Bulletin Vers la santé mentale n°41 | Printemps 2013 la dépression Qu’est-ce que la dépression ? Vivre la dépression d’un proche La dépression post-partum Et si la dépression était une solution ? La thérapie de couple utilisée contre la dépression AQPAMM - Association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale 1260 Ste-Catherine Est, bur 208, Montréal (Québec) H2L 2H2 514 524-7131 | www.aqpamm.ca | [email protected] L’AQPAMM change d’image... nir. On peut y voir aussi deux intervenantes qui sont là pour aider un membre de l’AQPAMM au centre. Désormais, chaque information que vous recevrez de l’AQPAMM comportera un code de couleur : P our l’année 2013, l’AQPAMM s’est dotée d’une nouvelle signature corporative, plus jeune et dynamique, avec un nouveau logo et une gamme de couleurs plus colorée. Le logo a été dessiné par Florence d’Ivernois (communication et service à la clientèle à l’AQPAMM), avec le soutien du professionnel du Design Charles-David Cardinal (Coévol - Fabrique créative). Ce logo peut être interprété principalement de deux façons : On peut y voir une personne atteinte de troubles mentaux au centre, entourée de deux proches (parents ou amis) qui sont là pour la soute- Communications administratives et officielles Autres communications de l’association Annonces des activités organisées par l’association Communications informatives et éducatives Évènements spéciaux, fêtes ou célébrations et faits notables à vous faire remarquer. ...et change de coordonnées ! CHANGEMENT DE LOCAUX L’AQPAMM s’agrandit et s’exporte au fond du couloir, au même étage de l’immeuble. Depuis le mois de mars, l’AQPAMM se situe au : BUREAU 208 du 1260 Ste Catherine Est Montréal, (Québec) H2L 2H2 SOMMAIRE 2 | L’AQPAMM change d’image et de coordonnées 4 | Qu’est-ce que la dépression ? 5 | Les troubles de l’humeur 5 | La dépression majeure en quelques données 6 | Vivre la dépression d’un proche 7 | Comment aider un jeune en dépression 8 | La thérapie de couple utilisée contre la dépression 9 | La dépression post-partum 10 | Stress et détresse chez les hommes : demandent-ils de l’aide ? 11 | Et si la dépression était une solution ? 11 | Les centres de crise 12 | Les activités de l’AQPAMM 2 | Bulletin Vers la santé mentale # 41 CHANGEMENT DE COURRIELS L’association se dote de nouveaux courriels : [email protected] Courriel général de l’association [email protected] Julie Cyr [email protected] Florence d’Ivernois [email protected] Diane Tardif [email protected] Jessica Abdelmoumene Publication n° 41 Printemps 2013 Vers la santé mentale est une publication de l’Association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale inc., AQPAMM, un organisme financé par l’Agence de santé et des services sociaux de Montréal et Centraide-Montréal. Les opinions exprimées par les auteurs des articles du bulletin Vers la santé mentale ne reflètent pas nécessairement l’opinion et la philosophie de l’Association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada Éditeur : AQPAMM 1260, rue Ste-Catherine Est, Bur. 208 Montréal, (QC), H2L 2H2 Téléphone : 514-524-7131 Télécopieur : 514-524-1728 Courriel : [email protected] www.aqpamm.ca Responsable de la production, design et infographie F. d’Ivernois, communications Recherche et rédaction des textes J. Abdelmoumene, S. Blondin, F. d’Ivernois, S. Michaud, D. Tardif Ont collaboré à ce numéro : Fondation des maladies mentales Centres de crise du grand Montréal Revivre L’AQPAMM 2013, une année de nouveautés... Par Julie Cyr, Directrice générale comparativement à l’an passé. Une demande qui cesse de croître tout en se préoccupant de la qualité des services. V ous pourrez le constater par ce bulletin, l’AQPAMM a rajeuni sa signature corporative. Cette cure de rajeunissement se veut seulement au niveau de notre signature car notre mission, même après plus de 33 ans, est encore essentielle. Toutes les actions de l’AQPAMM ont pour objectifs d’apporter aide, soutien, information et répit aux familles affectées par des problèmes de santé mentale d’un de leurs proches. Plus de services aux membres et de nouveaux partenariats qui permettent de répondre aux demandes rapidement et une information toujours actualisée. Ce bulletin, Vers la santé mentale sur le thème «La dépression», en est un bon exemple : La Fondation des maladies mentales, Revivre et les Centres de crises du Grand Montréal sont présents dans celuici et tous sont des interlocuteurs qui soutiennent les familles et les personnes atteintes de problèmes de santé mentale au quotidien et qui font une différence. Ce bulletin biannuel s’adresse aux parents et amis des personnes atteintes de problèmes de santé mentale et aux intervenants qui désirent un outil d’information sur la dépression. Une équipe d’intervenantes bonifiées, Diane et Jessica à temps plein et Soline, Suzanne et Sylvie pour les activités de soirées. En date d’aujourd’hui, l’AQPAMM a desservi 16.6% de plus de membres Le personnel de l’AQPAMM Julie Cyr Florence d’Ivernois Diane Tardif Jessica Abdelmoumene Soline Blondin Sylvie Peltier Suzanne Michaud Directrice générale Communications et service à la clientèle Intervenante Intervenante Intervenante Intervenante Intervenante Avec toutes leurs compétences et leurs intérêts personnels, les intervenantes de l’AQPAMM vous font découvrir certaines facettes de la dépression : «La thérapie de couple comme traitement à la dépression», «la dépression post-partum», «Et si la dépression était une solution»… Un intérêt pour les jeunes et la clientèle masculine. Vous trouverez aussi dans ce bulletin : Comment aider un jeune en dépression ainsi que les ressources spécifiques, et stress et détresse chez les hommes : demandent-ils de l’aide? Un merci à Florence d’Ivernois, responsable des communications et du service à la clientèle. Ce bulletin et tous les outils promotionnels sont créés à l’AQPAMM, ce qui nous permet d’actualiser l’information et de toujours se renouveler. En poste depuis seulement le 2 octobre 2012, mon intégration fut rapide grâce à toute l’équipe et aux membres du conseil d’administration de l’AQPAMM. Je tiens à les remercier sincèrement de leur vision et de leurs disponibilités. Bonne lecture! Le conseil d’administration Daniel Dumont Line Chainey Gisèle Tétreault Lise Larivière Johanne Pothier Bruno Blanchard Joseph Pratico Président du conseil Vice-Présidente Secrétaire Administratrice Administratrice Administrateur Administrateur Mission de l’AQPAMM L’association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale Inc. « AQPAMM » est un organisme communautaire à but non lucratif. Elle dispense aux membres des familles et amis ayant un proche atteint de problèmes de santé mentale, des services et des entrevues individuelles, de couple et familiale à court terme. Nos généreux commanditaires # 41 - Bulletin Vers la santé mentale| 3 Qu’est-ce que la dépression ? Article rédigé par Jessica Abdelmoumene, intervenante à l’AQPAMM A l’hypersomnie, des difficultés de concentration, un discours reflétant peu d’estime de soi, etc. Mais il ne s’agit pas seulement de cela. Pour penser qu’il puisse s’agir de dépression, il est nécessaire de prendre en considération le maintien des symptômes sur le moyen/long terme (plusieurs mois). Il faut également distinguer ce qu’on appelle un épisode dépressif de l’installation à plus long terme d’un trouble dépressif. Les psychiatres distinguent divers types de dépression selon un classement défini en fonction de critères précis. vant de proposer une définition de la dépression, il est important d’introduire quelques notions. Il est essentiel de se souvenir qu’il s’agit d’aborder l’état psychique de l’humain. Tout être humain vit des changements et La dépression est donc un arrêt de la personne qui ne parvient plus variations d’humeur, à divers degrés. Joie, tristesse, déception, colère, à poursuivre sa vie comme elle en avait l’habitude, ni à opérer des peur, surprise, dégoût sont ce que l’on appelle les émotions et celles-ci changements immédiats. Ceci dit, cet arrêt peut dans bien des cas font partie intégrante de la vie humaine, heureusement. servir à mettre en place des changements pour l’avenir. S’il peut être Ce qui devient une difficulté pour la personne, c’est lorsqu’elle ne difficile de sortir tout seul d’une dépression, un accompagnement parvient plus à vivre différentes émotions en psychologique peut s’avérer un outil précieux. alternance et qu’une souffrance se maintient «Lorsqu’on parle de dépression, Le moment de crise ou de dépression peut dans le temps de façon prolongée et avec d’ailleurs être l’occasion pour la personne de on parle de l’état d’une grande intensité. Peut alors survenir un personne vivant une détresse faire appel à de l’aide afin de faire le point sur sentiment d’être envahi, submergé par cette psychologique telle qu’il lui est ce qu’elle croyait fonctionner dans le passé souffrance. mais qui semble ne pas avoir contribué à son impossible de maintenir ses activités habituelles sans que épanouissement. Un arrêt douloureux mais Afin de distinguer les émotions normales et tout lui paraisse plus laborieux, qui serait un appel du corps pour une plus l’installation d’un trouble dit de l’humeur, les grande attention aux besoins, souhaits, désirs lourd, voire impossible» cliniciens utilisent des outils diagnostiques personnels. qui comportent une série de critères précis d’évaluation de l’état mental. Ces critères se retrouvent notamment En conclusion, lorsqu’une personne vit une détresse psychologique dans le manuel diagnostic DSM, outil privilégié par les psychiatres qui se maintient dans le temps et lui pose problème dans sa vie, il occidentaux et qu’ils ont appris à employer avec vigilance. Le DSM est peut être intéressant pour elle de se tourner vers son entourage, donc un outil professionnel et en aucun cas un ouvrage de vulgarisation son réseau, mais également de faire appel à des professionnels de la à la portée de tout un chacun. Poser un diagnostic en santé mentale relation d’aide. L’être humain est un être social qui ne peut se passer relève de la compétence des médecins spécialistes et reste dans tous d’entraide et la société dans laquelle nous vivons a assigné certains les cas hypothétique. Ceci est également la raison pour laquelle les rôles d’aidants de façon professionnelle. Avoir recours à cette aide, diagnostics posés peuvent évoluer en fonction des observations faites c’est accepter l’idée d’un changement possible et en ce sens déjà par les professionnels. C’est le cas de la dépression. Puisque l’humain parcourir un bout du chemin vers le rétablissement ou plus encore, et ses états psychiques sont en mouvement, les diagnostics le sont vers la découverte de soi, de sa créativité et de son potentiel. tout autant. D’un point de vue médical, la dépression est classée dans les troubles de l’humeur. Lorsqu’on parle de dépression, on parle de l’état d’une personne vivant une détresse psychologique telle qu’il lui est impossible de maintenir ses activités habituelles sans que tout lui paraisse plus laborieux, lourd, voire impossible. On parle également d’anhédonie, à savoir une incapacité à prendre du plaisir dans des situations dans lesquelles la personne en prenait habituellement. La dépression se manifeste également dans le corps de l’individu qui peut vivre des changements tels des variations de poids, ressentir une grande fatigue, avoir des difficultés de sommeil ou au contraire de 4 | Bulletin Vers la santé mentale # 41 Les troubles de l’humeur Extraits des fiches d’information de Revivre L a déprime est en fait une réaction dépressive «mineure» ou «réactionnelle», en rapport avec certains évènements de la vie (deuil, séparation, divorce, perte d’emploi, faillite etc.). Cela a une durée limitée dans le temps. La personne réagit encore à certains plaisirs et autres stimuli. La dépression majeure s’étire sur une longue période (sur une à deux années si elle n’est pas traitée adéquatement). La personne dépressive ne réagit plus aux stimuli et ne trouve donc peu ou pas de plaisir à quelque activité que ce soit. Dans le cas de la dépression majeure, il existe des facteurs bio- et se produit plus fréquemment jours à quelques mois (on parle logiques et héréditaires chez les dans les pays dont la latitude se de cycle long ou court). Il y a plurapproche du Nord. sieurs types de bipolarité selon personnes qui en sont atteintes. l’intensité et la durée des phases Le burn-out est généralement La dysthymie est une forme chro- dépressives et maniaques. perçu comme un problème lié au nique de dépression qui dure au stress dans le milieu de travail. moins deux ans (un an pour les Autres troubles et troubles de «Burn-out» est un terme inventé enfants), mais qui perdure souvent l’humeur : la dépression peut être qui décrit un état de fatigue ou pendant de nombreuses années. la conséquence d’une maladie une incapacité à fonctionner nor- Les symptômes associés à ce type physique (ex. Fibromyalgie, Alzeimalement dans le milieu de travail de dépression sont moins nom- mer), ou liée à la prise d’une subsquand les demandes dépassent la breux et moins sévères que ceux tance (drogues, alcool, et certains reliées à la dépression majeure, médicaments). La dépression capacité d’un individu. mais ils peuvent tout de même peut aussi être associée à d’autres La dépression saisonnière est une nuire sérieusement à la qualité de maladies mentales (ex. trouble de personnalité, troubles anxieux, forme de dépression récurrente vie de ceux qui en sont atteints. trouble panique, post-psychose qui survient toujours au cours de schizophrénique, etc.). Le trouble bipolaire ou trouble la même période chaque année. maniaco-dépressif, est une malaElle débute souvent à l’automne, die qui implique que la personne Sources : et se termine généralement vers atteinte va alterner des périodes Fiches d’information de Revivre sur le site la fin du mois d’avril ou de mai. dépressives avec des périodes de www.revivre.org et MammouthMagazine (Centre d’études sur Elle est directement liée à la dimi- manie, dont les délais peuvent va- le stress humain) Vol 4, article « Je suis en nution du temps d’ensoleillement rier de quelques heures, quelques ‘Burn-out’ : suis-je en dépression?». La dépression majeure en quelques données Q dont l’histoire familiale présente des problèmes de dépression, d’alcoolisme ou une perte parentale avant l’âge de 13 ans. uelques chiffres... -17% des personnes seront atteints de dé pression à un moment donné au cours de leur vie - À chaque année, 5% des personnes sont atteints de dépression - La maladie s’avère plus fréquente chez la femme durant la période fertile, soit de la puberté à la ménopause - Chez l’homme, la dépression est plus fréquente à partir de 40 ans - Un grand nombre d’adolescents et de personnes âgées souffrent de dépression - Tous les peuples sont sujets à la dépression, quelle que soit leur éthnie ou leur religion - Le taux de dépression est plus élevé chez les personnes Symptômes Les principaux symptômes qui permettent de diagnostiquer une dépression majeure chez une personne sont les suivants : - Humeur dépressive présente presque toute la journée, presque tous les jours et ce pendant au moins 2 semaines - Troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) - Trouble de l’appétit avec perte ou gain de poids - Perte d’énergie et fatigue - Perte de l’intérêt et du plaisir - Ralentissement ou agitation psychomoteur - Baisse de concentration ou de l’aptitude à penser ou indécision - Sentiment de culpabilité - Pensées de mort récurrentes (dans 60% des cas), idées suici daires récurrentes (dans 15% des cas) - Symptômes associés : anxiété et retrait social obsédantes, perte de sommeil, diminution de l’appétit. - Baisse de la noradrénaline = perte d’énergie, perte de motivation, pensées négatives. - Baisse de la dopamine = diminution des sentiments de plaisir, difficulté de concentration. Il faut qu’un professionnel détecte au moins cinq de ces neuf symptômes chez une personne avant de poser un diagnotic de dépression. Changements au niveau hormonal: - Fluctuation des cylcles fertiles chez la femme - Baisse d’androgènes chez les hommes - Dysfonction de la glande thyroïde - Augmentation de la libération du cortisol relié au stress Et dans le corps ... La dépression majeure provoque certains changements dans le corps et notamment au niveau du cerveau. Changements au niveau des neurotransmetteurs : - Baisse de la sérotonine = sentiment dépressif, anxiété, pensées Changements au niveau immunitaire: - Baisse de la fonction immunitaire = plus vulnérable aux maladies L’association Revivre vient en aide aux personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires et leurs proches, et ce, partout au Québec. Ligne d’écoute, d’information et de références : 1 866- REVIVRE (738-4873) - www.revivre.org # 41 - Bulletin Vers la santé mentale| 5 Vivre la dépression d’un proche Extrait de l’article de Katia Mayrand, journaliste T rois personnes sur quatre auront à vivre la dépression d’un proche, un jour ou l’autre. Voici quelques trucs et conseils de spécialistes afin d’aider une personne dépressive, sans s’épuiser. «La dépression est toujours déstabilisante, surtout lorsqu’elle touche un être cher», constate d’emblée la psychologue Marie Bérubé. Ceci dit, il importe de distinguer la dépression de la simple déprime, note le Dr Brian Bexton, psychiatre et président de l’Association des médecins psychiatres du Québec. «La déprime est normale. Tout le monde peut vivre des petits moments de déprime, de temps en temps, mais c’est passager. La dépression est une maladie qui affecte le fonctionnement du cerveau et qui s’inscrit dans le temps », précise-t-il. On s’inquiète pour la santé d’un de nos proches? Voici quelques signes habituellement associés à la dépression. Cependant, il faut savoir que les symptômes varient d’une personne à l’autre et que ceux-ci doivent être présents depuis un minimum de deux semaines: • Humeur maussade; sentiment de découragement; • Retrait de la vie sociale; • Baisse d’énergie, fatigue; • Sommeil perturbé; • Difficultés de concentration; • Perte d’intérêt pour les activités normalement appréciées; absence de plaisir. Accompagner un parent, un conjoint ou même un enfant dépressif n’est pas de tout repos. Plusieurs se demandent s’ils posent les bons gestes, si leurs paroles sont aidantes, etc. «Le principal piège à éviter, c’est de croire qu’on peut «guérir l’autre» simplement avec de l’amour et de bonnes intentions. Malheureusement, ça ne marche pas comme ça», observe le Dr Bexton. Voici plutôt les conseils des deux spécialistes : • Accepter que la dépression est une maladie et qu’il ne s’agit pas de paresse ou d’un manque de volonté. • Être à l’écoute de l’autre. «On parle ici de la vraie écoute, sans jugement. Elle est à la base du processus de guérison. En se sentant accepté tel qu’il est, notre proche va se sentir plus à l’aise de s’exprimer, sans avoir à cacher ses émotions ni à se défendre», explique Marie Bérubé. • Faire voir à la personne le beau côté des choses et ce qui va bien. Bien souvent, les personnes dépressives ne voient plus le positif. C’est comme si elles portaient des lunettes qui venaient teinter leur vie de gris. Leur faire remarquer leurs progrès et les remettre en contact avec leurs forces et leurs ressources peut être bénéfique. • Encourager la personne à rester en contact avec ses amis et sa famille et l’inviter à sortir de la maison, à l’occasion, pour faire des activités qui ont l’habitude de lui plaire. Ceci évitera qu’elle ne s’isole complètement. • Comme les personnes dépressives vivent généralement beaucoup de fatigue et une baisse d’énergie, offrir ses services pour les tâches ménagères et la cuisine peut être très apprécié. Éviter de dire ou faire Ceci dit, «mieux vaut ne rien faire que de faire quelque chose qui pourrait nuire à notre proche», estime la psychologue. Voici, selon elle et le Dr Bexton, ce qu’il faut à tout prix éviter de dire ou de faire : • Banaliser l’état de la personne ou, pire, le nier. • Éviter de culpabiliser la personne pour son état, ce qui lui imposerait une pression supplémentaire dont elle n’a pas besoin. On évite donc les reproches du type: «Tu ne fais 6 | Bulletin Vers la santé mentale # 41 pas d’efforts», «Qu’est-ce que les autres vont dire?», «On ne fait plus rien», etc. • Éviter de décourager la personne et de lui faire douter de ses choix ou de la compétence de son médecin. «Par exemple, même si on n’est pas d’accord avec l’utilisation des antidépresseurs, ce n’est pas le temps de donner son opinion», note Marie Bérubé. Celle-ci précise que la personne dépressive doit avoir confiance dans les soins qu’elle reçoit. • Ne pas amener la personne consulter un médecin ou un psychologue «par surprise». Il est préférable de lui proposer de l’accompagner et d’attendre que celle-ci se sente prête à y aller. Aider sans s’épuiser Dans son bureau, le Dr Brian Bex- Re-créer du lien social U n guide destiné aux médecins rappelle que les difficultés relationnelles sont présentes dans les troubles dépressifs sous différentes formes. Or, le problème posé par les difficultés relationnelles dans la dépression est double : d’une part la dépression écarte souvent les personnes de l’entourage, même si dans un premier temps elles peuvent exprimer sollicitude et réconfort ; d’autre part, la personne déprimée s’écarte d’ellemême (par fatigue, par honte, par perte d’envie). Le lien social est fondamental : c’est une forme d’antidépresseur naturel. L’humain est un « animal social », selon la formule de Montesquieu, et il a un besoin vital de nourritures relationnelles. Et le repli aggrave les ruminations, le manque de dialogue empêche qu’elles ne soient relativisées ou remises en question. Dans ce guide, on suggère que le médecin de famille donne ton a vu bien des aidants s’épuiser à force de vouloir «sauver» l’autre. «On peut aider, mais on ne peut pas devenir le thérapeute d’un proche ou d’un enfant qui fait une dépression», fait-il remarquer. Celui-ci ajoute que l’aidant doit être capable de mettre ses limites face aux demandes de l’autre, sans oublier de prendre du temps pour lui-même et de sortir de la maison, de temps en temps, pour se changer les idées. «Il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide extérieure, que ce soit auprès de spécialistes ou de groupes d’entraide», conclut-il. Sources : -REVIVRE et FFAPAMM. -La version complète et originale de cet article a été publiée sur Servicevie. -Lecture: Vivre avec une personne dépressive, Dr Brian Bexton, Éditions Bayard, 2008. quelques conseils à son patient: «À long terme, il est important de vérifier que le patient dispose d’un réseau social complet: ce n’est pas seulement disposer de personnes très proches «sur qui véritablement compter», mais aussi de toutes sortes de relations. Un certain nombre de personnes fragiles ont tendance à ne solliciter que des personnes entièrement fiables. Il est utile de leur expliquer que, tout en ayant besoin de ces personneslà, ils ont aussi besoin de relations plus légères, plus superficielles, moins fiables peut-être : par exemple, cette connaissance au travail qui n’a pas appelé pendant la dépression pour prendre des nouvelles, mais qui est toujours très drôle lorsque la personne déjeune avec elle, pour ses bons côtés (elle me fait rire) tout en connaissant ses limites (ce n’est pas sur elle que je dois compter quand je vais mal). Source : Management des symptômes de nos patients déprimés, Christophe André, Bernard Gay, Éditions scientifiques – 2009 Comment aider un jeune en dépression? S Extraits du document «La dépression est réversible» de la Fondation des maladies mentales avoir décoder Solidaires pour la vie Solidaires pour la vie est un programme de sensibilisation à la dépression destiné aux étudiants de 14 ans et plus, à leurs parents et aux intervenants scolaires. Chaque année, Solidaires pour la vie informe gratuitement plus de 50 000 jeunes dans 300 écoles secondaires partout au Québec. Les animateurs accueillent les demandes des étudiants et les orientent vers les ressources de l’école et/ou vers les équipes de santé mentale jeunesse du CLSC local. Pour toute information au sujet de la tournée ou pour recevoir une présentation, communiquez avec La Fondation des maladies mentales 514-529-5354 poste 231 1 888 529-5354 poste 231 Pour des informations concernant la dépression chez les jeunes, vous pouvez consulter notre site : www.fondationdesmaladiesmentales.org Le jeune dira rarement qu’il souffre de dépression, mais lorsqu’on le connaît bien, il est possible de remarquer des changements ou une rupture dans son comportement. De plus, avec la connaissance des symptômes, les signes de la dépression vous paraîtront peut-être plus évidents. Briser l’isolement Lorsqu’un changement de comportement radical survient chez le jeune, il faut d’abord lui permettre de s’exprimer. Il a besoin d’être écouté, soutenu et accompagné, sans être jugé. Des questions simples comme «tu m’inquiètes...qu’est-ce qui se passe...» peuvent l’amener à se confier. S’il est réticent, son meilleur ami ou ses professeurs peuvent être mis à contribution pour confirmer certains doutes ou pour lui venir en aide. On peut TEL-JEUNES 1 800 263-2266 www.teljeunes.com JEUNESSE J’ÉCOUTE 1 800 668-6868 (24h) wwww.jeunessejecoute.ca REVIVRE 1 866 REVIVRE (738-4873) URGENCE SUICIDAIRE 911 ou aller à l’hôpital ou Centre de prévention du suicide au 1 866 APPELLE (277-3553) INFO-SANTÉ : 811 Référer La personne dépressive n’a plus la capacité de réagir. Ce sont donc les gens de son entourage qui doivent lui venir en aide. Attention ! Réagir à la place de l’autre ne signifie pas se donner la mission de le guérir, mais plutôt d’inciter le jeune à chercher de l’aide et à consulter un profes- sionnel de la santé. Plus que les amis ou les professeurs, les parents ont un rôle très important à jouer : ils ont la responsabilité de le référer à une personne-ressource compétente. La priorité est qu’un diagnostic soit posé. Cette étape importante peut s’avérer parfois une réelle course à obstacles et sembler décourageante : les parents doivent insister, poser beaucoup de questions et persévérer afin d’obtenir des réponses satisfaisantes. Le médecin et le psychiatre sont les seuls professionnels qui peuvent évaluer la santé du jeune et diagnostiquer une dépression. Ils sont en mesure de confirmer que son état dépressif n’est pas causé par d’autres maladies (mononucléose, anémie, problème thyroïdien, etc.) dont certains symptômes ressemblent à ceux de la dépression. Encore beaucoup de mythes Fausses croyances au sujet de la dépression chez les jeunes S RESSOURCES UTILES également lui faire promettre d’en parler à une personne de son choix, en lui faisant nommer cette personne. Souvent, les parents sont les derniers informés de ce que vit le jeune. D’où l’importance que l’entourage pose des questions lorsqu’un nouveau comportement survient. Un jeune très fermé et refusant toute approche rendra cette situation encore plus difficile à vivre, mais ses proches doivent trouver le moyen de lui dire qu’ils tiennent à lui et qu’ils sont inquiets pour lui. i je souffrais de dépression majeure, je le saurais. FAUX. Environ 70% des jeunes dépressifs ne savent pas ce qu’ils ont, car leur dépression n’a pas été diagnostiquée, donc pas traitée. Cela signifie que leur entourage ne le sait pas non plus et souvent, ne comprend pas ce qui se passe. Si un jeune arrêtait de s’apitoyer sur son sort, il cesserait d’être dépressif. FAUX. La nonchalance et l’apathie sont le résultat de la dépression et non la cause. Ce n’est pas une question de volonté de changement. L’adolescent se sent dans une situation d’impuissance totale qui peut paraître comme un manque de désir de s’en sortir. Les médicaments contre la dépression créent une dépendance. FAUX. Les antidépresseurs ne créent pas d’accoutumance. Ils servent à régulariser l’humeur et permettent à la personne de remonter à la surface. La combinaison antidépresseurs et psychothérapie, de même que le soutien de la famille et des amis est souvent le plan de traitement le plus efficace. Les jeunes souffrant de dépression se retrouvent seulement dans des familles à problèmes. FAUX. Les jeunes souffrant de dépression se retrouvent dans tous les types de famille. Le suicide est une question de courage ou de lâcheté selon nos convictions personnelles. FAUX. Il ne s’agit ni de courage, ni de lâcheté mais de détresse, d’un désir de faire cesser la souffrance causée par la dépression. Je suis plus à risque de vivre une dépression si un membre de ma famille souffre ou a déjà souffert d’une dépression. VRAI. On reconnaît maintenant l’existence d’une vulnérabilité génétique à la dépression. La dépression est une maladie incurable. FAUX. Entre 80% et 90% des gens atteints de dépression clinique peuvent, de nos jours, être efficacement traités au moyen de médicaments et de psychothérapies. Il s’agit d’un taux de réussite extrêmement élevé pour toute grande maladie. Voilà pourquoi nous disons que la dépression est réversible. # 41 - Bulletin Vers la santé mentale|7 La thérapie de couple utilisée contre la dépression Article de Soline Blondin, Intervenante à l’APQAMM C et article présente une approche cognitive et comportementale du traitement de la dépression en utilisant la thérapie de couple. Les problèmes relationnels et la dépression vont souvent de pairs. En effet, des individus mariés souffrant de dépression ont un moins bon ajustement marital que les non-déprimés, ce qui peut participer à l’augmentation des symptômes dépressifs. La première étape du traitement est l’évaluation. Le thérapeute va regarder la perception que chaque membre du couple a de la relation, de ses forces et de ses faiblesses. Ensuite, il va s’intéresser à l’évolution et à l’intensité des symptômes dépressifs. Vivre avec un proche souffrant de dépression peut causer de la détresse. Le thérapeute va donc évalué la dépression - non seulement de la personne portant le trouble - mais également de son partenaire, et voir quelle est sa compréhension des manifestations de la dépression. Celles-ci ne sont pas toujours bien comprises par les proches. La thérapie de couple suit généralement trois étapes 1. éliminer les stresseurs principaux et rétablir des activités positives dans la relation ; 2. améliorer la communication et la résolution de problème dans le couple ; 3. maintenir les changements positifs et prévenir la rechute. 1. Éliminer les stresseurs principaux et rétablir des activités positives dans la relation : L’idée ici est la suivante : de travailler ensemble sur les difficultés va permettre d’améliorer la relation de couple, et aussi le bien-être de chacun. Une partie de psychoéducation va être proposée pour mettre en évidence que certains comportements, comme la perte d’intérêt, sont des symptômes de la dépression et non un signe de rejet ou de désintérêt pour la relation. On expliquera que la dépression est un trouble récurant et que les personnes ne peuvent pas simplement décider d’en sortir par leur simple volonté. Les difficultés relationnelles et la dépression peuvent être dues en partie à un haut niveau d’échanges négatifs et un faible niveau d’échanges positifs. Le thérapeute souligne auprès des partenaires l’importance des comportements et des gestes d’attention. Ils vont avoir comme «devoir» de prévoir des moments où ils vont donner des marques d’attention indépendamment du fait que l’autre l’ait fait ou pas. Comme la dépression et les problèmes relationnels ont tendance à provoquer une attention particulière sur les éléments négatifs, les partenaires vont aussi devoir prêter attention et souligner leur appréciation face aux gestes affectueux de l’autre. En effet, remercier son 8 | Bulletin Vers la santé mentale # 41 partenaire d’avoir fait quelque chose de positif augmente la probabilité que ce comportement advienne de nouveau. Une autre façon d’augmenter les échanges positifs est d’encourager les activités de camaraderie. Les personnes souffrant de dépression ont souvent des réticences à donner des marques d’attention ou à participer à des activités car elles ont le sentiment que rien ne leur apporte plus de plaisir. Il peut être aidant dans ce cas de proposer à la personne de prédire son niveau de plaisir ou de satisfaction sur une échelle de 1 à 10 avant l’activité, et de réévaluer ce niveau après l’activité. La personne va souvent réaliser qu’elle a eu plus de plaisir que ce qu’elle anticipait. Chaque membre du couple va aussi devoir trouver des activités qui sont source de détente et de plaisir pour eux. En effet, il est important que l’autre ne soit pas l’unique pourvoyeur de satisfaction. Une double attention sur les récompenses individuelles et de couple a plus de chance d’avoir un effet sur la dépression que seulement l’un ou l’autre. 2. Améliorer la communication et la résolution de problème dans le couple : En premier lieu, les couples apprennent des habiletés verbales et non-verbales d’une écoute et d’échanges empathiques (par le ton, les expressions faciales, la posture, en utilisant la reformulation et les reflets). Le thérapeute encourage les personnes à parler avec le «je», de façon claire et courte pour éviter d’envahir celui ou celle qui écoute, et d’exprimer leur point de vue subjectif en partageant leurs pensées et leurs émotions. Quand les partenaires maîtrisent ces habilités en parlant de sujets neutres et positifs, ils peuvent passer à des sujets émotifs ou conflictuels. Puis ils apprennent les étapes basiques de la résolution de problème : définition du problème, brainstorming, prise de décision, implanter les solutions. Ils commencent avec des petits problèmes pour arriver ensuite à des problèmes plus profonds. Certaines études montrent que l’évolution de la dépression peut-être en partie prédite par le niveau de critique exprimée par le partenaire. Attention, il ne s’agit pas d’un lien de cause à effet ! Les symptômes dépressifs peuvent exacerber les manifestations de critique chez le partenaire, mais aussi la perception de ces manifestations par la personne souffrante. Le thérapeute peut donc expliquer ces phénomènes et travailler avec le couple afin de réduire le niveau de critique exprimé et perçu. On peut enseigner au couple à faire la différence entre ce que ce que le partenaire veut vraiment exprimer et l’effet qu’a son message sur l’autre partenaire qui le reçoit. Il est utile que la personne souffrant de dépression signale son malaise quand elle a le sentiment que son conjoint est critique, et valide auprès de lui si c’est vraiment son intention. Cela permet de repérer quels comportements sont perçus comme critique et de les changer. 3. Maintenir les changements positifs et prévenir la rechute : Chaque partenaire écrit ce qu’il a appris et ce qu’il a trouvé le plus aidant dans la psychoéducation. Ces résumés peuvent être gardés comme un outil auquel ils peuvent se référer afin de rafraîchir leurs apprentissages et habilités acquises, et comme un rappel des choses qu’ils peuvent faire si de nouveaux problèmes adviennent. Le thérapeute les encourage aussi à reconnaître les premiers signes de la dépression et les premières étapes qu’ils peuvent effectuer afin d’en prévenir la récurrence. Pour finir, il est possible de réduire progressivement le nombre de rencontres en diminuant leur régularité. Il est aussi possible de garder quelques sessions comme «booster». Le couple est alors considéré comme un couple sain pouvant être parfois sujet à des stresseurs externes qui pourraient susciter des difficultés. L’avantage de cette perception est que les problèmes relationnels et les rechutes partielles sont normalisées et utilisées de façon constructive. Ainsi la thérapie de couple peut être efficace pour réduire les symptômes dépressifs et améliorer le fonctionnement du couple. En résumé : augmentation de la cohésion dans le couple / amélioration de la communication et de la résolution de problèmes /anticipation et préparation des rechutes. Ainsi La thérapie de couple permet d’améliorer le fonctionnement individuel et interpersonnel. Toutes les personnes qui souffrent de dépression ne vivent pas de difficultés de couple, cependant une thérapie de couple peut faire partie d’un plan de traitement plus large. En effet, les thérapies basées sur le couple pour traiter la dépression semblent aider les personnes souffrant de difficultés relationnelles en plus de la dépression ainsi que ceux n’éprouvant pas ce type de difficultés. Source : Whisman & Beach - Couple Therapy for Depression - 2012 J of Clinical Psy La dépression post-partum Un article rédigé par Suzanne Michaud, Intervenante à l’AQPAMM | Les sentiments d’incompétences quant au nouveau-né. A fin de bien comprendre la dépression post-partum, il est important de faire la différence entre « baby blues » et dépression. Le baby blues apparaît environ 3 ou 5 jours après l’accouchement et il est généralement passager, c’est-à-dire, d’une durée de plus ou moins 15 jours. Il s’agit d’une forme de dépression légère qui s’explique principalement par des changements physiologiques et le manque de sommeil. La femme se sentira plus irritable, plus anxieuse et vivra des sautes d’humeur. La dépression post-partum est plus grave et demande l’aide d’un médecin. Elle touche environ 10 % à 20 % des nouvelles mamans. Plus tôt la dépression sera diagnostiquée, plus efficace sera le traitement. L’apparition des symptômes peut survenir à tout moment au cours de la première année suivant l’accouchement, mais principalement dans les six premiers mois. Même si plusieurs études ont été faites au fil des ans, sur la dépression post-partum, il est difficile d’identifier LA cause de ce phénomène. Il est par contre évident que plusieurs facteurs peuvent prédisposer la femme à vivre une dépression post-partum. | Des antécédents de dépression (50 % des femmes étant déprimées avant ou pendant la grossesse, vivent une dépression post-partum). | Des modifications hormonales. | L’épuisement. |Le manque de soutien familial et social. | Les antécédents familiaux de dépression post-partum. Les symptômes ressemblent aux autres formes de dépression, mis à part le fait que certaines pensées sont en lien direct avec le bébé (peur de faire mal à son poupon, avoir des idées de violence envers bébé, négligence envers le nouveau-né, désintéressement relativement au bien-être du bébé…). Les autres symptômes sont : • • • • • • • Fatigue Tristesse Retrait social Insomnie Sautes d’humeur Fluctuations de l’appétit Pensées suicidaires Outre la médication, il est important d’aller chercher du soutien moral (famille, amis, ressources communautaires), de se reposer, bien s’alimenter, faire de l’exercice et conserver son réseau social. La plupart des cas se traitent facilement et en quelques mois. Toutefois, si une femme néglige d’aller chercher l’aide médicale adéquate, la situation peut s’aggraver et les symptômes s’accentuer. Il est parfois nécessaire d’hospitaliser la mère afin de la protéger, et de protéger son nouveau-né. Il ne faut surtout pas juger les femmes atteintes de dépressions post-partum, mais plutôt les accompagner dans leur processus de guérison. Plus la femme se sentira appuyée par son réseau social, plus elle réussira à retrouver goût à la vie et à apprécier son nouveau rôle de mère. # 41 - Bulletin Vers la santé mentale|9 Stress et détresse chez les hommes: demandent-ils de l’aide ? Un article rédigé par Nicole Paquette, Conseillère clinique à la Fondation des maladies mentales L a Fondation des maladies mentales du Québec offre un service de référence à toute personne qui demande de l’aide, de l’information ou des ressources en santé mentale. Les demandes par téléphone ou par courriel provenant d’hommes ne totalisent que 30% du total des demandes pour tous les groupes d’âge confondus. (...) Au cours des trois dernières années, les demandes provenant des garçons ont représenté entre 25 et 29% du nombre total des demandes. Ces statistiques semblent être représentatives de la littérature scientifique qui a clairement établi que les hommes demandent moins d’aide que les femmes. (...) Quel est le profil des hommes qui font appel à nos services ? Les hommes appellent pour différentes raisons et il n’existe pas nécessairement un profil précis qui nous permet de prédire qui sollicitera nos services. À titre indicatif, voici le portrait des situations les plus fréquentes : -Le conjoint d’une personne atteinte ou en détresse qui veut savoir comment l’accompagner. -Le père de famille dont l’enfant vit des problèmes de santé mentale. Dans certains cas, le père se sent coupable parce qu’il existe des antécédents de maladie mentale dans sa famille. -Les hommes dans la trentaine qui ont un colocataire en détresse qui refuse de consulter. Ils cherchent des ressources pour leur ami, se concertent, se relaient et installent un filet de sécurité autour de lui. -L’homme qui a des pensées dépressives, des problèmes d’anxiété ou d’estime de soi. Rien ne va plus; il se sent dépassé et vit des conflits au travail avec le patron ou ses collègues. Il a des problèmes d’insomnies et de la difficulté à gérer son stress. La détresse psychologique est d’autant plus importante qu’il souffre d’isolement. En effet, il vit une rupture, n’a pas de contact avec les membres de sa famille et a pas ou peu d’amis. inquiets. Il faut toujours garder en tête que la maladie affecte non seulement la personne atteinte, mais entraîne également une modification importante de la vie familiale. Comment les orienter ? Pour amener un proche qui souffre à consulter, on peut lui proposer de l’accompagner chez son médecin de famille. On peut également chercher de l’information et des ressources et les partager avec lui. Si l’état de notre proche se détériore et qu’il a des idées suicidaires, il faut sans tarder consulter un centre de crise afin de pouvoir Germain Dulac, sociologue, est formel: 70% des hommes qui font une première démarche et qui ne reçoivent pas de réponse satisfaisante, ne feront pas de deuxième appel. Il est donc nécessaire d’être grandement à l’écoute de leurs demandes et de décoder les messages non exprimés: la colère et ‘70% des hommes qui font une première démarche et qui ne reçoivent pas de réponse satisfaisante, ne feront pas de deuxième appel’ une grande souffrance. Afin de maximiser les chances d’aider ces hommes en détresse, il est nécessaire que ce premier coup de fil soit satisfaisant pour eux. Certains hommes veulent un plan de match clair avec des réponses à leurs questions. Par où je commence? Qu’est-ce que je fais après? Ils ont besoin de réponses et veulent savoir de quelle maladie ils souffrent. Ce besoin d’avoir un plan précis, de pouvoir identifier cette souffrance à un diagnostic permet probablement de sentir une certain contrôle sur la situation. Les orientations varient évidemment selon les besoins spécifiquement exprimés et le degré de détresse. (...) Comment dire à un proche qu’il a besoin d’aide et l’accompagner dans cette démarche ? L’entourage est le premier témoin des changements de comportement chez la personne souffrante. Les conjointes sont souvent alarmées par le fait que leur partenaire ne parle pas et qu’il ne veuille pas consulter. Leur stress est d’autant plus grand lorsque les enfants réagissent à la situation et deviennent 10 | Bulletin Vers la santé mentale # 41 compter sur les compétences cliniques et professionnelles des intervenants. Fait intéressant, le Centre de crise L’Entremise a développé un protocole d’intervention soutenue auprès des hommes suicidaires à l’intention des familles et des intervenants du réseau. En effet, si nous croyons qu’un de nos proches a rapidement besoin d’avoir accès à un service d’intervention intensif sur ce plan, indépendamment de ce qu’il présente comme autre problématique, voici la marche à suivre : Il faut obtenir l’accord de l’homme souffrant de donner son numéro de téléphone et le communiquer à l’Entemise. Les intervenants feront la démarche de communiquer avec le client, lui évitant de multiplier les demandes qui, souvent, mènent à une démotivation et un renoncement à l’aide voulue. Si la situation se détériore, ou qu’une ressource plus spécialisée est nécessaire, les intervenants accompagneront le client vers la ressource appropriée. Et les proches dans tout ça ? Les proches de la personne atteinte ne doivent jamais perdre de vue leur propre bien-être. Afin de mi- nimiser l’impact sur la santé physique et mentale ainsi que la vie sociale et professionnelle de toute la famille, on leur recommande de se joindre aux associations de parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale. Ces associations offrent de l’information ainsi que du soutien sous forme de groupes d’entraide. En effet, des services d’écoute et de références, des rencontres individuelles, de couple et familiales aideront les aidants à fixer leurs limites, les respecter et les faire respecter. Dans son livre Vivre avec une personne dépressive, Dr Bexton met les aidants en garde de ne pas enclencher le cycle infernal: sympathie, frustration, colère, culpabilité et honte. Sympathie: l’aidant aime la personne qui souffre, veut l’aider, essaie plusieurs approches qui tombent dans le vide, c’est la frustration légitime. La frustration augmente, c’est la colère. Lorsqu’elle est exprimée, elle peut mener à la culpabilité: Je n’aurai pas dû, il est si vulnérable. Pour compenser ou se racheter, l’aidant redouble de sympathie et le cycle est reparti. Il est donc essentiel pour l’aidant de mettre ses limites et travailler en équipe avec les intervenants et les groupes d’entraide pour éviter de s’isoler. Que peut-on espérer dans le futur ? Étant donné que les hommes vivent leur souffrance différemment des femmes, serait-il une bonne idée d’avoir des services que pour eux? Dans son livre Ne me dites surtout pas que ma colère est rose, Jacques Charland nous confie son rêve ultime: fonder la maison du chaos... Un endroit où tout homme en pleine crise pourrai se réfugier, une sorte de clinique où tout homme aurait le droit de vivre sa colère. Et si c’était une piste de solution? Sources : MammouthMagazine Le magazine officiel du centre d’études sur le stress humain. N°11, juin 2011 Et si la dépression était une solution ? Article rédigé par Jessica Abdelmoumene, intervenante à l’AQPAMM V ous êtes en train de relire le titre en vous demandant si vous avez bien lu? Oui, vous avez bien lu! Ceci dit, votre étonnement est compréhensible. Prenons le mot dépression pour commencer. Du mot latin Depressio (enfoncement), il évoque la chute, la lourdeur. Alors en quoi cela peut-il être une solution ? Essayons de cheminer ensemble dans cette réflexion. Prenons pour point de départ la question suivante : Quel est le problème? La dépression ou ce qui y a conduit l’individu? On commence à avoir une piste intéressante, l’idée que la dépression arrive en réaction humaine à une série de facteurs tout aussi humains. Vous suivez toujours? C’est un bel exercice vous allez voir… Donc cela veut dire qu’il est possible que ce soient les choix de vie d’une personne qui l’aient conduite à la dépression? Oui mais, il faut nuancer ce propos… il ne s’agit pas toujours de choix conscients et délibérés. Toute personne tente de poursuivre sa vie comme elle croit qu’elle le peut, avec les défenses qui sont les siennes, avec sa réalité, sans nécessairement avoir une idée d’où cela la mènera. Parfois cela mène à la dépression. En quoi est-ce donc une solution demanderez-vous? Voici l’idée proposée : la dépression, serait avant tout un indice du corps sur le degré de bonheur vécu par l’individu. Cet indice peut servir de ressort à la personne pour prendre conscience de ce qu’elle a négligé, ses besoins et désirs, afin d’effectuer un changement dans ses habitudes de vie mais également dans sa perception d’elle-même et des autres. Il peut être nécessaire d’avoir un témoin extérieur également de la situation, notamment une relation d’aide psychologique. Pour prendre conscience du pouvoir que l’on a sur ce que nous vivons, il est bien souvent nécessaire de s’arrêter et de faire le point. Dans la dépression, le corps de la personne l’arrête, mais encore faut-il prioriser un retour à l’écoute de soi, de ce corps justement. Dans une société de plus en plus exigeante sur le plan économique et productif, il peut être quelques fois difficile de s’autoriser à mettre ses besoins au premier plan et prendre le temps nécessaire pour s’y attarder. En d’autres mots, il faut que la dépression soit utilisée par l’individu pour qu’elle puisse être l’occasion de mettre en place une solution pour l’avenir. Beaucoup de gens vous diront qu’ils ont vécu une dépression, en sont sortis et ont changé leur façon de vivre afin d’expérimenter un plus grand bonheur. La dépression fait peur mais elle est peut-être le dernier recours que le corps et l’esprit ont trouvé pour forcer un arrêt dans une direction qui niait les ingrédients nécessaires au bonheur de la personne. La dépression pourrait donc solliciter la créativité et ce que Boris Cyrulnik appelle la résilience, à savoir la capacité à rebondir après un traumatisme ou un évènement de vie douloureux en trouvant les ressources intérieures et extérieures pour se rétablir. Elle appelle l’individu au changement. La personne qui s’est sortie d’une situation douloureuse peut être plus au courant de ses ressources, porter une plus grande attention à son bien-être et se souvenir des outils qu’elle a acquis. La dépression pourrait alors être l’occasion d’un changement. Un autre regard sur la dépression. CENTRES DE CRISE Les centres de crise offrent des services gratuits aux personnes ou à leurs proches en situation de crise : angoisse | dépression |désespoir confusion | idées suicidaires Vous pouvez appeler en tout temps, 24 / 7, tous les jours de l’année. Un intervenant répond à votre appel en s’assurant de bien évaluer votre situation afin de vous offrir l’aide appropriée. Une 1ère intervention peut être faite directement auprès de la personne dans le besoin, pour résorber un premier niveau de crise. Il est aussi possible qu’on vous propose une rencontre en face-à-face, ou encore l’orientation vers une ressource répondant à votre besoin. Le service d’intervention téléphonique est accessible aux personnes ainsi qu’à leur entourage. Les gens qui reçoivent de l’aide d’un centre de crise ou qui en ont déjà reçu, peuvent aussi faire appel au soutien téléphonique pour une intervention ponctuelle. CENTRES DE CRISE DE L’ÎLE DE MONTRÉAL Association Iris (Nord) 514-388-9233 L’Appoint (Hôp. L.-H. Lafontaine) 514-351-6661 L’Autre Maison (Sud-Ouest) 514-768-7225 L’Entremise (Est de Montréal) 514-351-9592 Le Transit (Centre-Est) 514-282-7753 Tracom (Centre-Ouest) 514-483-3033 Ouest de l’île (Ouest) 514-684-6160 # 41 - Bulletin Vers la santé mentale|11 Activités L’ensemble de ces activités s’adressent aux proches, parents et amis de personnes atteintes de troubles de santé mentale, diagnostiquées ou non. RELATION D’AIDE : GROUPES DE SOUTIEN Lundi - vendredi | Lieu : Aqpamm En journée et en soirée | SUR RENDEZ-VOUS UNIQUEMENT Toutes maladies confondues 1er mardi du mois | 19h-21h Lieu : Pointe-Aux-Trembles En devenant membre de l’association, vous pouvez avoir accès à une relation d’aide en rencontrant une intervenante (durée: 1 heure environ) et à votre rythme. Ces suivis peuvent se faire de façon individuelle, en couple ou en famille. Trouble de personnalité limite 1er mercredi du mois | 18h30-20h30 Lieu : Aqpamm SUIVIS INDIVIDUELS, DE COUPLES ET FAMILIAUX INFORMATION, RÉFÉRENCE ET ÉCOUTE PSYCHOÉDUCATION 10 à 15 semaines | Lieu : Aqpamm 2h par cours | En soirée Lundi-vendredi | Lieu : Aqpamm 9h00 - 17h00 Les intervenantes sont disponibles pour répondre à vos appels, que ce soit pour recevoir de l’information, se faire référer, prendre un rendez-vous ou parler, tout simplement. Service ouvert à tous, gratuit et confidentiel. Les cours de psychoéducation s’adressent aux membres de l’association désireux de recevoir une formation complète sur un maladie en particulier. Ces formations demandent un engagement de la part des participants. Plusieurs sessions par année. Thèmes offerts : Trouble de personnalité limite, schizophrénie, psychose. Toutes maladies confondues 3ème mardi du mois | 15h-17h Lieu : Aqpamm Groupe de soutien thématique 4è mercredi du mois | 18h30-20h30 Lieu : Aqpamm Reprennent les thèmes des conférences Les groupes de soutien sont animés par nos intervenantes psychosociales. Les personnes qui sont aux prises avec un proche ayant des troubles de santé mentale se retrouvent ensemble pour rompre avec l’isolement, échanger, partager leur expérience et se faire conseiller. RESSOURCES CONFÉRENCES PUBLIQUES HEURES D’OUVERTURE Des articles essentiels, des fiches maladies, des liens vers d’autres organismes, et toutes nos informations et calendrier des activités sur nos différents points d’information : 2è mercredi du mois | Lieu : Aqpamm 19h00-21h00 En journée Lundi-vendredi 9h00-17h00 www.aqpamm.ca Notre page Facebook «AQPAMM» Les conférences sont animées par des professionnels qui viennent parler d’un sujet qui touche directement les proches de personnes atteintes de maladie mentale. Gratuit pour les membres de l’AQPAMM et de la SQS, 5$ pour le public. En soirée Lundi-jeudi 18h00-21h00 Activités sur inscription uniquement Pour toutes les activités, réservations obligatoire (514) 524-731 ou [email protected] 1260 Ste Catherine Est, Bur. 208, Montréal (Québec) H2L 2H2 www.aqpamm.ca