PROTECTION DES CULTURES LES LIMACES EN MARAICHAGE Les limaces causent régulièrement d'importants dégâts en maraîchage. La salade sous abri comme en plein champ subit des pertes considérables dans certains cas. En général, les limaces se manifestent surtout en automne et dans une moindre mesure au printemps. Les dégâts sont de différents ordres. On peut observer la consommation du feuillage et des racines qui cause la destruction des plantules dès la plantation ou des souillures entre les feuilles des plants plus développés qui rendent la marchandise invendable. MORPHOLOGIE Le corps des limaces est divisé en 4 parties : d'abord la tête avec 4 tentacules et la bouche. Deux des tentacules portent des yeux mais les 4 servent d'organes olfactifs, gustatifs et tactiles. La bouche contient 2 mâchoires dures avec lesquelles la nourriture est découpée et une langue (radula) pourvue de "petites dents" qui lui sert de râpe. Derrière la tête, se trouve le bouclier avec sur le coté l'orifice respiratoire. La partie ventrale contient le pied très musclé avec lequel l'animal peut se déplacer. Derrière le bouclier se situe la partie caudale qui contient les organes sexuels. Tout le corps est recouvert de mucus sécrété C'est la petite limace grise, aussi appelée "loche". Elle mesure entre 3 et 5 centimètres et dans certaines conditions peut atteindre 6 centimètres. Elle est gris/blanchâtre, parfois marron clair, avec des dessins plus foncés sur le dos. Elle vit surtout à la surface du sol et dans des conditions d'humidité favorables, consomme en général tout végétal vert. Dans des conditions sèches, elle s'attaque aussi aux racines. Sa voracité est assez impressionnante, elle peut manger un tiers de son poids par nuit. Deroceras laeve par une glande. Ce mucus sert de protection contre la déshydratation et de lubrifiant pour la reptation. QUELLES ESPÈCES ? On trouve quelques espèces qui occasionnent la plupart des dégâts en maraîchage. Deroceras reticulatum D. laeve est plus petit que l'espèce décrite ci-dessus (2 à 2,5 cm). Cette espèce est connue pour sa mobilité importante. Cette limace se déplace pour manger surtout tôt le matin. 5 SERRES ET PLEIN CHAMP ‐ n° 342 ‐ juin 2015 PROTECTION DES CULTURES Les limaces en maraîchage Arion hortensis Les limaces sont hermaphrodites, ce qui veut dire mâle et femelle à la fois mais néanmoins pas au même moment. D'abord les organes mâles sont actifs, les spermatozoïdes sont stockés dans une spermathèque et ensuite les organes femelles sont activés sous l'influence des hormones. Dans certaines conditions, les limaces peuvent s'autoféconder mais, en général, la fécondation est croisée. La femelle pond entre 100 et 300 œufs en petits paquets de 15 à 25. Ils sont déposés entre les mottes ou autres trous dans la terre. On les trouve aussi très facilement sous des abris comme des poches en plastique ou de Cette limace, aussi appelée limace noire ou encore limace des jardins, mesure entre 2 et 4 cm. Le corps est assez allongé et très foncé, avec deux bandes latérales plus claires. Elle peut être active toute l'année, avec une baisse d'activité cependant en été. Cette espèce est plus difficile à repérer, vue son habitude à se cacher à plusieurs centimètres de profondeur dans le sol. L'activité des limaces est étroitement liée au cycle de températures et à la lumière. En dessous de 3 à 4°C, l'activité est pratiquement nulle. Pour des températures inférieures -3°C, les limaces meurent mais, en période de gel, elles se cachent assez profondément dans le sol et se protègent ainsi contre le froid. L'humidité est un facteur très important. Il faut savoir que le corps des limaces est constitué de 85 % d'eau et sa peau est incapable d'éviter l'évaporation. Sans humidité, la production de mucus est impossible et la limace ne se peut pas se déplacer. SERRES ET PLEIN CHAMP ‐ n° 342 ‐ juin 2015 L'éclosion intervient en fonction de la température après trois mois à 5°C et après trois semaines à 10°C. Le nombre de générations par an est variable en fonction de l'espèce. La loche peut avoir 2 générations par an dans le sud de la France, mais une seule dans le nord, Arion hortensis fait une seule génération par an dans tous les cas. BIOLOGIE à morceaux de bois. LE DÉPLACEMENT Les limaces se déplacent lentement selon l'espèce entre 2 et 7 mètres par nuit. Si l'environnement est favorable (nourriture, humidité), elles peuvent rester plusieurs jours sur place. La nourriture est repérée à l'aide de ses tentacules (odorat et toucher). LES ENNEMIS NATURELS Les ennemis naturels des limaces sont surtout les oiseaux, les taupes, les musaraignes, les rats et les blaireaux et dans des zones cultivées les grenouilles, crapauds et lézards sont prédateurs. Toutefois, l'impact pratique de ces organismes est limité. 6 PROTECTION DES CULTURES Les limaces en maraîchage FACTEURS FAVORISANT LE DÉVELOPPE- anti-limaces sous le piège (les granulés MENT DES LIMACES causent leur mort). Etant donné les rôles prépondérants de Ces pièges ne peuvent en aucun cas servir l'humidité et de la température, le dévelop- de moyen de lutte mais plutôt à signaler leur pement et la consommation des limaces sont présence, un peu comme les panneaux à leur maximum entre 15 et 20°C. jaunes englués dans les serres permettant la La structure du sol est également très impor- détection précoce des insectes ravageurs. tante. Les limaces préfèrent des sols motteux ou caillouteux et surtout des sols argileux ou LES MOLLUSICIDES argilo calcaires. Deux substances actives sont homologuées En terrain sableux, le problème limace est sous de nombreuses marques commerciales : beaucoup plus aléatoire. Le métaldéhyde, Les débris végétaux, les prairies, les terrains en Le phosphate ferrique. friche, les mauvaises herbes sont aussi des La dernière substance active est autorisée en abris très appréciés des limaces. Agriculture Biologique. Toutes sont disponibles sous forme de granulés, en général avec un additif répulsif LA LUTTE CONTRE LES LIMACES Pour établir une stratégie de lutte efficace contre les limaces, il faut tenir compte de l’ensemble des éléments de biologie. On a vu aussi que les débris végétaux favorisent la présence de limaces. Par conséquent, la première mesure à suivre est d'éliminer tous ces abris potentiels autour des parcelles et serres à cultiver. Ensuite, le travail de sol est très important. L'absence de mottes et de cailloux évite bien des problèmes et un tassement de la surface à cultiver est bénéfique. Pendant les périodes où le sol n'est pas cultivé, l’entretien et un travail de sol régulier détruisent de nombreux œufs et de jeunes limaces par dessèchement. Pour contrôler la présence effective des limaces, il suffit de mettre quelques pièges en place. Ces pièges peuvent être constitués d'un matériel maintenant l'humidité, comme le carton ondulé, une tuile plate, un sac pour chiens et chats, etc ... et certains avec un additif éviter les augmentant l'amertume consommations pour accidentelles (bitrex). En fonction de leur procédé de fabrication (par voie humide ou sèche), ils sont plus ou moins résistants à la pluie. Le moyen d'utilisation de ces granulés est de les épandre avant la plantation ou entre les rangs après plantation. Dans le cas de plantation sur paillage plastique, la meilleure stratégie est d'épandre les granulés avant la mise en place du paillage. Depuis quelques années, un moyen de lutte biologique a été mis au point. Cette alternative de lutte se fait à l'aide d'un nématode Phasmarhabditis hermaphrodita qui parasite les limaces (et escargots) mais son coût limite dans la pratique son développement. plastique ou de jute posé sur le sol. Pour améliorer l'attractivité, on peut arroser les alentours du piège et pour éviter qu'elles ne 7 s'échappent, mettre des granulés Leen SCHOEN, SICA Centrex Contact : 06 76 78 90 93 SERRES ET PLEIN CHAMP ‐ n° 342 ‐ juin 2015