Chapitre 4 - Génétique des hémoglobinopathies
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+ thalassémie: l’absence d’expression d’un seul des deux gènes contigus caractérise l’+ thalassémie.
Les lésions moléculaires des + thalassémies sont souvent des délétions de quelques kilobases (kb) amputant
un gène . Les délétions les plus fréquentes sont -3,7 et -4,2. Elles sont retrouvées en Asie, autour de la
Méditerranée, en Afrique, aux Antilles, aux Amériques. L’+ thalassémie peut être due également à une
mutation ponctuelle ou à une micro délétion aboutissant à une altération de la stabilité d’une chaîne mutée.
L’association β thalassémie et HbS (Sβ-thal) est un Syndrome Drépanocytaire Majeur (SDM), caractérisé
biologiquement par une anémie microcytaire accompagnée d’une augmentation de HbA2. L’association Sβ-thal°
(absence d’HbA) est de sévérité analogue à la drépanocytose homozygote alors que l’association Sβ-thal+ est moins
sévère (taux d'HbA plus ou moins élevé; Weatherall et al., 1981). Par ordre de sévérité décroissante, les formes
d’hétérozygote composite sont:
- les formes SDPunjab et SOArab (fréquentes en Asie);
- la forme SC (fréquente en Afrique occidentale);
- les associations thalassémique (β0 et β +).
Drépanocytose et hémoglobine foetale
L’association de l’hémoglobine fœtale (HbF) à la drépanocytose homozygote est connue, sa concentration intra-
érythrocytaire est variable (de 1 à 30%). Ces cellules à faible falciformation ont une durée de vie plus longue que les
falciformées (Conley et al., 1963; Huisman et al., 1981; Adachi et al., 2002).
La question se pose quant au rôle et à l’importance de l’HbF chez les drépanocytaires, si la production de HbF est liée
à des situations génétiques sur lesquelles on pourrait intervenir pour modifier le cours de la maladie. Deux types de
persistance de HbF sont connus: le type hétérocellulaire et le type pancellulaire des noirs. Ce dernier est une délétion
peu fréquente amputant le gène β globine. L’absence d'expression du gène β est compensée par l'expression presque
normale du gène γ restant. Chez l’hétérozygote composite S-Persistance Héréditaire d'Hémoglobine Foetale (S-PHHF
pancellulaire), HbF est répartie dans toutes les cellules à un taux de 15 à 35%. Le reste est constitué d'HbS et de HbA2.
Les hétérozygotes composites S-PHHF paraissent sains avec un hémogramme voisin de la normale. L'électrophorèse,
découvre 70% d'HbS et 30% d'HbF. Il s'agit d'un groupe particulier et limité de patients. Décrits au Moyen-Orient, en
Arabie Saoudite et en Inde, en Afrique, aux Antilles … Ils présentent un taux bas de morbidité et de mortalité (Conley
et al., 1963).
Drépanocytose et enzymopathie
Les enzymopathies du globule rouge les plus fréquentes touchent la glycolyse, dont le rôle est de fournir à la cellule la
majeure partie de l’ATP nécessaire à sa survie et de protéger contre les oxydations. Un déficit portant sur l’une des
enzymes de la voie principale de glycolyse (voie d’Embden-Meyerhof) où un shunt des pentoses-phosphates entraîne
un syndrome hémolytique parfois aigu, le plus souvent chronique: ce sont des déficits du Glucose-6-Phosphate-
Déshydrogénase (G6PD) et du déficit en 2,3-DiPhosphoGlycérate (Lian et al., 1971).
Déficit en 2,3-DiPhosphoGlycérate (2,3-DPG)
La glycolyse intervient dans la physiologie de l'hémoglobine. Parmi les produits intermédiaires de la glycolyse, le 2-3
DiphosphoGlycérate (2,3-DPG) métabolite spécifique, a une importance particulière du fait de son rôle dans l'affinité
de l'Hb pour l'oxygène. La liaison 2,3-DPG à l’hémoglobine favorise le passage de l'hémoglobine à la forme
désoxygénée. La baisse du taux de 2,3-DPG se traduit par une augmentation de l'affinité de l'Hb pour l'oxygène et une
polyglobulie réactionnelle. Son augmentation entraîne une diminution d'affinité de Hb pour l'oxygène. Chez le
drépanocytaire, dont le taux de 2,3-DPG est élevé, la diminution d'affinité résultante pour HbO2 tend à favoriser la
falciformation. On peut aussi penser que l'abaissement du taux de 2,3-DPG résultant d'une anomalie génétique ou
d'une médication appropriée pourrait améliorer l'état clinique des patients (Lian et al., 1971).
Déficit en Glucose-6-Phosphate Déshydrogénase (G6PD)
Le déficit en G6PD (favisme) est le plus fréquent des déficits enzymatiques érythrocytaires. La drépanocytose et le
déficit en G6PD sont deux anomalies génétiques responsables d’anémie hémolytique. Deux types sont décrits: le type
A (sujet originaire d'Afrique) et le type B (région méditerranéenne). Dans les deux cas, le début est caractérisé par un
ictère néo-natal (Lewis et al., 1966; Herz et al., 1970).
Chez le déficient A, les crises hémolytiques surviennent sur un fond d'apparence normale, chez les déficients de type
B, elles aggravent un état d'hémolyse chronique. Les causes des accès d'hémolyse sont diverses: infections, stress,
mais surtout ingestion de certains médicaments contre lesquels il est indispensable que le patient soit informé (Lewis
et al., 1966). Diop et al. (2002) rapportent une prévalence plus grande du déficit en G6PD chez les drépanocytaires par
rapport aux sujets indemnes d’hémoglobinopathie S. La plupart des études ne retrouvent pas l’influence du déficit en
G6PD sur la sévérité de la maladie (Steinberg et al., 1974). La présence de ce déficit confère aux drépanocytaires une
protection vis-à-vis du paludisme par phagocytose précoce des globules rouges parasités (Roth et al., 1983; Cappadoro
et al., 1998). La transmission génétique du déficit en G6PD est liée au sexe (gène porté par le chromosome X: les
hommes sont atteints, les femmes transmettent le gène anormal sans être affectées).