7
Atlas des Paysages de la Guyane – Direction Régionale de l’Environnement de la Guyane – VU D’ICI & ARUAG
PARTIE 1
Un socle paysager
primaire
8 Atlas des Paysages de la Guyane – Direction Régionale de l’Environnement de la Guyane – VU D’ICI & ARUAG
Fig. 2 Schéma lithostructural du bouclier des Guyanes
(Delor et coll. 2003)
9
Atlas des Paysages de la Guyane – Direction Régionale de l’Environnement de la Guyane – VU D’ICI & ARUAG
Géologie
L’histoire géologique de la Guyane est très ancienne ce qui
explique la complexité de son étude mais aussi son originalité par
rapport à celle de la métropole (où 90% des formations
correspondent à l’ère Phanérozoïque, soit les 540 derniers millions
d’années). Elle raconte ainsi la formation des continents et des
océans.
La Guyane française fait partie d’un vaste ensemble
géologique très ancien, appelé le « bouclier des Guyanes ». D’une
superficie totale de 1,5 millions de km², il est limité au Nord par
l’Océan Atlantique et au Sud par le bassin de l’Amazone. Formé
principalement au cours d’une phase orogénique (formation de
montagne) appelée transamazonienne, qui s’est déroulée entre
2,26 et 1,95 Giga années, ce domaine est constitué de roches
magmatiques (granitoïdes, granites, gabbros, diorites),
volcaniques, volcanosédimentaires et sédimentaires (schistes, grès,
silices, conglomérats, quartzites) vieilles de 2 à 2,2 milliards
d’années que l’on retrouve au nord et au sud de la Guyane.
Les roches les plus anciennes de Guyane, à l’Eorhyacien (vers 2,26-
2,20 Ga1), sont ainsi apparues avec l’ouverture d’un océan entre
Amazonie et Afrique de l’Ouest.
Entre 2,18 et 2,13 Ga (Mésorhyacien), le rapprochement
des deux continents ferme l’océan précoce alors ouvert. Une zone
de subduction se forme et engendre du plutonisme et du
volcanisme en association avec l’arc insulaire ainsi créé. L’érosion
des ensembles continentaux qui se rapprochent entraîne des
dépôts sédimentaires qui peuvent ainsi s’intercaler entre les
formations volcaniques.
La formation géologique de la Guyane s’appuie donc sur
l’agglomération de magmas et de dépôt volcaniques ou
sédimentaires avec un magmatisme spécifique qui se structurent
avec une orientation est/ouest importante et masquent toutes
traces de structures antérieures : un vaste ensemble central de
type batholite (roches refondues par remontées magmatiques et
solidifiées) se constitue au cœur de la Guyane, zone orange). On
retrouve également ces formations anciennes au nord avec
notamment le Massif du Mahury.
Fig. 3 Le massif du Mahury, témoin d’une géologie ancienne.
1 1Ga= 1 000 milliards d’années
Entre 2,11 et 2,08 Ga au Néorhyacien, les deux continents se sont
accolés. On assiste alors à un coulissage (de sens senestre) entre
ces deux continents.
En association avec cette tectonique qui se poursuit, des granites
se mettent en place au centre et au sud de la Guyane et des
bassins sédimentaires d’origine détritique (cônes alluviaux et
rivières) se forment au nord de la région. Entre 2.07 et 2.06 milliards
d’années, une seconde phase tectonique affecte les bassins
« récemment » formés en même temps que s’observe la mise en
place des derniers granites. Localement métamorphisées, les
roches sont alors transformées en gneiss, en amphibolites ou en
micaschistes. La structuration de ces roches dures renvoie à la mise
en place des grands ensembles montagneux guyanais.
Après la formation des grands ensembles plutoniques,
volcaniques et sédimentaires au Rhyacien, quelques événements
volcaniques sont observés en Guyane. Ils se traduisent par des
filons (dykes) très nombreux qui recoupent toutes les formations du
Précambrien, et dont l’origine tectonique reste encore inconnue.
Ils marquent cependant des directions franches de Maripasoula
aux Monts Tumuc Humac et suivant la direction de la Comté et de
L’Oyapock.
Fig. 4 La rectitude du cours de l’Oyapock renvoie à des directions
géologiques anciennes
Les études du paléomagnétisme faites sur des échantillons
rocheux entre 1996 et 2000 montrent l’évolution
paléogéographique de la Guyane : elle aurait ainsi parcouru près
de 20000 km en 100 milliards d’années.
Fig. 5 Modèle d’ouverture océanique à l’Eorhyacien
Fig. 6 Modèle d’arc insulaire mésorhyacien lié à la subduction
Fig. 7 Plutonisme et phase de coulissage au Néorhyacien*
Fig. 8 Plutonisme tardif et coulissage local au Néorhyacien
10 Atlas des Paysages de la Guyane – Direction Régionale de l’Environnement de la Guyane – VU D’ICI & ARUAG
Fig. 9 : Carte de synthèse de la géologie Guyanaise
Fig. 10 Saut Maripa
Fig. 11 Inselberg de la Montagne de la Trinité
Fig. 12 La couleur rouge caractéristique de la
latérite
Fig. 13 Coupe géologique de la Guyane des monts Tumuc Humac
à Mana.
11
Atlas des Paysages de la Guyane – Direction Régionale de l’Environnement de la Guyane – VU D’ICI & ARUAG
Les débuts de la vie sur terre à l’ère phanérozoïque n’ont pas laissé
d’empreinte en Guyane (fossiles ou traces), aucun témoignage de
ce qui a été à l’origine de la géologie en Europe et en France
métropolitaine.
Vers 200 Ma, la Province Magmatique de l’Atlantique Central est
marquée par les premières phases volcaniques de la fracturation
du méga continent « Pangée » qui amènera l’ouverture de
l’Atlantique séparant ainsi les Amériques, l’Europe et l’Afrique. Le
socle ancien est ainsi recoupé par des filons de dolérite sub-
verticaux d’orientation N/S ou NW/SE dont la mise en place va
constituer de nouvelles barrières naturelles lisibles dans le paysage
guyanais notamment au niveau des sauts et de certains Inselbergs.
Certains filons très importants sont plus large de 500m à 1km de
distance et se traduisent par des chaînes de monts pouvant
atteindre 200m : la plus importante est celle allant de la Montagne
de Plomb près du lac de Petit Saut jusquà la Montagne Bagot et
la Montagne de Maripa entre Cayenne et Régina.
Fig. 14 Représentation schématique des paléosurfaces étagées
Cette riche histoire géologique ancienne de la Guyane aide
également à comprendre l’originalité de ce territoire qui est le seul
entre l’Amazone et l’Orénoque à présenter un littoral et des îlets
rocheux.
Tous ces terrains du socle et les dolérites ont subi une altération
importante sous climat tropical et équatorial humide et sont
presque partout recouverts par des formations latéritiques épaisses
de quelques mètres à plus de cinquante mètres.
Ces phénomènes d’altérations latéritiques (à la fois chimiques et
mécaniques) ont conditionné la configuration actuelle de la
géomorphologie guyanaise. Ainsi, on observe une organisation par
étages de paléosurfaces cuirassées : entre le niveau de la mer et
200-300m d’altitude sur le littoral atlantique, ces surfaces peuvent
atteindre des paliers entre 100-200m et 600-700m d’altitude vers
l’intérieur de la Guyane. On retrouve ainsi ces structures étagées
de manière remarquable avec les monts de l’île de Cayenne :
Une première surface sous forme de plateau sub-horizontal
de haute altitude (à partir de 80m) comme le Mahury ou le
Matoury avec une cuirasse épaisse alumino-ferrugineuse
Une seconde surface entre 20 et 50m d’altitude et une
cuirasse moins épaisse donnant un relief plus moutonné (la
Mirande ou le Petit Matoury)
Une troisième surface entre 0 et 25m avec de faibles
cuirassements et quasi plan (pénéplaine de Cayenne)
Les phases de cuirassement et d’altération ont laissé des
restes de plateaux anciens qui forment de nombreux reliefs de la
Guyane. Ils ont contribué également à former le modelé en « peau
d’orange » si caractéristique des moutonnements de la zone
forestière guyanaise.
Enfin, sous l’effet conjugué des variations du niveau marin,
des apports des produits d’érosion des fleuves de Guyane et
surtout des apports sédimentaires liés au fleuve Amazone, le littoral
de Guyane a enregistré des phénomènes sédimentaires successifs
mais récents. La plaine littorale, d’une largeur inférieure à 20 km,
est ainsi constituée de formations sableuses et argileuses
quaternaires peu épaisses d’où émergent localement quelques
appointements de roches anciennes ; les savanes-roches.
Fig. 15 Province Magmatique de l’Atlantique Centrale (200 Ma)
Fig. 16 Représentation schématique des filons volcaniques
Fig. 17 Vue aérienne de l’étagement des Monts de Cayenne
1 / 14 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !