REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - SUPPLÉMENT AU N°416 // 13
ANTICORPS ANTI-HBC
chez les patients ARN positifs (23,80 % contre 14,81 %
chez les négatifs (tableau II).
Parmi les 84 patients ARN-VHC positifs 63 % (53/84)
ont un marqueur d’une infection VHB. Leurs prols sont
compatibles avec une infection guérie (Ac anti HBc + Ac
anti-HBs) dans 37,7 % (20/53) et non guérie (Ac anti-HBc
isolés) dans 62,3 % (33/53). Parmi le reste de ces patients,
37 % avaient un prol de vaccination (anti-HBs isolés) ou
aucun marqueur sérologique VHB (tableau III).
Parmi le groupe témoin, 49 % ont un marqueur d’une
infection VHB. Leur prol est compatible avec une infection
guérie (Ac anti-HBc + Ac anti-HBs) dans 59 % (16/27) et
une infection VHB non guérie (Ac anti-HBc isolés) dans
40 % (11/27), un prol vaccinal et aucun marqueur du VHB
sont retrouvés dans 51 % des cas (tableau III).
La différence entre les fréquences des anti-HBc chez les
patients VHC positifs et les témoins (62 % contre 41 %)
est encore plus signicative lorsqu’on ne considère que les
patients ayant des marqueurs d’infection VHB (p = 0,001)
(tableau IV).
Parmi les sujets ayant un marqueur d’infection VHB, la
comparaison des prévalences des anticorps anti-HBs
montre une fréquence signicativement plus importante
des prols de guérison chez les témoins (59 % versus
37 %). Ces résultats montrent que l’infection VHC est
associée à une faible fréquence des anti-HBs chez les
patients (tableau IV).
5. Discussion
Le virus de l’hépatite C (VHC) et le virus de l’hépatite B
(VHB) sont deux virus hépatotropes responsables d’un taux
élevé de mortalité principalement dans les pays d’endé-
mie [1]. L’évolution de l’hépatite virale aiguë B et C se fait
vers une résolution spontanée dans une grande majorité
de cas, mais deux types de complications peuvent surve-
nir, en faisant toute la gravité. D’une part, l’évolution vers
une forme fulminante d’hépatite (moins de 1 % des cas
symptomatiques), d’autre part, l’incapacité du système
immunitaire à se débarrasser du virus, entraînant alors
pour les patients un passage à la chronicité avec le risque
d’évolution vers une cirrhose et une dégénérescence en
carcinome hépatocellulaire [2].
Les voies de transmission parentérale, sexuelle et péri-
natale sont communes aux deux virus [3, 4]. On estime à
près de 170 millions, le nombre d’individus infectés par
le VHC dans le monde, soit 2,2 % de la population du
globe [3]. La prévalence de séropositivité par le VHC aux
États-Unis est de 1,8 % dans la population générale ; en
Europe il existe un gradient nord-sud allant de 0,5% dans
les pays du nord, à près de 3 % dans les pays du pour-
tour méditerranéen [3]. Au Maroc, l’étude du laboratoire
d’immunologie de la faculté de médecine de Casablanca
a démontré que la séroprévalence des anticorps anti-VHC
au sein de la population générale varie entre 0,5 % chez
une population de militaires et 1,1 % chez les donneurs
de sang et les femmes enceintes. Des séroprévalences
plus élevées ont été retrouvées au sein de certains grou-
pes à risque [4].
La co-infection B et C est fréquente surtout dans les pays
de forte endémicité. Plusieurs études ont démontré une
prévalence élevée des marqueurs VHB chez les sujets
atteints d’hépatite virale C [5, 6]. Notre série retrouve des
marqueurs sérologiques du VHB (les anticorps anti-HBc
et anti-HBs) chez 63 % des sujets atteints d’une hépatite
virale C chronique versus 49 % chez les témoins.
Les anticorps anti-antigène core (anti HBc) sont les mar-
queurs les plus importants de l’infection par le VHB ; ils
sont présents dès le stade aigu de l’infection et persistent
en cas de rémission ou de passage à la chronicité. La
détection des anti-HBc seuls au cours d’une infection virale
chronique C n’est pas rare, leur prévalence est estimée
entre 20 et 50 % [7-9], ce qui concorde avec les résultats
retrouvés dans notre série. Cependant, la signication
des anti-HBc seuls au cours de l’infection virale C chro-
nique est controversée. Elle peut reéter des cas de faux
positifs, toutefois dans notre étude la conrmation de la
positivité des anti-HBc a été réalisée par une seconde
détection. D’autre part, les anti-HBc seuls peuvent se
rencontrer lors de la fenêtre sérologique entre la dispari-
tion de l’antigène HBs et l’apparition des anticorps anti-
HBs. Enn, cette situation peut représenter une infection
occulte B qui est dénie par la présence dans le sang ou
dans le foie de l’ADN du VHB en l’absence de l’antigène
HBs circulant. Elle est séropositive dans 20 des cas (anti-
HBc) et les concentrations de l’ADN circulant sont faibles
(< 10 000 copies mL). L’infection virale B occulte est fré-
quemment identiée chez les patients atteints d’hépa-
tite virale chronique C. En effet, 30 % des patients ayant
une hépatite chronique C active sont porteurs occultes
du virus B contre 14 % des patients ayant une maladie
hépatique chronique non liée au virus C [1]. L’absence de
détection des marqueurs du VHB dans l’infection occulte
est due à des réarrangements génomiques et à une forte
suppression de la réplication virale [10, 11].
Le portage occulte B pourrait agir comme un co-facteur de
progression de la brose et du carcinome hépatocellulaire
et comme un co-facteur de moindre réponse au traite-
ment antiviral [1, 12-15]. Par ailleurs, l’hépatite occulte B
séropositive avec surtout les anticorps anti-HBc seuls
positifs expose au risque de transmission du VHB par la
voie sanguine et lors de greffes hépatiques [12]. L’analyse
des résultats de notre étude a montré une forte circula-
tion du VHB chez les patients atteints d’une hépatite C
Tableau III – Répartition des marqueurs VHB et virémie VHC.
Marqueurs VHB Patients VHC + Témoins VHC - ij²p
AC anti-HBc isolés 33 (39 %) 11 (20 %) 7,02 0,008
Ac anti-HBc + Ac anti-HBs 20 (23 %) 16 (29 %) 1,71 0,191
Ac anti-HBs isolés +
aucun marqueur VHB 31 (37 %) 28 (51 %) 1,63 0,202
Tableau IV – Comparaison des marqueurs VHB
entre patients et témoins.
Marqueurs VHB Patients
N (%)
Témoins
N (%) P
Ac anti-HBc isolé 33 (63) 11 (41) 0,001
Ac anti-HBc + Ac anti-HBs 20 (37) 16 (59)
Total 53 (100) 27 (100)