ÉVÈNEMENT
2Santé-MAG N°14 - Janvier 2013
En Algérie, un quart de la
population hypertendue n’est pas
équilibrée; ce qui l’expose aux
mêmes complications que les
sujets hypertendus, non traités
Santé mag: Comment définir la pres-
sion artérielle et l’hypertension arté-
rielle?
Pr D. Nibouche: La pression artérielle,
improprement appelée tension arté-
rielle, correspond à la pression que le
sang exerce sur la paroi des artères.
Elle s’exprime en mm de mercure
(mmHg). Avant, elle s’exprimait en cm
de mercure (cmHg) et comporte deux
chiffres: par exemple 120/70 mmHg ou
13/8 cmHg. Le premier (120) corres-
pond à la pression artérielle systolique
(PAS) ou maximale, le second (70) à
la pression diastolique (PAD) ou mini-
male.
L’hypertension artérielle est une aug-
mentation de la pression artérielle
systolique 140 mmHg et/ou diastolique
90 mmHg, mesurée au cabinet de
consultation, par un appareil de me-
sure validé, anéroïde ou électronique.
Est-elle une pathologie fréquente, en
Algérie?
L’hypertension artérielle est la mala-
die la plus fréquente, en Algérie et
dans le monde. Selon le dernier rap-
port de l’OMS, publié en 2011, dans le
monde, près de 8 millions de décès,
par an; soit 13% des décès annuels,
sont liés aux complications de l’hyper-
tension artérielle. En Algérie, 30 %
des adultes, environ, en sont atteints.
La prévalence au sud algérien est très
élevée, atteignant, par endroit, 60%.
Des études devront se pencher sur ce
problème, pour élucider la cause (ori-
gine génétique, environnementale…?)
Y a-t-ils des facteurs favorisant lappa-
rition d’une hypertension artérielle?
L’hypertension artérielle est, dans la
majorité des cas (95%), dite «essen-
tielle»; c'est-à-dire n’ayant aucune
cause apparente. Elle est, dans ce cas,
le plus souvent, familiale, donc géné-
tique ou héréditaire.
Elle peut être d’origine iatrogène, se-
condaire à la prise d’un médicament
(vasoconstricteur, contraceptifs oraux,
corticoïdes, anti-inflammatoires non
stéroïdiens, alcool) ou à l’abus de la
consommation de réglisse. D’autre
part, beaucoup d’auteurs ont mis en
évidence une consommation excessive
de sel, à l’origine de l’hypertension
artérielle. C’est probablement le cas,
chez nous, concernant les populations
exposées à une eau potable salée (sud
algérien).
L’hypertension artérielle peut être se-
condaire à des causes organiques:
Tumeurs de la surrénale (syndrome
de Conn);
Sténose de l’artère rénale;
Coarctation de l’aorte;
Phéochromocytome;
Affections néphro-urologiques;
Environ 30% de la population algérienne est hypertendue. Dans le sud du pays,
on constate une prévalence très élevée atteignant, par endroit, 60%. Toutes
les explications autour de cette pathologie, à savoir: les causes, comment la
diagnostiquer, les moyens préventifs et curatifs, l’hypertension artérielle chez
l’enfant, hypertension artérielle chez la femme enceinte, sont présentées par
le Pr Djamaleddine Nibouche. Le spécialiste, qui a été l’investigateur principal
d’une première et très grande étude, réalisée en 2007, sur 2425 patients, dans les
différentes régions d’Algérie, «la prévalence de latteinte de la cible tensionnelle,
chez l’hypertendu algérien(PACT)», nous donne les résultats de cette recherche.
Entretien réalisé par Tanina Ait
Pr. Djamaleddine Nibouche * à Santé Mag
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Santé-MAG
N°14 - Janvier 2013
Certaines maladies de système.
L’hypertension artérielle peut-être,
aussi, favorisée par l’obésité, le tabac,
le diabète…qui représentent des fac-
teurs de risque supplémentaires.
Quels sont les symptômes de cette pa-
thologie?
Le plus souvent, l’hypertension arté-
rielle ne se manifeste par aucun symp-
tôme. C’est une maladie silencieuse,
découverte, soit de façon fortuite, lors
d’une consultation (médecin traitant,
médecin du travail…), soit à l’occasion
d’une complication. C’est là, donc, la
gravité de cette affection, souvent mé-
connue. L’intérêt du dépistage est fon-
damental (prise régulière de sa pres-
sion artérielle).
Rarement, l’hypertension artérielle se
révèle par la perception de bourdon-
nements d’oreilles, de maux de tête
(céphalées), par l’impression de voir
des mouches volantes ou un brouillard
devant les yeux. Quelquefois, cette af-
fection se manifeste par une épistaxis
(saignement de nez).
Malheureusement, certaines compli-
cations peuvent survenir en révélant,
quelquefois, la maladie. Ces compli-
cations peuvent être fatales, comme
l’accident vasculaire cérébral isché-
mique ou hémorragique, l’infarctus
du myocarde, l’insuffisance rénale, la
dissection de l’aorte.
Quelle est la méthode actuelle pour
diagnostiquer une hypertension arté-
rielle?
La pression artérielle doit être prise
par un appareil homologué (automa-
tique ou manuel), aux 2 bras, la pre-
mière fois, en position couchée ou
assise, comme le recommande l’OMS.
Un repos de 5 minutes est nécessaire
avant la prise. Le bras doit être entiè-
rement nu, tout vêtement constricteur
doit être enlevé. La manie d’examiner
les patients, en Algérie, habillés, est à
bannir. La prise doit se faire loin d’un
repas (2 heures) et de la prise d’une
cigarette (une heure). Elle doit être
évitée, lorsque la personne est en
état d’anxiété ou contrariée. Elle doit
être confirmée au cours d'au moins
trois consultations différentes (deux
mesures à chaque consultation au
cours d'une période de 3 à 6 mois) si,
toutefois, la gravité de l'hypertension
artérielle ne justifie pas un traitement
immédiat.
S’il existe plus de 20 mm Hg d’écart
sur la pression artérielle systolique et/
ou 10 mm Hg au niveau d’un bras, il y
a une anisotension. Auquel cas, il faut
rechercher une sténose des artères du
bras où la tension artérielle basse. La
pression à considérer est évidemment
la plus élevée.
La recherche d’une hypotension or-
thostatique, en particulier chez le
sujet âgé et le patient diabétique, est
conseillée. Il s’agit d’une chute de la
PAS de plus de 20 mm Hg et/ou de plus
de 10 mm Hg sur la PAD, lors du pas-
sage en position debout.
La pression artérielle de consultation
est la pression artérielle que prend le
médecin, au niveau du cabinet médi-
cal. Sa valeur ne peut dépasser
la valeur limite de 140/90 mm de
mercure.
La pression artérielle à domi-
cile est la pression artérielle
que prend le malade en «auto-
mesure», à l’aide d’un appa-
reil électronique automatique,
au niveau de son domicile. Le
patient prend sa pression arté-
rielle, au niveau de son domicile,
sans la présence d’une tierce per-
sonne, en position assise; trois me-
sures, le matin au lever, trois mesures,
le soir avant le coucher, trois jours de
suite (règle des 3). Les mesures sont
espacées d’une à quelques minutes
(recommandations 2011 de la Société
française d’hypertension artérielle).
Sa valeur ne peut dépasser la valeur
limite de 135/85 mm de mercure (va-
leur moyenne calculée sur la pression
systolique et diastolique).
La mesure ambulatoire de la pres-
sion artérielle (MAPA) est la courbe de
pression artérielle enregistrée durant
les 24 heures, à l’aide d’un appareil en-
registreur qu’on place chez le patient.
MAPA éveil = 135/85 mmHg;
MAPA sommeil = 120/70 mmHg;
MAPA 24 h = 130/80 mmHg.
Pour faire le diagnostic d’hypertension
artérielle, les sociétés savantes re-
commandent, aujourd’hui, de prendre
la tension artérielle en consultation
et à domicile. La raison invoquée, est
qu’on s’est aperçu qu’il existe une si-
tuation où la pression artérielle peut
être normale à domicile et élevée en
consultation (hypertension artérielle
dite «blouse blanche» ou de «consul-
tation». L’inverse est tout à fait vrai.
C'est-à-dire la pression artérielle est
normale chez le médecin mais élevée
à domicile: on parle, alors d’hyperten-
sion artérielle cachée. Cette hyperten-
sion artérielle cachée est très dange-
reuse, car si on ne prend pas la tension
artérielle à domicile, on ne s’aperce-
vra jamais qu’on est hypertendu et on
s’exposera, ainsi, à de graves compli-
cations.
Qu’elle pression doit-on prendre à do-
micile? Lauto-mesure ou la MAPA?
La société française d’hypertension
artérielle (SFHTA) préconise l’auto-
mesure, en premier lieu.
La société anglaise d’hypertension
artérielle (NICE) préconise la MAPA en
premier lieu.
Quels
sont les appareils de mesure les plus
fiables?
La mesure de référence est celle
réalisée à l’aide d’un appareil de me-
sure appelé «sphingomanomètre à
mercure», mais le mercure est très
toxique pour l’organisme, ce qui a
obligé les organismes internationaux
à supprimer tous les appareils conte-
nant ce métal. L’appareil «anéroïde»
ou manomètre à aiguille est le plus
utilisé, il est fiable mais très fragile.
Il tend à être remplacé par l’appareil
électronique, qui se généralise.
La mesure à l’aide de l’appareil élec-
tronique, étant une mesure oscil-
lométrique, nécessite un matériel
homologué. La liste des appareils
homologués peut être consultée sur
internet. En cas d’auto-mesure, seul
l’appareil automatique électronique
est autorisé.
D’autre part, le brassard doit être
adapté au bras. On peut, ainsi, suresti-
mer la tension artérielle chez les per-
sonnes obèses si on utilise un bras-
sard standard. L’inverse est vrai. Nous
devons donc avoir un jeu complet de
brassards (standard, pour obèses,
pour enfants, pour nouveau-nés et
enfants).
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4Santé-MAG N°14 - Janvier 2013
Enfin, la vérification régulière du ma-
tériel est indispensable, car l’étalon-
nage est rarement fait, régulièrement,
auprès du constructeur. Avec, pour
conséquence éventuelle, une mécon-
naissance de l’hypertension artérielle
ou une alerte infondée.
Comment prévenir l’hypertension arté-
rielle?
La prévention consiste à agir sur les
facteurs que l’on peut modifier, c’est-
à-dire l’hygiène de vie: manger plus
équilibré, limiter sa consommation de
sel, de matières grasses et d’alcool,
pratiquer une activité physique régu-
lière, contrôler son poids, arrêter le
tabac.
Ces bonnes habitudes sont primor-
diales chez ceux qui ont une prédis-
position génétique à l’hypertension;
c’est-à-dire les personnes dont le père
et/ou la mère ont une hypertension
artérielle, surtout si elle est apparue
avant l’âge de 50 ans.
Vous êtes lauteur d’une très grande
étude sur "l’hypertension artérielle,
chez les algériens". Pouvez-vous nous
dire de quoi relèvent vos recherches et
quels en sont les résultats?
J’ai été l’investigateur principal d’une
très grande étude qui est l’étude PACT
(prévalence de l’atteinte de la cible ten-
sionnelle, chez l’hypertendu algérien).
Cette étude, la première en Algérie, a
été réalisée en 2007, sur 2425 patients,
répartis dans les différentes régions
d’Algérie. Le but a été de déterminer le
pourcentage de patients traités n’ayant
pas atteint la cible tensionnelle, c'est-
à-dire le niveau de leur équilibre (non
équilibrés). Ce chiffre a été de 23,5%.
En Algérie, un quart, donc, de la popu-
lation hypertendue n’est pas équili-
brée; ce qui l’expose aux mêmes com-
plications que les sujets hypertendus
non traités. Les causes sont multiples:
mauvaise observance du traitement,
traitement mal adapté, traitement
insuffisant, comorbidités associées…
Cet état de fait explique en partie la
persistance d’une haute prévalence
des complications cardiovasculaires
en Algérie liées à l’hypertension arté-
rielle. Ce problème est certes mon-
dial, mais les pays avancés ont mis
une nouvelle stratégie de contrôle du
sujet hypertendu en axant les objec-
tifs sur l’observance du malade, sur la
lutte contre l’inertie médicale (incapa-
cité du médecin à changer ou à amé-
liorer le traitement non efficace), sur
l’éducation du patient. C’est ainsi que
les états unis sont arrivés à un taux
d’équilibre tensionnel satisfaisant de
l’ordre de 70%. Une autre étude simi-
laire à l’étude PACT est envisagée, en
vue d’évaluer l’évolution de la théra-
peutique anti-hypertensive, en Algérie
(augmentation du nombre de patients
équilibrés?).
L’hypertension artérielle peut-elle
exister chez l’enfant?
Chez l'enfant, l'hypertension artérielle
est, le plus souvent secondaire à une
cause précise, que le médecin doit
identifier, pour assurer le traitement
le mieux adapté. La mesure systé-
matique de la pression artérielle, au
cours de l'examen clinique, a montré
que l'hypertension artérielle modérée
était plus fréquente que ce que l'on
supposait, en particulier chez l'ado-
lescent. Ce phénomène s’explique
aussi bien par la fréquence croissante
du surpoids (obésité) que par la vigi-
lance renforcée, par rapport à l’hyper-
tension de l’enfant. Un diagnostic et un
traitement précoces de l’hypertension
artérielle, chez l’enfant, sont essen-
tiels. Il est recommandé de mesurer la
tension artérielle, régulièrement, lors
de chaque consultation médicale, chez
tous les enfants à partir de trois ans.
En pratique, on peut retenir les chiffres
suivants:
Avant 1 an: 80/50
De 1 à 2 ans: 90/60
De 2 à 4 ans: 100/65
De 4 à 5 ans: 90/60
De 5 à 10 ans: 100/60
De 10 à 14 ans: 110/60
Chez les enfants, avant la puberté,
l’hypertension artérielle est, générale-
ment, secondaire à une autre maladie
(hypertension secondaire). Il s’agit, le
plus souvent, d’une maladie rénale.
Les cardiopathies (sténose aortique,
coarctation de l’aorte) ou les troubles
hormonaux (thyroïde, glande surré-
nale) sont des causes, rares, d’hyper-
tension artérielle.
Quelle est la cause de l’hypertension
artérielle au cours de la grossesse?
L’hypertension artérielle, pendant la
grossesse, est définie par une pres-
sion artérielle systolique > 140 mmHg
ou une pression artérielle diastolique
> 90 mmHg. (2 mesures espacées de
6 heures).
Il existe deux situations où la pression
artérielle s’élève, au cours de la gros-
sesse:
- L’hypertension artérielle, préexis-
tante avant la grossesse et l’hyperten-
sion artérielle gravidique.
- Hypertension artérielle préexistante
à la grossesse.
On parle d’hypertension artérielle,
préexistante à la grossesse, si elle est
diagnostiquée avant 20 semaines de
grossesse, ou diagnostiquée, rétros-
pectivement, lorsque l’hypertension
artérielle ne se normalise pas, dans
un délai de 12 semaines après l'accou-
chement.
Selon la Haute autorité de santé fran-
çaise, les femmes enceintes, présen-
tant une hypertension artérielle pré-
existante bien contrôlée et en l’absence
de signes de pré éclampsie, peuvent
accoucher dans tout type de mater-
nité, sous réserve d'une surveillance
(clinique, biologique, échographique)
maternelle et fœtale, adaptée à l'évo-
lution. Les femmes enceintes présen-
tant une hypertension artérielle mal
équilibrée, ou compliquée, doivent être
prises en charge dans une maternité,
en lien avec un spécialiste de la prise
en charge de l’hypertension (néphro-
logue, cardiologue).
ÉVÈNEMENT
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Santé-MAG
N°14 - Janvier 2013
Hypertension artérielle gravidique:
On parle d'hypertension artérielle gra-
vidique quand une hypertension arté-
rielle apparaît à partir de 20 semaines
de grossesse. Cette hypertension arté-
rielle est due à la grossesse. Elle dis-
paraîtra après la grossesse.
L’hypertension artérielle gravidique
est due à une insuffisance vasculaire
placentaire: le placenta assure mal sa
fonction d'échange entre la mère et le
fœtus.
L’hypertension artérielle au cours de la
grossesse représente-elle un risque,
pour la mère et l’enfant?
Elle peut avoir des conséquences
graves sur la mère et sur le fœtus, si
elle n'est pas traitée:
pour le fœtus, l'insuffisance de la
fonction placentaire provoque une
diminution de l'apport sanguin à son
niveau. Elle peut entraîner un retard
de croissance in utero, plus ou moins
important et pouvant aller jusqu'à la
mort in utero;
pour la mère, une HTA peut entraî-
ner la formation d'un hématome rétro-
placentaire, avec un risque de fausse
couche, des troubles de la coagulation
sanguine, une insuffisance rénale ai-
guë et une atteinte cérébrale, avec des
convulsions.
Que doit-on faire lorsque l’hypertension
artérielle apparaît au cours de la gros-
sesse?
La surveillance de la tension artérielle
tout au long de la grossesse est très
importante.
Si une hypertension artérielle gravi-
dique apparaît, la tension sera prise
plus souvent, la recherche de protéines
dans les urines se fera régulièrement,
des examens cliniques et des écho-
graphies fœtales seront faites réguliè-
rement, pour surveiller la croissance
du fœtus et son rythme cardiaque. Il
est important, aussi, que la mère sur-
veille la fréquence des mouvements du
fœtus. Le traitement est difficile parce
que les médicaments antihyperten-
seurs ne doivent pas diminuer le débit
sanguin utérin. Pour autant, la mère
doit retrouver une tension artérielle la
plus proche de la normale.
Si l'hypertension artérielle gravidique
s’aggrave, par l'apparition d'une pro-
téinurie (présence de protéines dans
les urines), d'œdèmes et d'une prise
de poids brutale, on parle de «pré-
éclampsie» ou anciennement appelée
«toxémie gravidique».
En effet, il existe, alors, un risque
d'éclampsie et le pronostic vital de la
mère est en jeu. C'est une urgence
obstétricale où la mère doit être hos-
pitalisée. La présence de signes d'at-
teinte neurologique avec une somno-
lence, ou cardiaques avec des troubles
respiratoires est un élément de gravité
de l'hypertension artérielle gravidique.
La pré éclampsie est l’association
d’une hypertension artérielle (pres-
sion artérielle systolique > 140 mmHg
et pression artérielle diastolique > 90
mmHg) à une protéinurie (supérieure
à 0,3 g/24 h).
La pré éclampsie sévère est une pré
éclampsie avec, au moins, l’un des cri-
tères suivants:
une HTA sévère (pression artérielle
systolique ≥ 160 mm Hg et/ou pression
artérielle diastolique ≥ 110 mm Hg);
une atteinte rénale, avec oligurie (diu-
rèse < 500 ml/24 h) ou créatininémie >
135 μmol/L, ou protéinurie > 5 g/j;
un œdème aigu pulmonaire, une
barre épigastrique persistante, un syn-
drome hémolyse, cytolyse hépatique,
thrombopénie (HELLP syndrome);
une éclampsie ou des troubles neuro-
logiques rebelles (troubles visuels, ré-
flexes ostéotendineux poly cinétiques,
céphalées);
une thrombopénie inférieure à 100
Giga/L;
un hématome rétro placentaire (HRP)
ou un retentissement fœtal (retard de
croissance intra-utérin, ou mort fœtale
in utero).
Selon la gravité de l'état de pré-
éclampsie et de l'âge de la grossesse,
les décisions thérapeutiques à prendre
sont les suivantes:
Repos strict à l'hôpital en position
allongée, couchée sur le côté gauche,
tant qu'il n'y a pas de signes de gravité,
Extraction par voie basse ou par cé-
sarienne (si le fœtus est viable),
Interruption thérapeutique de gros-
sesse, si le fœtus n'est pas viable, ou si
des signes de gravité apparaissent et
que le pronostic vital de la mère et de
l'enfant sont en jeu.
Après l'accouchement, tout rentre
dans l'ordre, mais la mère doit être
surveillée, pendant la semaine qui suit.
Une hypertension artérielle peut appa-
raître, par la suite. Le risque d'avoir, à
nouveau, une hypertension artérielle
gravidique, au cours d'une grossesse
ultérieure, est possible, si l'hyperten-
sion gravidique a été sévère et qu'une
pré- éclampsie était associée. Le nou-
veau-né pourra être prématuré et hy-
potrophique, c'est-à-dire avec un poids
de naissance inférieur à la normale.
Que doit faire le médecin lorsque l’hy-
pertension artérielle existe avant la
grossesse?
L’hypertension artérielle préexistant
avant la grossesse peut être un réel
souci. En effet, elle pourra être res-
ponsable de complications cardiaques,
ou neurologiques graves. Lorsque
l’hypertension artérielle existe avant
la grossesse, il faut, d’abord, limiter
le nombre de grossesses. Ensuite,
préconiser un traitement efficace, par
des antihypertenseurs autorisés au
cours de la grossesse. Le plus utilisé
est l’alpha méthyl dopa; ensuite, les
bêtabloquants ou les inhibiteurs cal-
ciques. Il ne faut pas faire baisser trop
la tension artérielle et maintenir un
niveau de moins de 140/90, pour assu-
rer une bonne perfusion placentaire.
Le régime hyposodé ne doit pas être
préconisé chez la femme hypertendue
enceinte, afin d’éviter l’hypotrophie
fœtale
* Pr Djamaleddine Nibouche
- Professeur à la faculté de médecine
d’Alger.
- Chef de service de cardiologie au CHU
d’Hussein-Dey.
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