Août 2005 n°231 Une version plus complète de ce bulletin est accessible sur le site de l'INRA www.inra.fr. sous son nom dans : Information Scientifique et Technique puis Publications INRA en ligne. Le signe ### dans cette version papier indique quelques développements supplémentaires ou des commentaires additionnels consultables dans la version électronique. André BERKALOFF e-mail : [email protected] Concepts et Techniques 1.### J Taylor; Trends in Biotechnology 23 (JUN05) 269-271 se penche sur ce que l'on peut considérer comme des déserts géniques dans le génome. Ces déserts sont définis par l'absence de séquences codantes, ce qui ne signifie nullement qu'ils n'ont aucune fonction. Il revient sur un article de I Ovcharenko et al.; Genome Research 15 (JAN05) 137-145 qui comparent ceux des oiseaux et de l'homme, ce qui leur permet de classer ces déserts en déserts conservés et déserts variables. Ils représentent environ 25% du génome Il faut rappeler que chez les Mammifères les séquences codantes ne représentent que quelques pourcents du génome (1,5% chez l'homme). Les régions intergéniques ont une longueur très supérieure et sont plus fréquentes que ne le permettrait un processus aléatoire. Les séquences codantes ont, par ailleurs, une disposition qui n'est également pas aléatoire. Les déserts dits "stables" pourraient bien contenir des régulateurs des séquences codantes. C'est à ces anomalies et à leur explication qu'est consacré l'article de J Taylor. La conservation des déserts "stables" montre, en effet, des caractéristiques évoquant des régions régulatrices. Ils flanquent des gènes possédant des régions régulatrices distales et présentent trois fois plus de séquences faisant penser à des sites régulateurs que les déserts "variables", en sus d'une synténie entre homme et poulet. Cette dernière résistance à la dislocation est quand même remarquable. I Ovcharenko et al. ont constaté que les gènes associés aux déserts "stables" sont souvent des gènes de régulation et de facteurs de transcription, et que les éléments régulateurs des déserts voisins sont impliqués dans les régulations complexes lors du développement, par exemple, comme c'est le cas pour le gène Dachshund. Les auteurs suggèrent que cette expansion des déserts est la contrepartie d'une impossibilité de réarrangements complexes chez les Vertébrés. Les auteurs attirent l'attention sur les déserts "conjoints" qui ne sont séparés que par, au plus, trois gènes et par moins d'un Mb. La variabilité de certains déserts ne signifie nullement qu'ils ne possèdent pas de fonctions, mais elles sont plus difficiles à mettre en évidence. Les auteurs concluent qu'ils ont également des fonctions régulatrices, mais probablement différentes des précédents. LW Hillier et al. Nature 434 (07APR05) 724-731, dans une étude des chromosomes humains 2 et 4, avaient remarqué que le gène de protocadhérine PCDH7 est flanqué par le plus grand désert génique humain (plus de 5 Mb) et un autre désert de 3,5 Mb, qui sont tous deux de la catégorie "variable". Cette synténie désert-gène-désert est conservée entre poulet et homme Il est encore difficile de tirer des conclusions mais c'est clairement une énigme qui mérite une analyse plus poussée. 2.### D Cowan et al.; Trends in Biotechnology 23 (JUN05) 321-329 s'intéressent aux questions de métagénomique, ici les inventaires microbiologiques sans culture d'un milieu donné. Bien entendu le terme de non cultivable est inapproprié, il suffit de découvrir le milieu idoine, mais cela prend bien du temps et de l'obstination. Ils discutent des nouvelles techniques développées. L'une des difficultés rencontrées quand on recherche un gène donné, est la très grande dilution des gènes dans les populations d'ADNs récoltées. Il faut donc disposer d'un procédé d'enrichissement du gène que l'on recherche. Cela peut passer d'un enrichissement de cellules entières à celui de génomes ou gènes précis. Ainsi une filtration adéquate a été utilisée dans le projet "Mer des Sargasses" de Craig Venter pour éliminer les eucaryotes. Une centrifugation différentielle a été utilisée pour séparer des symbiotes d'insectes. Les auteurs indiquent plusieurs techniques utilisées avec leurs avantages et inconvénients, depuis le marquage par isotopes stables permettant de repérer l'activité du gène jusqu'à l'utilisation des réseaux ADNs en passant par l'exhibition des produits sur phages. D'une façon générale, une extraction globale ne permet jamais une représentation fidèle, car une espèce rare est facilement masquée par des Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 organismes dominants, ce qui peut aboutir à des biais, notamment au cours de la PCR. Il existe une série de parades à ces difficultés. Mais l'identification suppose que l'on dispose de cette séquence et c'est un biais limitant la recherche à des gènes homologues. On ratera des gènes issus d'une convergence fonctionnelle. Par ailleurs, la PCR amplifie seulement une partie du gène et la récupération de la totalité du gène sera nécessaire, ce qui nécessitera des techniques de PCR particulières. Une des difficultés rencontrées est que l'extraction de l'ADN cause une fragmentation excessive (0,5 à 5 kb par fragment) qui empêche une ligation par bouts cohésifs. Il faut généralement utiliser une ligation par bout francs ou T-A.Les ARNs sont des marqueurs intéressants car ils disparaissent rapidement et le cliché qu'ils donnent est un instantané. Mais les difficultés rencontrées sont nombreuses. Les banques d'ADNs métagénomiques ne sont pas plus compliquées à construire que dans d'autres systèmes. Les premières banques de ce type ont été réalisées au milieu des années 90s pour des métagénomes marins. Diversa a été un des premiers protagonistes privés, avec TerraGen Discovery (rachetée en 2001 par Cubist Pharmaceuticals) à se livrer à ce type d'exploration, souvent à la demande. Les auteurs énumèrent dans un tableau les sociétés du domaine. Ces banques doivent être criblées et c'est souvent un criblage fonctionnel qui est utilisé dans la mesure où les utilisateurs ont une idée en tête. Mais n'importe quel criblage praticable à grande échelle est possible. Les vecteurs actuels permettent le clonage de voies métaboliques entières. On essaye de le faire dans des hôtes faciles à manipuler, et Escherichia coli vient à l'esprit. Mais le faible nombre de clones positifs lors d'une passe de criblage (en général moins de 0,01%) est une limite sérieuse. Statistiquement, pour une bibliothèque de petits inserts (<10 kb) il faut cribler entre 105 et 106 clones pour obtenir un seul positif. Par ailleurs on n'a aucune idée du biais introduit par cette expression chez E.coli. Le séquençage métagénomique complet est une œuvre ambitieuse, car on peut considérer qu'un gramme de sol ou un litre d'eau de mer contiennent de très nombreux organismes, et on peut estimer qu'un métagénome de sol contient entre 20 et 2000 Gb d'ADN. Dans certaines conditions où la biodiversité est très réduite ont peut arriver à séquencer complètement des génomes. Cela a été le cas pour deux espèces d'effluents acides de mines où 76 Mb ont été séquencées. Plus de 4000 gènes ont ainsi été caractérisés, ce qui a permis d'avoir un aperçu du métabolisme dans les biofilms ainsi analysés. Le projet de C Venter dans la mer des sargasses est beaucoup plus ambitieux (comme toujours avec Venter). Il comporte le séquençage de plus de 1 Gb et la caractérisation d'environ 1,2 millions de gènes potentiels. Mais, comme toujours, l'utilisation des homologies limite la découverte de gènes inconnus. On n'a d'ailleurs pu assembler que deux génomes au maximum. C'est la richesse de cet écosystème qui perturbe les analyses. 2 3.### L'interférence transcriptionnelle est un terme mal défini qui correspond au fait que l'expression d'un gène empêche celle d'un autre sur le même chromosome. KE Shearwin et al.; Trends in Genetics 21 (JUN05) 339-345 s'employent à clarifier ce mécanisme. L'interférence transcriptionnelle est souvent asymétrique et résulte de l'existence de deux promoteurs dont l'un est "fort" et l'autre "faible". Ils peuvent être orientés de façon convergente et assurent une transcription recouvrante au moins en partie. Ils peuvent être en tandem, ou même recouvrants. Ce type de situation peut résulter de l'entrée en scène d'un élément transposable, mais également dans le cadre de régulations naturelles. L'auteur s'intéresse d'abord à ce dernier cas. C'est notamment le cas du coliphage 186 dont le promoteur lytique fort réprime partiellement le promoteur faible lysogène situé 62 pb en aval. Ces deux promoteurs sont convergents. Mais le répresseur du promoteur fort lytique par la protéine d'immunité permet d'avoir un équilibre facilitant une lysogénie stable. (Voir BP Callen et al. Molecular Cell 14 (04JUN04) 647–656, un des auteurs de la revue). Le cas des promoteurs en tandem est illustré par le cas du promoteur permettant la transcription d'un ARN non codant, SRG1 de la levure. Ce promoteur est actif en milieu riche et interfère avec un promoteur, orienté dans le même sens, du gène de biosynthèse de la sérine SER3. Cette interférence est liée directement à la transcription de SRG1 à travers le promoteur de SER3 (voir J Martens et al.; Nature 429 (03JUN04) 571-574). Il reste à montrer comment en milieu pauvre le premier promoteur cesse d'interférer. Chez Escherichia coli, le promoteur P1 du gène de la perméase générale pour les acides aminés aromatiques, aroP, est recouvert par un promoteur divergent, P3. L'ARN polymérase se lie à P3 en présence d'acides aminés aromatiques, réduisant ainsi l'activité de P1. Chez les eucaryotes supérieurs, cette interférence a été observée avec des promoteurs remaniés, mais a également lieu dans un contexte naturel. C'est le cas pour le gène de la petite GTPase N-Ras dont l'expression est réprimée par la transcription du gène unr (upstream of N-ras) immédiatement en amont. La délétion du promoteur d'unr entraîne une surexpression de N-ras et une létalité embryonnaire à l'état homozygote. Les rétrotransposons apportent dans le génome leurs promoteurs qui peuvent commander les gènes au voisinage du site d'insertion. Il n'est donc pas étonnant qu'on les invoqués dans la cadre de la variation épigénétique chez les Mammifères, dont le génome est bourré de rétrotransposons entiers ou dégénérés (mais un promoteur suffit, en principe). Les LINEs (Long Interspersed Nuclear Elements) sont également invoqués. La fréquente transcription des ADNs à partir du promoteur antisens inclus dans la partie amont non traduite du rétrotransposon humain L1, est un argument. L'interférence transcriptionnelle comme élément de régulations a surtout été caractérisée dans des génomes extrachromosomiques, comme phages, Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 plasmides, etc… Cela est probablement lié à la compacité de ces génomes. L'obstruction d'un promoteur par un complexe d'élongation du messager est possible car le transit d'un promoteur d'E.coli prend 2-3 secondes et un promoteur fort comme le pL du bactériophage λ, qui se déclenche toutes les 4,5 secondes ne peut que ralentir de moitié l'activité d'un promoteur faible en aval ne laissant pas le temps à un complexe de transcription de s'installer. Pour que l'effet observé soit plus accusé il faudrait que la polymérase fasse une pause au niveau du promoteur en aval. 4.### SP Briggs et al.; Plant Physiology 138 (JUN05) 542-544 s'intéressent aux réseaux d'expression génique. Ces réseaux ont permis de caractériser les réseaux génétiques en comparant les patrons d'expression de gènes dans différentes conditions. Les réseaux de miRNAs viennent s'y ajouter. Ces miRNAs sont, on le sait, des régulateurs très importants (ils régulent probablement le niveau de 10% des protéines). Les gènes qui les codent représente 1% des gènes humains et 7% des gènes d'Arabidopsis et interviennent sur 10% des gènes de la plante. Dans la mesure où le ciblage est lié à une homologie de séquence entre miRNA et son gène cible, le repérage est relativement facile. On commence à pouvoir déceler systématiquement les cibles des facteurs de transcription en repérant les facteurs sur la chromatine de la séquence cible. Malheureusement ces techniques ne sont pas encore assez fiables. La mise en œuvre des réseaux de type "tiling" (des sondes oligonucléotidiques chevauchantes et couvrant la totalité du génome, si j'ai bien compris) est possible et leur avantage est d'éviter tout biais. Mais leur coûts est prohibitifs si on veut repérer tous les sites de fixation d'une protéine liant l'ADN. Les réseaux de promoteurs sont plus simples et donc moins coûteux, mais sont limités par la qualité des annotations géniques. Ils sont intéressants pour la description des réseaux d'expression en aval de la fixation d'une protéine régulatrice sur l'ADN. Maintenant, si on veut travailler en amont d'un gène, on peut déterminer si un gène immunoprécipité avec une protéine liée, entraîne également une autre. Mais il faut disposer d'une idée préalable sur l'identité de cette protéine, rien à faire si on ne dispose pas de cette donnée, et on ne pourra pas découvrir une protéine insoupçonnée. On peut également utiliser des combinaisons gènereporteur et observer si cette expression ne serait pas modifiée chez certains mutants. Ceci donnerait une indication sur les régulations en amont d'un gène. Mais on ne saura pas, ainsi, s'il s'agit d'un effet direct ou indirect. Enfin, une technique intéressante est celle qui consiste à réprimer l'expression d'un gène et à voir quels sont les autres gènes dont l'expression est modifiée. Il n'est cependant pas possible de déterminer si cela est un effet direct ou indirect. Cette technique a été appliquée de façon systématique au maïs mais, jusqu'à présent, et à cause de l'impossibilité de multiplexer les collections de mutants, on ne peut reconstituer de larges réseaux de transcription. L'utilisation de code-barre ADN pour marquer des mutants de délétion a permis de reconstituer les interactions fonctionnelles intervenant dans l'adaptabilité de Saccharomyces cerevisiae. On mélange à quantités égales les divers mutants, et on laisse la compétition jouer. On détecte ensuite par réseau de codes-barre les proportions des mutants dans la population à un instant donné. On détecte ainsi les mutants ayant un avantage sélectif dans des conditions données. On a également pu, ainsi, détecter des synthétiques létaux, c'est à dire des mutants viables avec une mutation et létaux quand la mutation est combinée avec une autre. En moyenne chaque gène possède une trentaine de partenaires létaux qui ont des fonctions apparentées. Quand plusieurs gènes ont les mêmes partenaires, ils font partie d'une même voie. Chez la levure on estime à 100 000 le nombre d'interactions synthétiques létale (les interactions protéines/protéines sont estimées à 25 000). Si l'application aux plantes serait souhaitable, il faut réaliser que le nombre de croisements à réaliser, puis analyser, serait d'environ 350 millions. Autant dire que cela est impossible et d'autres techniques viendront supplanter cette technique entre temps. On pourrait imiter le système de code-barre de la levure en marquant des gènes suppresseurs dominants, exprimés de façon transitoire dans des cellules de plantes en division. Des suppresseurs de tous les gènes seraient introduits et repérés sur un réseau après culture. Tout code-barre disparaissant quand on introduit un gène serait nécessaire à la viabilité. C'est une forme de létal synthétique. Ces suppresseurs dominants pourraient correspondre à un VIGS (Virus Induced Gene Silencing) ou un facteur de transcription artificiel. On n'aurait plus que quelques dizaines de milliers de caractérisations (on connaît, par exemple, 6 378 gènes chez Arabidopsis). Les facteurs artificiels de transcription pourraient être utilisés pour examiner les conséquences d'une surexpression, car cette dernière est difficile à obtenir systématiquement. On pourrait d'ailleurs jouer à transformer un activateur en répresseur en recombinant les domaines. Fusionnés avec un domaine de transduction dans Escherichia coli, on pourrait inoculer la protéine et s'épargner les coûts de la transformation. L'auteur a pratiqué une substitution d'allèles variants dans des souches recombinantes inbred sauvages d'Arabidopsis et examiné les fluctuations de l'expression, déterminant ainsi les régulateurs. Les régulations post-transcriptionnelles sont indépendantes des transcriptionnelles, et les variations des messagers ne sont pas des indications complètes. Les conclusions de l'auteur sont que les réseaux biochimiques sont mécanistiques mais ne permettent pas des prédictions fiables des interactions, tandis que les réseaux génétiques révèlent des relations quantitatives, mais pas les mécanismes sous-jacents. La recherche des gènes à l'intersection de plusieurs réseaux génétiques a été pratiquée, 3 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 notamment avec les multiples partenaires de SGT1 (suppressor of the G2 allele of Skp1) dans l'infection par Magnaporthe. Chez l'orge et Arabidopsis, SGT1 intervient dans la résistance. On a trouvé plusieurs autres protéines du riz interagissant avec SGT1 dans un système à doubles hybrides chez la levure. L'une d'entre elles, ERP (Elicitor-Response Protein), est induite par un stress et d'autres par un éliciteur de Magnaporthe. On peut utiliser ERP comme sonde pour piéger d'autres protéines interagissant avec elle, et l'une d'entre elles, inconnue jusqu'à présent, se révèle indispensable à la résistance au champignon.. 5. Chez Schizosaccharomyces pombe, L'interférence ARN (RNAi) fait intervenir des transcrits péricentromériques comme siRNAs (small interfering RNAs), et elle est nécessaire à l'assemblage de la chromatine correspondante. H Kato et al.; Science 309 (15JUL05) 467-469 montrent que c'est l'ARN polymérase II (la transcriptase des messagers) qui est probablement impliquée dans le couplage de la transcription péricentromérique avec la maturation des siRNAs et l'assemblage de la chromatine. Cette polymérase est un très gros complexe aux multiples composants. 6. La présence de Wolbachia (une bactérie symbiote d'innombrables invertébrés) peut sérieusement perturber la signification des expériences sur la Drosophile. Elle peut, en effet, masquer les effets d'une mutation. La mutation de Sex-lethal empêche les femelles de former des œufs. La présence de la bactérie rétablit cette production chez les mutantes. Par ailleurs des Drosophiles ayant des durées de vie différentes meurent au même âge quand on les débarrasse des Wolbachia par la tétracycline. Or dans la collection du Bloomington Stock Center à Indiana University, 30% des souches sont infectées. C Ainsworth; Nature 436 (07JUL05) 8 se base sur un article de ME Clark et al.; Genetics 170 (AUG05) 1667-1675. 7.### Les kinases Aurora B interviennent dans les divisions cellulaires des eucaryotes. Elles participent à la phosphorylation de l'histone H3 qui marque l'entrée en mitose ou méiose qui concorde avec la condensation des chromosomes. On en connaît deux familles, avec les Aurora/Ipl1 de la levure et de Caenorhabditis elegans, et Tousled des cellules humaines. Les kinases Aurora phosphorylent un substrat qui joue alors le rôle de sous-unité régulatrice positive de la phosphorylation de H3. Les kinases Tousled assurent bien la phosphorylation de H3, mais la kinase Tousled-like, TLK-1, de C.elegans en semble incapable. Ce rôle est assuré par une autre kinase orthologue d'Aurora B, AIR-2, qui possède de multiples rôles. TLK-1 est, elle, un substrat activateur d'AIR-2,. Z Han et al.; Current Biology 15, (24MAY05) 894-904 Les deux kinases agissent donc conjointement. Voir le commentaire de CT Richie et al.; Current Biology 15 (24MAY05) R379-R382. 8. OE Blacque et al.; Current Biology 15 (24MAY05) 935-941 s'intéressent à la génomique fonctionnelle des cils (et flagelles). Ils ont analysé le système de transport intraflagellaire (le long de l'axonème du cil) qui permet l'assemblage et la maintenance de l'appareil moteur. Ils ont comparé les cellules neuronales ciliées et des cellules non ciliées de Caenorhabditis elegans par la technique SAGE (Serial Analysis of Gene Expression). Cette technique implique la préparation de bibliothèques de cDNAs spéciaux enchaînant de très courts segments d'ADN (9-14 pb) agissant comme marqueurs spécifiques des transcrits. La comparaison des séquences de ces inserts permet de quantifier le niveau d'expression de nombreux transcrits simultanément. Les auteurs ont, par ailleurs, observé l'effet d'un facteur de transcription ciliogène. Ils ont, en quelque sorte, décrit un transcriptome du cil. Ceci leur a permis d'identifier de nombreux gènes impliqués dans le cil. Ils ont confirmé leur fonction pour 14 d'entre eux. DYF-13, une protéine conservée au cours de l'évolution, est un élément essentiel du transport intra-ciliaire. Les Productions Végétales Les gènes et les génomes 9. La disponibilité de séquences génomiques complexes permet une étude comparée de la structure des génomes. AL Caicedo et al.; Plant Physiology 138 (JUN05) 545-547 donnent un aperçu des possibilités. Malheureusement, faute de financements, très peu de génomes végétaux ont été élucidés en totalité (riz et Arabidopsis). On ne connaît que très peu de choses sur la dynamique des changements de cette structure et ses conséquences sur le contenu génique et son évolution. Cela inclut les duplications (et plus généralement polyploïdisations) souvent évoquées, l'origine et l'extinction des gènes, les rôles des éléments mobiles. La sélection parmi ces modifications est une question intéressante, dont celle des modifications épigénétiques. Les fonctions assurées par les génomes et leur évolution peuvent être abordées, car on sait 4 maintenant caractériser les régions ayant une importance fonctionnelle. Ainsi l'analyse du polymorphisme de paires de base individuelles, avec sa distribution très inégale le long du génome, est un discriminateur appréciable. La quantification des variations au sein d'une espèce aide à l'identification des loci sous pression de sélection, qui se traduit par des patrons de variation différant selon les zones du génome. Il existe, par ailleurs, une variabilité phénotypique de certains caractères au sein d'une espèce (voir la comparaison entre les écotypes Landsberg erecta et Columbia d'Arabidopsis) et des déséquilibres de ségrégation avec des marqueurs peuvent fournir des données. . L'existence de réseaux d'interactions au sein d'unités fonctionnelles intégrées est maintenant Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 connue, mais pas dans leurs détails. L'impact sur la sélection est une question à résoudre. La génomique des populations intègrent, à un niveau supérieur, ces interactions et leur impact sur les gènes, avec les flux de gènes, l'expansion de l'aire de répartition, les goulot d'étranglement et les dérives génétiques conséquentes. C'est d'ailleurs à ce niveau que la sélection est la plus intéressante. Mais comme les données moléculaires accumulées (comme les séquences) portent sur des espèces relativement éloignées et peu nombreuses, les résultats des analyses vont porter sur des ramifications relativement profondes de l'arbre évolutif, les plantes étant relativement peu favorisées dans ce contexte, par rapport à ce qui se passe du côté des animaux. La conservation des séquences indique une pression de sélection stabilisatrice en faveur de fonctions importantes. Les séquences importantes dans les régulations sont, plus difficiles à caractériser globalement. Une analyse de ce type a été pratiquée pour l'annotation des génomes animaux et de levure. Encore une fois les plantes ne sont pas très favorisées. Régions codantes et régulatrices peuvent être identifiées en localisant les régions soumises à la sélection purificatrice. Cette dernière agit principalement (mais pas uniquement) en éliminant des mutations désavantageuses, impliquant la conservation des mutations neutres. Ce principe a été la base de la théorie neutraliste de l'évolution. Partout émerge le besoin de disposer de plus de séquences de plantes différentes. Le développement 10.### LP Taylor et al.; Current Opinion in Plant Biology 8 (JUN05) 317-323 analysent le rôle des flavonoïdes dans le développement des plantes. Ces produits longtemps considérés comme des métabolites secondaires, et donc non indispensables, affectent, en réalité, plusieurs étapes du développement. Ce sont également des signaux bioactifs perçus par les microorganismes, des substances allélochimiques (signaux vers d'autres plantes, souvent d'exclusion), sans parler de leur rôle dans la nutrition des herbivores comme nous. La question est de savoir si ces multiples actions reflètent leur diversité où l'existence de "récepteurs" communs conservés. Les flavonoïdes interviennent dans les signaux hormonaux, la germination du pollen, la protection contre les UV-B, et agissent comme phytoalexines, en sus des effets allélopathiques. On connaît leurs effets dans la nodulation par les divers Rhizobium. Il n'est d'ailleurs pas sûr que les mêmes substances aient les mêmes fonctions chez deux espèces différentes, les flavonoïdes étant un stock de substances dans lequel la sélection a pu utiliser une fonction plutôt qu'une autre. Les auteurs analysent le rôle des flavonoïdes dans le transport de l'auxine en s'appuyant sur leur compétition avec un inhibiteur d'efflux de l'auxine. Ceci a permis d'identifier deux complexes récepteurs dont un contient une aminopeptidase (AtAPM1) membranaire sensible aux flavonols, et l'autre ressemble aux transporteurs MDR des Mammifères (MultiDrug Resistance) à cassette liant l'ATP. Le rôle des flavonoïdes est souligné par les mutations transparent testa 4 (tt4) dans le gène de la chalcone synthase (CHS),qui sert d'entrée dans la voie de synthèse des flavonoïdes. Ces mutants présentent de nombreuses anomalies du développement liées aux perturbations du transport orienté de l'auxine, toutes compensables par addition de naringénine, un intermédiaire dans cette voie. Mais le mécanisme exact d'interférence avec le transport d'auxine reste inconnu. On en a quelques indications avec des modifications de localisation des protéines PIN (il en existe au moins cinq chez Arabidopsis, voir, par exemple, NJ Kaplinsky et al.; Science 306 (29OCT04) 822-823 ou le Bulletin de Mars §19), mais on n'a pas encore pu établir s'il s'agit d'une intervention directe ou indirecte. La protéine PINOID (PID) est une sérine/thréonine kinase qui localise PIN1 et pourrait être la cible de flavonoïdes. Au moins chez le trèfle blanc, les flavonoïdes sont également impliqués dans l'inhibition de la destruction de l'auxine par des peroxydases. Les flavonoïdes sont très probablement des régulateurs non essentiels, mais régulateurs quand même. Mais l'extrapolation entre plantes différentes n'est encore pas vraiment possible. Les flavonoïdes sont vraisemblablement synthétisés par des complexes multienzymatiques à la surface du réticulum endoplasmique, et sont donc vraisemblablement sécrétés, mais il doit en rester dans le cytoplasme pour expliquer leurs effets. C'est chez le maïs (et chez les Pétunias) que le rôle des flavonoïdes (particulièrement des anthocyanes, pigmentées) dans la germination du pollen a été le mieux établi. Le métabolisme des flavonols dans le tapetum de l'anthère et leur glycosylation dans le pollen pour donner un galactoside hydrosoluble, grâce à une UDP-galactosyltransférase spécifique du pollen, a été établi. Cet effet sur la germination du pollen est observé depuis les gymnospermes jusqu'aux angiospermes. Il est donc apparu très tôt chez les végétaux terrestres. Chez les mutants tt4 d'Arabidopsis une certaine fertilité est conservée, indiquant que d'autres substances favorisent la croissance du tube pollinique. Cet effet existe également à la pointe des poils absorbants, donc vraisemblablement par le même mécanisme. Mais curieusement chez ces mutants la transplantation dans le sol fait disparaître progressivement le phénotype. Le rôle des flavonoïdes dans les bienfaits prébiotiques est soutenu par beaucoup de chercheurs (et spécialistes du marketing). Beaucoup de ces effets sont explicables par leurs effets anti-oxydants (probablement impliqués dans la protection de la plante contre les UV-B). Ce sont également des toxines naturelles contre les plantes voisines (substances allélopathiques). Ainsi la (-)-catéchine est une puissante phytotoxine sécrétées par les racines de Centaurea maculosa, ce qui en fait une plante fortement invasive. Le mécanisme d'action n'en est pas bien établi. La neutralisation de ces toxines implique des 5 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 modifications chimiques, une séquestration vacuolaire ou une excrétion. On a pu isoler, chez Arabidopsis, des mutants résistants au sirtinol (sir-1). SIR1 agît comme un régulateur des signaux auxine et le sirtinol interagît avec un site fixant l'ATP dans la protéine SIR1. 11. T Paciorek et al.; Nature 435 (30JUN05) 12511256 montrent que l'auxine inhibe l'endocytose et stimule son efflux hors des cellules. Ce genre de régulations jouant sur la localisation des protéines régulatrices est basé sur le déplacement et le recyclage de vésicules (constitutive cycling) avec des internalisations et recyclages de protéines membranaires. C'est le cas des facilitateurs d'efflux de l'auxine PIN. Ce mécanisme implique la mégaprotéine probablement multifonctionnelle BIG. L'auxine régule l'abondance de PIN et son activité à la surface des cellules dans le cadre d'une régulation en boucle du transport de l'auxine. gestion de l'eau. L Chaerle et al.; Trends in Biotechnology 23 (JUN05) 308-315. La technique visée est une amélioration du fonctionnement des stomates. Ces stomates ont des tâches contradictoires, laisser passer le CO2 vers l'intérieur pour permettre la fixation photosynthétique du carbone et l'évaporation de l'eau. Un indice qui rapporte l'assimilation du carbone à la quantité d'eau évaporée quantifie cette efficacité (WUE pour Water Use Efficiency). De nombreux facteurs environnementaux comme la lumière, la présence d'eau la température, la concentration du CO2 atmosphérique régulent la formation et le fonctionnement des deux cellules de garde des stomates. Mais des signaux internes, comme des signaux hormonaux interviennent également. La Physiologie des Plantes 12.### Des chercheurs de Ghent se préoccupe de l'amélioration des plantes en perfectionnant leur Les Symbioses 13. On trouvera dans B Hause et al.; Planta 221 (MAY05) 184-196 une revue sur les aspects moléculaire des symbioses mycorrhiziennes arbusculaires. Les Glomales sont un petit groupe mais très répandu assurant ces symbioses intracellulaires très anciennes sur le plan évolutif et qui ont sélectionné la mise en place de systèmes utilisés par des symbioses microbiennes plus tardives. Les auteurs insistent plus sur les modifications des cellules colonisées, les défenses déclenchées par la pénétration du champignon et les transferts entre les deux partenaires. 14. Le coût en carbone de la symbiose mycorrhiziennes arbusculaires (AM) pour la vigne a été mesuré par des chercheurs sud-africains PE Mortimer et al.; Mycorrhiza 15 (MAY05) 159-165. Ils ont utilisé des plants d'un an colonisé par Glomus etunicatum et mesuré les échanges en C et P. Le plant de vigne dormant utilise massivement son carbone lors de la reprise de la végétation et entre alors en compétition avec le champignon. C'est surtout la tige qui fournit le carbone au champignon. Une fois établie la symbiose AM améliore le transport de P mais ceci se fait aux dépens de la recharge des réserves de C dans les racines. Le déclin de la colonisation après deux mois est accompagné par un une réaccumulation de C et une croissance dans la tige. 15. Des chercheurs de Genève (S Guimil et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences USA 102 (31MAY05) 8066-8070) ont analysé les symbioses mycorrhiziennes arbusculaires du riz. Ils montrent que l'expression de 224 gènes est affectée. Ils ont comparé ces profils à ceux induits par les pathogènes Magnaporthe grisea et Fusarium moniliforme. Un jeu de gènes est exprimé par la plante de façon similaire dans les trois situations, indiquant une réponse conservée. Ils ont ainsi pu définir des gènes qui sont probablement impliqués dans la compatibilité entre les champignons et la plante, quelle que soit l'issue de 6 la confrontation, et un autre jeu qui intervient dans le développement de la maladie. Une partie des gènes du premier jeu sont impliqués dans le transport des phosphates et l'addition de phosphates mime, pour 8% d'entre eux, l'effet de la symbiose. Les phosphates transportés du champignon à la plante sont donc des signaux indirects de la symbiose. Les auteurs montrent, par ailleurs que 34% des gènes étudiés se comportent de la même façon chez les Dicotylédones. 16. Deux facteurs de transcription probables, NSP1 et NSP2 (pour Nodulation Signaling Pathway), jouent des rôles complémentaires mais distincts dans la régulation du développement des nodules des Légumineuses. P Kalo et al.; Science 308 (17JUN05) 1786-1789 de Norwich ont étudié NSP2, tandis que P Smit et al.; Science 308 (17JUN05) 1789-1791 de Wageningen ont identifié NSP1. Ces deux protéines font partie de la famille dite GRAS ( (GAI, RGA, SCR pour GIBBERELLIN-INSENSITIVE, REPRESSOR of ga1-3, SCR SCARECROW). Ces protéines partagent un domaine C-terminal très conservé et le complètent par un domaine N-terminal variable. La plante émet des flavonoïdes qui induisent la production de chito-oligosaccharides (facteurs Nod) par le Rhizobium. Un récepteur probable du facteur Nod et un canal plastidial à cations intervenant aux stades précoces de la nodulation avaient été décelés. Maintenant on s'attaque au tout premier stade. On savait que les mutations nsp1 et nsp2 n'induisent pas la flambée d'expression qui suit habituellement la perception de Nod par les poils absorbants. Les deux groupes ont cloné ces deux gènes chez Medicago truncatula. NSP1 et NSP2 sont localisées dans le noyau, donc au voisinage de la kinase calmoduline dépendante (CCaMK), agissant en amont et aux séquences cibles potentielles. Cette localisation implique un rôle de NSP1 dans la transduction du signal calcium qui est Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 un évènement très précoce de la réponse à Nod. NSP1 est actif en permanence et NSP2, activé passe dans le noyau à partir de l'enveloppe nucléaire, agit en aval de la flambée de calcium et de la kinase CCaMK. Tout indique que les deux protéines donnent un hétérodimère. Mais ce qui se passe en aval est moins clair, car des effets pléiotropes interviennent. On trouvera d'ailleurs une revue sur cette phase de la nodulation dans R Geurts et al.; Current Opinion in Plant Biology 8 (AUG05) 346-352. Selon les commentateurs I Ganguli; The Scientist (20JUN05) et MK Udvardi et al.; Science 308 (17JUN05) 1749-1750, ce mécanisme est important, car il fonctionne également, depuis 460 millions d'années dans les interactions avec les champignons mycorhiziens, et a été capturé par les nématodes des plantes, il y a moins de 20 millions d'années pour organiser leurs sites d'insertion dans les plantes qu'ils parasitent (voir RR Weerasinghe et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences USA 102 (22FEB05) 3147-3152 qui suggèrent que les nématodes ont vraisemblablement emprunté le mécanisme aux Rhizobium). 17. E Limpens et al.; Proceedings of the National Academy of Sciences USA 102 (19JUL05) 1037510380 décrivent un gène qui contribuent à la formation des symbiosomes. Ceux-ci sont des structures membranaires de la plante enrobant un ou plusieurs bactéroïdes. Ce gène a été appelé DMI-2 (pour DOES NOT MAKE INFECTIONS 2) et code un récepteur à kinase. Chez les Légumineuses primitives les Rhizobium sont hébergés dans le cordon infectieux qui est entouré par des parois végétales et donc reste, de fait, extra-cellulaire. Une réduction de l'expression de DMI-2 entraîne un phénotype proche des Légumineuses primitives avec des nodules à croissance indéterminée. 18. La souche Rhizobium tropici CIAT8999-10T est une souche isolée au CIAT à Cali qui est mutée dans le gène guaB ce qui l'empêche de former des nodules fonctionnels (ils sont vides de bactéroïdes). La fonction codée par guaB est nécessaire aux stades précoces de la nodulation. Les auteurs ont obtenu un mutant guaB mutant dérivant de Sinorhizobium meliloti 1021 qui, contrairement à celui de R.tropici, est bien auxotrophe pour la guanine, mais induit des nodules normaux chez la Luzerne et Medicago truncatula. Le mutant guaB de R.tropici est également défectif dans sa symbiose avec Macroptilium atropurpureum et Vigna unguiculata, mais normal chez Leucaena leucocephala. Ceci indique clairement que guaB est nécessaire à la symbiose avec des plantes formant des nodules "évolué" à croissance déterminée. Les Pathogènes des Plantes et les Mécanismes de Défense 19. La reconnaissance de composants des pathogènes par le système des gènes R associe, très souvent, les protéines RAR1 et SGT1b. RAR1 permettent la préactivation de la protéine R par un mécanisme encore inconnu. BF Holt et al.; Science 309 (05AUG05) 929-932 montrent que la protéine SGT1b d'Arabidopsis possède deux fonctions génétiquement distinctes : SGT1b s'oppose à RAR1 pour limiter l'accumulation de la protéine R, avant une infection et, par ailleurs, possède une fonction RAR1indépendante sur la mort cellulaire programmée durant l'infection. RT Leister et al.; The Plant Cell 17 (APR05) 12681278 montrent que la protéine SGT1 (voir le §4) complémente l'activité du gène de résistance Bs2 du poivron (Capsicum annuum) à Xanthomonas campestris pv vesicatoria (Xcv) exprimant l'effecteur AvrBs2. Dès la détection d' AvrBs2, la plante déclenche une cascade de signaux. Les auteurs montrent que Bs2 s'associe à SGT1 via son domaine LRR. Il est vraisemblable que SGT1 puisse intervenir sur la conformation fonctionnelle de Bs2 (chaperone) ou sur la formation d'un complexe Bs2SGT1 nécessaire à la résistance. 20. Chez les plantes, le PTGS (Post-Transcriptional Gene Silencing) est un système anti-viral. Un virus qui réussit son infection a donc appris à tourner cet obstacle en supprimant ou en ignorant la réponse de la plante. Les siRNAs (small interfering RNAs) responsable de ce "silencing" s'accumulent dans les plantes infectées par des virus à génome positif (directement traductibles). Des chercheurs hongrois (A Molnar et al.; Journal of Virology 79,n°12 (JUN05) 7812-7818) ont caractérisé les séquences des siRNAs spécifiques du Cymbidium ringspot tombusvirus (CymRSV) dans les plantes infectées. Elles correspondent à une distribution non aléatoire le long du génome viral, ce qui suggère qu'il existe des points chauds. Les siRNAs liés à la protéine suppresseur p19 du CymRSV présentent la même asymétrie dans leur polarité (sens ou antisens) que les siRNAs qui ont été séquencés, et sont des duplexes imparfaits. Les siRNAs sont issus du clivage direct par DICER de régions les plus repliées des duplexes imparfaits des brins (+) de l'ARN viral. Par ailleurs, un TMV (Tobacco mosaic virus) porteur de courtes répétitions inversées du gène de la phytoène désaturase entraîne une plus forte production de siRNAs correspondant au gène que la séquence antisens. Tout ceci indique que le brin plus du virus est plus actif dans l'induction des siRNAs que le brin complémentaire. 21.### L'article de SJ Gurr et al.; Trends in Biotechnology 23 (JUN05) 283-290 portant sur les stratégies de montages de résistances des plantes, en jouant sur les régulations de ces résistances pour éviter le gaspillage d'énergie (et donc maintenir ou augmenter les rendements) par les plantes a été analysé dans le Bulletin de Juillet §36. Il est accompagné par une revue complémentaire des mêmes auteurs sur les gènes pouvant être utilisés. SJ Gurr et al.; Trends in Biotechnology 23 (JUN05) 275-282. On ne manque pas de gènes de résistances dans beaucoup de cas. On peut utiliser des gènes propres à la plante, des gènes de plantes apparentées, de pathogènes, voire complètement synthétiques, les 7 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 exprimer localement sous la commande du pathogène, dans un tissu donné, faire intervenir l'interférence ARN. Lesquels utiliser est la question posée quand on veut pouvoir monter des résistances durables. En fait, ce qui est admirable c'est qu'il y ait si peu de maladies graves dans la nature. Nous augmentons la fréquence de certaines par la domestication de variétés bien sous tout rapport, mais homogènes et donc, quand sensibles à un pathogène, subissant des dégâts généralisés. On pense alors seulement comment y faire face, et on fait, alors, le bonheur des fabricants de pesticides, jusqu'à la prochaine alerte, ce qui fait que des résistances durables sont recherchées et probablement plus économiques, malgré les investissements scientifiques importants. Malheureusement la lutte contre les champignons et les bactéries par transgènes a été, jusqu'à présent, généralement infructueuse pour des plantes commerciales. Les plantes sont rarement malades, car elles accumulent les couches de protection, depuis des barrières physiques et des antimicrobiens préformés jusqu'à des défenses adaptatives diverses. Les échecs des transgènes ne sont, le plus souvent, pas dus à la nature du transgène, mais à la façon de l'exprimer (voir le Bulletin de Juillet§36) qui retentit sur d'autres aspects économiques de la plante. Il existe des systèmes de surveillance propres à la plante détectant la présence de pathogènes. C'est le cas des gènes R bien connus, reconnaissant les gènes dits d'"avirulence" qui trahissent la présence d'une race particulière de pathogène et déclenchent les défenses. Les stratégies s'appuyant sur ces gènes R sont communes aux approches classiques et transgéniques. On a quelques exemples de succès avec des résistances durables comme celle conférée à la tomate par le gène Bs2 du poivron à Xanthomonas campestris pv.vesicatoria (voir le §19). Le problème, en fait, avec ces gènes R est la spécificité parfois très étroite. Il faut donc empiler de multiples gènes de résistances différents pour avoir à la fois une durabilité et une couverture large contre de nombreux pathogènes voisins. On a, ainsi, empilé quatre gènes de résistances à Xanthomonas oryzae pv.oryzae. Mais si on dispose de nombreux gènes R dans de nombreuses plantes, leur efficacité et leur spécificité n'est pas garantie dans une autre plante ou dans un contexte génétique différent. Une autre difficulté réside dans le fait que ces résistances empilées donnent parfois lieu à un déclenchement inopiné, en l'absence du pathogène, ce qui entraîne des dégâts. Il arrive que ceci soit dû à un niveau d'expression inapproprié. Enfin l'expression de ces gènes a un coût pour la plante, comme cela a été constaté chez Arabidopsis avec le gène RPM1 de résistance au pathovar maculicola de Pseudomonas syringae. Il existe par ailleurs des systèmes de perception plus large, du type inné, avec la reconnaissance de patrons moléculaires comme la présence de flagelline reconnue par le récepteur RLK (Receptor Like Kinase), FLS2 reconnaissant un motif conservé d'amino acides des flagellines bactériennes. 8 Deux stratégies sont possibles pour l'exploitation de ce type de défenses. L'une serait de forcer l'expression des RLKs qui sont déployés en même temps que FLS2 par un traitement par la flagelline (mais est-ce rentable économiquement?). L'autre consisterait en une introduction de ce type de récepteurs dans des cultivars qui en seraient dépourvus. Ainsi l'écotype Ws-0 d'Arabidopsis est insensible à la flagelline à la suite d'une interruption du gène FLS2. On peut corriger ce défaut en introduisant un transgène complet avec son promoteur. Il n'est, cependant, pas sûr que l'on puisse obtenir le même résultat avec une expression hétérologue. Une stratégie alternative est de faire exprimer par la plante transgénique un éliciteur du pathogène sous la commande d'un promoteur activé par le pathogène. Une troisième stratégie consiste à s'attaquer directement à la pathogénicité, en ciblant les effecteurs injectés par le système de sécrétion de type III (on a beaucoup étudié le système de Pseudomonas syringae) tout particulièrement les composants neutralisant les défenses de la plante. On peut utiliser des défenses entièrement hétérologues, comme des anticorps, comme cela a été fait dès 1993 pour l'artichoke mottled crinkle virus. On peut fusionner des anticorps contre un Fusarium avec un peptide antimicrobien et obtenir ainsi une résistance chez Arabidopsis contre Fusarium oxysporum f.sp.matthiolae. Ces derniers temps, c'est l'exploitation des défenses antivirales naturelles contre les virus par l'interférence ARN qui occupe le devant de la scène. On ainsi obtenu des résistances chez plusieurs Solanées cultivées. Rappelons que des papayer résistants aux papaya ringspot virus (PRSV) ont été monté en urgence en 1994 devant une crise majeure, et sont commercialisés depuis. Une des idées d'intervention avancée sur les résistances consiste à déceler les facteurs de transcription et autres "master switches" qui gouvernent l'ensemble des gènes de défense. Mais il ne faut pas imaginer que ce type de manipulations n'ait pas sa contrepartie sur d'autres mécanismes essentiels de la plante. Il faut donc bien connaître le système. Un des problèmes rencontrés est que les facteurs de transcription font souvent partie de grandes familles et que inactivation d'un gène ne donne souvent aucun phénotype décelable du fait de redondances. Les facteurs de transcription WRKY en constituent un exemple. Ils contiennent tous le motif de quatre acides aminés correspondants. Ils interviennent dans la sénescence, les défenses contre les agressions, la formation des trichomes, etc… Il en existe 72 chez Arabidopsis et leurs fonctions sont toutes étudiées à Purdue University. On va bien finir par dégager ceux qui pourraient être utilisés avec le plus de profit. On a déjà dégagé WRKY18, WRKY29 et WRKY70. Leur surexpression augmente la résistance à P.syringae et, pour WRKY70, à Erwinia carotovora subsp carotovora. Les auteurs citent plusieurs autres exemples. On peut également agir en amont des facteurs de transcription, en intervenant sur les MAP kinases dans les cascades de signaux. Ainsi NPR1 est un Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 nœud dans les réseaux de défenses associant résistance systémique acquise (SAR), résistance systémique induite (ISR), résistances par les gènes R, acide salicylique, acide jasmonique et éthylène, mais gare aux effets non intentionnels sur le reste du métabolisme. Dans le cas de la SAR, on a un état plus réducteur dans la cellule ce qui entraîne la conversion des oligomères de NPR1 inactifs en monomères actifs qui migrent vers le noyau où, en interaction avec les facteurs TGA, ils deviennent des facteurs de transcription. On peut utiliser NPR1 car, surexprimé, il entraîne une résistance à divers pathogènes. Cet effet est économe car on ne fait que préparer la plante à réagir, sans déclencher les défenses inutiles. Il semble, par ailleurs, exister des signaux lipidiques utilisables, comme DIR1 (DEFECTIVE IN INDUCED RESISTANCE 1) qui intervient très probablement dans les défenses systémiques, et SFD1 (SUPPRESSSOR OF FATTY ACID DESATURASE DEFICIENCY 1, gène codant la dihydroxyacétone phosphate réductase). Par ailleurs, une lipase activée par la fixation de l'acide salicylique, SABP2 (SA Binding Protein 2) intervient dans les défenses. Les phytoalexines, des antimicrobiens de faible masse moléculaire, sont connues depuis longtemps. Ils dépendent souvent de la famille de la plante. Ce sont souvent des sesquiterpènes chez les Solanacées, et des isoflavonoides chez les Papilionacées, et ne peuvent probablement pas être synthétisés chez d'autres plantes. Mais on s'est surtout intéressé aux protéines antimicrobiennes. Elles ont le défaut de n'être souvent efficaces que contre une gamme restreinte de pathogènes. Comme souvent dans ce cas, on peut les empiler dans une plante. Ce sont généralement de petits peptides lytiques (dont les défensines de plantes) interagissant directement avec les membranes microbiennes. Il existe, par ailleurs, les protéines PR (Pathogenesis Related) souvent évoquées dans ce Bulletin. On a construit de multiples plantes recombinantes surexprimant l'une ou l'autre de ces protéines avec une augmentation des résistances. Les syntaxines sont des SNAREs (Soluble N-ethyl maleimide sensitive factor Adaptor protein REceptors) qui jouent un rôle dans la fusion des vésicules de transport chez tous les eucaryotes et caractérisées par un motif conservé. Il en existe 24 chez Arabidopsis qui ont été dénommées syntaxines de plantes (SYPs). Enfin la manipulation de la réaction hypersensible (HR), celle qui cause une nécrose localisée autour du point d'infection, peut être envisagée, mais là aussi avec des précautions pour éviter de détruire toute la plante de façon intempestive. Or les promoteurs utilisables ont tous un bruit de fond suffisamment important pour que ce risque soit réel. On ne maque donc pas de solutions envisageables mais toutes ont des contreindications qu'il faut éliminer avant de produire une plante commercialisable. 22. La virulence pour le haricot et le soja de la souche 1449B race 7 de Pseudomonas syringae pv. phaseolicola est portée par un îlot de pathogénicité porté par un plasmide de 150kb. L'un des gènes effecteurs, avrPphF (un des trois qui induisent la réponse hypersensible en présence, pour avrPphF, du gène de résistance R1), est absent des races 2, 3, 4, 6 et 8 du pathogène à la suite d'une délétion de 9,5 kb. Il existe en effet 9 races distinguables par une batterie de huit cultivars de haricots qu'elles attaquent. Le reste de PAI est bien conservé chez 1449B et chez la souche prototype 1448A qui vient d'être séquencée par le TIGR. Cette délétion a été probablement causée par l'insertion d'un élément transposable chimérique à gauche de la délétion. Cet élément consiste en une fusion de IS1492 de Pseudomonas putida et IS1090 de Ralstonia eutropha. Les bordures de cet élément se retrouvent dans 66 souches de P. syringae pv. phaseolicola dépourvues de avrPphF. Par contre six souches isolées en Espagne présentent une délétion qui se prolonge de 1 kb plus à droite. Tout indique une origine clonale de toutes ces souches. LA Rivas et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3778-3785. 23. Xylella fastidiosa est un pathogène à large spectre d'hôte (plus de cent plantes différentes), attaquant notamment la vigne (maladie de Pierce), les agrumes, etc… Des chercheurs de Riverside ont analysé la diversité des souches nord-américaines en se basant sur dix loci différents (EL Schuenzel et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3832-3839). Ils distinguent trois clades. Deux correspondent à X. fastidiosa subspecies piercei et X.fastidiosa subsp. multiplex. Le troisième a été nommé X. fastidiosa subsp. sandyi. Ceci indique que X.fastidiosa a eu une origine clonale et a divergé il y a plus de 15 000 ans.bien avant l'introduction de plantes étrangères, caractérisant la plupart des infections. Les deux clades X.fastidiosa subsp. sandyi et X.fastidiosa subsp. piercei évoluent 2,9 fois plus vite que X.fastidiosa subsp. multiplex. La constance des variations au sein de X. fastidiosa subsp. piercei et X.fastidiosa subsp. sandyi, suggère de fortes pressions de sélection par l'adaptation à la plante hôte. 24. Le Wheat streak mosaic virus du blé (WSMV tritimovirus de la famille des Potyvirus) est transmis par un acarien ériophyide, (Aceria tosichella). Sa structure est voisine des potyvirus qui sont transmis par des aphides (pucerons). Les tritimovirus et les potyvirus codent des HC-Pro (Helper ComponentProteinase) nécessaires à la transmission non persistante par les aphides. Ce composant est également nécessaire à la transmission par les Acariens. DC Stenger et al.; Journal of Virology 79,n°14 (JUL05) 9054-9061. Les Insectes et leur Maîtrise 25. La taille de l'individu adulte chez les insectes découle, généralement, de celle de la larve au moment où elle cesse de se nourrir et commence à déambuler avant de se métamorphoser. On n'en connaissait pas 9 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 le mécanisme sous-jacent. K King-Jones et al.; Cell 121 (03JUN05) 773-784 montrent qu'il fait intervenir un récepteur dit "orphelin" (c.a.d. sans fonction connue) de l'ecdysone, DHR4. De plus, ce récepteur joue un rôle dominant dans les cascades déclenchées par l'ecdysone au début de la métamorphose réprimant, à la fois, les gènes régulateurs précoces et induisant le facteur de compétence βFTZ-F1 de la mipupaison. 26. Les mâles de Drosophila melanogaster (mais pas les femelles) effectuent des danses nuptiales pour lesquelles le gène fruitless (fru) est indispensable. La différence sexuelle repose sur un épissage différentiel des messagers entre mâles et femelles. des montages génétiques montrent que l'épissage mâle est indispensable aux comportement des mâles que ce soit pour la danse nuptiale mais aussi pour leurs préférences sexuelles naturelles pour les femelles. Si on force un épissage de type mâle chez des femelles on inverse tout leur comportement sexuel. E Demir et al.; Cell 121 (03JUN05) 785-794. voir également le commentaire de C Dulac; Cell 121 (03JUN05) 664666. 27. Des chercheurs israéliens, S Sela et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 4052- 4056, montrent que la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata) mais constitue probablement un vecteur de contamination des fruits (et donc des jus de fruits) par des bactéries pathogènes pour l'homme. Ils ont mesuré cette transmission pour des Escherichia coli marquées. 28. Des chercheurs de l'INRA à Montpellier montrent que la petite fourmi urticante (fire ant) Wasmannia auropunctata utilise une reproduction clonale chez les mâles comme les femelles. D Fournier et al.; Nature 435 (30JUN05) 1230-1234. Les ouvrières stériles sont issues d'une reproduction sexuée normale, tandis que les reines sont clonales. Ceci accroît leurs similitudes avec leur parentèle ouvrière. Les mâles des hyménoptères sont théoriquement issus d'œufs non fécondés, ils n'acquièrent leurs adaptations que de leur mère, la reine. Du fait du caractère clonal de la mère, leur adaptabilité devient nulle. Ils ont résolu le problème en étant issus d'œufs fécondés, dont ils éliminent la garniture chromosomique femelle. Leurs chromosomes sont donc identiques à ceux de leur père, et elle est donc également clonale. Il y a, par conséquent, séparation complète des pools de gènes paternels et maternels. Les Biopesticides 29. Les biopesticides ne sont, en général, pas assez performants pour remplacer complètement les pesticides chimiques. C'est d'ailleurs sage de leur part car s'ils exterminent leur casse-croûte il leur faudra soit trouver des proies alternatives ce qui n'est jamais bon car on ne sait pas lequel, soit jeûner. Mais, pour des applications agricoles, on peut se contenter d'une destruction partielle, mais il faut qu'elle ramène la densité des populations du prédateur au dessous du seuil de nuisibilité. K Brunner et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3959-3965 montrent que l'on peut améliorer les propriétés biopesticides de Trichoderma atroviride en lui faisant assurer, à la fois, la fonction pesticide et la stimulation des défenses généralisées de la plante à protéger. La souche transgénique SJ3-4 de Trichoderma atroviride, exprime le gène goxA de la glucose oxydase d'Aspergillus niger sous la commande du promoteur homologue de chitinase (nag1). La glucose oxydase engendre du peroxyde d'hydrogène qui est l'agent directement pesticide. Les milieux de cultures du champignon inhibent trois fois plus la germination des spores de Botrytis cinerea. La souche transgénique lyse, par ailleurs, Rhizoctonia solani et Pythium ultimum. Mais, in planta, SJ3-4 n'a pas vraiment d'effet sur des inoculums dilués de ces pathogènes. La souche permet, cependant, une germination de haricots dans des sols fortement infestés. La protection des racines de haricots traités par SJ3-4 induit une résistance systémique des plants, notamment contre B.cinerea. 30. Le génome de 7,1 Mb de Pseudomonas fluorescens Pf-5 vient d'être complètement séquencé par le TIGR, en association avec plusieurs équipes 10 américaines IT Paulsen et al. Nature Biotechnology. 23 (JUL05) 873-878. Qualifié de commensal par cette équipe, c'est un bioprotecteur des plantes. C'est le premier de cette catégorie. Il a été isolé aux Etats-Unis de la rhizosphère du coton. Mais si on en croit les marqueurs rDNAs 16S on retrouve des souches voisines dans le monde entier. Cela devrait permettre d'éclaircir les conditions que doit remplir un bon agent bioprotecteur,. Il faut typiquement atteindre une densité de population de l'ordre de 105 à 106 cellules par gramme de racine, en l'occurrence. Au dessous, aucun bioprotecteur ne fonctionne en tant que tel. Cela suppose une bonne compétitivité dans la rhizosphère. Le génome de P.fluorescens Pf-5 confirme que cette bactérie est capable d'utiliser un grand nombre de sources de carbone issues des plantes, qu'elle sait bien pomper le fer qui est un élément très limitant des sols car, sous sa forme ferrique (la plus fréquente), il est quasi insoluble. L'élimination des concurrents est la propriété recherchée. Elle lui est indispensable pour limiter la compétition. Les pathogènes du sol, souvent des champignons, sont limités par des métabolites secondaires antifongiques, une stimulation des résistances de la plante par le bioprotecteur, ou la destruction de facteurs de virulence. On trouve dans ce génome six groupes de gènes du métabolisme secondaire dont quatre codant la production d'antibiotiques connus comme le 2,4diacétylphloroglucinol, la pyolutéorine, la pyrrolnitrine et l'acide cyanhydrique, mais l'analyse du génome prédit l'existence de trois nouveaux métabolites secondaires: un surfactant, un polycétide et un peptide non ribosomal. Le biosurfactant n'est autre qu'un lipopeptide cyclique (voir le §31) voisin de la viscosine qui permet à des Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 pathogènes de dissoudre les cires épidermiques des plantes mais aussi d'attaquer des concurrents. De nombreux Pseudomonas fluorescents en produisent par un mécanisme non ribosomique. On trouve plusieurs séquences phagiques intégrées, ce qui n'a rien d'inattendu. On peut imaginer des rôles à ces phages dans l'acquisition de diverses propriétés. 31. La souche SB-K88 de Lysobacter supprime la fonte des semis de betterave causée par Aphanomyces cochlioides (un Pythium, donc un oomycète comme les Phytophtora). Lysobacter SBK88 est une colonisatrice de la surface des racines qui produit une bactériocine, la xanthobaccine A qui est un lipopeptide cyclique à synthèse non ribosomique, ayant des propriétés antibiotiques et surfactantes, qui est également produite par un Stenotrophomonas (un Pseudomonas). Cette bactérie colonise les racines de plusieurs plantes, dont la tomate, l'épinard, Arabidopsis thaliana, et Amaranthus gangeticus. M.Tofazzal Islam et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3786-3796 montrent que la xanthobaccine A immobilise les zoospores d'A.cochlioides en une minute. Les Productions animales L'expression des gènes 32. NR Smalheiser et al.; Trends in Genetics 21 (JUN05) 322-326 s'intéressent aux microRNAs dérivant des éléments transposables LINE-2 (Long INterspersed Elements). Les éléments LINES sont des rétrotransposons de 4,7 kb abondants dans beaucoup de génomes eucaryotes. LINE-1 est le seul à être encore actif dans le génome des Mammifères (voir le §34), mais les autres sont des séquences qui semblent avoir conservé ou acquis des fonctions secondaires. En fait, les auteurs traitent plus généralement des miRNAs issus de la transcription d'éléments répétés. La production de ces miRNAs résulte du fait que la transposition en de nouveaux sites crée la possibilité de transcrire des ARNs en épingle à cheveux donnant les miRNAs après maturation. Leur fonction est permise par la complémentarité avec des messagers transcrits à partir de gènes possédant à leur voisinage immédiat des portions de ces rétrotransposons dans leur partie aval non traduite. Les miRNAs dérivés des LINE-2, en particulier les MIRs (Mammalian Interspersed Repeats dérivés des séquences aval de LINE-2) sont particulièrement intéressants, car l'épingle à cheveux est entièrement dérivée des répétitions et sont formés à partir de deux répétitions adjacentes orientées de façon opposée. Les miRNAs correspondent à deux séquences précises en aval de la séquence consensus de ces répétitions. 33. La taille du cerveau est gouvernée par l'ephrine qui intervient sur la prolifération des progénitrices des cellules neurales, leur différenciation, survie et migration en régulant positivement leur apoptose. V Depaepe et al.; Nature 435 (30JUN05) 1244-1250. Les ephrines sont des ligands liés aux membranes de récepteurs à tyrosine kinase (dont elles constituent l'ensemble le plus important) qui jouent également un rôle dans l'angiogenèse. Elles fournissent, dans le système nerveux une information positionnelle et repoussent les cellules en migration et les axones en croissance. Les ephrines de type A sont insérées dans le feuillet externe de la membrane plasmique par une ancre glycosyl phosphatidylinositol et se lient à des récepteurs de type A. Les ephrines de type B possèdent, en outre, un unique domaine transmembranaire et une queue cytoplasmique. Les récepteurs des ephrines possèdent un domaine N-terminal en ß-sandwich fixant le ligand, le domaine extracytoplasmique possèdant, en outre, des domaines permettant une dimérisation des récepteurs. Ceci signifie que les éléments transposables peuvent ainsi contribuer à la diversité génétique des individus (pas forcément dans le bon sens). Des études antérieures avaient montré une activité des L1 dans les cellules germinales et dans d'autres cellules, mais aux tous débuts du développement. Les auteurs fournissent la première preuve d'une activité de L1 dans des cellules en culture provenant directement d'un échantillon de tissu, et de son activité tard dans le développement d'une souris transgénique. L'expression des L1s dans les cellules précurseurs de neurones apparaît comme inversement corrélée avec celle de SOX2 qui est un gène très peu exprimé dans ces cellules, mais qui intervient dans plusieurs fonctions des cellules neurales adultes. L'activation de L1 est associée à des modifications des histones. L'état d'acétylation et de méthylation des histones pourrait bien être responsable de la maîtrise de la cellule sur la transposition de ces éléments. Par ailleurs et bien qu el nombre d'insertions analysées soit encore trop faible pour conclure, il semble bien que la transposition cible préférentiellement les gène exprimés dans les futurs neurones ou le voisinage immédiat de ces gènes. Enfin il semble bien que la différenciation des cellules neuronales primordiales soit également affectée par ces transpositions. Une insertion dans le gène Psd-93 (postsynaptic density protein of 93 kDa, alias chapsine) accroît son expression, ce qui induit la différenciation neurale. Voir également le commentaire d'EM Ostertag et al.; p.890-891. Le développement 34. AR Muotri et al.; Nature 435 (16JUN05) 903910 montrent que la transposition de l'élément LINE-1 peut avoir lieu dans les précurseurs des neurones, ce qui affecte, au moins en culture, leur devenir. La rétrotransposition d'un L1 humain chez la souris entraîne la formation d'une mosaïque cellulaire somatique. Ceci est probablement lié à l'intervention du facteur de transcription Sox2 (SRY (sex determining region Y)-box 2) au cours des stades précoces. 11 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 Ceci est suffisamment passionnant pour que des recherches complémentaires viennent vérifier la généralité de ces observations. 35. L'achèvement de la séquence du génome humain a permis d'identifier bien des gènes, mais il reste souvent à identifier les éléments régulateurs liés. JS Carroll et al.; Cell 122 (15JUL05) 33-43 ont cartographié l'association du récepteur nucléaire des œstrogènes, ER, avec les régions non répétitives des chromosomes 21 et 22 humains. L'ER se lie à un nombre limité de sites, ce qui n'est pas inattendu, mais qui sont souvent très éloignés du site de début de la transcription. Il semble, de plus que la fixation implique la présence de facteurs de type Forkhead au voisinage immédiat, plus spécialement du facteur FoxA1. vision. L'observation majeure est que les neurones (et les fibres musculaires) passent, au cours du développement, par une phase d'activité spontanée qui dépend d'une expression des canaux ionique différente de celle des neurones à maturité. 36.### Une revue très touffue de WJ Moody et al.; Physiological Reviews 85 (JUL05) 883-941 analyse les rôles successifs des canaux ioniques dans le développement (et le fonctionnement) des muscles et des cellules nerveuses, mais en les plaçant dans un contexte plus large, depuis les débuts de l'embryogenèse. Ils peuvent avoir des rôles différents pendant la phase précoce du développement avec la mise en place des tissus et organes, puis plus tard lors de leur fonctionnement. Les auteurs commencent avec le cas de la maturation de l'ovocyte et le blocage de la polyspermie, avec l'élimination sélective de certains canaux qui a surtout été étudié chez l'étoile mer (mais il faut se rappeler que les Mammifères ont un comportement différent sur ce point) et sur le Tunicier Boltenia villosa Toute une série de flux disparaissent après la fécondation, chacun à son tour. Celui à Na+ disparaît dans les deux premières heures (première mitose embryonnaire). Le canal à Ca2+ n'est éliminé que lors de la gastrulation. Le canal à K+ ne l'est qu'à la neurulation, mais il reste jusque là parfaitement fonctionnel, mais on ne sait pas trop bien si c'est pas synthèse de nouveaux canaux ou par démasquage d'existants. Le cas de la rétine et de la finition des connexions visuelles, est également évoqué. L'activité des canaux dans la rétine précède la perception visuelle, et cette activité participe à l'établissement du patron des connections réticulogéniculées. Cette activité va persister un long temps avant la mise en place de la 38. M Jastroch et al.; Physiological Genomics 22 (14JUL05) 150-156 montrent que la protéine découplante UCP-1 des poissons permet de révéler une origine très ancienne, mais avec des fonctions probablement différentes, de la thermogenèse dite "sans frissons" des Mammifères qui a été caractérisée dans le tissu adipeux brun des jeunes rongeurs. Ce type de protéines assure une fuite des protons à travers la membrane interne mitochondriale sans régénération d'ATP permettant, ainsi, une conversion de l'énergie du gradient de protons en chaleur. Les protéines UCP-2 et UCP-3 ne sont probablement pas impliquées dans ce mécanisme et servent à réduire la production d'oxygènes radicalaires réactifs toxiques. Ces deux protéines sont connues chez les Vertébrés endothermes (Oiseaux et Mammifères) et, jusqu'à présent, seule UCP-2 était connue chez les Vertébrés ectothermes comme les poissons et les amphibiens. Les auteurs montrent qu'UCP1 et UCP3 existent chez les poissons téléostéens. Mais chez la carpe (Cyprinus carpio), UCP1 est surtout exprimée dans le foie et sa production diminue avec le froid contrairement à son homologue des Mammifères. Le messager d'UCP3 n'est observé que dans les muscles squelettiques de la carpe et son abondance croît avec le jeûne. Les trois gènes d'UCPs étaient donc présents avant la divergence des principales lignées évolutives des Vertébrés, c'est-à-dire il y a 420 millions d'années, mais avec des fonctions différentes de celles observées chez les Vertébrés les plus récents. 39.### Une seconde partie du numéro de Current Opinion in Immunology 17 (JUN05), dont la première a été analysée dans le Bulletin de Juillet au §60, concerne les fonctions effectrices des lymphocytes. Les avancées récentes ont porté sur les récepteurs TLRs (Toll-Like Receptors), mais aussi sur des récepteurs inhibiteurs des cellules NK (Natural Killers), puis de récepteurs activateurs et de corécepteurs, permettant à ces cellules de distinguer des cellules étrangères donc potentiellement dangereuses (nous sommes tous racistes à l'échelle cellulaire). Les réponses innées et adaptatives ne sont pas des mécanismes de défense séparés, mais interconnectés. Les réponses innées sont rapides et précèdent la réponse adaptative, mais cette dernière est informée des réponses innées de la défense réglementaire. La réponse à une infection s'appuie, pendant les premiers jours, sur les mécanismes innés, car la réponse des cellules T prend trois à cinq jours à se développer, et celle par anticorps prend une bonne semaine. Jusqu'à nouvel ordre, la réponse innée suffit souvent à elle seule et c'est ce qui se passe chez les Invertébrés. L Moretta; Current Opinion in Immunology 17 (JUN05) 303–305. L'un des mécanismes les plus fascinants est l'interaction entre les cellules NK (Natural Killer) et dendritiques (DCs). La revue de A Moretta; p.306311 discute de ces interactions. Cette revue souligne le La Physiologie 37. JM Bischof et al.; Physiological Genomics 22 (14JUL05) 191-196 ont examiné le patron de transcription du génome dans l'hypothalamus en se préoccupant particulièrement des gènes impliqués dans l'obésité et analysé toutes les données publiées sur le sujet. C'est essentiellement un article méthodologique. Le système immunitaire 12 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 rôle des récepteurs inhibiteurs spécifiques des MHC-I et des récepteurs activateurs dans ces interactions. Les cellules NK sont attirées vers les sites d'inflammation ou les ganglions lymphatiques, ce qui leur permet de rencontrer plus facilement les DCs alertées. L'inflammation se traduit, aux sites d'entrée de l'agent infectieux par la libération de nombreuses cytokines et chimiokines attirant les NKs vers les DCs résidentes ainsi que vers d'autres types cellulaires. Les cellules NK expriment, en effet, des récepteurs de chimiokines. Les cellules DC myéloïdes sont de puissantes présentatrices d'antigènes associées à l'activation des cellules T et à l'amorçage de la réponse adaptative. Elles émettent, après avoir ingurgiter un antigène, de l'IL-12 et de l'IL-15 qui modifient le comportement des cellules NK. IL-12 induit, en particulier, la libération de l'interféron γ par les NKs et augmente leur toxicité. D'un autre côté, une forme membranaire de l'IL-15 induit la prolifération des cellules NKs. La production des deux interleukines varie, d'ailleurs, selon le type de DC myéloïdes. Ainsi, les cellules de Langerhans ne produisent pas d'IL-12, mais beaucoup d'IL-15 et IL-18, par exemple. Elles ne permettent pas l'activation des NKs, faute de récepteurs d'IL-15α Des récepteurs inhibiteurs de la réponse aux MHC-I ont été caractérisés, en premier, dans les cellules NKs, puis dans un sous-groupe de lymphocytes T cytolytiques (CTLs), notamment lors de la gestation. Ces CTLs reconnaissent un petit nombre de peptides liés au HLA-E, un MHC-I très peu polymorphe. C'est la séquence leader de nombreux allèles des MHC-I (HLA-I de l'homme) qui est reconnue. Ceci fait que ces CTLs reconnaissent de nombreuses cellules allogénéiques. MC Mingari et al.; p.312-319 La façon dont s'établit la mémoire des cellules T commence à être bien connue. A Lanzavecchia et al.; p.326-332 passent en revue les acquis récents dans ce domaine. Si on se base sur les données phénotypiques et fonctionnelles, on peut distinguer deux sous populations de cellules T "mémoires", les cellules "centrales" (TCM) et "effectrices" (TEM). Elles se distinguent par leur ciblage dans le corps, par leur capacité à proliférer en réponse à des antigènes et des cytokines, et enfin par leur capacité à piloter les fonctions effectrices. Ce sont des cellules bloquées à différents stades de leur différenciation. Elles peuvent persister toute la vie, même en l'absence d'antigènes, en partie parce qu'elles produisent des produits anti-apoptotiques, ce qui leur évite une élimination par cette voie et qu'elles répondent bien aux cytokines homéostatiques, ce qui permet une régénération du stock de TEMs à partir des TCMs qui ont pour elles leur plus forte capacité à proliférer. Ces propriétés sont progressivement acquises au fur et à mesure que la stimulation immunitaire initiale se renforce. 40.### Dans leur ardeur, les cellules immunitaires activées pourraient causer des dégâts collatéraux parfois importants, et il faut un dispositif de surveillance pour y mettre éventuellement le holà, soit pour pallier une durée, soit une intensité superflue des réactions. Une revue porte sur ce problème avec MV Sitkovsky et al.; Trends in Immunology 26 (JUN05) 299-304. Les auteurs invoquent le rôle de récepteurs de l'adénosine extra-cellulaire qui capteraient une surabondance de celle-ci indiquant des lésions cellulaires importantes au voisinage. ces récepteurs purinergiques interviennent à différents niveaux de l'activité immunitaire. 41. Les récepteurs Toll-like (TLRs) interviennent, en particulier dans les défenses anti-virales. Comme ce sont des intervenants du système de l'immunité innée, ils reconnaissent des motifs communs à une classe de pathogènes. Dans le cas des virus, il est plus difficile à comprendre lequel. L'ARN hélicase RIG-I semble pouvoir reconnaître les ARNs doubles brins. H Kato et al.; Immunity 23 (JUL05) 19-28 montrent, qu'en fait RIG-I intervient en déclenchant la production des interférons α/β dans les fibroblastes et les cellules dendritiques conventionnelles. RIG-I active IRF3 avec l'aide des des kinases apparentées à l'IkB kinase. Dans les cellules dendritiques plasmacytoïdes qui produisent e grandes quantités d'interféron α, ce sont les TLRs qui sont directement utilisés plutôt que le système RIG-I pour la détection des virus (mais encore une fois comment?). 42. Les réponses à une seconde infection sont classiquement attribuées aux cellules T "mémoires" des ganglions lymphatiques permettant une réponse accélérée, mais il existe également des cellules T effectrices "mémoires "périphériques, non localisées dans un tissu particulier qui sont encore plus proches des invasions possibles. Elles représentent donc un tissu fonctionnel diffus du système immunitaire. Une revue de N van Panhuys et al.; Trends in Immunology 26 (MAY05) 242-247 est consacrée à ces cellules. 13 Les Vaccins Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 43. C Watkins et al.; Vaccine 23 (21JUL05) 42474256 ont suivi l'expression génique dans les cellules dendritiques (des présentatrices professionnelles des antigènes aux cellules T, ce sont d'ailleurs les seules capables d'activer les cellules T naïves) après une inoculation biolistique d'ADN plasmidique. Ils on utilisé le gène marqueur de GFP améliorée (EGFP) et ont suivi l'expression dans les cellules DCs arrivant de la périphérie où elles ont perçu l'antigène vers les zones centrales où elles s'associent avec ces cellules T par le biais d'une synapse immunitaire. L'analyse montre que des MHC-II, WC6, CD1b et SIRPα (SIgna -Regulatory Protein) sont exprimées après immunisation plasmidique. Mais si le plasmide persiste assez longtemps, sa présence n'est rapidement plus corrélée avec l'expression d'EGFP. 44. Les salmonelloses ovines entraînent des symptômes variables selon la souche concernée (serovars Abortusovis, Dublin ou Typhimurium). Le sérovar Abortusovis est le plus commun dans l'Europe du sud et cause des avortements à la sixième semaine sans signes cliniques préalables. L'opéron spv est porté par le plasmide de virulence de plusieurs sérovars de Salmonella, Abortusovis, Typhimurium, Dublin, Choleraesuis et Gallinarum mais pas Typhi. Il existe un vaccin basé sur une souche atténuée (Rv6) qu'on a d'ailleurs proposé, il y a un certain temps, d'utiliser pour une production hétérologue. Trois vaccins vivants (atténués) contre Salmonella enterica ssp I sérotype Abortusovis basés sur des bactéries dépourvues d'aroA, cya, crp, cdt et de leur plasmide de virulence, sont décrits par S Uzzau et al.; Infection & Immunity 73 (JUL05) 4302-4308. L'effet est quand même relatif car on constate une diminution, mais pas une suppression, des avortements. Il reste donc du travail à faire 45. DN Wedlock et al.; Infection & Immunity 73 (JUN05) 3540-3546 montrent qu'on peut améliorer l'efficacité de vaccins contre la tuberculose bovine en associant des vaccins, soit à sous-unités protéiques, soit au BCG classique, soit à des oligonucléotides CpG (stimulateurs de l'immunité innée). 46. AA Oñate et al.; Infection & Immunity 73 (JUN05) 3294-3300 décrivent la construction d'un vecteur viral destiné à un vaccin ARN contre Brucella abortus. Le vecteur viral utilisé est le virus Semliki et l'antigène est la superoxyde dismutase (SOD) à Cu etZn de la bactérie. 47.. BA Aulinger et al.; Infection & Immunity 73 (JUN05) 3408-3414 montrent que l'on peut combiner un vaccin et une thérapie des infections par Bacillus anthracis en utilisant un mutant inhibiteur dominant de la bactérie. Les vaccins actuels sont basés sur l'antigène protecteur (PA), mais une immunisation contre PA n'entraîne pas des défenses contre la bactérie proprement dite. Le mutant constitue bien un agent immunisant contre la bactérie et semble efficace, mais le mécanisme reste à élucider (ou à publier). 48. La microflore intestinale a été façonnée par la co-évolution avec son hôte, y compris à l'échelle individuelle. Mais on ne connaît encore que peu de choses sur l'adaptation symbiotique à l'échelle moléculaire. SK Mazmanian et al.; Cell 122 (15JUL05) 107-118 montrent que la colonisation du colon par Bacteroides fragilis, implique un polysaccharide bactérien qui commande la maturation cellulaire et la structure des organes lymphoïdes.Ce pilotage comprend la correction d'anomalies physiologiques des cellules T, et des déséquilibres entre Th1 et Th2. Les T helper1 (Th1) sont celles qui produisent l'interféron γ, et assurent à la fois les réactions inflammatoires (racolant les défenses), et l'attaque des pathogènes intracellulaires, tandis que les T helper 2 (Th2) produisent les cytokines IL4, IL5 et IL13) et encouragent les lymphocytes B à produire les anticorps circulants. Le polysaccharide pilote également l'organisation des ganglions lymphatiques. Lorsqu'il est présenté par les cellules dendritiques (voir le §) intestinales, il active les cellules T CD4+, celles qui expriment les récepteurs des MHC-II. Les Pathogènes 49.### La population microbienne du tractus gastro-intestinal humain se monte à quelques 1014 cellules (probablement 10 fois plus que les cellules du corps humain) et 1,5 kg. Les échanges de signaux entre les différents participants de cette flore sont analysés par JB Kaper et al.; Infection & Immunity 73 (JUN05) 3197-3209. En fait ce tractus est divisé en compartiments très différents depuis la cavité orale en passant par l'estomac, l'intestin grêle avec ses trois subdivisions (duodénum, jéjunum et iléum), et le gros intestin ou colon. La densité des populations y est très variable, avec à peine 103 cellules/ml à la sortie de l'estomac, 1010/ml à la valve iléocœcale et de 1011 à 1012/ml dans le colon. On peut ensuite définir des microdomaines comme la lumière du tube digestif, la couche 14 muqueuse des épithéliums, les cryptes intestinales, etc… La flore elle même est relativement variée et on estime de 500 à 1 000 le nombre d'espèces différentes de cette flore. La masse totale est probablement moins importante que la diversité génétique présente. On peut considérer la séquence totale métagénomique de cette population à environ 100 fois celle du génome humain (évidemment en se servant d'extrapolations à partir de données sûres). On peut considérer que plus de 99,9% sont des anaérobies strictes. La revue se penche sur les communications entre ces multiples participants. Le "quorum sensing" (QS) est le mécanisme le plus connu dans ce domaine (il doit en exister d'autres qui se révèleront plus tard). Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 Nous interprétons ce signal comme un signal de ralliement aux conditions favorables et, inversement, à la limitation des populations quand elles dépassent les capacités d'un milieu donné. On connaît trois mécanismes types de QS. L'un est essentiellement utilisé par les Gram-, un par les Gram+, et un dernier considéré comme universel. Celui des Gram- fait appel, comme c'est le cas pour V.fischeri, aux acylhomosérine lactones, avec des fioritures autour de la longueur de la chaîne acylée. Les Gram+ utilisent des oligopeptides détectés par des systèmes à deux composants. Ces polypeptides auto-inducteurs (AIPs) sont issus de peptides cytoplasmiques clivés et modifiés et exportés. Le récepteur à deux composants comporte, classiquement un capteur à histidine kinase membranaire et un régulateur de réponse cytosolique. Le domaine extracellulaire capte la présence du signal extérieur et active son domaine histidine kinase qui s'autophosphoryle alors sur une histidine particulière. Le système a surtout été étudié dans le cas de Staphylococcus aureus. L'AIP correspondant est un peptide produit par AgrD et modifié par AgrB. Le récepteur est codé par agrAC. L'AIP ne comporte que 8-9 aminoacides avec des cycles thiolactones internes. Ces AIPs sont plus spécifiques que les AHLs, car on peut répartir l'espèce en quatre sousgroupes selon l'AIP produit et perçu par chacun de ces sous-groupes. Certains de ces AIPs peuvent même inhiber le système d'un autre sous-groupe (un peu comme les monopoles de presse). Le système universel permettant l'intercommunication entre espèces bactériennes est utilisé par les Gram+ comme les Gram-. C'est ce dernier système qui est important dans le tractus gastro-intestinal. On le désigne sous le nom de système à autoinducteur 2 (AI-2). Il a été détecté chez V.fischeri qui possède déjà un système à AHL. Le signal est produit pas LuxS (mais voir plus loin) et perçu par un récepteur à deux composants LuxP/LuxQ, la cascade étant similaire à celle des oligopeptides des Gram+. Ce système a été détecté chez des dizaines d'autres espèces bactériennes. LuxS est une enzyme impliquée dans le métabolisme de la S-adénosylméthionine et convertit une ribose-homocystéine en homocystéine et 4,5dihydrody-2,3-pentanedione. La 4,5-dihydrody-2,3pentanedione est très instable et réagit avec l'eau pour donner, en se cyclisant, diverses furanones dont l'une est supposée être le précurseur d'AI-2. Ce système commande le système de sécrétion de type III et la production du flagelle chez les E. coli entérohémorrhagiques (EHEC) O157:H7, par exemple. Un nouveau signal a récemment été caractérisé avec AI-3, dont la synthèse dépend également de LuxS, mais est nettement différent de AI-2. En fait, luxS est un gène métabolique général et n'est pas spécial au quorum sensing. Le résultat est qu'une manipulation de luxS a un impact sur AI-2 et AI-3, ce qui oblige à repenser le système. On a souvent évoqué l'utilité du quorum sensing dans l'attaque en masse d'un organisme par un pathogène, pour ne déclencher les facteurs de virulence (souvent éliciteurs des défenses) que dans une situation de force (on dirait un enseignement de l'Ecole de guerre…) mais, dans le tractus digestif, le vrai problème est surtout celui de la compétition avec les organismes résidents. Mais si l'existence du QS est patente dans le tractus digestif, son rôle dans la pathogenèse l'est moins. Les EHEC ont dévié la fonction, pour activer leur gènes de virulence, mais le système AI-3/luxS permet à ces bactéries de savoir quand elles sont dans le colon. En effet, de très nombreuses bactéries de ce compartiment possèdent le système QS AI-3/luxS. Là, elles perçoivent le signal épinéphrine (et norépinéphrine) de l'hôte qui déclenche le mécanisme de lésions cellulaires caractéristiques du LEE (Locus of Enterocyte Effacement). La norépinéphrine est produite par les neurones adrénergiques du système nerveux intestinal, tandis que l'épinéphrine est synthétisée dans le système nerveux central et dans la médullosurrénale, puis véhiculée par le sang jusqu'à l'intestin. Le signal AI-3 et la cascade de réponse sont présents chez toutes les Entérobacteriacées étudiées sur ce point. Ce qui est remarquable c'est que les gènes sont conservés, y compris dans leur contexte chromosomique, ce qui indique une forte pression de sélection. Mais les EHECs (entérohémorrhagiques) et EPEC (entéropathogènes) règlent les détails de l'intendance de façon différente. Salmonella enterica possède deux systèmes de QS. La protéine SdiA est l'homologue de LuxR, mais aucune enzyme de synthèse de type LuxI n'a pu être détectée. Ceci lui permet, cependant, de percevoir des signaux AHLs d'autres bactéries. C'est donc un exemple de communication interspécifique en sus de AI-2 qui semble intervenir dans la formation de biofilms. LuxS régule l'expression d'un transporteur de type ABC (ATP Binding Cassette) codé par l'opéron lsr (LuxS regulated) impliqué dans l'internalisation de AI2. On a, par ailleurs, constaté (voir plus haut) que le système AI-3 est présent chez toutes les entérobactériacées. Les populations de Vibrio cholerae ont un comportement singulier car, contrairement à beaucoup d'autres bactéries, le QS inhibe les gènes de virulence à hautes densités cellulaires et les active à faibles densités. La bactérie semble utiliser trois systèmes de communication en parallèle. Les trois voies convergent sur le régulateur de réponse à deux composants LuxO, homologue du régulateur de même nom de V. harveyi). La bactérie possède un système classique à homosérine lactone (CAI-1), un système à AI-2 (furanosyl borate diester), et un troisième système, non encore identifié avec précision, révélé par l'inactivation des deux autres. Voir, en particulier, BK Hammer et al.; Molecular Microbiology 50 (OCT03) 101-114. Les trois systèmes comporte une homologue de LuxR dénommée HapR qui est un répresseur des gènes de virulence et de la formation des biofilms, et un activateur de la protéase Hap. Plus, de nombreuses souches de la pandémie El Tor ne portent pas de systèmes de QS, comme si ces 15 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 systèmes étaient contre-sélectionnés au cours de l'évolution de la bactérie En ce qui concerne les Escherichia coli entéroagrégatives (EAEC) qui causent des diarrhées persistantes, les bactéries commensales du colon semblent activer l'expression d'un régulateur global de la transcription. Cela est dû à un ou plusieurs produits d'autres bactéries comme Enterococcus et Clostridium, tandis que des souches de Lactobacillus et de Veillonella répriment ce gène. On n'a, cependant, pas encore identifié ces substances. Enterococcus faecalis utilise sa cytolysine non seulement comme un auto-inducteur de l'expression de ses gènes, mais comme une toxine létale pour les cellules cibles eucaryotes, mais comme un détecteur de la présence de ces cibles et, enfin comme une bactériocine contre des concurrents éventuels. Chez Clostridium perfringens, il existe un système QS à AI-2 (avec le gène luxS-correspondant) qui gouverne l'expression des toxines α, k et θ. Mais on sait depuis fort longtemps qu'il existe une molécule activant la production de la toxine θ, appelée la substance A, mais elle est distincte de l'AI-2 mentionnée plus haut.. Chez les Shigella, comme S.flexneri qui est impliquée dans des dysenteries c'est également un système luxS/AI-2 qui est impliqué dans la virulence, tout particulièrement sur le système d'injection. Mais contrairement aux Escherichia coli qui sont soumises à une pression médiatique considérable de la part des bactéries commensales (car elles sont uniquement présentes dans la lumière du tube digestif), les Shigella ne font que passer et pénètrent rapidement dans les cellules de la paroi et ne sont pas obligées d'écouter les autres bactéries. Par ailleurs, des bactéries comme Pseudomonas aeruginosa utilisent un de leurs auto-inducteurs (3oxoC12 homosérine lactone,en l'occurrence) pour moduler les réactions du système immunitaire. La production du TNFα et de l'interleukine-12 est déprimée dans les leucocytes et celle de l'interféron γ est activée 50. Une infection par Salmonella est associée à leur persistance dans les lymphocytes B et les macrophages. Et pourtant macrophages, cellules dendritiques et cellules B font partie des défenses de l'organisme. Les macrophages activés par l'interféronγ utilisent un mécanisme alternatif de dépeçage des antigènes de Salmonella pour présenter les fragments aux lymphocytes T CD8+. L'antigène est désossé dans un compartiment vacuolaire puis les fragments sont sécrétés et chargés sur les molécules du MHC-I à la surface du macrophage et des cellules voisines. R Rosales-Reyes et al.; Infection & Immunity 73 (JUL05) 3937-3944 montrent que les lymphocytes B ne savent pas utiliser cette voie. Ceci est dû au fait que les vacuoles contenant Salmonella enterica serovar Typhimurium (SCV) sont des compartiments endosomiques-lysosomaux tardifs dans les lymphocytes B , tandis que celles des macrophages sont remodelées au cours du temps. Mais S. enterica serovar Typhimurium s'en fiche parfaitement et survit plus facilement dans les cellules de cellules B activées par l'interféron γ que dans les macrophages activés. 16 L'absence du remodelage dans les cellules B est corrélée avec l'incapacité de ces cellules à utiliser la voie alternative. Du coup Salmonella exprime, dans ces vacuoles incompétentes, les mécanismes de virulence qui facilitent sa survie. 51. Les souches O78 d'Escherichia coli sont souvent associées à des pathologies extra-intestinales chez les animaux d'élevage (notamment des sacs aériens des volailles) comme chez l'homme. La souche aviaire (APEC) O78:K80 χ7122 a été étudiée par MG Lamarche et al.; Infection & Immunity 73 (JUL05) 4138-4145 et le rôle du système de transport des phosphates Pst dans la virulence de cette souche. Son inactivation entraîne effectivement une baisse de la virulence. Cette souche à transport inactivé est moins résistante à divers effets bactéricides. L'opéron pstSCAB-phoU fait partie du système plus général commandé par le capteur à deux composants PhoB/PhoR qui répond à la concentration du phosphate. Le capteur PhoR de la membrane interne phosphoryle classiquement le régulateur de réponse PhoB, qui va, alors, activer la réponse des 39 gènes cibles connus en se fixant sur la "Pho box" de leurs promoteurs. Le système de transport Pst en fait partie. Ce système comporte une protéine périplasmique (PstS) captant le phosphate, deux protéines transmembranaires (PstA et PstC), une protéine fixant l'ATP (PstB) et une protéine probablement répresseur du système PhoU. Il s'agit probablement d'un système permettant à la bactérie de savoir qu'elle est au bon endroit pour attaquer. 52. Le virus respiratoire syncytial (RSV) est un paramyxovirus dont les protéines non structurales NS1 et NS2 bloquent la réponse anti-virale liée aux interférons α/β α/β. Ceci est lié à une action sur la protéine Stat2, mais uniquement chez l'homme, car Stat2 de la souris reste insensible. C'est donc une manipulation spécifique (à tous les sens du terme) de l'appareil immunitaire conditionnant le spectre d'hôte. MS Lo et al.; Journal of Virology 79,n°14 (JUL05) 9315-9319. 53. On sait que le virus de la fièvre aphteuse pénètre dans sa cellule-hôte via une endocytose dépendant de la clathrine de son récepteur chargé qui est une intégrine αvβ6. Ce récepteur est localisé dans les radeaux lipidiques de la membrane. Le récepteur est non seulement un capteur du virion mais également un vecteur vers les endosomes. L'infection fait intervenir les endosomes précoces, mais elle évite le transfert des endosomes tardifs vers les lysosomes. S Berryman et al.; Journal of Virology 79,n°13 (JUL05) 8519-8534. 54. L'évasion antigénique est théoriquement facile chez les virus à ARN du fait de leur très grande aptitude à muter ou à se réarranger (la sélection naturelle élimine cependant ceux qui sont trop débiles). Les modifications dans les glycoprotéines des souches de virus grippal sont responsables des modifications annuelles de la composition des vaccins grippaux. Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 La pression de sélection par les cellules T cytotoxiques CD8+ (CTLs) en est, au moins partiellement, responsable. GE Price et al.; Journal of Virology 79,n°13 (JUL05) 8545-8559 montrent que les voies respiratoires sont un endroit favorable aux variants de ce type. Les voies de la perforine/granzyme (très bien régulée) et la voie Fas/FasL (beaucoup plus éclectique) exercent cette pression de façon coordonnée. Les auteurs le montrent chez des souris ou ces deux armes sont désamorcées. 55. Des chercheurs espagnols (J Castilla et al.; Journal of Virology 79,n°13 (JUL05) 8665- 8668) montrent qu'il existe bien une transmission verticale (de la mère aux descendants), au moins chez la souris, du prion de l'encéphalite spongiforme. Cette transmission a lieu lors d'une reproduction au stade juste pré-clinique de la maladie, c'est-à-dire que le prion migre alors du cerveau vers les organes périphériques. Il est vraisemblable qu'il en soit de même chez les bovins. 55. C Jacquemot et al.; Journal of Virology 79,n°14 (JUL05) 8904-8908 montrent que l'on peut déclencher avec une grande efficacité la tremblante chez la souris en utilisant des injections répétées de doses sub-liminales du prion correspondant chez des souris, alors que l'injection de la somme totale de ces doses d'un seul coup ne déclenche pas la maladie. 56.### Des chercheurs de l'INRA à Tours et Nantes décrivent la transmission et les caractéristiques cliniques de l'infection causant l'entéropathie épizootique du lapin Des chercheurs de l'INRA à Tours et Nantes décrivent la transmission et les caractéristiques cliniques de l'entéropathie cunine qui est apparue fin 1996 en France et qui ravage les élevages de lapins. Mais ils n'ont encore pu décrire l'agent. D Licois et al.; Veterinary Research 36 (JULAUG05) 601-613. 57.### Un chercheur australien s'est préoccupé du coût global de l'entéropathie proliférative (iléite) du porc. On connaît cette maladie depuis plus de 70 ans. Elle est causée par la bactérie Lawsonia intracellularis. La maladie se déclare usuellement chez des porcs de plus de 12 semaines. On retrouve cette pathologie chez de nombreux animaux, mais surtout chez le porc. Des colites ulcératives ont été détectées chez l'homme, qui pourraient avoir la même cause. Il semble que plus de 90% des élevages européens soient plus ou moins infectés (voir S Chouet et al.; The Veterinary Record 152 (04JAN03) 14-17). Une première étude avait établi les coûts liés au plus faible poids de carcasse, à la mauvaise conversion de la nourriture en gain de poids, l'utilisation d'espace et des effets de la morbidité et de la létalité était arrivée à un coût unitaire de 0,5 à 1 € selon les conditions économiques. Mais cette évaluation ne prend en compte que les maladies déclarées. Si on prend en compte les stades subcliniques, l'évaluation change. Un des facteurs nouveaux introduits à cette occasion est celui des pertes lors de la reproduction, qui augmente le coût de 0,5 €. Cela justifie nettement l'utilisation d'un vaccin dont le coût est probablement de 1€ par tête. Les Productions Microbiennes 58. La transformation de Bacillus subtilis a lieu grâce à des protéines dites de compétence. Au moins trois d'entre elles, ComGA, ComFA et YwpH sont associées aux pôles cellulaires où elles se concentrent lors du pompage de l'ADN exogène. Lorsque la compétences s'atténue, elles se redispersent. La machinerie utilisée est donc labile et localisée aux pôles cellulaires lors de son fonctionnement. HJ Maier et al.; Cell 122 (15JUL05) 59-71. 59### nombreux métabolites secondaires, comme les mycotoxines et les antibiotiques, sont toxiques pour leurs producteurs et ils possèdent donc les systèmes d'immunité correspondants. Mais une excrétion continue facilite quand même les choses. On trouve, ainsi, de très nombreux transporteurs de type ABC (à ATP-Binding Cassettes) chez les Streptomyces producteurs d'antibiotiques et chez Penicillium chrysogenum producteur de la pénicilline. Un autre type de systèmes d'efflux existe chez les bactéries productrices de pigments et d'antibiotiques, ainsi que chez les champignons producteurs de mycotoxines. Un exemple de tels systèmes d'efflux est celui des CefT qui permet la sécrétion de la céphalosporine C chez Acremonium chrysogenum. Il est donc intéressant de mieux connaître tous ces systèmes. Une revue de JF Martin et al.; Current Opinion in Microbiology 8 (JUN05) 282-293 les analyse. Les gènes codant ces systèmes sont le plus souvent physiquement associés aux gènes de production (et de résistance). Or la synthèse dépend beaucoup des conditions de milieu et a généralement lieu en fin de croissance exponentielle, par exemple. Les auteurs consacrent, d'abord, leur analyse aux systèmes de détoxication ou d'expulsion, puis aux sécrétions des métabolites secondaires avec les transporteurs ABC de la pénicilline chez Aspergillus nidulans, et d'autres antibiotiques chez Streptomyces antibioticus et enfin au système mtrAmtrB de Streptomyces argilaceus et celui d'exportation de la spiramycine chez Streptomyces ambofaciens. Le nombre de transporteurs par cellule est, en règle générale, proportionnel au nombre des antibiotiques produits. Ainsi, parmi les Actinomycètes, les Streptomyces producteurs en ont beaucoup plus que les Mycobacterium et Corynebacterium Il existe, par ailleurs, des transporteurs "multidrug" qui sont des transporteurs de substances amphiphiles utilisant les gradients électrochimiques membranaires pour assurer l'expulsion. Les transporteurs fongiques et bactériens de ce type se ressemblent beaucoup. 17 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 60.### Les Géobacteracées (comme Desulfuromonas acetoxidans, Geobacter metallireducens et Geobacter sulfurreducens) sont parmi les microorganisme importants sachant réduire le fer ferrique dans les sédiments. Leur dominance est liée à leur capacité à déborder tous les autres microorganismes sachant, comme eux, réduire Fe3+. Ce sont également de bons candidats pour des piles à combustibles basées sur des substrats biologiques, types déchets organiques. Elles sont, en effet, capables de coupler l'oxydation de l'acétate à la réduction d'accepteurs externes d'électrons. La citrate synthase intervient dans ce couplage car elle joue un rôle essentiel dans le métabolisme de l'acétate en condensant l'acétyl-coenzyme A et l'oxaloacétate en citrate. Le séquençage du génome de Geobacter sulfurreducens indiquait la présence de cette enzyme. Elles seraient apparentées à celles des eucaryotes avec quelques particularités propres que DR Bond et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3858-3865 ont analysé après avoir exprimé son gène chez Escherichia coli. Une nouvelle revue sur les piles à combustibles microbiennes est, par ailleurs, parue avec K Rabaey et al.; Trends in Biotechnology 23 (JUN05) 291-298. Lorsqu'un organisme oxyde un substrat, il doit éliminer les électrons. On peut les subtiliser et créer un courant électrique entre la bactérie et une anode. On a, alors, construit une pile à combustible fonctionnant à basse température. On a tenté l'opération avec Desulfovibrio desulfuricans, Proteus vulgaris, Escherichia coli, des Pseudomonas, Shewanella putrefaciens ainsi qu'avec des enzymes redox. On cherche à exploiter ce mécanisme pour créer de tels générateurs biologiques d'électricité depuis les années 70s. Ils sont, en principe, intéressants mais fonctionnent encore mal. En fait de nombreuses protéines redox sont actives électrochimiquement dans la cellule, mais le transfert des électrons de la protéine à l'électrode est inhibé par le voisinage peptidique du site actif et, de plus, les protéines sont englobées dans un contexte pariétal insuffisamment conducteur. On tourne cette difficulté en utilisant ce que l'on appelle des médiateurs jouant le rôle de navettes à électrons, comme le rouge neutre, la thionine, le méthyl viologène ou la 2-hydroxy-1,4naphtoquinone qui permettent le transfert des électrons de la cellule vers une électrode sans trop se les faire pirater en cours de route. Mais leur gestion difficile a empêché toute utilisation commerciale. Shewanella putrefaciens et Geobacter metallireducens adhérent étroitement aux particules de fer ferrique. De plus, 80% de leurs quatre cytochromes membranaires sont localisés dans la membrane externe en anaérobiose et peuvent transférer leurs électrons à l'anode, tandis que la cathode regroupe protons évacués et oxygène en eau. Mais il faut bien connaître le métabolisme cellulaire des électrons et des protons pour l'utiliser dans des conditions optimales. Les bactéries se procurent de l'énergie en transférant des électrons d'un substrat réduit à faible potentiel redox, comme le glucose, à 18 un accepteur d'électrons à fort potentiel redox comme l'oxygène. Mais il faut bien réaliser que le substrat utilisé et le potentiel de l'anode vont influer sur ces équilibres. Un accroissement du courant de la pile va diminuer le potentiel de l'anode, obligeant la bactérie à livrer ses électrons grâce à des complexes plus réduits. Ceci s'observe quand des accepteurs d'électrons alternatifs existent comme les sulfates ou nitrates (et ceci est gênant dans le cas d'utilisation de boues activées de stations d'épuration). Quand aucun de ces accepteurs possibles n'est présent, la fermentation est préférable en cas de potentiel d'anode faible. Le potentiel de l'anode va donc fixer le potentiel redox du système, et donc tout le métabolisme du substrat consommé et même déterminer quelle voie métabolique va entrer en jeu. Aux forts potentiels anodiques la bactérie peut utiliser sa chaîne respiratoire naturelle avec transferts concommitants des électrons et des protons via NADH déshydrogénase, ubiquinone, coenzyme Q ou cytochrome. L'utilisation de systèmes à phosphorylation oxydative permettent d'obtenir une efficacité énergétique de l'ordre de 65%. C'est le cas de consortia contenant Pseudomonas aeruginosa, Enterococcus faecium et Rhodoferax ferrireducens. Dans une fermentation, deux tiers des électrons sont utilisés pour donner acétate et butyrate et seul un tiers peut être soutiré pour donner de l'électricité. Ceci est dû au fait que les hydrogénases (cas de Clostridium butyricum et d'Enterococcus faecium) qui utilisent classiquement les électrons pour transformer les protons en hydrogène moléculaire sont situés à la surface de la bactérie et peuvent être roulées par un transporteur d'électron du milieu où contournées par un transfert direct à l'anode. Mais on peut venger la bactérie en oxydant l'acétate dans un compartiment séparé par une bactérie anaérobie comme un Geobacter qui soutire les électrons. Une pile microbienne commence, usuellement, par augmenter sa biomasse et le courant électrique sera faible, si le circuit est à faible résistance, maintenant donc un potentiel d'anode élevé. Ceci va sélectionner, dans un consortium, les aérobies facultatifs et les anaérobies. Une fois une certaine biomasse atteinte le courant va pouvoir augmenter et le potentiel d'anode diminuera en conséquence et ceci va favoriser les anaérobies facultatifs au potentiel redox plus faible. Les anaérobies stricts seront toujours défavorisés par le potentiel d'anode et par des intrusions éventuelles d'oxygène. Si on utilise un circuit à forte résistance, le potentiel d'anode restera faible, même si le courant est faible et on va donc sélectionner des anaérobies facultatifs à bas potentiel redox et des anaérobies strictes. 61.### Les fermentations à l'état solide sont très anciennes et sont notamment utilisées pour beaucoup de productions microbiologiques asiatiques (notamment des dérivés du soja comme le miso ou la sauce de soja (procédé koji). On s'en sert également pour la saccharification du riz avant la production de saké, et pour colorer le riz avec le pigment de Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 Monascus purpurea. Toutes ces fermentations sont essentiellement familiales et les recettes sont le plus souvent restées secrètes. On peut citer, parmi les avantages, l'utilisation directe de substrats simples comme les grains de céréales, .l'aération facile du fait des cavités situées entre les grains permettant la croissance d'organismes aérobies. Le volume des fermenteurs est plus réduit et surtout les effluents liquides souvent polluants sont réduits au maximum. La concentration des produits de fermentation est beaucoup plus élevée qu'en fermentation liquide. Il en est de même pour l'utilisation souvent plus efficace du substrat par le microorganisme du fait de la concentration des exoenzymes au contact du substrat et du microorganisme. Ces fermentations ont été utilisée à une grande échelle pour la production d'enzymes dès la fin du 19°siècle (takadiastase par exemple). Le procédé a été utilisé jusqu'en 1950 par la Mold Bran Cy à Eagle Grove dans l'Iowa qui utilisait à l'époque 10 tonnes de substrat par jour. Mais ce procédé en milieu solide imposait le lessivage des claies où poussait le champignon pour récupérer le mélange d'enzymes. Le procédé en milieu solide était alors condamné par la culture en milieu liquide (cultures submergées) que le Northern Regional Research Laboratory de Peoria dans l'Illinois a mis au point dans les années 40s pour le champignon producteur de penicilline, Penicillium chrysogenum. L'une des difficultés était que le procédé ne se prête pas bien à l'accroissement d'échelle. Mais c'était un procédé économique (mais surtout dans les pays à main d'œuvre bon marché) car très productif pour un volume donné, stable. On se pose continuellement la question de savoir s'il ne serait pas temps de revenir à des formes élaborées de ce procédé, notamment pour la production de "commodities" comme les enzymes ou les aliments où les problèmes de prix de revient sont cruciaux. La production de métabolites secondaires, est souvent différente en fermentation solide qu'en submergée. Bactéries et levures peuvent pousser sur substrats solides entre 40 et 70% d'humidité, cas du compostage et de l'ensilage, mais seuls les champignons se multiplient en l'absence d'eau libre. Ces cultures mixtes sont souvent utilisées pour obtenir des flaveurs alimentaires particulières. Ainsi les pousses de bambou sont elles aromatisées par une fermentation mixte mal définie, mais assurée dans des conditions proches d'une fermentation solide. Les bactéries sont pratiquement toutes très sensibles à l'activité de l'eau (une bactérie halophile peut résister à une activité de 0,75 seulement) ce qui fait que, dans ce cas, l'humidité doit être soigneusement contrôlée et les productions bactériennes en milieu solide ne sont pas légion. Inversement les cultures fongiques sont, dans ces conditions semi stériles et tous les appareillages de stérilisation ne sont, en général, pas nécessaires. Le plus grand défaut de ce procédé est la quasiimpossibilité de standardiser le procédé et la reproductibilité relative des résultats. Il est, en effet, difficile de piloter simultanément et finement, la disponibilité de l'oxygène (toutes ces fermentations sont aérobies), de l'humidité et la température qui tend à s'accroître fortement au cours de n'importe quelle fermentation. Ce facteur est favorable au compostage, mais le plus souvent nuisible, notamment à la stabilité des enzymes produites. Or, en l'absence d'eau liquide, il est difficile d'évacuer cette chaleur. On joue sur l'évaporation mais il faut, alors, une aération importante, et donc à une évacuation d'eau corrélative qui doit être compensée, mais pas trop, sinon on sort de l'intervalle de sécurité. 62. Il existe des bactéries un peu limitées intellectuellement, car elles n'utilisent que peu de signaux, et ceux-ci sont primitifs. C'est le cas des bactéries qui habitent des niches stables, notamment les bactéries intracellulaires. Mais des bactéries continuellement confrontées avec les aléas des milieux ont été condamnées par l'évolution à multiplier les capteurs des conditions de milieu et les voies intracellulaires de transduction des signaux avec leurs interactions. MY Galperin; BMC Microbiology (14JUN05) 5:35 fait l'inventaire de tous ces mécanismes à partir des 167 génomes bactériens et archéens actuellement déchiffrés. Ces différences peuvent être constatées même entre bactéries très apparentées. L'auteur évoque un "quotient intellectuel" suivant le nombre des voies utilisées. Il compare également le nombre de capteurs internes voués à l'homéostase interne par rapport à celui des capteurs du milieu pour définir des bactéries extroverties et introverties. Dans ces conditions et parmi les espèces bactériennes séquencées, le prix Nobel est Wolinella succinogenes (une ε-protéobactérie voisine des Campylobacter). Parmi cette collection les cyanobactéries sont les plus "introverties" probablement parce que leur photosynthèse les rend relativement indépendantes du milieu. Compte tenu du fait que les premiers génomes microbiens déchiffrés avaient été choisis pour leur taille limitée compatible avec les techniques de l'époque, il n'est pas étonnant que cette taille impliquât des limitations génétiques. C'est le cas des trois premiers de ces génomes: Haemophilus influenzae, Mycoplasma genitalium et l'archée Methanocaldococcus jannaschii. Si on commence par se limiter aux récepteurs à deux composants classiquement impliqués dans la perception du milieu extérieur, Haemophilus influenzae ne code que 4 histidines kinases (HKs), et 5 régulateurs de réponse (RRs) et la bactérie ne possède aucune protéine de chimiotaxie méthylables (MCPs). Mycoplasma genitalium ou Methanocaldococcus jannaschii n'en codent aucune. Quand on est passé à Synechocystis sp. PCC 6803, on a compté 42 HKs et 38 RRs, et avec le cinquième, Mycoplasma pneumoniae, on retombait à zéro. Mais il faut se méfier car les algorithmes utilisés sont prudents et peuvent rater des gènes de ce type. Cela a été effectivement le cas, et il y a donc manifestement une sous-estimation, pas forcément énorme (Escherichia coli avait été donnée pour 28 HKs, et on en a récemment décompté 30). 19 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 Maintenant, si on élargit la comparaison aux protéines impliquées dans la transduction des signaux, on complique le problème car plusieurs de ces protéines ont été découvertes après les premiers séquençages et les recherches par homologies en ont raté pas mal. C'est le cas des kinases Ser/Thr/Tyrspecifiques (STYKs) et les phosphatases de protéines dont on sait, maintenant, qu'elles jouent un grand rôle. On les a retrouvées, a posteriori, chez H. influenzae, M.genitalium et M.jannaschi. L'auteur commente quelques découvertes récentes dans la transduction, notamment dans le domaine des diguanylates cyclase et hydrolases. Par ailleurs, l'auteur souligne que les bases de données dans ce domaine sont, soit anciennes et n'ont été que médiocrement actualisées, soit sont obtenues par des techniques automatiques qui sont soumises à des biais fréquents. Ces bases devraient pouvoir couvrir tous les microorganismes au minimum pour permettre de caractériser les voies spécifiques dans des lignées différentes. 63. L'acide hyaluronique (alias hyaluronane) est un polysaccharide linéaire non ramifié géant (allant jusqu'à 8 mDa) constitué de N-acétyl-D-glucosamine et d'acide D-glucuronique en alternance. On le trouve partout dans les tissus animaux où il a des fonctions importantes structurales, rhéologiques, physiologiques, qu'il doit à sa viscoélasticité et qui est intéressant du fait de son absence d'immunogénicité lui permettant d'être largement utilisé en cosmétique et dans dans certains traitements. On estime son marché à environ un milliard de dollars par an. Son extraction des crêtes de coq peut entraîner des allergies chez certaines personnes du fait de produits aviaires comme impuretés. Ceci a amené à rechercher d'autres sources comme des Streptococcus atténués de groupe C qui l'accumulent dans leur capsule. Mais ces bactéries ne sont pas faciles à faire fonctionner comme on l'entend, et peuvent produire des exotoxines. B Widner et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3747-3752 (associés à Novozymes) ont construit un Bacillus subtilis exprimant le gène hasA de Streptococcus equisimilis une hyaluronane synthase, ainsi que les gènes impliqués dans la fourniture des précurseurs UDPsucres. La production d'UDP-glucuronate est, en effet, limitante chez B.subtilis. Le hyaluronane est de taille moyenne (1 mDa) et satisfait les auteurs. 64. Y Yan et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3617-3623 décrivent la construction d'une chaîne de production d'anthocyanes chez Escherichia coli. Les propriétés anti-oxydantes de ces flavonoïdes les rendent commercialement intéressants, à condition de les produire à faible coût. Comme ces pigments sont intéressants par ailleurs dans la couleur des fruits et des fleurs, on connaît relativement bien leurs voies de synthèse chez les plantes. Il s'agit de produire des anthocyanes stables et glycosylées à partir de leurs précurseurs flavanones incolores comme naringénine et eriodictyol. Les auteurs (associés à DuPont) ont transplanté les gènes d'une flavanone 3ß-hydroxylase de pommier Malus domestica, d'une dihydroflavonol 4-réductase d'Anthurium andraeanum (une Aracée), d'une anthocyanidine synthase de M. domestica, et une UDP-glucose:flavonoïde 3-O-glucosyltransférase de Petunia hybrida. Les Escherichia coli ainsi transformées sont capables de prélever naringénine et eriodictyol et de les convertir en l'anthocyane glycosylée correspondante, pelargonidine 3-O-glucoside ou cyanidine 3-O-glucoside. Mais le rendement de conversion reste modeste et on retrouve surtout leurs précurseurs dihydroflavonols ainsi que les flavonols correspondants. Cette faiblesse est surtout liée à une réaction parasite facilitée par l' anthocyanidine synthase. 65. Escherichia coli est assez bien connue par les microbiologistes et les industriels. Elle peut stocker les protéines recombinantes, soit dans l'espace périplasmique, soit dans le cytoplasme mais on peut également les faire sécréter dans le mlilieu ce qui les rend plus facile à collecter (malgré la dilution inévitable). GT Eomp et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3468-3474 montrent qu'il est possible d'améliorer la sécrétion d'une lipase hétérologue chez Escherichia coli par évolution dirigée d'un transporteur de type ABC (voir le §59). Le transporteur TliDEF de Pseudomonas fluorescens SIK W1 assure, en effet, le transport de la lipase thermostable TliA dans l'espace extracellulaire d'Escherichia coli. Il a été modifié par PCR fantaisiste pour améliorer son efficacité chez cette bactérie. Le système de sécrétion de type ABC ne comporte que ces trois protéines. Il se prête donc mieux à une optimisation artificielle. Le transporteur est constitué de la protéine ABC insérée dans la membrane interne des bactéries Gram-, de la protéine membranaire de fusion qui est essentiellement périplasmique insérée dans la même membrane interne par un seul domaine transmembranaire et la protéine de la membrane externe (une porine) qui forme un tunnel qui traverse la membrane externe et rejoint la membrane interne. La protéine ne séjourne, donc, à aucun moment dans le périplasme. Les Protéines et les Enzymes 66. R Rodriguez-Sanoja et al.; Current Opinion in Microbiology 8 (JUN05) 260-267 s'intéressent aux domaines reconnaissant l'amidon (SBDs) chez les microorganismes. Les enzymes s'attaquant à l'amidon, à la cellulose et aux xylanes ont une structure modulaire avec au moins un domaine catalytique et un domaine de 20 fixation sur le substrat. Dans le cas des amylases on distingue plusieurs familles de domaines fixant l'amidon distinguées par leurs séquences. En fait, ce sont plutôt les replis du domaine plus que la séquence qui se ressemblent dans une famille. Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 On s'est d'abord intéressé à ceux qui permettent une fixation sur la cellulose cristalline puis aux autres polysaccharides, comme l'amidon, la chitine; etc…. Le domaine reconnaissant l'amidon s'observe chez les α-amylases, les cyclodextrine glucanotransférases bactériennes, les β−amylases bactériennes et les glucoamylases fongiques. Même si ces enzymes ont des fonctions catalytiques différentes, leurs domaines SBDs sont semblables, usuellement logés à l'extrémité C-terminale, sauf pour la glucoamylase de Rhizopus oryzae, l'α-amylase de Thermoactinomyces vulgaris et la pullulanase de Thermotoga maritima, où il est à l'extrémité N-terminale 67. La forme active de la vitamine B6 est le pyridoxal 5'-phosphate (PLP). Chez les plantes, les champignons, les archées et certaines eubactéries, le PLP est synthétisé à partir du ribulose 5-phosphate et du glycéraldéhyde 3-phosphate par la PLP synthase, qui est une glutamine amidotransférase hétéromérique. Elle comporte deux sous-unités, PdxT, qui extrait de l'ammoniac de la glutamine, et PdxS, qui la greffe sur des phosphosucres à trois et cinq carbones. La structure de PdxS vient d'être établie à la résolution de 2,2 Å. J Zhu et al.; Journal of Biological Chemistry 280 (29JUL05) 27914-27923. Les auteurs constatent que c'est un dodécamère cylindrique de sous-unités ayant la configuration classique en barillet (α/β)8 ce qui indique que le site actif est probablement sur la paroi interne du cylindre. Les auteurs ont recherché (avec un modèle), les endroits dans ce site où pourrait se loger le substrat ribulose 5-phosphate. L'ayant trouvé ils ont pu en déduire les acides aminés qui doivent intervenir dans la catalyse,: Asp24 et Lys149. Ils ont également pu établir, de cette façon, le site d'amarrage de PdxT. 68. La chaperone Hsp100 ClpA assure le dépliement de protéines substrats grâce à l'énergie de l'ATP. Les protéines qu'elle est capable de traiter doivent comporter un motif reconnu comme la séquence de 11 acides aminés fixée sur les protéines en panne de traduction. Le dépliement est couplé à la translocation dans le canal central de la chaperone vers la protéase étroitement associée ClpP. J Hinnerwisch et al.; Cell 121 (01JUL05) 1029-1241 montrent que des boucles du canal central de ClpA et la fixation à ces boucles dépend du motif utilisé dans la protéine. Le transfert est assuré par le changement de la conformation de la boucle D2 du domaine ATPase après hydrolyse de l'ATP. 69. Clostridium cellulovorans une bactérie anaérobie digère les produits végétaux grâce à sons complexe extra-cellulaire, le cellulosome. Celui-ci est, chez cette bactérie, composé d'un échafaudage non enzymatique, CbpA, porteur de 9 points d'ancrages (cohésines) sur lesquels viennent s'ancrer autant de sous-unités enzymatiques pourvues des domaines complémentaires appelés dockerines. Ceci dit chaque groupe donne un nom différent à cette protéine échafaudage, de sorte que chaque Clostridium à cellulosome porte un nom différent (CipA, CbpA, CipC, etc…). R Koukiekolo et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3504-3511 ont étudié les synergies entre les cellulases [endoglucanase E (EngE); endoglucanase L (EngL)] et les hémicellulases [arabinofuranosidase A (ArfA); xylanase A, (XynA)] sur des fibres de maïs. Ils ont construit, dans ce but, des mini-cellulosomes avec seulement certaines sous-unités. Si on se fie à la dégradation de différents types de celluloses et hémicelluloses, et à l'interaction entre XynA et EngL, on peut déduire que la reconnaissance dockerine-cohésine n'est pas aléatoire, mais sélective. On constate, en effet que la population des cellulosomes peut comporter des enzymes différentes assemblées sur une même protéine d'échafaudage, à partir d'un portefeuille commun à l'espèce. 70. Des enzyme thermostables et supportant l'alcalinité sont nécessaires pour les diverses lessives et les enzymes saccharolytiques sont utiles dans ces mélanges et dans l'industrie des amidons et en papeterie. On les a recherché très tôt chez des organismes thermophiles, mais on en trouve également chez des Bacillus mésophiles, tout particulièrement des α-amylases. Anaerobranca gottschalkii a été isolée d'une source chaude du lac Bogoria au Kenya en 2001. Malgré ses apparences c'est une Gram+ avec une paroi très réduite. C'est une thermoalcaliphile, anaérobie stricte, poussant à pH 9.5 et 50-55 °C et ses limites sont pH 6.0-10.5 et 30-65°. Elle mange salé, et il faut ajouter 230 mM d'ions Na+. M Ballschmiter et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3709-3715 ont cloné et les gènes de deux amylases AmyA et AmyB, enzymes qu'ils ont caractérisé. AmyA est une lipoprotéine extracellulaire, donc exposée au milieu alcalin. AmyB est cytoplasmique. Le pH optimum d'AmyA (pH 8), avec un large spectre de pH d'activité (plus de 50% d'activité entre pH 6 et pH 9,5) correspond bien à sa localisation dans le milieu. Au contraire, AmyB présente un pHopt étroit (6 à 6,5). AmyA et AmyB ont une gamme de substrats très semblable, avec une préférence pour l'amylose liénaire plutôt que l'amylopectine ramifiée, les pullulanes et le glycogène. Les deux enzymes hydrolysent les α-, ß- et γ-cyclodextrines. Cette propriété indique que la bactérie doit en fabriquer comme réserve. Mais seule AmyA présente une activité transglycosylasique sur maltooligosaccharides avec une activité ßcyclodextrine glycosyltransférase (CGTase). Il est rare qu'une α-amylase puisse également posséder une activité CGTase. L'Agroalimentaire 71. Une revue de BH Nga; Current Opinion in Microbiology 8 (JUN05) 307-312 (de Singapore) porte sur l'analyse des génomes des bactéries lactiques impliquées dans les fermentations alimentaires et surtout sur la mise au point de souches recombinantes. 21 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 Cette analyse porte évidemment beaucoup sur Lactococcus lactis bien connu dans ces industries et dont la génétique, les systèmes de transformation génétique, et l'expression génétique comme les systèmes de sécrétion ont donné lieu à de multiples publications et brevets. Il y a joute les avancées dans le domaine de l'immunostimulation des muqueuses. La séquence génomique de Lactococcus lactis IL1403 a été établie et comporte 2 365 589 pb. On peut en déduire l'existence de 2310 protéines, 6 prophages et 43 séquences d'insertion. Streptococcus thermophilus A054 contient 1824 kb. La revue commence par la génétique de ces bactéries puis se tourne vers les transferts génétiques possibles avec, notamment, l'utilisation de plasmides conjugatifs. Elle insiste sur l'exemple de l'élément conjugatif intégratif ICESt1 de S.thermophilus CNRZ368. L'exemple du transfert horizontal du locus variable eps de 32,5 kb, codant la synthèse des exopolysaccharides et contenant 25 ORFs, plus 7 séquences d'insertion est analysé. Bien entendu, la production de nisine par plusieurs souches de L.lactis (dont L.lactis 6F3) est analysée. La nisine est un antibiotique "naturel" qui est accepté, dans certaines conditions, comme préservateur en alimentaire. On a identifié, il y a une dizaine d'années, le transposon conjugatif de 70 kb Tn5276 qui code, classiquement, le lantibiotique et l'immunité correspondante, en, sus de la capacité à utiliser le saccharose via un système de transport par phosphotransférase. Il est présent dans la souche hollandaise NIZO R5 de L.lactis. L'intégration de Tn5276 dans le génome de L.lactis MG1614 est site- et orientation-spécifique. On a également cherché à exprimer antigènes vaccinaux (plus éventuellement des cytokines stimulant l'immunité jouant le rôle d'adjuvants) et enzymes qui peuvent ainsi être directement introduit oralement et produits dans le tube digestif. C'est le cas de plusieurs protéines vaccinales, mais aussi de la lipase de Staphylococcus hyicus permettant à des porcs de mieux tolérer une alimentation riche en lipides. 72. Streptococcus thermophilus utilisé dans les yaourts et en fromagerie transporte le lactose via une lactose perméase (LacS), qui fonctionne comme un antiport avec importation du lactose et exportation du galactose libéré. Une β-galactosidase intracellulaire hydrolyse, en effet, le lactose mais la plupart des souches ne savent pas utiliser le galactose, ne consommant que la partie glucose du substrat, ce qui explique la sélection d'un antiport. Ce rejet du galactose dans le milieu facilite la vie de microorganismes nuisibles (notamment des bactéries lactiques hétérofermentaires qui créent des bulles de CO2 nuisibles à la texture du fromage ou du yaourt), en leur fournissant une source de carbone et d'énergie, et ceci n'est pas souhaité par les industriels. Par ailleurs, le galactose favorise la formation d'exopolysaccharides dont il alimente les précurseurs. Il existe pourtant des souches possédant une phospho-β-galactosidase, ce qui indique qu'il existe 22 plusieurs voies potentielles de transport du lactose et de fermentation du galactose. La voie la plus courante d'utilisation du galactose est la voie de Leloir chez les S. thermophilus. Les gènes de la voie sont conservés chez les souches Galde S.thermophilus et elle ne savent pourtant utiliser que glucose, lactose et saccharose comme sources de carbone et d'énergie. Mais il existe quelques souches qui peuvent utiliser le galactose (souches Gal+). La voie de Leloir utilise un régulateur (GalR), activateur de transcription fonctionnel sur les deux groupes de gènes gal et lac (et qui régule négativement sa propre production) dont le messager est transcrit en sens inverse des gènes galKTEM codant une galactokinase (GalK), une galactose 1phosphate uridylyltransférase (GalT), une UDPglucose 4-épimérase (GalE) et une mutarotase (GalM). La région intergénique galR-galK loge un promoteur commun aux deux groupes de gènes. Au moins deux souches de S.thermophilus regroupent galKTE dans un opéron donnant un messager polycistronique (CNRZ 302 et SMQ-301), galM ayant acquis (ou conservé) son propre promoteur.. Jusqu'à présent on a attribué ce défaut, récemment acquis, à un défaut d'induction (ou de traduction) de GalK qui est le facteur limitant dans la voie de Leloir. La souche CNRZ 302 (Gal-) possède des gènes intacts pour toute la voie, mais ils ne sont que faiblement exprimés. C'est typiquement un défaut de promoteur. Les mutations rétablissant le phénotype galactosepositif ne provoque, pourtant, pas une expression continue (constitutive) ce qui indique que les S.thermophilus sont, en principe, Gal+ et sont devenus récemment Gal-. F de Vin et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3659-3667 ont étudié la capacité de 8 souches laitières de Streptococcus thermophilus incapables d'utiliser le galactose (Gal-) après consommation du lactose. Ces souches excrètent le galactose dans le milieu. Ils ont séquencé la région intergénique galR-galK. Leurs résultats montrent que le promoteur gal n'est probablement pas seul en cause. Les activités de GalT et GalE sont détectées dans toutes ces souches. L'activité GalK n'est détectée que chez deux des huit souches Gal+. Ceci indique que les six autres doivent utiliser le galactose par une autre voie. 73. Une nouvelle tomate surexprimant simultanément deux antioxydants vient d'être construite en stimulant les voies de synthèse des terpenoïdes, des phénylpropanoïdes et de l'acide chlorogénique. GR Davuluri. et al.; Nature Biotechnology 23 (JUL05) 890−895. On admet que le lycopène des tomates, les isoflavones du soja, les glucosinolates des brocolis, les épicatéchines du thé et du chocolat peuvent apporter des bienfaits. Mais si on veut faire accepter cette amélioration on se heurte à des difficultés psychologiques liées au fait que les biotechnologies ne peuvent, a priori, que donner que des produits dangereux comme veulent le souligner certains. Le groupe de C Bowler, de l'Ecole Normale Supérieure à Paris, qui associe des chercheurs italiens Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 et anglais à Seminis Vegetable Seeds et DNA Plant Technology, agit sur un seul facteur de transcription, DET1, qui était connu comme un répresseur de la photomorphogenèse chez Arabidopsis. Il régule également négativement la production des caroténoïdes dans les fruits. Une mutation dans ce facteur stimule, donc, la production de ces pigments, mais entraîne un nanisme et une diminution de la production des fruits, ce qui est fâcheux. Une tentative antérieure consistait à surexprimer le gène CRYPTOCHROME2 , mais qui entraînait les mêmes défauts de croissance. Le groupe a donc réprimé l'expression du gène DET1 par interférence ARN, en exprimant des ARN en épingle à cheveu (donnant le double-brin indispensable) sous la commande d'un promoteur spécifique du fruit qui évite donc, a priori, les effets négatifs sur la productivité. Ils ont bien observé la production de β-carotène et de lycopène, mais également des phénylpropanoïdes comme l'acide chlorogénique, la naringénine-chalcone et des glycosides de la quercetine. Les niveaux de caroténoïdes et flavonoïdes sont accrus de dix fois dans certaines des lignées transgéniques obtenues (cela dépend du promoteur utilisé).. Mais le caractère imprévisible des effets de cette seule modification souligne bien l'imperfection de nos connaissances. Pat ailleurs, les auteurs ont agit sur un facteur de transcription, ce qui a, quasiment par essence, des effets pléiotropes, et une analyse plus approfondie du phénotype des lignées transgéniques est nécessaire pour voir si des caractères défavorables ne viennent pas ternir un peu le bilan. Mais c'est quand même, après le riz doré de Potrykus, un bel exemple d'amélioration de la qualité nutritionnelle d'une plante. C'est une plante transgénique, me direz vous, oui mais le gène modifié et le promoteur sont issus de la même plante. Une modification génétique naturelle imprévue peut aboutir au même résultat et sera donc "naturelle" voire "biologique". Enfin les siRNAs régulateurs ne sont pas transmis à la méiose, même si le gène qui les produits l'est, mais n'est fonctionnel que dans le fruit. Voir le commentaire de RA Dixon; Nature Biotechnology 23 (JUL05) 825-826. 75. Les Escherichia coli produisant des Shigatoxines (STEC) ou simplement entéropathogènes (EPEC) peuvent être facilement isolées des bouses de bovins diarrhéiques. MA Hornitzky et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3405-3412 ont caractérisé la variabilité observée dans ces échantillons en Australie. Utilisant une PCR multiplex, puis des cultures, ils ont caractérisé des combinaisons de gènes stx1, stx2, eae et ehxA. La très forte prévalence du gène eae de l'intimine est remarquable chez les STEC, mais pas inattendue. Le gène est localisé dans le LEE (Locus of Enterocyte Effacement). Une étude allemande de cas de diarrhées humaines et de syndrome urémique hémolytique il y a avait déjà souligné cette association, chez l'homme (L Beutin et al.; Journal of Clinical. Microbiology 42 (MAR04) 1099-1108). La bactérie couvre, en effet, le sommet du piédestal qu'elle induit à la surface luminale de l'entérocyte avec sa protéine Tir qui est insérée dans la membrane entérocytaire qui sert alors de récepteur pour une autre protéine, l'intimine de la membrane externe de la bactérie (on n'est jamais si bien servi que par soimême. L'injection du récepteur Tir, ultérieurement phosphorylé, permet alors l'adhésion via l'intimine et le soulèvement du piédestal sur lequel repose la bactérie. Ils ont pu caractériser 47 sérotypes STEC dont 8:H19, O26:H- O26:H11, O113:H21, O157:H7, O157:H- et:H- dont on sait qu'ils causent de sérieux troubles intestinaux chez l'homme. Les sérotypes Ont:H- et O113:H21 sont les plus fréquents. Cela confirme bien que les bovins sont des réservoirs de ces bactéries pathogènes avec des phénotypes très variés. et al.; Cellular Signalling 17 (JUL05) 891-899 montrent que ces toxines manipulent la régulation de la traduction. L'initiation de la traduction est assurée après phosphorylation d'eIF4E qui se lie, alors, à la partie amont des messagers. Ceci peut être inhibé par le répresseur 4E-BP1. C'est à ce niveau que les Stxs interviennent. Elles activent la phosphorylation d'eIF4E, mais aussi de la 4E-BP1, ce qui diminue son effet inhibiteur sur eIF4E. La sécurité alimentaire 76. Les shigatoxines (Stxs) causent des dommages irréversibles au niveau des fonctions ribosomales des eucaryotes. Pourtant, l'infection des cellules épithéliales intestinales entraîne une surproduction de certaines protéines comme des cytokines. WE Colpoys 79. A Loy et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3624-3632 se sont intéressé aux bactéries qui poussent dans les eaux minérales plates. Cette colonisation est observée après quelques jours seulement si des précautions ne sont pas prises. On pensait généralement qu'il s'agissait de γ−protéobactéries, mais il semble qu'il n'en soit rien et que ce sont surtout des Hydrogenophaga, Aquabacterium et Polaromonas, des βprotéobactéries. 80. L'utilisation des hautes pressions (HPT) dans les procédés de stérilisation des aliments est étudiée depuis des années. E Rodriguez et al.; Applied & Environmental Microbiology 71 (JUL05) 3399-3404 analysent l'effet de ces hautes pressions sur des Escherichia coli O157:H7 dans des fromages inoculés avec 105 unités infectieuses/ml. Les fromages uniquement protégés par des bactéries lactiques produisant des bactériocines ne montrent qu'une réduction très relative. Un traitement à 300 MPa au deuxième jour complété par l'addition de souches de Lactococcus lactis produisant lacticine 481, nisine A, entérocines TAB 57, ou AS-48 permet d'abaisser fortement la contamination dans des fromages à 60 jours. Un traitement HPT à 50 jours supprime complètement les E.coli pathogènes dans les fromages. 23 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 Les mêmes auteurs avaient déjà montré l'efficacité combinée contre des Staphylococcus aureus. L'Environnement 81. L'efficacité des biodépollutions dépend de beaucoup de facteurs. Les microbes n'ont, en général, aucune propension naturelle à utiliser les xénobiotiques (produits chimiques d'origine anthropique, donc de date récente dans la biosphère, l'évolution et les sélections subséquentes, n'ayant pas eu le temps d'opérer. Par ailleurs, ce qui est toxique pour l'homme l'est souvent, pour des raisons similaires, pour les microorganismes. Il faut donc bâtir des résistances correspondantes pour opérer dans des conditions où ils nous sont utiles (c'est-à-dire au dessus d'un certain seuil où la pollution devient gênante pour nous). Enfin, s'il arrive à nous débarrasser d'un produit gênant, ils le transforment souvent en un autre produit dont il ne faut pas qu'il soit encore plus toxique. Ces sous-produits sont fréquents quand il s'agit d'un co-métabolisme, c'est-àdire quand le microorganisme possède une enzyme laxiste (notamment des cytochromes P450) qui, par hasard, attaque le xénobiotique, mais sans aucune utilisation ultérieure (faute de voies métaboliques adéquates). C'est également le cas quand le substrat à éliminer n'est qu'un accepteur d'électrons, le microorganisme se moquant bien de la suite (cas des bactéries de notre intestin, convertissant les nitrates en nitrites probablement cancérigènes). La minéralisation totale en C02, H2O et autres produits simples comme le méthane ne peut être réalisée que si toutes les voies de catabolisme sont présentes et elles ne le seront que si le substrat est un substrat usuellement utilisé par le microorganisme. Donnez leur des produits pétroliers bruts, ils les connaissent depuis des millions d'années, et on comprend que la biodépollution soit facile, mais le microorganisme ne le fait qu'à son rythme qui n'est pas le notre. Il faut donc le stimuler. Quand il s'agit d'un métabolisme gratuit, il faut fournir le vrai bon substrat qui leur permet de vivre, ainsi qu'un accepteur d'électrons acceptable. L'accessibilité du xénobiotique aux cellules et à leurs enzymes doit être assuré, beaucoup pouvant être adsorbés dans le sol, difficiles à déloger et beaucoup sont hydrophobes. C'est pourquoi la production de détergents par le microorganisme ou leur adjonction est utile (c'est particulièrement vrai dans le cas des hydrocarbures. On parle de bio-stimulation. Si, par malheur, le microorganisme ne se rend pas compte de notre sollicitude et continue à être paresseux, on procède à des additions de microorganismes spécialisés et déjà améliorés (bioaugmentation). On ne manque pas de souches capables d'assurer des fonctions utiles dans ce domaine et quand on n'en connaît pas, il suffit de cribler les populations naturelles pour en trouver. Mais l'un des problèmes posés est celui de la compétitivité des souches inoculées face à une population naturelle probablement adaptée depuis longtemps. Les pollutions humaines sont rarement le fait d'une seule molécule, mais représentent souvent une collection de molécules apparentées ou non. Il faut donc utiliser une 24 batterie de microorganismes, et tous doivent être également adaptés ce qui pose à la fois le problème de l'efficacité individuelle et collective (et de leur compétitivité collective). Nous pratiquons ces opérations depuis longtemps notamment dans les stations d'épuration des eaux usées, ou les boues activées sont sélectionnées dans les grands bassins d'aération et sont donc bien compétitives et dont on se sert pour ensemencer le bassin après un accident de fermentation On travaille beaucoup pour améliorer ces souches, mais les conditions opérationnelles jouent également un rôle dans l'efficacité pour une souche donnée dans un lieu donné. Du coup il vaut mieux standardiser au maximum ces conditions et travailler dans des bioréacteurs plutôt que dans une nature ouverte. L'attrait de ces techniques "biologiques" ne doit pas masquer le fait que beaucoup d'essais de bioaugmentation ont échoué, la plupart du temps à cause des imprécisions de nos connaissances, notamment sur le plan de la compétitivité. Une revue de S El Fantroussi et al.; Current Opinion in Microbiology 8 (JUN05) 268-275 porte sur ce vaste sujet. Une autre revue mérite d'être lue à ce sujet, c'est celle de TJ Gentry et al.; Biodegradation 15 (FEB04) 67-75. Elle envisage les différentes stratégies possibles pour améliorer la persistance des souches introduites dans l'environnement. Une autre revue porte plutôt sur la sélection des souches requises (AC Singer et al.; Trends in Biotechnology 23 (FEB05) 74-77). On dispose, en effet, de plus en plus de souches et de consortia cataboliquement divers et de gènes transférable dans des souches mieux connues pour leur persistance dans les sols contaminés mais moins efficaces. Autrement dit on a cessé de considérer la biologie d'un site pollué comme une boite noire qu'on traite empiriquement. Je me rappelle encore de la remarque qu'il n'y a qu'à rechercher un microbe dans le sol d'une usine produisant un polluant donné pour en trouver un et l'utiliser. Ce n'était pas idiot et à permis de trouver, effectivement, des souches capables d'attaquer un produit ubiquitaire dans ce milieu, mais un sol d'usine n'est pas forcément équivalent à des sites pollués par une marée chimique, par exemple, et la compétition, même entre souches équivalentes n'est pas la même et ne se joue pas forcément sur le plan de l'efficacité 82. L'oxydation biologique des sulfures et du soufre est ubiquitaire dans bien des milieux, notamment les milieux extrêmes comme les souffleurs sous marins ou les milieux volcaniques. Ce sont surtout des archées et des bactéries qui opèrent dans ces milieux, mais certains de ces procaryotes sont des endosymbiotes chimioautotrophes d'invertébrés marins auxquels ils fournissent les substrats énergétiques. Les mitochondries de certains de certains vers et mollusques bivalves peuvent, lors de phases anaérobies transitoires détoxifier le soufre et ces réactions peuvent fournir de l'énergie. CG Friedrich et Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 al.; Current Opinion in Microbiology 8 (JUN05) 253259 passent en revue l'oxydation procaryotique du soufre. La revue couvre aussi bien le domaine des bactéries que des archées. L'oxydation aérobie du soufre est limitée, chez les Archées, aux Sulfolobales (des thermoacidophiles). Chez les bactéries, le soufre est oxydé par des chimioautotrophes aérobies et des phototrophes anaérobies; Les α-protéobactéries possèdent le système d'oxydation Sox, tandis que les β- et γprotéobactéries, ainsi que les chlorobiacées, ne possèdent pas les gènes codant la déshydrogénase du soufre, et doivent oxyder le soufre en sulfate d'une façon différente. Les bactéries acidophiles utilisent un autre système que le système Sox, ce qui est également le cas des bactéries chimioautotrophes endosymbiotiques. Par ailleurs des bactéries photosynthétiques anaérobies peuvent transférer les électrons du soufre ou d'ou d'autres sources au dioxyde de carbone et le réduire. La caractérisation du système Sox chez Paracoccus pantotrophus, une α-protéobactérie, a permis de constater que ce système est très répandu chez des bactéries très diverses. C'est un système fondamentalement distinct de celui des archées oxydant le soufre grâce à des protéines spéciales. Ainsi l'auteur prend pour exemple l'archée thermoacidophile, Sulfolobale anaérobie facultative, Acidianus ambivalens. On y a caractérisé plusieurs protéines impliquées dans l'oxydation du soufre. L'oxygénase-réductase du soufre (SOR) y est cytoplasmique. Elle permet la conversion du soufre, soit en sulfite et thiosulfate, soit en sulfure en présence d'oxygène. SOR comporte 24 sous-unités avec un fer non hème à bas potentiel. Mais du fait de cette localisation cytoplasmique et de l'absence de cofacteurs en dehors du fer, la bactérie ne peut coupler l'oxydation du soufre à une phosphorylation de substrats ou au transport d'électrons. La SOR d'Acidianus tengchongensis(alias Acidianus souche S5) possède trois cystéines indispensables à sa fonction. Le "cluster" des 15 gènes sox bactériens a été caractérisé chez P.pantotrophus. Il comprend, notamment, le gène soxR régulateur de l'ensemble, dont le produit se fixe sur les régions intergéniques soxS–V et soxW–X. Les gènes soxXYZABCD codent quatre protéines périplasmiques: SoxXA, SoxYZ, SoxB et Sox(CD) qui constituent le système enzymatique Sox. SoxXA comporte un cytochrome c dihème, SoxA et le monohème SoxX. Le complexe SoxYZ ne comporte aucun métal ou cofacteur enzymatique, mais SoxY lie le soufre à différents niveaux d'oxydation grâce à un motif particulier. SoxCD est un tétramère avec un hétérodimère α2β2 de la protéine à molybdène SoxC et du cytochrome c dihème SoxD. C'est une déshydrogénase du soufre libérant 6 électrons par thiosulfate, ce qui en fait un type à part. Mais, apparemment, son rôle est encore mal défini et à distinguer de celui des oxydases (voir plus loin ce qui se passe chez les Chlorobiacées) SoxB contient un noyau double à manganèse et jouerait le rôle de sulfate thiohydrolase en interaction avec le complexe SoxYZ. Ce complexe s'attaque à des substrats qui ne sont ni isostériques, ni isoélectroniques et possédant des potentiels redox différents, ce qui est quand même remarquable. Chez l'annélide pogonophore Vestimentifères Riftia pachyptila, sans intestin, des bactéries chimioautotrophes du voisinage prélèvent leur énergie en oxydant les sulfures émanant de souffleurs marins, mais certaines d'entre elles sont captées par le ver et stockées et entretenues dans un trophosome qui tient lieu de système digestif. La bactérie est un γprotéobactérie présentant au moins trois formes différentes. Les Chlorobiacées sont photosynthétiques (vertes) sans production d'oxygène qui savent oxyder les sulfures en sulfates et dépose de façon transitoire des globules de soufre autour d'elle. Comme le soufre est moins dense que l'eau il flotte à la surface. C'est ainsi que se sont constitués les gisements de soufre de la Louisiane, du Texas et du Mexique et qu'ils se forment actuellement dans certains sites comme la sebkhra d'Ain Ezzaouia en Lybie . Chlorobium tepidum contient un cluster, dont soxFXYZAB homologues de ceux de P.pantotrophus. L'absence des gènes soxCD indique que cette bactérie utilise une autre voie d'oxydation. La bactérie possède, en revanche, une duplication des gènes dsr codant une sirohème sulfite réductase dissimilatrice. Les Chromatium qui sont des bactéries du même type, mais pourpres et stockant le soufre enveloppé de protéines dans le périplasme, possèdent le même jeu de gènes dsr. Allochromatium vinosum est une γprotéobactérie possédant les gènes soxAXB et soxYZ mais avec des localisations différentes dans le génome. Le dépôt de soufre durant l'oxydation des sulfures et thiosulfates en sulfate se fait probablement sous la forme d'organylsulfanes (chaînes de soufres). Les gènes dsr permettent l'oxydation anaérobie du soufre immobilisé. Le cluster complet de ces gènes dsr d'A.vinosum comporte 15 gènes, dsrABEFHCMKLJOPNRS. Les gènes dsrAB codent une sulfite réductase, une protéine très semblable aux DSR (Dissimilatory Sulfite Reductases) des bactéries et archées réduisant les sulfates. Les protéines transmembranaires DsrKMJOP sont associées à DsrAB (la sulfite réductase) et constituent probablement un complexe de transfert d'électrons. Mais des mutants des gènes dsr conservent la possibilité d'oxyder sulfures, thiosulfates et sulfites en présence de lumière. On ne connaît donc toujours pas comment se fait l'oxydation du soufre stocké. La β-protéobacterie Thiobacillus denitrificans est une lithoautotrophe obligatoire pouvant oxyder, si nécessaire des dérivés du soufre et déposer transitoirement du soufre moléculaire. Son originalité est de pouvoir pousser de façon anaérobie en oxydant les thiosulfates et en réduisant les dérivés oxydés de l'azote comme nitrates et nitrites en dégageant de l'azote moléculaire. On retrouve dans la séquence génomique partielle connue le même cluster de gènes dsr que chez A.vinosum. 25 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 On trouve, par ailleurs, des gènes raisonnablement homologues des gènes sor (oxygénase-réductase du soufre) des archées évoqués au début de mon commentaire, chez les archées A.tengchongensis, Sulfolobus tokodaii et Ferroplasma acidarmanus, ainsi que chez la bactérie hyperthermophile Aquifex aeolicus, mais pas chez l'acidophile mésophile Acidithiobacillus ferrooxidans. On trouve, par contre, chez cette dernière une duplication des gènes doxDA codant la thiosulfate:quinone oxydoréductase (TQO) membranaire décrite chez A.ambivalens qui permet l'oxydation des thiosulfates avec ferricyanure ou décylubiquinone comme accepteurs d'électrons. La TQO permet donc un couplage entre oxydation des thiosulfates avec réduction de l'oxygène par une courte chaînede transport d'électrons. 83. Les Géobactéracées (voir le §60) sont des réducteurs d'oxydes de métaux comme le fer ferrique et le manganèse (Mn4+). Des Geobacter sont également capable de réduire d'uranium. On sait les utiliser pour précipiter les métaux des eaux en ajoutant pour substrat de l'acétate qui est oxydé grâce à ces accepteurs d'électrons. Le génome de Geobacter sulfurreducens, une δ-protéobactérie, a été séquencé par le TIGR (BA Methé et al.; Science 302 (12DEC03) 1967-1969). L'analyse de ce génome avait indiqué que ce génome partageait avec une autre bactérie réduisant le fer, Shewanella oneidensis, une γ-protéobactérie, seulement deux gènes (des cytochromes c) non observés ailleurs, et on en avait conclu que ces cytochromes intervenaient dans la réduction du fer. Mais si on élargit la recherche à d'autres groupes on constate que ce n'est pas un petit nombre de gènes qui est impliqué, mais que de nombreuses autres modifications du métabolisme, notamment énergétiques, sont nécessaires. E Afkar et al.; BMC Microbiology (06JUL05) 5:41 montrent que la plus importante protéine de la membrane externe (OMP) de G.sulfurreducens, OmpJ, n'est justement pas un cytochrome et pourtant elle est indispensable à la réduction du métal. Elle est présente chez les autres Géobactéracées auxquels elle est particulière. Son inactivation entraîne la perte de nombreux cytochromes. Tout indique qu'il s'agit d'une réaction à un stress qui entraîne la dégradation de multiples protéines périplasmiques ou de la membrane externe, dont les cytochromes indispensables à la réduction des métaux. Mais cela n'explique pas pour autant le rôle particulier d'OmpJ. La sécurité génétique 84. CG Williams; Nature Biotechnology 23 (MAY05) 530-532 soulève le problème de la dispersion du pollen des arbres forestiers transgéniques qui vont apparaître sur le marché. C'est effectivement un problème plus important que celui des cultures classiques pour lesquelles la dispersion est usuellement très limitée en distance. Les pins ont commencé à être plantés en grand pour leur bois depuis le milieu du siècle dernier. Ces arbres sont cultivés sur de grandes surfaces, notamment Pinus taeda, et font l'objet de recherches de l'industrie correspondante. Celle-ci gère, avec des arbres améliorés, environ 11% des forêts exploitées aux Etats-Unis. Pinus taeda constitue 25 millions d'hectares dans les états du sud, et fournit 16% des grumes récoltées dans le monde. On en plante environ un milliard par an et on le récolte 25 à 35 ans après. On le commercialise actuellement sous forme clonale par embryogenèse somatique, ce qui ouvre la possibilité de cloner des arbres transgéniques. Le vrai danger est l'uniformité, plus que la transgenèse, car les plantations traditionnelles sont gérées au niveau des populations pour conserver une certaine diversité génétique. On ne plante donc jamais de populations inbred (autant que je sache il ne se bouture pas) et aucun conservatoire de gène n'est établi. Le problème est que ces arbres forment du pollen et des graines bien avant d'avoir atteint une taille commerciale. Comme la grande majorité de ces arbres sont également présents dans les mêmes régions sous la forme"sauvage", les risques de transmission de gènes est donc importante car la fécondation anémophile de ces arbres entraîne le pollen de 11 à 35 kilomètres de l'émetteur et le pollen d'un arbre dépasse un kilomètre, même si plus de 99,9% se dépose au voisinage. Ce sont les quelques pourcent restant qui posent problème. Il ne sert donc à rien d'établir un cordon de bioconfinement autour d'une plantation. Il faudrait disposer de stérilités conditionnelles, or cette caractéristique est quasiment inconnue chez les conifères, et il faudrait financer d'urgence des recherches dans ce domaine. Reste à se poser la question de savoir si les propriétaires proches de forêts transgéniques ont à y perdre quelque chose. En effet, ils ne pourront être soumis au jugement dit "Schmeiser" d'appropriation frauduleuse de transgènes, et si ces arbres sont cultivés sur de grandes surfaces, c'est qu'ils ont des qualités commerciales intéressantes. Le risque est celui d'une erreur d'évaluation, tout particulièrement dans le caractère invasif. Mais, pour l'instant, on ne possède aucune indication pour ou contre, car même une étude expérimentale ne peut être réalisée en enceinte confinée. Néanmoins, il faut souligner qu'aucune étude de l'impact environnemental de ces arbres n'a été entreprise. La solution provisoire est de couper les arbres avant maturation sexuelle, c'est-à-dire avant d'atteindre leur taille commerciale rentable, ce qui est quand même une hérésie. 85. La dernière analyse du secteur des biotechnologies par Ernst & Young [S Lawrence ; Nature Biotechnology 23 (JUL05) 774] souligne que si la profitabilité est encore problématique, les revenus des compagnies cotées ont augmenté de 17% en 2004, les pertes ont également augmenté d'autant par rapport à 2003. Les dépenses de R&D ont augmenté de 12%. L'emploi a baissé de 21% en Europe (passant de 32 470 à 25 640), mais augmente en Asie (9 810 à 13 410) et aux Etats-Unis (124 000 à 137 000). Les Les Sociétés 26 Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231 créations de sociétés augmentent en Asie, en Israël et en Australie. Aux Etats-Unis 20% des compagnies ont moins d'un an de cash pour survivre, tandis que 33% en ont pour un à trois ans, et 47% pour plus de trois ans, l'amélioration étant constante depuis 2002. En Europe c'est plutôt l'inverse et en 2004, les proportions sont respectivement 22%, 43% et 22%. 86. Le problème des génériques biotechnologiques est toujours posé. Cela n'empêche pas une firme comme Teva de développer à grande allure ses capacités dans ce domaine; Si les pays développés vont mettre des bâtons dans les roues pour des raisons plus commerciales que sécuritaires, il existe de très grands marchés pour des produits hors brevets. C'est le cas de la Chine ou la firme israélienne vient d'acheter Hualida Biotechnology Pharmaceutical Co., après Tianjin et Sicor qui lui a déjà apporté 45% de Tianjin. Teva a déjà réalisé des acquisitions au Mexique et en Lithuanie. La Chine présente des avantages car son marché est plus accessible. Au contraire, bien que l'US Food and Drug Administration (FDA) ait annoncé depuis deux ans des dispositions pour réglementer les génériques dans ce domaine, rien n'est sorti. La machine est en place en Europe et une maison sérieuse, maintenant spécialisée dans les génériques comme Sandoz, n'arrive pas à faire autoriser son hormone de croissance humaine. Pendant ce temps Chine et Inde vont mettre sur le marché des produits. Ces produits ne seront probablement pas autorisés chez nous, mais les firmes parties tôt vont se faire les dents sur les marchés émergents où leur domination va mettre du temps à être surmontée puis affineront leurs techniques. Les talents industriels et les infrastructures seront là. A Katsnelson, Nature Biotechnology 23 (JUL05) 765. 87. La firme britannique Shire a acquis la firme américaine Transkaryotic Therapies pour 1,6 milliards de dollars US. Cette dernière a eu pas mal de difficultés ces dernières années aux Etats-Unis et a perdu, l'an passé pas moins de 340 millions de dollars. En effet, deux de ses produits autorisés n'ont que peu de chances d'être des "blockbusters". Son érythropoïétine a subi des dégâts dans des contestations avec Amgen sur la propriété industrielle, et son α-galactosidase A a été rejetée tant que la firme ne peut prouver sa supériorité par rapport à la Fabrazyme™ de Genzyme. En fait les revenus de la société ne peuvent venir que de l'extérieur des Etats-Unis, ce qui la rend plus attrayante pour une compagnie étrangère. Dans ce cas précis, la Chambre des Lords a statué sur l'érythropoïétine en sens inverse de la cour américaine, ouvrant la porte à un marché européen. L'un des grands problèmes aux Etats-Unis est vraiment la hargne mise par les compagnies à défendre ce qu'elles estiment être leur propriété industrielle, et Shire elle-même est attaquée à propos d'un médicament de l'attention qui lui coûte un million de dollars par mois en frais de justice. Ces batailles sont expliquées par certains par la menace ressentie par Amgen, Roche et Genentech des coupes sombres dans les budgets fédéraux du Medicare. Par ailleurs, Shire est menacée par la dominance du marché américain pour ses produits (926 millions de dollars aux Etats-Unis et seulement 186 millions pour le reste du monde). Le marché européen de l'érythropoïétine pour les défaillants rénaux représente probablement 1,5 milliard de dollars. La société pourrait ainsi accompagner un autre de ses médicaments utilisé pour les mêmes patients. Mais, surtout, elle pourrait amortir jusqu'à 100 millions de dollars des frais de R&D de son érythropoïétine sur ses profits. Mais le danger de la compétition dans ce domaine est énorme, car les produits de génération suivante sont déjà sur le marché avec Amgen, Roche et Johnson & Johnson. Des produits étrangers comme les erythropoïétines cubaine, chinoise, indienne, coréenne et argentine arrivent également (voir le §86). 90. GS Mack et al.; Nature Biotechnology 23 (JUL05) 779 discute d'une tendance contraire à celle qui prévaut usuellement, celle d'acheter une société pas trop loin des bénéfices avec un produit en fin de validation clinique. Il s'agit d'acheter des sociétés aux tous premiers stades du développement avec très peu d'investissements humains et financiers, et qui ont une bonne idée et qui, au lieu de viser à tout faire toute seule, misent sur une mise en vente précoce de leur potentiel qui en fait une sorte de société virtuelle L'auteur analyse un investisseur dont l'essentiel des investissements porte sur des sociétés qui ont moins de 5 employés, ce qui les rend très peu coûteuses à l'achat. Cela permet de remplir à bon compte les pipelines souvent désespérément vides de grandes compagnies. Mais une compagnie avec une seule molécule peut quand même jouer de sales tours, car la moitié des essais cliniques terminaux seront négatifs La Politique 91. Les mises en alerte à propos des cas humains de la grippe aviaire doivent être prises en compte avec méfiance, car le principe de précaution est mis en œuvre avec beaucoup de constance. La vérification des cas suspects n'est souvent assurée qu'ultérieurement et l'OMS augmente et baisse régulièrement sa gradation dans la vigilance (6 degrés). Après avoir, fin Juin, avait pensé élever le degré 3 à 4 (plusieurs petits foyers localisés)ou 5 (foyers importants) à la suite des observations au Vietnam. Cette élévation du risque entraîne conduirait à mettre en œuvre les stocks d'antiviraux et à limiter les voyages dans ce pays. L'utilisation par une commission de l'OMS de ses propres tests PCR a infirmé les conclusions précédentes sur la présence du virus H5N1. Reste à expliquer le pourquoi de ces différences. Des études sérologiques vont être réalisée à Hong Kong. Les délais d'analyse entraîne une dispersion des patients et des risques accrus de contagion si des erreurs de diagnostic, dans un sens ou l'autre,se répètent. La migration des oiseaux sauvages infectés de Chine vers le sud va avoir lieu en Septembre et Octobre. D Butler; Nature 436 (07JUL05) 6. Il faudra suivre la question en Indonésie où de nombreux cas suspects dispersés sont signalés. 92. Le fait que Ventria Bioscience, ait dû annuler ses plantations de riz "médicaux" produisant lysozyme et lactoferrine dans le Missouri à la suite de plaintes de la brasserie Anheuser-Busch de Saint Louis, malgré son respect de toutes conditions officielles, montre que la sensibilité commerciale est grande et que les firmes alimentaires ne veulent pas risquer d'être les responsables d'une erreur comme celle qui a coûté cher à d'autres. L'exemple du maïs Starlink indique, qu'intentionnellement ou pas, des contaminations des récoltes par des graines (ou des pollens transgéniques) ont eu lieu. Ventria a dû déplacer vers le nord ses deux riz mais doit, cette année, commencer par adapter ses variétés à ce nouveau site en commençant par les variétés de base non transgéniques. Mais le choix par Prodigene et Ventria Biosciences, de plantes comestibles est probablement un handicap durable et celui du Tabac est peut-être préférable (cas de Chlorogene). En tout cas l'US Biotechnology Industry Organization (BIO) se préoccupe de ce problème. 27