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Comment passer de l’angoisse à l’action ? Pierre Radanne apporte des éléments de
réponse.
En premier lieu, il faudrait que les individus puissent constater une prise en charge
sérieuse de cette question par les principaux acteurs (responsables publics, entreprises,
secteur éducatif, médias). Il faudrait aussi qu’ils puissent bénéficier d’un réel effort
d’explication rationnel leur permettant de comprendre et de s’approprier le sujet ; qu’ils
puissent évaluer quantitativement leurs propres sources d’émission afin d’estimer leurs
marges de manœuvre (par ex. : isoler le logement). Il leur faut pouvoir identifier des
réponses techniques et dégager la vision d’un nouvel équilibre entre recherche
personnelle de plaisir et stabilité du climat.
Ensuite, des dispositions sont à prendre au niveau collectif. Il s’agit en particulier de
mener des réalisations exemplaires (dans les domaines de la construction, des
transports, des énergies renouvelables…) pour susciter un effet d’entraînement ; de se
doter d’un calendrier collectif (international, national, local) pour que les individus qui
s’engagent à changer aient aussi une vision du progrès réalisé collectivement ; et de
garantir l’équité (le débat sur la taxe carbone a montré que sans sentiment d’équité, les
solutions politiques sont rejetées).
• Une nouvelle définition du progrès
Pierre Radanne a insisté sur la nécessité de développer une nouvelle définition du
progrès, basée sur la recherche d’« un infini dans le monde fini », l’infini étant : la
relation à l’autre, la communication, la culture, le savoir… Le scénario de réussite est
celui du passage d’une société de consommation à une société relationnelle. C’est ce
passage qu’il faut réussir, et pour le réussir d’une façon démocratique, il faut parvenir à
substituer à l’ancienne promesse – celle du bonheur par la consommation, par la
consommation massive –, une nouvelle promesse de réussite de vie. Il faut pouvoir
raconter une vie réussie au 21ème siècle à un enfant de 10 ans, qui va vivre ce siècle et
qui devra aimer ce siècle.
Aux 19ème et 20ème siècles, la question était : la science et la technique peuvent-elles
améliorer nos vies ? La réponse a été positive si l’on considère que l’espérance de vie a
augmenté de 25 ans au cours du siècle (mais pour un cinquième de l’humanité). Au
21ème siècle, la question n’est plus celle-ci. Au cours du siècle qui commence, nous
serons plus nombreux, nous voudrons tous bien vivre, or les ressources sont limitées et
parfois en net déclin, la charge sur l’environnement est déjà trop lourde (comme le
montrent le changement climatique, la perte de biodiversité, etc. La valeur de ce siècle,
aux sens moral, personnel, technologique, économique et financier, sera l’optimisation de
l’utilisation des ressources, consistant à faire de chaque gramme de matière le meilleur
usage possible. Ce sera la condition du progrès social et la condition de la paix. On entre
donc dans un mouvement profond et durable de re-régulation pour chercher cette
optimisation.
• Des transformations majeures en termes de gouvernance et un retour de
la planification territoriale
La conférence de 2009 de Copenhague sur le climat qui devait être l'occasion de
renégocier un accord international sur le climat pour remplacer le protocole de Kyoto, a
montré qu’une gouvernance mondiale est indispensable, quoique difficile à construire. Au
niveau international, la question climatique va imposer une gestion mondiale dans le
cadre de l’ONU, juridiquement contraignante. Au niveau national, se profile un retour de
la planification territoriale car les engagements internationaux et nationaux imposeront
une planification descendante, comme cela s’applique déjà aux grandes branches
industrielles (marché des quotas européens d’émission). D’ici 10 ans, nous aurons une