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victimes feraient le plus confiance pour dévoiler leurs expériences abusives (OMS,
2013). Or, les attitudes des professionnels de santé sont fonction, d’une part, de
leurs propres valeurs et perceptions et, d’autre part, des représentations sociales
des violences domestiques et sexuelles (Martin, Lavoie, 1994).
Étudier les attitudes et représentations des professionnels de santé
concernant les violences domestiques et sexuelles revient notamment à les
interroger sur les explications qu’ils opposent à ces expériences, à qui ils en
attribuent la responsabilité, ou encore comment ils se positionnent en tant que
soignants par rapport au dépistage systématique de ces expériences. Nombre
d’études se sont également penchées sur les compétences spécifiques
nécessaires à la prise en charge de situations de violences domestiques et
sexuelles et les besoins de formation en la matière. La recherche suggère en effet
que, malgré les efforts entrepris dans ce domaine, les professionnels de santé –
et les médecins en particulier – sont peu nombreux à dépister activement les
situations de violences, n’ont souvent pas connaissance des ressources
disponibles pour les personnes victimes et demeurent peu confiants en leurs
capacités à prendre en charge ce type de situations (Escard et al., 2015). Les
attitudes, représentations et pratiques des professionnels de santé en matière de
violences domestiques et sexuelles ont certes été étudiées par le passé, mais les
travaux publiés ont presque exclusivement porté sur les violences domestiques
des hommes envers les femmes et la majorité s’est attachée à investiguer les
attitudes et les pratiques des médecins de famille et des médecins urgentistes.
Enfin, bien que le rôle des professionnels en matière de dépistage des violences
domestiques ait également été examiné en Suisse (Gillioz et al.¸2003; Hofner,
Viens-Python, 2014), les travaux antérieurs se sont concentrés davantage sur le
principe même de l’intervention médicale dans le contexte de la violence
domestiques et sur les dispositifs à mettre en place. Cette étude est ainsi la
première à questionner les attitudes, représentations et pratiques en matière de
violences domestiques et sexuelles d’un échantillon aussi diverse de
professionnels de santé.
Objectifs de la recherche
En regard de ce qui précède, il paraissait important d’examiner les attitudes,
représentations et pratiques des professionnels de santé face aux situations de
violences domestiques et sexuelles, de manière à favoriser une prise en charge
éthique et de qualité et, lorsque nécessaire, une orientation vers les services
spécialisés.
Les professionnels de santé ont une opportunité unique de venir en aide aux
personnes confrontées à des situations de violences domestiques et sexuelles.
Bien qu’identifiés fréquemment comme des personnes de contact privilégiées
pour les personnes victimes – et les personnes auteures – de violences, les
professionnels de santé restent, en tant que groupe, peu formés aux enjeux
spécifiques de la prise en charge des situations de violence (Margairaz et al.,
2006; Ramsay et al., 2012; Short et al., 2006b). Ces interactions sont cependant
susceptibles de se révéler étonnamment complexes, d’une part, compte tenu de
Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique 4/16 389