A LA MEMOIRE DES 1 500 000 VICTIMES ARMENIENNES
24 avril 2016 : 101e anniversaire du génocide arménien de 1915
perpétré par le gouvernement Jeune-Turc
101 ans de déni : ça suffit !
-------------------------------------------------------------------
VEILLE MEDIA
Vendredi 23 Septembre 2016
Retrouvez les informations sur notre site :
http://www.collectifvan.org
Rubrique Info Collectif VAN :
http://www.collectifvan.org/rubrique.php?r=0&page=1
et Rubrique News (Revue de Presse) :
http://www.collectifvan.org/rubrique.php?r=4&page=1
------------------------------------------------------------------
Génocide arménien : l'AFP incorpore une note dans
sa charte des bonnes pratiques éditoriales
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le 15 juillet dernier, le
Huffington Post a publié une lettre collective adressée au PDG de
l'AFP, à l'initiative de Dominique Sopo, président de SOS Racisme,
et signée par 12 associations anti-racistes. Le président de SOS
Racisme avait été alerté sur la façon dont les dépêches AFP
traitaient du génocide arménien, après avoir pris connaissance
d'un article de Séta Papazian (présidente du Collectif VAN) paru le
24 juin 2016 sur le site de La Règle du Jeu. Parmi les signataires
protestant contre une présentation du génocide arménien "selon
les Arméniens" et "selon la Turquie", figurent les quatre grandes
associations antiracistes françaises (SOS Racisme, la LICRA, le
MRAP et la LDH), l'UEJF (Union des Étudiants Juifs de France),
ainsi que de nombreux militants et associations très engagés sur
la reconnaissance du génocide arménien. Et bien évidemment, le
Collectif VAN, co-rédacteur du texte.
La publication de cette lettre collective par le Huffington Post a
suscité une réponse immédiate de l'AFP, signée par Michèle
Léridon, Directrice de l'Information, et envoyée par coursier (voir
image ci-dessus ou pdf ci-dessous).
Cette lettre appelait une contre-réponse des signataires. Pour
raison de trêve estivale, Dominique Sopo et Séta Papazian ont
souhaité reporter à cette rentrée de septembre l'envoi de leur
réaction écrite, à nouveau signée par les 12 associations et
militants. L'AFP en ayant désormais accusé réception, le Collectif
VAN publie ici, d'une part la réponse de l'AFP en date du 18 juillet
2016, et d'autre part, le courrier que les 12 signataires ont
retourné à l'agence de presse le 15 septembre. Dans sa lettre,
l'AFP indique inclure désormais dans sa charte éditoriale des
recommandations concernant le traitement du génocide arménien.
N'ayant pas eu copie de la note à laquelle doivent à présent se
conformer ses journalistes, nous ne pouvons que souhaiter que
cette dernière soit sans ambiguïté.
Le Collectif VAN remercie tous les présidents d'association pour
leur solidarité et leur mobilisation et en particulier Dominique
Sopo sans lequel l'indignation des descendants des rescapés
arméniens serait restée confinée à un cercle plus restreint. Ce
plafond de verre avait déjà été brisé le 24 juin 2016 grâce à la
bienveillance de notre ami et partenaire Bernard Schalscha qui
avait accepté de publier sur le site de La Règle du Jeu le premier
article de Séta Papazian, intitulé "L’AFP et les deux « thèses » du
génocide arménien" .
La lutte contre le négationnisme et le révisionnisme s'inscrit dans
le domaine de la défense des valeurs universelles. La solidarité
des naufragés de l'histoire est l'un des principes que le Collectif
VAN tente de promouvoir depuis sa création : le soutien que nous
avons reçu ici montre que cette solidarité n'est pas un concept
creux. L'action conjointe du Collectif VAN et de ses amis et/ou
partenaires trouve une résonance particulière en cette veille du 24
septembre qui signe le 12e anniversaire de la création officielle de
l'association.
COURRIER COLLECTIF ENVOYÉ EN RÉPONSE A L'AFP
AFP
Madame Michèle Léridon
Directrice de l’information de l'Agence France Presse
11-13, Place de la Bourse
75002 Paris
Copie
Monsieur Emmanuel Hoog
Président Directeur Général de l'Agence France Presse
Paris, le 15 septembre 2016
Madame la Directrice de l’information,
Nous avons bien reçu la réponse que vous nous avez adressée le 18 juillet
dernier et qui appelle plusieurs remarques.
Tout d’abord, nous notons qu’à quelques lignes d’écart, vous affirmez que
le génocide arménien est tout à la fois « un sujet éminemment
controversé » et « l’objet d’un large consensus ». Le consensus, que vous
évoquez à juste titre, repose sur des bases solides que vous pourrez
découvrir dans la bibliographie non exhaustive et la pétition de 126
spécialistes américains de la Shoah, jointes à ce courrier.
C’est sur la base de ce consensus du monde scientifique qu’a pu être
votée la LOI n° 2001-70 du 29 janvier 2001, qui stipule que « La France
reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915. » Cet article
unique est suivi de la mention « La présente loi sera exécutée comme loi
de l’Etat. »
Quant à votre première assertion concernant la « controverse » dont ferait
l’objet le génocide arménien, nous nous permettons de vous demander
sur quel corpus documentaire elle s’appuie. Hormis quelques universitaires
discrédités dont les travaux sont financés par Ankara, il nous semble que
les seules références en la matière sont les déclarations d’un Etat, la
Turquie, fort peu porté sur la défense de la démocratie, le souci de la
vérité historique et le respect de la liberté de la presse, comme le
démontre encore une fois la répression qui sévit depuis le coup d’Etat
avorté du 15 juillet.
Pour vous dédouaner de « la dérogation malheureuse » aux principes
journalistiques que vous évoquez, vous faites référence aux conditions de
travail des journalistes de l’AFP : malgré tout le respect que nous avons
pour une agence de presse aussi renommée que la vôtre, ces conditions
ne peuvent servir d’excuses - lorsque l’on parle d’un crime contre
l’humanité - pour la propagation de pratiques hautement problématiques
comme celles que nous relevons concernant le génocide arménien.
Nous ne pensons pas avoir lu et c’est heureux - de dépêches AFP qui -
pour répondre à des « impératifs de rapidité et de concision » -
qualifieraient la Shoah de « thèse ».
Bien qu’il ressorte de votre courrier que vous vous engagiez à ne plus
utiliser à l’avenir ce terme « inapproprié » (que vous qualifiez de «
maladresse », ce qui est le moins que l’on puisse dire lorsque l’on parle de
l’anéantissement d’un peuple sur ses terres ancestrales), il nous paraît
indispensable de vous faire remarquer que la mise en perspective d’une «
position arménienne » - que vous opposez à une « position de la Turquie
» - renvoie de facto à la mise en concurrence de deux thèses, sans
l’utilisation du terme « maladroit » : c’est d’ailleurs ce que l’on trouve
dans les dépêches AFP, avec l’usage systématique des expressions « Les
Arméniens estiment que » et « La Turquie affirme que » (notons «
l’estimation » des victimes opposée à « l’affirmation » de l’Etat héritier du
crime), à charge pour le lecteur de se faire sa propre « opinion »,
négationniste éventuellement. Pourtant, pas plus que le racisme ou le
sexisme, le déni d’un génocide ne devrait être considéré comme une
opinion.
Vous semblez croire que mentionner en premier lieu « la position
arménienne » est un signal positif de votre part. Or, ce qui serait plus
juste déontologiquement serait de mettre en avant, non pas les
Arméniens, mais les historiens, juristes et spécialistes internationaux dont
les travaux ont déterminé les pertes humaines et ont amené des
parlements à reconnaître le génocide arménien. Pour mémoire, ce
génocide impuni a largement inspiré Raphaël Lemkin dans sa création du
terme et du concept juridique de génocide qui permettent - depuis leur
adoption par l’ONU en 1948 - de poursuivre et juger des génocidaires.
Vous nous dites ne pas pouvoir vous passer de mentionner la position de
la Turquie. Rappeler le déni turc est une chose. Détailler des arguments
négationnistes en est une autre. Vous relayez complaisamment le discours
mensonger d’Ankara, en indiquant qu’« il s’agissait d’une guerre civile
dans laquelle 300 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la
mort » : il serait peut-être bon, là aussi, que vous puissiez nous indiquer
vos sources (et nous ne parlons bien évidemment pas de propagande
d’Etat) concernant cette prétendue « guerre civile » de 1915 qui aurait
échappé à l’attention des historiens, spécialistes de l’Empire ottoman.
Vous le savez, les chiffres et faits fantaisistes ne peuvent être placés sur
le même plan que ceux qui ont été validés par les historiens les plus
sérieux. Par ailleurs, au lieu de vous abriter derrière Reuters et l’AP, vous
pourriez leur opposer un travail exemplaire.
Vous avancez l’argument selon lequel « cette contestation est un fait ».
Certes.
La contestation de la Shoah l’est également. D’ailleurs, le nombre des
négationnistes de la Shoah dans le monde dépasse certainement le
nombre des négationnistes du génocide arménien. Pour autant, l’AFP ne
fait pas état des arguments des négationnistes à chaque fois que le
génocide des Juifs est mentionné dans l’actualité, ou ne place pas les
seuls mots de Shoah ou de génocide (des Juifs) entre guillemets pour
signifier qu’ils ont été cités. Le contraire serait insupportable.
Sauf erreur, il apparaît donc que la « rigueur » de l’AFP est un traitement
réservé au génocide des Arméniens et qu’elle témoigne d’une neutralité,
d’une « prudence », ou d’un équilibre qui ne sont pas acceptables en
matière de crimes contre l’humanité et de génocides. Car il ne s’agit pas là
d’un fait d’actualité sur lequel les historiens ne se sont pas encore
prononcés mais bien d’une page d’histoire largement documentée.
Vous affirmez que la « conduite » de l’AFP ne répond pas à des impératifs
économiques : nous en sommes heureux car l’indépendance et la
crédibilité de vos journalistes ne sauraient être tributaires du chiffre
d’affaires réalisé en Turquie par le biais des abonnements qui y sont
souscrits, ni des pressions de ce régime autoritaire ou des directives
diplomatiques de nos gouvernements.
Alors que tous les députés allemands d’origine turque (11 au total) ont
unanimement voté le 2 juin 2016 une résolution reconnaissant le génocide
perpétré en 1915 contre les Arméniens et les autres chrétiens de Turquie,
à l’heure où le Bundestag a condamné la coresponsabilité de l’Allemagne,
alliée de l’Empire ottoman durant la Première Guerre mondiale, et tandis
que des démocrates turcs et kurdes s’engagent courageusement depuis
quelques années en Turquie même et au péril de leur vie dans ce
combat pour la mémoire et la vérité, l’Agence France Presse – organe
national et de réputation mondiale qui représente de facto l’ensemble de
la presse française puisque ses dépêches sont reprises in extenso par une
majorité de médias peut-elle faire le choix de persister à offrir une
magistrale caisse de résonance à l’historiographie étatique d’une Turquie
perpétuant le génocide par sa négation urbi et orbi ?
Nous vous remercions d'avoir rédigé une note à l'attention de la rédaction
pour "éviter tout incident à l'avenir" et espérons que les éléments que
nous vous soumettons ici seront incorporés à la charte des bonnes
pratiques éditoriales de l'AFP comme vous le suggérez.
Nous vous prions d'agréer, Madame la Directrice de l’information,
l'expression de nos salutations distinguées.
1 / 43 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !