Le bulletin Concentré de recherche est un outil de mobilisation des connaissances élaboré par le
Centre d’innovation de la Société canadienne du sang.
Disponible sur le Web : sang.ca
Les chercheurs se sont ensuite demandé ce qui se produirait si les composants sanguins étaient infectés par
le virus de la dengue. Ils ont utilisé une plus petite quantité virale afin de reproduire le niveau de virus
habituellement présent chez un donneur infecté asymptomatique. Les chercheurs ont ajouté le virus aux unités
de plaquettes et de globules rouges, puis ils ont entreposé celles-ci dans des conditions normales de
stockage. Ils ont mesuré la quantité de virus au moyen de la technique qRT-PCR et d’une méthode de dosage
qui permet de cultiver le virus et de le mesurer directement.
Quelles sont les conclusions de l’étude?
Le virus de la dengue se fixe aux plaquettes à 37 °C (température du corps) et à 25 °C (température
ambiante et température d’entreposage de la banque de sang). L’efficacité de la fixation est plus faible
à 25 °C. Deux protéines de surface des plaquettes (la DC-SIGN et la HSP) sont des récepteurs qui
permettent au virus de se fixer.
Le virus de la dengue entraîne une activation plaquettaire. La stimulation des plaquettes par la
thrombine, enzyme provoquant la coagulation sanguine, a pour effet de multiplier par deux la capacité
de fixation du virus aux plaquettes.
Le génome du virus de la dengue se réplique, et des protéines virales de la dengue sont synthétisées
par les plaquettes. De nouveaux virus infectieux de la dengue sont générés par les plaquettes infectées.
Même si l’on ramène le niveau de virus à celui que présente un donneur asymptomatique, le virus
infectieux de la dengue persiste et son génome peut se répliquer dans les unités de plaquettes et de
globules rouges.
Le virus infectieux de la dengue peut continuer de se reproduire dans les unités de plaquettes et de
globules rouges entreposées. Toutefois, sa prolifération ne suffit pas à contrebalancer la dégradation
globale des virus. En d’autres mots, les unités plus âgées contiennent moins de virus infectieux de la
dengue.
Comment utiliser les résultats de cette étude?
Cette étude nous a permis d’approfondir notre connaissance du processus de réplication du virus de la
dengue. Bien que les plaquettes n’aient pas de noyau, ces minuscules cellules sanguines renferment tous les
éléments nécessaires pour synthétiser des protéines et répliquer l’ARN du virus. Les conclusions sans
précédent de cette étude démontrent que le virus de la dengue pirate le mécanisme des plaquettes pour
produire des protéines virales et répliquer son propre génome. Toutefois, on ne connaît pas encore très bien la
corrélation entre ce phénomène et la thrombocytopénie observée chez certaines personnes infectées. Pour la
première fois, on envisage la possibilité que des antigènes viraux soient exposés directement à la surface des
plaquettes. La découverte de la reproduction du virus de la dengue dans les unités de globules rouges a été
surprenante, étant donné que ces cellules n’ont pas de mécanisme de réplication. On soupçonne l’intervention
d’autres cellules résiduelles présentes dans les unités de globules rouges.
Les systèmes d’approvisionnement en sang du monde entier sont vulnérables au virus de la dengue. On a
recensé cinq cas de transmission du virus par transfusion sanguine, tous dans des régions où la dengue est
présente ou endémique. Et il est probable que bien d’autres cas soient passés inaperçus. L’augmentation des
voyages, la mondialisation et le réchauffement planétaire sont tous des facteurs qui contribuent à l’expansion
des habitats de moustiques. Par conséquent, la dengue est considérée comme une menace infectieuse
émergente pour le système d’approvisionnement en sang du Canada. Cette étude montre que les unités de
plaquettes ou de globules rouges provenant d’un donneur asymptomatique porteur du virus de la dengue
peuvent contenir le virus. De surcroît, le virus demeure infectieux et peut continuer de se reproduire dans des
composants sanguins entreposés. La politique d’exclusion des donneurs qui ont voyagé dans des zones
présentant un risque d’exposition au paludisme s’applique aussi aux régions où la dengue est endémique, ce