16 | La Lettre du Cardiologue • N° 504 - avril 2017
MISE AU POINT Effets métaboliques delachirurgie de l’obésité
ont montré une réduction de la pression systolique
(-5,1 mmHg, IC
95
: -7,1 ; -3,1 mmHg) et diastolique
(-5,6 mmHg, IC95 : -6,7 ; -4,4 mmHg), 10 ans après
RYGB (16). La chirurgie semble être moins efficace
lorsque l’HTA est sévère (trithérapie) et qu’elle évolue
depuis plusieurs années (probablement > 10 ans).
Résolution de la dyslipidémie
Une méta-analyse de 15 études a montré une réduc-
tion de 67 % de la prévalence de la dyslipidémie
après chirurgie bariatrique (15). Dans une autre
méta-analyse plus ancienne, le taux de rémission
pour la dyslipidémie était de 76 % dans les études
randomisées et de 68 % dans les études observation-
nelles (4). Les données groupées d’études avec un
suivi à long terme (> 2 ans) ont démontré une rémis-
sion de l’hyperlipidémie chez 60,4 % des patients
après RYGB et chez 22,7 % après AGA (17).
Effets de la chirurgie sur la stéatose
hépatique et la NASH
La maladie non alcoolique du foie liée à l’obésité
(Non-Alcoholic Fatty Liver Disease [NAFLD]) est
devenue l’une des principales causes d’hépatopa-
thie chronique dans le monde. Elle est associée à
une augmentation de la mortalité et devrait repré-
senter un problème majeur de santé au cours des
prochaines décennies. Le spectre des lésions histo-
logiques de la NAFLD peut aller de la simple stéatose
à la stéatohépatite (NASH), la fibrose avancée, la
cirrhose et le carcinome hépatocellulaire. Dans la
majorité des cas, la NAFLD est fortement associée
aux comorbidités métaboliques telles que la dysli-
pidémie, la résistance à l’insuline, le DT2 et le syn-
drome d’apnées du sommeil (SAS). Malgré certains
progrès dans le développement de médicaments
efficaces pour le traitement de la NAFLD, l’arsenal
pharmacologique est encore limité. La modification
du mode de vie associée à la perte de poids reste
la seule thérapie recommandée. Dans une cohorte
longitudinale prospective, nous avons confirmé les
effets bénéfiques de la chirurgie de l’obésité sur la
NAFLD, en étroite relation avec la perte de poids
et la diminution de la résistance à l’insuline (18).
Plus récemment, nous avons également montré
la régression complète des lésions histologiques
hépatiques chez près de 85 % des patients atteints
de NASH, 1 an après la chirurgie (19). Dans une
autre étude de cohorte comprenant 1 201 patients
obèses opérés, soit d’un AGA (n = 539), soit d’un
RYGB (n = 662), nous avons montré que les 2 types
d’intervention amélioraient des lésions hépatiques,
1 et 5 ans après la chirurgie (20). L’amélioration des
lésions histologiques du foie au long cours était en
grande partie liée à la perte de poids. Cependant, un
effet métabolique spécifique et indépendant de la
perte de poids se dégageait de cette étude et expli-
quait la supériorité du RYGB sur l’AGA, notamment
en ce qui concerne l’amélioration de la stéatose et de
l’inflammation du foie chez ces sujets obèses. Ainsi,
le RYGB semble être l’intervention chirurgicale de
choix de l’obésité morbide associée avec la NAFLD
sévère. La place d’autres procédures plus récentes
comme la SG reste à déterminer.
Conclusion
La chirurgie bariatrique est actuellement le traite-
ment le plus efficace de l’obésité, permettant une
perte de poids importante et prolongée. De plus,
la chirurgie, par les modifications de l’anatomie du
tractus gastro-intestinal qu’elle engendre, permet
d’obtenir une amélioration de la plupart des comor-
bidités liées à l’obésité (HTA, stéatose et NASH,
DT2, etc.). Cependant, les mécanismes à l’origine
de ces effets spectaculaires restent encore large-
ment inexpliqués. Leur parfaite compréhension est
donc un enjeu majeur pour le développement de
traitements ciblés et moins invasifs, susceptibles
de prévenir ou de traiter l’obésité et les maladies
métaboliques qui lui sont associées. ■
Les auteurs déclarent ne pas avoir
de liens d’intérêts.
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