la dépression

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Bulletin
Vers la
santé mentale
n°41 | Printemps 2013
la dépression
Qu’est-ce que la dépression ?
Vivre la dépression d’un proche
La dépression post-partum
Et si la dépression était une
solution ?
La thérapie de couple utilisée
contre la dépression
AQPAMM - Association québécoise des parents et amis
de la personne atteinte de maladie mentale
1260 Ste-Catherine Est, bur 208, Montréal (Québec) H2L 2H2
514 524-7131 | www.aqpamm.ca | [email protected]
L’AQPAMM change d’image...
nir. On peut y voir aussi deux intervenantes qui sont là pour aider un membre
de l’AQPAMM au centre.
Désormais, chaque information que vous recevrez de l’AQPAMM comportera un code de couleur :
P
our l’année 2013, l’AQPAMM s’est dotée d’une nouvelle signature corporative, plus jeune et dynamique, avec un nouveau logo
et une gamme de couleurs plus colorée.
Le logo a été dessiné par Florence d’Ivernois (communication et service à la clientèle à l’AQPAMM), avec le soutien du professionnel du
Design Charles-David Cardinal (Coévol - Fabrique créative).
Ce logo peut être interprété principalement de deux façons :
On peut y voir une personne atteinte de troubles mentaux au centre,
entourée de deux proches (parents ou amis) qui sont là pour la soute-
Communications
administratives
et officielles
Autres
communications
de l’association
Annonces des
activités
organisées par
l’association
Communications
informatives et
éducatives
Évènements spéciaux, fêtes ou célébrations
et faits notables à vous faire remarquer.
...et change de coordonnées !
CHANGEMENT DE LOCAUX
L’AQPAMM s’agrandit et s’exporte au fond du couloir,
au même étage de l’immeuble.
Depuis le mois de mars, l’AQPAMM se situe au :
BUREAU 208 du 1260 Ste Catherine Est
Montréal, (Québec) H2L 2H2
SOMMAIRE
2 | L’AQPAMM change d’image et de coordonnées
4 | Qu’est-ce que la dépression ?
5 | Les troubles de l’humeur
5 | La dépression majeure en quelques données
6 | Vivre la dépression d’un proche
7 | Comment aider un jeune en dépression
8 | La thérapie de couple utilisée
contre la dépression
9 | La dépression post-partum
10 | Stress et détresse chez les hommes :
demandent-ils de l’aide ?
11 | Et si la dépression était une solution ?
11 | Les centres de crise
12 | Les activités de l’AQPAMM
2 | Bulletin Vers la santé mentale # 41
CHANGEMENT DE COURRIELS
L’association se dote de nouveaux courriels :
[email protected] Courriel général de l’association
[email protected] Julie Cyr
[email protected] Florence d’Ivernois
[email protected] Diane Tardif
[email protected] Jessica Abdelmoumene
Publication n° 41
Printemps 2013
Vers la santé mentale est une publication de l’Association québécoise des
parents et amis de la personne atteinte
de maladie mentale inc., AQPAMM, un
organisme financé par l’Agence de santé et des services sociaux de Montréal
et Centraide-Montréal.
Les opinions exprimées par les auteurs des articles du bulletin Vers la
santé mentale ne reflètent pas nécessairement l’opinion et la philosophie
de l’Association québécoise des parents et amis de la personne atteinte
de maladie mentale.
Dépôt légal
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Éditeur : AQPAMM
1260, rue Ste-Catherine Est, Bur. 208
Montréal, (QC), H2L 2H2
Téléphone : 514-524-7131
Télécopieur : 514-524-1728
Courriel : [email protected]
www.aqpamm.ca
Responsable de la production,
design et infographie
F. d’Ivernois, communications
Recherche et rédaction des textes
J. Abdelmoumene, S. Blondin,
F. d’Ivernois, S. Michaud, D. Tardif
Ont collaboré à ce numéro :
Fondation des maladies mentales
Centres de crise du grand Montréal
Revivre
L’AQPAMM 2013,
une année de nouveautés...
Par Julie Cyr, Directrice générale
comparativement à l’an passé. Une demande qui cesse de croître tout
en se préoccupant de la qualité des services.
V
ous pourrez le constater par ce bulletin, l’AQPAMM a rajeuni
sa signature corporative. Cette cure de rajeunissement se veut
seulement au niveau de notre signature car notre mission,
même après plus de 33 ans, est encore essentielle. Toutes les actions
de l’AQPAMM ont pour objectifs d’apporter aide, soutien, information
et répit aux familles affectées par des problèmes de santé mentale
d’un de leurs proches. Plus de services aux membres et de nouveaux
partenariats qui permettent de répondre aux demandes rapidement
et une information toujours actualisée.
Ce bulletin, Vers la santé mentale sur le thème «La dépression», en
est un bon exemple : La Fondation des maladies mentales, Revivre
et les Centres de crises du Grand Montréal sont présents dans celuici et tous sont des interlocuteurs qui soutiennent les familles et les
personnes atteintes de problèmes de santé mentale au quotidien et
qui font une différence. Ce bulletin biannuel s’adresse aux parents et
amis des personnes atteintes de problèmes de santé mentale et aux
intervenants qui désirent un outil d’information sur la dépression.
Une équipe d’intervenantes bonifiées, Diane et Jessica à temps
plein et Soline, Suzanne et Sylvie pour les activités de soirées. En
date d’aujourd’hui, l’AQPAMM a desservi 16.6% de plus de membres
Le personnel de l’AQPAMM
Julie Cyr
Florence d’Ivernois
Diane Tardif Jessica Abdelmoumene
Soline Blondin Sylvie Peltier
Suzanne Michaud Directrice générale
Communications et service à la clientèle
Intervenante
Intervenante
Intervenante
Intervenante
Intervenante
Avec toutes leurs compétences et leurs intérêts personnels, les
intervenantes de l’AQPAMM vous font découvrir certaines facettes
de la dépression : «La thérapie de couple comme traitement à la
dépression», «la dépression post-partum», «Et si la dépression était
une solution»…
Un intérêt pour les jeunes et la clientèle masculine. Vous trouverez
aussi dans ce bulletin : Comment aider un jeune en dépression ainsi
que les ressources spécifiques, et stress et détresse chez les hommes :
demandent-ils de l’aide?
Un merci à Florence d’Ivernois, responsable des communications et
du service à la clientèle. Ce bulletin et tous les outils promotionnels
sont créés à l’AQPAMM, ce qui nous permet d’actualiser l’information
et de toujours se renouveler.
En poste depuis seulement le 2 octobre 2012, mon intégration fut rapide
grâce à toute l’équipe et aux membres du conseil d’administration de
l’AQPAMM. Je tiens à les remercier sincèrement de leur vision et de
leurs disponibilités.
Bonne lecture!
Le conseil d’administration
Daniel Dumont
Line Chainey
Gisèle Tétreault
Lise Larivière
Johanne Pothier
Bruno Blanchard
Joseph Pratico
Président du conseil
Vice-Présidente
Secrétaire
Administratrice
Administratrice
Administrateur
Administrateur
Mission de l’AQPAMM
L’association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale Inc. « AQPAMM » est un organisme communautaire à but
non lucratif. Elle dispense aux membres des familles et amis ayant un proche atteint de problèmes de santé mentale, des services et des entrevues
individuelles, de couple et familiale à court terme.
Nos généreux commanditaires
# 41 - Bulletin Vers la santé mentale| 3
Qu’est-ce que la dépression ?
Article rédigé par Jessica Abdelmoumene, intervenante à l’AQPAMM
A
l’hypersomnie, des difficultés de concentration, un discours reflétant
peu d’estime de soi, etc. Mais il ne s’agit pas seulement de cela. Pour
penser qu’il puisse s’agir de dépression, il est nécessaire de prendre
en considération le maintien des symptômes sur le moyen/long
terme (plusieurs mois). Il faut également distinguer ce qu’on appelle
un épisode dépressif de l’installation à plus long terme d’un trouble
dépressif. Les psychiatres distinguent divers types de dépression selon
un classement défini en fonction de critères précis.
vant de proposer une définition de la dépression, il est
important d’introduire quelques notions.
Il est essentiel de se souvenir qu’il s’agit d’aborder l’état
psychique de l’humain. Tout être humain vit des changements et La dépression est donc un arrêt de la personne qui ne parvient plus
variations d’humeur, à divers degrés. Joie, tristesse, déception, colère, à poursuivre sa vie comme elle en avait l’habitude, ni à opérer des
peur, surprise, dégoût sont ce que l’on appelle les émotions et celles-ci changements immédiats. Ceci dit, cet arrêt peut dans bien des cas
font partie intégrante de la vie humaine, heureusement.
servir à mettre en place des changements pour l’avenir. S’il peut être
Ce qui devient une difficulté pour la personne, c’est lorsqu’elle ne difficile de sortir tout seul d’une dépression, un accompagnement
parvient plus à vivre différentes émotions en
psychologique peut s’avérer un outil précieux.
alternance et qu’une souffrance se maintient «Lorsqu’on parle de dépression, Le moment de crise ou de dépression peut
dans le temps de façon prolongée et avec
d’ailleurs être l’occasion pour la personne de
on parle de l’état d’une
grande intensité. Peut alors survenir un
personne vivant une détresse faire appel à de l’aide afin de faire le point sur
sentiment d’être envahi, submergé par cette psychologique telle qu’il lui est ce qu’elle croyait fonctionner dans le passé
souffrance.
mais qui semble ne pas avoir contribué à son
impossible de maintenir ses
activités habituelles sans que épanouissement. Un arrêt douloureux mais
Afin de distinguer les émotions normales et tout lui paraisse plus laborieux, qui serait un appel du corps pour une plus
l’installation d’un trouble dit de l’humeur, les
grande attention aux besoins, souhaits, désirs
lourd, voire impossible»
cliniciens utilisent des outils diagnostiques
personnels.
qui comportent une série de critères précis
d’évaluation de l’état mental. Ces critères se retrouvent notamment En conclusion, lorsqu’une personne vit une détresse psychologique
dans le manuel diagnostic DSM, outil privilégié par les psychiatres qui se maintient dans le temps et lui pose problème dans sa vie, il
occidentaux et qu’ils ont appris à employer avec vigilance. Le DSM est peut être intéressant pour elle de se tourner vers son entourage,
donc un outil professionnel et en aucun cas un ouvrage de vulgarisation son réseau, mais également de faire appel à des professionnels de la
à la portée de tout un chacun. Poser un diagnostic en santé mentale relation d’aide. L’être humain est un être social qui ne peut se passer
relève de la compétence des médecins spécialistes et reste dans tous d’entraide et la société dans laquelle nous vivons a assigné certains
les cas hypothétique. Ceci est également la raison pour laquelle les rôles d’aidants de façon professionnelle. Avoir recours à cette aide,
diagnostics posés peuvent évoluer en fonction des observations faites c’est accepter l’idée d’un changement possible et en ce sens déjà
par les professionnels. C’est le cas de la dépression. Puisque l’humain parcourir un bout du chemin vers le rétablissement ou plus encore,
et ses états psychiques sont en mouvement, les diagnostics le sont vers la découverte de soi, de sa créativité et de son potentiel.
tout autant.
D’un point de vue médical, la dépression est classée dans les troubles
de l’humeur. Lorsqu’on parle de dépression, on parle de l’état
d’une personne vivant une détresse psychologique telle qu’il lui est
impossible de maintenir ses activités habituelles sans que tout lui
paraisse plus laborieux, lourd, voire impossible. On parle également
d’anhédonie, à savoir une incapacité à prendre du plaisir dans des
situations dans lesquelles la personne en prenait habituellement.
La dépression se manifeste également dans le corps de l’individu qui
peut vivre des changements tels des variations de poids, ressentir une
grande fatigue, avoir des difficultés de sommeil ou au contraire de
4 | Bulletin Vers la santé mentale # 41
Les troubles de l’humeur
Extraits des fiches d’information de Revivre
L
a déprime est en fait une réaction dépressive «mineure» ou
«réactionnelle», en rapport
avec certains évènements de la
vie (deuil, séparation, divorce,
perte d’emploi, faillite etc.). Cela a
une durée limitée dans le temps.
La personne réagit encore à certains plaisirs et autres stimuli.
La dépression majeure s’étire sur
une longue période (sur une à
deux années si elle n’est pas traitée adéquatement). La personne
dépressive ne réagit plus aux stimuli et ne trouve donc peu ou pas
de plaisir à quelque activité que ce
soit. Dans le cas de la dépression
majeure, il existe des facteurs bio- et se produit plus fréquemment jours à quelques mois (on parle
logiques et héréditaires chez les dans les pays dont la latitude se de cycle long ou court). Il y a plurapproche du Nord.
sieurs types de bipolarité selon
personnes qui en sont atteintes.
l’intensité et la durée des phases
Le burn-out est généralement La dysthymie est une forme chro- dépressives et maniaques.
perçu comme un problème lié au nique de dépression qui dure au
stress dans le milieu de travail. moins deux ans (un an pour les Autres troubles et troubles de
«Burn-out» est un terme inventé enfants), mais qui perdure souvent l’humeur : la dépression peut être
qui décrit un état de fatigue ou pendant de nombreuses années. la conséquence d’une maladie
une incapacité à fonctionner nor- Les symptômes associés à ce type physique (ex. Fibromyalgie, Alzeimalement dans le milieu de travail de dépression sont moins nom- mer), ou liée à la prise d’une subsquand les demandes dépassent la breux et moins sévères que ceux tance (drogues, alcool, et certains
reliées à la dépression majeure, médicaments). La dépression
capacité d’un individu.
mais ils peuvent tout de même peut aussi être associée à d’autres
La dépression saisonnière est une nuire sérieusement à la qualité de maladies mentales (ex. trouble de
personnalité, troubles anxieux,
forme de dépression récurrente vie de ceux qui en sont atteints.
trouble panique, post-psychose
qui survient toujours au cours de
schizophrénique, etc.).
Le
trouble
bipolaire
ou
trouble
la même période chaque année.
maniaco-dépressif, est une malaElle débute souvent à l’automne, die qui implique que la personne Sources :
et se termine généralement vers atteinte va alterner des périodes Fiches d’information de Revivre sur le site
la fin du mois d’avril ou de mai. dépressives avec des périodes de www.revivre.org
et MammouthMagazine (Centre d’études sur
Elle est directement liée à la dimi- manie, dont les délais peuvent va- le stress humain) Vol 4, article « Je suis en
nution du temps d’ensoleillement rier de quelques heures, quelques ‘Burn-out’ : suis-je en dépression?».
La dépression majeure en quelques données
Q
dont l’histoire familiale présente
des problèmes de dépression,
d’alcoolisme ou une perte parentale avant l’âge de 13 ans.
uelques chiffres...
-17% des personnes
seront atteints de dé
pression à un moment
donné au cours de leur vie
- À chaque année, 5% des personnes
sont atteints de dépression
- La maladie s’avère plus fréquente
chez la femme durant la période
fertile, soit de la puberté à la ménopause
- Chez l’homme, la dépression est
plus fréquente à partir de 40 ans
- Un grand nombre d’adolescents
et de personnes âgées souffrent
de dépression
- Tous les peuples sont sujets à la
dépression, quelle que soit leur
éthnie ou leur religion
- Le taux de dépression est plus
élevé chez les personnes
Symptômes
Les principaux symptômes qui
permettent de diagnostiquer une
dépression majeure chez une
personne sont les suivants :
- Humeur dépressive présente
presque toute la journée, presque
tous les jours et ce pendant au
moins 2 semaines
- Troubles du sommeil (insomnie
ou hypersomnie)
- Trouble de l’appétit avec perte
ou gain de poids
- Perte d’énergie et fatigue
- Perte de l’intérêt et du plaisir
- Ralentissement ou agitation psychomoteur
- Baisse de concentration ou de
l’aptitude à penser ou indécision
- Sentiment de culpabilité
- Pensées de mort récurrentes
(dans 60% des cas), idées suici
daires récurrentes (dans 15% des
cas)
- Symptômes associés : anxiété et
retrait social
obsédantes, perte de sommeil,
diminution de l’appétit.
- Baisse de la noradrénaline =
perte d’énergie, perte de motivation, pensées négatives.
- Baisse de la dopamine = diminution des sentiments de plaisir,
difficulté de concentration.
Il faut qu’un professionnel détecte au moins cinq de ces neuf
symptômes chez une personne
avant de poser un diagnotic de
dépression.
Changements au niveau hormonal:
- Fluctuation des cylcles fertiles
chez la femme
- Baisse d’androgènes chez les hommes
- Dysfonction de la glande thyroïde
- Augmentation de la libération du
cortisol relié au stress
Et dans le corps ...
La dépression majeure provoque
certains changements dans le
corps et notamment au niveau du
cerveau.
Changements au niveau des
neurotransmetteurs :
- Baisse de la sérotonine = sentiment dépressif, anxiété, pensées
Changements au niveau immunitaire:
- Baisse de la fonction immunitaire
= plus vulnérable aux maladies
L’association Revivre vient en aide aux personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires
et leurs proches, et ce, partout au Québec. Ligne d’écoute, d’information et de références : 1 866- REVIVRE (738-4873) - www.revivre.org
# 41 - Bulletin Vers la santé mentale| 5
Vivre la dépression d’un proche
Extrait de l’article de Katia Mayrand, journaliste
T
rois personnes sur quatre
auront à vivre la dépression d’un proche, un jour
ou l’autre. Voici quelques trucs et
conseils de spécialistes afin d’aider
une personne dépressive, sans
s’épuiser.
«La dépression est toujours déstabilisante, surtout lorsqu’elle
touche un être cher», constate
d’emblée la psychologue Marie
Bérubé. Ceci dit, il importe de distinguer la dépression de la simple
déprime, note le Dr Brian Bexton,
psychiatre et président de l’Association des médecins psychiatres
du Québec. «La déprime est normale. Tout le monde peut vivre
des petits moments de déprime,
de temps en temps, mais c’est passager. La dépression est une maladie qui affecte le fonctionnement
du cerveau et qui s’inscrit dans le
temps », précise-t-il.
On s’inquiète pour la santé d’un de
nos proches? Voici quelques signes
habituellement associés à la dépression. Cependant, il faut savoir
que les symptômes varient d’une
personne à l’autre et que ceux-ci
doivent être présents depuis un
minimum de deux semaines:
• Humeur maussade; sentiment de
découragement;
• Retrait de la vie sociale;
• Baisse d’énergie, fatigue;
• Sommeil perturbé;
• Difficultés de concentration;
• Perte d’intérêt pour les activités
normalement appréciées; absence
de plaisir.
Accompagner un parent, un
conjoint ou même un enfant dépressif n’est pas de tout repos. Plusieurs se demandent s’ils posent
les bons gestes, si leurs paroles
sont aidantes, etc. «Le principal
piège à éviter, c’est de croire qu’on
peut «guérir l’autre» simplement
avec de l’amour et de bonnes intentions. Malheureusement, ça ne
marche pas comme ça», observe le
Dr Bexton. Voici plutôt les conseils
des deux spécialistes :
• Accepter que la dépression est
une maladie et qu’il ne s’agit pas
de paresse ou d’un manque de
volonté.
• Être à l’écoute de l’autre. «On
parle ici de la vraie écoute, sans
jugement. Elle est à la base du processus de guérison. En se sentant
accepté tel qu’il est, notre proche
va se sentir plus à l’aise de s’exprimer, sans avoir à cacher ses émotions ni à se défendre», explique
Marie Bérubé.
• Faire voir à la personne le beau
côté des choses et ce qui va bien.
Bien souvent, les personnes dépressives ne voient plus le positif.
C’est comme si elles portaient des
lunettes qui venaient teinter leur
vie de gris. Leur faire remarquer
leurs progrès et les remettre en
contact avec leurs forces et leurs
ressources peut être bénéfique.
• Encourager la personne à rester en contact avec ses amis et sa
famille et l’inviter à sortir de la
maison, à l’occasion, pour faire des
activités qui ont l’habitude de lui
plaire. Ceci évitera qu’elle ne s’isole
complètement.
• Comme les personnes dépressives vivent généralement beaucoup de fatigue et une baisse
d’énergie, offrir ses services pour
les tâches ménagères et la cuisine
peut être très apprécié.
Éviter de dire ou faire
Ceci dit, «mieux vaut ne rien faire
que de faire quelque chose qui
pourrait nuire à notre proche»,
estime la psychologue. Voici, selon
elle et le Dr Bexton, ce qu’il faut à
tout prix éviter de dire ou de faire :
• Banaliser l’état de la personne
ou, pire, le nier.
• Éviter de culpabiliser la personne
pour son état, ce qui lui imposerait
une pression supplémentaire dont
elle n’a pas besoin. On évite donc
les reproches du type: «Tu ne fais
6 | Bulletin Vers la santé mentale # 41
pas d’efforts», «Qu’est-ce que les
autres vont dire?», «On ne fait plus
rien», etc.
• Éviter de décourager la personne
et de lui faire douter de ses choix
ou de la compétence de son médecin. «Par exemple, même si on
n’est pas d’accord avec l’utilisation
des antidépresseurs, ce n’est pas
le temps de donner son opinion»,
note Marie Bérubé. Celle-ci précise que la personne dépressive
doit avoir confiance dans les soins
qu’elle reçoit.
• Ne pas amener la personne
consulter un médecin ou un psychologue «par surprise». Il est préférable de lui proposer de l’accompagner et d’attendre que celle-ci se
sente prête à y aller.
Aider sans s’épuiser
Dans son bureau, le Dr Brian Bex-
Re-créer du lien social
U
n guide destiné aux médecins rappelle que les difficultés relationnelles sont
présentes dans les troubles dépressifs sous différentes formes.
Or, le problème posé par les difficultés relationnelles dans la dépression est double : d’une part
la dépression écarte souvent les
personnes de l’entourage, même
si dans un premier temps elles
peuvent exprimer sollicitude et
réconfort ; d’autre part, la personne déprimée s’écarte d’ellemême (par fatigue, par honte,
par perte d’envie).
Le lien social est fondamental :
c’est une forme d’antidépresseur
naturel. L’humain est un « animal social », selon la formule de
Montesquieu, et il a un besoin vital de nourritures relationnelles.
Et le repli aggrave les ruminations, le manque de dialogue
empêche qu’elles ne soient relativisées ou remises en question.
Dans ce guide, on suggère que
le médecin de famille donne
ton a vu bien des aidants s’épuiser
à force de vouloir «sauver» l’autre.
«On peut aider, mais on ne peut
pas devenir le thérapeute d’un
proche ou d’un enfant qui fait une
dépression», fait-il remarquer.
Celui-ci ajoute que l’aidant doit
être capable de mettre ses limites
face aux demandes de l’autre,
sans oublier de prendre du temps
pour lui-même et de sortir de la
maison, de temps en temps, pour
se changer les idées. «Il ne faut
pas hésiter à aller chercher de
l’aide extérieure, que ce soit auprès de spécialistes ou de groupes
d’entraide», conclut-il.
Sources :
-REVIVRE et FFAPAMM.
-La version complète et originale de cet article a été publiée sur Servicevie.
-Lecture: Vivre avec une personne dépressive, Dr Brian Bexton, Éditions Bayard, 2008.
quelques conseils à son
patient:
«À long terme, il est important
de vérifier que le patient dispose
d’un réseau social complet: ce
n’est pas seulement disposer
de personnes très proches «sur
qui véritablement compter»,
mais aussi de toutes sortes de
relations. Un certain nombre de
personnes fragiles ont tendance
à ne solliciter que des personnes
entièrement fiables. Il est utile
de leur expliquer que, tout en
ayant besoin de ces personneslà, ils ont aussi besoin de relations plus légères, plus superficielles, moins fiables peut-être :
par exemple, cette connaissance
au travail qui n’a pas appelé pendant la dépression pour prendre
des nouvelles, mais qui est toujours très drôle lorsque la personne déjeune avec elle, pour
ses bons côtés (elle me fait rire)
tout en connaissant ses limites
(ce n’est pas sur elle que je dois
compter quand je vais mal).
Source :
Management des symptômes de nos
patients déprimés, Christophe André,
Bernard Gay, Éditions scientifiques – 2009
Comment aider un jeune en dépression?
S
Extraits du document «La dépression est réversible» de la Fondation des maladies mentales
avoir décoder
Solidaires
pour la vie
Solidaires pour la vie est un programme de sensibilisation à la dépression destiné aux étudiants de
14 ans et plus, à leurs parents et
aux intervenants scolaires. Chaque
année, Solidaires pour la vie informe gratuitement plus de 50
000 jeunes dans 300 écoles secondaires partout au Québec. Les animateurs accueillent les demandes
des étudiants et les orientent vers
les ressources de l’école et/ou vers
les équipes de santé mentale jeunesse du CLSC local.
Pour toute information au sujet
de la tournée ou pour recevoir
une présentation, communiquez
avec La Fondation des maladies
mentales
514-529-5354 poste 231
1 888 529-5354 poste 231
Pour des informations concernant
la dépression chez les jeunes, vous
pouvez consulter notre site :
www.fondationdesmaladiesmentales.org
Le jeune dira rarement qu’il
souffre de dépression, mais
lorsqu’on le connaît bien, il est
possible de remarquer des changements ou une rupture dans
son comportement. De plus,
avec la connaissance des symptômes, les signes de la dépression vous paraîtront peut-être
plus évidents.
Briser l’isolement
Lorsqu’un changement de comportement
radical
survient
chez le jeune, il faut d’abord lui
permettre de s’exprimer. Il a
besoin d’être écouté, soutenu
et accompagné, sans être jugé.
Des questions simples comme
«tu m’inquiètes...qu’est-ce qui
se passe...» peuvent l’amener à
se confier. S’il est réticent, son
meilleur ami ou ses professeurs
peuvent être mis à contribution
pour confirmer certains doutes
ou pour lui venir en aide. On peut
TEL-JEUNES
1 800 263-2266
www.teljeunes.com
JEUNESSE J’ÉCOUTE
1 800 668-6868 (24h)
wwww.jeunessejecoute.ca
REVIVRE
1 866 REVIVRE (738-4873)
URGENCE SUICIDAIRE
911 ou aller à l’hôpital ou
Centre de prévention du suicide
au 1 866 APPELLE (277-3553)
INFO-SANTÉ : 811
Référer
La personne dépressive n’a plus
la capacité de réagir. Ce sont
donc les gens de son entourage
qui doivent lui venir en aide.
Attention ! Réagir à la place de
l’autre ne signifie pas se donner
la mission de le guérir, mais plutôt d’inciter le jeune à chercher
de l’aide et à consulter un profes-
sionnel de la santé. Plus que les
amis ou les professeurs, les parents ont un rôle très important
à jouer : ils ont la responsabilité
de le référer à une personne-ressource compétente. La priorité
est qu’un diagnostic soit posé.
Cette étape importante peut
s’avérer parfois une réelle course
à obstacles et sembler décourageante : les parents doivent insister, poser beaucoup de questions
et persévérer afin d’obtenir des
réponses satisfaisantes.
Le médecin et le psychiatre
sont les seuls professionnels
qui peuvent évaluer la santé du
jeune et diagnostiquer une dépression. Ils sont en mesure de
confirmer que son état dépressif
n’est pas causé par d’autres maladies (mononucléose, anémie,
problème thyroïdien, etc.) dont
certains symptômes ressemblent
à ceux de la dépression.
Encore beaucoup de mythes
Fausses croyances au sujet de la dépression chez les jeunes
S
RESSOURCES UTILES
également lui faire promettre
d’en parler à une personne de
son choix, en lui faisant nommer
cette personne.
Souvent, les parents sont les
derniers informés de ce que vit
le jeune. D’où l’importance que
l’entourage pose des questions
lorsqu’un nouveau comportement survient. Un jeune très fermé et refusant toute approche
rendra cette situation encore plus
difficile à vivre, mais ses proches
doivent trouver le moyen de lui
dire qu’ils tiennent à lui et qu’ils
sont inquiets pour lui.
i je souffrais de dépression
majeure, je le saurais.
FAUX. Environ 70% des
jeunes dépressifs ne savent pas
ce qu’ils ont, car leur dépression
n’a pas été diagnostiquée, donc
pas traitée. Cela signifie que leur
entourage ne le sait pas non plus
et souvent, ne comprend pas ce
qui se passe.
Si un jeune arrêtait de s’apitoyer
sur son sort, il cesserait d’être
dépressif.
FAUX. La nonchalance et l’apathie sont le résultat de la dépression et non la cause. Ce n’est
pas une question de volonté de
changement. L’adolescent se
sent dans une situation d’impuissance totale qui peut paraître
comme un manque de désir de
s’en sortir.
Les médicaments contre la dépression créent une dépendance.
FAUX. Les antidépresseurs ne
créent pas d’accoutumance. Ils
servent à régulariser l’humeur
et permettent à la personne de
remonter à la surface. La combinaison antidépresseurs et psychothérapie, de même que le
soutien de la famille et des amis
est souvent le plan de traitement
le plus efficace.
Les jeunes souffrant de dépression se retrouvent seulement
dans des familles à problèmes.
FAUX. Les jeunes souffrant de dépression se retrouvent dans tous
les types de famille.
Le suicide est une question de
courage ou de lâcheté selon nos
convictions personnelles.
FAUX. Il ne s’agit ni de courage, ni
de lâcheté mais de détresse, d’un
désir de faire cesser la souffrance
causée par la dépression.
Je suis plus à risque de vivre une
dépression si un membre de ma
famille souffre ou a déjà souffert
d’une dépression.
VRAI. On reconnaît maintenant
l’existence d’une vulnérabilité
génétique à la dépression.
La dépression est une maladie
incurable.
FAUX. Entre 80% et 90% des gens
atteints de dépression clinique
peuvent, de nos jours, être efficacement traités au moyen de
médicaments et de psychothérapies. Il s’agit d’un taux de réussite
extrêmement élevé pour toute
grande maladie. Voilà pourquoi
nous disons que la dépression
est réversible.
# 41 - Bulletin Vers la santé mentale|7
La thérapie de couple
utilisée contre la dépression
Article de Soline Blondin, Intervenante à l’APQAMM
C
et article présente une approche cognitive et comportementale du traitement de la dépression en utilisant la thérapie de
couple. Les problèmes relationnels et la dépression vont souvent de pairs. En effet, des individus mariés souffrant de dépression
ont un moins bon ajustement marital que les non-déprimés, ce qui
peut participer à l’augmentation des symptômes dépressifs.
La première étape du traitement est l’évaluation. Le thérapeute va
regarder la perception que chaque membre du couple a de la relation,
de ses forces et de ses faiblesses. Ensuite, il va s’intéresser à l’évolution et à l’intensité des symptômes dépressifs. Vivre avec un proche
souffrant de dépression peut causer de la détresse. Le thérapeute va
donc évalué la dépression - non seulement de la personne portant le
trouble - mais également de son partenaire, et voir quelle est sa compréhension des manifestations de la dépression. Celles-ci ne sont pas
toujours bien comprises par les proches.
La thérapie de couple suit généralement trois étapes
1. éliminer les stresseurs principaux et rétablir des activités positives
dans la relation ;
2. améliorer la communication et la résolution de problème dans le
couple ;
3. maintenir les changements positifs et prévenir la rechute.
1. Éliminer les stresseurs principaux et rétablir des activités positives
dans la relation :
L’idée ici est la suivante : de travailler ensemble sur les difficultés va
permettre d’améliorer la relation de couple, et aussi le bien-être de
chacun. Une partie de psychoéducation va être proposée pour mettre
en évidence que certains comportements, comme la perte d’intérêt,
sont des symptômes de la dépression et non un signe de rejet ou de
désintérêt pour la relation. On expliquera que la dépression est un
trouble récurant et que les personnes ne peuvent pas simplement
décider d’en sortir par leur simple volonté.
Les difficultés relationnelles et la dépression peuvent être dues
en partie à un haut niveau d’échanges négatifs et un faible niveau
d’échanges positifs. Le thérapeute souligne auprès des partenaires
l’importance des comportements et des gestes d’attention. Ils vont
avoir comme «devoir» de prévoir des moments où ils vont donner des
marques d’attention indépendamment du fait que l’autre l’ait fait ou
pas. Comme la dépression et les problèmes relationnels ont tendance
à provoquer une attention particulière sur les éléments négatifs, les
partenaires vont aussi devoir prêter attention et souligner leur appréciation face aux gestes affectueux de l’autre. En effet, remercier son
8 | Bulletin Vers la santé mentale # 41
partenaire d’avoir fait quelque chose de positif augmente la probabilité que ce comportement advienne de nouveau.
Une autre façon d’augmenter les échanges positifs est d’encourager
les activités de camaraderie. Les personnes souffrant de dépression
ont souvent des réticences à donner des marques d’attention ou à
participer à des activités car elles ont le sentiment que rien ne leur
apporte plus de plaisir. Il peut être aidant dans ce cas de proposer
à la personne de prédire son niveau de plaisir ou de satisfaction sur
une échelle de 1 à 10 avant l’activité, et de réévaluer ce niveau après
l’activité. La personne va souvent réaliser qu’elle a eu plus de plaisir
que ce qu’elle anticipait.
Chaque membre du couple va aussi devoir trouver des activités qui
sont source de détente et de plaisir pour eux. En effet, il est important que l’autre ne soit pas l’unique pourvoyeur de satisfaction. Une
double attention sur les récompenses individuelles et de couple a plus
de chance d’avoir un effet sur la dépression que seulement l’un ou
l’autre.
2. Améliorer la communication et la résolution
de problème dans le couple :
En premier lieu, les couples apprennent des habiletés verbales et
non-verbales d’une écoute et d’échanges empathiques (par le ton, les
expressions faciales, la posture, en utilisant la reformulation et les reflets). Le thérapeute encourage les personnes à parler avec le «je», de
façon claire et courte pour éviter d’envahir celui ou celle qui écoute,
et d’exprimer leur point de vue subjectif en partageant leurs pensées
et leurs émotions. Quand les partenaires maîtrisent ces habilités en
parlant de sujets neutres et positifs, ils peuvent passer à des sujets
émotifs ou conflictuels. Puis ils apprennent les étapes basiques de la
résolution de problème : définition du problème, brainstorming, prise
de décision, implanter les solutions. Ils commencent avec des petits
problèmes pour arriver ensuite à des problèmes plus profonds.
Certaines études montrent que l’évolution de la dépression peut-être
en partie prédite par le niveau de critique exprimée par le partenaire.
Attention, il ne s’agit pas d’un lien de cause à effet !
Les symptômes dépressifs peuvent exacerber les manifestations de
critique chez le partenaire, mais aussi la perception de ces manifestations par la personne souffrante. Le thérapeute peut donc
expliquer ces phénomènes et travailler avec le couple afin de
réduire le niveau de critique exprimé et perçu. On peut enseigner
au couple à faire la différence entre ce que ce que le partenaire veut
vraiment exprimer et l’effet qu’a son message sur l’autre partenaire
qui le reçoit.
Il est utile que la personne souffrant de dépression signale son malaise quand elle a le sentiment que son conjoint est critique, et valide
auprès de lui si c’est vraiment son intention. Cela permet de repérer
quels comportements sont perçus comme critique et de les changer.
3. Maintenir les changements positifs et prévenir la rechute :
Chaque partenaire écrit ce qu’il a appris et ce qu’il a trouvé le plus
aidant dans la psychoéducation. Ces résumés peuvent être gardés
comme un outil auquel ils peuvent se référer afin de rafraîchir leurs
apprentissages et habilités acquises, et comme un rappel des choses
qu’ils peuvent faire si de nouveaux problèmes adviennent. Le thérapeute les encourage aussi à reconnaître les premiers signes de la
dépression et les premières étapes qu’ils peuvent effectuer afin d’en
prévenir la récurrence.
Pour finir, il est possible de réduire progressivement le nombre de rencontres en diminuant leur régularité. Il est aussi possible de garder
quelques sessions comme «booster». Le couple est alors considéré
comme un couple sain pouvant être parfois sujet à des stresseurs externes qui pourraient susciter des difficultés. L’avantage de cette perception est que les problèmes relationnels et les rechutes partielles
sont normalisées et utilisées de façon constructive.
Ainsi la thérapie de couple peut être efficace pour réduire les symptômes dépressifs et améliorer le fonctionnement du couple.
En résumé : augmentation de la cohésion dans le couple / amélioration de la communication et de la résolution de problèmes /anticipation et préparation des rechutes. Ainsi La thérapie de couple permet
d’améliorer le fonctionnement individuel et interpersonnel.
Toutes les personnes qui souffrent de dépression ne vivent pas de difficultés de couple, cependant une thérapie de couple peut faire partie
d’un plan de traitement plus large. En effet, les thérapies basées sur le
couple pour traiter la dépression semblent aider les personnes souffrant de difficultés relationnelles en plus de la dépression ainsi que
ceux n’éprouvant pas ce type de difficultés.
Source :
Whisman & Beach - Couple Therapy for Depression - 2012 J of Clinical Psy
La dépression post-partum
Un article rédigé par Suzanne Michaud, Intervenante à l’AQPAMM
| Les sentiments d’incompétences quant au nouveau-né.
A
fin de bien comprendre la dépression post-partum, il est important de faire la différence entre « baby blues » et dépression.
Le baby blues apparaît environ 3 ou 5 jours après l’accouchement et il est généralement passager, c’est-à-dire, d’une durée de
plus ou moins 15 jours. Il s’agit d’une forme de dépression légère qui
s’explique principalement par des changements physiologiques et le
manque de sommeil. La femme se sentira plus irritable, plus anxieuse
et vivra des sautes d’humeur.
La dépression post-partum est plus grave et demande l’aide d’un médecin. Elle touche environ 10 % à 20 % des nouvelles mamans. Plus
tôt la dépression sera diagnostiquée, plus efficace sera le traitement.
L’apparition des symptômes peut survenir à tout moment au cours de
la première année suivant l’accouchement, mais principalement dans
les six premiers mois.
Même si plusieurs études ont été faites au fil des ans, sur la dépression
post-partum, il est difficile d’identifier LA cause de ce phénomène. Il
est par contre évident que plusieurs facteurs peuvent prédisposer la
femme à vivre une dépression post-partum.
| Des antécédents de dépression (50 % des femmes étant déprimées
avant ou pendant la grossesse, vivent une dépression post-partum).
| Des modifications hormonales.
| L’épuisement.
|Le manque de soutien familial et social.
| Les antécédents familiaux de dépression post-partum.
Les symptômes ressemblent aux autres formes de dépression, mis à
part le fait que certaines pensées sont en lien direct avec le bébé (peur
de faire mal à son poupon, avoir des idées de violence envers bébé,
négligence envers le nouveau-né, désintéressement relativement au
bien-être du bébé…). Les autres symptômes sont :
•
•
•
•
•
•
•
Fatigue
Tristesse
Retrait social
Insomnie
Sautes d’humeur
Fluctuations de l’appétit
Pensées suicidaires
Outre la médication, il est important d’aller chercher du soutien moral
(famille, amis, ressources communautaires), de se reposer, bien s’alimenter, faire de l’exercice et conserver son réseau social.
La plupart des cas se traitent facilement et en quelques mois. Toutefois, si une femme néglige d’aller chercher l’aide médicale adéquate,
la situation peut s’aggraver et les symptômes s’accentuer. Il est parfois
nécessaire d’hospitaliser la mère afin de la protéger, et de protéger
son nouveau-né.
Il ne faut surtout pas juger les femmes atteintes de dépressions
post-partum, mais plutôt les accompagner dans leur processus de
guérison. Plus la femme se sentira appuyée par son réseau social, plus
elle réussira à retrouver goût à la vie et à apprécier son nouveau rôle
de mère.
# 41 - Bulletin Vers la santé mentale|9
Stress et détresse chez les hommes:
demandent-ils de l’aide ?
Un article rédigé par Nicole Paquette, Conseillère clinique à la Fondation des maladies mentales
L
a Fondation des maladies mentales du Québec offre un service de référence à toute personne qui demande de l’aide, de
l’information ou des ressources en
santé mentale. Les demandes par
téléphone ou par courriel provenant d’hommes ne totalisent que
30% du total des demandes pour
tous les groupes d’âge confondus.
(...)
Au cours des trois dernières années, les demandes provenant des
garçons ont représenté entre 25
et 29% du nombre total des demandes. Ces statistiques semblent
être représentatives de la littérature scientifique qui a clairement
établi que les hommes demandent
moins d’aide que les femmes. (...)
Quel est le profil des hommes
qui font appel à nos services ?
Les hommes appellent pour différentes raisons et il n’existe pas
nécessairement un profil précis qui
nous permet de prédire qui sollicitera nos services. À titre indicatif,
voici le portrait des situations les
plus fréquentes :
-Le conjoint d’une personne atteinte ou en détresse qui veut savoir comment l’accompagner.
-Le père de famille dont l’enfant vit
des problèmes de santé mentale.
Dans certains cas, le père se sent
coupable parce qu’il existe des
antécédents de maladie mentale
dans sa famille.
-Les hommes dans la trentaine qui
ont un colocataire en détresse qui
refuse de consulter. Ils cherchent
des ressources pour leur ami, se
concertent, se relaient et installent
un filet de sécurité autour de lui.
-L’homme qui a des pensées dépressives, des problèmes d’anxiété
ou d’estime de soi. Rien ne va plus;
il se sent dépassé et vit des conflits
au travail avec le patron ou ses collègues. Il a des problèmes d’insomnies et de la difficulté à gérer son
stress. La détresse psychologique
est d’autant plus importante qu’il
souffre d’isolement. En effet, il vit
une rupture, n’a pas de contact
avec les membres de sa famille et
a pas ou peu d’amis.
inquiets. Il faut toujours garder en
tête que la maladie affecte non
seulement la personne atteinte,
mais entraîne également une
modification importante de la vie
familiale.
Comment les orienter ?
Pour amener un proche qui souffre
à consulter, on peut lui proposer
de l’accompagner chez son médecin de famille. On peut également
chercher de l’information et des
ressources et les partager avec
lui. Si l’état de notre proche se
détériore et qu’il a des idées suicidaires, il faut sans tarder consulter
un centre de crise afin de pouvoir
Germain Dulac, sociologue, est
formel: 70% des hommes qui font
une première démarche et qui ne
reçoivent pas de réponse satisfaisante, ne feront pas de deuxième
appel. Il est donc nécessaire d’être
grandement à l’écoute de leurs
demandes et de décoder les messages non exprimés: la colère et
‘70% des hommes qui font une première démarche et
qui ne reçoivent pas de réponse satisfaisante,
ne feront pas de deuxième appel’
une grande souffrance. Afin de
maximiser les chances d’aider ces
hommes en détresse, il est nécessaire que ce premier coup de fil soit
satisfaisant pour eux.
Certains hommes veulent un plan
de match clair avec des réponses
à leurs questions. Par où je commence? Qu’est-ce que je fais
après? Ils ont besoin de réponses
et veulent savoir de quelle maladie
ils souffrent. Ce besoin d’avoir un
plan précis, de pouvoir identifier
cette souffrance à un diagnostic
permet probablement de sentir
une certain contrôle sur la situation. Les orientations varient évidemment selon les besoins spécifiquement exprimés et le degré de
détresse. (...)
Comment dire à un proche qu’il
a besoin d’aide et l’accompagner dans cette démarche ?
L’entourage est le premier témoin
des changements de comportement chez la personne souffrante.
Les conjointes sont souvent alarmées par le fait que leur partenaire
ne parle pas et qu’il ne veuille pas
consulter. Leur stress est d’autant
plus grand lorsque les enfants réagissent à la situation et deviennent
10 | Bulletin Vers la santé mentale # 41
compter sur les compétences cliniques et professionnelles des intervenants.
Fait intéressant, le Centre de crise
L’Entremise a développé un protocole d’intervention soutenue
auprès des hommes suicidaires à
l’intention des familles et des intervenants du réseau. En effet, si
nous croyons qu’un de nos proches
a rapidement besoin d’avoir accès
à un service d’intervention intensif sur ce plan, indépendamment
de ce qu’il présente comme autre
problématique, voici la marche à
suivre :
Il faut obtenir l’accord de l’homme
souffrant de donner son numéro
de téléphone et le communiquer à
l’Entemise. Les intervenants feront
la démarche de communiquer avec
le client, lui évitant de multiplier les
demandes qui, souvent, mènent à
une démotivation et un renoncement à l’aide voulue. Si la situation
se détériore, ou qu’une ressource
plus spécialisée est nécessaire, les
intervenants accompagneront le
client vers la ressource appropriée.
Et les proches dans tout ça ?
Les proches de la personne atteinte
ne doivent jamais perdre de vue
leur propre bien-être. Afin de mi-
nimiser l’impact sur la santé physique et mentale ainsi que la vie sociale et professionnelle de toute la
famille, on leur recommande de se
joindre aux associations de parents
et amis de la personne atteinte de
maladie mentale. Ces associations
offrent de l’information ainsi que
du soutien sous forme de groupes
d’entraide. En effet, des services
d’écoute et de références, des rencontres individuelles, de couple et
familiales aideront les aidants à
fixer leurs limites, les respecter et
les faire respecter.
Dans son livre Vivre avec une personne dépressive, Dr Bexton met
les aidants en garde de ne pas enclencher le cycle infernal: sympathie, frustration, colère, culpabilité
et honte. Sympathie: l’aidant aime
la personne qui souffre, veut l’aider, essaie plusieurs approches qui
tombent dans le vide, c’est la frustration légitime. La frustration augmente, c’est la colère. Lorsqu’elle
est exprimée, elle peut mener à la
culpabilité: Je n’aurai pas dû, il est
si vulnérable. Pour compenser ou
se racheter, l’aidant redouble de
sympathie et le cycle est reparti. Il
est donc essentiel pour l’aidant de
mettre ses limites et travailler en
équipe avec les intervenants et les
groupes d’entraide pour éviter de
s’isoler.
Que peut-on espérer
dans le futur ?
Étant donné que les hommes vivent
leur souffrance différemment des
femmes, serait-il une bonne idée
d’avoir des services que pour eux?
Dans son livre Ne me dites surtout
pas que ma colère est rose, Jacques
Charland nous confie son rêve ultime: fonder la maison du chaos...
Un endroit où tout homme en pleine
crise pourrai se réfugier, une sorte
de clinique où tout homme aurait le
droit de vivre sa colère. Et si c’était
une piste de solution?
Sources :
MammouthMagazine
Le magazine officiel du centre d’études
sur le stress humain. N°11, juin 2011
Et si la dépression était
une solution ?
Article rédigé par Jessica Abdelmoumene, intervenante à l’AQPAMM
V
ous êtes en train de
relire le titre en vous
demandant si vous avez
bien lu? Oui, vous avez bien
lu! Ceci dit, votre étonnement
est compréhensible. Prenons
le mot dépression pour commencer. Du mot latin Depressio (enfoncement), il évoque la
chute, la lourdeur. Alors en quoi
cela peut-il être une solution ?
Essayons de cheminer ensemble
dans cette réflexion.
Prenons pour point de départ
la question suivante : Quel est
le problème? La dépression ou
ce qui y a conduit l’individu? On
commence à avoir une piste intéressante, l’idée que la dépression arrive en réaction humaine
à une série de facteurs tout
aussi humains. Vous suivez toujours? C’est un bel exercice vous
allez voir…
Donc cela veut dire qu’il est possible que ce soient les choix de
vie d’une personne qui l’aient
conduite à la dépression? Oui
mais, il faut nuancer ce propos…
il ne s’agit pas toujours de choix
conscients et délibérés. Toute
personne tente de poursuivre
sa vie comme elle croit qu’elle le
peut, avec les défenses qui sont
les siennes, avec sa réalité, sans
nécessairement avoir une idée
d’où cela la mènera. Parfois cela
mène à la dépression.
En quoi est-ce donc une solution
demanderez-vous? Voici l’idée
proposée : la dépression, serait
avant tout un indice du corps sur
le degré de bonheur vécu par
l’individu. Cet indice peut servir
de ressort à la personne pour
prendre conscience de ce qu’elle
a négligé, ses besoins et désirs,
afin d’effectuer un changement
dans ses habitudes de vie mais
également dans sa perception
d’elle-même et des autres.
Il peut être nécessaire d’avoir
un témoin extérieur également
de la situation, notamment une
relation d’aide psychologique.
Pour prendre conscience du
pouvoir que l’on a sur ce que
nous vivons, il est bien souvent
nécessaire de s’arrêter et de
faire le point. Dans la dépression, le corps de la personne
l’arrête, mais encore faut-il prioriser un retour à l’écoute de soi,
de ce corps justement. Dans une
société de plus en plus exigeante
sur le plan économique et productif, il peut être quelques fois
difficile de s’autoriser à mettre
ses besoins au premier plan et
prendre le temps nécessaire
pour s’y attarder. En d’autres
mots, il faut que la dépression
soit utilisée par l’individu pour
qu’elle puisse être l’occasion de
mettre en place une solution
pour l’avenir. Beaucoup de gens
vous diront qu’ils ont vécu une
dépression, en sont sortis et ont
changé leur façon de vivre afin
d’expérimenter un plus grand
bonheur.
La dépression fait peur mais
elle est peut-être le dernier recours que le corps et l’esprit ont
trouvé pour forcer un arrêt dans
une direction qui niait les ingrédients nécessaires au bonheur
de la personne. La dépression
pourrait donc solliciter la créativité et ce que Boris Cyrulnik
appelle la résilience, à savoir
la capacité à rebondir après un
traumatisme ou un évènement
de vie douloureux en trouvant
les ressources intérieures et
extérieures pour se rétablir. Elle
appelle l’individu au changement.
La personne qui s’est sortie
d’une situation douloureuse
peut être plus au courant de
ses ressources, porter une plus
grande attention à son bien-être
et se souvenir des outils qu’elle
a acquis. La dépression pourrait
alors être l’occasion d’un changement. Un autre regard sur la
dépression.
CENTRES DE
CRISE
Les centres de crise offrent
des services gratuits aux personnes ou à leurs proches en
situation de crise :
angoisse | dépression |désespoir
confusion | idées suicidaires
Vous pouvez appeler en tout
temps, 24 / 7, tous les jours
de l’année. Un intervenant
répond à votre appel en s’assurant de bien évaluer votre
situation afin de vous offrir
l’aide appropriée. Une 1ère
intervention peut être faite
directement auprès de la personne dans le besoin, pour
résorber un premier niveau
de crise. Il est aussi possible
qu’on vous propose une rencontre en face-à-face, ou
encore l’orientation vers une
ressource répondant à votre
besoin.
Le service d’intervention
téléphonique est accessible
aux personnes ainsi qu’à leur
entourage. Les gens qui reçoivent de l’aide d’un centre
de crise ou qui en ont déjà
reçu, peuvent aussi faire appel
au soutien téléphonique pour
une intervention ponctuelle.
CENTRES DE CRISE
DE L’ÎLE DE MONTRÉAL
Association Iris (Nord)
514-388-9233
L’Appoint (Hôp. L.-H. Lafontaine)
514-351-6661
L’Autre Maison (Sud-Ouest)
514-768-7225
L’Entremise (Est de Montréal)
514-351-9592
Le Transit (Centre-Est)
514-282-7753
Tracom (Centre-Ouest)
514-483-3033
Ouest de l’île (Ouest)
514-684-6160
# 41 - Bulletin Vers la santé mentale|11
Activités
L’ensemble de ces activités s’adressent aux proches, parents et amis de
personnes atteintes de troubles de santé mentale, diagnostiquées ou non.
RELATION D’AIDE :
GROUPES DE SOUTIEN
Lundi - vendredi | Lieu : Aqpamm
En journée et en soirée | SUR RENDEZ-VOUS UNIQUEMENT
Toutes maladies confondues
1er mardi du mois | 19h-21h
Lieu : Pointe-Aux-Trembles
En devenant membre de l’association, vous pouvez avoir accès à une relation d’aide en rencontrant une intervenante (durée: 1 heure environ) et à votre rythme. Ces suivis peuvent se
faire de façon individuelle, en couple ou en famille.
Trouble de personnalité limite
1er mercredi du mois | 18h30-20h30
Lieu : Aqpamm
SUIVIS INDIVIDUELS, DE COUPLES ET FAMILIAUX
INFORMATION,
RÉFÉRENCE ET ÉCOUTE
PSYCHOÉDUCATION
10 à 15 semaines | Lieu : Aqpamm
2h par cours | En soirée
Lundi-vendredi | Lieu : Aqpamm
9h00 - 17h00
Les intervenantes sont disponibles pour
répondre à vos appels, que ce soit pour
recevoir de l’information, se faire référer,
prendre un rendez-vous ou parler, tout
simplement. Service ouvert à tous, gratuit et
confidentiel.
Les cours de psychoéducation s’adressent
aux membres de l’association désireux
de recevoir une formation complète sur
un maladie en particulier. Ces formations
demandent un engagement de la part des
participants. Plusieurs sessions par année.
Thèmes offerts : Trouble de personnalité
limite, schizophrénie, psychose.
Toutes maladies confondues
3ème mardi du mois | 15h-17h
Lieu : Aqpamm
Groupe de soutien thématique
4è mercredi du mois | 18h30-20h30
Lieu : Aqpamm
Reprennent les thèmes des conférences
Les groupes de soutien sont animés par
nos intervenantes psychosociales. Les personnes qui sont aux prises avec un proche
ayant des troubles de santé mentale se retrouvent ensemble pour rompre avec l’isolement, échanger, partager leur expérience
et se faire conseiller.
RESSOURCES
CONFÉRENCES PUBLIQUES
HEURES D’OUVERTURE
Des articles essentiels, des fiches maladies,
des liens vers d’autres organismes, et toutes
nos informations et calendrier des activités
sur nos différents points d’information :
2è mercredi du mois | Lieu : Aqpamm
19h00-21h00
En journée
Lundi-vendredi
9h00-17h00
www.aqpamm.ca
Notre page Facebook «AQPAMM»
Les conférences sont animées par des
professionnels qui viennent parler d’un sujet
qui touche directement les proches de personnes atteintes de maladie mentale.
Gratuit pour les membres de l’AQPAMM et
de la SQS, 5$ pour le public.
En soirée
Lundi-jeudi
18h00-21h00
Activités sur inscription uniquement
Pour toutes les activités, réservations obligatoire
(514) 524-731 ou [email protected]
1260 Ste Catherine Est, Bur. 208, Montréal (Québec) H2L 2H2
www.aqpamm.ca
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