Restituant l'ambiance d'un village inondé de verdure, le quartier des Béalières a été conçu en s'inspirant de certains principes de l'écologie urbaine avec la volonté de préserver les éléments du milieu naturel, de susciter une architecture variée pour un habitat diversifié et de donner aux espaces publics les qualités requises pour l'épanouissement d'une vie communautaire, notamment vis à vis des enfants . Soustendu par la volonté politique forte des élus de privilégier un dialogue avec les futurs habitants, ce lieu de vie sociale intense est né de l'envie de la population de vivre « comme à la campagne » . La visible harmonie régnant entre les différents groupes sociaux qui se côtoient (piétons/automobilistes, enfants/adultes, immigrés/cadre moyen), la conception originale de ce quartier à l'aide de cours urbaines et de rues mixtes et les moyens mis en place pour une large concertation avec les habitants de Meylan sont autant d'aspects qui justifient la notoriété de ce «morceau de ville» [photo 1] . Sommaire ► Un quartier composé autour de cours urbaines et de rues mixtes 75 La rue, la ruelle, le passage : un espace public hiérarchisé aux ambiances 76 variées L'îlot comme figure organisatrice 77 La nature comme assise du projet 79 p.Un quartier intégré dans un site naturel 82 A l'origine de la trame, l'histoire physique et humaine du site 82 Une voie piétonne, le routoir pour relier les quartiers 83 Le quartier des Béalières : une conception originale partagée avec la population 85 Une volonté politique affirmée pour une démarche itérative entre population et concepteurs 85 La création d'un Atelier Public d'Urbanisme a permis aux habitants de participer à la conception de leur quartier 85 Un découpage des opérations selon des morceaux d'urbanisme 86 p. Renseignements pratiques Montage 87 Principaux acteurs 87 Rédaction de la fiche 87 Photo 1 : le quartier des Béalières a été organisé à partir d'îlots plus ou moins ouverts qui ont permis de fondre ce quartier dans la végétation. 74 87 Hiérarchie des circulations circulation voiture/piéton e. EMME voie communale rue mixte cour urbaine cheminement piétons two itinéraire place structurée Photo 2 : le quartier des Béalières est structuré à partir de cours urbaines et de rues mixtes qui ont permis d'inverser le rapport de force entre les voitures et les piétons . Un quartier composé autour de cours urbaines et de rues mixtes Le plan de structure du quartier, défendu dès l'origine du projet par l'architecte Charles Fourrey, est élaboré à partir d'une trame carrée de 80m de côté . L'espace est ainsi organisé en îlot avec d'un côté les rues habitables, de l'autre les cours intérieures. L'idée, communément partagée à Meylan, était de rendre le quartier aussi lisible que possible (à l'inverse des quartiers construits pendant la décennie 70) en adoptant un système simple de voies orthogonales . Ce quadrillage de rues offre ainsi une multitude de parcours et de perspectives et facilite « la mise en scène» de l'espace public sur laquelle repose le fonctionnement du quartier [photo 2]. Le choix de structurer ce quartier à partir d'une trame à de plus permis de traiter le raccordement des voies de desserte des Béalières avec deux voies communales . Au sud, une avenue concentre la circulation à l'échelle de la ville de Meylan et accueille des transports en commun . 'A l'ouest, une rue s'élève sur les flancs du Massif de la Chartreuse et pour dbs raisons de sécurité ne débouche pas sur la nationale n° 90 mais se termine en impasse sur le lycée . L'aménagement de la place commerçante, placée à l'intersection de ces deux voies et à l'interface de deux quartiers dont celui des Béalières, limite la vitesse des véhicules à l'aide d'un plateau surélevé. 75 La rue, la ruelle, le passage : un espace public hiérarchisé aux ambiances variées La volonté première sur le quartier des Béalières était de renverser le mode de raisonnement habituel . Au lieu de structurer le quartier à partir de l'ir r igation automobile, il est paru plus logique de le structurer par rapport aux circulations. L'ensemble de ce quartier est donc accessible aux piétons, aux cycles mais la circulation automobile n'est jamais prioritaire, hormis sur les axes ceinturant le quartier. Elle suit les cheminements piétons mais «en surimpression là où elle est nécessaire» pour parvenir « au plus près de chez soi » . La rue offre toujours une image accueillante afin que le piéton ait envie d'y séjourner . Subtilement associés, les végétaux, le mobilier urbain, la géométrie, les revêtements des rues, les façades du bâti . . . typent différents espaces et créent des ambiances particulières parfaitement identifiables en concordance avec les usages attendus [photo 3]. - Les rues principales d'accès au quartier sont des rues mixtes où cohabitent sur un même plateau les circulations des voitures et les piétons . Traitées de manière plus minérale, ces rues offrent des perpectives sur les symétries, les angles formés par le front bâti . Chicanes, écluses (resserrements des voies à 3,5m sur une longueur de 5 à 6m), place en rond-point et place en damier rythment la rue tout en obligeant les automobilistes à circuler à vitesse réduite . Les places de stationnement sont regroupées en petit nombre (6 tout au plus) et par la qualité de leur aménagement sont des éléments intégrés au décor environnant . Au niveau du raccordement des rues 7(, Photo 3 : les cours urbaines et les rues mixtes ont adopté toute une série d'aménagements pour modérer la vitesse des automobilistes mais ces aménagement participent pleinement à la composition du quartier et de l'espace public (Dessin : les Pressés de la Cité, architectes DPLG). principales sur la voirie communale en périphérie du quartier, les circulations piétonnes ont été séparées de celles des voitures et se développent en parallèle. - Les cours urbaines, prolongement des rues principales, irriguent le tissu du quartier et permettent . chaque habitant de se garer près de son logement. Impasses d'une longueur de 350m environ, elles se ramifient à l'orée des espaces naturels en cheminements piétons qui assurent la continuité des parcours . Le débordement des végétaux du rez-de-chaussée des logements (treilles, pergola. . .) sont là plus prégnants. Des petits bancs, élément de jeu et support d'éclairage, rappellent la vocation de « cour» de ces espaces à laquelle le pavage par ses couleurs et ses formes contribue. L'automobiliste dans ces cours urbaines suit comme précédemment un itinéraire sur lequel la vitesse est modérée par les éléments composant l'espace urbain . La cour urbaine se veut être la partie de l'espace public où « la fonction d'habiter prend le pas sur la fonction de circuler». - Le réseau piétonnier offre une diversité de parcours riche en événements visuels, végétal et olfactifs ce qui permet au gré des saisons de vivre dans des ambiances différentes. - Le Routoir, seule rue piétonne des Béalières, concentre les services publics et constitue le « centre allongé » du quartier . Elle débouche sur une place commerciale qui regroupe l'ensemble des circulations (vélo, voitures piétons) et joue un rôle de mise en relation à l'échelle interquartiers [photo 4]. Photo 4 : le routoir aménagée en rue piétonne constitue le centre allongé du quartier et un lieu de promenade apprécié . - Un grand nombre de passages à travers les cours intérieures des îlots et dans la coulée verte tissent la trame des liaisons urbaines et des relations sociales . Simples chemins de terre en allées dallées ces passages sont « le paradis des enfants » qui peuvent investir librement une foule de lieux, de recoins, de petits bois ou de ruisseaux. La ligne droite a donc été réintroduite dans le quartier des Béalières niais a été associée aux cheminements piétons et non à ceux de la voiture . Elle permet de créer des perspectives sur l'architecture des bâtiments ou sur différentes masses végétales et de sécuriser les piétons en ouvrant leur vue sur le lieu de leur destination. L'îlot comme figure urbaine organisatrice L'implantation des bâtiments, l'orientation de leurs entrées principales, l'utilisation d'une trame et le choix d'une urbanisation en îlot facilitent avant tout l'orientation du 77 Photo 5 : les masses grisées des bâtiments laissent clairement percevoir la structuration en îlot du quartier et la manière dont les façades des constructions viennent tenir l'espace public. Photo 6 : le quartier des Béalières ne comporte pas une densité homogène. Au niveau du Routoir les logements collectifs. sont plus élevés (R+3, R+4) et plus serrés. 78 visiteur même si à première vue la forme urbaine n'est pas forcément très prégnante . En effet, le choix d'une organisation urbaine à partir d'une trame aurait pu donner naissance à un ensemble bâti rigide et répétitif, mais ici la hauteur des constructions, la proximité des bâtiments, l ' utilisation du végétal, le traitement des cours intérieures ont été travaillés de façon à créer des espaces très variés . La trame de 80m a été en fait utilisée dans ce projet comme support « solide» de l ' urbanisation afin d'introduire une variété architecturale sans rompre la cohérence des espaces extérieurs créés [photo 5]. Elle permet des orienta,ijns diverses du bâti tout en organisant des cours intérieures et introduit une sociabilit 4 nécessaire à la vie de quartier . L'îlot permet une différentiation nette de l ' espace avant I .1blic de l'espace arrière plus privé . Chaque cour intérieure est aménagée suivant des thèmes différents qui caractérisent chaque îlot . Côté rue quelques jardins apportent une ambiance végétale à l'espace public. Le quartier ne comporte pas non plus la même densité en tout point du site [photos 6 et7] . II est ordonnancé et compact au niveau de la promenade piétonne puis lorsque l'on s'écarte des entrées du quartier et que l'on se rapproche de la coulée verte, les îlots sont progressivement déstructurés et la nature reprend sa place. De la même façon, la hauteur et les proportions des bâtiments sur les flancs du coteau diminuent progressivement pour céder la place à des habitations mitoyennes regroupées autour d'un espace public de plus en plus champêtre. Photo 7 : sur les contreforts l'habitat est constitué de petites maisons mitoyennes. La nature comme assise du projet Les éléments naturels (arbres, eaux de ruissellements, ruisseaux, ronces . .) et les traces de l'histoire du site (lignes de drainage, anciennes allées . . .) ont été répertorié précisément et ont constitué l'esquisse de la trame, support à l'urbanisation du quartier . Le patrimoine naturel, témoin de la première occupation du site a donc été préservé et même mis en valeur par le projet. - Ainsi la coulée verte, réservoir de nature dévolu uniquement aux piétons, est une vaste et ancienne prairie bocagère de 4ha parcourue par un ruisseau . Elle constitue aujourd'hui l'axe de liaison entre les deux phases de construction des Béalières. Incarnant une nature sauvage elle s'oppose à la nature maîtrisée et ordonnée des jardins qui la bordent et est devenue un lieu très investi pour la promenade, les jeux de ballon, la détente ou les pique-nique. 79 Photo 8 : la végétation a permis de créer des ambiances variées pour le traitement des passages. - Des fourrés ont été conservés à proximité du Routoir . Impénétrables, ils donnent au passant l'occasion d'approcher une petite faune sauvage (lapins, oiseaux inhabituels du milieu urbain) . D'autres éléments naturels, tels de vieux saules têtards ou des fossés servant à l'écoulement des eaux de ruissellements, mal placés dans le dessin des îlots ont été valorisés et servent de symbole pour marquer une porte, la centralité d'une place . . . ce qui contribue à l'animation et au repérage dans le quartier. Les plantations jouent aussi un rôle majeur dans la composition de la rue et dans l'ambiance des îlots . Elles sont l'attribut de ce quartier pour lequel l'aspiration des futurs habitants à « vivre noyés dans la verdure » a été prise en compte dès la conception . Pour enrichir ce patrimoine constitué d'ancienne peupleraies et pépinières, de nombreuses espèces (arbres fruitiers, buissons . . .) ont été plantées dans les cours intérieures, les jardins en rez d'immeubles. Tout au long de l'espace public de la rue les plantes grimpantes envahissent aussi les murs des nouveaux immeubles . La végétation est donc utilisée pour «habiter» ces lieux, elle recouvre le quartier en lui apportant une épaisseur et la simple taille de ronces en tunnel ou la mise en place d'une pergola pour accompagner un cheminement permettent de créer des ambiances différentes . La complémentarité des échelles d'intervention sur la végétation crée une grande richesse des espaces extérieurs [photos 8 et 9] . Photo 9 : Simples taillis à hauteur du routoir et de la coulée verte, le végétal devient porche à l'entrée des immeubles pour prolonger l'intimité sur la cour urbaine. 80 - Sur les axes principaux, la végétation est ordonnée afin d'assurer une continuité des volumes et de modeler des vues sur les massifs montagneux. Photo 10 : l'analyse préalable du site de Meylan adossé au mont Saint Eynard, l'orientation selon des perpendiculaires des haies et des fossés ont conduit à adopter un système de rues orthogonales qui longent les éléments du paysage . - Sur les chemins traversant les espaces naturels, elle ménage des lieux ombragés, crée des jeux de lumières dans les sous-bois, des passages, des transparences qui laissent deviner les espaces plus intimes. - Les cours intérieures et les rez de jardin prolongent l'intimité des logements à l'intérieur de l'îlot . Ils ont été aménagées à l'initiative des habitants et sont gérées par le syndic propre à l'îlot. 81 Un quartier intégré dans un site naturel A l'origine de la trame, l'histoire physique et humaine du site Le site de Meylan et plus particulièrement celui des Béalières a fait l'objet d'une analyse très approfondie qui a enrichi durablement la réflexion au moment de la conception [photo 10] . Cette connaissance du milieu d'origine a guidé le positionnement de la trame des Béalières, qui s'est greffée sur les voies et les cheminements existants . Les noms des rues se sont inscrits aisément dans la mémoire des habitants en étant inspirés de l'histoire du site qu'il s'agisse: - De l'histoire humaine : le travail de la terre (culture du chanvre, de la vigne . . .) des fêtes traditionnelles, des personnalités de la région, - Des éléments constitutifs du site : la terre, l'eau, la flore. .. - Des anecdotes du présent : les trajets, les ambiances, les repères dans le projet (porte, halle), les activités . .. La trame a constitué également un support pédagogique précieux lors des discussions avec les futurs habitants en permettant de faire référence à des éléments concrets pour expliquer un certain nombre d'idées et prendre en compte les situations vécues par les Meylanais . Une fois adoptée, cette trame a eu un rôle important dans la définition des voies en introduisant un rythme . Elle a aussi engendré des espaces publics architecturés à l'appropriation facile. Chaque carrefour est l'occasion d'une animation dans le parcours et traité comme un lieu de rencontre pour les piétons . Les cours urbaines ainsi cadencées ne sont pas associées à l'image traditionnelle de l'impasse et peuvent se déployer sur environ 350m au lieu des 250m maximum requis généralement pour ce type de voic . Cette trame se livre avant tout à travers des percées visuelles, des cheminements piétons et ne constitue pas un ensemble d'axes réels de circulation . Cependant par sa présence même dans les lieux de nature « sauvage» elle rassure le piéton à la nuit tombée [photo I 1 ] . Photo 1 l : des arbres anciens mal placés par rapport à la trame du quartier ont été conservés et ont été valorisés pour créer des perspectives ou des lieux de repos. 82 Enfin pour habituer les habitants au fonctionnement du quartier, les voies ont été préfigurées au sol et utilisées par les ouvriers dès le commencement des travaux . Une gestion particulière du chantier a donc été mise en place . Les palissades ont été utilisées pour protéger les arbres et les espaces naturels, le chantier restant ouvert au public . La maison des travailleurs sur l'axe piétonnier central a annoncé l'animation des Béalières et est aujourd'hui utilisée comme une annexe de l'école. Une voie piétonne, le routoir pour relier les quartiers L'idée de créer un centre de Meylan a été abandonnée au profit de la volonté d'associer les quartiers . Les principaux équipements ont donc été judicieusement répartis afin de rendre les relations interquartier inévitables [photo 12]. - Le Routoir, voie piétonne sur laquelle sont implantés les équipements constitue l'axe central où se concentre l'animation du quartier . Il a été conçu dans l'optique de permettre un lien entre la mairie à l'ouest et l'urbanisation future à l'est des Béalières [photo 13]. - La grande traversée située au nord du site est un chemin imaginé comme un lieu de « mémoire de la commune » . En effet, Meylan ne pouvant recentrer son aménagement par rapport à son vieux centre, les concepteurs ont choisi d'établir à travers ce chemin de promenade un lien symbolique entre le coeur de la commune et le cimetière-parc de Meylan. Photo 12 : le quartier des Béalières s 'inscrit dans un fonctionnement plus vaste avec l'ensemble de la commune de Meylan . - La piste cyclable réalisée en bordure des Béalières entre les principaux pôles de la commune fait partie d'un vaste maillage qui se développe à l'échelle de l'agglomération grenobloise en reliant la ville centre avec sa banlieue avec comme slogan « circulez, il y a tout at voir» [Photos 14 et 15]. Chemins piétons Pistes cyclables — 83 Photo 13 : le routoir est une voie piétonne qui relie l'ensemble des quartiers. Photo 14 : la piste cyclable constitue un itinéraire à l'échelle de l'agglomération grenobloise. Photo 15 : le traitement de l'espace public fait la part belle aux vélos. 84 Le quartier des Béalières : une conception originale partagée avec la population Une volonté politique affirmée pour une démarche itérative entre population et concepteurs Après une première expérience sur le quartier des Buclots davantage refermé sur luimême, les élus ont décidé pour le quartier des Béalières d'améliorer ce concept d'origine en se fixant trois objectifs : résoudre le problème du logement locatif à vocation sociale en particulier, préserver le site tout en produisant « un morceau de ville» et veiller à l'intégration de ce nouveau quartier dans la commune en se donnant les moyens d'une concertation permanente avec les usagers. Les élus ont donc choisi les promoteurs en fonction de leur intérêt pour le projet et adopté une procédure de ZAC en régie directe, seule capable de s'adapter aux objectifs de cette opération et de permettre une remise en cause du savoir technique par le pouvoir politique en instaurant un droit critique naturel induit par la concertation . La volonté première de la population de vivre dans un quartier-parc, au coeur de la nature, a été respectée . La réussite de cette expérience se manifeste à travers le cadre de vie dans lequel les espaces de déplacements piétons, voitures, vélo se côtoient harmonieusement . Toutefois l'insertion du quartier dans la ville s'est trouvée amoindrie pour deux raisons : - La première tient aux limites de la concertation . Les futurs habitants ont refusé catégoriquement le bouclage du quartier en prétextant les dangers de la circulation voiture . Les élus ont cédé alors que ce manque de liaisons routières referme le quartier sur lui-même. Il forme un « morceau de ville » par sa richesse intérieure mais non un « morceau de !a ville de Meylan ». - La trame porteuse de richesse pour la ville n'a pas été utilisée dans les autres opérations adjacentes aux Béalières augmentant l'autonomie du quartier . Il aurait été nécessaire de l'inscrire dans les documents d'urbanisme afin qu'elle puisse subsister dans le temps. La création d'un Atelier Public d'Urbanisme a permis aux habitants de participer à la conception de leur quartier Créé en 1979 par les élus de Meylan, l'APU, deuxième organisme du genre en France, avait pour but d'associer le plus largement possible les futurs usagers à la réflexion pour définir un nouveau quartier et de compléter les savoir-faire des techniciens par l'expérience du vécu des habitants . Structure indépendante, I'APU a d'abord constitué un lieu de réflexion qui s'est traduit après un an de travail intense par la synthèse de 19 plans-propositions élaborés par les divers groupes sociaux de la commune. L'APU n'avait pas pour objectif de formuler des choix précis en matière d'aménagement mais a émis un ensemble d'idées, souvent contradictoires, qui ont incité les concepteurs à faire preuve d'innovation et à rester fermes sur la volonté de respecter le paysage . Cet organisme a donc permis de rassembler et de discuter les propositions des concepteurs . Sorte de contre-pouvoir, il a suscité une situation conflictuelle et dynamique qui a donné aux élus un maximum d'éléments pour décider de l'allure du futur quartier des Béalières . Dans une phase de conception, I'APU devenu association, est restée un partenaire actif et a travaillé sur l'espace public, a organisé des débats à thèmes, des visites d'autres réalisations (Pays-Bas, Allemagne) et suscité 85 la création d'une Union de Quartier dès l'arrivée des premiers habitants . C'est à I'APU qu'une véritable culture urbaine a prévalu durant trois ans pour améliorer la démarche de fabrication d'un milieu de vie pour les habitants selon des principes de l'écologie urbaine. Photo 16 : une pergola en pied d'immeuble a permis de traiter l 'entrée des garages. Un découpage d'opérations selon des morceaux d'urbanisme Pour inciter à la création d'espaces urbains typés, le découpage d'opération a joué un rôle important. - Les règlements architecturaux, en privilégiant des espaces comme la rue ou la place à des éléments de construction tels l'immeuble ou le groupe d'immeubles formant un îlot ont permis d'édicter des règles simples afin de gérer les façades des espaces publics de façon cohérente [photos 16 et 17] . Photo 17 : les intérieurs des îlots ont été largement paysagés de façon à leur donner une certaine intimité. 86 Renseignements pratiques - L'utilisation d'éléments communs à plusieurs opérations (plantes grimpantes, murets en maçonnerie ou brique entre les mêmes espaces) assure une continuité des ambiances tout en préservant une grande diversité dans la composition des façades de chaque opération. Montage ZAC en Régie directe sous maîtrise communale. Total 525 logements Equipements d'accompagnement : Ecole, Bibliothèque, centre Petite Enfance, Locaux Communs Résidentiels Dates clés - Premières réflexions : 1977 Public - Ouverture de l'Atelier d'Urbanisme : 1979 - Date de création : septembre 1981 - Arrêté de réalisation : avril 1982 - Pose de la première pierre : novembre 1982 - Livraison des premiers logements : 1984 - Réception définitive des ouvrages : 1986 Principaux acteurs - Le Conseil Municipal (1977-1983) dont François Gillet, Maire - L'Atelier Public d'Urbanisme de Meylan, association regroupant les représentants des habitants, les militants de la qualité de vie et les élus dont Madame Vagnozzi est la Présidente. - Les Services Techniques de la ville de Meylan assistés de Charles Fourrey, architecte chargé de l'élaboration, du suivi et de l'animation de la maîtrise d'oeuvre (Atelier F4, Grenoble). - Les intervenants extérieurs : - Martine Toulotte, sociologue-urbaniste - « Les Presses de la Cité », Jacques Blanc, Anne Cordier, Pierre Mahey architectes chargés de la conception et de la réalisation des espaces publics - Enfin, un travail de concertation à diverses étapes du projet à été imposé aux architectes, ceci dans le but de recentrer les objectifs communs à l'ensemble de l'opération et d'éviter une trop grande disparité dans la qualité des constructions. Une organisation logique et homogène du traitement des espaces extérieurs La conception des espaces extérieurs et de la voirie confiée à une équipe d'architectesurbanistes a favorisé une homogénéité et une continuité reconnue dans la qualité et la richesse de ces espaces . La participation des divers intervenants et concessionnaires (DDE, EDF, GDF, France Telecom) au suivi de l'opération dès le début du projet a permis d'intégrer le plus finement possible la conception des réseaux dans celle des espaces publics . Ce dialogue exigé par les élus a autorisé un assouplissement des normes (hiérarchie des circulations, largeur des voies, technique d'évacuation des eaux pluviales) pour une meilleure adaptation des dispositions techniques au projet, l'échelle particulière choisie pour les plans aidant à gérer au mieux la complexité de l'aménagement [photo 18]. Les investissements ont été judicieusement répartis sur l'ensemble du projet : la mise en oeuvre de produits relativement chers au niveau des placettes à été compensé par le recours à des matériaux plus économiques mais de qualité sur certains cheminements tels ceux la coulée verte. Rédaction de la fiche CETE de Lyon Département Etudes Urbaines Josiane Laville Virginie Piquet Michot 46, rue St-Théobald, BP 128 38081 L'Isle d'Abeau cedex Tél : 04 74-27-51-51 CERTU Département Urbanisme Jacques BANDERIER 9, rue Juliette Récamier 69456 LYON cedex 06 Tél :04 72 74 58 16 Photo 18 : les places en damier ou les places fontaines s'enchaînent pour dessiner les passages et les rues mixtes. 87 Bibliographie Guide général de la voirie urbaine Lyon, Certu/IVF, 1988, 193 p. DEMANGEON (Alain), WERQUIN (Ann Caroll) Lille-Roubaix-Tourcoin : les ingénieurs, I'Etat et les villes. Le boulevard du XXe siècle Les annales de la reche :che urbaine, n°38, juin-juillet 1988, p86-94 DUBOIS-TAINE (Gene' lève) Les boulevards urbains, c Jntribution à une politique de la ville Paris, presses de l'Ecole des ponts et chaussées, 1990, 176 p. Ville plus sûre, quartiers sans accidents . Savoir faire et techniques Lyon, Certu, 1993, 318 P. Végétal et entrées de ville : compositions paysagères autour de grandes voies Lyon, Certu, 1993, 136 p. Les boulevards urbains Séminaire « entrées Je ville » n°11 Lyon, Certu, juin 1994, 20 p. Trame viaire et entrées de ville : le cas de la commune des Mureaux Lyon, Certu, 1994, 78 p. Références pour les entrées de villes, fiches d'information Lyon, Certu, 1996, 5 fiches Commerces de moyenne surface en périphérie Le cas de la RN6 est, agglomération lyonnaise Lyon, Certu, 1997, 69 p. Les boulevards urbains, des voies qui permettent de réconcilier vie locale et circulation Fiche technique n°28 Lyon, CERTU, janvier 1998, 12 p. Paris : laboratoire de la voirie urbaine ? Les savoirs de la voirie urbaine, cahier n°1, mars 1994, MELTT/DAU/Plan Urbain, Atelier d'environnement Thalès Les circulaires de Barcelone Les savoirs de la voirie urbaine, cahier n°2, décembre 1994, MELTT/DAU/Plan Urbain, Atelier d'environnement Thalès Conception et architecture des voies urbaines 1995 Comité AIPCR (association internationale pour la conception de la route) de la ville, rapport du groupe de travail - 10 .08 B, Routes-roads, n° spécial, septembre 1995, p. 51-84 DEMANGEON (Alain) Penser Boulevard Les cahiers de la recherche architecturale, n°38-39, 3e trimestre 1996, « Banlieues », p. 131-138 88 © Ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques Toute reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement du CERTU est illicite (loi du 11 mars 1957). Cette reproduction par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. Reprographie : CETE de Lyon © 04 72 14 30 30 Achevé de reprographié : février 1999 Dépôt légal : 1 er trimestre 1999 ISSN : 1263-2570 ISRN Certu RE 99-02 CERTU 9, rue Juliette-Récamier 69456 Lyon Cedex 06 ©04 72 74 59 59 Internet http ://www.certu .fr Service technique placé sous l'autorité du ministre chargé de l'Équipement des Transports et du Logement le CERN (Centre d'etudes sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques a pour mission de contribuer au développement des connaissances et des savoir-faire et à leur diffusion dans tous les domaines liés aux questions urbaines. Partenaire des collectivités locales et des professionnels publics et prives, il est le lieu de référence où se développent les professionnalismes au service de la cité. ISSN 1263-2570 ISRN Certu RE 99-02 Prix : 40 F