UE 10 – Système neurosensoriel Dr Christen Les troubles somatoformes

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UE 10 Système neurosensoriel
Dr Christen
Date : 21/03/2017
Ronéistes : Vanille AUPÉRIN Plage horaire : 14h-16h
Anne-Lyne BENARD
Les troubles somatoformes
I) Introduction
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II) Trouble de la somatisation
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III) Trouble de conversion
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IV) Trouble douloureux
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V) Hypochondrie
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VI) Peur d’une dysmorphie corporelle : BDD
Aparté du prof sur la psychiatrie : Il est chef de service au CMP de St Joseph. N’ayant pas de psychiatre
dans le privé, si vous désirez devenir psychiatre, installez-vous là-bas, il y aura toujours du boulot.
Pourquoi la psychiatrie est la matière la plus importante de la médecine ? Elle est fondamentale ! Nous
sommes tous sensibles à la psychiatrie au cours de notre vie et dans notre pratique. On peut nous-même
développer des troubles anxieux, faire une dépression ou y faire face dans n’importe quel service de
médecine.
En psychiatrie, vous pouvez rencontrer ou devenir aussi psychothérapeute, un titre qui permet de soigner
par la psyche, c’est-à-dire par la pensée. Ce n’est pas magique ou sorcier, vous le devenez suite à la
validation de plusieurs formations théoriques et pratiques supervisées. C’est l’ARS qui vous donne
l’agrément validé par arrêté préfectoral. C’est le ministère de la santé qui a mis ceci en place pour faire le
distingo entre les gens diplômés qui ont le droit d’exercer la psychothérapie et ceux qui s’installaient sans
aucune formation de manière illégale.
Ceci est à distinguer de « psychologue » dont la formation est universitaire et où l’on apprend tous les
courants de pensée possibles, pas forcément les maladies. « Un psychiatre » est un médecin !
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Somatoforme : somato en lien avec le corps
Somatisation : donner un aspect physique à un mal psychique
Notre corps n’étant pas séparé, notre esprit agit sur notre corps ; un état de stress important mal géré peut
favoriser une pathologie somatique. Inversement, une pathologie somatique peut aggraver un état psychique.
L’évolution de l’asthme est liée à un état psychique particulier (malgré les allergènes …).
Dans le même processus, des techniques de gestion du stress (comme la méditation médicale) peuvent
améliorer la santé d’une personne à haut risque cardio vasculaire par exemple (et même si on fait les prises
de sang, son cholestérol va diminuer, son diabète va diminuer : retentissement intéressant). A partir du
moment où l’on va prendre soin de soi, dans une psychothérapie par exemple, on va aussi faire attention à ce
que l’on mange, … : processus global.
L’évolution de n’importe quelle pathologie est liée à l’état psychologique de la personne (ex en cancéro).
Trouble : pathologie d’évolution chronique (contrairement à l’épisode qui est quelque chose d’aigu)
I) Introduction
Les troubles somatoformes sont liés à des plaintes excessives et des peurs irrationnelles se rapportant à
la santé (la personne est consciente que « ça déconne », on est face à une pathologie de l’anxiété). Ils
entraînent une souffrance psychique ou une altération significative du fonctionnement psycho-social
avec un retentissement sur la vie familiale ou professionnelle (une notion de handicap apparaît : psychique
(la personne ne pense plus comme avant) et social (la personne n’arrive plus à fonctionner dans la société
comme avant, par exemple perte d’emploi, …). Ils englobent :
Les symptômes somatiques médicalement inexpliqués : ce sont des diagnostics d’élimination.
Les préoccupations somatiques.
Une présentation clinique somatique de troubles psychiatriques.
Ils concernent :
- 50 % des patients soignés pour une douleur chronique.
- 20 % des patients consultant les médecins généralistes càd 1 sur 5 (ce n’est pas énorme mais ce
sont des patients qui consultent fréquemment).
- 4 % de la population générale.
Ils sont aussi fréquents dans les cabinets de kiné.
On compte 5 diagnostics :
Les troubles de la somatisation.
Les troubles de conversion.
Les troubles douloureux.
L’hypochondrie.
La peur d’une dysmorphie corporelle.
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Ce sont des gens qui vont avoir beaucoup d’arrêts maladie, des problèmes relationnels avec les amis, dans
la famille. Mis à l’écart, ils vont finir par s’isoler. Leurs symptômes somatiques sont médicalement
inexpliqués au sens de la médecine somatique mais le sont en psychiatrie.
Les troubles somatoformes sont
en effet le reflet de problèmes psychiatriques et sont extrêmement fréquents dans la population. Si le
médecin lors de l’interaction avec ces patients reste concentré sur la plainte somatique en la traitant comme
telle, cette dernière ne disparaitra évidemment pas.
Travaillant plusieurs années dans le centre
départemental de la douleur, plus de la moitié des patients présentaient ce trouble. Attention, cela ne veut
pas dire qu’ils ne présentaient pas de symptômes somatiques réels au départ mais c’est qu’à un moment
donné, il y a eu transformation en trouble somatoforme.
II) Trouble de la somatisation
On a des symptômes somatiques sans cause organique, les examens ne permettent pas de trouver une cause
médicale.
Clinique : le patient doit présenter
Au moins 4 localisations du corps qui sont l’objet de symptômes douloureux (mal au dos, douleurs
cervicales, articulaires) ou de symptômes fonctionnels (sensibilité ou force diminuées, vertiges).
Localisations du corps qui sont à l’origine de symptômes :
- La peau, style eczéma ou psoriasis, les gens qui ont un psoriasis savent bien que ça évolue finalement et
s’aggrave dans les périodes de stress. Même si l’on a un diagnostic médical posé.
Deux symptômes gastro-intestinaux : ballonnements, gaz, aérophagie, douleurs abdominales
rythmées par les repas, constipation (très fréquent) ou au contraire de diarrhées (mais pas au sens médical
qui est en rapport avec le volume, ici il s’agit de selles molles ++)... ➔ Peuvent ne pas être très
importants comme symptômes, mais très handicapants pour le patient.
(Rq : physiologie de la fausse diarrhée : selles liquides +++ en petites quantités, cela correspond à de
l’eau, les patients prennent des anti diarrhéiques et ont les selles hyper dures, ils peuvent mourir d’une
occlusion intestinale).
Un symptôme sexuel : au moins un, en général les patients se plaignent plutôt quand ça marche
moins bien, soit sous forme de douleurs (++ chez la femme), ou chez l’homme, d’insatisfactions parce que
ça vient trop vite, trop tard, monte pas assez ou pas assez dur ...
Un symptôme pseudo-neurologique : perte de force ou de sensibilité dans un membre dans un
territoire non délimité par des zones neurologiques. Attention, ça fait penser à de la neuro mais ça n’est pas
de la neuro car la douleur décrite ne correspond pas à un territoire neurologique. Par ex des douleurs ou de
pertes de force, fourmillements, qui ne correspondent pas à la réalité neuro au niveau du territoire.
Ils ne sont pas intentionnels. Ils se manifestent de façon chronique mais fluctuante (rythmé par les
moments de stress).Les patients pensent que leurs symptômes sont graves et demandent beaucoup
d’examens complémentaires.
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Cela provoque une consommation médicale injustifiée ne pouvant être expliquée complètement par une
affection médicale. Les patients sont souvent déçus de la médecine car ils considèrent ne pas être assez bien
pris en charge (ils changeront souvent de médecins).
La sécu a bien compris l’envergure financière de ce trouble et c’est ce qui l’a poussé à créer le médecin
traitant : si l’on va voir ailleurs, ça nous coute plus cher !
Remarque : ces quatre points sont obligatoires. On retrouve au minimum 4 plaintes dans ces domaines
gastro/sexuel et neuro même si le patient a en général beaucoup plus de plaintes (ils arrivent chez leur
médecin traitant le matin avec une liste de symptômes). Ils sont tellement attentifs à ce qui se passe dans
leur corps que dès qu’il y a un petit truc inhabituel... Bam ! Internet aide beaucoup.
Pronostic
Les premiers symptômes apparaissent souvent à l’adolescence et surviennent avant 30 ans. On détermine
les critères diagnostiques dès l’âge de 25 ans.
Ce n’est pas dans l’idée d’embêter le médecin, c’est le patient qui est anxieux et le manifeste de cette
façon.
Finalement, trouble somatisation = fait de somatiser une problématique psychologique ou psychiatrique
dans le cas de l’anxiété, par le corps. Ce sont des gens qui vont s’exprimer et exprimer leurs émotions
difficilement.
Q/R : C’est des troubles psychiques qui se répercutent sur le corps ? Oui, c’est ça ! En réalité c’est aussi de
l’interprétation par rapport à de petits symptômes ...
Par ex : Evident que la consistance des selles changent en fonction de ce qu’on mange et eux pourraient
tout de suite l’interpréter comme qqch de significatif et le début d’une maladie grave...
Q/R : Est-ce que les douleurs sont réelles ou pas ? C’est très compliqué ... Non mais eux ils ressentent une
douleur ou pas ? Oui ça c’est sûr, mais tout ça c’est l’expression de la douleur qui est variable d’un
individu à l’autre. Après une fracture ça fait mal à tout le monde, mais un ballonnement, chez eux, pourra
avoir plus d’importance qu’elle ne devrait. Et le médecin n’a jamais suffisamment d’arguments pour les
rassurer...
Q/R : Est-ce que cet état d’esprit ça prédispose à de vrais lésions par la suite ? Très bonne question, je n’ai
pas de réponses ! Blabla.. il répète le ronéo de l’année dernière : Attention, ce n’est pas parce qu’un patient
est étiqueté par son médecin comme ayant un trouble de la somatisation, qu’il ne peut développer un jour un
véritable trouble somatique au sein d’une maladie.
Epidémiologie : ces troubles représentent 0,5 % de la population générale donc assez rare mais 10 % des
patients hospitalisés (en général hospitalisation en attendant les résultats des examens complémentaires en
cours, ils coutent cher à la sécu ; ou alors comme ce sont des gens qui vont souvent aller voir plusieurs
médecins, qui connaîtront pas forcément le contexte anxieux du patient et qui du coup vue l’importance des
symptômes en nombre, enverra faire des E.C.). On dénombre 15 fois plus de femmes que d’hommes.
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Prise en charge
Le traitement de fond est la psychothérapie mais il est difficile de la faire accepter par le patient.Toute la
thérapie va être basée en premier sur mettre le doute dans l’idée de la personne, que tout ça n’est p-ê pas si
grave que ça et p-ê naturel (trop de grains : gaz, trop de piments : mal au ventre !) une fois qu’il y a un
doute, on leur demande de trouver une explication à leur pb, qu’ils ne trouveront pas sur internet, et une
fois que c’est intégré, c’est un tout nouveau schéma de pensée qu’on doit leur faire adopter en fait. Utiliser
l’intelligence du patient ... théorie cognitive !
La théorie comportementale : ça va être de changer de comportements, sur l’action ++, par ex, si on a peur
des araignées, de nous mettre en contact avec les araignées, pour qu’on change de comportement.
Il est
important de faire cesser le vagabondage médical et la multiplication des interventions possiblement
iatrogènes (attention aux rayonnements abusifs !). Il faut donc proposer un suivi par un somaticien de
référence, le médecin traitant.
Un simple prélèvement sanguin => on peut avoir la veine qui éclate, une infection localisée voire une
septicémie ... ! Les gestes ne sont pas anodins ! Scan ++ encore.
De plus, un suivi psychologique cognitif
(thérapie cognitive) sera mieux accepté au sein d’une structure de prise en charge de la douleur et sera
toujours parallèle à un suivi somatique. Le patient doit reconnaître, verbaliser ses émotions avec une prise
de conscience des liens entre le vécu corporel et émotionnel.
Reconnaître la douleur, la souffrance du patient va aider à installer la confiance et l’alliance
médecin/patient et à la prise en charge ! Mais que pour autant ce n’est pas forcément aussi
grave/important.
Et surtout il va falloir essayer de comprendre ce qui est à l’origine du stress qui fait
parler ce corps en souffrance. Rechercher les émotions qui expliquent d’où vient l’anxiété : ne pas
oublier le lien entre le corps, les émotions, le système de pensée, tout est lié !
Parce que pour accepter d’entendre ce diagnostic, c’est aussi reconnaître qu’on est à l’origine de ces
troubles et que c’est nous qui pilotons notre corps et nous faisons mal nous-même par l’intermédiaire d’une
situation de stress.
Le Pr. John Kabat-Zinn, un américain qui a beaucoup travaillé sur le stress a dit : finalement les situations
de vie font que c’est comme si la vie nous envoyait une 1ère flèche (d’essai), celle là c’est comme ça c’est la
vie, et la 2e : c’est nous qui nous l’envoyons nous-même, par nos interprétations de la 1e flèche...
III) Trouble de conversion
C’est rare mais « Spectaculaire, théâtral » ! Lors d’un garde aux urgences, il suffit d’en voir un pour ne
jamais l’oublier.
On va convertir de façon tout à fait inconsciente une problématique psycho ou
psychiatrique en qqch de somatique... :
Ce sont des symptômes ou déficits touchant sélectivement la motricité volontaire ou les fonctions
sensitives ou sensorielles.➔ Beaucoup + spécifique et + aigu, s’arrête brutalement «tel jour à telle heure
».
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