Le Bulletin des BioTechnologies – Août 2005 – n°231
5
connue, mais pas dans leurs détails. L'impact sur la
sélection est une question à résoudre.
La génomique des populations intègrent, à un
niveau supérieur, ces interactions et leur impact sur les
gènes, avec les flux de gènes, l'expansion de l'aire de
répartition, les goulot d'étranglement et les dérives
génétiques conséquentes. C'est d'ailleurs à ce niveau
que la sélection est la plus intéressante.
Mais comme les données moléculaires accumulées
(comme les séquences) portent sur des espèces
relativement éloignées et peu nombreuses, les
résultats des analyses vont porter sur des
ramifications relativement profondes de l'arbre
évolutif, les plantes étant relativement peu favorisées
dans ce contexte, par rapport à ce qui se passe du côté
des animaux.
La conservation des séquences indique une pression
de sélection stabilisatrice en faveur de fonctions
importantes. Les séquences importantes dans les
régulations sont, plus difficiles à caractériser
globalement. Une analyse de ce type a été pratiquée
pour l'annotation des génomes animaux et de levure.
Encore une fois les plantes ne sont pas très favorisées.
Régions codantes et régulatrices peuvent être
identifiées en localisant les régions soumises à la
sélection purificatrice. Cette dernière agit
principalement (mais pas uniquement) en éliminant
des mutations désavantageuses, impliquant la
conservation des mutations neutres. Ce principe a été
la base de la théorie neutraliste de l'évolution.
Partout émerge le besoin de disposer de plus de
séquences de plantes différentes.
Le développement
10.### LP Taylor et al.; Current Opinion in Plant
Biology 8 (JUN05) 317-323 analysent le rôle des
flavonoïdes dans le développement des plantes. Ces
produits longtemps considérés comme des métabolites
secondaires, et donc non indispensables, affectent, en
réalité, plusieurs étapes du développement. Ce sont
également des signaux bioactifs perçus par les
microorganismes, des substances allélochimiques
(signaux vers d'autres plantes, souvent d'exclusion),
sans parler de leur rôle dans la nutrition des
herbivores comme nous. La question est de savoir si
ces multiples actions reflètent leur diversité où
l'existence de "récepteurs" communs conservés. Les
flavonoïdes interviennent dans les signaux
hormonaux, la germination du pollen, la protection
contre les UV-B, et agissent comme phytoalexines, en
sus des effets allélopathiques. On connaît leurs effets
dans la nodulation par les divers Rhizobium.
Il n'est d'ailleurs pas sûr que les mêmes substances
aient les mêmes fonctions chez deux espèces
différentes, les flavonoïdes étant un stock de
substances dans lequel la sélection a pu utiliser une
fonction plutôt qu'une autre.
Les auteurs analysent le rôle des flavonoïdes dans
le transport de l'auxine en s'appuyant sur leur
compétition avec un inhibiteur d'efflux de l'auxine.
Ceci a permis d'identifier deux complexes récepteurs
dont un contient une aminopeptidase (AtAPM1)
membranaire sensible aux flavonols, et l'autre
ressemble aux transporteurs MDR des Mammifères
(MultiDrug Resistance) à cassette liant l'ATP.
Le rôle des flavonoïdes est souligné par les
mutations transparent testa 4 (tt4) dans le gène de la
chalcone synthase (CHS),qui sert d'entrée dans la
voie de synthèse des flavonoïdes. Ces mutants
présentent de nombreuses anomalies du
développement liées aux perturbations du transport
orienté de l'auxine, toutes compensables par addition
de naringénine, un intermédiaire dans cette voie.
Mais le mécanisme exact d'interférence avec le
transport d'auxine reste inconnu. On en a quelques
indications avec des modifications de localisation des
protéines PIN (il en existe au moins cinq chez
Arabidopsis, voir, par exemple, NJ Kaplinsky et al.;
Science 306 (29OCT04) 822-823 ou le Bulletin de
Mars §19), mais on n'a pas encore pu établir s'il s'agit
d'une intervention directe ou indirecte. La protéine
PINOID (PID) est une sérine/thréonine kinase qui
localise PIN1 et pourrait être la cible de
flavonoïdes.
Au moins chez le trèfle blanc, les flavonoïdes sont
également impliqués dans l'inhibition de la
destruction de l'auxine par des peroxydases. Les
flavonoïdes sont très probablement des régulateurs
non essentiels, mais régulateurs quand même. Mais
l'extrapolation entre plantes différentes n'est encore
pas vraiment possible.
Les flavonoïdes sont vraisemblablement synthétisés
par des complexes multienzymatiques à la surface du
réticulum endoplasmique, et sont donc
vraisemblablement sécrétés, mais il doit en rester dans
le cytoplasme pour expliquer leurs effets.
C'est chez le maïs (et chez les Pétunias) que le rôle
des flavonoïdes (particulièrement des anthocyanes,
pigmentées) dans la germination du pollen a été le
mieux établi. Le métabolisme des flavonols dans le
tapetum de l'anthère et leur glycosylation dans le
pollen pour donner un galactoside hydrosoluble,
grâce à une UDP-galactosyltransférase spécifique du
pollen, a été établi.
Cet effet sur la germination du pollen est observé
depuis les gymnospermes jusqu'aux angiospermes. Il
est donc apparu très tôt chez les végétaux terrestres.
Chez les mutants tt4 d'Arabidopsis une certaine
fertilité est conservée, indiquant que d'autres
substances favorisent la croissance du tube pollinique.
Cet effet existe également à la pointe des poils
absorbants, donc vraisemblablement par le même
mécanisme. Mais curieusement chez ces mutants la
transplantation dans le sol fait disparaître
progressivement le phénotype.
Le rôle des flavonoïdes dans les bienfaits
prébiotiques est soutenu par beaucoup de chercheurs
(et spécialistes du marketing). Beaucoup de ces effets
sont explicables par leurs effets anti-oxydants
(probablement impliqués dans la protection de la
plante contre les UV-B).
Ce sont également des toxines naturelles contre les
plantes voisines (substances allélopathiques). Ainsi
la (-)-catéchine est une puissante phytotoxine
sécrétées par les racines de Centaurea maculosa, ce
qui en fait une plante fortement invasive. Le
mécanisme d'action n'en est pas bien établi. La
neutralisation de ces toxines implique des