Depuis l’article fondateur de Krugman [11], la “Nouvelle” Economie Géogra
phique (NEG) a connu de nombreux développements et raffinements (voir Fujita et
al. [2], Puga [15] et Ottaviano et al. [13]). Le résultat fondamental mis en évidence dans
cette littérature est que Vactivité économique a tendance à se disperser lorsque les coûts
de transport sont élevés, tandis qu’elle s'agglomère lorsque les coûts de transport sont
suffisamment faibles. Ce résultat semble expliquer de manière satisfaisante l’évolution
de la répartition spatiale des activités économiques dans les pays développés, suite à la
baisse séculaire des coûts de transport depuis la Révolution Industrielle (Hohenberg et
Lees [7]). En effet, comme le font remarquer Fujita et Thisse [4], “les coûts de trans
port doivent être faibles pour que les entreprises s'agglomèrent. En d'autres termes,
les entreprises doivent être capables d'accéder de manière égale à tous les marchés
Bien qu’il soit très difficile d’estimer le niveau des coûts de transport interrégionaux,
il semble que la plupart des pays en voie de développement soient caractérisés par
des coûts élevés et des distorsions significatives concernant les différents accès aux
marchés régionaux. Par conséquent, la NEG aurait tendance à prédire la dispersion des
activités économiques dans de tels pays, alors qu’elles sont souvent fortement con
centrées malgré de mauvaises infrastructures et des coûts de transport interrégionaux
élevés. Comment expliquer dans le cadre de la NEG la formation d’agglomérations
conurbaines gigantesques comme Bangkok en Thaïlande ou Mexico City au Mexique ?
Comment expliquer des inégalités régionales flagrantes comme entre le Sud-Est et le
Nord brésilien ? 1
Dans cet article, nous mettons en évidence le fait que coûts de transport élevés
n’est pas automatiquement synonyme de dispersion de l’activité économique lorsque
l’on tient compte de la structure des échanges. Nous montrons en particulier que
1 Les quatres régions (estados) du Sud-Est brésilien (Sâo Paulo, Espirito Santo, Minas
Gérais et Rio de Janeiro), bien que correspondant seulement à 10.85% du territoire, capi
talisent 42.63% de la population et 58.7% du produit intérieur brut. Parmi ces quatres régions,
Sâo Paulo représente seulement 25% de la superficie mais contient 50% de la population
(Source : http://www.terravista.pt/Enseada/1347/en_southeast.htm, accédée le 04.03.2003).
1. Introduction
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