Mai 2009 | Volume 54 | Numéro Spécial
quer la nécessité d’un contrôle glycémique
plus strict, en particulier après les repas.
Après 30 à 34 semaines, le bien-être fœtal
est évalué à l’aide de tests non stressants
(surveillance de la fréquence cardiaque
du bébé et de l’activité utérine) et/ou de
profils biophysiques.
Style de vie et problèmes sociaux
La grossesse peut être une période de stress
intense pour les femmes, une situation exa-
cerbée lorsque le diabète s’ajoute à l’équa-
tion. Un soutien social approprié, impliquant
les membres de la famille et la communauté,
est par conséquent toujours important.
Une bonne alimentation est par ailleurs
essentielle pour contrôler la glycémie.
Idéalement, une femme enceinte atteinte
de diabète doit consulter un diététicien
afin de mettre au point un plan d’alimen-
tation approprié favorisant une prise de
poids normale – environ 2,5 kg au premier
trimestre et 5 kg pour les deuxième et troi-
sième trimestres.
Un apport alimentaire restrictif a pour effet
d’accroître la décomposition des graisses
et, donc, la production de cétones, ce
qui peut interférer avec le développe-
ment du cerveau du fœtus. Idéalement,
un programme alimentaire doit répartir
les sources de glucose, tandis que l’inges-
tion de différents types d’aliments tout au
long de la journée optimisera l’action de
l’insuline. Une activité physique sous la
forme de promenades après le repas, de
séances de natation et/ou d’exercices de
la partie supérieure du corps contribue à
contrôler le taux de glycémie sans affecter
le bien-être du fœtus.
Thérapie insulinique
Pour les femmes enceintes atteintes de dia-
bète de type 1, divers protocoles d’insuline
reposant généralement sur des ajustements
basés sur les taux de glycémie avant le
repas peuvent être utilisés. Dans le cas de
femmes atteintes de diabète de type 2 ou
de diabète gestationnel, les taux de glycé-
mie à jeun et après les repas doivent être
vérifiés plus souvent. Lorsqu’une alimen-
tation contrôlée combinée à une activité
physique s’avère inefficace pour atteindre
les objectifs glycémiques, la thérapie insu-
linique reste la meilleure solution. Dans la
mesure où les besoins en insuline évoluent
durant la grossesse, il est important d’en-
seigner aux femmes enceintes atteintes de
diabète des techniques d’ajustement de
l’insuline et la nécessité de celles-ci.
“
Des soins de qualité
avant, pendant et après
la grossesse réduisent
les risques pour la santé
et les complications
potentielles, pour la mère
et pour son enfant.
”
Des besoins changeants
Durant les premières semaines de la gros-
sesse, les besoins en insuline d’une femme
augmentent, mais il peut également y avoir
un risque accru d’hypoglycémie nocturne.
Entre les huitième et quatorzième semaines,
on peut par contre assister à une chute des
besoins en insuline, en particulier chez les
femmes atteintes de diabète de type 1.
Cette diminution, associée aux troubles
de la sensibilité aux hypoglycémies qui
peuvent se manifester pendant la gros-
sesse, augmente considérablement le risque
d’épisodes hypoglycémiques graves. Une
surveillance fréquente et des ajustements
des doses d’insuline constituent par consé-
quent des mesures préventives cruciales.
Une fois le cap du milieu de grossesse dé-
passé (20 semaines), le placenta se dévelop-
Sara Meltzer
Sara Meltzer est endocrinologue au sein
de la division d’endocrinologie et du
département de métabolisme au sein du
centre hospitalier de l’université McGill,
et professeur assistante en médecine, en
obstétrique et en gynécologie au sein de
l’université McGill, à Montréal, Canada.
pant et produisant davantage d’hormones,
les besoins en insuline augmentent progres-
sivement jusque tard dans le troisième tri-
mestre. Durant les dernières semaines, le
placenta commence à vieillir et le fœtus en
pleine croissance mange de plus en plus, ce
qui peut conduire à une chute des besoins
en insuline, en particulier la nuit.
Prévention, protection et soins
Qu’une femme soit atteinte de diabète
avant d’être enceinte ou que la condition
se développe pendant la grossesse, des
soins de qualité avant, pendant et après
la grossesse réduisent les risques pour la
santé et les éventuelles complications à
court et long terme, tant pour la maman
que pour l’enfant.
Chez les femmes présentant un excellent
contrôle glycémique, un fœtus de taille
normale et l’absence de tout signe d’hy-
pertension, l’accouchement doit s’effec-
tuer sur base des pratiques obstétriques
normales. Chez les femmes atteintes d’un
diabète préexistant et traitées à l’insuline,
une perfusion de glucose sera fournie pour
compenser l’effort physique lié au travail et
un protocole de perfusion d’insuline avec
diminution des doses à mesure que le tra-
vail avance pourra s’avérer nécessaire. Les
bébés nés de femmes atteintes de diabète
doivent faire l’objet d’un examen médical
afin de détecter une hypoglycémie ou tout
autre problème, en particulier s’ils sont
plus grands ou plus petits que la normale.
Diabète et grossesse
32