L’AVIS REGIONAL Conseil économique et social de Bretagne N°50 - Mai 2010 Éco-activités et développement durable, des opportunités de croissance pour la Bretagne Verdir l’économie et développer les éco-activités en Bretagne : Forum “Prospective” Pour une approche concertée des politiques énergétiques en Bretagne SOMMAIRE N°50 Mai 2010 Edito du Président : 3 Éco-activités et développement durable, des opportunités de croissance pour la Bretagne 4 Verdir l’économie et développer les éco-activités en Bretagne 17 Pour une approche concertée des politiques énergétiques en Bretagne 19 Opinion : Patrick CARÉ 29 30 Dernières parutions Revue trimestrielle d'information du Conseil économique et social de Bretagne Directeur de la publication : A. Even Conception/Rédaction : P. Le Foll, M. Reymond, MP. Le Deunff, O. Coutand Conception/Réalisation graphique : ARCOM Search © Rennes 2010 Impression : Région Bretagne Crédit photos : B. Demée - M. Ogier - H. Panon - ISBN 1269 10 97 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL DE BRETAGNE 7, rue du Général Guillaudot - 35069 RENNES Cedex Tél. : 02 99 87 17 60 • Fax : 02 99 87 17 69 Email : [email protected] Site internet : www.cesr-bretagne.fr EDITO Une nouvelle donne pour le développement régional Une nouvelle assemblée régionale vient d'être élue. Que l'ensemble des conseillères et conseillers reçoivent nos plus sincères félicitations ainsi que le président Le Drian pour sa réelection. Une nouvelle mandature de 4 ans commence, elle correspondra à quelques mois près à la fin de la mandature actuelle de la deuxième assemblée, le CESR. Ces années à venir vont connaitre des changements institutionnels : effets de la nouvelle fiscalité, réorganisation territoriale à l'horizon 2014 avec une nouvelle répartition des compétences entre collectivités... Le CESR devenu CESER Conseil Economique Social et Environnemental Régional accueillera en son sein quelques représentants supplémentaires d'associations environnementalistes. Notre Conseil va s'employer, comme par le passé, à éclairer au mieux par ses travaux les questions d'intérêt régional et à formuler des avis utiles au Conseil régional. Ces quelques années vont correspondre au prolongement de la crise (le chômage continue de croître) et au redémarrage économique sur de nouvelles bases. Une sortie de crise par le haut pour la Bretagne nécessite d'une part de bien identifier les problèmes et leurs solutions possibles, d'autre part de se donner de nouvelles ambitions collectives. (Agir ensemble pour dépasser la crise - CESR 2009) S’engager dans une politique volontariste Les travaux récents du CESR de Bretagne présentés dans cet Avis régional attestent des orientations qui sont celles de notre assemblée tant sur les questions à résoudre que sur les initiatives à prendre. Compte tenu du contexte de fragilité de l'approvissionnelment en électricité, chacun conviendra qu'il y a nécessité en Bretagne à s'engager dans des politiques énergétiques volontaristes (Pour une approche concertée des politiques énergétiques en Bretagne – CESR 2009) . S'il y a place pour des économies importantes d'énergie dans l'habitat et le transport, si la Bretagne peut être exemplaire pour les énergies renouvelables, en particulier les énergies marines (Des énergies marines en Bretagne : à nous de jouer ! - CESR 2009), il n'en reste pas moins que les réseaux d'approvisionnement doivent être sécurisés. De nombreuses collectivités territoriales sont fortement impliquées mais la dispersion des politiques énergétiques territoriales nuit à leur efficacité. C'est pourquoi le CESR encourage la Région à coordonner les réseaux d'acteurs pour une mise en cohérence des initiatives locales porteuses de solutions. Verdir l’économie Si les réflexions sur le développement durable portent souvent sur la question des limites des ressources fossiles, les éco-activités vont bien au delà des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (Eco-activités et développement durable, des opportunités de croissance pour la Bretagne - CESR 2009). Développement durable peut aller de pair avec croissance économique pour la Bretagne dans des domaines aussi divers que l'environnement, l'éco-construction, la mobilité durable... De nombreuses entreprises et leurs réseaux sont déjà engagées dans ces nouvelles filières et approches transversales comme l'ont mis en évidence les témoignages du forum prospective "Verdir l'économie..." organisé par le CESR. Au delà des activités nouvelles, toutes les entreprises sont concernées par les enjeux et opportunités de l'économie verte, de la réduction des déchets à l'usage de nouveaux matériaux. Ce mouvement est inéluctable, irréversible, et se doit d'être accompagné par les pouvoirs publics par une réglementation anticipatrice, une offre de formation, la commande publique, le soutien à la recherche et à l'innovation. Dans ses politiques d'accompagnement des acteurs au service du développement durable par l'expansion des eco-activités, le Conseil régional doit prendre des options claires (véhicule décarboné, efficacité énergétique des bâtiments, énergies marines...) afin d'éviter la dispersion des moyens. niveau de formation est à notre avantage, c'est une chance indéniable pour les mutations à venir. Notre potentiel de recherche rapporté à la taille de la région est d'un bon niveau avec quelques secteurs à dimension internationale, c'est un atout précieux qui peut permettre raisonnablement d'espérer la reconnaissance d'un "campus d'excellence" en collaboration avec la région Pays de la Loire. La dimension humaine du développement c'est aussi un mode de vie repensé où le bien être ne se mesure pas par la seule consommation mais aussi par l'usage du temps, l'effacement des disparités, le lien social, l'engagement citoyen... Notre c a p i t a l é c o n o m i q u e : c'est notre appareil de production, notre système productif, dans ses dimensions actuelles et futures : une agriculture repensée en lien étroit avec la société bretonne, qui s'appuie sur les savoirs faire et les capacités d'entreprendre actuels tout en prenant en compte les nouvelles contraintes, des activités liés à la mer, dont la pêche, les énergies marines et le tourisme, des bases industrielles assurant leurs mutations sous l'impulsion des pôles de compétitivité, des filières nouvelles dont les éco-activités, des servives aux entreprises et aux personnes bien implantées et de qualité... Notre patrimoine économique ce sont aussi nos infrastructures, nos équipements collectifs qui rendent possibles activités et performances. Si l'avenir est incertain, il est pour une part construit par les grandes orientations qu'on lui donne. Oeuvrons pour que la réforme territoriale s’inscrive dans le sens de l'histoire et conduise à une plus grande capacité d'initiative et d'intervention de nos Régions (Contribution du CESR de Bretagne au débat sur la réforme territoriale – CESR 2009). La Bretagne qui, en son temps, a mis en avant le fait régional doit être à nouveau précurseur. Puisque la nouvelle approche de la mesure des performances économiques et du progrès social est à l'ordre du jour accordons plus d'attention à notre patrimoine collectif, aux trois aspects du capital sur lesquels le développement humain durable de notre Région doit s'appuyer. Notre c a p i t a l e n v i ro n n e m e n t a l : il est sans nul doute à conserver mais aussi à enrichir. Il est riche, de ses paysages, de la terre et de la mer, de son patrimoine bâti, de son urbanisme. A préserver pour les générations futures, il est aujourdhui facteur d'attractivité, source de richesse (économie résidentielle) et composante du bien être. Le patrimoine dit naturel, bien que pour une part façonné par l'homme, est vivant et l'on doit veiller à son évolution, lutter contre ce qui produit le changement climatique mais aussi se préparer à en attenuer les effets y compris par une bonne gouvernance locale (Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l'épreuve du changement climatique, à l'horizon 2030 CESR 2009). Un trépied capital pour le développement régional Le CESR de Bretagne va continuer à engager des travaux sur des thèmatiques qui dès aujourd'hui font question et va continuer à réfléchir collectivement, en prospective, à ce que demain pourrait être pour en faciliter l'accès ou s'en prémunir. Notre capital humain : "il n’est de richesse que d'hommes", c'est d'abord notre population renouvelée pour une part majoritaire par un solde migratoire positif. Maintenons cette attractivité, ne craignons pas les populations nouvelles. Le potentiel humain apprécié par le Alain EVEN Président du CESR de Bretagne 3 ENVIRONNEMENT Éco-activités et développement durable, des opportunités de croissance pour la Bretagne L’actualité des nombreux défis environnementaux auxquels est confrontée l’humanité se confirme chaque jour. Si le développement durable est vécu comme une contrainte par les entreprises, il peut aussi s’avérer une source d’opportunités. Cette réflexion, adoptée par le CESR en juin 2009, s’inscrit dans le prolongement de travaux antérieurs et notamment d’un rapport remontant à plus de dix ans sur le développement durable de la Bretagne. La dimension sociale du développement durable n’est pas directement traitée dans ce rapport, le CESR ayant notamment adopté un rapport spécifique sur la question des conditions de travail en Bretagne à la demande du Président du Conseil régional.. Le rapport se situe par ailleurs en complémentarité d’autres études menées en parallèle au sein du CESR : sur la politique énergétique, sur les énergies marines renouvelables et sur la gouvernance régionale face au défi du changement climatique. 4 Au-delà des atouts et faiblesses mais aussi des enjeux spécifiques liés aux caractéristiques connues de la situation bretonne, le rapport a souhaité insister sur l’importance de la maîtrise des ressources au travers de deux indicateurs. La notion « d’énergie grise » montre que des efforts d’efficacité énergétique peuvent être réalisés en Bretagne tant pour la production que pour l’acheminement des produits. Les entreprises peuvent aussi apporter des solutions pour accroître la sobriété énergétique des logements. De même, « l’eau virtuelle » permet de constater que le choix d’un produit ou d’un mode de production a des incidences sur la consommation de la ressource en eau. La prise en compte des préoccupations écologiques par le tissu économique Dans ce contexte, le rapport étudie les activités économiques écologiquement responsables de la Bretagne, dans une optique de développement régional, sous deux angles : en premier lieu, la prise en compte des préoccupations environnementales par le tissu économique dans son ensemble (première Partie), puis les éco-activités (deuxième Partie). Les deux dimensions sont complémentaires car la prise en compte du développement durable est génératrice d’éco-activités. ❚ Des indicateurs utiles Cette prise en compte suppose l’usage d’indicateurs et d’outils opérationnels. Elle concerne toutes les entreprises, tous les secteurs et toute la chaîne de valeur et s’avère très dépendante de la réglementation. Alors qu’elles doivent lever certaines contraintes non négligeables (4.), les entreprises peuvent bénéficier d’appuis spécifiques et utiliser le levier très appréciable de la formation. Quelques grandes notions et grands outils utiles mais méconnus Les entreprises ont à leur disposition un certain nombre d’indicateurs utiles : le bilan carbone, l’empreinte écologique, l’analyse de cycle de vie (ACV). Après un examen de ces éléments, le CESR privilégie, pour un usage professionnel, l’ACV qui permet de quantifier les impacts d’un bien, service ou procédé, depuis l’extraction des matières premières qui le compo- sent jusqu’à son élimination, en passant par sa distribution et son usage (analyse « du berceau à la tombe »), mais aussi de simuler les effets de toute modification dans le processus de production. D’une manière générale, le choix d’un indicateur apparaît extrêmement important : il ne doit pas masquer des dimensions de l’éco responsabilité (impact sur l’eau, les pollutions, l’usage du foncier, etc.) tout en demeurant pédagogique et compréhensible pour le public ciblé. Les indicateurs, qui sont d’ailleurs évolutifs et perfectibles, doivent être choisis en fonction des besoins. P r é c o n i s a t i o n : Le CESR préconise un usage accru de l’analyse de cycle de vie (ACV) et sa vulgarisation. ❚ Des outils opérationnels Les outils opérationnels mobilisables par les entreprises sont également nombreux : éco-conception, étiquetage « vert », certifications, labels... ENVIRONNEMENT • L’éco-conception, qui s’appuie sur les résultats de l’ACV, consiste à élaborer ou modifier des produits afin d’en réduire l’impact environnemental tout en améliorant leurs qualités d’usage, en contenant les coûts de production et en répondant à la demande du marché. Elle prend en compte une multitude de dimensions (choix des matériaux, valorisation des déchets, transport, utilisation…). Parmi les nombreux exemples analysés par le CESR, il convient de noter tout particulièrement trois projets d’éco-conception de navires initiés dans le cadre du Pôle Mer Bretagne. • L’ é t i q u e t a g e d e s p e r f o r m a n c e s e n v i ro n n e m e n t a l e s d e s p ro d u i t s sera obligatoire d’ici la fin 2010. Il aura donc un impact considérable pour la Bretagne, région excentrée par rapport aux grandes zones de consommation, très dépendante du transport routier et caractérisée par des productions parfois intensives. • Les certifications et les normalis a t i o n s sont des solutions de référence (présentées sous formes de documents), données à une question répétitive technique ou organisationnelle. La norme ISO 14001 apporte des repères pour mettre en place des systèmes de management environnemental. Ces pratiques tendraient actuellement à stagner au plan national comme en Bretagne, alors que la région a longtemps basé son modèle économique sur des systèmes de management certifiés et performants. Cette évolution semble dommageable car les apports de ces démarches de progrès sont nombreux : en termes d’économies réalisées, de pollutions évitées, d’introduction de technologies plus propres, de qualité environnementale des prestations et des produits… • L e s l a b e l s sont des outils permettant de communiquer sur les caractéristiques des produits. Il peut s’agir de labels officiels (l’éco-label européen, la norme NF de l’AFNOR, le label écoCert, le label HQE…) mais aussi de démarches collectives ou d’initiatives d’entreprises. Bien que la profusion de ces signes soit source de confusion pour l’acheteur, ces labels peuvent s’avérer des atouts commerciaux non négligeables. P r é c o n i s a t i o n : Le CESR préconise de favoriser la diffusion des outils très utiles que sont l’éco-conception, l’étiquetage environnemental, les certifications des systèmes de management environnemental et les éco-labels. Réduire, réutiliser, recycler ❚ la nécessité d’un changement de modèle Au-delà de ces outils, c’est à un changement de modèle qu’invite le contexte environnemental dégradé. • L e m o d è l e l i n é a i re actuel est caractérisé, en amont, par le prélèvement de ressources et en aval, par l’accumulation de déchets. Il est basé sur la logique « extraire, transformer, jeter ». La croissance de la consommation qui lui est nécessaire engendre en effet une surexploitation des ressources ainsi qu’un renouvellement régulier des produits et équipements dont la durée de vie doit être courte (leur obsolescence est programmée). Les seules atténuations sont des solutions curatives, « en bout de chaîne », à l’efficacité décroissante. • L’ é c o n o m i e d e f o n c t i o n n a l i t é se veut une réponse à ces travers et notamment à la croissance illimitée des matières utilisées. Elle est basée sur un principe simple : substituer à la vente d'un bien, la vente de sa fonction d'usage et de sa maintenance. Un tel modèle présente plusieurs avantages : cette économie de service permet de concilier la croissance du chiffre d’affaires et la baisse de la production, elle est un facteur de fidélisation des clients, elle constitue une incitation à produire des biens robustes, elle génère des emplois qualifiés et de proximité, elle est applicable dans de nombreuses activités (dont l’efficacité énergétique)… L’affirmation d’un tel modèle suppose, néanmoins, d’importants changements de mentalité de la part des consommateurs. • L’ é c o n o m i e c i rc u l a i re ( o u é c o l o g i e i n d u s t r i e l l e ) vise également à permettre un découplage entre croissance économique d’une part, croissance de la production, des déchets et des consommations énergétiques d’autre part. Cherchant à créer un écosystème économique, elle est basée sur la logique « réduire, réutiliser, recycler » : réduire les consommations de matières premières (en dématérialisant notamment), réutiliser (les déchets des uns devenant les ressources des autres) et recycler les coproduits. Le Pays du Centre Ouest Bretagne a engagé une expérimentation sur ce plan afin de susciter des mutualisations et des valorisations de co-produits sur une base territoriale. D’une manière générale, les potentiels de réutilisation des co-produits et déchets sont considérables en Bretagne. P r é c o n i s a t i o n : Le CESR recommande de soutenir toutes les démarches permettant de passer du concept de déchet à celui de co-produit ainsi que de passer du modèle linéaire aux modèles d’économie circulaire et de fonctionnalité. To u t e s l e s e n t r e p r i s e s , tous les secteurs et toute la chaîne de valeur sont concernés ❚ L a p o s i t i o n d e s e n t re p r i s e s face au développement durable Plusieurs enquêtes réalisées récemment ont permis de cerner la position des entreprises de Bretagne face au développement durable. Elles s’y déclarent favorables au concept et aux pratiques qu’il implique. En outre, elles considèrent qu’elles en appliquent les principes. Par ailleurs, on constate que les mesures à caractère environnemental l’emportent 5 ENVIRONNEMENT largement sur les actions en matière sociale. Elles sont en revanche partagées sur la réglementation qu’elles jugent utile mais aussi trop souvent complexe et difficile à appliquer. ❚ To u t e s l e s f i l i è re s s o n t concer n é e s p a r l e d é v e l o p p em e n t durable 6 Les enjeux communs sont nombreux. L’efficacité énergétique, la production propre, la recherche de sources d’énergies renouvelables, la réduction de l’impact sur l’environnement, la santé et la biodiversité regardent tous les secteurs. D’une manière générale, la « révolution écologique » ne concerne pas que l’énergie et les déchets mais toute la chaîne de valeur (conception, production, utilisation, recyclage, élimination). Certaines problématiques sectorielles spécifiques peuvent aussi être dégagées : - Industries agro-alimentaires : réduction des pollutions (boues et effluents liquides, nuisances olfactives) et valorisation des co-produits ; - Bâtiment : utilisation de matériaux écologiques, en particulier pour des motifs de santé et pour accroître l’efficacité énergétique des bâtiments ; - Emballage : réduction des déchets, utilisation de matériaux aisément recyclables et valorisables ; - Électronique, TIC : développement d'applications directement liées au développement durable (logiciels permettant de gérer et de réduire certains flux, domotique permettant de contrôler les consommations énergétiques et les rejets, mesure et maîtrise des pollutions...), dématérialisation (des documents, déplacements, réunions…), recyclage et valorisation des équipements électriques et électroniques en fin de vie ; - Transports : détermination de modes de propulsions alternatifs (hybrides, électriques...), gestion des mobilités grâce aux TIC pour éviter les congestions routières notamment ; - Chimie : prévention des pollutions et des toxicités, conception de substances intégrant leur mode de dégradation finale ; - Tourisme : réduction des nuisances sur les milieux naturels, régulation des flux de visiteurs. Réduire les pollutions ❚ Une diversité des pratiques durables Un recensement des pratiques durables des entreprises de Bretagne montre une diversité d’initiatives : dans le domaine des déplacements (mise en place de plans de déplacement des entreprises ou de facilités de covoiturage…), utilisation de matériaux renouvelables, gestion durable de l’eau (une récente enquête réalisée par la CRCI de Bretagne démontre la créativité des entreprise bretonnes sur ce plan), modification des emballages, valorisation des déchets, recours à des achats éco-responsables, écoconstruction de bâtiments professionnels, choix des modes de transports durables etc. P r é c o n i s a t i o n : dans le prolongement de son rapport d’octobre 2001, le CESR de Bretagn préconise, afin de préserver l’aménagement équilibré du territoire et d’accroître la durabilité des transports, le développement du transport multimodal et le maillage du territoire par des plates-formes logistiques. Les recours au cabotage et au transport ferroviaire constituent des solutions appréciables, c’est sur ces plans que le Conseil régional pourra notamment appuyer en favorisant la création de lignes. ❚ L’ é m e r g e n c e d ’ u n e c o n s o m m a t i o n engagée On assiste également à l’émergence d’une consommation engagée, tenant compte des actions des entreprises en matière de citoyenneté. Ces pratiques sont en croissance mais demeurent minoritaires, la question du pouvoir d’achat constituant le principal frein à la diffusion de ces pratiques. Un supplément de prix de 5% pour un produit plus écologique semble acceptable par les consommateurs. D’une manière générale, les produits « verts » ou durables sont perçus comme plus chers par les consommateurs ce qui les pénalise en période de marasme économique. Ce point est assez souvent exact mais doit également être nuancé car des compensations permettent aussi de réaliser des économies. En matière de consommation, si des efforts de modération sont souvent nécessaires, l’enjeu est surtout d’aboutir à une consommation qui réponde aux besoins des personnes sans aller au-delà du raisonnable. Mieux consommer, pour chaque individu, ne signifie pas nécessairement moins consommer, mais autrement, en essayant d’intégrer des éléments de citoyenneté, c'est-àdire d’intérêt général, sans pour autant être en contradiction avec ses propres intérêts. P r é c o n i s a t i o n s : Le CESR préconise à la Région Bretagne de réaliser des actions de valorisation des métiers environnementaux et de sensibilisation des consommateurs sur les nécessaires changements de comportements qu’implique le développement durable (en utilisant les moyens de communication disponibles : Internet, évènements, ENVIRONNEMENT presse, information des lycéens et apprentis, élaboration d’outils pédagogiques… ainsi qu’en s’appuyant sur les réseaux associatifs). Le CESR recommande également aux acteurs, aux élus notamment, d’intégrer le développement durable dans leurs formations. Un impact des normes et de la réglementation qui présente des avantages et des inconvénients ❚ L’ a c t i o n r é g l e m e n t a i re d e s pouvoirs publics L’action réglementaire des pouvoirs publics européens, nationaux et locaux, en rendant nécessaire la réalisation d’économies, la réduction de pollutions ou de déchets, la valorisation de co-produits, peut rendre économiquement viable une filière pour les éco-entreprises. L’exemple des déchets est sur ce plan éclairant : l’alourdissement de la réglementation, son élargissement et sa sophistication régulière ont joué un rôle considérable pour favoriser l’instauration de multiples filières. Elle a permis de créer la notion de responsabilité élargie du producteur, de passer de la notion de déchet à celle de co-produit mais également d’encourager les pratiques de prévention des déchets, de réemploi, de recyclage et de valorisation. ❚ Un soutien fiscal incitatif De même, un soutien fiscal incitatif, pouvant parfois être amplifié par des aides régionales, peut créer un marché pour des équipements ou des pratiques durables. L e s y s t è m e d e s b o n u s m a l u s dans l’automobile a entraîné une modification importante des achats. Enfin, la fixation par décret d’un p r i x d e r a c h a t d e s é n e r g i e s re n o u v e l a b l e s sur une longue durée a pour objectif, en sécurisant l’activité des exploitants et en apportant une visibilité aux acteurs du marché, d’assurer le retour sur investissement des équipements installés, d’impulser l’émergence progressive d’une filière nouvelle et d’accompagner l’arrivée de nouveaux intervenants. Ces aspects favorables ne doivent pas masquer c e r t a i n s t r a v e r s. Comme l’a déjà signalé le CESR dans son rapport sur la reconquête de la qualité des eaux en Bretagne, une réglementation trop complexe, instable, peu lisible peut être d’application difficile. De même, dans le bâtiment, la réglementation française de l’assurance construction (relative à la responsabilité civile décennale de l’entreprise) et les retards dans la normalisation de certains matériaux freinent aussi le développement de l’éco-construction. Des contraintes à lever La mise en place du développement durable, pour obligatoire qu’elle soit, n’en est pas moins délicate et peut être contrecarrée par des effets pervers. ❚ L a n o t i o n d e t r a n s f e r t d e p o llution Liée à l’analyse de cycle de vie, elle rend compte de l’interdépendance des techniques et des étapes de production. Une modification à un stade, réalisée pour des motifs environnementaux, peut entraîner des effets pervers à d’autres stades (par exemple un changement de matériau visant à réduire les consommations peut être source de pollutions). Constater de tels déplacements des problèmes ne doit bien évidemment pas dissuader de procéder à des changements. Cela démontre surtout la complexité des phénomènes, l’obligation de raisonner de manière globale et, plus fondamentalement encore, la nécessité d’évaluer régulièrement les solutions envisagées selon un bilan coûts / avantages, la solution adoptée étant toujours un compromis. Il n’existe en effet pas de solutions parfaites, de panacées en matière environnementale ce qui exclut les réponses toutes faites et les raisonnements simplistes. ❚ L’ e ff e t re b o n d Il correspond à la minoration des économies potentiellement obtenables par des procédés nouveaux ou des substitutions de produits, cette minoration étant due à un accroissement des usages. Ainsi, en réduisant le coût payé, un gain d’efficacité énergétique (chaudière plus performante, moteur moins consommateur, isolation améliorée) incite souvent à une augmentation de la consommation, à la multiplication des équipements individuellement plus économes, à une substitution de certaines consommations par d’autres… La constatation de l’existence de ces phénomènes apparemment paradoxaux permet de prendre conscience que l e s innovations technologiques n’aff r a n c h i ro n t p a s d e s n é c e s s a i re s changements de comportements a i n s i q u e d e m o d è l e d e p ro d u c t i o n e t d e c o n s o m m a t i o n , bien au contraire. Elle ne doit pas non plus démobiliser les acteurs. Bien qu’ils soient rognés par l’effet rebond, les 7 ENVIRONNEMENT gains obtenus par l’efficacité énergétique et la sobriété en termes de matériaux sont souvent relativement importants. De surcroît, les effets rebonds tendent à baisser à mesure que croît l’information des consommateurs. Enfin, l’effet rebond semble diminuer avec l’augmentation du niveau de vie. ❚ L e g re e n w a s h i n g o u « b l a n c h i ment écologique » Il consiste, pour une entreprise, à attribuer à ses produits ou à elle-même des vertus environnementales fallacieuses. Le phénomène est d’autant plus important que le critère écologique est de plus en plus pris en considération par les consommateurs et utilisé dans la publicité. En créant de la confusion, il contribue à décrédibiliser le discours des entreprises véritablement « vertueuses ». ❚ La crise économique 8 La crise économique a des effets variables sur les pratiques des entreprises en matière environnementale. En raréfiant les crédits, elle peut inciter à réduire les investissements sur ce plan. Elle incite les consommateurs à se tourner vers les produits les moins chers qui ne sont pas toujours les plus écologiques. Des filières sont affectées par d’importantes difficultés (le recyclage des métaux, les équipements solaires) faisant craindre l’éclatement de « bulles vertes ». En effet, la croissance des différentes éco-filières ne sera ni linéaire, ni nécessairement positive. Néanmoins, si l’économie « verte » ne peut, à elle seule et à court terme, régler tous les problèmes, c e t t e s i t u at i o n p e u t ê t re u t i l i s é e c o m m e u n e o p p o r t u n i t é p o u r a c c é l é re r l e s n é c e s s a i re s m u t a t i o n s . Alors que les rapports d’experts insistent sur l’urgence d’une action massive à mener pour régler les questions environnementales et notamment celle du changement climatique, les plans de relance doivent être utilisés pour opérer le changement de modèle économique qui s’avère obligatoire. Dans le même temps, il faut avoir conscience que « l’économie verte », tout en créant une nouvelle dynamique, n’est pas en capacité de transformer du tout au tout les produits et les emplois en quelques années. Les actions menées pour d i ff u s e r l e s p r a t i q u e s r e s p e c t u e u s e s d e l ’ e n v ironnement ❚ Favoriser le développement d e l a re s p o n s a b i l i t é s o c i a l e d e s e n t re p r i s e s ( R S E ) Diverses initiatives, publiques et privées, visent à favoriser le développement de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Au niveau européen, il convient notamment de signaler les programmes ECO INNOVATION et ETAP (Environmental Technology Action Plan). En Bretagne, quelques actions emblématiques doivent être signalées. Le réseau de compétitivité « Performance Bretagne Environnement Plus » (PBE +), qui associe un grand nombre de partenaires, dont le Conseil régional, les Unions patronales et les CCI, apporte un accompagnement aux entreprises sur les questions environnementales (conseil, veille réglementaire, information, formation, apports méthodologiques…). De même, les Chambres de Commerce et d’Industrie de Bretagne ont décidé de mettre en commun leurs forces, leur réseau et leurs compétences pour apporter un appui aux entreprises sur les volets stratégiques, managériaux, environnementaux et sociaux. Cette initiative fédératrice s’intitule Bretagne Développement Durable®. Les Chambres de Métiers et de l’Artisanat ont également mis en place un dispositif, ENVIR’A, traitant tout particulièrement de la problématique des déchets… P r é c o n i s a t i o n : le développement durable, qui concerne toutes les entreprises, a un champ plus large que le seul domaine de l’environnement. Rappelons qu’il intègre également le social et le développement économique ainsi que les interrelations entre ces trois dimensions. Il pourrait être intéressant, entre autres, de capitaliser sur la réussite de « Performance Bretagne Environnement Plus » (PBE +) pour élargir le domaine d’intervention de ce réseau de compétitivité qui deviendrait « Performance Bretagne Développement Durable Plus » (PBDD +). L’ambition serait de positionner les entreprises bretonnes en tête du classement français pour leurs pratiques durables. ❚ La commande publique écore s p o n s a b l e La commande publique éco-responsable peut également être un vecteur d’intégration du développement durable par les entreprises. Elle consiste à intégrer des critères sociaux et environnementaux dans les marchés et les achats publics ainsi que dans les contrats de délégation de service public ou les partenariats public-privé. Outre la volonté de réduire l’effet négatif de l’acte d’achat sur l’environnement, la commande publique peut rechercher un impact positif sur l’offre et sur l’économie en général : favoriser la structuration de nouvelles filières, inciter les entreprises à adapter leurs modes de production, favoriser l’émergence et la montée en puissance des produits « responsables » en ayant un effet d’entraînement sur le marché… ENVIRONNEMENT L’effet de levier de cet outil est considérable puisqu’on estime que les achats publics représentent environ 15% du PIB de la France. Le phénomène, appuyé par le Conseil régional e t l e « Ré se a u Gr a n d O u e s t Commande Publique et Développement Durable », s’est déjà diffusé en Bretagne. Ainsi, une enquête, réalisée auprès des principaux maîtres d’ouvrage publics de la région, a montré que 28 % des bâtiments ayant fait l'objet d'un appel d'offres en 2007 intègrent des éléments de construction durable. P r é c o n i s a t i o n : par leur exemplarité, les achats et les investissements écoresponsables sont, pour les pouvoirs publics régionaux, un moyen de promouvoir les comportements écologiques chez les citoyens. Les Bretons, déjà bien placés pour leur faible production de déchets ménagers, doivent pouvoir se positionner en tête de classement pour leurs pratiques citoyennes. Emploi et formation dans l e d o m a i n e d e l ’ e n v i r o nnement ❚ U n n o t a b l e a c c ro i s s e m e n t d e s emplois La mesure de l’emploi lié à l’environnement est délicate. Les définitions variant selon les sources, l’étude des tendances apparaît difficile. Malgré cette réserve, les analyses convergent pour prévoir un notable accroissement des effectifs dans les prochaines décennies sous l’effet du changement climatique, de l’épuisement des ressources, des risques sanitaires liés à l’environnement... A titre d’exemple, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) a estimé que l’application des mesures du Grenelle de l’Environnement devrait permettre, au plan national, la création ou le maintien de 535 000 emplois dont 235 000 dans le bâtiment (essentiellement liés à la rénovation thermique). Ces activités sont peu délocalisables, souvent relativement intensives en main d’oeuvre et pas toujours mécanisables. Toutefois, leur concrétisation est fortement dépendante de décisions volontaristes des États et des entreprises. La question du financement des politiques environnementales est, de ce fait, cruciale. Enfin, il est important de faire de ces postes de véritables emplois de qualité. ❚ La formation : un enjeu clé La formation est un enjeu considérable pour la mise en place du développement durable. La situation actuelle n’apparaît pas, d’une manière générale, satisfaisante. Les formations à l’environnement, souvent très récentes, se révèlent nombreuses et en forte croissance. Or, on constate fréquemment un décalage entre le nombre de personnes formées et celui des offres d’emplois véritablement disponibles. Les entreprises embauchent peu de jeunes diplômés et privilégient les candidats internes ou externes expérimentés, ce qui donne une importance toute particulière à la formation continue. Les observateurs signalent également une certaine inadéquation de l’offre de formation, ce qui impliquera des réorientations. Les effectifs des formations environnementales sont essentiellement inscrits dans le domaine « nature, milieux et équilibres écologiques » alors que les offres d’emploi sont concentrées dans les métiers relatifs au domaine « pollutions, nuisances et risques ». Des activités comme le traitement des déchets ou de l’eau rencontrent de ce fait des difficultés de recrutement. Les recrutements « verts » s’opèrent davantage dans les entreprises « traditionnelles » (qui doivent tenir compte de leurs déchets, rejets, consommations ou des risques d’accident environnemental) que dans les éco-entreprises. Les métiers « verts » véritablement nouveaux sont peu nombreux et ne concerneront que des effectifs assez limités. En revanche, toutes les professions seront concernées. Il est donc probablement plus important d’intégrer systématiquement une dimension « environnement et développement durable » dans les formations généralistes et spécialisées (sur l’agro-alimentaire, la chimie, le bâtiment, les TIC…) que de développer des formations spécifiquement axées sur l’environnement. Le cas particulier des formations à l’éco-construction doit être signalé. Outre de n é c e s s a i re s r é o r i e n t a t i o n s des formations initiales et contin u e s (vers davantage d’innovation et de transversalité, afin de disposer d’une approche globale de la conception des bâtiments), l e re n f o rc e m e n t q u a n t i t a t i f apparaît crucial. En effet, alors que les compétences manquent dans de nombreux domaines de l’éco-construction, le dispositif de formation s’avère sous dimensionné. L’insuffisance des capacités de formation pourrait être le frein majeur au développement de cette filière, ce qui, lorsque l’on connaît les enjeux de la rénovation thermique des bâtiments, pourrait avoir des incidences très dommageables sur l’atteinte des objectifs de réduction des 9 ENVIRONNEMENT émissions de CO2 et des consommations énergétiques. Ajoutons enfin sur ce plan que la formation continue des artisans du bâtiment et de leurs salariés supposera des changements de mentalité importants dans une profession se consacrant peu et parfois pas du tout à la remise à niveau des connaissances. 10 P r é c o n i s a t i o n : La formation continue constitue un des principaux leviers pour introduire le développement durable dans l’économie. Une priorité toute particulière pourrait être portée, à la fois par les professionnels et le Conseil régional, sur la formation continue intégrant les préoccupations du développement durable, notamment en matière d’éco-construction et d’efficacité énergétique. Cela passe par une réorientation de la formation et un accroissement de l’offre. L’amélioration des compétences (sur la conception, la réalisation, la maintenance) constitue la condition obligatoire pour faire de la Bretagne une région exemplaire en matière d’éco-construction. De surcroît, compte tenu de l’ampleur de la crise et des mutations économiques, la Région peut également avoir une politique volontariste d’accompagnement des « licenciés » ou « touchés par le chômage partiel », par le financement de formations sur ces thématiques (là aussi, entre autres dans l’éco-construction). La réalité et les perspectives des éco-activités et des éco-technologies en Bretagne Eco-activités : définition, contenu et perspectives de développement en Bretagne ❚ Définition et contenu L’OCDE et Eurostat considèrent que les éco-activités « visent à produire des biens et des services capables de mesurer, prévenir, limiter ou corriger les impacts environnementaux (pollution de l’eau, de l’air, du sol, problèmes liés aux déchets, au bruit et aux éco-systèmes) ». De cette définition, il ressort que les éco-activités sont une nouvelle filière d’activités relevant à la fois de l’industrie et des services et intervenant, pour une large part, en sous-traitance pour d’autres secteurs. Les éco-activités sont regroupées autour d’un socle commun relativement vague : la préservation de l’environnement. Les éco-activités peuvent être curatives ou préventives. Lorsqu’elles sont c u r a t i v e s (externes), elles consistent dans la collecte et le traitement en bout de chaîne des effluents polluants, l’élimination des déchets, la dépollution de sites et de sols… Les éco-activités p r é v e n t i v e s (ou intégrées) introduisent des modifications dans la conception et le fonctionnement des procédés de production afin de rendre un process, un produit ou une technologie intrinsèquement moins générateurs d'atteintes à l'environnement et moins consommateurs de ressources naturelles non renouvelables. Bien que souvent plus efficaces pour réduire les nuisances environnementales, les activités préventives demeurent moins nombreuses que les activités curatives. Les éco-activités peuvent avoir un rôle d’aa t t é n u a t i o n des problèmes environnementaux en apportant des solutions qui limitent (préventivement ou a posteriori) les conséquences d’une pollution. Elles peuvent permettre une a d a p t a t i o n aux changements, des modifications pertinentes favorisant l’évitement des pollutions. Les éco-activités ne mobilisent pas nécessairement des éco-technologies et les éco-entreprises ne sont pas obligatoirement innovantes. En outre, les écoactivités sont évolutives, de nouvelles filières, répondant à des besoins nouveaux ou récemment identifiés, apparaissant régulièrement. A partir de l’analyse de plusieurs typologies, le CESR a élaboré la liste d’écoactivités suivante : • Les énergies renouvelables (la fabrication, l’installation et la maintenance d’équipements pour les énergies renouvelables, la production de ces énergies) ; • L’efficacité énergétique (la fabrication, l’installation et la maintenance d’équipements permettant de contrôler et de limiter les consommations d’énergie ; la réalisation de prestations permettant de modérer les consommations énergétiques) ; • L’environnement. Cette dimension se subdivise en diverses sous-filières : - La collecte, le recyclage, la valorisation (y compris énergétique), la réutilisation de déchets, - La gestion de l’eau (traitement, épuration, gestion quantitative), - La limitation des nuisances olfactives et de la pollution de l’air, - La dépollution des sols, - La limitation du bruit et des nuisances sonores, - La prévention et le traitement des risques naturels et technologiques ; • La production durable et les procédés « éconologiques » (la proposition de solutions rentables permettant de limiter les consommations liées au processus de production, de réduire les rejets, de valoriser les co-produits, d’écoconcevoir les produits) ; • L’éco-construction (conception et construction de bâtiments sains, peu consommateurs d’énergie, utilisant des matériaux écologiques ; la fabrication de ces matériaux de construction écologiques) ; ENVIRONNEMENT • La mobilité durable (éco-conception et production de véhicules sobres énergétiquement, utilisant des modes alternatifs de propulsion) ; • La préservation et la restauration des milieux naturels et des agro-écosystèmes. ❚ Le poids économique des éco-activités en France Selon une étude réalisée pour le Ministère de l’Économie et des Finances, les éco-activités françaises emploieraient environ 400 000 personnes et réaliseraient un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros. Les éco-entreprises françaises se situaient au quatrième rang mondial pour leur présence sur les marchés extérieurs. Cette internationalisation s’est réalisée par des exportations mais aussi par des implantations à l’étranger (pour l’exploitation de services en matière de déchets ou d’eaux usées). Les grands groupes du secteur de l’eau figurent ainsi parmi les leaders mondiaux. Néanmoins, dans certaines filières, les éco-entreprises françaises s’avèrent moins performantes (l’ingénierie environnementale, les équipements pour les énergies renouvelables…). Malgré la présence de grands groupes en particulier dans l’eau et le recyclage, le poids des entreprises de taille modeste apparaît non négligeable dans les éco-activités. Les très petites entreprises (TPE) réaliseraient entre 15 et 20% du chiffre d’affaires total des éco-industries et les PME environ 40%. C’est notamment le cas dans des filières offrant des potentialités importantes comme l’efficacité énergétique ou l’isolation thermique. ❚ Le poids économique des é c o - a c t i v i t é s e n B re t a g n e Le CESR a réalisé une étude statistique sur les éco-activités à partir d’une liste de codes APE (Activité principale exercée) utilisée par l’INSEE. Bien qu’incontournable, celle-ci s’avère malheureusement peu adaptée pour rendre compte du phénomène en termes d’entités et d’emplois. Selon ces statistiques disponibles, la Bretagne compte 839 « éco établissements » représentant 5,1% de l’ensemble national. Elle n’occuperait que le 10ème rang national des régions sur ce plan. Quatre activités se partagent plus de 8 éco-établissements sur 10 : le captage, le traitement et la distribution d’eau, la collecte et le traitement des eaux usées, l’enlèvement et le traitement des ordures ménagères, la récupération et le recyclage de matières métalliques. Le nombre d’éco-établissements a augmenté de 65% en Bretagne depuis 1993 (contre 30% au plan national). 7 812 personnes travaillent dans les éco-établissements bretons, soit 4,5% de l’ensemble national. La Bretagne est la 8ème région française en la matière. Avec un doublement des effectifs entre 1993 et 2006, l’emploi dans les écoactivités bretonnes a augmenté sensiblement plus rapidement qu’au niveau national. Le très appréciable dynamisme de la période récente traduit probablement un phénomène de rattrapage. Il convient de noter également qu’une monographie réalisée dans le département d’Ille-et-Vilaine et portant sur un échantillon comparable a conclu à une sous-estimation de 94% des chiffres de l’emploi et de 130% du nombre d’établissements. Le cas des e n t r e p r i s e s d ’ i n s e r t i o n doit être signalé. Ces entités ont pour objet l’insertion de personnes en difficultés par l’exercice d’une ou plusieurs activités économiques concurrentielles, dans le secteur marchand. Elles s'adressent à des personnes qui cumulent des difficultés professionnelles et sociales (absence de qualification ou qualification obsolète, chômage de longue durée, etc.). Leur intervention s'inscrit dans une logique de médiation ou de passerelle vers l'emploi. Elles proposent des contrats de travail à durée déterminée de droit commun ainsi que des parcours personnalisés d’insertion comprenant des formations et un encadrement par des salariés permanents. Bien que non tournées vers la recherche immédiate du profit, les entreprises d’insertion sont impliquées dans le secteur marchand. Leur niveau de subventionnement public est d’ailleurs relativement limité (15% environ). Les résultats en termes de reclassement sont appréciables. Les entreprises d’insertion interviennent souvent dans le domaine de l’environnement. Elles y ont souvent un rôle de pionniers en créant des filières, en les viabilisant et en démontrant leur potentiel. Elles nouent de plus en plus de coopérations avec les entreprises « classiques » et souhaitent s’inscrire dans les « clusters » qui pourraient être mis en place pour favoriser le développement des éco-activités. D’autres types d’instances (SCOP, coopératives, associations, entreprises adaptées) ont également un rôle non 11 ENVIRONNEMENT négligeable dans le domaine de l’environnement et de l’éco-construction. ❚ Le développement des écoactivités : opportunités et f re i n s 12 Plusieurs études anticipent une c ro i s s a n c e f o r t e d e s é c o - a c t i v i t é s. Au niveau international, une étude envisage un chiffre d’affaires mondial de 1 200 milliards d’euros en 2020 (en augmentation de plus de 120% par rapport à 2005). De même, une autre étude, réalisée pour le compte du Ministère de l’Économie et des Finances, indique que si les perspectives de croissance de ces éco-filières sont variables, elles peuvent être très élevées en France : chiffres d’affaires multiplié par 5,5 à l’horizon 2020 et triplement des effectifs dans la voiture « propre », l’éolien, le solaire photovoltaïque… De même, l’étude portant sur l’Ille-etVilaine envisage un scénario de fort développement des éco-entreprises sur les marchés européens, moyennant la création d’un cluster, le renforcement de la coopération entre formation, recherche et entreprises et une certaine spécialisation sur trois filières (l’analyse et le traitement des sols de sites pollués, le conseil et l’ingénierie en matière de gestion de l’eau, l’ingénierie en maîtrise énergétique des bâtiments). du premier appel d’offres gouvernemental pour la réalisation de centrales de valorisation de la biomasse… Au total, on peut se demander si la Bretagne ne s’est pas positionnée trop tardivement sur ces problématiques. Des f r e i n s doivent néanmoins être signalés. Le déficit d’image de certaines filières peut limiter leur attractivité. C’est le cas notamment pour les secteurs de l’eau et des déchets, malgré des perspectives de croissance non négligeables. Bien que la région ne comporte aucun pôle de compétitivité spécialisé sur les questions environnementales (le pôle Mer Bretagne étant le plus investi sur les problématiques énergétiques et environnementales), la p ro f u s i o n d e s i n i t i a t i v e s e n m a t i è re d ’ é c o - a c t i v i t é s peut également être préjudiciable. Au niveau national, les ambitions affichées par les acteurs bretons sont concurrencées par l’engagement d’un très grand nombre d’intervenants (les Régions Ile-de-France, Rhône-Alpes, Poitou-Charentes, Aquitaine, NordPas-de-Calais…). A l’intérieur de la région, les projets se multiplient également : création de « cluster » d’écoactivités initiée par des institutions d’Ille-et-Vilaine, cluster sur l’éco-construction dans le Morbihan etc. La profusion de projets bretons ne va pas sans une certaine confusion qui risque de disperser les moyens et de dérouter les acteurs. On peut également s’interroger sur la pertinence de l’échelon départemental, souvent mis en avant, pour mener à bien ces actions, dans un contexte où les pôles de compétitivité sont appelés à coopérer et à s’ouvrir nationalement et internationalement. Par rapport notamment à l’échelon régional, le territoire départemental ne semble pas offrir la taille critique nécessaire tant du point de vu du tissu économique que des outils de formation et de recherche. De surcroît, alors que des expériences très localisées et innovantes ont été menées au niveau de territoires bretons (projets « d’écologie industrielle et territoriale » du Pays du Centre Ouest Bretagne et sur « l’empreinte écologique » du Pays de Guingamp en particulier), l a B re t a g n e e s t t r è s p e u p r é s e n t e d a n s l e s g r a n d s p ro j e t s e n v i ro n n e m e n t a u x d e d i m e n s i o n n a t i on a l e . Aucune entreprise n’a répondu à l’appel d’offres européen dans le cadre du programme communautaire ÉCOINNOVATION. La région ne compte aucun projet sélectionné dans le cadre Un déficit d’image dans certaines filières P r é c o n i s a t i o n : Afin de favoriser l’organisation du secteur et son développement et afin d’éviter la dispersion des moyens dans une multitude d’initiatives, il convient de confier à l’Agence Économique de Bretagne la coordination des actions en faveur des éco-activités et le pilotage de cette dynamique, en associant bien évidemment les structures d’économie sociale et solidaire qui interviennent dans ces secteurs d’activités. L a B re t a g n e s e m b l e re l a t i v e m e n t e n re t a rd d a n s c e r t a i n e s f i l i è re s i m p o r t a n t e s . Selon le Délégué régional de l’ADEME, interrogé par le CESR, les entreprises de la région maîtrisent peu l’isolation par l’extérieur, technique qui constituera pourtant la norme à terme. En matière d’énergies renouvelables, seules les filières bretonnes de la méthanisation et des énergies marines semblent disposer de perspectives intéressantes. ❚ Q u e l l e s f i l i è re s p ro m e t t e u s e s p o u r l a B re t a g n e ? Malgré les réserves précédentes, le CESR a cherché à déterminer les filières les plus intéressantes pour la Bretagne en se basant à la fois sur les atouts actuels de la région et sur les perspectives de croissance des activités. En effet, s’il n’est pas possible de s’abstraire du tissu économique existant et s’il n’est pas envisageable de créer ex-nihilo beaucoup de nouvelles filières surtout dans des domaines où d’autres territoires sont déjà très avancés, se focaliser sur les seules activités actuelles revient à oublier la part de volontarisme néces- ENVIRONNEMENT D’une manière générale, la recherche et l’innovation constitueront une des clés du développement des éco-activités en Bretagne. Cela passera par des partenariats avec des acteurs français et étrangers et par d’éventuelles acquisitions de licences. Parmi les f i l i è re s e n f o r t e c ro i s s a n c e, il convient tout d’abord de citer l ’ e ff i cacité énergétique des bâtiments pour laquelle la Bretagne dispose de deux compétences complémentaires : la domotique et les usages des capteurs d’une part, le chauffage intelligent d’autre part. Reconquérir la qualité des eaux saire en matière de développement économique. Les filières de demain seront, en partie, celles que les acteurs se seront choisies. Cette sélection doit aussi tenir compte des besoins de la région. L’accompagnement de l’émergence et du développement d’une écofilière ne peut uniquement correspondre à une volonté de générer des activités et des emplois. Elle doit aussi, tout simplement, répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux régionaux (préserver la santé des personnes et de la biodiversité, reconquérir la qualité des eaux, etc.). Le développement économique est une des facettes de l’intérêt général mais n’en épuise pas toutes les dimensions. P r é c o n i s a t i o n s : Des actions d’impulsion peuvent être engagées par le Conseil régional pour favoriser le développement des filières prometteuses qu’a repéré le CESR. D’une manière générale, plutôt qu’un cluster généraliste regroupant l’ensemble des écoactivités, le CESR privilégie une démarche sectorielle régionale. Il recommande un renforcement des dimensions environnementales des activités existantes, notamment au sein des pôles de compétitivité de la Bretagne, qui constituent les catalyseurs des excellences de cette région : - le pôle Mer Bretagne est très impliqué sur les questions énergétiques et environnementales : outre les énergies marines renouvelables, il travaille sur la dépollution, l’éco-conception des navires, l’éco-navigation… - le pôle automobile, dont la vocation serait réorientée, pourrait être moteur pour une recherche sur des propulsions alternatives ou plus économes en énergie - s’agissant de l’efficacité énergétique, le pôle "Images & Réseaux" a inscrit le développement durable dans sa feuille de route stratégique et pourrait intégrer la dimension de la domotique et des capteurs qui sont un des outils de l’amélioration de l’efficacité énergétique, avec pour ambition de parvenir à une reconnaissance mondiale dans ces domaines. - la valorisation des co-produits fait d’ores et déjà partie des préoccupations du pôle Valorial, un renforcement de cette dimension serait souhaitable. De même, la valorisation des sous-produits et des effluents liés aux pratiques agricoles apparaît comme une piste attrayante de production d’énergie renouvelable pour la Bretagne. L’utilisation de la b i o m a s s e a v e c l e s e ff l u e n t s d ’ é l e v a g e permet de disposer d’une source de chaleur tout en améliorant la qualité des matières organiques retournant au sol. Les potentiels de développement sont importants dans une grande région d’élevage telle que la Bretagne. D’autre part, la v a l o r i s a t i o n ( p a s seulement énergétique) des cop ro d u i t s d e l ’ a g ro - a l i m e n t a i re e t d e l a p ê c h e est une piste prometteuse pour la Bretagne. Ces co-produits trouvent des applications dans la cosmétique et la cosméceutique, la nutrition et la nutraceutique, les ingrédients, la diététique, l’oléochimi e, l a pharmac i e, … av ec d es niveaux de valeur ajoutée appréciables. Les savoir-faire en la matière de l’industrie agro-alimentaire régionale pourraient être davantage exportés. Cela passe probablement par la création d’entreprises dédiées, des essaimages, la mise en place de programmes de recherche coopératifs entre grands acteurs régionaux, notamment grâce au pôle de compétitivité Valorial. Parmi les « p a r i s i n d u s t r i e l s » et les « f i l i è re s e n r u p t u re », nous devons citer les é n e r g i e s m a r i n e s re n o u v e l a b l e s : le biocarburant de troisième génération constitué par les microalgues d’une part, l’hydrolien et l’éo- 13 ENVIRONNEMENT Eco-technologies : définition, contenu et perspectives de développement ❚ Des techniques écologiquement rationnelles lien offshore d’autre part. La Section Mer-Littoral du CESR de Bretagne a élaboré une contribution détaillée sur cette question et formulé 42 orientations principales auxquelles nous renvoyons. 14 Le v é h i c u l e p ro p re est également un possible vecteur de réorientation. La région compte un secteur automobile important. Elle bénéficie également d’équipements collectifs performants dans le domaine (le Véhipole dans les Côtes d’Armor) et d’un pôle de compétitivité spécialisé. Les graves difficultés que traverse actuellement la filière peuvent être l’occasion d’une telle mutation. P r é c o n i s a t i o n s : D’autres mesures complémentaires peuvent être envisagées pour favoriser la valorisation des co-produits agro-alimentaires et de la biomasse - encourager l’investissement dans des unités de valorisation de proximité de ces sous-produits : . soit par procédé de co-génération . soit par valorisation des matières sèches organiques . soit par tout autre procédé innovant permettant de sortir de la logique du déchet pour aller vers une approche de « gisement » dans l’esprit d’une gestion optimale des déchets - aider les industriels de la filière à promouvoir les procédés les plus pertinents - encourager les Chambres d’agricul- ture, via leurs conseillers techniques, à sensibiliser les agriculteurs et à promouvoir les structures de type CUMA de création de tels outils - inciter les communes à utiliser, pour leurs équipements collectifs, l’énergie issue de la biomasse - favoriser par la recherche, l’émergence de nouveaux produits issus de cette biomasse. De même, en matière d’efficacité énergétique, il pourrait être intéressant que le Conseil régional, en partenariat avec l’ADEME, engage une action favorisant l’émergence dans la région d’entreprises à même de réaliser des études thermiques débouchant sur des préconisations de travaux (labellisation, aides à la création…). Au total, s’il apparaît que l’orientation vers les éco-activités de la Bretagne est très souvent tardive, le retard pris ne semble pas toujours rédhibitoire. La région peut, sur des filières précises voire des niches, développer des écoactivités concurrentielles. L’émergence de ces excellences viendra : - du dynamisme des entreprises locales ; - de l’implantation d’entreprises étrangères ; - du maillage de type « clusters spécialisés » et réseaux ; - de l’investissement public ; - de la rencontre entre l’offre et la demande sociale. Les éco-technologies sont des techniques écologiquement rationnelles qui protègent l'environnement, sont moins polluantes, utilisent de façon plus durable toutes les ressources, autorisent le recyclage d'une proportion plus importante des déchets et produits ainsi qu'un traitement des déchets résiduels plus acceptable que celui que permettraient les techniques qu'elles remplacent. Elles ont donc trois dimensions principales : curatives, préventives et de gestion des ressources. Les éco-technologies prometteuses sont multiples : détecteurs avancés (capteurs notamment), hybridation des véhicules et voiture électrique, traitement de l’eau, de l’air et des déchets, éco-toxicologie, amélioration des technologies de stockage et de transport de l’énergie, bio-matériaux, amélioration du rendement des énergies renouvelables etc. L’éco-innovation, qui est l’apport d’une solution nouvelle à un problème environnemental, peut être technologique. Elle recouvre aussi des changements organisationnels (comme l’économie de fonctionnalité ou les croisements de filières), des innovations commerciales mais aussi des innovations sociales (les entreprises d’insertion entre autres). Les apports des sciences humaines et sociales (sociologique, économie, psychologie…) sont donc importants. L’éco-innovation naît de plus en plus du croisement des sciences et techniques (biotechnologies, TIC, nanotechnologies, matériaux avancés) mais aussi du croisement des filières. A titre d’exemple, l’amélioration de l’efficacité énergétique par l’intermédiaire de la domotique et de l’immotique passe par des innovations organisationnelles et des croisements entre filières : travail conjoint et plurisectoriel entre les collectivités locales, les bailleurs sociaux privés et associatifs, les entreprises des ENVIRONNEMENT TIC, du bâtiment et du chauffage intelligent, avec la participation active des usagers ou clients. ❚ Une réponse partielle aux e n j e u x d u c h a n g e m e n t c l i m atique Les éco-technologies n’apportent toutefois qu’une réponse partielle aux enjeux du changement climatique et de la durabilité. En effet, les solutions ne sont pas seulement techniques. Elles nécessitent des changements de comportement de la part des individus, des entreprises et des pouvoirs publics. De même, nombre des réponses éco-technologiques sont d’ores et déjà identifiées mais nécessitent encore d’importants efforts de mise au point ou d’adaptation ainsi que des recherches complémentaires pour atteindre la viabilité économique, optimiser le rendement ou réduire les effets collatéraux négatifs. Or, les défis environnementaux, et notamment le changement climatique, sont très souvent immédiats voire très avancés. Ils nécessitent donc des réponses rapides. De plus, le choix des technologies est un sujet sérieux et crucial car il y aura immanquablement des « bulles technologiques », c'est-àdire des solutions inopérantes ou trop coûteuses. Répondre aux impératifs du développement durable suppose donc des tâtonnements, des révisions fréquentes des choix opérés, une évaluation des coûts et des avantages des solutions choisies. Or, la démarche scientifique apporte précisément cette réponse pertinente et adaptative. L e s é c o - t e c h n o l o g i e s apparaissent de ce fait comme un outil indispensable contribuant à a p p o r t e r d e s s o l u t i o n s à d e n o m br e u x p ro b l è m e s e n v i ro n n e m e n t a u x . ❚ E n B re t a g n e , d e s c o m p é t e n c e s e n re c h e rc h e e t i n n o v a t i o n Les compétences en recherche et innovation sur le plan environnemental sont nombreuses en Bretagne. La région dispose d’ailleurs de deux instances fédératives sur le plan de la recherche : le CAREN (Centre Armoricain de Recherche en Environnement) et, pour l’environnement marin, l’Institut Universitaire Européen de la Mer de Brest. Ils rapprochent notamment les laboratoires des Universités de Bretagne. Les grands centres de recherches ont également une place très appréciable sur ce plan : IFREMER pour la compréhension, l’évaluation et la prévision des phénomènes environnementaux marins, l’INRA de Rennes dans les domaines de l’eau, des pollutions et de la valorisation des effluents agricoles et agroalimentaires, le CEMAGREF pour le traitement et le compostage des ordures ménagères ou du lisier porcin. Au total, la région dispose de compétences importantes en matière de contrôle éco-toxicologique, de traitement des déchets, effluents et émissions polluantes (qui implique également l’École Nationale de Chimie), d’é- nergie (autour notamment d’un centre technique, l’IRMA), d’éco-matériaux et de « production propre » (Université de Bretagne Sud…), d’observation environnementale (GIS « Europôle Mer »…), de maîtrise des consommations énergétiques grâce à la domotique (IETR de l’université Rennes 1)… ❚ Financer les éco-activités Les éco-activités peuvent s’avérer extrêmement onéreuses, notamment pour des éco-technologies demandant encore des recherches et développements importants. Les éco-entreprises sont généralement jeunes, près d’une entreprise sur deux n’ayant pas plus de 10 ans. La création d’entreprise est, de ce fait, un des principaux moteurs des éco-activités. Les problématiques du financement des « jeunes pousses » concernent donc une part importante des éco-entreprises : des niveaux d’investissements pouvant être élevés et, en corollaire un risque souvent important, une dimension temporelle non négligeable (l’industrialisation d’une technologie peut exiger de longs délais mais la concurrence entre les solutions technologiques peut aussi demander une mise sur le marché rapide), le rôle crucial de la protection de la propriété intellectuelle, des besoins de financements spécifiques (les charges générées par les phases d’amorçage et de lancement sont notamment importantes). En contrepartie, les potentialités de développement de l’emploi et du chiffre d’affaires (et les retombées sur l’environnement) peuvent être élevées. Les financements mobilisés sont de plusieurs natures : prêts bancaires, prises de participations de sociétés de capitalinvestissement ou de particuliers investisseurs, aides publiques diverses, émissions d’actions et d’obligations. Ces derniers financements s’inscrivent dans le cadre de l’II n v e s t i s s e m e n t S o c i a l e m e n t R e s p o n s a b l e ( I S R ) qui sélectionne les entreprises en fonction de considérations financières et extrafinancières (relevant de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance - ESG). Après des années de croissance importante, le financement des éco-entrepri- 15 ENVIRONNEMENT ses par le capital-investissement devrait connaître, du fait de la crise économique, un fort ralentissement et des réallocations devraient s’opérer (vers les secteurs jugés les moins risqués comme l’efficacité énergétique). Toutefois, sur le long terme, les investissements en faveur de l’environnement et des énergies renouvelables apparaissent incontournables et nécessairement massifs. P r é c o n i s a t i o n : Le CESR recommande de soutenir, y compris financièrement, ces filières et activités émergentes pour leur permettre d’atteindre l’autonomie économique. Il préconise également de simplifier les démarches d’accès à ces aides. Enfin, concernant le financement des rénovations thermiques, il pourrait être intéressant que les banques incluent les économies d’énergies liées aux équipements projetés dans l’analyse de solvabilité des emprunteurs Repenser les modes de transport sur lesquels les entreprises seront jugées par les citoyens, pouvoirs publics, autres entreprises et financeurs. L’appui et l’accompagnement des pouvoirs publics, et en particulier du Conseil régional, devront être adaptés à chaque type d’entreprises : - pour les entreprises en mutation, des aides à la modification de l’offre et des procédés ; 16 - pour les éco-entreprises, des aides au développement endogène (soutien à l’innovation et à l’internationalisation notamment) et aux implantations exogènes. Pour conclure… Toutes les entreprises sont concernées par les enjeux du développement durable, non seulement celles qui tirent directement leur croissance d’un meilleur respect de l’environnement (les éco-entreprises) mais aussi toutes les autres. Elles vont, dans leur ensemble, devoir intégrer dans leur stratégie un modèle plus économe des ressources naturelles et moins polluant. Le respect de l’environnement, de la biodiversité, la sobriété dans l’utilisation des ressources, la maîtrise des éco-technologies vont devenir des facteurs clés de succès La mutation des entreprises, dont l’enjeu est souligné dans cette étude, n’est qu’un des aspects d’un changement de modèle global impliquant également les citoyens et les pouvoirs publics. Chaque catégorie d’acteurs a sa responsabilité et leurs actions sont i n t e r d é p e n d a n t e s . Du fait de ces interactions, il est important de favoriser les lieux d’échanges entre les acteurs pour permettre les rapprochements de points de vue et obtenir l’adhésion la plus large, gage de réussite des projets. D’une manière générale, des changements fondamentaux dans les pratiques sont nécessaires : - p o u r l e s e n t re p r i s e s , passage à une économie circulaire et de fonctionnalité, abandon de « l’obsolescence pro- grammée » des produits, éco-conception des produits et mesure systématique des impacts des activités grâce à l’analyse de cycle de vie, choix de modes de transport durables … - p o u r l e s p a r t i c u l i e r s , réexaminer les habitudes de consommation et de déplacement, accepter de les changer : consommer mieux et non plus consommer toujours plus, prendre en considération les retombées des comportements individuels (choisir les produits en fonction de leur bilan environnemental, éviter certaines pratiques nuisibles à l’environnement…), pratiquer une épargne éthique, responsable et solidaire, etc. ; - p o u r l e s p o u v o i r s p u b l i c s , appuyer les pratiques durables des ménages et des entreprises, acheter en fonction de critères de performance environnementale, favoriser la recherche sur les écotechnologies, transcrire rapidement les directives européennes… Enfin, une conciliation doit constamment être trouvée entre progrès environnementaux, économiques et sociaux. Rapporteurs : Mme Françoise LEBOEUF et M. Claude VOUILLOT Contact : Marc-Pol LE DEUNFF, Directeur adjoint du CESR Tél : 02 99 87 17 64 [email protected] Consultez le rapport du CESR sur le site www.cesr-bretagne.fr PROSPECTIVE Verdir l’économie et développer les éco-activités en Bretagne Dans le prolongement de son étude Éco-activités et développement durable, des opportunités de croissance pour la Bretagne, le Conseil économique et social de Bretagne a organisé, le 9 décembre 2009, un Forum "Prospective" au cours duquel trois intervenants ont apporté, à partir de leur expérience, un éclairage sur des dimensions analysées dans le rapport : - La prise en compte du développement durable par les entreprises bretonnes - Trois outils centraux de durabilité pour les entreprises - Les potentialités et les risques des activités liées aux énergies renouvelables Quelles pratiques soutenables dans une entreprise des produits de la mer ? M. Jean-François FEILLET, Directeur du développement durable a exposé l’exemple de la société Meralliance. Cette entreprise, basée à Quimper et Landivisiau, transforme et commercialise auprès de la grande distribution des poissons fumés. Très impliquée dans les démarches de qualité (pour la traçabilité ou les qualités organoleptiques et bactériologiques de ses produits), l’entreprise a souhaité se positionner en « apporteurs de solutions de produits durables et certifiés ». Loin d’adjoindre des actions durables et citoyennes périphériques par rapport à son activité traditionnelle, l’entreprise a voulu procéder à une réflexion approfondie sur son métier de base afin de proposer des améliorations généralisées. La société est ainsi désormais certifiée QSE (qualité, sécurité, environnement), ce qui couvre les trois dimensions du développement durable : le domaine économique et la relation avec le client (avec l’ISO 9001), le management environnemental avec l’ISO 14001, le social avec l’OHSAS 18001 (qui est un référentiel portant sur la santé et la sécurité au travail). Après avoir mesuré son impact sur l’environnement (calcul de son bilan carbone et diagnostic réalisé avec l’AFNOR), l’entreprise a déployé son investissement durable dans de nombreuses directions : initiatives d’économie d’eau (- 30%), de valorisation intégrale des déchets, de réduction et d’éco-conception des emballages, limitation des consommations de ressources rares et d’énergies fossiles. Sur le plan social, la société à mis en place un plan d’actions santé (prévention des troubles musculo-squelettiques), un plan de sécurité (prévention des glissades et des cou- pures), des formations… Ces actions ont eu des retombées économiques indéniables (baisse des coûts liées à l’absentéisme, aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, économies liées, entre autres, au traitement des déchets…). La société cherche enfin à valoriser ses efforts au travers de labels. Alors que le saumon fumé Label Rouge n’a pendant longtemps comporté aucune exigence concernant la matière première car il portait essentiellement sur la transformation, Meralliance a élaboré son propre référentiel contenant des spécifications précises en termes d’alimentation naturelle et d’élevage en mer. De même, pour d’autres poissons, la société a conçu une certification propre, « pêche responsable », validée par un organisme indépendant. L’éco-conception, l’analyse de cycle de vie et l'utilisation des éco-matériaux M . A n t o i n e L E D I G O U C h e rc h e u r à l ’ U n i v e r s i t é d e B re t a g n e S u d ( U B S ) a ensuite présenté trois outils centraux de durabilité pour les entreprises pour lesquels l’université constitue un centre de compétence reconnu : l’éco-conception, l’analyse de cycle de vie et l'utilisation des éco-matériaux. L’idée qui soustend ces notions est que les ressources sont désormais limitées et qu’il convient notamment de trouver des alternatives aux métaux et au pétrole. L’éco-conception est un outil d’innovation environnementale visant à réduire les impacts environnementaux d’un produit ou d’une activité. Curative et préventive, elle intègre l’environnement (épuisement des ressources naturelles, changement climatique, pollution de l’air/eau/sol, déchets…) dans la conception (attente des clients, maîtrise des coûts, faisabilité technique) et le développement de produits. Elle constitue un instrument de réduction des attein- tes à l’environnement mais aussi une aide à la décision (pour le choix des matériaux par exemple) ainsi qu’un outil de communication et de différenciation. L’analyse de cycle de vie (ACV) est un outil normalisé (ISO 14044) d’évaluation environnementale globale (couvrant l’ensemble du cycle de vie) et multicritères (à la différence du bilan carbone, il dépasse les seules émissions 17 PROSPECTIVE de CO2 pour intégrer les consommations de ressources, les pollutions...). Présentant également l’avantage de mettre en évidence les conséquences des choix opérés (et donc les éventuels transferts de pollution), il constitue un préalable intéressant à l’éco-conception d’un produit. L’ACV consiste, à chaque étape du cycle de vie d’un produit, à décrire le procédé utilisé, à inventorier les flux, à évaluer les impacts négatifs. valeur. L’Université a donc cherché à développer un matériau bio-basé (c'està-dire issu de ressources renouvelables) présentant un faible impact sur l’environnement, garantissant de hautes performances (mécaniques notamment), durable, recyclable en fin d’utilisation et biocompostable en fin de vie. Des recherche ont ainsi été menées sur différents types de fibres (à base d’algues, de chanvre, d’ortie etc.). L’utilisation des biomatériaux est également une piste intéressante de durabilité pour les entreprises. L’UBS s’est ainsi intéressée à des applications dans le nautisme (projet NAVECOMAT). Alors que 20.000 bateaux de plaisance arrivent en fin de vie chaque année en France, l’impact environnemental du recyclage des matériaux les constituant s’avère pire que leur mise en décharge et les déchets générés ont très peu de Les énergies renouvelables en Bretagne, une éco-activité prometteuse révisant les tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque : en janvier et en mars 2010). Le subventionnement du marché par les collectivités territoriales, qui favorise des créations d’emplois artificielles, fausse la concurrence alors que les pouvoirs publics doivent avant tout être des facilitateurs et des superviseurs du développement des énergies renouvelables. vers : multiplication exponentielle du nombre d’acteurs entraînant une concurrence exacerbée et une guerre des prix, manque de qualification de certains acteurs, une offre de matériels de qualité parfois médiocre, un allongement de la file d’attente de demandes de raccordements (cette dernière était, fin septembre 2009, égale à dix fois la puissance installée en France et a augmenté de 125% de juin à septembre 2009). Contact : Marc-Pol LE DEUNFF, Directeur Adjoint du CESR Tél : 02 99 87 17 64 [email protected] Consultez le rapport du CESR sur le site www.cesr-bretagne.fr La décorrélation totale entre les fondamentaux économiques et le marché est le signe de phénomènes spéculatifs (Depuis le Forum, les pouvoirs publics ont adopté deux arrêtés 2000 1800 1600 1400 MW 1200 File d’attente >36 kVA 1000 800 File d’attente < ou = 36 kVA 600 Parc cumulé raccordé au réseau 400 200 09 20 09 /0 30 30 /0 6/ 9/ 20 09 31 /0 3/ /2 2/ /1 31 /0 30 20 00 8 /2 9/ /2 6/ 30 /0 3/ /0 31 00 8 00 08 20 07 20 2/ 8 0 /1 Néanmoins, ARMORGREEN souhaite pérenniser son emploi et son développement. Son dirigeant pointe en effet les risques d’éclatement d’une « bulle verte » à l’instar de ce qui s’est passé en Espagne. Selon lui, les tarifs de rachat de l’énergie solaire, trop élevés, ont entraîné des effets per- 31 18 M. Pascal MARTIN, Co-gérant à présenté l’exemple de la société A R M O R G R E E N (La Mézière). Cette présentation a permis de constater les potentialités, mais aussi les risques, des activités liées aux énerg i e s re n o u v e l a b l e s . F i l i a l e d ’ u n e entreprise du bâtiment, l’entreprise apporte des solutions globales de production d’électricité et de chaleur à b a s e d ’ é n e r g i e s re n o u v e l a b l e s (solaire, biomasse, géothermie, aérothermie, éolien) à une clientèle de professionnels. Comme les autres entreprises de l’éco-construction, l’entreprise cherche à avoir une vision systémique de l’offre et adapte des savoirs traditionnels aux nouvelles technologies. A l’instar des autres entreprises du photovoltaïque, la société connaît une croissance extrêmement rapide (le marché français du photovoltaïque double chaque année). Les marges de progression sont en effet importantes puisque la puissance photovoltaïque installée en France est 20 fois inférieure à celle de l’Allemagne. La taille de l’entreprise est un facteur de compétitivité sur ce marché où 70% de la valeur ajoutée se réalise au niveau de l’achat. La société compte donc multiplier ses effectifs par 8 d’ici fin 2012. Un allongement considérable des files d’attente de demandes de raccordements Source : ARMORGREEN ÉNERGIE Pour une approche concertée des politiques énergétiques en Bretagne Le Conseil économique et social régional, a choisi de se saisir de la question de l'énergie : - d'une part, dans un contexte international où l'énergie n'est plus seulement une nécessité pour le développement mais où elle se place aussi, et de plus en plus, dans un rapport au risque (risques d'approvisionnement et tensions géopolitiques, risques environnementaux pour la planète), - d'autre part, dans un contexte régional, où après parution du premier plan énergie pour la Bretagne (2007), le CESR a voulu appréhender ce document au regard de sa vision socio-économique et de l'ensemble des politiques énergétiques esquissées ou élaborées dans chaque territoire. Dans cette étude présentée en juin 2009, le CESR souligne que du fait de sa très forte dépendance énergétique, la Bretagne doit s'impliquer fortement dans la recherche d'économies et dans le développement des énergies renouvelables. Toutes les collectivités et tous les acteurs doivent se retrouver dans un consensus pour la définition d'une gouvernance territoriale de l'énergie. La politique énergétique des collectivités territoriales bretonnes, et en particulier du Conseil régional, doit être un pilier de la définition d'un développement durable du territoire. Le contexte énergétique En préalable, il est nécessaire de préciser ce qu'est l'énergie et les notions importantes à retenir. Car, quand il est question de chiffres concernant l'énergie, en France, l'amalgame se fait souvent entre les consommations d'énergie et les productions d'électricité, entre l'énergie primaire et l'énergie finalement utile…. De la même manière, ce sont rarement les bonnes unités qui sont employées, même s'il est de plus en plus fait référence à la tonne équivalent pétrole (tep) comme unité standard, unité imagée donc parlante pour le plus grand nombre. L'énergie est une notion riche, complexe et diversifiée, difficile à définir, qui dans le vocabulaire courant désigne à la fois une grandeur physique caractérisant un système dans sa capacité à produire un travail (mouvement, lumière, chaleur), les matières premières dont on se sert pour produire de l'énergie, la force ou puissance dont on dispose quand a été produite cette énergie, … Nous retiendrons qu'en matière d'énergie, pour tout acteur, tout décideur, il est impératif de comprendre ce qu'on expose en précisant les notions utilisées et les chiffres avancés. 19 L'énergie dans un contexte planétaire d'urgence environnementale L'énergie est depuis toujours au coeur des enjeux économiques et sociaux. Du fait des dérèglements climatiques dus à l'augmentation de la quantité de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, l'énergie est aujourd'hui le facteur essentiel de déséquilibres environnementaux et donc d'enjeux majeurs pour la planète et ce, quelle que soit l'échelle géographique. ❚ Une demande mondiale en é n e r g i e e n c ro i s s a n c e c o n t i n u e Du fait de l'évolution continue de la population et de ses modes de vie, et de la diversification des activités humaines, la demande mondiale en énergie augmente de façon sensible. Cette croissance des besoins énergétiques est, aujourd'hui encore, inéluctable, ne seraitce que du simple fait de l'augmentation de la population mondiale. Les pays fortement peuplés et qui "s'occidentalisent" dans leur mode de vie, comme la Chine et l'Inde, participent, par exemple, fortement à cette évolution de la demande. ÉNERGIE Actuellement, cette croissance de la consommation ne repose qu'en faible partie sur des énergies renouvelables ; les produits énergétiques fossiles (pétrole, gaz, charbon) sont de plus en plus sollicités et, de fait, la "pollution" mondiale au gaz à effet de serre continue de croître. Si les économistes pouvaient redouter le "pick oil" et donc la diminution des réserves de produits fossiles, les techniques de recherche et d'exploitation des ressources terrestres tendent à lisser la courbe et ce, en fonction des coûts du baril de pétrole : chaque augmentation du prix du baril permet d'exploiter de façon rentable de nouvelles sources, de nouvelles réserves d'énergies fossiles. 20 Le nucléaire : une énergie « facile » De fait, la croissance des prix des énergies fossiles est inéluctable, ce qui risque d'avoir des conséquences importantes pour l'économie et plus encore, dans le renforcement des déséquilibres sociaux. toire : le vent, le soleil, la mer. La principale raison en est probablement l'exploitation massive de cette énergie "facile", car maîtrisée par nos ingénieurs, qu'est le nucléaire. ❚ U n e d e m a n d e c ro i s s a n t e d'énergie en France Il n'en demeure pas moins que la croissance de la consommation en énergie sur le sol national est réelle et elle n'est pas uniquement due à la croissance de la population. Voulant s'assurer une certaine et toute relative "indépendance énergétique" (50 % environ aujourd'hui), la France a depuis la fin des années soixante misé sur son savoir faire en matière de nucléaire civil pour produire et même exporter son électricité. Mais la demande en électricité ne représente somme toute que 21 % du bouquet énergétique aujourd'hui utilisé en métropole. La France n'a pas encore su réellement exploiter les ressources énergétiques naturelles qui caractérisent son terri- ❚ L e s e n j e u x e n v i ro n n e m e n t a u x de l'énergie Rappelons que le protocole de Kyoto et l'ensemble des accords internationaux, européens, nationaux, régionaux, locaux, tous soulignent l'urgence environnementale que représente l'augmentation des taux de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère terrestre. Des dérèglements climatiques s'annoncent et, avec eux, une perte de biodiversité et des événements souvent douloureux pour l'homme. L'exploitation de ressources d'origine fossile pour la production d'énergie est la cause majeure de cette évolution sensible du taux de CO2 atmosphérique. Le CESR tient à souligner que globalement, la production d'énergie, en dehors de l'exploitation des ressources renouvelables que sont le soleil, le vent, l'eau et la biomasse, implique quasi systématiquement une certaine prise de risques. La recherche et l'exploitation de nouveaux gisements de produits énergétiques fossiles, bien que rassurantes pour l'économie mondiale (le pétrole n'est pas encore une denrée rare), risquent d'avoir des conséquences majeures pour l'environnement et sa biodiversité. Consommations d'énergie finale en France en 2006 Consommation finale par éner- Gaz 21% Électricité 21% Consommation finale par sec- Énergies renouvelables thermique 6% Charbon 4% Pétrole 48% Transpo rt Bâtimen t Agriculture 2% Sidérurgie 3% Industrie 18% Usage non énergétiques 9% Source : "l'énergie" - édition 2007, chiffres clés - Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable, et de l'aménagement du territoire (MEEDDAT) - p. 24 et 25. ÉNERGIE Ve r s u n e g e s t i o n d u r a b l e de l'énergie ❚ Leur déclinaison par secteur d'utilisation L'énergie est aujourd'hui bien plus qu'une simple problématique technique à laquelle tentent de répondre les gouvernements et les décideurs locaux ; elle institue un vaste débat sociétal et soulève des conflits d'intérêts par lesquels les hommes adoptent une réflexion sur leurs modes de vie passés, présents et à venir. Si les enjeux nationaux en matière énergétique rejoignent les enjeux planétaires de préservation du climat par la diminution des rejets de gaz à effet de serre (limitation des consommations d'énergies fossiles), la gestion durable de l'énergie en France, et en particulier en Bretagne, passe aussi par une nécessaire sécurisation énergétique. Il est important de limiter notre dépendance, d'une part en économisant, d'autre part, en produisant plus d'énergie et en particulier par le biais de ressources renouvelables. Il est aussi nécessaire de sécuriser les approvisionnements. Après avoir présenté l'utilisation de l'énergie dans les différents secteurs en France, cette étude rappelle les différents éléments en faveur de la recherche d'économies et de la production d'énergies renouvelables par secteur, repris pour l'essentiel dans les textes issus du Grenelle de l'environnement. ❚ Les engagements de la France Dans les années soixante-dix, le slogan à la mode "La France n'a pas de pétrole, mais elle a des idées" évoque la capacité nationale à se prémunir contre la trop forte dépendance énergétique qui la caractérise alors. Mais après le développement de l'énergie nucléaire, la France n'a pas poursuivi ses efforts d'économies d'énergie et seuls les chocs pétroliers ont timidement incité à poursuivre la recherche, que ce soit pour de nouvelles sources de productions ou pour davantage d'efficacité énergétique. Ce n'est que face à une nouvelle crise énergétique (pétrole et gaz) doublée d'une urgence environnementale aujourd'hui affirmée (dérèglement climatique), et grâce à la dynamique européenne, que la France s'engage réellement dans une préoccupation énergétique. Défini par la loi de programme du 13 juillet 2005, puis par la mise en ?uvre du Grenelle de l'environnement, l'engagement français est une déclinaison de l'objectif européen des trois 20 pour 2020 (par rapport à 1990) : - 20 % d'économies d'énergie (efficience), - 20 % d'énergies renouvelables dans les productions, - 20 % de CO2 en moins. Dans les transports, principaux utilisateurs de pétrole, énergie fossile donc émettrice de CO2, les efforts doivent avant tout conduire à une réduction de l'utilisation des véhicules à propulsion fossile, et à la réduction des consommations et donc de l'émission de gaz à effet de serre. Seront mises en valeur les innovations conduisant à l'utilisation de véhicules moins polluants ou propres, mais aussi le renforcement de l'utilisation de transports collectifs ou alternatifs et la rationalisation des déplacements, grâce notamment à l'intermodalité. Dans les bâtiments, principaux consommateurs d'énergie (de tout type), les efforts doivent aussi porter sur la réduction des consommations. Les différentes réglementations thermiques programmées tendent à rendre neutre l'impact des nouveaux bâtiments en matière énergétique. Les futurs bâtiments seront passifs : ils produiront au moins autant d'énergie qu'ils en consommeront (réglementation thermique –RT- 2020). Mais il est à noter que les bâtiments neufs ne constitueront toujours qu'un renouvellement moyen annuel de 1 % du parc bâti. Les actions en faveur de la réhabilitation du parc bâti existant sont donc primordiales. En effet, le bâti existant représente, et encore pour longtemps, la majorité des constructions, et donc des dépenses énergétiques. Il faut, dans la mesure du possible, éliminer les "passoires thermiques" (bâtiments dépensant plus de 450 kWh par mÇ et par an) et rénover thermiquement tous les autres. Un effort important est à produire dans l'isolation des bâtiments et dans la recherche d'une plus grande efficacité des systèmes de chauffage. Pour réduire l'impact des déplacements et des bâtiments dans l'utilisation des énergies, il est avant tout important de réfléchir à un aménagement du territoire et à un urbanisme économes. Les documents d'urbanisme (SCoT et PLU) doivent être les fers de lance d'une utilisation rationnelle de l'énergie sur le territoire. L'effort vers une gestion durable de l'énergie doit se poursuivre dans les activités économiques, d'une part pour renforcer l'efficience et donc la compétitivité de nos entreprises, d'autre part pour participer globalement aux réductions de gaz à effet de serre, et pourquoi pas aux productions alternatives d'énergie. 21 ÉNERGIE ❚ Une dimension sociale forte Le CESR tient à souligner l'impact social de l'accès à l'énergie. Une crise énergétique frappe en premier lieu les plus pauvres. Un coût trop élevé de l'énergie réduit leur capacité à se déplacer, ce qui rétrécit leur environnement sociétal, leurs possibilités d'accès à l'emploi et à la formation. Ils ne peuvent plus se chauffer correctement, ce qui rapidement altère les conditions sanitaires de leur habitat et par là même leur santé. A tous égards, les plus démunis sont plus lourdement frappés par l'augmentation des coûts de l'énergie. ❚ Des innovations pour l'énergie 22 De nombreuses innovations permettent d'espérer réduire la prééminence des énergies d'origine fossile dans nos besoins toujours croissants en énergie. La recherche et l'innovation doivent être favorisées dans une multitude de directions pour permettre la diversification des potentiels d'économies d'énergie et de nos productions énergétiques. La CESR a choisi de limiter pour cette étude ses recherches sur ce sujet, préférant renvoyer aux études du CESR "Des énergies marines en Bretagne : à nous de jouer !"qui aborde dans le détail les nouvelles technologies énergétiques marines (voir l’Avis régional n° 49) et à l'étude « Éco-activités et développement durable, des opportunités de croissance pour la Bretagne » L'énergie, un enjeu majeur pour la Bretagne Outre sa participation à l'effort international de réduction des consommations de produits énergétiques d'origine fossile (diminution des émissions de gaz à effet de serre), la Bretagne est une région particulièrement sensible à la question de l'énergie ; sensible, car fragile. D'une part, parce qu'elle ne produit que très peu de l'énergie qu'elle consomme ; elle est importatrice de plus de 92 % de ses consommations en énergies. D'autre part, parce que son système de distribution énergétique, et en particulier électrique, est fragile. ❚ D e l ' é n e r g i e p o u r r é p o n d re a u x besoins du développement régional La Bretagne est une région dynamique et par là même, attractive. D'une part, son économie (hors du champ particulier de la crise) se porte relativement bien comparée à d'autres régions. D'autre part, elle bénéficie d'une croissance démographique importante (attractivité économique et attractivité du littoral et du cadre de vie bretons), ce qui consolide son économie résidentielle. Cette attractivité se traduit sur le territoire par une dispersion géographique des activités et surtout de l'habitat. Le développement urbain s'étale largement dans les campagnes. Les conséquences directes en sont, depuis plus de vingt ans, une croissance importante des consommations d'énergie : les activités économiques demandent plus de disponibilités énergétiques, la dispersion de l'habitat induit de plus grandes consommations en énergie pour le chauffage d'une part, mais surtout pour les déplacements d'autre part. Globalement, cette croissance a été plus forte en Bretagne que sur le reste du territoire métropolitain. Il est à noter que les chiffres des trois dernières années semblaient montrer un infléchissement de la tendance dû en partie à des raisons conjoncturelles (douceur du climat), mais en 2008, malgré l'augmentation sensible du coût des énergies, la Bretagne a connu une croissance de près de 8 % de ses consommations énergétiques (essentiellement due à la rigueur de l'hiver). ❚ D e s b e s o i n s é n e r g é t i q u e s s p é c ifiques Proportionnellement au reste de la France, en Bretagne, on consomme beaucoup plus de pétrole, un peu plus d'électricité, et moins de gaz. Dans une région péninsulaire et périphérique bénéficiant d'une économie dyna- Consommations d'énergie finale en Bretagne en 2007 Consommation finale par énerBois et chaleur 5,4% Consommation finale par sec- Charbon : 0,3% Gaz 14,7% Industrie 13,4% Électricité 23,6% Pétrole 56% Part des énergies produites en Bretagne Source : Observatoire régional de l'énergie, GIP Bretagne environnement, mai 2009. Résidentiel 30,5% Transpo rt Tertiaire 13,5% Agriculture 4,9% ÉNERGIE De l'énergie pour tous les territoires et pour tous les besoins mique dans des secteurs demandant beaucoup d'échanges (comme l'industrie agroalimentaire) et avec un habitat individuel plébiscité, les transports (qui se font à plus de 80 % par la route et donc avec du pétrole) sont un poste majeur de dépense énergétique. Au vu de la diversité et de la transversalité de la question énergétique, le CESR a tenu à développer son approche en observant le rapport à l'énergie qu'entretiennent les différents territoires qui composent notre région. Le bâti reste le principal consommateur d'énergie avec une répartition équilibrée entre pétrole (chauffage au fuel), électricité et autres énergies. Le CESR souligne la relative sous-utilisation du gaz due à la mauvaise distribution de ce combustible énergétique sur le territoire breton parcouru par un réseau de gaz naturel notoirement insuffisant. En ce qui concerne l'électricité, l'État à travers RTE (Réseau de transport d'électricité), met en exergue la région Bretagne comme tributaire d'un système électrique fragile. Péninsule qui ne produit que très peu d'électricité (7,6 % de ses consommations finales en 2007), une majeure partie du territoire régional est située en bout de ligne (problèmes possibles de tension et ou de puissance). De plus, le maillage du réseau à très haute tension est incomplet (du fait de l'absence de bouclage du réseau à très haute tension 400 000 volts), et en tout cas déséquilibré entre le nord et le sud de la région. ❚ Les objectifs énergétiques b re t o n s En 1981, le projet d'implantation d'une centrale nucléaire à Plogoff (Finistère) a été abandonné. De même aujourd'hui un projet d'une centrale thermique à Ploufragan (Côtes-d'Armor) a été refusé. Préconisations : - La Bretagne doit résolument se tourner vers les économies d'énergie et l'efficience énergétique pour sécuriser son territoire. Ce sont les économies d'énergie électrique qui doivent avant tout être visées. La réhabilitation du bâti doit être une priorité avec la volonté de limiter au maximum l'usage de l'électricité pour le chauffage. Un système électrique fragile - La Bretagne doit aussi largement favoriser la croissance de ses propres productions et si possible d'origines renouvelables, en particulier grâce à la mer, au vent, au soleil et à la biomasse. La Bretagne a été un précurseur en matière de production nucléaire avec la centrale de Brennilis (arrêtée en 1985 et actuellement en cours de démantèlement). Elle a été précurseur en matière de production d'énergies marines avec l'usine marémotrice du barrage de la Rance (Saint Malo). Elle bénéficie d'un potentiel géographique extraordinaire en matière d'énergies renouvelables. Avec cette histoire et ce potentiel, elle se doit d'être à nouveau précurseur ou tout au moins moteur dans le développement des productions d'énergies. Elle doit stimuler des productions, garantir la distribution sur tout le territoire et mobiliser les acteurs locaux à ces fins. - In fine, une production de base et/ou de pointe sera nécessaire pour sécuriser l'approvisionnement énergétique de l'ensemble du territoire breton. Le projet présenté devra alors être discuté en amont pour pouvoir être acceptable sociétalement. La forme et la capacité de production, le ou les lieux d'implantation devront être évalués finement en fonction des évolutions du paysage énergétique. Cette observation nous conduit à proposer une forme d'organisation territoriale où chaque collectivité a un rôle précis à jouer en fonction de son territoire et de ses compétences premières, aidée en cela par des outils techniques adaptés et eux aussi territorialisés. La Région (collectivité territoriale) et les services de l'État en région se doivent d'assurer une certaine cohérence, équité et efficacité de cette organisation territoriale en mettant à disposition des territoires les moyens nécessaires. Ils se doivent aussi d'être les garants de l'approvisionnement et donc de la sécurisation énergétiques de la région. Ils se doivent enfin d'être référents et donc exemplaires dans la recherche de nouvelles productions locales (énergies renouvelables) et pour la bonne utilisation de l'énergie disponible. La diversité des approches énergétiques ❚ Un cadre j u r i d i q u e e n é v o l u t i o n Un ensemble de textes encadre le rôle et les missions des différents acteurs de l'énergie. Les collectivités territoriales n'ont que peu de compétences propres en matière d'énergie. Elles choisissent alors chacune pour elle-même les actions à développer. Le cadre juridique français a récemment beaucoup évolué pour pouvoir transposer les directives européennes. La volonté de l'Europe a été, outre de se doter d'une compétence énergie (traité de Lisbonne du 13 décembre 2007), principalement d'ouvrir à la libre concurrence les marchés du gaz et de l'électricité, tout en garantissant de nécessaires obligations de service public dans ces domaines. Depuis le 1er 23 ÉNERGIE juillet 2007, en France, tout consommateur final de gaz ou d'électricité est libre de choisir son fournisseur. Dans le cadre du service public, la France maintient les prix dits "régulés". La loi de programme du 13 juillet 2005 est aujourd'hui le texte de référence en matière d'énergie en France. Chaque année, les lois de finances amendent les dispositifs en faveur des économies et des productions d'énergie. Les lois issues du Grenelle de l'environnement apportent elles aussi des éléments nouveaux et complémentaires dans le domaine de l'énergie. ❚ Une multiplicité d'acteurs, d'outils et de compétences Pour appréhender le panorama des actions et des politiques énergétiques, le rapport du CESR présente un exposé détaillé mais non exhaustif, des acteurs, mesures, outils et compétences en matière d'énergies. 24 Ce domaine rejoignant très rapidement celui des dérèglements climatiques (et du CO2), il a été choisi de ne pas aborder cette question qui sera prochainement traitée dans le cadre d'une réflexion sur la gouvernance territoriale développée dans une étude de la section Prospective du CESR (octobre 2009). Retenons que, en dehors des directives, si l'Europe agit par de nombreux programmes, son action reste peu perceptible au niveau de chacun des territoires. Soulignons que la France a récemment créé le Conseil supérieur de l'énergie (loi du 13 juillet 2005) et avant cela, la Commission de régulation de l'énergie (loi du 10 février 2000). Les services ministériels ayant des compétences en matière énergétique ont été complètement réorganisés par arrêté le 9 juillet 2008 (refonte du Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire, MEEDDAT), et les services de l'État en région sont eux en cours de réorganisation, dans l'espoir d'une plus grande efficacité. Le rapport détaille le rôle des entrepri- ses publiques (RTE, ERDF, GRDF, …) ainsi que les outils réglementaires du service public de l'énergie (le schéma de développement du réseau public de transport d'électricité, le programme prévisionnel des investissements pour l'électricité, le gaz, la chaleur, …). Il recense enfin quelques outils fiscaux, parfois récemment mis à disposition, qui touchent le domaine de l'énergie (certificats d'économie d'énergie, crédits d'impôts, éco-prêts, …). Malgré l'ouverture à la concurrence de tous les marchés de l'énergie, nous devons insister sur l'importance de fait du service public de l'énergie et sur le rôle sans doute primordial que doivent définir et développer en ce sens les collectivités territoriales. Elles bénéficient de compétences et disposent d'outils, à elles de s'organiser pour définir ensemble un service pertinent et efficace au service de leur population et de leur territoire. L'énergie pour les collectivités territoriales bretonnes ❚ U n e a p p ro c h e m é t h o d o l og i q u e d e re n c o n t re d e s acteurs locaux L'audition et la rencontre d'un grand nombre d'acteurs régionaux (71) évoluant autour des problématiques de l'énergie a permis de bien cerner les approches territoriales de l'énergie en Bretagne. Elles ont été complétées par le questionnement d'un certain nombre d'autorités territoriales par le biais d'un questionnaire relativement détaillé. Celui-ci n'a pas manqué d'interpeller nos correspondants, parfois dépourvus devant l'apparente exhaustivité, voire complexité de cette enquête. Au regard des réponses reçues, le CESR a fait le choix de rencontrer directement et chez elles quelques collectivités territoriales. Il a accueilli certains acteurs territoriaux du bassin rennais, puis s'est déplacé à Carhaix-Plouguer, à St Brieuc et à Lorient. Visant à chaque fois, le Pays (et son Conseil de développement) comme échelle territoriale de référence, il a néanmoins auditionné des responsables énergies de toutes les collectivités locales (du département à la commune). Le CESR a aussi intégré les enseignements d'un travail complémentaire sur le terrain et d'analyse réalisés par quatre élèves administrateurs de l'Institut national des études territoriales. ❚ Panorama de l'énergie dans l e s t e r r i t o i re s b re t o n s Pour souligner les points les plus importants de notre analyse du panorama territorial breton des approches en matière d'énergie, retenons que : - Les collectivités territoriales font état ou témoignent globalement d ' u n m a n q u e c r i a n t d e d o n n é e s sur leur situation au regard de l'énergie et en particulier sur l'énergie consommée, voire produite, sur leur propre territoire. Elles ne connaissent pas non plus leurs potentiels, que ce soit en termes de ÉNERGIE production ou au regard des économies qui peuvent être faites sur leur territoire. Elles ne perçoivent souvent pas les fragilités énergétiques qui sont les leur ; elles se reposent alors comme tout un chacun sur une perception de l'État garant du service public de l'énergie ou sur le nécessaire jeu du marché ; - L'actualité faisant, e l l e s s ' i n t é re s s e n t d e p l u s e n p l u s à l a q u e s t i o n, directement ou non (à travers une réflexion plus générale sur le développement durable et les Agendas 21 par exemple). Depuis 2005, la majorité des collectivités ont entamé en ce sens une réflexion politique et mis en place certaines démarches, par exemple de sensibilisation ; - Les collectivités les plus en avance sur ces sujets sont souvent celles qui ont initié des démarches communes d'organisation de l'espace et de mutualisation de services. L'élaboration d'un schéma de cohérence territorial ( S C o T ) et la définition de son projet d'aménagement et de développement durable ( PA D D ) semblent les éléments initiateurs d'une première réflexion sur l'énergie pour un territoire ; - Si les démarches et actions concernant l'énergie sont plus facilement engagées dans des collectivités de taille importante (population) bénéficiant de moyens techniques, il n'en demeure pas moins que l a v o l o n t é p o l i t i q u e e t l ' i m p l i c a t i o n d e s é l u s restent primordiales ; ils sont les fers de lance d'un développement de réflexions et d'actions en faveur de l'énergie ; - Le manque de moyens mais aussi le manque de formation et d'informations sont les principaux freins au développement d'une politique énergétique. ❚ Le besoin d'une synergie des p o l i t i q u e s é n e r g é t i q u e s t e r r itoriales Le bilan ainsi réalisé a permis de réinterroger les modes de fonctionnement et de gouvernance afin de saisir quelles sont les dynamiques majeures et englobantes de la problématique énergétique territoriale. Ainsi, les engagements politiques internationaux, européens, puis nationaux face aux enjeux environnementaux et énergétiques, et plus récemment la forte augmentation du coût des énergies ont créé une conjoncture favorable à l'impulsion de politiques énergétiques territoriales. Pour autant, chaque collectivité est, à son niveau, dépendante des contextes géographique, économique, social et politique dans lesquels elle s'insère. La maturation d'une politique énergétique territoriale s'effectue partout de manière différente et partout cela demande du temps. De sorte qu'on constate en Bretagne différentes manières de se saisir de la problématique énergétique : certains acteurs engagent des actions sous la contrainte de l’urgence environnementale ; d’autres, transforment l’obligation d’agir en un atout stratégique et vertueux de développement pour leur territoire. Cette dispersion nuit à l'efficacité et mériterait d'être mise en cohérence. Préconisations : - L'énergie doit être identifiée comme un défi transversal majeur des stratégies territoriales de développement. Beaucoup d’acteurs mettent en avant l’enchevêtrement des niveaux d’action, ce qui conduit à un manque certain de cohérence et de coordination. Cet état de fait nuit considérablement au pilotage des politiques énergétiques territoriales. - La création puis le renforcement de réseaux d’acteurs constituent l'une des clés du développement des politiques énergétiques au niveau local. Il apparaît notamment que la mutualisation des données sur un même territoire est essentielle, de même que la mobilisation par tous les acteurs du potentiel régional de R&D et d'innovation. - En matière d'énergie, il faut améliorer la capacité d'expertise des collectivités et accroître la lisibilité des instruments et des processus à leur disposition pour mettre en valeur leurs actions. Elles doivent obligatoirement s'appuyer sur une connaissance fine de leur situation énergétique. Si les niveaux nationaux et supranationaux instituent des cadres d'action essentiels à l'impulsion des grandes orientations, les différents territoires constituent chacun à son échelle des niveaux pertinents pour la prise de décision, la gestion, la planification énergétique, l'accompagnement de proximité et la sensibilisation. 25 ÉNERGIE Pour une politique régionale durable de l'énergie ❚ Ve r s u n e n o u v e l l e o r g a n i s a tion territoriale de l'énergie L'implication d'un grand nombre d'acteurs, et en particulier de l'ensemble des collectivités territoriales, dans la recherche d'économies d'énergie, dans la valorisation des productions locales d'énergie, entraîne de fait un chevauchement des attributions et des actions de chacun. 26 Un premier enjeu pour l'énergie est probablement de clarifier les responsa bilit é s e t l e s c o mp é te n c e s d e chaque acteur en la matière, d'ordonner et de coordonner le rôle et les actions de chacun. Le CESR expose ce qu'il propose de retenir comme fondements pour les politiques énergétiques territoriales. Puis, ce qui lui paraît être une organisation de nature à faciliter l'élaboration, la compréhension et la mutualisation d'une politique globale déclinée à chaque échelle territoriale pour la meilleure gestion des énergies sur nos territoires. Préconisations : - Toute politique énergétique doit pouvoir s'appuyer sur un ensemble de données et d'observations mutualisées qui seront collectées dans chaque territoire, rassemblées, analysées et mises à disposition à un niveau régional (observatoire) ; - Tout acteur de l'énergie doit avoir pour précepte de base la sensibilisation de son public. Sensibiliser, c'est éveiller, informer, former, inciter, … ; - Toute collectivité territoriale doit s'attacher à être exemplaire ; - Les actions et les aides techniques et financières en direction des usagers doivent être locales et gérées par un guichet unique. - Chaque collectivité a la responsabilité de se préoccuper d'énergie à travers ses compétences premières (par exemple, la formation pour la Région, le social pour les départements, l'organisation territoriale pour les échelons supracommunaux, l'habitat pour la commune, …). ❚ Av e c v a l o r i s a t i o n d e s o u t i l s techniques Le CESR propose surtout que les collectivités réorganisent et optimisent des outils techniques aux rôles, aux compétences, et au périmètre d'intervention bien définis. Préconisations : - Les syndicats départementaux des énergies (SDE) sont les référents en matière de production d'énergie et de réseaux (échelle départementale) ; - Les agences locales de l'énergie (ALE) sont les référents pour tout ce qui concerne les économies d'énergie (échelle du Pays ou du bassin de vie) ; elles coordonnent les espaces infoénergie ; - Les SDE et les ALE sont uniquement au service des collectivités territoriales et des professionnels ; - Les SDE et les ALE collectent les données territoriales de l'énergie. - Les espaces info-énergie sont le lieu référent pour le tout public en matière d'énergie, guichet unique, que ce soit pour la diffusion d'information, la recherche de conseils, ou que ce soit pour le montage et le suivi administratifs et financiers de dossiers (échelle de la communauté de communes, de la commune ou même échelle infra-communale en fonction de la population desservie). La délégation régionale de l'ADEME et les services de l'État en région conventionnent avec le Conseil régional pour gérer et animer ces réseaux d'outils alimentés en données par l'observatoire régional de l'énergie. ❚ R e n f o rcer la sécurisation é n e r g é t i q u e d e s t e r r i t o i re s e n B re t a g n e Éliminer les passoires thermiques La finalité de cette étude est de souligner que pour faire face à son développement, qu'il soit d'origine démographique ÉNERGIE et ou économique, et pour le rendre durable, la Bretagne doit s'assurer de toujours disposer de l'énergie qui lui est nécessaire. Il apparaît donc indispensable de renforcer la sécurisation énergétique sur l'ensemble du territoire régional. Pour ce faire, il devient primordial, d'une part, de favoriser la réduction des consommations d'énergie, et d'autre part, de produire en Bretagne une partie plus importante de l'énergie qui y est consommée (et certainement par le biais du développement des énergies renouvelables).Quelle(s) que soi(en)t la (ou les) solution(s) retenue(s), la Bretagne doit d'abord assurer la sécurisation de son approvisionnement en énergie, et pour ce faire : Préconisations : - Les besoins en énergies du territoire régional doivent être réellement identifiés et déclinés pour chaque Pays ; - Des objectifs d'économies doivent être fixés, conduisant à une maîtrise et à une réduction mesurables des consommations ; - Les capacités de productions locales doivent être multipliées grâce aux énergies renouvelables ; - Les moyens de production et les réseaux de transport et de distribution d'énergie doivent être renforcés et créés là où ils manquent pour assurer un bouclage sécurisant et pour que le maillage du territoire soit le plus complet possible. ❚ Ve r s p l u s d ' e ff i c a c i t é d a n s l'utilisation territoriale de l'énergie L'économie d'énergie, dans tous ses aspects, doit devenir une priorité régionale. Que ce soit dans la définition du développement urbain, dans les bâtiments ou les transports publics, les collectivités territoriales doivent montrer l'exemple en matière d'efficacité énergétique. En préalable, elles doivent faire un état des lieux complet de la situation énergétique de leur territoire et de leur patrimoine. L'organisation territoriale s'avère un point essentiel pour tendre vers plus de Des objectifs d’économie doivent être fixés sobriété énergétique. Elle doit permettre de limiter les déplacements tout en répondant aux nouvelles mobilités. Elle doit prévoir le développement des énergies de proximité. Elle doit inciter au partage et à la mutualisation des sources d'énergie. Il est donc très important de définir ensemble les besoins et d'établir, sur des bases communes, chaque document de planification territoriale. L'efficacité énergétique d'un territoire tel que celui de la Bretagne pourra être améliorée si chaque document d'aménagement de l'espace est une traduction ou une transposition locale d'un document de référence établi collectivement sur des bases communes (et un même état des connaissances) par l'ensemble des collectivités du territoire régional. ❚ Pour une intervention forte du Conseil régional Dans une perspective de développement où l'énergie "de proximité" semble prendre une part de plus en plus importante face aux enjeux internationaux, dans le cadre de la réorganisation des marchés à l'échelle européenne, mais surtout pour un renforcement de la sécurisation énergétique du territoire breton, un rôle de première importance devrait revenir au niveau régional. La politique globale du Conseil régional en matière d'énergie doit se décliner pour atteindre quatre objectifs essentiels : - une Région exemplaire, - une Région porteuse de la stratégie énergétique et pilote du partenariat, - une Région qui impulse dans le respect des projets de territoire, - une Région nécessairement recentrée sur ses compétences premières. En préalable, il est important que ce soit au sein du référentiel régional du développement durable (l'Agenda 21) que s’insère la dimension transversale de l'énergie et globalement la politique énergétique de l'institution régionale. Préconisations : - Une Région exemplaire, c'est une collectivité territoriale qui déploie en premier lieu en son sein une batterie d'efforts en faveur des économies d'énergie (sensibilisation de ses agents, réhabilitation thermique de son patrimoine bâti et en particulier des lycées, limitation des déplacements, …). - C'est aussi une collectivité qui se donne l'envergure d'une instance incontournable dans la dynamique de recherche d'une plus grande autonomie énergétique du territoire. - La Région doit initier et animer le débat démocratique autour de la question énergétique. Pour ce faire : 27 ÉNERGIE • Elle doit dans un premier temps organiser un "Grenelle de l'énergie régional", • Puis elle doit réunir régulièrement tous les acteurs (et les collectivités territoriales en particulier) au sein d'une conférence régionale de l'énergie. Dans le contexte énergétique actuel (coût des énergies et réchauffement climatique), la majorité des collectivités se sont investies dans un rôle d'amorce et d'exemplarité en matière énergétique. - Pour éviter l'éparpillement des volontés et des actions et, de fait, une certaine inefficacité des politiques énergétiques, il faut qu'en matière d'énergie, les collectivités puissent se rassembler et s'organiser pour que chaque échelon territorial cible son action sur des prérogatives à définir dans le sens de l'intérêt commun. 28 - La Région doit développer l'observation régionale mutualisée de l'énergie et favoriser les observations locales. - La Région, collectivité territoriale, doit se positionner comme le nécessaire fédérateur des initiatives et actions qui s'organiseront sur son territoire dans le domaine de l'énergie pour renforcer l'efficacité de l'action publique. - La Région doit définir avec les services de l'État et les outils techniques à leur disposition ce qu'est la sécurisation énergétique de son territoire et participer ainsi aux définitions des schémas d'approvisionnement, de transport et de stockage des énergies. - Si la Région doit savoir rassembler les acteurs, elle doit le faire dans le respect des projets de chaque territoire. Elle doit chercher à fédérer les acteurs locaux autour d'outils techniques à leur disposition comme un syndicat départemental des énergies (par département) et une agence locale de l'énergie (par Pays ou bassin de vie). Elle aidera à mettre en place cette ingénierie sur les territoires et, à travers l'observatoire régional, elle doit mutualiser les informations émanant de chaque territoire. Encourager les projets exemplaires - La Région doit aussi mettre en relief certains projets exemplaires sur le territoire breton, conditionnant son aide au respect de critères de performance énergétique durable (tant pour les économies que pour la production). - Le CESR insiste pour que la collectivité régionale recentre la définition de sa politique durable de l'énergie sur ses propres compétences : formation, développement économique, aménagement du territoire et transport. Si la sensibilisation de tous les publics est primordiale, la formation de professionnels pouvant répondre techniquement aux exigences de l'efficacité dans tous les secteurs de consommation énergétique est essentielle. En conclusion de cette autosaisine, il apparaît clairement que les collectivités territoriales bretonnes ont un besoin primordial d'approfondir et de partager leurs connaissances de la situation énergétique des territoires. Pour le CESR, toute mise en oeuvre de politiques énergétiques doit s'appuyer sur une analyse fine des données pour permettre un large débat démocratique indispensable à l'acceptation sociale des projets et à l'implication concrète des Bretons. Chaque collectivité a sa place à prendre dans la recherche de solutions énergétiques. Mais l'implication de chacune doit être articulée autour des enjeux d'intérêt général propres à son territoire et au public vis-à-vis duquel elle est légitime. Le Conseil régional a un rôle majeur à jouer pour cette mise en cohérence des acteurs. Il en va de l'efficacité et de la sécurité énergétiques en tout point de la Bretagne ainsi que de l'accès de tous aux progrès énergétiques. Il s'agit en définitive de rendre chaque Breton acteur de politiques énergétiques durables, décomplexées et ambitieuses. Rapporteurs : MM. Ange BRIERE et Alain LE MENN Contact : Olivier COUTAND, Conseiller technique Tél : 02 99 87 17 62 [email protected] Consultez le rapport du CESR sur le site : www.cesr-bretagne.fr OPINION Cette rubrique libre n’engage que son auteur. Elle est alternativement assurée par les différentes composantes de l’assemblée. Deux grands défis à relever : la sécurisation de l’approvisionnement électrique et la création d’un Campus d’excellence Les élections régionales viennent de reconduire jusqu’en 2014 la majorité sortante et deux dossiers majeurs vont devoir être finalisés dans les mois à venir. Tout d’abord, l a s é c u r i s a t i o n d e l ’ a p p ro v i s i o n n e m e n t é l e c t r i q u e d e l a B re t a g n e : la Bretagne est sous la menace d’une rupture de son approvisionnement qui compromet sa croissance économique. Certes, elle doit engager, sans brider son développement, des économies d’énergies et favoriser le développement d’énergies renouvelables, thèmes ô combien fédérateurs, mais également s’engager à créer de nouvelles capacités de production électriques centralisées. Les simulations offre-demande réalisées par RTE montrent qu’à l’horizon 2020 la demande d’électricité ne pourra être satisfaite sans le recours à ces nouvelles capacités de production électrique. A cet impératif, il convient d’ajouter, comme nous l’indiquons dans Nos 9 Priorités pour la Bretagne 2010 – 2014 qui ont vocation à accompagner les conseillers régionaux pendant leur quatre années de mandat, le nécessaire renforcement des réseaux de transport d’électricité et la création de nouvelles lignes afin de fiabiliser l’alimentation électrique de la région. Certes, il s’agit là d’un dossier pour lequel l’Etat a la compétence, mais la décentralisation est ainsi faite que les collectivités, et au premier rang d’entre elles la Région, ont un rôle à jouer. Les élections étant passées, souhaitons que la Région et les collectivités infrarégionales, apportent leur concours à une conclusion rapide de ce dossier situé au confluent du développement économique et de l’aménagement du territoire. Autre enjeu majeur, l a c r é a t i o n d a n s l e c a d re d u G r a n d E m p r u n t , d e 5 à 1 0 C a m p u s d ’ e x c e l l e n c e . Selon le projet gouvernemental, ces 5 à 10 Campus d’excellence seront choisis par un jury international. Ils recevront au total 7,7 milliards d’euros. Seules, les universités et grandes écoles bretonnes ne peuvent y prétendre. Elles doivent s’allier à leurs voisines ligériennes. La candidature devra s’appuyer sur nos « meilleures universités et grandes écoles », ainsi que nos meilleurs centres de recherche, là où notre excellence est nationalement, voir internationalement reconnue, tout en présentant un périmètre territorial, un volume de recherche, suffisamment importants pour être compétitifs et éligibles. Cette candidature constitue un enjeu économique majeur pour nos entreprises et l’économie de nos 2 régions. L’enseignement et la recherche de haut niveau constituent des atouts décisifs pour créer les emplois de techniciens et de cadres de demain. Ils concourent à l’attractivité internationale des territoires, qui, conjuguée à l’attractivité intrinsèque de l’Ouest en général et de la Bretagne en particulier, peuvent lui conférer un avantage majeur sur les autres régions. Les candidatures doivent satisfaire deux autres points essentiels : proposer, d’une part, un partenariat étroit avec le monde économique, et d’autre part, « une gouvernance modernisée et une gestion efficace, avec un engagement clair sur des objectifs et des résultats. Il s’agira de se rapprocher des organisations de gouvernance observées dans toutes les grandes universités de recherche du monde : exécutifs resserrés, ouverts et équilibrés par des instances académiques collégiales délibératives ». L’Union des entreprises - MEDEF Bretagne exprime toute la disponibilité des entreprises bretonnes, via notamment les pôles de compétitivité, pour favoriser cette candidature et prendre toute sa place dans la future gouvernance afin de favoriser le développement des partenariats de recherche Public – Privé, tant souhaités par le Gouvernement. Nul doute que sur ce dossier majeur, la Région a également un rôle à jouer pour favoriser l’émergence de la meilleure candidature possible, c’est à dire la candidature la plus adaptée au regard des critères retenus par l’Etat. Nous attendons du monde universitaire et de la recherche, la démonstration de sa capacité à aller au-delà de la loi LRU, de sa capacité à proposer un mode de gouvernance répondant aux standards des meilleures universités. Sur ce point, il nous appartient d’être particulièrement pertinents, imaginatifs et audacieux en faisant du mode de gouvernance proposé un avantage comparatif majeur sur les autres candidatures. Patrick CARÉ Vice-président délégué du CESR Union des entreprises Medef Bretagne 29 PUBLICATIONS Dernières parutions du CESR Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement climatique, à l’horizon 2030 Depuis que le changement climatique et son attribution aux activités humaines sont considérés comme une réalité par la quasi-totalité des scientifiques qui se sont penchés sur ces questions, la prise de conscience et la mobilisation s’accélèrent, au niveau des gouvernements (internationaux, nationaux, régionaux…) et de la société civile (simples citoyens, associations, ONG, entreprises, etc.). Les rapports du Groupe intergouvernemental des experts sur le climat (GIEC), chargé depuis1988 de faire le point sur l’état des connaissances sur le sujet, font ressortir que le changement climatique déjà observé est relativement faible au regard du changement climatique attendu. En France aussi, le réchauffement attendu est beaucoup plus important que celui qui a déjà été observé, et si les incertitudes sont plus grandes au niveau des conséquences en Bretagne, celle-ci en sera de toute façon affectée. Dans cette perspective, et si l’on songe aux décisions qui peuvent en découler, les adaptations et les remises en cause provoquées par le changement climatique pourraient fortement s’accélérer dans l’avenir. La manière dont elles s’effectueront dépendra en partie des comportements collectifs et individuels et donc de la qualité de la sensibilisation et des initiatives en lien avec la mobilisation et l’exercice de la démocratie locale. Ainsi le changement climatique interroge d’une manière particulière le gouvernement des sociétés, les pouvoirs et la démocratie. Le Conseil économique et social régional de Bretagne a mené une réflexion prospective sur cette question. Dans le présent rapport, il en propose le résultat sous la forme de quatre scénarios figurant l’évolution possible, à l’horizon2030, des pouvoirs et de la démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement climatique. En2030, quelle pourrait être la place occupée par l’expression démocratique et la mobilisation locale des acteurs? Peut-on voir émerger un gouvernement mondial (« un pilote pour la planète ») ? S’affirmer un « État climatiseur » ? Se développer une situation locale chaotique (« Grâce à nous le déluge ») ? Ou un « ensemble, contre vents et marées » ? Rapporteurs : MM. Gilbert BLANCHARD et Jean-Luc LE GUELLEC Contact : Virginie GICQUEL, Conseillère technique Tél : 02 99 87 18 79 - Mel : [email protected] Consultez le rapport du CESR sur le site : www.cesr-bretagne.fr 30 A vos marques, prêts… bougez ! En avant pour une région active et sportive Quelles sont les contributions du sport et de l’activité physique à la dimension humaine et sociale du développement durable dans les territoires en Bretagne, et comment les améliorer ? La Bretagne est la première région sportive française si l’on considère le taux de licenciés par habitant : près d’un million de licenciés pratiquent dans plus de 9 000 clubs, soit près d’un habitant sur trois. Le sport, « bagatelle la plus sérieuse du monde », selon le mot d’un ethnologue, se définit par la pratique individuelle ou collective – compétitive ou non - d’une discipline sportive. Mosaïque de pratiques dont la cellule de base est le club sportif, le sport ne se réduit pas à une simple activité physique : il a fondamentalement une dimension culturelle, sociale et, représente aussi un enjeu économique et territorial majeur. L’activité physique a une acceptation plus large. Elle est toute dépense d’énergie corporelle supérieure à celle du repos. Être physiquement actif, c’est bouger en toutes occasions, le plus régulièrement possible, selon ses capacités : à l’école, lors des déplacements, en milieu de travail, pendant les loisirs, en réalisant des activités domestiques (ex : ménage, bricolage, jardinage…), etc. Face aux conséquences néfastes de la sédentarité pour la santé (surpoids, obésité, diabète, maladies cardiovasculaires, mortalité prématurée, etc.), que peut-on faire, en Bretagne, pour encourager et inciter la population à adopter des modes de vie physiquement actifs, à tous les âges de la vie ? Région sportive, la Bretagne saura-t-elle aussi se hisser, à l’avenir, en tête des régions les plus actives ? Pour y contribuer, le CESR de Bretagne préconise un Plan régional de prévention et de promotion de la santé par l’activité physique et le sport : « Kino-Bretagne ». Il propose que « Kino-Bretagne » soit relié, par une nouvelle gouvernance territoriale, à une stratégie régionale d’éducation et de formation par le sport tout au long de la vie, à l’école comme en dehors. À travers de nombreux exemples régionaux, cette étude souligne aussi que le sport est au premier rang de la vie sociale et participe fortement à un développement territorial durable. Elle montre enfin que, dans une région à la démographie dynamique, le développement durable par le sport ne peut-être séparé du défi - et des moyens pérennes - d’un développement durable du sport lui-même, c’est-à-dire du « sport pour le sport ». Alors, à vos marques, prêts… bougez ! Et, en avant pour une Bretagne active et sportive. Rapporteurs : Mme Monique HERROU et M. Lucien THOMAS Contact : Fabien BRISSOT, Conseiller technique Tél : 02 99 87 17 63 - Mel : [email protected] Consultez le rapport du CESR sur le site : www.cesr-bretagne.fr PUBLICATIONS De l'élaboration de l'offre de formation continue à l'insertion professionnelle : l’exemple du Programme régional des stages du Conseil régional de Bretagne La Région Bretagne, dans le cadre de ses compétences, propose aux demandeurs d’emploi un ensemble de dispositifs de formation pré-qualifiants et qualifiants. Parmi ceux-ci, le Programme régional des stages (PRS) constitue une offre de formation d’importance. Sa construction met en effet particulièrement en jeu les compétences de coordination et de programmation (outre celle de financement) du Conseil régional puisqu’il s’agit de concevoir, à partir des caractéristiques de l’emploi, un ensemble d’actions de formation permettant l’insertion professionnelle des bénéficiaires. L’analyse menée par le CESR dans le cadre de ce rapport porte principalement sur trois aspects: le processus d’élaboration de l’offre de formation initié par la Région Bretagne (et notamment l’évaluation des besoins en emploi et en qualification sur lequel il repose), l’accès des publics aux formations proposées, et les effets de ces actions sur l’accès à la qualification et à l’emploi. Elle conduit à émettre des préconisations impliquant la Région dans son rôle d’accompagnement et d’impulsion de la concertation entre les acteurs intervenant pour l’emploi et la formation sur le territoire. Ces processus sont en effet porteurs d’innovation collective, en termes de méthodes et de réponses à mettre en place pour favoriser la formation et l’insertion professionnelle. À ce titre, il s’agit moins de considérer la formation en relation à un emploi ou un métier définis, que de l’envisager sous l’angle des compétences transférables permettant l’accès à l’emploi, la sécurisation du parcours dans l’emploi, et n’excluant pas les mobilités sectorielles. À l’échelle régionale, la politique de formation continue connaît de nombreuses évolutions, impulsées tant par l’Union européenne et par l’État, que par le Conseil régional. La récente mise en place, par ce dernier, du Service public régional de la formation représente une opportunité de reconfigurer l’offre de formation et le positionnement de la Région à la lumière de ces objectifs. Rapporteurs : MM. Robert JESTIN et Thierry LENEVEU Contact : Janick BÉREL, Conseillère technique Tél : 02 99 87 18 74 - Mel : [email protected] Consultez le rapport du CESR sur le site : www.cesr-bretagne.fr 31 Travaux en cours au CESR de Bretagne ❚ A paraître en juin 2010 : ❚ A paraître fin 2010 : - « Étude interrégionale sur les énergies marines r e n o u v e l a b l e s », Dans le cadre du réseau transnational atlantique des socioprofessionnels qui regroupe 6 Conseils économiques et sociaux régionaux français et leurs homologues de la Façade Atlantique (du Pays de Galles au Portugal), le CESR de Bretagne participera à la rédaction d’un rapport sur les énergies marines renouvelables qui sera présenté en session plénière en juin 2010. - « Quels modes de développement économique pour l a B re t a g n e d e d e m a i n ? », rapport de la commission Développement économique et Recherche. - « C o m m e n t o p t i m i s e r l e p ro j e t B re t a g n e à g r a n d e v i t e s s e p o u r l e d é v e l o p p e m e n t d e s t e r r i t o i re s e n B retagne ? », rapport de la commission Aménagement du territoire, environnement. Dans le prochain numéro de l’avis régional ❚ Synthèses des rapports : - Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement climatique, à l’horizon 2030 - Étude interrégionale des Conseils économiques et sociaux de l’Atlantique « Pour une coopération interrégionale en faveur d’un nautisme durable » ❚ Synthèse du Forum « Prospective » : - Changement climatique, énergies et démocratie locale : des enjeux pour la Bre t a g n e Le Conseil économique et social de Bretagne : Une assemblée consultative au service de la démocratie locale Deuxième assemblée de la Région Bretagne, le Conseil économique et social régional (CESR) a une fonction d’avis sur le budget du Conseil régional et ses politiques ainsi que sur des politiques de l’Etat en région. Par son droit d’autosaisine, il émet de sa propre initiative des avis et des vœux sur toute question relevant d’un intérêt régional. Le CESR élabore, sous forme de rapports, des réflexions et propositions sur des sujets qui concernent les domaines de la « formation et de l’enseignement supérieur », du « développement économique et de la recherche », de « l’aménagement du territoire et de l’environnement » et de « la qualité de la vie, de la culture et des solidarités ». Il suit tout particulièrement les questions relevant de la « mer et du littoral » et cherche aussi à anticiper les évolutions futures et il réalise des études prospectives d'intérêt régional. Dans le cadre de ses travaux il participe à la mission d’évaluation des politiques publiques. Le CESR est une assemblée ouverte aux coopérations par sa représentation dans plus de 60 organismes extérieurs régionaux. Il mène une démarche de coopération active avec les autres Conseils économiques et sociaux de France et européens de l’Arc Atlatique. Les 113 membres qui constituent le CESR sont des acteurs du tissu économique et social de la Bretagne, ils représentent tous les courants de la société civile. Désignés par le Préfet de région sur proposition des organismes socioprofessionnels représentés, ou au titre de personnalité qualifiée, ils sont répartis en quatre collèges. Les activités du CESR se déroulent en assemblée plénière, en Bureau et dans des travaux réalisés en commissions et sections… Une présentation plus détaillée, sa composition, son actualité et les rapports préparés selon une méthode très participative et adoptés en assemblée plénière sont accessibles à tous sur le site, cesr-bretagne.fr. Une synthèse est présentée dans la revue « l’Avis régional ». Ces publications donnent lieu à des forums de présentation et de débats. To u s l e s r a p p o r t s d u C E S R p e u v e n t ê t re : - T é l é c h a r g é s s u r l e s i t e i n t e r n e t : w w w. c e s r- b re t a g n e . f r - Envoyés gratuitement sur demande - Présentés publiquement sur demande 7, rue du Général Guillaudot - 35069 Rennes Cedex Tél : 02 99 87 17 60 - E-mail : [email protected] www.cesr-bretagne.fr