Résumé
Les changements climatiques observés depuis les dernières années semblent avoir un impact sur la
distribution et l’abondance des espèces dans plusieurs régions du monde. Cette évolution du climat
peut représenter un risque pour la survie de certaines espèces car elle peut impliquer leur migration
vers une niche écologique leur étant plus favorable. Ce déplacement est possible si l’espèce possède
une forte capacité de dispersion et si le territoire sur lequel elle se déplace n’est pas fragmenté. La
modélisation de la distribution d’espèces et de niches écologiques, prenant en compte l’évolution des
variables environnementales, permet de connaître la distribution potentielle des espèces à la période
actuelle et à des périodes futures selon différents scénarios. Au Québec, ces modélisations de
distributions de niches écologiques potentielles constituent une source d’information très utile pour les
gestionnaires du territoire, en particulier des aires protégées. Ces données permettent notamment
d’anticiper la migration des espèces, influencée par les changements climatiques, afin d’identifier les
défis de conservation à venir et de poser une réflexion sur le rôle des aires protégées dans ce contexte.
L’objectif général de cet essai vise à étudier la migration potentielle des niches écologiques liée aux
changements climatiques sur le territoire des parcs nationaux de Frontenac, du Mont-Mégantic et de
leur périphérie. Les changements de répartition et de richesse spécifique de plus de 600 niches
écologiques dans ce secteur ont été étudiés ainsi que leur implication en lien avec la fragmentation du
territoire. Deux échelles de travail (locale et régionale) ont été considérées et des indices spatiaux de
changement de répartition et de diversité des niches écologiques ont été calculés pour ces deux
échelles de travail, selon deux modes de dispersion (absence de dispersion et dispersion illimitée) et
deux horizons futurs (2050 et 2080). Ces indices ont révélé majoritairement une augmentation des
niches écologiques apparaissant sur le territoire et une hausse de la diversité de niches écologiques sur
l’ensemble du territoire en cas de dispersion illimitée, phénomène accentué à l’horizon 2080. Par
contre, en cas d’absence de dispersion, une disparition importante de niches écologiques ainsi qu’une
perte de diversité sont à anticiper sur le territoire, phénomène également accentué à l’horizon 2080.
L’étude de la fragmentation révèle un territoire relativement fragmenté par les routes, mais présentant
majoritairement une faible résistance au déplacement des espèces, malgré la présence de quelques
pôles urbains de moyenne importance. Cette étude se base sur des résultats de modélisation de niches
écologiques déjà effectués pour l’ensemble du Québec et pourrait ainsi être appliquée à d’autres
territoires. Les résultats montrent d’importants changements à venir et les gestionnaires et scientifiques