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défis de notre temps, exigeant une forte volonté politique pour éviter de dépasser la barrière
des 2°C jugée dangereuse par les scientifiques. L’accord prévoit : 1) que les Etats développés
engagés au titre du Protocole de Kyoto préciseront, d’ici fin janvier 2010, les objectifs de
réduction qu’ils souhaitent retenir à l’horizon 2020, 2) que les pays en développement feront
part, également pour fin janvier 2010, des objectifs nationaux de réduction des émissions
qu’ils envisagent de mettre en œuvre. Le rôle déterminant de la réduction des émissions par
l’arrêt de la déforestation est reconnu, le rôle des outils du marché est rappelé ; et un certain
nombre d’éléments sur le financement de l’adaptation dans les PED sont annoncés
. On doit
certes se réjouir que l’accord enregistre officiellement et pour la première fois l’engagement
des Etats-Unis et des pays émergents à réduire leurs émissions, mais aucun engagement
chiffré d’objectifs de réduction, aucun mécanisme contraignant ou aucune mesure de
vérification, n’est mentionné dans le texte. Aucun horizon temporel pour la barrière des 2°
n’est non plus assigné
. Ce texte aurait sans doute pu être signé dès le premier jour de la
Conférence car il reprend des points d’accord déjà connus et surtout il n’est pas, en l’état,
contraignant.
Il eut fallu être très naïf pour s’attendre à ce que « dans une émouvante unanimité, 120 chefs
d’Etat signent, le cœur sur la main, une réduction globale des émissions de gaz à effet de
serre, de 30% en 2020 »
. Néanmoins, tant d’efforts déployés depuis des mois, tant de
brouillons et de réécritures, tant de discussions dans des groupes de travail ad-hoc, tant de
personnes mobilisées, de ministres et de chefs d’Etat présents à Copenhague, pour arriver à ce
résultat, très insuffisant au regard de la gravité des enjeux ! Cela mérite un examen sérieux.
Rappelons que le mandat de Bali, adopté au dernier moment de la COP 13 de 2007, avait
formulé un agenda autour de quatre éléments constitutifs, dont tous les pays avaient jugé
qu’ils devaient se négocier désormais ensemble, d’ici la COP de Copenhague deux ans plus
tard. Ces éléments étaient :
- les actions pour réduire les émissions,
- les solutions d’adaptation aux impacts des changements climatiques,
- les transferts technologiques,
- les mécanismes financiers.
Le débat sur la signification stratégique d’ensemble de ces quatre piliers était resté en suspens,
comme d’ailleurs l’architecture du futur traité souhaité. Ce qui a considérablement compliqué
le train des négociations qui a suivi deux voies simultanément : 1) celle du processus de
Kyoto qui concernait les pays de l’Annexe 1 et leurs nouveaux engagements post 2012, et
avait lieu dans le AWG-KP
, et 2) celle sur la vision partagée à long terme et les bases du
futur accord, qui avait lieu dans le AWG-LCA
présidé par Michael Zammit Cutajar.
La première semaine de la Conférence a fonctionné selon le mode habituel de ces arènes : les
négociations ont suivi leur cours dans les divers groupes, aboutissant à des textes fort longs
L’engagement financier des pays développés pour l’adaptation des pays les plus vulnérables ira progressivement de 30
Milliards de dollars par an en 2012, à 100 Milliards en 2020
Voir nos analyses sur ce chiffré-clé de 2°C dans la 2ème partie du texte.
Hervé Kempf, Le Monde, 24 Décembre 2009, p 2.
AWG-KP : Ad Work Working Group on further commitments for Annex1 Parties under Kyoto Protocol (en français GTS-
PK). Ce premier groupe de travail a été créé en 2005 afin de préparer les engagements post 2012 des pays industrialisés ayant
ratifiés le Protocole de Kyoto.
AWG-LCA : Ad Hoc Working Group on Long Term Cooperative Action under the Convention (en français GTS-ACV).
Créé en 2007, ce groupe permettait avant tout d'officialiser une deuxième voie en parallèle de Kyoto dans laquelle les pays
n'ayant pas ratifié le protocole, et notamment les États-Unis, pouvaient participer. Le travail des deux groupes « ad-hoc »
devait se terminer à Copenhague, où leur mandat a été prolongé, signe que les objectifs fixés n'ont pas été atteints.