L'art de communiquer sur l'art : quelle place pour la critique dramatique ?
4 LIMOGE Estelle_2008
Remerciements
Pour leur encadrement et leurs conseils, je souhaite tout d'abord remercier les professeurs de
l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon qui ont suivi l'élaboration de ce travail et ont aidé à son
aboutissement : Mme Papaefthymiou, qui a dirigé le séminaire Art, Politique Management et a
permis d'initier et d'orienter cette étude, M. Sanier, qui a contribué à donner des pistes de réflexion
utiles à la démarche.
Pour son accueil et sa disponibilité, je remercie le personnel de la Maison Jean Vilar, à
Avignon. En particulier Marie-Claude Billard, conservateur. La majeure partie des textes étudiés
provient en effet des archives de la Bibliothèque Nationale de France conservées à Avignon et
participe au processus fondateur de ce travail.
Je tiens particulièrement à remercier M. Daniel Limoge et Mlle Laurie Monziols pour leur
lecture attentionnée et leur qualité d'écoute. Ainsi que toutes les petites lueurs de l'ombre qui m'ont
encouragé, guidé, écouté : Etienne, Violaine, Solange...
« Entre le théâtre et sa critique, comme entre les spectacles et le public, il y a
place pour un dialogue prolongé et fécond, à condition, précisément, que, dans
ce dialogue, soit maintenue une certaine distance entre les uns et les autres, une
ouverture avec ce que ce mot sous-entend à la fois d'adhésion, d'attention et de
libre choix »1
Tranche de vie dans un Centre Dramatique National, structure théâtrale publique dirigée par un
metteur en scène, créateur connu et renommé, années 2000. Au service communication, le chargé
des relations presse, relations publiques prend contact avec les journalistes locaux ou nationaux
pour leur rappeler la prochaine création. Il leur notifie qu'il vient de leur envoyer un dossier de
presse où ils peuvent trouver un résumé de la nouvelle création, une interview du metteur en scène,
des précisions biographiques sur les comédiens... Le jour de la représentation, le chargé de relations
presse s'empresse d'accueillir le journaliste, critique dramatique d'un instant. Ce dernier publie
le lendemain un encart plus ou moins long...rédigé avec des bribes du résumé envoyé, mélangé
avec quelques paroles du metteur en scène interviewé...Si les événements politico-économiques du
jour provoquent un déchaînement médiatique, une simple annonce suffit...« Ce n'est pas une vraie
critique » s'exclame alors le créateur lorsqu'est constituée la revue de presse, dans laquelle sont
cantonnés tous les articles pour justifier de l'activité du théâtre devant les tutelles. Quelques mois
plus tard, c'est l'effervescence dans la structure. Une des créations fait partie de la sélection pour
recevoir le Prix du Syndicat de la critique. Le prix est gagné. La réussite est diffusée dans tous les
supports de communication à disposition. Et toute l'équipe attend fébrilement l'année prochaine,
pour une nouvelle création, et qui sait, une nouvelle récompense...
Ainsi s'expriment les paradoxes qui entourent la communication artistique. Esprit critique,
encart informatif, la frontière est devenue floue et le rôle de chacun peine à être défini.
Intermédiaires entre le public et la création, les chargés de communication et de relations publiques
cultivent l'art de la diffusion. Discours rodés, rencontres avec le public, relations soignées avec
les relais médiatiques, la diversité des moyens est bien réelle. L'art de communiquer sur l'art est
devenue une véritable profession qui semble, de fait, écarter la figure du critique dramatique,
personnage de l'ombre à la plume acerbe, jadis capable de faire et défaire les réputations. Pourtant,
le syndicat des professionnels de la critique l'affiche publiquement : « La critique professionnelle de
1 Bernard Dort, Théâtre Public, Essais critiques, p 23