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éditeur responsable
Frank Fredenrich
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Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta, Valérie Zuchuat
maquette :
Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
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Au temps de Balzac et de Rossini, il était de bon ton chez les finan-
ciers, banquiers, hommes politiques ou autres privilégiés de fré-
quenter les coulisses des lieux de spectacles, à la recherche d'artis-
tes complaisantes, cantatrices ou principalement danseuses. En échange de
quelques rendez-vous, une certaine forme de confort était assuré aux bénéfi-
ciaires de cet intérêt, car nul ne se souciait à l'époque de retraite pour les inter-
mittentes du spectacle : Sarah Bernhardt étant l'exemple le plus souvent cité
de cette tradition particulière qui n'a guère choqué pendant plus d'un siècle.
Dans l'entre-deux-guerre, sous l'impulsion sans doute d'une certaine évo-
lution des moeurs, l'indulgence pour ce genre de comportement a progressi-
vement disparu. Et c'est donc dès cette époque que le terme de « danseuse »
a pu qualifier telle ou telle publication achetée par quelque nabab désireux de
dépenser sa fortune. L'investissement était déjà risqué à l'époque, il est évi-
dent que cela ne s'est pas amélioré au siècle suivant; il est alors devenu fré-
quent de voir des personnalités connues et fortunées préférer s'offrir désor-
mais... un magazine ou un journal. En France notamment, comme «nous
avons des valeurs et des principes», ce qui a été confirmé récemment, les
politiciens ont également fait en sorte que leur «comportement soit à chaque
instant exemplaire», ce que chacun a pu constater.
Ainsi, en ce qui concerne la presse d'information, qu'il soit question de
quotidiens ou d'hebdomadaires, il ne passe pas une semaine sans que des
nouvelles de vente ou de rachat ne fasse l'bjet de supputations, le plus sou-
vent sur un ton pessimiste. Ainsi, à titre d'exemple, on peut rappeler que Jeff
Bezos, fondateur d'Amazon, a affirmé que « dans vingt ans les journaux
imprimés sur papier auront disparus ». Si cette prédiction n'engage que son
auteur, il faut tout de même rappeler que c'est lui qui vient de racheter... le
Washington Post, ce qui doit tout de même causer quelques soucis à l'équipe
du quotidien universellement connu depuis l'affaire du Watergate. Plus
inquiétant encore concernant et la liberté de la presse, on peut noter que
selon l'acheteur – voire le mécène en l'occurrence – peut souvent être une
menace pour l'indépendance de la presse. Dans cette même capitale des
Etats-Unis, c'est le Washington Times qui est mis gratuitement à disposition
dans les hôtels, autrement dit le quotidien du Tea party financé par l'Eglise de
l'Unification(sic), autrement dit la secte Moon. En France, le quotidien de
Serge Dassault, le Figaro, est largement diffusé gracieusement dans les halls
d'hôtels et d'aérogares, distillant à qui veut bien en profiter la prose de l'UMP.
Plus près de nous, on sait que Christoph Blocher, non content de bénéficier
quand il le désire de fréquents passages à la télévision alémanique, a com-
mencé à avoir des appétits en ce qui concerne la presse écrite, avec, nul ne l'i-
gnore, des moyens financiers considérables, les Bâlois ont été les premiers à
le constater. L'achat d'une publication étant désormais quasiment sans espoir
de profit, comparable en cela à un rachat de club de football, on ne peut donc
qu'être sceptique quand aux motivations désintéressées d'éventuels acheteurs.
En Suisse romande, un quotidien a été récemment proposé à la vente : alors,
fluctuat nec mergitur ou... qui veut perdre des millions ?
FF/SCENES MAGAZINE