Quelques questions introductives
D’Uber à Google, en passant par Airbnb ou Le Bon Coin, ce rapport propose un
éclairage particulier permettant de mieux comprendre l’activité et les stratégies des
entreprises technologiques qui développent des plateformes numériques. Il s’agit
ainsi de mieux cerner le rapport qu’entretiennent ces plateformes avec les territoires
pour, in fine, réfléchir à la manière dont la Métropole de Lyon pourrait gérer ses
relations avec elles.
Comment expliquer la montée en puissance des plateformes
numériques ?
La métropole lyonnaise, comme d’autres territoires, est confrontée à la transformation
numérique de l’économie. A la faveur de la diffusion massive des usages d’internet,
des médias sociaux et des smartphones, de nouveaux acteurs économiques – les
plateformes – sont apparus au cours de la dernière décennie et, pour certains d’entre
eux, sont devenus en un temps record des géants mondiaux.
Grâce à leur capacité à collecter et exploiter des données sur l’offre et la demande
(big data), ces plateformes peuvent proposer un service de très grande qualité
(personnalisé, évalué, géolocalisé, en temps réel…) à un très grand nombre
d’utilisateurs. Elles proposent de nouvelles formes d’intermédiation directe pour
échanger des informations, des contenus, des services ou des biens entre
professionnels, entre professionnels et particuliers, ou entre particuliers.
L’émergence des plateformes constitue une « révolution numérique » car elle tend à
bouleverser les modes de production et de consommation d’un nombre sans cesse
croissant de secteurs d’activités : hôtellerie, restauration, transport, garde d’enfants,
cours, bricolage, vente de biens, financement, logement, etc. En faisant « alliance
avec la multitude1 », ces plateformes simplifient la communication et l’interaction
entre parties prenantes, augmentent la transparence du marché, et développent
des mécanismes de confiance au sein d’une large communauté. Ainsi, elles
transforment les chaînes de valeur en contrôlant un maillon qui est désormais devenu
clé : l’appariement de l’offre et de la demande.
Quel est l’impact de ces transformations sur les territoires ?
Les rendements croissants propres à cette économie numérique – grâce aux effets
de réseaux, plus une entreprise a de clients, plus elle peut offrir un meilleur service
pour le même prix, ce qui attire de nouveaux clients et ainsi de suite – favorisent une
course à la taille aboutissant à la constitution de quelques grandes plateformes
d’envergure mondiale. Même si l’on voit fleurir un nombre impressionnant de startups
qui explorent de nouveaux champs pour déployer ce modèle économique de
plateforme, la plupart des marchés numériques sont aujourd’hui dominés à l’échelle
globale par une ou deux entreprises seulement.
Offrant le même service dématérialisé aux quatre coins de la planète, à des
utilisateurs auxquelles elles accèdent directement sans avoir besoin d’être présentes
physiquement dans les territoires où ceux-ci résident, les plateformes numériques
constituent une forme exacerbée de la firme globale a-territoriale. Pour autant, si les
1 L’Age de la Multitude : entreprendre et gouverner après la révolution numérique, N. Colin et H. Verdier, 2ème
édition, Armand Colin, 2015
Métropole de Lyon
Direction de la prospective et du dialogue public
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