Plantes médicinales pour le soin de la famille
au Burkina Faso
Édition : septembre 2009
Jean-Pierre Nicolas
Docteur en ethnologie
Consultant en matière de plantes médicinales et de pharmacopées traditionnelles
Ethnobotaniste et ethnopharmacologue
Président fondateur de l’association Jardins du monde
Ce manuel a été réalisé avec le concours des salariés et des bénévoles de
l'association Jardins du monde.
Jardins du monde est une association loi 1901 reconnue d’intérêt général, créée
en 1997 sous le numéro de SIRET 42497439200021.
Son objectif consiste à améliorer l'état sanitaire des populations qui ont
difficilement accès au système de santé conventionnel. Pour ce faire, elle valorise
l'usage des plantes médicinales dans la médecine humaine et vétérinaire.
Site : www.jardinsdumonde.org
Remerciements
L'association Jardins du monde remercie toutes les personnes qui ont participé à la
réalisation de ce document, notamment :
Les villageois de Poun, Bonyolo, Mogueya et Boutoko, et plus particulièrement les femmes.
Les groupements de tradipraticiens du Sanguié et du Boulkiemdé.
La coopérative de Poun (CPEPAT).
L'association « Doanesson » de Bonyolo.
L'union des groupements de Mogueya.
L'association « Wend Panga » de Boutoko.
L'association « Man Néré » de Kassou.
L'UGF /CDN Réo, groupement de Baogné.
Le club « Connaître et protéger la nature » de Réo.
Paul Ramdé, président de l'association des tradipraticiens et herboristes du Boulkiemdé.
Ernest Bationon, secrétaire général de l'association des tradipraticiens et herboristes du
Boulkiemdé.
L'association de tradipraticiens « Songre la panga » d'Imasgho.
L'association de tradipraticien du Sanguié.
Mme Alice Valéa, responsable des CREN de l'Organisation catholique de développement
social (OCADES) de Koudougou
Le personnel des CREN de Réo, de Tenado et de Sabou.
Le personnel des CSPS de Moukouan, de Sabou, de Bonyolo, de Tenado et du secteur 9 de
Réo.
Felix Compaoré, major du CSPS d'Imsagho.
Dr Hubert Traoré, médecin au centre médical de Koudougou.
Augustin Soubeiga et le personnel du centre médical de Réo.
Dr Konaté Bakary, dermatologue à l'hôpital de Réo.
Le réseau Wannpres et sa représentante le Dr Hassanata Millogo.
Le professeur Jean-Baptiste Nikiéma qui a bien voulu rédiger la préface de ce manuel.
La professeure Jeanne Millogo pour sa disponibilité, l'identification des herbiers et ses
conseils avisés.
Le personnel du ministère de l’environnement pour sa collaboration.
Le professeur Pierre Guissou pour ses encouragements.
Le professeur Bernard Weniger pour ses conseils.
Les responsables des programmes TRAMIL et ACCT pour les illustrations de plante, en
particulier Lionel Robineau.
Pierrette Altide et Isabelle Lorre de la SFE.
Les salariés, les volontaires et les bénévoles de Jardins du Monde :
Thomas Aubron ; Jacques Bazié pour les illustrations ; Lise Bessot ; Irène Bouguerra pour la
couverture ; Fred Bourasseau ; Karim Chikh ; Aboubacar Cissé dit Baba ; Séverine Cousineau
; Chantal Crinon pour ses conseils avisés et ses encouragements ; Céline Crunet ; Saïfoulaye
Kanon dit Ga ; Nicolas Lagarrigue ; Bernadette Lallouet pour ses corrections ; Nicolas
Lebeurrier ; Anne Lindsey ; Aymeric Maillot ; Mireille Matignon ; Quentin Meunier ; Pierre
Olivier ; Simon Saidou dit Malamine pour son aide pour les histoires, Camille Seynhaeve ;
Vincent Verroust pour sa rigueur, sa constance et sa patience.
Les partenaires financiers :
La mairie de Brasparts, le Conseil général du Finistère et le Ministère des affaires étrangères.
Christian Courtin ; la fondation Juniclair ; Jean Merlaut.
Préface
L’utilisation de matières premières d’origine naturelle en général, et provenant des plantes
médicinales en particulier, est une pratique très ancienne au Burkina Faso comme dans toute l’Afrique
au sud du Sahara. Cette pratique est le fondement de la médecine traditionnelle, partie intégrale de la
culture des Burkinabè dont 80 % y ont encore recours en première intention. L’avènement de la
médecine moderne n’a pas réduit la confiance placée en elle par les populations rurales, qui utilisent
couramment deux cents plantes pour le traitement des pathologies les plus fréquentes, y compris le
paludisme, la drépanocytose, les affections respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques, les
dermatoses et les affections opportunistes du VIH/sida. C’est ainsi que la collecte des plantes
médicinales a suivi la croissance rapide de la population et des besoins thérapeutiques.
Malheureusement, la pratique médicale traditionnelle est très peu documentée et les infirmiers qui
travaillent dans les centres de santé et de promotion sociale (CSPS) disposent de peu de documents
pour encadrer les tradipraticiens de santé (TPS) et conseiller les patients. Il s’avère également
nécessaire de penser maintenant à la rationalisation de l’usage de ces plantes non seulement pour
assurer l’innocuité et l’efficacité des traitements traditionnels, mais également pour maîtriser les
éventuelles interactions avec les médicaments conventionnels. La cellule familiale étant au centre de
l’acquisition du savoir médical traditionnel, l’idée d’un formulaire thérapeutique adapté à ce contexte
pour promouvoir l’usage rationnel des plantes médicinales semble opportune. L’initiative de l’ONG
Jardins du monde doit donc être saluée à juste titre. Elle permettra au ministère de la Santé d’accroître
ses outils opérationnels d’institutionnalisation de la médecine traditionnelle, conformément à la
politique nationale adoptée en 2004. En outre, le fait que cet ouvrage soit illustré par des schémas et
des images en facilitera certainement l’exploitation. Qu’il me soit permis de féliciter Jardins du monde
et de l’encourager à poursuivre ce travail de sensibilisation.
JEAN-BAPTISTE NIKIEMA
Professeur de pharmacognosie et de phytothérapie à l’université de Ouagadougou
Directeur de la promotion de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles du ministère de la Santé
du Burkina Faso
Expert en médecine traditionnelle pour la région africaine de l’OMS
OBJECTIFS ET CONTENU DU MANUEL
Cet ouvrage est un manuel illustré destiné à toute personne intéressée par l'usage de plantes
médicinales dans la région centre-ouest du Burkina Faso et dans le domaine soudanien qui traverse
l'Afrique de l'Ouest (Sénégal, Gambie, Guinée, Côte d'Ivoire, Mali, Burkina Faso, Togo, Bénin,
Ghana, Nigeria...) plus particulièrement dans les villages, où l'accès aux médicaments industriels est
difficile. Fruit des préoccupations de l'association Jardins du monde, il a pour objectif principal de
permettre aux habitants des villages de soigner ou de soulager les maladies les plus communes avec
des remèdes végétaux dont l'efficacité et la non-toxicité sont scientifiquement prouvées. Rédigé de
manière concise et avec des termes simples, il se veut facile à lire et à comprendre. Ce manuel n'est
donc pas un recueil scientifique spécialisé, c'est un guide d'utilisation des plantes médicinales pour
le grand public.
Les professionnels de la santé souhaitant utiliser la pharmacopée végétale y trouveront des
informations validées par des universitaires burkinabè, des universitaires français et par le ministère
de la santé du Burkina Faso. Pour ne pas alourdir un ouvrage se voulant accessible aux non-
spécialistes, l'ensemble des données scientifiques sur les propriétés des plantes proposées ici fera
prochainement l'objet d'une publication à part. Élaboré en tenant compte à la fois des savoirs
traditionnels et des connaissances scientifiques, ce manuel rejoint les préoccupations de l'OMS et
du ministère de la Santé burkinabè qui souhaitent en effet valoriser le recours à la pharmacopée
traditionnelle locale. De plus, il permet d'éviter le recours aux médicaments achetés hors du circuit
légal de distribution, recours qui, rappelons-le, est très dangereux.
Ce manuel est organisé en trois parties. Dans la première partie sont rappelées les notions
élémentaires d'hygiène, de nutrition et de prévention. Ensuite, la deuxième partie expose l'intérêt de
l'utilisation des plantes médicinales, la façon de les cultiver, de les récolter, de les sécher, de les
stocker, de les préparer. Enfin, la troisième partie est constituée d'une liste de maladies pour
lesquelles, après avoir fourni des explications sur leur nature, leur cause et les mesures de
prévention, on propose un ou plusieurs protocoles thérapeutiques. Des histoires et des illustrations
facilitent la transmission des informations aux personnes ne maîtrisant pas entièrement la lecture du
français.
Comme il convient d'être certain de l'identification d'une plante avant de s'en servir, les
plantes médicinales proposées sont détaillées en annexe ; elles sont nommées en latin, en mooré et
en lyele. Elles ont été sélectionnées en fonction de critères pharmacologiques mais aussi en fonction
de leur disponibilité. Certaines plantes n'ont pas été retenues à cause de leur toxicité, d'autres à
cause d'un manque d'informations scientifiques, d'autres encore parce que leur utilisation mettrait en
péril la ressource.
Bien entendu, face à un problème de santé, il est toujours souhaitable d'avoir l'avis d'un
médecin, ou du major du CSPS (centre de santé et de promotion sociale), afin d'établir un
diagnostic et éventuellement de diriger le malade vers l'hôpital le plus proche. Si la maladie paraît
grave d’emblée ou si après trois jours d'usage de plantes médicinales, l'état du patient ne s'améliore
pas, il est nécessaire d'aller prendre conseil auprès du personnel du CSPS.
Bonne lecture et, surtout, bonne santé !
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