SAINTE IRMINE

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inconsolable, la reine faillit en mourir de charin. Oncoarutcherchersaint Arbogast. L'évêque
§
e Strasbourg s'empressa de venir, prit part a la
douleur des royaux époux, puis il s'enferma dans
la chapelle du palais où il passa toute la nuit en
prières. Le lendemain, il renditle jeune Sigebert
plein de vie et de santé à ses parents pleurant
de joie.
Le roi oflritau saint évêque de nombreux présents; mais Arbogast ne voulut rien recevoir
pour lui-même. Nos lecteurs savent que sous l'ancienne monarchie française,)! n'y avait pas ce que
nous appelons aujourd'hui la budget dw cuites et qui
est destiné à remplacer les biens que la Re'volution a volés à l'Eglise; mais chaque église avait
ses rentes assure'es par des fondations. La dotation de la cathédrale de Strasbourg étant encore
insuffisante, saint Arbogast accepta pour cette
église le domaine de Roufach et le château d'Issembourg que Dagobert II lui céda à perpétuité.
A cette époque, encore plus qu'à d'autres, les
couvents étaient uue institution éminemment utile
à la société, comme l'a exposé le savant cardinal
Pitra dans sa belle Vie de saint Léger. Le roi
d'Austrasie, non content de protéger les monastères qui existaient déjà dans son royaume, en
fonda lui-même trois de ses propres biens : ce
furent les abbayeB de Surbourg, de Haslach et
de Saint-Sigismond.
Pour témoigner sa dévotion envers la Sainte
Vierge, le bon roi se consacra à elle comme serf
de la cathédrale de Strasbourg, et plusieurs seigneurs l'imitèrent. Cet engagement les obligeait
a protéger les intérêts de cette église et, en cas
de trahison, à être condamnés & une forte amende
par l'évêque de Strasbourg, en réparation de leur
injustice.
C R I S E S D'KBROIN — LE R O I MARTYR
Le reste de la France était loin de jouir du
même bonheur que l'Austrasie à cause des violences d'un ambitieux scélérat.
Ce scélérat était Ebroïu qui tyrannisait alors
la Neustrie, en imposant ses volontés au faible
Thierry III dont il était maire du palais. Il multipliait les injustices et les crimes.C'est ainsi qu'il
fit crever les yeux, arracher la langue et couper
les lèvres au célèbre saint Léger, évêque d'Autun,
dont il redoutaitl'influence.ll ordonna de lapider
saint Gérin, frère de ce prélat. 11 chassa de leurs
diocèses plusieurs évôquea fidèles qu'il remplaça
ar des mercenaires, ses complices. Comme il lit
eaucoup de mal à l'Eglise, les historiens, amis
Edes libertés modernes,
ne manquent pas de faire
l'éloge de ce tyran.
Ebroïn retenait injustement sous son autorité
plusieurs provinces qui faisaient partie du
royaume d'Austrasie. Dagobert II les réclama à
Thierry III, mais Ebroïn s'opposa à leur restitution. Alors Dagobert II marcha contre la Neustrie
à la tête de ses guerriers. Laon, Chûlons-surMarne, Reims, toute la Bourgogne tombèrent en
son pouvoir. Les populations l'acclamaient comme
un libérateur. Ebroïn, effrayé, se hâta d'acheter
la paix ; puis,dans une assemblée nationale, tenue
à Marly-le-Roi, il laissa condamner plusieurs de
ses complices et quelques-unes de ses injustices
furent reparées. C'était en 676.
Toutefois, le tyran n'était pas converti. Au
printemps de l'année suivante, l'ancien protecteur de Dagobert, le saint évêque d'York,Wilfrid,
chassé de son siège par le roi saxon Ecfrid, traversait la France pour aller à Rome demander
justice au pape. Ebroïn envoya des brigands sur
sa route pour l'assassiner. Mais les sicoires se
trompèrent et massacrèrent un autre évêque
pèlerin qui se rendait aussi à Rome, Vinfrid de
Licbtfield (Angleterre).
Wilfrid, ainsi échappé à leurs mains, arriva
heureusement à la cour d'Austrasie, où Dagobert II le reçut avec des transports de joie.
11 le présenta aux seigneurs de son royaume.
« Vous savez, dit-il, comment, sacrifié a d'ambitieuses intrigues, je fus,tout enfantjeté presque
seul dans une faible barque. J'abordai orphelin
et proscrit sur les rivages de la brumeuse Ecosse.
Voilà le père à qui je dois la vie, l'évêque à qui
vous devez votre roi. Si vous ¿tes mes Qdéles,
conservez-moi un tel ami. »
Le prince offrit à Wilfrid l'évêché de Strasbourg, alors vacant par la mort de saint Arbogast. .Mais Wilfrid préféra continuer son pèlerinage à Rome et saint Florent fut élu évêque de
Strasbourg.
Hélas! le charitable évêque d'York ne devait
plus revoir sur la terre sou fils adoptif. Pendant
qu'il était encore à Rome, le 23 décembre de
cette même année 677, Dagobert II chassait dans
la forêt de Voire, au lieu appelé Scortia, à trois
lieues de Stenay, lorsqu'il fut lâchement assassiné par un traître, nommé Jean, qui était son
filleul.
Le nouveau Judas avait été payé par Ebroïn.
Les peuples d'Autrasie pleurèrent leur jeune
roi, et comme il était mort à cause de son amour
de la justice, ils le vénérèrent comme un martyr.
Telle fut la vie de ce prince français, deux fois
victime d'une grande injustice de la part des
hommes; mais, par la protection de Dieu, son
premier malheur l'avait préparé à devenir un
excellent roi, et le second lui ouvrit les portes
du ciel. La paroisse de Stenay le vénère comme
son patron.
SAINTE
IRMINE
VIERGE ET A11DESÎB
Irmine, l'aînée des filles de saint Dagobert II,
fut dès son enfance l'émule des vertus de son
père. Elle était l'ornement et les délices de la cour
par sa piété, sa modestie, sa douceur et sa rare
prudence.
Malgré l'éclat de sa naissance, son cœur n'était
• pas séduit par la vanité des parures, des richesses
et des plaisirs. Aux divertissements mondains,
elle préférait la retraite et la prière. Elle évitait
le regard des hommes et ne paraissait eu public
que lorsque ses parents le lui commandaient.
L'un des plus nobles seigneurs français l'ayant
demandée en mariage, le roi promit de la lui
donner; et tout le monde félicitait déjà le jeune
homme qui allait posséder dans son épouse uu
trésor inestimable.
Mais que les desseins de Dieu sont différents
de ceux des hommes! Quaud le temps fixé pour
les noces fut arrivé, on annonça au roi que son
futur gendre venait de mourir.
Toute la cour s'empressa autour de la jeune
rincesse pour la consoler de la inort de son
ancé ; mais Irtuiue, calme et résignée à la
volonté de Dieu, lit son sacrifice généreusement
et sans se plaindre de la Providence.
S
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