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Atlas des Paysages de la Guyane – Direction Régionale de l’Environnement de la Guyane – VU D’ICI & ARUAG
Géologie
L’histoire géologique de la Guyane est très ancienne ce qui
explique la complexité de son étude mais aussi son originalité par
rapport à celle de la métropole (où 90% des formations
correspondent à l’ère Phanérozoïque, soit les 540 derniers millions
d’années). Elle raconte ainsi la formation des continents et des
océans.
La Guyane française fait partie d’un vaste ensemble
géologique très ancien, appelé le « bouclier des Guyanes ». D’une
superficie totale de 1,5 millions de km², il est limité au Nord par
l’Océan Atlantique et au Sud par le bassin de l’Amazone. Formé
principalement au cours d’une phase orogénique (formation de
montagne) appelée transamazonienne, qui s’est déroulée entre
2,26 et 1,95 Giga années, ce domaine est constitué de roches
magmatiques (granitoïdes, granites, gabbros, diorites),
volcaniques, volcanosédimentaires et sédimentaires (schistes, grès,
silices, conglomérats, quartzites) vieilles de 2 à 2,2 milliards
d’années que l’on retrouve au nord et au sud de la Guyane.
Les roches les plus anciennes de Guyane, à l’Eorhyacien (vers 2,26-
2,20 Ga1), sont ainsi apparues avec l’ouverture d’un océan entre
Amazonie et Afrique de l’Ouest.
Entre 2,18 et 2,13 Ga (Mésorhyacien), le rapprochement
des deux continents ferme l’océan précoce alors ouvert. Une zone
de subduction se forme et engendre du plutonisme et du
volcanisme en association avec l’arc insulaire ainsi créé. L’érosion
des ensembles continentaux qui se rapprochent entraîne des
dépôts sédimentaires qui peuvent ainsi s’intercaler entre les
formations volcaniques.
La formation géologique de la Guyane s’appuie donc sur
l’agglomération de magmas et de dépôt volcaniques ou
sédimentaires avec un magmatisme spécifique qui se structurent
avec une orientation est/ouest importante et masquent toutes
traces de structures antérieures : un vaste ensemble central de
type batholite (roches refondues par remontées magmatiques et
solidifiées) se constitue au cœur de la Guyane, zone orange). On
retrouve également ces formations anciennes au nord avec
notamment le Massif du Mahury.
Fig. 3 Le massif du Mahury, témoin d’une géologie ancienne.
1 1Ga= 1 000 milliards d’années
Entre 2,11 et 2,08 Ga au Néorhyacien, les deux continents se sont
accolés. On assiste alors à un coulissage (de sens senestre) entre
ces deux continents.
En association avec cette tectonique qui se poursuit, des granites
se mettent en place au centre et au sud de la Guyane et des
bassins sédimentaires d’origine détritique (cônes alluviaux et
rivières) se forment au nord de la région. Entre 2.07 et 2.06 milliards
d’années, une seconde phase tectonique affecte les bassins
« récemment » formés en même temps que s’observe la mise en
place des derniers granites. Localement métamorphisées, les
roches sont alors transformées en gneiss, en amphibolites ou en
micaschistes. La structuration de ces roches dures renvoie à la mise
en place des grands ensembles montagneux guyanais.
Après la formation des grands ensembles plutoniques,
volcaniques et sédimentaires au Rhyacien, quelques événements
volcaniques sont observés en Guyane. Ils se traduisent par des
filons (dykes) très nombreux qui recoupent toutes les formations du
Précambrien, et dont l’origine tectonique reste encore inconnue.
Ils marquent cependant des directions franches de Maripasoula
aux Monts Tumuc Humac et suivant la direction de la Comté et de
L’Oyapock.
Fig. 4 La rectitude du cours de l’Oyapock renvoie à des directions
géologiques anciennes
Les études du paléomagnétisme faites sur des échantillons
rocheux entre 1996 et 2000 montrent l’évolution
paléogéographique de la Guyane : elle aurait ainsi parcouru près
de 20000 km en 100 milliards d’années.
Fig. 5 Modèle d’ouverture océanique à l’Eorhyacien
Fig. 6 Modèle d’arc insulaire mésorhyacien lié à la subduction
Fig. 7 Plutonisme et phase de coulissage au Néorhyacien*
Fig. 8 Plutonisme tardif et coulissage local au Néorhyacien