Histoire de la Normandie 5
ou Hambye, en -mark- (« limite, marche ») dans Marques, en -berg- (« élévation » ) dans Barc ou Barques, en -mer («
mare ») dans Blingemer ou Mortemer, en -eng dans Hodeng-Hodenger ou Nesle-Hodeng, en -court et les plus
anciens en -ville datent de cette époque franque. La région devient une partie essentielle de la Neustrie à la mort de
Clovis et Rouen reste une ville importante. De cette période date aussi le découpage administratif et militaire en
comtés, le comte franc étant un haut fonctionnaire de l'État. Enfin, l’est de la région, à proximité de Paris, fut un lieu
de résidence pour les rois et princesses mérovingiens.
Surtout, la christianisation amorcée au Bas-Empire se poursuit en profondeur dans la région : construction de
cathédrales dans les principales villes, édification d’églises suburbaines dédiées à des saints, oratoires sur les routes,
etc. L’établissement des paroisses se réalise progressivement, sur le temps long. Les plus petites occupaient la plaine
de Caen, alors que les paroisses du bocage étaient plus étendues. À l’époque carolingienne, les tombes des villageois
se regroupent autour de l’église paroissiale.
Le monachisme normand se développe vraiment à partir du VIeƒsiècle, surtout dans l’ouest de la région, plus isolé.
Au VIIeƒsiècle, des nobles d'origine franque fondent plusieurs abbayes dans la vallée de la Seine : Abbaye de
Saint-Ouen de Rouen vers 641, Fontenelle en 649, Jumièges vers 654, Pavilly en 662, Montivilliers entre 682 et 684.
Ces abbayes normandes adoptèrent rapidement la règle de saint Benoît. Elles possédaient de grands domaines
fonciers, dispersés en France, dont elles tiraient des revenus élevés. Elles furent donc des enjeux dans les rivalités
politiques et dynastiques.
Invasions scandinaves
Harfleur, dans l’agglomération du Havre, église et
maison à colombage
La Normandie tient son nom des envahisseurs vikings qui
menèrent des expéditions dans une grande partie de l’Europe à la
fin du Ierƒmillénaire en deux phases (790-930 puis 980-1030). On
les appelait Northmanorum ou Nortmanni « Normands »,
étymologiquement « hommes du Nord ». Après 911, ce nom
remplace celui de Basse-Neustrie, sous lequel cette terre était
connue jusque lors.
La toponymie normande garde des traces de cette colonisation
scandinave ainsi qu’un assez grand nombre de noms de famille :
Anfry, Ango, Angot, Anquetil, Auber, Dodeman, Doudement,
Estur, Gounouf, Ygout, Ingouf, Néel (Nigel), Onfray, Osmond,
Osmont, Ouf, Renouf, Roberge, Surcouf, Théroude, Tougard,
Toutain, Tostain, Troude, Touroude, Turgis, Turgot, Turquetil,
Quétil, etc.
Les premiers raids vikings arrivent entre 790 et 800 sur les côtes
de la Gaule occidentale. Le littoral neustrien est atteint sous le
règne de Louis le Pieux (814-840). L’incursion de 841 fit de
grands dégâts à Rouen et Jumièges. Les Vikings s’attaquent aux
trésors monastiques, proies faciles car les clercs ne peuvent les
défendre. L’expédition de 845 remonte la Seine et touche Paris. Les raids eurent lieu durant l’été, les Vikings
retournant avec leur butin en Scandinavie passer l’hiver.
À partir de 851, ils hivernent en Basse-Seine ; ils incendièrent l’abbaye de Fontenelle : les moines durent s’enfuir à