Ebroin, ou comment un Saint Jeannais aurait pu prendre la place de

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Ebroin,
ou comment un Saint Jeannais
aurait pu prendre la place de
Charlemagne.
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Ebroin
• PRESENTATION
• RAPPELS POUR COMPRENDRE LA
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SUITE
EBROIN ET L’HISTOIRE CONNUE
LE BATISSEUR
LE REFORMATEUR DE LA MONNAIE
LE POURFENDEUR D’EVEQUES
QUI ETAIT EBROIN?
ETAIT-IL REELLEMENT DE St-JEAN?
QUESTIONS/REPONSES
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PRESENTATION
• ON SAIT PEU DE CHOSES SUR EBROIN
• TOUT CE QU’ON SAIT DE LUI VIENT DE SES
DETRACTEURS
• IL Y A DONC NECESSITE DE FAIRE UNE ANALYSE
CRITIQUE DE CES ECRITS
• IL FAUT RECADRER CES INFORMATIONS A LA LUMIERE
DES FAITS ET COUTUMES DE L’EPOQUE
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RAPPELS POUR COMPRENDRE LA
SUITE (1)
• LA SOCETE FRANQUE
– Elle est tribale. L’unité sociale de base est La SIPPE (mot qui vient du vieil haut
allemand sippia, ou de l’ancien nordique sifjar, dérivé de la déesse SIF (en ancien
nordique « parente , proche) qui est la femme du Dieu THOR (WOTAN chez les
germains).
– La SIPPE est une parentèle élargie regroupant tous les individus issus d’un même
ancêtre, éventuellement mythique: le STAMM (vieil haut allemand: tronc) donc
l’équivalent de la Familia romaine, mais elle comprend également des dépendants,
qu’on pourrait nommer « vassaux » avec quelque anachronisme, ou mieux
« client » en référence au rapport de dépendance commun à Rome. Comme telle,
elle ressemble fortement au clan ecossais ou à la gens romaine.
– Les SIPPE sont comme les « gens » de la Rome républicaine, dominés par des
aristocrates qui ont à leur service des dépendants. Ces chefs de SIPPE sont appelés
les LEUDES (issu du francique *leudi, même racine germanique que le terme
allemand Leute "gens" viel haut allemand liuti) , et ce sont eux seuls qu’on est en
droit de qualifier d’ « hommes libres ». Les SIPPE peuvent se regrouper en tribus
dirigées par des duces puis par des rois (on dit parfois, de manière un peu
péjorative, des « roitelets »).
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RAPPELS POUR COMPRENDRE LA
SUITE (2)
• LA SOCETE FRANQUE
– Le roi franc est loin de l’absolutisme impérial romain. Il est officiellement
acclamé par les guerriers de la tribu en armes. Mais n’imaginons pas que ces
cérémonies sont spontanées : le futur roi se met d’accord auparavant avec les
leudes, leur offre des présents, leur promet ou leur confirme des gratifications.
Ainsi comblés, les leudes donnent instruction à leur suite de guerriers d’acclamer
le nouveau souverain. Le roi franc gouverne assisté de ses leudes qui ne sont rien
de moins que les (modestes) précurseurs des « Grands », ducs et comtes, qui
formeront la cour ordinaire des rois de France. Les décisions royales doivent être
approuvées par les leudes. Un roi franc privé du soutien de ses leudes est
condamné.
– Pourtant, le roi franc possède certains atouts qui compensent en partie sa situation
en apparence inconfortable. Pour les membres de la tribu, il est habité par un
charisme païen, souvent il descend d’un dieu et il peut parfois se prévaloir d’une
lignée ancienne et glorieuse. Mais c’est moins vrai pour les Francs que pour les
Goths. La famille royale des Saliens semble d’extraction récente et ne remonterait
guère avant le début du V° siècle. Il n’empêche que le roi est considéré comme
détenteur de la protection divine, du Heilag, mot proto-germanique qui signifie
sainteté
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RAPPELS POUR COMPRENDRE LA
SUITE (3)
• LA SOCETE FRANQUE
– Chez ces peuplades belliqueuses, la victoire est souvent mère de la prospérité : la
tribu vit souvent en grande partie du butin ramené des expéditions de pillage. C’est
peut-être même la première source de revenu, devant l’agriculture et le commerce.
– Le butin est partagé en parts égales qui sont tirées au sort. Nul ne peut se prévaloir
de faveurs sur le butin( Cf- le vase de Soissons), Si le butin comporte des terres et
des esclaves, ceux-ci sont également tirés au sort et c’est là, l’origine du Francalleu (ce qui est alloué au franc (Leude) en toute propriété sans suzerain).
– La société franque primitive est rurale, même semi-nomade. Les Francs vivent
dispersés dans des villages, souvent dans des zones forestières. Agriculture, pêche
et chasse assurent l’essentiel de la subsistance. Le brigandage et le commerce
peuvent éventuellement améliorer l’ordinaire.
– Dans cette société guerrière, tout homme libre est amené à porter les armes. Le
guerrier franc est un fantassin. Pour attaquer, le guerrier franc utilise une lance et
une épée longue (spatha). Le scramasaxe est une épée plus courte que la spatha
(mais qui paraît plus longue que le glaive romain classique). La francisque est une
hache à un seul tranchant, utilisable comme arme de jet
– Comme toute société antique, la société franque est esclavagiste, les expéditions de
pillage dans l’empire romain ou contre les tribus voisines ayant pour objectif, entre
autres, d’apporter de la main d’œuvre servile.
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RAPPELS POUR COMPRENDRE LA
SUITE (4)
• LE MARIAGE CHEZ LES FRANCS
– Les Francs, comme les autres peuples germains, pratiquent l‘endogamie au sein de la Sippe
Le mariage y prend plusieurs formes. Le père est le chef de la famille et exerce son autorité
(mundium ou munduburdium) sur ses femmes, ses enfants, ses esclaves . Il a le pouvoir
d’accepter ou de refuser les mariages de chaque membre de sa familia (Stamm).
– Les jeunes nobles francs pratiquent une éducation sentimentale auprès des esclaves de leur
familia ou des filles de leurs proches (propinquii). Il en résulte souvent plusieurs mariages
avec ses épouses de jeunesse (friedelfrau), qualifiées d’épouses de second rang ou d’épouses
morganatiques.
– Ce type de mariage, la friedelehe, est généralement hypergamique et est conclu de façon
privée entre le mari et la femme . Le chef de famille peut décider d’établir pour les jeunes
francs arrivés à maturité, des mariages avec des épouses prestigieuses dites de premier rang.
Ce type de mariage, célébré en public, permet le rapprochement des familles, assurant une
alliance diplomatique.
– Cette poligynie entraîne la confusion chez les chrétiens traditionnellement monogames, qui
appliquent naturellement le droit matrimonial romain et qualifient à tort ces épouses de
concubines ou de maîtresses, croyant leurs enfants illégitimes. Or, les enfants issus des
différents mariages sont tous égaux en matière de succession. Le père garde cependant le
droit d’écarter de sa succession les enfants de son choix .
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RAPPELS POUR COMPRENDRE LA
SUITE (5)
• LES NOMS CHEZ LES FRANCS
• Un nom unique, d'origine germanique, provenant du
•
•
•
•
père ou de la mère ou de leurs ascendants.
Un nom créé avec des éléments onomastiques des
deux parents
Un nom issu d’éléments onomastiques provenant de la
SIPPE
Des abbréviations familières souvent en O pour les
hommes et en A pour les femmes. Ex: Faro, Fara,
Ado, Ada…..
Une signification quasi totemique en vieil haut
allemand
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RAPPELS POUR COMPRENDRE LA
SUITE (6)
• LES NOMS CHEZ LES FRANCS
•
Chaque SIPPE est propriétaire de ses éléments onomastiques. Exemples de personnages que
nous retrouverons:
–
–
–
–
–
–
Authari (Authachar) (Saint Authaire) Od-wacchar-Odaccar-Audacro Odacr le gardien de son héritage
• Epouse 1) Aiga : Aigel, Eigel (racine eigan = posséder).
• Epouse 2) Mode, Moda: Modhard ou Modoald ( la racine mod signifie courage ou muot = esprit, âme + hard =
dur)
– Aldwin, Audowin, Adaluuin, Adalwin, Aluuin, Alwin, Athelwin Elduin Dado: formée des racines "ald"
(vieux, noble) et "win" (ami), plus noble ami (SAINT OUEN)
– Adal-wulf-Adolf-Adalulf Atholf Edelulf ADO edler Wolf, formée des racines "ald" (vieux, noble) et
« Wolf" (loup), plus noble loup
– Rad-wulf-Radolf-Ratolf Redulf RADO formée des racines « rad, rat" (gloire, conseil ) et « Wolf" (loup),
la gloire du loup
Farald, Faralt, Farolt, Farold, FARO formée des racines « faran" (voyager) et "waltan" (gouverner), le souverain en
marche (SAINT FARON). Forme féminine Fara: la souveraine en marche (SAINTE FARE)
Eber-win-Eueruuin-Auin Eburuin Euruin Everwin Everwyn EBROIN formée des racines « eber" (sanglier) et "win"
(ami), ami du sanglier
• epouse Leutrude formée des racines « trud“ ( pouvoir) et „liuti“ (peuple) celle qui a un pouvoir sur le peuple
– Fils Bodegisil, Bodegeisel, Bodo, Bodo, Boso formée des racines « Bald" (courageux) et « geisel"
(flêche), fleche du courageux
Eber-ric-Euurric formée des racines « eber" (sanglier) et « rich" (puissant), puissant sanglier
Fara-gisel-Faregis Geisel; formée des racines « faran" (voyager), »waltan » (gouverner) et « geisel" (flêche), la flèche
de la souveraine en marche
Ebergeisel, Ebergisel, Ebergisil, Ebregisel, Ebregisil, Ebregislus, Ebregiselus, Ebregisus, Evergislus, Evergisilus,
Everigisil, Everigisilus Ebrégésile formée des racines « eber" (sanglier) et « geisel" (flêche), la flèche du sanglier
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
• 643 Grimoald, fils de Pépin de Landen devient maire du palais d’Austrasie après
•
•
l’assassinat d’Othon.
653 Sigebert III, roi d’Austrasie meurt
656 A la mort d'Erchinoald, Bathilde, épouse de Clovis II et régente de fait, le remplace par
Ebroïn. Ce dernier a pour parrain Leudesius, aristocrate fils d’Erchinoald. Il est également soutenu
par ADO (Saint Ouen), dont il est fort probablement le candidat, devenu entretemps, conseiller
de la reine. On sait que derrière lui se tient un groupe puissant auquel la Sippe de Jouarre
appartient
•
EBROIN est un homme d’une trempe peu commune, un homme à poigne qui fait honneur à son
nom. Car c’est vraiment une sorte de sanglier que cet aristocrate. Fin politique avec un dessein
bien précis - il est décidé à rétablir l’autorité de l’état - , grand stratège et remarquable homme de
guerre, il a su acquérir la culture gallo-romaine tout en gardant la rudesse et la cruauté des Francs.
Il se servira des deux sans vergogne. De plus, il jouit de l’appui et de l’amitié de Saint-Ouen
•
656, Grimoald, maire du palais d’Austrasie remet Dagobert II, fils de Sigebert III à l’évêque
Desderius de Poitiers qui après l’avoir fait tonsurer l’exile en Irlande avec la complicité du
nouveau maire du palais de Neustrie Ebroin, qui voit là une première occasion de mettre en œuvre
ses idées politiques. Grimoald, se croyant soutenu par la complicité des neustriens, place son
propre fils Childebert sur le trône d’Austrasie. C’est la première tentative de coup d’état par les
pippinides. Cette tentative a le don de déplaire fortement à la noblesse austrasienne qui comme
tous les francs est attachée à la légitimité et au symbole royal. Celle-ci prépare, avec l’aide des
Neustriens, un piège dans lequel Grimoald et son fils se jettent tête baissée.
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
•
Le coup d’état avorte donc et Grimoald et son fils sont jeté à Paris,dans un cul de basse fosse.
Grimoald y sera exécuté par les Leudes neustriens, avec probablement l’appui discret d’Ebroin,
« dans de cruels tourments » selon le chroniqueur.
•
Ebroin, favorisé par les évênements, a réussi son coup et Clovis II redevient seul roi des francs. Ce
Clovis était un personnage peu recommandable que les excès de gourmandise et de luxure
rendirent fou avant de le conduire au tombeau en 657 à l’age de 22 ans. Sa femme Bathilde , de
son vrai nom Balthilde (Elle est aussi nommée Baldechilde, Bauteur ou Baudour) dont il a eu trois
enfants Clotaire, Childéric et Thierry se voit confier la « régence » du royaume, qu’elle exerçait
déjà de fait (c’est elle qui a fait nommer Ebroin), pour le compte de son premier fils, Clotaire,
alors âgé de 5 ans.
•
Bathilde et Ebroin mettent donc, en 657, sur le trône l’aîné de Clovis, le petit Chlotaire III. Il a 5
ans. Ils écartent, ce faisant, les cadets qui ont 4 et 3 ans. Leur seul dessein, nul ne l’ignore, est de
garder l’unité du royaume. La réunion du Regnum Francorum (la Neustrie, l'Austrasie et la
Bourgogne) étant devenue une œuvre fort difficile, ils l’imposent d’abord au deux tiers du
royaume, la Neustrie et la Burgondie. Ils inaugurent ainsi une tradition salvatrice pour les Francs.
En imposant comme seul héritier Clotaire, l’aîné, ils empêchent la partition du royaume entre les
enfants de Clovis, évitant ainsi de nouvelles divisions et les querelles qui ne manquent pas d'en
être le pendant.
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
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En 656, Eloi fatigué, accaparé par ses tâches épiscopales et dégouté des intrigues de la cour, décide de se
cantonner dans sa retraite et conseille à Bathilde de prendre pour aumonier LEODEGAR (Léger) d’une des plus
puissantes familles austrasiennes l’un de ses oncles maternels était duc d’Alsace ; Dido, un frère de sa mère est
évêque de Poitiers et son frère Warin (Guérin) en est comte. A Paris, Léger apparait comme un autre Eloi et la
reine lui confie officieusement l’éducation de ses enfants.
Cette vie change l’année suivante (657) quand meurt Ferréol, évêque d’Autun. Deux clans se forment, chacun
soutenant un candidat. Une guerre civile s’ensuit qui se termine par la mort de l’un des candidats et par le
banissement de l’autre. Ebroin n’intervient pas ; sa politique étant d’affaiblir la Burgondie, il se contente de
compter les points. Bathilde désigne Léger. Ebroin, qui le déteste à cause de son influence, insiste dans ce sens.
Le nouvel évêque convoque à Autun un concile disciplinaire où siégent cinquante-quatre évêques. Cette action
pacificatrice lui vaudra la confiance de la noblesse burgonde qui commençe à voir en lui son chef et son
représentant auprès du pouvoir central. Inutile de dire que ceci n'a pas le don de plaire à Ebroin pour qui
l’affaiblissement du pouvoir des évêques est un grand dessein.
En 656 au moment de son accession au pouvoir, Sigebert III, roi d’Autrasie, vient de mourir et Grimoald le
maire du palais a essayé d’usurper son autorité, en faisant tondre et exiler en Irlande le fils de Sigebert III et lui
substituant son propre fils, Childebert dit l’adopté. Les nobles en appelèrent au roi de Neustrie, Clovis II pour
rétablir l’unité. Ebroin s’empare de l’Austrasie et Grimoald est éxécuté dans son cul de basse fosse.
Or les grands d’Austrasie sous la poussée des séparatistes de l’époque et en particulier de certains évêques
réclament leur propre roi. Ebroin n’a pas encore réussi à asseoir son autorité sur les trois royaumes et il est obligé
d’accéder à leur demande tout en se promettant bien de faire du ménage.
Cependant l’Austrasie était restée, malgré la mort de Grimoald, sous le sceptre de Childebert l’Adopté qui
pourissait dans son cachot. Le remettre en liberté, signifiait mettre une croix sur l’unité du Regnum francorum.
Or, celui-ci disparait fort opportunément en 662. Cette « disparition » arrange bien les affaires d’Ebroin et comme
Clotaire III, fils de Clovis régne sur la Neustrie et la Burgondie, il installe Childéric II, âgé de neuf ans (il est né
en 653) et frère de Clotaire sur le trône d’Austrasie avec Wullfload, un homme à lui, non comme maire du palais
(les grands d’Austrasie lui refusent un titre qui s’était avili avec Grimoald) mais comme dux. Childéric II est
d’autre part fiancé avec Bilichild, fille de Sigibert III. La « régence » est assurée par Chimnechild, veuve de
Sigibert. Tout ceci se passe de manière pacifique, mais le parti mérovingien prend de l’assurance et Ebroin
conforte son hégémonie sur le troisième royaume.
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
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En 664, l’évêque de Paris Chrodobert, conseiller de la reine Bathilde disparaît. C’est une tradition bien établie
que les rois mérovingiens nomment les évêques Ils promeuvent leurs proches collaborateurs (les grands
considèrent leur entrée dans l’épiscopat comme une sorte d’avancement et entrent en religion en un temps record
en envoyant au passage leur épouse se faire voir chez les nonnes), ils vendent aussi quelquefois le siège vacant au
plus offrant.
En 665 Bathilde remplace Chrodobert par Sigobrand, appuyé par Ebroin. Celui-ci à peine nommé est saisi et
exécuté (le texte dit massacré) par les grands du royaume. Le motif ? le texte parle d’une « agitation provoquée
par le misérable évêque Sigobrand dont la superbe provoqua la chute mortelle » Cette explication nous met pour
ainsi dire la puce à l’oreille : depuis quand l’orgueil chez un évêque est-il passible de la peine capitale ?
En fait il a fallu un incident habilement exploité pour se débarasser de quelqu’un et ce quelqu’un est la reine
Bathilde.
Ebroin n’a pas participé au complot, mais il est difficile de ne pas y voir sa main. Celui-ci tire prétexte de la
volonté de celle-ci de venger le meurtre d'un de ses proches, pour lui signifier la faiblesse de sa position. En peu
de mots, il lui fait comprendre qu'il est préférable de vivre recluse dans un couvent plutôt que de mourir sur le
trône et que de surcroit le fait que Chlotaire III ait atteint sa majorité lui retire tout droit de gouverner. Elle est
aussitôt conduite manu militari par quelques grands qui « permettent à la reine de se rendre sur le champ et
directement au monastère (de Chelles) ». Bathilde se réfugie donc à Chelles. Elle a fondé ce monastère, situé au
sud-ouest de Meaux, en 658 et l'a richement doté. Bathilde passa dans ce monastère, qu'elle avait royalement
agrandi et auquel elle avait donné comme abbesse Bertila, qu'on était allé chercher à Jouarre, les dernières années
de sa vie. Elle y mourra en 680.
Les circonstances qui ont conduit au retrait de Bathilde, laissent apparaître qu’Ebroin, bien que depuis longtemps
l’homme le plus puissant du gouvernement, devait encore en 665, compter avec la « régente ». Juridiquement il
n‘était en fait que maire du palais de Neustrie et les grands francoburgondes restaient soumis aux volontés de
celle-ci pour ce qui concernait le remplacement des évêques. Mais l’ampleur de la fronde est telle, qu’Ebroin
prend aussitôt des mesures d’urgence, il interdit aux « farons », les grands de burgondie de monter à Paris sans un
laissez-passer (mandatum) de lui.
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
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Après le retrait de la « régente », il restait un groupe de nobles neustriens qui voulait lui faire la peau.
Comme à l’époque d’Erkinoald les ducs du Jura entretiennent avec Ebroin de bonnes relations. Mais ce
n’était pas le cas de tous les grands des pays de Saône et du Rhône. Les relations directes entre eux et le
jeune et influençable roi étaient une source d’inconvénients majeurs.
C’est ainsi qu’Ebroin obtient de Chlotaire III un mandat par lequel « plus personne en provenance de la
région burgonde du royaume n’accèderait à la cour sans son autorisation ».
On pourrait parler d’un coup d’état d’Ebroin. D’un trait de plume le maire du palais de Neustrie était
devenu « régent » de la totalité du royaume Neustroburgonde. Il ne semble pas que ce mandat ait été
obtenu dans la foulée de la mise à l’écart de Bathilde. Léger d’Autun, qui deviendra le porte parole de
l’opposition, signera encore le privilège de l’évêque Dauscius de Soissons en juin 667 sur le monastère
de la maison d’Ebroin. Nous ne pouvons pas en conclure que les relations entre les deux futurs
adversaires sont amicales mais à ce moment elles sont au moins normales.
Léger ne sera accusé de machination contre Ebroin qu’au printemps 673 peu avant la mort de Chlotaire
III. L’affaire suit encore son cours lors de la mort du roi. Celle-ci est un coup dur pour Ebroin car le
mandat devient caduc. Mais d’un autre côté, la mort de Chlotaire III est si rapide (quelques heures) qu’on
soupçonna Ebroin d’avoir voulu couper court aux velleités d’indépendance du jeune roi. Pour éviter une
vacance du trône, Le maire du palais proclame alors avec ses partisans le deuxième frère Thierry comme
roi, mais s’abstient d’inviter les Optimates aux fêtes d’intrônisation. Il renvoit même à la maison ceux
qui qui ont fait le voyage pour la prestation d’hommage. La majorité d’entre eux ne donne pas suite à
l’invitation mais se prononce en faveur du troisième frère le roi d’Austrasie Chiderich II qui est bientôt
reconnu par l’ensemble. L’erreur d’Ebroin ne consiste pas dans le choix du souverain : Thierry est fils de
Clovis II au même titre que Clotaire et n’a encore reçu, contrairement à ses frères, aucune part de
l’héritage paternel. Mais Ebroin a agi de son propre chef, sans réunir de conseil de régence et sans
consulter les grands des trois royaume qui se sentent floués et ils prononcent la déchéance de Thierry III
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
• Pour conclure les festivités de son intronisation le nouveau souverain promet
de respecter les us et coutumes de chacun des pays (comme dans l’édit de
Chlotaire II) et d’occuper à son tour à chaque fois la charge de maire du palais
afin d’éviter que quiconque ne puisse, comme Ebroin s’ériger en tyran.
•
Childeric envoit son frère Thierry que les grands, en signe de mise à l’écart
ont tonsuré – pour le protéger d’une execution éventuelle- en résidence à St
Denis sous la garde de l’abbé Chardéric, futur évêque de Beauvais.
•
Ebroin, sur l’intervention de quelques évêques dont bien sûr Ouen de Rouen
et plus étrangement Léger d’Autun a la vie sauve mais est lui aussi tonsuré et
envoyé comme moine à Luxeuil. On penser aussi qu’Ebroin fait partie d’une
SIPPE si puissante, qu’on ne peut se permettre d’indisposer celle-ci en
executant un des ses memebres.
• Les leudes mettent la main sur le trésor d’Ebroin et se le partagent.
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
Il n’a cependant pas dit son dernier mot et ceux qui l’ont écarté du pouvoir et laissé en vie vont bientôt le
regretter amèrement.
L’unité du regnum semble donc revenue comme du temps de Clotaire II, quand Childéric qui était encore
célibataire décide d’épouser sa fiancée Bilichilde, fille de Sigebert III et sœur de Dagobert, le prince exilé en
Angleterre par Grimoald. Or Leodegar s’oppose à cette union incestueuse du roi et de sa cousine ; Il aurait été
simple de demander à un synode d’évêques de ratifier cette union comme bénéfique pour le royaume d’autant
plus que les unions consanguines étaient monnaie courante chez les francs. Mais les leudes décident que ce
problème est avant tout politique, Léger est éloigné et s’en retourne à Autun.
Or Childéric décide célèbrer les fêtes pascales à Autun et le couple royale se fit acclamer le 3 avril 673 lors de la
procession des Rameaux, une manière de faire approuver son union par un peuple accouru de toute la
Burgondie. Wulfload s’empare de cette occasion pour mettre Léger en accusation. Pour faire bonne mesure on
inclut Hector, patrice de Provence et ami déclaré de Leodegar, qui s’était précipité à Autun pour saluer le roi et
participer aux festivités. Le Vendredi Saint Childéric reunit les leudes et fait comparaitre Léger et Hector
accusés de captation d’héritage. Ceux-ci se déclarent étrangers à une telle affaire. On fait venir comme témoin
Saint Priest, évêque de Clermont. Celui-ci refuse de se mêler d’une telle affaire pendant la Semaine Sainte et le
tribunal se sépare sans jugement à la confusion de Wulfload.
Cependant Childéric et la cour, refusant de participer à des cérémonies menées par Léger, s’enferment à
l’abbaye de saint Symphorien. Léger et Hector, comprenant que leur vie est en danger s’enfuient dès la fin de la
messe pascale, l’un vers Besançon, l’autre vers Marseille. Poursuivis presqu’aussitôt, il sont rejoints tous les
deux. Hector refuse de se rendre et est massacré avec son escorte. Léger, lui est ramené avec les ménagements
d’usage à Autun et traduit illico devant un conseil réuni à la hâte. Childéric propose de le déposer, mais comme
la chose risque de provoquer quelques troubles parmi une population burgonde acquise à son évêque, ce
personnage encombrant est expulsé loin de sa cité et de ses ouailles et est assigné à résidence le 10 avril 673 à
l’abbaye de Luxeuil.Il y retrouve son vieil « ami », Ebroin qui attendait son heure en rongeant son frein. Celuici, en se promettant de profiter de l’événement, l’acceuille avec des marques d’amitié tout en rigolant sous cape
de ce qui vient d’arriver à celui qu’il considère toujours comme son ennemi.
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
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Childéric énivré par sa réussite dans l’élimination de Léger et de son influence, se met à règner
comme un tyran et finit par indisposer les grands. Ebroin qui se tenait informé de tous ces
développements et qui avait gardé des partisans, profita du châtiment infligé à un comte austrasien
du nom de Bodilo que Chidéric avait fait attacher à un poteau et frapper publiquement avec des
verges pour agir. Trois comtes, dont il tirait les ficelles, Amalbert, Ingolbert et Loup se donnèrent
rendez-vous à la grande chasse que donnait le roi au cours de l’année 673 dans la forêt de Chelles.
Profitant d’un moment où Childéric s’était isolé avec la reine et leur fils ainé Dagobert, ils les
surprirent et les massacrèrent tous les trois. Leur deuxième fils Chilpéric fut confié à la reine
Bathilde, sa grand mère par sa nourrice qui avait réussi à s’enfuir discrètement avec lui.
Dès la mort du roi, la plus grande anarchie s’installa dans le royaume. C’est ce qu’attendait Ebroin
qui quitta dare dare l’abbaye de Luxeuil accompagné par un Léger sans méfiance.
Celui-ci fit dans Autun une entrée triomphale encadré par Genès, évêque de Lyon et par Didon,
évêque de Poitiers. Il se rendit ensuite à Paris et avec les Leudes de Neustrie et d’Austrasie tira
Thierry III âgé de 21 ans de l’abbaye de Saint Denis. C’etait le dernier petit fils vivant du grand
Dagobert . Elevé sur un bouclier, il fut proclamé unique roi des Francs. Ebroin n’avait pas
participé à ces évènements avec Thierry III, malgré les marques de fidélité feintes qu’il avait
envoyé à son favori de 673. Après avoir quitté les partisans de Thierry III, il était allé sortir son
épouse du cloitre dans lequel elle avait été enfermée, puis avait commencé à regrouper ses
partisans en leur distribuant le trésor Neustroburgonde qu’il avait enlevé d’un habile coup de
main. Entretemps et comme Ebroin n’était pas là, Leudesius, fils d’Erkinoald fut élu maire du
palais.
Quand Ebroin apprit qu’il avait été ainsi écarté, il commença à organiser sa riposte. Et sa
vengeance allait être terrible.
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
• Il avait, on le sait déjà, gardé des partisans, mais pour jeter le trouble, il joua sur les
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sentiments autonomistes de certains leudes d’Austrasie. Il leur présenta un pseudo fils
de Clotaire III et tous ceux qui étaient opposés au règne de Thierry III acceptèrent ou
fire mine d’accepter cette fiction sans réclamer de preuves.
Avec l’aide des Austrasiens, Ebroin rassembla une troupe de guerriers et s’élança
sur Noyon, où il savait que Thierry et ses proches séjournait sans méfiance. L’armée
passa l’Oise à Pont-Sainte-Maxense, et fondit à l’improviste sur la villa royale. Il
attaqua par surprise la cour du roi, poursuivit les fuyards depuis l’Oise jusqu’à la
Somme, mit la main à Baizieux (au nord d’Amiens) sur le trésor royal. Ebroin
poursuivit Thierry jusqu’à Crusciniacus (Crécy-sur Serre) où il le captura. Leudesius
et ses guerriers furent massacrés. S’étant ainsi emparé du pouvoir, il se proclama luimême maire du palais, et commença alors une répression sanglante telle qu’on n’en
avait pas vu depuis le début de la dynastie mérovingienne.
Il commença par mettre au pas le clergé de Burgondie : il fit exécuter Ferréol à
Vienne, Amour et son compagnon Viateur dans le Jura. Il plaça des hommes à lui sur
les sièges épiscopaux de Chalon, Dido ou Desiderius et de Valence, Bobon.
En Austrasie, les grands qui gravitaient autour de Wulfload rappelèrent, aidés par
Wilfrid d’York, le fils de Sigibert III, Dagobert qui avait été éxilé en Irlande et le
proclamèrent roi. Les adversaires de Wulfload proclamèrent pour leur part le soidisant fils de Clotaire III qui avait été affublé du nom de Clovis. A ce groupe, auquel
Ebroin s’était joint, appartenaient Waimer, le dux de champagne et Aldaricus/Eticho
le dux d’Alsace. Les évêques Deideratus/Dido de Chalon et Bobo de Valence en
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faisait également partie.
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
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Le parti du faux Clovis comportait donc des grands des deux parties du royaume, mais ne devait
pas durer longtemps. Ebroin ne l’utilisa que pour mettre sur la touche le parti de Léger en
Neustroburgondie. Mais la cible privilégiée d’Ebroin restait Léger. Les évêques en question et les
deux dux avaient marché à travers la burgondie sur Autun. L’armée d’Ebroin mis le siège devant
la ville le 26 août 676. Léger se rendit pour éviter la destruction de la ville. Celle-ci fut néanmoins
consciencieusement pillée puis imposée de 5000 sous d’or (un bœuf valait 2 sous). Entretemps
Léger avait été entrainé à l’écart par des guerriers qui, après l’avoir dépouillé de ses vêtements
épiscopaux lui arrachèrent les yeux avec leurs poignards. (On était délicat en ce temps-là).
Waimer reprit la route de la champagne en trainant derrière lui Léger aveugle et captif et envoya
un message à Ebroin pour l’avertir du succès de leur entreprise.
Le reste de l’armée finit par mettre le siège devant Lyon, mais là le morceau était un peu gros et la
ville bien fortifiée et il dut se retirer.
Genesius, l’évêque de la ville entreprit une expédition pour essayer de contrer Ebroin, mais
mourut en arrivant à Chelles. Philibert, l’abbé de Jumièges alla trouver Ebroin et lui intima l’ordre
d’arrêter sa répression. Celui-ci le fit jeter dans les prisons de son compère Ouen puis expulser en
Aquitaine. Saint Lambert évêque de Maestricht fut remplacé par Pharamond.
Saint Amé, évêque de Sion fut assigné à résidence au monastère de Péronne. L’évêque de
Clermont, Priest , qui avait refusé de témoigner contre Léger fut massacré dans sa villa de Volvic.
Bobo de Valence que les insurgés avaient nommé comme successeur de Léger, perdit Autun
contre l’abbé Hermenar de saint Symphorien qui avait déjà administré l’évêché pendant l’exil de
Léger. Adalrich/Eticho qui voulait devenir Patrice de Provence, retourna en Alsace après l’échec
de son plan et retourna promptement sa cote de maille (les vestes n’existaient pas à l’époque) et
reconnu Dagobert II comme roi Thierry III, ou plutôt Ebroin, fit de ce fait saisir ses Biens en
septembre 676 à Hatuyer (Dijon) pour infidelité.
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EBROIN DANS L’HISTOIRE
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A cette date Thierry III était reconnu comme roi dans la Burgondie du nord (Langres-Dijon),
mais vraisemblablement aussi dans le pays rhodanien. Le compromis était un fait accompli,
lorsque Thierry III appela l’épiscopat Neustroburgonde à un synode qui devait juger l’évêque
Chramlin qui avait usurpé l’évêché d’Embrun. A ce synode qui se déroula à Malay-le-Roi
prirent part les metropolites de Sens, Besancon, Lyon et Vienne.
Après l’affermissement de son pouvoir en Neustrie, Ebroin fit paraître une amnistie générale
pour tous les manquements au droit qui avaient été commis pendant les évênements mais qui
était surtout favorables à ses amis et alliés.
Ingobert, un des conjurés de 675, reçut même le comté de Paris à la place du frère de Léger
Gairenius. Le maire du palais frappa cependant aussi fort qu’il le put contre ses opposants
politiques. Léger, que Waimer dut livrer depuis la Champagne, apprit à connaître la rudesse de
sa vengeance. Ebroin l’accusa lui et son frère Gairenius de la mort du roi dans la silva Lauconis.
Avant de le faire traduire devant un synode, il lui fit arracher la langue. Puis il le fit interner
dans le couvent pour femmes de Fécamp (Diocèse de Rouen) dans lequel, cruellement mutilé, il
dut attendre presque deux ans l’instruction de son procès. La mère de Léger Sigrada fut internée
dans l’abbaye fondée par Ebroin à Soissons. Un synode appelé en 678 dans un palais royal
déposa l’évêque et le remit à la justice royale qui le condamna à mort. L’execution fut effectué
par le comte palatin Chrodebert dont l’épouse, contre les ordres d’Ebroin fit enterrer le corps de
Léger dans son Oratorium à Sarcingum (St. Leger près d’Arras). Pendant l’internement de
Léger son frère qui s’était enfui en Aquitaine fut livré par les Aquitains et lapidé à mort.
Ebroin semblait avoir retiré une expérience profitable de son premier passage aux affaires
L’instruction contre Léger était aussi conforme au droit canon dans toutes les malices et
cruautés, portées au stade ultime, qu’un évêque jugé coupable par un synode pouvait subir
devant un tribunal civil
20
EBROIN DANS L’HISTOIRE
• Les leudes devaient s’attendre à pire. De nombreux grands fuirent alors chez le
•
•
dux d’Aquitaine Lupus. Parmi les fugitifs se trouvait le frère de Léger
Gairenius/Warin de Paris. Le dux d’Aquitaine utilisa le chaos qui régnait à
Paris en 675/676 pour accroitre ses possessions. Il conquis Limoges et fut
sanctionné par Ebroin. Ses biens héréditaires en Orléannais furent confisqués
et attribués à l’abbaye de Fleury (St Benoit sur Loire)
Lupus mourut peu après. Son successeur semble avoir signé avec Ebroin un
traité de paix dans lequel figuraient le retour de Limoges et l’extradition de
Gairenius. En outre, la reconnaissance de Thierry III comme roi , stipulée dans
le traité n’était qu’une pure formalité. La paix avec le duc de Toulouse mit fin
aux troubles causés en Neustroburgondie par le meurtre de Chideric II. Il ne
restait plus de ces troubles qu’un certaine tension entre Ebroin et le roi
d’Austrasie Dagobert II. Le maire du Palais de Thierry III essaya dès que son
pouvoir en Neustroburgondie fut consolidé d’imposer son roi au regnum
Austrasiorum en battant les austrasiens commandés par Pépin d’Heristal en
678 à Bois-du-Fay, vers Laon.. Ce dernier ne dut son salut qu’à sa fuite vers
Liège poursuivi par les sbires d’Ebroin. Nul doute que s’il avait été capturé et
executé, l’histoire ne serait pas ce qu’elle est. Il fit assassiner en 679 le roi
d’Austrasie Dagobert II.
Au printemps 681, Ebroin fut a son tour assassiné par Ermenfried un Franc de
Neustrie.
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LES ADVERSAIRES D’EBROIN
• Les Pépinides
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Garibald Ier duc de Bavière
Mariage avec Waldrade princesse lombarde
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Grimoald
Mariage avec une Agilofigienne
• Pépin l'Ancien maire du palais d’Austrasie († 640)
• Mariage avec une Itte Idoberge plus tard abb. Nivelles († 652)
–
–
•
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Begga de Landen (v. 620 - v. 695)
Mariage avec Ansegisèle (? - v. 679)
• Pépin II de Herstal - le jeune (v. 653 - v. 714)
• Mariage avec Alpaide
D’OU
Charles de Herstal - Martel (v. 685 - 01/10/741)
Mariage avec Rotrude de Trèves (v. 695 - v. 724)
–
–
Pépin - le bref (v. 715 - v. 768)
v. 744 : Mariage avec Bertrade de Laon (Berthe au grand pied) (v. 726 - v. 783)
• Charles Ier - Charlemagne (v. 742 - v. 814)
–
–
Branche : Carolingiens
Carloman Ier (v. 747 - v. 771)
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EBROIN BATISSEUR
• NOTRE DAME DE SOISSONS
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EBROIN BATISSEUR
• NOTRE DAME DE SOISSONS
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EBROIN BATISSEUR
• NOTRE DAME DE SOISSONS
Quant à Ebroin, il fonde à Soissons, en 660, avec sa
femme Leutrade, la double abbaye royale de NotreDame, juste un siècle après que l’abbaye de SaintMédard ait été fondée par Clotaire I, sur la rive
droite de l’Aisne, à coté de la villa de Syagrius, qui
était devenue le palais des rois francs. Là aussi, la
première abbesse du monastère des femmes
Aetheria vient, en 665 à la demande de Saint
Drausin évêque de Soissons, de Jouarre où elle était
professe.
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LE REFORMATEUR DE LA
MONNAIE
•
•
•
Le sou d'or était toujours divisé en semis et
en triens ou tremissis; mais il ne pesait que
70 grains et demi. Il n'a d'exception que
pour les sous de Théodebert, qui se
rapprochent assez de ceux de Constantin,
puisqu'ils pèsent environ 81 grains. Presque
toutes les espèces mérovingiennes sont en or;
la seule monnaie d'argent était le denier,
qu'on appelait aussi « saiga ». Le sou d'or
comprenait 40 de ces deniers; le sou
d'argent, qui était une monnaie purement
nominale, n'en valait que 12. Les deniers
sont rares avant le VIIIème siècle; leur poids
moyen est de 21 à 22 grains.
En 675 le Maire du Palais Ebroim réforma le
monnayage, en suspendant les frappes d'or
et en créant une nouvelle monnaie, le denier
d'argent. Cette pièce donna naissance à un
nouveau système monétaire fondé sur
l'argent puisque l'or ne fut refrappé que six
siècles plus tard. Entre 675 et la réforme
monétaire de Pépin le Bref en 754 qui
marque le début des émissions
carolingiennes, plusieurs dizaines d'ateliers
émirent de la nouvelle monnaie d'argent
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LE REFORMATEUR
• Ebroin supprime la capitation, impôt à payer par le chef de
famille en raison du nombre des membres qui la composent, loi
impitoyable qui poussait les parents à laisser mourir leurs
enfants pour échapper aux charges du fisc, pratique cruelle, qui
en outre, nuit à la démographie du pays
• Il édicte plusieurs lois qui condamnent sévèrement les mauvais
parents.
• Il freine les ardeurs du fisc. Il fait ainsi preuve d'un grand sens
politique et d'une conscience aiguë des difficultés des sujets du
royaume tout à faits surprenants pour un aristocrate issu d’une
des plus puissantes familles
• En fin il interdit la vente brutale comme esclave des prisonniers
de guerre
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Le pourfendeur d’évêques
• Depuis la mort de Dagobert en 639, les grands, civils et
religieux, en prennent à leur aise.
• Ebroin qui veut briser le pouvoir des évêques , s’engage dans
une réforme de la règle de fonctionnement des établissements
religieux.
• Il introduit avec l’aide de Bathilde le « sanctus regularis
ordo », c’est à dire la règle de Luxeuil, dans les plus
importantes basiliques de France dont six sont nommées dans
la « Vita Balthildis » St-Denis, St-Germain l’Auxerrois, StMedard(Soissons), St-Martin (Tours), St-Aignan (Orleans),
St-Pierre (Sens ).
• L’introduction de cette règle signifie que l’attribution de la
liberté ecclésiastique (privilegium) par l’évêque est liée à
l’attribution de la liberté séculière par le roi.
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Le pourfendeur d’évêques
• Il s'agit de suivre les consignes édictées par Rome en permettant aux
•
•
•
•
abbayes de recourir à l'évêque de leur choix pour les actes d'ordination et
toutes cérémonies spéciales supposant l'intervention d'un prélat.
Une telle liberté doit-elle aboutir à l'octroi d'une immunité totale?
C'est bien ce que croient les évêques, qui voient là leur échapper l'énorme
pouvoir découlant de la nomination des abbés.
Sans compter qu'ils sont terrifiés à l'idée de perdre le prestige attaché aux
reliques conservées dans les basiliques. En reconnaissant aux basiliques
une autonomie, qui leur est normalement accordée dans d'autres pays
catholiques, il compte revigorer le rôle de protecteur de l'Eglise dévolu à
la famille royale. En ce sens, il s'oppose aux aristocraties locales dont
sont issus les évêques.
Il entreprend également de lutter activement contre la simonie, pratique
qui permet aux plus riches l'achat des ministères vacants et qui permet à
certaines familles d’être évêques de père en fils.
29
Le pourfendeur d’évêques
• L’exemple le plus grave est donné à Lyon par l’évêque métropolitain (Primat
•
•
•
•
des Gaules) qui a succédé à Viventius/Viventiolus.
Bien qu’il se soit doté d’un nom burgonde comme son père Sigo, Aunemond,
le patriarche de Lyon est issu d’une puissante famille gallo-romaine. Il
appartient au cercle des Grands Francoburgondes. Son nom véritable est
Dalfinus. Elevé au palais royal sous Dagobert et Clovis II, puis dans
l’entourage d’Erkinoald, il connaît très bien la machine politique. A ses yeux,
Ebroin ne compte pas. Il se conduit en potentat, en comte évêque. Il décide de
tout sans faire de différences entre pouvoirs politiques et religieux.
Bien que le métropolite de Lyon ait commencé ses dérives sous le règne de
Clovis, Ebroin, soutenu par la reine Bathilde, décide de sévir.
Tout se passe très vite. L’affaire est menée en dix mois, entre octobrenovembre 657 (mort de Clovis) et la fin de l’été 658. Le « praefectus »,
nommé par Aunemond, son frère, est convoqué à Maroialo près d’Orléans, il
est accusé d’infidélité et décapité.
Les guerriers d’Ebroin capturent Aunemond, malade, l’entrainent vers Mâcon
et le décapitent à son tour le 28 septembre 658, alors qu’il aurait du être jugé
par un synode.
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Le pourfendeur d’évêques
• Bathilde avec le soutien d’Ebroin place aussitôt son conseiller politique Genès
(Genesius abbas palatini oratorii) à la tête de la métropole de Lyon.
• Ce sanglant réveil de l’autorité royale provoque aussitôt la stupéfaction.
L’exécution d’un évêque et, pire, d’un métropolite est considérée comme un
sacrilège. Autant le roi peut jouer avec la vie des grands laïcs sans problème,
autant s’attaquer à un évêque est un exercice périlleux et le décapiter un crime
majeur. L’épiscopat, qui constitue la première force politique du royaume et
qui prétend, dans les canons des conciles, être en correspondance directe avec
Dieu , est toujours choyé par le pouvoir exécutif. Encore le souverain
mérovingien ne doit-il rien aux évêques. Etant reconnu de sang divin par tous,
il n’a pas besoin de sacre pour régner.
• L’épiscopat se réunit à Nantes et édicte vingt canons dont le 19ème décrète,
sous prétexte de discipline religieuse, que les femmes doivent se tenir à l’écart
des affaires publiques. Ebroin auquel la portée de celui-ci n’a pas échappée
décide de la garder en réserve. (il s’en servira en temps voulu pour écarter
Bathilde) – Ce canon sera exhumé en d’autres temps pour appuyer « la loi salique » et justifier le fait
que le trône de Philippe le Bel ne revienne pas à sa fille, reine d’Angleterre ce qui sera la cause de la guerre
de 100 ans
31
Le pourfendeur d’évêques
• l'évêque de Paris, Sigobrand, fut assassiné par les
grands du royaume en raison de sa morgue et de sa
suffisance, mais cet assassinat fut inspiré par Ebroin
qui voyait là l’occasion d’éliminer un proche de
Bathilde
• St Léger, évêque d’Autun, prit la tête du mouvement
indépendantiste austrasien, allant par là à l’encontre
de la politique d’Ebroin qui prônait un pouvoir
centralisé. Celui-ci le fit juger puis exécuter dans
des circonstances cruelles
• St Lambert, évêque de Maestricht fut dépouillé de
son diocèse
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QUI ETAIT EBROIN?
• A QUELLE SIPPE APPARTENAIT-IL?
– Sa famille
EBER WIN
(Ebroin)
Sa femme
LEU TRUDE
Son fils
BODE GEISEL
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QUI ETAIT EBROIN?
• A QUELLE SIPPE APPARTENAIT-IL?
– La famille de St Authaire et de ses épouses
Authachar)
(Saint Authaire)
Sa 1ère femme
AIGA
Sa 2ème femme
MODA
Et ses frères et soeur
ABOLIN
BETTON
3ème
Ses fils
1)
ALD WIN (SAINT
EBER GEISEL
Ebregisele
Évêque de Meaux
BALDE
abbesse de Jouarre
TEUDECHILDE
1ère abbesse de Jouarre
OUEN, DADO)
2)
ADAL WULF
(ADO)
3)
RAD WULF
(RADO)
2ème
AGILBERTE
abbesse de Jouarre
AGILBERT
Évêque de Dorchester
Puis de Paris
Référendaire de Thierry III
LEUT HERIUS
Évêque de Dorchester
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QUI ETAIT EBROIN?
• A QUELLE SIPPE APPARTENAIT-IL?
– Les radicaux communs aux deux familles:
• EBER
• WIN
• GEISEL
• LEUT
– Il y a donc une forte probabilité pour que les deux familles appartiennent à
la même SIPPE
– De Plus
• La famille d’Authaire est d’Ussy et Ebroin est réputé avoir un fief à St Jean
• Ebroin a pu compter toute sa vie sur l’amitié et le soutien de St OUEN
• Etherie, première abbesse de Notre Dame de Soissons, fondé par Ebroin, vient
du monastère de Jouarre, fondé par le frère de St OUEN
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Etait-il de Saint-Jean?
• Extrait de la charte de Thierry III donnant la Villa Latiniaca à l’Abbaye de St
DENIS:
« eoque vestra cognuscat industria quod nos, pro salute anime nostre,
una cum consilio ponteficum vel obtimatum nostrorum, villa noncopanti
Latiniaco, que ponitur in pago Meldequo, qui fuit inlustribus viris Ebroino,
Vuarattune et Ghislemaro, quondam majores-domos nostros, et post
discessum ipsius Vuarattune in fisco nostro fuerat revocata: nos ipsa villa de
fisco nostro ad suggestione precelse regine nostre Chrodochilde, seo et
inlustri viro Berchario, majorem-domos nostro, ad monasthirio sancti domni
Dionisiae, ubi ipsi preciosus in corpore requiescit, et venerabilis vir Chaeno
abba, cum norma plurima monachorum, ad laudis xpi canendas in ordine
sancto ibidem adunata preesse viditur, pro remedium anime nostri plena et
integra gracia propter rem illa in loco qui dicitur Siliacos, qui fuit Arulfo
quondam, et ibidem usque nunc ad ipso Latiniaco aspexit, quem apostholico
viro domno Godino episcopo per alia nostra preceptione concessemus, in
reliquo viro ad integrum ipsa villa Latiniaco ad ipso monasthirio domni
Dionisiae ad die presenti visi fuimus concessisse »
• Cet extrait prouve qu’Ebroin habitait dans le Pagus Meldequus
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Etait-il de Saint-Jean?
•
•
Extrait du cahier de Jean-Baptiste RAVENAU
Cet extrait prouve qu’il existait à St JEAN un fief d’Ebroin
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Etait-il de Saint-Jean?
• Les deux documents précédents constituent des présomptions
• On sait de plus:
– qu’une Villa gallo-romaine existait à St Jean
– Ainsi qu’un cimetière mérovingien
• Nous avons vu:
– qu’Ebroin faisait probablement partie de la SIPPE d’Authaire
– Que Saint-Ouen qui était d’Ussy est resté son soutien toute sa vie
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uestions
&R
éponses
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