Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 1 – Juin 2008
conditions sociales, tout en se révélant être un instrument pour engendrer la réflexion. De
plus, il apparaît finalement comme une manière de prendre quelque distance à l’égard des
déterminations qui, dans la vie sociale courante, fixent l’individu à sa place et le situant dans
le monde qui l’entoure. Cela offre une liberté d’action sans restriction quant aux savoirs et
aux possibilités rencontrées par l’enfant, et toujours en accord avec les moyens et la politique
de l’école.
Le jeu fait partie intégrante de la construction de l’enfant (jouets, jeux…), alors il
semblerait plausible de construire l’éducation autour de celui-ci, ou au moins de l’utiliser de
manière régulière dans les apprentissages. Son utilisation comme instrument d’éducation a vu
son introduction répétée de manière régulière au cours des derniers siècles (Dewey à New-
York en 1896, Decroly en Belgique en1901, Montessori en Italie en1907, Piaget à Genève
en1911), sans pour autant s’imposer de façon définitive. Pourtant, à l'heure actuelle, les jeux
éducatifs sont bien souvent encore controversés. Le jeu est rarement considéré comme
sérieux, seul le travail est sérieux. Malgré tout, nous pouvons apprendre en jouant, tout en
intégrant mieux les connaissances. Britt-Mari Barth35, écrit : « Le cerveau fonctionne mieux
quand il s'attend à une activité complexe et agréable comme le jeu, il se met en éveil, prêt à
enregistrer. La monotonie l'endort, l'ennui l'empêche de rester actif. Le cerveau aime
"jouer" ».
Mais jouer ne signifie pas pour autant l’absence de règles, qui peuvent même être
fondamentales. En ce qui concerne la pratique de jeux à règles, Piaget (1972) pense qu'à
chaque étape du jeu, l'enfant est confronté à un conflit entre la règle du jeu et ce qu'il aurait
fait s'il pouvait agir spontanément. Le jeu de règles est un univers structuré où l'activité du
sujet se déroule selon des contraintes, s'ordonne autour de celles-ci. Aussi l'enfant apprend à
ordonner ses activités par rapport à une structure. Comme le demande le socle commun par
l’énoncé suivant : « il s’agit de maîtriser, comme individu et comme citoyen, les règles
élémentaires de la vie en société et de les mettre en œuvre dans le cadre scolaire »36. Les
règles sont arbitraires et l'obligent à se conformer à un type de conduite. L’enfant est alors
soumis au processus "d'assimilation" par lequel l’individu se fond dans un nouveau cadre
social, plus large, souvent le groupe plus important, car il ne peut participer au jeu que s'il
adopte les règles. Lorsque le sujet maîtrise, contrôle le jeu, en saisit le principe, lorsqu'il est
capable de conduire la partie en y apportant conformément aux règles, sa marque personnelle,
alors il y a "accommodation". L’assimilation comme l’accommodation sont la preuve de la
pertinence que peut apporter le jeu à l’élève. Cependant, lorsque les règles deviennent
arbitraires, se manifeste en grande partie le potentiel du jeu. Il est possible dans ce cadre de
voir des actions pertinentes des élèves, tant sur le plan comportemental que social, avec la
prise en compte de l’avis de l’autre. La naissance d’objectifs communs amène la coopération,
qui selon Piaget, est un point d'appui des structures cognitives. Cela renforce son hypothèse
que la pratique du jeu de règles peut favoriser le développement cognitif donc l'acquisition de
structures cognitives.
Les différents éléments cités précédemment nous amènent à considérer le jeu comme un
outil utile dans les cours de la structure scolaire. Cependant, il est nécessaire de réfléchir sur
sa mise en place.
Pour notre étude, il est important de situer le cadre dans lequel évolue notre élève. Le
déterminer s’apparente à évaluer les matières prises en compte ainsi que les élèves auxquels le
jeu de rôle s’adresse. Nous considérons que le jeu de rôle est bénéfique pour tous les élèves,
qu’ils soient bons ou en difficulté. Derrière ces notions de « bons » ou « en difficulté », peut
35 Barth B.M. L'apprentissage de l'abstraction.1987
36 Socle commun : les compétences sociales et civiques.