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CLASSE DE 6e
Virgile écrivant l’Énéide, anonyme, début du IIIe siècle après J.-C.
Mosaïque, 140 x 140 cm, début du IIIe siècle après J.-C., musée national du Bardo à Tunis
(Tunisie)
05 :40 min
Période historique : Antiquité (IIIe siècle av. J.-C.)
Grand domaine artistique : Arts du visuel
Thématique : Arts, créations, cultures
I – Contexte
Une mosaïque romaine de Tunisie 00 : 08 min
Cette mosaïque a été découverte en 1896 sur le site d’Hadrumète. Cette ville portuaire
proche de Carthage s’appelle aujourd’hui Sousse. La mosaïque est actuellement conservée
au musée national du Bardo à Tunis. Réalisé par un artiste inconnu au début du IIIe siècle
après J.-C., ce pavement ornait le sol d’une riche maison romaine. Le personnage central
est un homme à la peau plus foncée que celle des deux femmes qui l’entourent et il porte
des babouches : on peut penser qu’il s’agit d’un Romain d’Afrique, peut-être le propriétaire.
Le décor d’une riche villa 00 : 43 min
Seuls les Romains très riches avaient les moyens d’embellir leurs demeures avec de
somptueuses mosaïques. Certaines d’entre elles, en verre coloré, ornaient les murs.
D’autres, en pierre, servaient de pavement aux pièces de réception. Les visiteurs pouvaient
y admirer des motifs géométriques, des animaux ou encore des scènes familières ou
mythologiques.
L’art de la mosaïque 01 : 06 min
La mosaïque est un art qui consiste à assembler des petits cubes de pierre, de couleurs
différentes, pour former des motifs décoratifs ou des figures. Ces petits dés, appelés
« tesselles », sont fixés à l’aide d’un mastic ou de ciment. Très appréciée par les Grecs, la
mosaïque est adoptée par les Romains. Elle continue à être utilisée tout au long du Moyen
Âge, notamment en Orient, et, de nos jours, on l’emploie encore quelquefois.
II – Analyse de l’œuvre
Une composition solennelle 01 : 33 min
Plusieurs éléments donnent à cette mosaïque une grande stabilité. Son format carré et sa
taille – 1,40 mètre de côté – l’imposent au regard de celui qui est accueilli dans la riche
demeure. Face à lui, sur un fond uniformément jaune d’or, se détachent trois personnages.
Un homme est assis, au milieu. Deux figures féminines debout l’encadrent symétriquement.
Placée au centre d’un pavement, dans une pièce de réception, cette mosaïque solennelle
devait certainement impressionner le visiteur.
Le personnage central 02 : 05 min
L’homme est assis sur un siège à dossier. Il est vêtu d’une toge, ce qui indique qu’il est
citoyen romain. Dans sa main droite, il tient un calame, c’est-à-dire un roseau taillé en pointe
dont on se sert pour écrire. Un parchemin est posé sur ses genoux. On peut y lire, en latin, le
vers 8 du Chant I de l’Énéide dans lequel le poète Virgile demande à une Muse de l’aider à
se souvenir du récit qu’il commence à raconter : Muse rappelle-moi les causes… En
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s’appuyant sur cet indice, des archéologues et des historiens pensent que le personnage
représenté peut être Virgile lui-même.
La figure de droite 02 : 41 min
Le poète est entouré de deux Muses richement vêtues à la mode grecque ; elles semblent
inspirer son récit. Les Muses sont filles de Zeus et de Mnémosyne, la déesse de la mémoire,
et chacune a ses propres attributs. À droite, Melpomène est la muse du chant et de la
tragédie. Son attitude est pensive et grave. On la reconnaît au masque de tragédien qu’elle
tient dans sa main gauche et aux cothurnes dont elle est chaussée. Ces chaussures étaient
portées sur scène par les acteurs de tragédies.
La figure de gauche 03 : 12 min
La figure de gauche est un peu plus difficile à identifier. Le rouleau de parchemin qu’elle tient
entre ses mains et qu’elle est en train de lire peut être aussi bien l’attribut de Calliope, la
Muse de la poésie épique et de l’éloquence, que celui de Clio, la Muse de l’Histoire. En effet,
l’Énéide, en faisant du Troyen Énée l’ancêtre mythique de Rome, donne à l’empire romain
une histoire illustre et une origine divine. Quoi qu’il en soit, il s’agit avant tout, pour le
commanditaire de cette mosaïque, de montrer son appartenance à la culture romaine et sa
grande admiration pour le poète Virgile.
III – Portée de l’œuvre
La romanisation de l’Afrique 03 : 46 min
Cette mosaïque montre la place très importante que tiennent la lecture et l’écriture dans le
monde romain. En effet, dans tout l’empire, la langue latine est parlée et lue par les élites.
Même très loin de Rome, en Afrique, les grands textes de la littérature et notamment ceux du
plus célèbre des poètes latins, Virgile, sont étudiés et appréciés par les hommes cultivés. Le
partage d’une culture commune et la romanisation profonde des provinces éloignées de la
capitale permettent l’unité de l’empire.
L’Énéide, une œuvre majeure 04 : 16 min
En rédigeant l’Énéide, Virgile répond à une demande d’Auguste : faire l’apologie de
l’empereur et célébrer les valeurs romaines. Le poète s’inspire de l’Odyssée d’Homère.
Comme Ulysse, le Troyen Énée sillonne la Méditerranée et subit de nombreuses épreuves
dans lesquelles il montre ses qualités héroïques. À la fin de son périple, il livre des batailles
et fonde Rome. Le succès de l’Énéide fut immense et durable. L’œuvre était étudiée par tout
écolier latin et elle continua à être lue bien après la chute de Rome comme en témoignent
cette mosaïque et d’innombrables images au cours des siècles.
L’Énéide et l’Afrique 04 : 53 min
Une aventure fameuse de l’Énéide se passe en Afrique : Énée et Didon, la reine mythique de
Carthage, vivent une grande passion amoureuse. Mais Énée quitte Didon pour être fidèle à
la mission que lui ont confiée les dieux : continuer son errance et aller fonder Rome. Didon,
désespérée, se suicide. Cet épisode est une allusion à la destruction de Carthage par les
Romains en 149 avant J.-C. En choisissant le thème de l’Énéide pour sa mosaïque, le
Romain d’Afrique qui vit près de Carthage, quatre siècles plus tard, marque son attachement
à Rome mais il évoque aussi le sort réservé à la cité vaincue.
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