Les Femmes de l’économie Le Mag’/Rhône-Alpes, Auvergne & Genevois 2016
Portrait de la marraine /05
Claire Dorland Clauzel
“Apprendre à bien se connaître pour avancer”
Claire Dorland Clauzel a su bien s’entourer pour mener une carrière exemplaire. Membre du Comité Exécutif
du groupe Michelin, en charge des Marques et des Relations extérieures, elle nous fait l’honneur d’être
la Marraine de cette 6ème édition des Trophées «Les Femmes de l’économie» Auvergne Rhône-Alpes &
Genevois. Entretien avec la «bonne fée du Bibendum».
Quelles sont les grandes étapes de
votre parcours professionnel ?
À ma sortie de l’ENA en 1988, j’ai
intégré la Direction du Trésor au
Ministère des Finances, où je suis
restée pendant 10 ans. Durant cette
période, j’ai travaillé deux années hors
du Ministère, à la Direction financière
d’Usinor-Sacilor, où je me suis
occupée de finances d’entreprise. J’ai
aussi été pendant deux ans Conseiller
technique au cabinet du Ministre
de l’Economie et des Finances de
l’époque, Jean Arthuis.
En 1998, j’ai quitté le Ministère pour
intégrer AXA France, d’abord à la
Direction de l’audit et du contrôle, puis
à un poste de direction des fonctions
support. En 2003, j’ai été nommée
Directrice Marques Communication et
Développement Durable du groupe
AXA, membre du Comité Exécutif d’Axa France.
J’ai rejoint le groupe Michelin, en janvier 2008, au poste de Directeur
des Marques et des Relations Extérieures. J’ai également en charge les
activités Cartes et Guides Michelin et Licensing de Marque.
Quelles sont les valeurs du Groupe Michelin auxquelles vous êtes le
plus attachée ?
Les valeurs du groupe Michelin sont le respect des personnes, des
clients, des actionnaires, de l’environnement et des faits. Pour moi, le
plus important est de faire confiance aux équipes, en alliant exigence
et bienveillance. Sur ce plan, le rôle d’un patron est de détecter les
talents pour les développer, ce qui veut dire aussi accepter que les
collaborateurs puissent commettre des erreurs. La place de l’humain
dans l’entreprise est sans doute la valeur du groupe Michelin à laquelle
je suis le plus attachée.
Jusqu’à l’an dernier, vous étiez la seule femme siégeant au comité
exécutif du Groupe, est-ce compliqué d’évoluer dans un univers
masculin ? Comment parvient-on à se faire une place ?
Au cours de ma carrière, j’ai toujours évolué dans des environnements
très majoritairement masculins. Pour se faire une place en tant que
femme, il faut d’abord être compétente. Les hommes ne sont pas plus
compétents que les femmes, ils acceptent des postes de Direction
générale sans tout savoir et c’est bien naturel! On ne demande pas à
un dirigeant d’être le meilleur dans tous les domaines, on lui demande
d’avoir de la clairvoyance, de guider les équipes et de savoir s’entourer.
C’est pour moi un point majeur: savoir constituer une équipe avec
des compétences variées et complémentaires et les
faire jouer au mieux, comme un capitaine d’équipe
sportive.
Il n’est jamais facile d’intégrer un environnement
qui n’est pas habitué à une présence féminine.
On est beaucoup observée au début, mais le
professionnalisme et les échanges prennent le pas.
Être une femme est aussi un atout.
Avez-vous des modèles, féminins ou masculins, qui
vous inspirent?
J’ai eu des patrons qui m’ont beaucoup apporté et
soutenue. Je citerais l’exemple de Christian Noyer,
ancien Directeur du Trésor et Gouverneur de la
Banque de France et qui a été mon patron pendant
cinq ans au Ministère. Sa grande hauteur de vue, la
confiance qu’il inspirait et qu’il donnait, sa capacité
d’écoute, ont fait de lui un modèle au début de ma
carrière. Il avait cette qualité de bienveillance qui m’est
chère. J’ai beaucoup appris à ses côtés.
En dehors de ma sphère professionnelle, une femme
qui m’inspire beaucoup est Simone Veil. Elle a réussi à combiner
famille et métier. Elle a conquis le respect de beaucoup de gens, alors
que le monde politique est sans doute plus dicile que le monde de
l’entreprise.
Que l’on partage ou non leurs opinions, des femmes comme Margaret
Thatcher ou Angela Merkel forcent le respect. Il faut reconnaître que
ces femmes ont ouvert la voie.
En tant que Marraine des Trophées «les Femmes de l’économie
Auvergne Rhône-Alpes & Genevois », vous êtes un modèle
d’exemplarité et d’encouragement pour nos candidates, quel
message souhaiteriez-vous leur transmettre ?
Mon message pour toutes ces femmes est qu’il ne faut pas avoir peur et
y aller!
Mais avant tout, il faut bien se connaitre et savoir ce que l’on veut et
ce dont on a envie. Alors seulement, il est possible de construire son
parcours avec sérénité.
Les femmes représentent plus de la moitié de l’humanité. Elles
ont autant de compétences, d’intelligence et de qualité que les
hommes. Elles peuvent donc réussir à la fois leur vie professionnelle
et leur vie personnelle.
Enfin, je tiens à dire que si aujourd’hui j’ai réussi ma carrière, je ne l’ai
pas fait toute seule. Avoir un conjoint qui est sur la même longueur
d’onde et qui accepte vos choix de carrière aide beaucoup.
Voilà ce que je peux dire aux «Femmes de l’économie». Si j’en suis là
aujourd’hui, c’est aussi grâce à toutes les personnes qui ont cru en moi!