Question 26 - WordPress.com

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Question 26 : Virgile, l’Enéide, vers 150-171 :
Après qu’il fût venu dans les hautes montagnes et dans les lieux sauvages
inaccessibles, tout à coup des bêtes sauvages et des bouquetins, s’étant jetés d’un
rocher à un autre, descendent la crête. De l’autre côté, les cerfs traversent à la course
les plaines découvertes et dans leur fuite forment des troupeaux (en) soulevant de la
poussière et délaissent les montagnes. Et le jeune Ascagne, au milieu de la vallée,
jubile/se réjouit sur un cheval impétueux, et déjà il dépasse ceux-ci (=animaux) à la
course, puis ceux-là, et il souhaite par des vœux qu’on lui donne un sanglier écumant de
rage parmi ces troupeaux paisibles ou/et qu’un lion roux descende de la montagne.
Pendant ce temps, le ciel commence à se troubler dans un grondement imposant ; alors
un nuage mêlé de grêle suit ; et la jeunesse de Troie et les notables de Tyres et Ascagne
(le fils Dardanien de Vénus) se sont mis à chercher en tous sens à travers les champs
des abris divers, poussés par la peur ; des fleuves dévalent les montagnes. Didon et le
chef Troyen (=Enée) descendent/se réfugient dans la même grotte. D’abord la Terre et
Junon ensuite, qui réside aux noces, donnent le signal : les feux des éclairs et le ciel,
confident des noces, éclairent et les nymphes poussèrent des cris des hauts des
montagnes. Le premier jour fût la cause de la mort et des maux.
Contexte :
L’Enéide est une épopée de Virgile, composée en hexamètres dactyliques. De même
que l’Iliade et l’Odyssée — dont l’Énéide s'inspire largement —, l’ouvrage a suscité
l’admiration de générations de lettrés de l’Antiquité jusqu’à nos jours et fut une source
d’inspiration récurrente pour les artistes et les poètes.
L’Énéide est le récit des épreuves du Troyen Énée, ancêtre mythique du peuple romain,
fils d’Anchise et de la déesse Vénus, depuis la prise de Troie, jusqu’à son installation
dans le Latium en Hespérie. Le poème, écrit entre 29 et 19 av. J.-C., contient à la mort
de Virgile environ 10 000 vers et se divise en douze chants. La légende qui fait
venir Énée en Italie remonte au Ve siècle av. J.-C.
Didon se laisse persuader par sa sœur Anne de céder à ses sentiments pour Énée,
malgré le vœu fait par la reine de renoncer à l'amour pour rester fidèle à son mari, tué
par son frère Pygmalion.
Seulement, peu de temps après, la rumeur de la liaison entre les deux amants court
dans les rues de Carthage. Larbas, le prétendant de Didon, s’adresse à Jupiter dans un
moment de colère et lui reproche la présente situation. Ce dernier envoie
alors Mercure à la rencontre d’Énée, lui rappelant que le but de son voyage était l’Italie.
Didon, se rendant compte qu’Énée se prépare à partir, use de tous les subterfuges pour
le retenir auprès d’elle. Sourd aux imprécations de Didon, Énée repart pendant la nuit
avec ses compagnons vers le destin qui lui a été assigné. À son réveil Didon s'aperçoit
de la disparition d'Énée et décide de se donner la mort.
Le chant se termine par un passage pathétique : Didon maudit Énée et se suicide en se
jetant dans les flammes après s’être transpercée par l'épée que lui avait offerte Enée.
Mais, au royaume des morts, Énée reconnaît Didon qui, elle, au contraire l'ignore, car
elle a retrouvé son époux à qui elle avait promis fidélité éternelle. Junon met fin à la
douleur de Didon par la mort.
L'objectif de Virgile, comme le lui avait demandé Auguste, était de promouvoir les valeurs
romaines — travail de la terre (labor), respect des aïeux, des dieux et de la patrie
(pietas), courage (virtus), sobriété (frugalitas) — et d'influencer les Grecs en fondant son
récit sur ceux d'Homère. On peut donc voir l’Enéide comme une œuvre de propagande,
cet ouvrage regorgeant de passages faisant l'apologie de l'empereur Auguste. En
particulier, ce texte, racontant les aventures d'Énée, vante les exploits de la gens Julia, la
famille de Jules César, dont le nom se rattachait à Iule, fils d'Énée (le I et le J sont
indifférenciés en latin). Or, Auguste se réclamait de cette famille, en tant que fils adoptif
et petit-neveu de César.
En effet, l'époque d'Auguste (Ier siècle av. J.-C.) est souvent appelée le nouvel âge d'or
ou encore le siècle d'or, en raison de la prospérité économique et de la paix civile que
connaît Rome après un siècle de déchirements intérieurs. Auguste veut alors restaurer
les valeurs du mos majorum, aidé d'intellectuels tels que Virgile ou Tite-Live.
Offrir à Rome une épopée nationale capable de rivaliser en prestige avec l'Iliade et
l’Odyssée, tel est le premier défi que Virgile avait à relever en entreprenant l’Énéide au
cours des 11 dernières années de sa vie. Mission réussie, puisque, l’œuvre à peine
publiée, son auteur fut communément salué comme un alter Homerus, le seul capable
de disputer àHomère sa prééminence au Parnasse.
Virgile ne cache d’ailleurs nullement son ambition. Au niveau architectural le plus visible
(car l’Enéide fait jouer simultanément plusieurs « géométries »), le poème se compose
d’une Odyssée (chants I à VI : les errances d’Énée, rescapé de Troie, pour atteindre
le Lavinium) suivie d’une Iliade (chants VII à XII : la guerre menée par Énée pour s’établir
au Lavinium)15.
Mais l’émulation avec Homère se manifeste surtout par le nombre considérable des
imitations textuelles, dont les critiques s’employèrent très tôt à dresser la liste, cela
quelquefois dans une intention maligne, et pour accuser Virgile de plagiat. À quoi celui-ci
répliquait qu’il était plus facile de dérober sa massue à Hercule que d’emprunter un vers
à Homère. Et de fait, loin d'être servile ou arbitraire, l’imitation virgilienne obéit toujours à
une intention précise et poursuit un projet qu’il appartient au lecteur de découvrir à
travers l’écart, parfois minime, qui la sépare de son modèle - Homère ou l’un des
nombreux autres écrivains, tant grecs que latins, auxquels Virgile se mesure tout en leur
rendant hommage. Ce jeu intertextuel presque illimité n’est pas la moindre source de la
fascination qu’exerça toujours l’Énéide sur les lettrés.
Le second défi consistait à filtrer l’actualité de Rome à travers le prisme de la légende.
Deux fils s’entrelacent constamment pour former la trame de l’Énéide, celui des
origines troyennes de Rome et celui de la Rome augustéenne. Plus d’un millénaire
sépare ces deux fils. Pour franchir un tel abîme temporel, et annuler en quelque sorte le
temps, le poète, outre l’usage systématique qu’il fait de l’allégorie, ne s’interdit pas de
recourir éventuellement à la prophétie, et peut même, au beau centre de l’œuvre,
descendre jusqu’aux enfers afin d’en ramener une vision panoramique, sub specie
aeternitatis, de la grandeur romaine vue comme devant encore advenir.
Il fallait montrer comment, à partir de presque rien, Rome s’était élevée jusqu’à l’empire
du monde. Il fallait faire ressortir le dessein providentiel qui avait présidé à cette
irrésistible ascension. Surtout, il fallait montrer comment, à travers la personne sacrée
d’Auguste, l’Histoire venait trouver son achèvement et son couronnement dans une paix
et un bonheur universels. C’est du moins ce qu’Auguste attendait, ou plutôt ce qu’il
exigeait de lui.
Vie de Virgile :
Virgile (né vers le 15 octobre 70 av. J.-C. à Andes, dans l'actuelle Lombardie et mort
le 21 septembre 19 av. J.-C. à Brindes), est un poète latin contemporain de la fin de
la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.
Vocabulaire :
Invius, a, um : inaccessible, inabordable
Lustrum, i, n : lieux sauvages
Ecce (adv) : tout à coup
Fera, ae, f : bête sauvage
Glomero, as, are : se rassembler, se
réunir
Pulvelurentus, a, um : couvert de
poussière
Preatero, is, ire : dépasser
Spumans, tis : écumant
Aper, pri, m : sanglier
Fulvus, a, um : roux, fauve
Misceo, es, ere : mélanger, troubler
Nepos, tis, m : petit-fils
Ruo, is, ere : se précipiter, se ruer
Amnis, is, m : fleuve
Spelunca, ae, f : grotte, caverne
Devenio, is, ire : descendre
Pronubus, a, um : nuptial
Fulgeo, es, ere : éclairer
Conubium, ii, n : mariage, union
Ululo, as, are : hurler
Letum, i, n : mort, ruine, destruction
Jugis : la crête
Campus, i, m : plaine
Grando, inis, f : la grêle
Passim : en tous sens
Conscius, a, um : ayant la connaissance
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