du microcosme scientifique. PROJET MRPA : RESTITUTION DES RÉALISATIONS DE LA PREMIÈRE ANNÉE Un atelier de restitution des réalisations de la première année du Projet « Managed Resources Protected Areas » (MRPA) s’est tenu le mardi 25 Mars 2014. C’est un Projet du Ministère de l’Environnement, de l’Ecologie et des Forêts, financé par le GEF et le PNUD. Cinq nouvelles aires protégées appartenant à la catégorie V et VI sont financées à savoir Ampasindava Galoko, Ambohimirahavavy Marivorahona, Loky Manambato, Complexe Mahavavy-Kinkony et Menabe Antimena. L’atelier avait pour objectif de présenter la vision du projet et la structure de gestion et de gouvernance des Nouvelles Aires Protégées de catégories V et VI, de présenter les résultats de l’inventaire de référence pour chaque site, et enfin de présenter et discuter les manuels sur le Plan d’aménagement et de gestion (PAG) et celui sur le Plan de Gestion Environnementale et Sociale. CHYTRIDIOMYCOSE : ETUDE ET SUIVI POUR LA PROTECTION DES AMPHIBIENS DE MADAGASCAR Le champignon Batrachochytrium dendrobatidis (Bd) est une des principales causes du déclin des amphibiens dans le monde. L’article paru dans Songadina n°8 a mis à jour les risques dûs au champignon Chytride à Madagascar. La Cellule d’Urgence Chytride (CUC) a été mise en place en 2011 pour coordonner les actions. Depuis, un large échantillonnage coordonné par la CUC a été entrepris dans des sites incluant ceux où la présence de Chytride a été detectée pendant la saison sèche, Ankaratra, Antoetra, Ankarafantsika et Ranomafana. Jusqu'à présent, aucun signe de la maladie chytridiomycose, aucun cas de mortalité n’a été observé. Cependant, il est essentiel de déterminer le variant de Chytride présent à Madagascar et de continuer à surveiller les populations d'amphibiens sauvages. Par ailleurs, des recherches sur la défense naturelle des amphibiens à travers les bactéries symbiotiques cutanées ont été initiées. En laboratoire, ces microorganismes ont des capacités inhibitrices de la prolifération de Bd. Les tests sont prometteurs. La reproduction de cette bactérie symbiotique à une échelle sera le prochain défi. exploitable Une publication des recherches scientifiques est en cours de préparation. D’autres nouvelles concernant les activités de la CUC seront communiquées dans le journal de la Cellule (CUC-Madagascar) 1ER SALON DE LA RECHERCHE : FORTE AFFLUENCE AU STAND DE CI Les 3 et 4 juillet dernier, le 1er salon de la recherche a eu lieu à l’esplanade de l’Université d’Antananarivo, organisé par la Présidence de l’Université d’Antananarivo, le FIVMPAMA et le BIT. Le thème fut : « La recherche au service du Secteur Economique et de l'Emploi". Conservation International a participé activement à cet événement en mettant en exergue les nouvelles tendances en recherche dans le cadre de la préservation de l’environnement. Les étudiants des différentes filières furent très intéressés non seulement par les explications mais aussi par les livres et manuels scientifiques que CI a édités. CHIFFRES Les experts de l’IUCN ont ajouté 817 espèces appartenant à différentes catégories dans la liste rouge de biodiversité menacée sortie en juin dernier. Sur les 51 mammifères nouvellement inclus, 44 sont des lémuriens de Madagascar. Plus de 400 plantes ont allongé la liste. La nouvelle mise à jour estime que plus de 90% des lémuriens et 79% des orchidées sabots de Vénus des régions tempérées sont menacées d'extinction. Songadina 21 Avril-Juin 2014 5 NOS PARTENAIRES LA CONVENTION COMMUNAUTAIRE DE GESTION UNE APPROCHE AMÉLIORÉE : “Pactes de conservation ” et petites subventions "Node", deux approches initiées par CI pour appuyer les communautés locales de base, ont été combinées au cours de cette année. Progressivement, les partenaires-relais commencent à promouvoir simultanément des actions de conservation et des activités permettant d’améliorer la subsistance, à travers une seule approche appelée “Convention Communautaire de Gestion”(CCG). Grâce à cette nouvelle démarche, on répond mieux aux besoins des communautés. Les miniprojets appuyés touchent plusieurs domaines (activités alternatives agricoles génératrices de revenus, infrastructures communautaires, patrouille, reboisement et restauration). Cinquante-huit COBA mettent en œuvre des activités de conservation et bénéficient en contrepartie d’activités permettant d’améliorer leurs conditions de vie.. La plupart de ces COBA ont déjà réalisé des patrouilles grâce au Songadina 21 Avril-Juin 2014 6 volet "Pacte de conservation" et reçoivent un appui financier pour des activités génératrices de revenus et/ou des travaux d’amélioration d’infrastructures communautaires. Sept VOI mettent en pratique l’approche CCG et réalisent à la fois des activités de conservation et des activités permettant d’améliorer la subsistance des membres. Enrichissement des acquis En juin 2014, CI a organisé une assemblée des partenaires impliqués dans la conservation et les activités “livelihood”(de subsistance). Les partenaires dans les corridors COFAV et CAZ et les membres d’associations villageoises d’Ambodivahibe (Antsiranana) ont participé à cet atelier. Cette assemblée annuelle vise à : • permettre des échanges et le partage d’expériences en matière d’approche, de gestion administrative et financière, de renforcement/encadrement technique des organisations communautaires, etc. ; • tirer des leçons et capitaliser les acquis en matière de conservation et de bien-être humain ; • affiner la méthodologie de suivi et collecte de données/indicateurs et mettre en exergue l’imbrication du bien-être humain avec la (CGC); conservation • revoir et standardiser les outils tels que rapport et manuel de procédures; • discuter et réfléchir ensemble sur les pistes d’actions ou axe d’orientation conduisant vers la professionnalisation des filières. Durant cette assemblée, des acteurs issus de divers domaines spécialisés ont été invités pour partager leurs acquis. Parmi ces invités, AROPA – un projet rattaché au ministère de l’agriculture et financé par le FIDA – a expliqué sa démarche en matière de professionnalisation des organisations communautaires. De son côté, CARE a donné une séance d’information sur les mutuels d’épargnes et crédits communautaires (Village Savings Loan Association). L’atelier suscitait de fructueux échanges d’expériences et d’approche. Il permettait également de dégager les leçons tirées et renforcer l’application de la CCG. IN FOCUS LE RESEAU MIHARI ETAIT A SON SECOND FORUM « MIHARI », le réseau national des communautés locales gérant des zones marines, a tenu son second forum en avril 2014 à Antsiranana. L’approche Gestion Locale des aires marines ou LMMA (Locally Managed Marine Area) a été adoptée depuis une vingtaine d’années dans le monde et depuis dix ans à Madagascar. Une LMMA est une zone marine et/ou côtière identifiée et gérée par une ou plusieurs communautés réunies au sein d’une association officielle partageant le même objectif qui est de gérer des ressources côtières et marines en collaboration avec les autorités locales. La première aire protégée marine gérée par les communautés locales a été créée en 2004. Actuellement, les aires protégées marines couvrent une superficie totale de plus de 580.000 ha éparpillées dans cinq régions : Atsimo Andrefana, Melaky, Menabe, DIANA et Analanjirofo. Le principal objectif de la gestion rationnelle des ressources marines et côtières est d’améliorer le niveau de vie des communautés, sachant que la pêche constitue leur principale source de revenus. Cette approche couvre aujourd’hui une centaine de villages ayant une population de 50.000 personnes regroupées au sein de 36 communautés. Ces dernières, en tant que gestionnaires, devraient être beaucoup plus impliquées et responsabilisées. . Echanges fructueux Bien qu’il y ait eu croissance rapide et succès de ces initiatives, les efforts visant à l'échange d'information sur les pratiques LMMA entre les communautés et partenaires opérationnels ont été sporadiques et largement informels. Il s’agissait plutôt de voyages d'échanges communautaires et de réunions ponctuelles entre les partenaires. Néanmoins, ces échanges se sont révélés extrêmement efficaces, agissant souvent comme catalyseur pour la formation de nouvelles LMMAs. Ils permettaient aux participants de mettre en œuvre, après adaptation aux conditions locales, ce qu'ils ont appris sur terrain. Une initiative du groupe des ONGs œuvrant dans le domaine marin à Madagascar a permis d’organiser le 1er Forum des représentants des communautés gestionnaires des Aires Marines à Madagascar, à Andavadoaka en juin 2012. L’initiative avait pour but de renforcer la cohésion du réseau déjà en phase de formalisation. Les résultats ont été encourageants. Les échanges d’expériences et de savoir-faire entre les communautés ont été intenses. Le forum a accru la visibilité et l’ampleur des LMMA à Madagascar. Un réseau fort et plus visible Un second forum des communautés a été par la suite organisé à Ramena, Antsiranana, du 09 au 11 Avril 2014. L’objectif global a été de renforcer le réseau des LMMA à Madagascar et d’accroitre leur visibilité à toutes les échelles. La participation des représentants des autorités locales à ce 2e forum vise l'engagement réciproque de l’Etat et des communautés dans ce type de gestion. Cette grande rencontre a permis d’actualiser le niveau d’informations des autorités locales, régionales et nationales dans les efforts de gestion du milieu marin. La notion de partage fut la pièce maitresse de l’évènement. Les dinas, les réserves marines, les activités génératrices de revenus, l’autonomie financière, les responsabilités des associations communautaires, les avantages et bénéfices du réseau ont été les sujets de discussions. Malgré que le statut idéal pour gérer ces LMMAs n’ait pas été encore bien résolu, l’engagement des autorités a été constaté. La participation active des communautés de tout Madagascar a démontré l’intérêt de ces gestionnaires de LMMAs d’avancer encore plus dans leurs entreprises. Il s’est avéré indispensable de formaliser le réseau Mihari. Environ 150 participants regroupés dans 35 LMMAs venant des quatre coins de l’Ile (SudOuest, Menabe, Melaky, Analanjirofo, Nord-Est, NordOuest) ainsi que huit ONGs et institutions partenaires ont été présents pendant les trois jours du forum. Songadina 21 Avril-Juin 2014 7 EN SAVOIR PLUS INTÉGRATION DE L’APPROCHE BASÉE SUR LES DROITS HUMAINS DANS TOUT CE QUE CI ENTREPREND: POURQUOI ET COMMENT ? La mission de CI est claire : « aider la société pour faire de la conservation de la nature la fondation du développement ». Le but est d’améliorer le bien-être humain. CI aide à protéger le Capital Naturel tout en contribuant à asseoir une bonne gouvernance et une production durable, afin que les bénéfices offerts par la nature à l’homme soient accessibles, équitablement partagés et durables. Ceux-ci ne sauraient être obtenus sans le respect des Droits Humains. Ainsi, en établissant les liens entre la conservation de la biodiversité et les Droits Humains, CI peut assurer l’amélioration des conditions de vie des communautés dans un environnement sain et productif et dans la dignité de l’homme. L’intégration de cette Approche (« Right Based Approach ») dans tous les aspects des interventions de CI repose sur : - Le respect des conventions et accords internationaux sur les Droits Humains et la non réalisation d’actions qui pourraient aller à leur encontre - La promotion du bien-être humain à l’intérieur des programmes de conservation - La protection des vulnérables - La promotion de la bonne gouvernance - Le travail en partenariat et l’engagement des parties prenantes. Pour CI Madagascar, une étude a été menée afin d’analyser les activités réalisées et en cours par rapport aux principes ci-dessus énoncés, et de déterminer les axes permettant de réorienter ses stratégies pour une meilleure intégration de cette Approche basée sur les Droits Humains. https://sites.google.com/a/conser vation.org/rights-basedapproach/home Rédactrice en chef Hajasoa Raoeliarivelo Comité de rédaction Léon Rajaobelina Sahondra Rajoelina Michèle Andrianarisata Haingo Nirina Rajaofara Bruno Rajaspera A LA LOUPE: Luciano Andriamaro VAOFITENY LE PREMIER GLOSSAIRE EN MALGACHE SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE les efforts pour rendre compréhensibles aux Malgaches la réalité de la conservation, Conservation International a aussi produit des manuels en malgache parmi lesquels celui sur le changement climatique et le rôle des forêts. Révélé au public pour la première fois lors de la célébration de la journée mondiale de l’environnement en juin dernier, cet ouvrage est le résultat des efforts conjugués de l’Académie Malagasy et du GTCC. Le financement a été assuré par la Coopération allemande et le WWF. "Vaofiteny" comporte des entrées des mots clés en français avec leurs traductions en anglais suivis d’une courte explication en malgache. Cet outil tombe à pic dans un contexte où la sensibilisation sur la REDD+ va battre son plein avec le lancement du processus d’élaboration de la future stratégie nationale REDD+ de Madagascar. Rappelons que dans CALENDRIER: 25 au 31 octobre 2014, Madagascar : Festival mondial sur les Lémurs : slogan « Lemurs : heritage, friends but not … » (but not food) ou « Varika : harem-pirenena, namana fa tsy … » (fa tsy sakafo) 6 au 17 Octobre 2014, Pyeongchang, Corée : Convention sur la diversité biologique Novembre: 50e Anniversaire de la Liste Rouge de l’UICN 12 au 19 Novembre 2014, Sydney, Australie : Congres mondial sur les Parcs, IUCN 3 au 14 décembre 2014, Lima, Pérou : UNFCCC COP20 Mamy Ramparany Photographes Luciano Andriamaro Lovaharisoa Rakotomamonjy Jeremia Razafintsalama Hajasoa Raoeliarivelo Jeannicq Randrianarisoa Michèle Andrianarisata Yacinthe Razafimandimby Soloson Ramanahadray Johnson Rakotoniaina Russ Mittermeier Conservation International Maquette Conservation International Songadina est une publication de Conservation International Rue Vittori François SI VOUS CONNAISSEZ Villa Hajanirina, lot II W 27D Ankorahotra Antananarivo Madagascar Dans le cadre du Festival des Lemurs, si vous connaissez le nom de cette espèce, vous e-mail: pourrez gagner une montre Swatch Ivory. [email protected] Envoyez votre réponse à [email protected] [email protected] en mentionnant "Réponse au jeu Songadina 21". https://www.facebook. Aucune bonne réponse a été reçu au dernier com/cimadagascar jeu, la photo étant un Setifer setosus. Nous remercions tous ceux ayant participé et nous vous encourageons au nouveau jeu. Songadina 21 Avril-Juin 2014 8